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C'est quoi l'engagement ?

Engagement
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artichaut

le lundi 11 août 2025 à 00h17

On parle beaucoup d'engagement, notamment sur ce forum, à propos des liens affectifs, amoureux, etc. Et j'ai parfois le sentiment qu'on confond cette notion avec celle de la disponibilité (à l'autre).

Alors : à quoi je m'engage quand l'on parle d'engagement ? (dans un contexte affectif)

S'agit-il d'un engagement de soi à soi, ou de soi à l'autre ? Et qui peut alors "juger" de cet engagement ? Soi-même ? Ou bien seul les autres peuvent-ils juger de notre engagement ? Et est-on toujours sur la selette quand à savoir si réellement l'on s'engage ? Ou si l'on respecte les engagements pris (quand ceux-ci ne sont pas juste tacites, ou escompté par l'autre indépendamment de nous-même).
Et si l'on se plante, si l'on a sur-estimé son engagement, ou sa capacité d'engagement, est-ce grave docteur ?

J'ai le sentiment d'être une personne qui s'engage, pourtant je ne me retrouve pas dans le sens qui semble être couramment utilisé.

Alors j'ai envie de vous demander : C'est quoi l'engagement pour vous ?

Je tâcherais de répondre moi-même à la question. Mais ça me donne envie de "vous" (qui voudra) laisser répondre d'abord à la question.
- Soit sous l'angle d'une définition censée être objective, proposer/partager une/des définition/s.
- Soit "c'est quoi l'engagement selon la Norme ?" (Norme monogame notamment).
- Soit plus spécifiquement, c'est quoi l'engagement pour vous, dans votre vie ? Comment l'incarnez vous ?

Bref, répondez comme vous voulez…

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artichaut

le lundi 11 août 2025 à 00h28

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Alabama

le lundi 11 août 2025 à 00h50

Je me suis posée cette question pas mal de fois au cours des dernières années, et notamment quand j'utilise ce mot sur ce forum.

Franchement ? je ne suis pas sûre de pouvoir trouver de définition satisfaisante, même pour moi.
Je vais quand même essayer un peu ce soir et puis je reviendrai plus tard.
Je dirais que l'engagement pour moi, c'est un mélange à la fois d'être authentique sur les envies/besoins avec l'autre (et dire "je ne sais pas" si c'est vrai est aussi de l'authenticité), d'être raccord entre ce qu'on dit et ce qu'on fait, de se rendre disponible à méta-relationner et de nourrir la relation de manière à ce que l'autre se sente apprécié.

Si on "faillit", c'est pas grave tant qu'on est capable de le reconnaître, de le réaliser seul·e ou parce que l'autre nous le dit et qu'on cherche avec l'autre comment ajuster les choses.

Si l'autre faillit trop souvent à l'engagement sur lequel on s'est accordé ou ne sait jamais trop ce qu'il/elle veut ou que son type/niveau d'engagement est trop peu raccord avec mes attentes, ben c'est pas "grave" mais à mon sens mieux vaut mettre un terme, en tous cas moi quand il y a trop d'incohérence ou trop peu d'engagement je préfère m'éloigner. Sinon c'est trop souffrant, je risque d'entrer dans une spirale de reproches et ça sert pas à grand chose. Inversement si une personne demande trop par rapport à ce que je suis en mesure de donner comme engagement, je préfère m'éloigner aussi.

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MPB

le lundi 11 août 2025 à 10h43

artichaut
- Soit "c'est quoi l'engagement selon la Norme ?" (Norme monogame notamment)
- Soit plus spécifiquement, c'est quoi l'engagement pour vous, dans votre vie ? Comment l'incarnez vous ?

Ce qui me vient en premier quand j'entends le mot engagement, c'est la présence. J'imagine que selon la Norme (et en relation romantique monogame), l'engagement c'est la présence assurée et indéfectible en cas de besoin, c'est être LA personne qui sera toujours là, qui ne faillira jamais, qui partagera tous nos gros projets de vie (faire des enfants, acheter une maison). L'engagement dans un couple monogame, ça sonne tout de suite très sérieux je trouve. Ce n'est pas pour rien qu'on parle parfois de relations sans engagement, comme si à l'inverse, dans ces cas-là, on ne se devait rien du tout, qu'on pouvait annuler à la derniere minute, ne rien partager etc.
Bon, c'est très binaire et manichéen comme vision, je vous l'accorde !

L'engagement pour moi dans la vie, c'est assurer à la personne qu'elle a une place dans ma réalité. Place à définir ensemble, qui peut varier selon la disponibilité de chacun.e, tout en ayant envie ensemble de partager un "minimum" en termes de temps passé physiquement ensemble et/ou dans la communication virtuelle (ce minimum étant à discuter ensemble bien sûr, vu qu'il varie selon les personnes également). L'engagement, c'est rester fidèle à des rituels qu'on décide de mettre en place tout en pouvant ensemble requestionner ces rituels, rester fidèle à ce qu'on dit (je retrouve là @Alabama sur le fait d'être raccord entre ce qu'on dit et ce qu'on fait), globalement dans l'engagement j'entends l'envie d'avancer ensemble sur un chemin qui sera confortable pour toutes les personnes impliquées.
L'engagement, c'est voir la personne telle qu'elle est, pas telle qu'on aimerait qu'elle soit, et se dire que oui, on veut co-construire ensemble.
L'engagement, c'est le partage, c'est donner et recevoir.

Pour moi, il est primordial que le niveau d'engagement qu'on veut mettre dans une relation soit à peu près équilibré de part et d'autre, sinon cela sera potentiellement maltraitant pour l'une ou l'autre personne.

Voilà ce qui me vient, mais ça va sûrement maturer encore !

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MPB

le lundi 11 août 2025 à 16h58

Prendre soin. Je crois que pour moi, dans la notion d'engagement, il y a le fait de prendre soin. De l'autre, du lien, de soi-même (pas forcément dans cet ordre-là d'ailleurs).
Après, j'imagine qu'il faudrait aussi séparer l'engagement émotionnel de l'engagement physique, voire de l'engagement legal (en cas de mariage par exemple).

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Alabama

le lundi 11 août 2025 à 20h06

MPB
Ce qui me vient en premier quand j'entends le mot engagement, c'est la présence.

Le mot présence me parle.
Parfois, une personne peut être présente physiquement mais absente psychiquement/émotionnellement. Ou peut être loin physiquement mais présente dans le lien.

Un truc que je rattache à l'engagement, c'est notamment de prendre des nouvelles. Je suis devenue plus sensible à ça depuis le confinement. Des personnes prenaient de mes nouvelles alors qu'elles sont à des centaines de kilomètres, et d'autres, avec qui je croyais avoir une relation "resserrée" du fait de la proximité géographique et émotionnelle, n'ont pris aucune nouvelle. Ça m'a donné la sensation d'être invisible, sans importance. Aujourd'hui j'essaie de faire un peu plus attention à demander des nouvelles aux personnes avec qui j'ai un lien "engagé". J'ai longtemps considéré ce truc de prendre des nouvelles comme quelque chose d'un peu convenu, superficiel. Aujourd'hui je pense que j'avais tort, et que c'est au contraire peut-être une des choses les plus importantes quand on a pas croisé quelqu'un·e depuis un moment.

Du fait d'avoir voyagé et habité dans des pays où les liens humains sont plus resserrés, je suis triste de voir parfois à quel point en Occident nous avons du mal à être présents les un·e·s pour les autres notamment dans le quotidien. Habiter ailleurs m'a permis de goûter à ce qui me manque souvent ici en France : le lien quotidien, simple, chaleureux et dense. Je n'idéalise cependant pas les cultures dans lesquelles j'ai pu goûter à cela : il y a aussi d'énormes désavantages, et notamment le manque d'intimité/liberté individuelle. Mais j'ai été comblée par cette autre façon de relationner, qui n'a pas besoin de prétexte ni de rendez-vous.

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MPB

le jeudi 14 août 2025 à 09h02

@Alabama
Oui je suis d'accord pour la prise de nouvelles : pour moi ça rentrait un peu dans mon package "prendre soin". Genre, se soucier de comment va l'autre, surtout si on sait que ça peut être un moment compliqué. Ou même, juste envoyer un petit message de pensée, sans attendre de réponse ou quoi !
Et ça me parle aussi, cette histoire de maintenir le lien parfois plus facilement avec des personnes éloignées que celles qui habitent dans notre ville.
Pour ma part j'ai souvent été celle qui prenait des nouvelles, qui initiait la conversation, et aujourd'hui je ne veux plus ce sens unique : j'apprends à ne pas tenir seule le lien, et à ne pas culpabiliser de ça !

Et je me suis fait la même réflexion que toi durant certains voyages. Travaillant à l'hôpital, je vois aussi comment certaines cultures prennent vraiment soin des personnes malades/âgées (en les prenant à plein temps au domicile par exemple, malgré des états très lourds), mais là je vais vraiment digresser ! Quoi que, finalement, ça reste de l'engagement.

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Lili-Lutine

le jeudi 14 août 2025 à 13h19

L’engagement, tel qu’il est défini et imposé dans nos sociétés patriarcales, reste un terrain miné où tant de personnes se perdent, s’épuisent, se sacrifient… Un terreau fertile pour les violences, surtout quand la culture du viol y a ses racines bien plantées !

____________

En vous lisant, je partage beaucoup sur la cohérence paroles-actes et le soin du lien, mais mon regard s’éloigne des visions trop stables de l’engagement

Pour moi, l’engagement n’est pas un bloc immobile, c’est un processus vivant qui se co-construit, se réajuste et se renégocie selon les personnes, les contextes et les saisons de la vie

Ce que j’appelle engagement

• Une intention claire d’être là, sans promesse vide
• Une responsabilité affective assumée (je tiens ce que je dis, et si je ne peux plus, je le dis)
• Des modalités concrètes et mutuelles (comment on se rejoint, quand, par quels canaux, comment on se répare)

Ce que ce n’est pas pour moi

• Ni la disponibilité illimitée, ni l’exclusivité par défaut
• Ni un test permanent où l’autre note ma performance
• Ni une suite de sacrifices où je me perds pour prouver que j’aime

Comment je le rends visible

• On nomme un minimum partagé (cadence de nouvelles, façons de dire stop, temps au calme, gestes de soin)
• On prévoit l’ajustement régulier (check-ins, limites qui bougent, réalités qui changent)
• On prévoit aussi l’issue douce si besoin (ralentir, décaler, passer à une autre forme de lien sans punition)

Quand on se plante

Se tromper d’estimation arrive
Pour moi, l’important c’est 1) reconnaître 2) expliquer 3) réparer 4) réajuster

La fidélité n’est pas dans l’infaillibilité mais dans la capacité à revenir au centre ensemble

Engagement poly et pluralité des liens

En non-monogamie, je ne cherche pas une relation qui fasse tout
Chaque lien a sa forme propre, son rythme, son terrain de jeu et de soin
L’équilibre, ce n’est pas donner la même chose à toustes, c’est donner juste à chacun·e, sans se trahir ni trahir l’accord

Petites questions qui m’aident à cadrer sans rigidifier

• De quoi avons-nous besoin pour nous sentir en sécurité dans ce lien
• Quel est notre minimum viable de présence et de nouvelles
• Que fait-on quand l’un·e n’a plus la bande passante
• Comment on répare quand ça dérape
• À quoi ressemble un ralentissement respectueux si l’une des personnes en a besoin

À propos de qui « juge » l’engagement

L’auto-évaluation est nécessaire, l’évaluation mutuelle est utile, le tribunal extérieur l’est rarement

Ce qui m’importe, c’est l’accord explicite entre les personnes concernées et leur liberté réciproque d’y consentir… ou de renégocier

Je serais curieuse de lire vos manières concrètes de poser un minimum viable d’engagement sans tomber dans le contrat rigide
Quels rituels ou check-ins vous aident à garder le lien vivant plutôt que figé

Petit aparté logistique

Je suis en road trip solo depuis début juillet jusqu’à fin août
Connexion parfois faible voire absente, énergie variable
Mes contributions d’ici mon retour seront un peu plus brutes que je ne le souhaiterais d’habitude, mais l’intention d’être là et d’échanger reste entière <3

Message modifié par son auteur il y a 2 mois.

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artichaut

le jeudi 14 août 2025 à 13h52

Merci déjà pour toutes vos réponses. Ça continue de cogiter, décanter en moi.
Et bonne idée @Lili-Lutine de préciser ce que l'engagement n'est pas pour toi.

C'est peut-être là que nos divergences à tous et toutes seront les plus éclairantes…

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Alabama

le jeudi 14 août 2025 à 15h24

Merci @Lili-Lutine pour ta concision et ta mise en page.
J'aurais pu citer ton message en entier tellement il me parle. Je le trouve super et je crois que je vais l'utiliser pour le faire lire à mon amoureux et lui demander ce qu'il en pense.

Lili-lutine
Je serais curieuse de lire vos manières concrètes de poser un minimum viable d’engagement sans tomber dans le contrat rigide
Quels rituels ou check-ins vous aident à garder le lien vivant plutôt que figé

Avec mon amoureux :

une discussion par mois pour se dire comment on se sent dans notre relation. L'engagement supplémentaire le concernant, c'est que c'est lui qui les provoque, cela rétablit une forme d'équilibre puisque sinon c'est moi qui y pense seule.

C'est le moment où l'on évoque ce qui est chouette, ce qui est difficile, que l'on peut faire des demandes sur des choses, etc...

Voilà c'est tout pour ce qui est "défini". Mais à une époque, quand nous étions à distance, je lui avais dit que pour moi, ne pas se voir pendant plus de 3 semaines c'était vraiment compliqué. Il n'y avait pas vraiment d'engagement de pris là-dessus et ça me faisait souffrir, cela a failli mettre un terme à la relation amoureuse.

Avec une amie, on tente de s'appeler "régulièrement", sans avoir vraiment défini la fréquence mais c'est quelque chose qui tournerait autour de 3 à 4 fois par mois. En minutant le coup de fil pour qu'il ne dure pas trop longtemps. On a eu envie de mettre ça en place suite à des mois sans se donner de nouvelles, et aussi parce que ni moi ni elle n'avons la capacité à rester concentrées plus de 40 mn par appel.

Je dirais que dans l'engagement, il y a aussi une foule de choses implicites. Qui ne sont jamais vraiment nommées car on s'en rend compte (du moins moi je m'en rends compte) seulement quand ça manque.
Par exemple actuellement, les échanges avec mon amoureux sont très fluides, donc il n'y a aucun engagement explicite de part et d'autre à s'envoyer des messages tous les tant. Juste on échange et ça se passe bien, pas besoin de "légiférer". Mais dans les 2 premières années c'était très difficile pour moi, car il pouvait mettre des jours à répondre. Et ce qui s'était passé c'est qu'il avait proposé de dire quand il ne se sentait pas disponible pour ça. Donc ça peut paraître contradictoire, mais en gros il me répondait par "j'ai bien lu ton message, je vais sans doute pas y répondre avant quelques jours, bisous". C'était pas "parfait" pour moi, dans le sens où il me manquait du lien dans la distance, mais ça apaisait en moi le besoin d'être vue/prise en compte.

Message modifié par son auteur il y a 2 mois.

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artichaut

le dimanche 28 septembre 2025 à 20h09

artichaut
Je tâcherais de répondre moi-même à la question. (…)
- Soit sous l'angle d'une définition censée être objective, proposer/partager une/des définition/s.
- Soit "c'est quoi l'engagement selon la Norme ?" (Norme monogame notamment).
- Soit plus spécifiquement, c'est quoi l'engagement pour vous, dans votre vie ? Comment l'incarnez vous ?

J'avais dis que je répondrais à ma propre question. J'ai tardé à le faire. Faut dire que vos réponses étaient déjà bien fournies.
Mais je peux répondre au moins pour moi.

L'engagement pour moi, ce en quoi je considère que je m'engage avec les gens que j'aime (ce qui ne veut pas dire que j'y arrive, mais disons que ce sont des sortes d'intentions).

D'abord je dirais qu'il y a : être moi-même. Et si possible authentique, sincère, entier.
J'y arrive plus ou moins, mais plutôt plus que moins, je dirais. En tout cas c'est important pour moi.

En matière d'interactions/relations je nommerais
- ne pas se forcer et ne pas forcer l'autre (ce qui inclut le consetement sexuel et relationnel : non pas prétendre toujours le respecter, mais en faire un sujet, presque un leitmotiv) ;
- ne rien faire parce qu'on me le demande (par exemple dans les relations avec des féministes) mais toujours si_et_seulement_si je le comprends et que je le 'valide' (c'est une question d'honnêteté avec moi-même et avec l'autre, une garantie pour l'autre que je ne vais pas me désintégrer, ou m'oublier dans la relation) ;
- encourager l'autre à vivre la vie qu'il/elle se choisit, même si ça doit me rendre triste, ou que pour ça l'autre doit s'éloigner de moi ;
- travailler à résoudre les conflits, en tout cas en faire un sujet et tenter de trouver, ensemble ou séparément, des chemins d'accueil et de compréhensions (ce qui implique de trouver un terrain d'entente sur la manière de résoudre un conflit… je me suis rendu compte récemment que ça n'était pas toujours simple, quand on n'a pas du tout les même codes, usages et besoins en la matière) ;
- convoquer autant que possible mon empathie et mon sentiment d'amour pour l'autre (ce qui est pour moi à peu près la même chose) ;
- transformer la relation si celle-ci ne fonctionne plus et donc accepter d'avance que toute relation est mouvante, que rien ne peut se graver dans le marbre, que tout sera toujours remis en question ou sur le tapis ;
- m'intéresser aux relations de l'autre (mais ça ce n'est pas un engagement, plutôt une passion) ;
- ne pas ghoster.

Ce à quoi j'aimerais m'engager, mais pour l'instant je n'y arrive pas :
- nommer mes désirs, mes envies, mes peurs, mes blessures, expliciter qui je suis et comment je fonctionne pour être mieux compris ou accepté (j'ai tendance à vouloir qu'on m'accepte tel que je suis sans rien expliquer)

Ce à quoi je refuse catégoriquement de m'engager
- me forcer à quoi que ce soit, agir contre mon gré, ou contre moi-même ;
- respecter une quelconque régularité dans le lien (ni en présentiel, ni à distance) ;
- être toujours disponible pour l'autre, même à distance (j'ai même découvert que j'ai parfois besoin de ne pas être là pour l'autre, même dans des moments difficile pour lui) ;
- dépasser les limites que je nomme clairement ;
- aimer l'autre plus que moi-même ;
- devenir indispensable à l'autre ou que l'autre me devienne indispensable.

Un engagement dont j'aimerais bien me débarasser
- je me sens quasiment obligé de répondre quand on me pose une question (par exemple à distance) — c'est à dire une phrase avec un point d'interrogation à la fin — et ça peut m'obséder longtemps et souvent tant que je n'ai pas répondu.


Et je ne pense pas trop avoir besoin que le niveau d'engagement soit équilibré de part et d'autre. En tout cas j'ai l'impression d'avoir vécu plein de fois des niveaux d'engagement différents (dans les deux sens) et que ça s'est bien passé.

Quant à la cohérence paroles-actes aujourd'hui je ne sais plus. Ça a toujours été un genre de précepte requis/exigé chez moi, pour moi et pour les autres, et donc j'imagine que ça reste important, mais je sens que ça a bougé, sans être capable là d'expliciter en quoi…
Peut-être que je n'y crois plus trop. Que ça me semble prescriptif mais irréaliste. Je ne sais pas. Faudrais déjà être capable de dire, de se dire, ce dont je doute être très capable, finalement, et que je me sens de moins en moins légitime à exiger des autres.
Alors je dirais que cette cohérence paroles-actes (ou non-cohérence paroles-actes) fabrique de la compatibilité (ou de la non-compatibilité) mais qu'elle n'a plus besoin d'être pensée comme un engagement pour moi.

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artichaut

le dimanche 28 septembre 2025 à 20h14

MPB
Prendre soin. Je crois que pour moi, dans la notion d'engagement, il y a le fait de prendre soin. De l'autre, du lien, de soi-même (pas forcément dans cet ordre-là d'ailleurs).

Ça me parle, mais je pense que j'aurais besoin qu'on explicite ce qu'on entend par prendre soin. Terme très employé et dont je ne suis pas sûr d'avoir l'acceptation courante, ou pour lequel je doute de vouloir m'engager (notamment si ça devient une morale, des obligations, ou des attendus).
Mais si le soin n'implique pas de se forcer, alors oui… mais je n'en ferait pas un engagement, plutôt un signe de mon sentiment d'amour.

À la limite je mettrais plus le respect (de l'autre, de soi) dans les engagements; mais pareil, je trouve que ça ne veut pas dire grand'chose, ou que ça mériterais d'être défini, explicité, co-construit entre personnes concernées, …comme on fait là de l'engagement.

MPB
Après, j'imagine qu'il faudrait aussi séparer l'engagement émotionnel de l'engagement physique, voire de l'engagement legal (en cas de mariage par exemple).

Oui, en effet.

Lili-Lutine
À propos de qui «  juge » l’engagement

L’auto-évaluation est nécessaire, l’évaluation mutuelle est utile, le tribunal extérieur l’est rarement

J'aime beaucoup !

Lili-Lutine
Je serais curieuse de lire vos manières concrètes de poser un minimum viable d’engagement sans tomber dans le contrat rigide

J'ai tendance à poser très tôt certain·e de mes besoins et limites. Et à demander si l'autre veut le faire. Pour moi c'est pas tant un contrat à discuter que l'intersection de nos envie/besoins et la somme de nos limites.
Ce que veut/ne_veut_pas l'autre je ne le négocie pas. Et ce que je veut/ne_veut_pas n'est généralement pas négociable.

Lili-Lutine
Quels rituels ou check-ins vous aident à garder le lien vivant plutôt que figé

À une époque j'ai utilisé un questionnaire relationnel.
Aujourd'hui plutôt les sujets s'abordent de manière impromtue ou anticipée, quand l'un·e en ressent le besoin, ou parce qu'il y a un élan en ce sens, ou des choses nouvelles à nommer.

Je ne sais pas si j'ai des rituels en la matière. Ça pourrait me plaire d'en avoir. Mais aucune idée ne me vient là comme ça.

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quest (invité)

le dimanche 28 septembre 2025 à 21h45

Pour moi l'engagement, c'est surtout faire ce qu'on dit qu'on va faire.
Si je m'engage à être à ce rendez-vous dimanche prochain à 15h, je ne me dis pas au dernier moment "je suis fatigué, finalement j'annule" (je m'arrange pour anticiper et ne pas être fatigué car j'ai donné un rendez-vous).
Une relation peut être très engageante si on se voit seulement 3 fois par an, mais si c'est programmé et tenu.
Après on peut avoir plusieurs niveaux d'engagements (de "amour de vacances, on se retrouve l'an prochain promis quoi qu'il arrive" à "on habite ensemble et on se marie").
Mais la notion d'engagement en lui-même ne me semble pas lié au niveau d'engagement.

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Tiao88

le jeudi 02 octobre 2025 à 10h26

Assez d'accord aussi avec @Artichaud sur le fait de ne pas se forcer à faire les choses et ne pas aimer l'autre plus que nous-mêmes (mais à quoi reconnaît-on qu'on est en train de faire ça?) .

Et surtout quand on l'observe chez quelqu'un, on fait quoi on dit quoi?! Parce qu'on est d'accord que ce type de fonctionnement va forcément tourner à l'épuisement...

Message modifié par son auteur hier à 11h.

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artichaut

le jeudi 02 octobre 2025 à 11h19

Tiao88
Les personnes qui sont ok pour faire telle chose et qui annulent au dernier moment, ça a le don de me rendre triste/frustrée/furieuse (selon le comportement de la personne les dernières semaines ou mois).

Est-ce que dire c'est s'engager ?
J'ai pensé comme ça, et je me suis beaucoup mis la pression sur ça (et j'ai beaucoup critiqué les autres qui ne fonctionnaient pas pareil) mais j'en revient aujourd'hui. Et j'apprend à me découvrir faillible à cet endroit.

Et quid de la révocabilité de nos consentements, donc de nos dires ? Sachant que nos dires parfois ont pu être partiellement extorqués, obtenues dans des moments de vulnérabilité particulière, ou juste on a changé d'avis.
Respecter ses dires me signifie aujourd'hui qu'on est dans une position de pouvoir (sur soi, a minima, et souvent sur l'autre) ou alors que l'on se force.

Tiao88
Surtout quand je vois que pour d'autres choses ils/elles arrivent à se motiver ou tenir leurs engagements.

Là pour moi on touche à autre chose. Le fait qu'on se compare et qu'on compare des expériences qui ne sont pas forcément comparables.
Ça parle surtout de nous, et l'autre (ses actions, ses non-actions, ses dires révoqués) n'est à mon sens et en soi qu'un révélateur de nos failles.

Même si bien sûr j'entends qu'il nous faut savoir sur quel pied danser, ne pas se faire sans cesse ballader, ne pas se faire manipuler affectivement, etc. Avoir un peu de terre ferme dans le lien et pas que des sables mouvants.

Mais qu'avons-nous besoin, chacun chacune, pour ressentir cette terre ferme ?

*
En tout cas ce qui ressort pour moi de toute cette discussion, c'est que l'engagement signifie des choses trèèès différentes pour chacun·e de nous, que y'a aussi une coloration genrée indéniable, et que sans prendre la peine et le temps de s'expliquer entre "partenaires" ce qu'on entend par là, on court au quiproquo, au risque de voir nos attentes déçues et vivre de la frustration.

Tiao88
J'essaie aussi de m'intéresser à ses autres relations. Mais il y a justement des personnes dans ma vie où j'ai l'impression d'être en compétition avec d'autres relations dans leur coeur/vie (ça fait aussi partie du pétage de plomb estival). Et là c'est beaucoup plus difficile pour moi de m'y intéresser et d'être dans l'enjaillement/joie/compersion.

C'est sûr que la compersion, ne dépend pas que de nous, mais aussi de ce que l'autre fait, ou plutôt de comment on est touché·e, par ce que l'autre fait, configure, met en oeuvre… ou pas.

Enfin je sais pas. Ou bien ça dépend de l'intensité du sentiment d'amour ?
Pourquoi parfois c'est là, et parfois moins ?

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Tiao88

le jeudi 02 octobre 2025 à 12h12

artichaut

Même si bien sûr j'entends qu'il nous faut savoir sur quel pied danser, ne pas se faire sans cesse ballader, ne pas se faire manipuler affectivement, etc. Avoir un peu de terre ferme dans le lien et pas que des sables mouvants.

Mais qu'avons-nous besoin, chacun chacune, pour ressentir cette terre ferme ?

-> Je ne vois pas comment je peux ressentir une "terre ferme" comme tu dis si l'autre peut révoquer ce dont on avait convenu pour un oui ou pour un non. Où elle est cette terre quand l'autre néglige ses engagements "parce que tu comprends je gère pas mes énergies/organisation"?! Ou qu'il/elle oublie? Ou qu'il/elle a besoin de revoir noté noir sur blanc ce dont on a déjà parlé à l'oral?!

Je préfère encore que la personne me dise "écoute, je risque d'être assez débordé à telle période, est-ce que je peux te redire tel jour/tel moment et j'aviserai selon mon énergie" plutôt que me dire qu'on va faire telle activité/ quelque chose pour ensuite l'annuler au dernier moment. Encore plus si c'est lui/elle qui l'avait proposé. Je trouve que c'est un manque de respect flagrant. Surtout si encore une fois il/elle a eu la motivation/l'énergie de le proposer à d'autres. ça veut dire que ma personne ne compte pas tant que ça, je suis remplacable, moins bien que etc. En tout cas c'est comme ça que je me sens.

Que ça arrive une fois de temps en temps, ça peut être ok mais si c'est trop souvent, non. Là on touche à une limite. Elle est où la prise en compte de l'autre, le respect de l'autre si tu peux annuler quelque chose au dernier moment pour n'importe quel motif?! La moindre des choses est soit de se tenir à ce qu'on a dit, soit de le dire le plus vite possible et reproposer quelque chose dans le futur.

J'ai besoin qu'on se tienne à ce qu'on dise. Je vois pas où est la prise de pouvoir là dedans vu que l'autre peut l'annuler. A moins d'aller l'enlever et de le séquestrer chez moi, j'avoue ne pas comprendre où est le pouvoir... Si l'autre décide de faire autrement, je ne peux que subir son revirement...

Et là en ce moment j'en ai marre de subir les engagements non tenus, non respectés (et on peut pas dire que les explications reçues excusent la plupart). En ce moment j'en ai marre d'être celle qu'on néglige par rapport aux autres. En ce moment j'en ai marre de devoir faire le premier pas, voir le second, voir les 3/4 de la marche. D'être en attente. D'avoir le sentiment que c'est moi qui nourris plus la relation que l'autre. J'en ai marre de devoir me mettre à la place de mais que personne n'ait l'air de faire l'inverse. J'ai trop fait ça ces dernières années. J'ai trop fait ça ces dernières décennies. Là je craque. Là je deviens de plus en plus intransigeante parce que je me rends compte que mes besoins sont étouffés et piétinés par une partie des gens qui m'entourent...

Message modifié par son auteur hier à 12h.

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Tiao88

le jeudi 02 octobre 2025 à 12h48

artichaut
Là pour moi on touche à autre chose. Le fait qu'on se compare et qu'on compare des expériences qui ne sont pas forcément comparables.
Ça parle surtout de nous, et l'autre (ses actions, ses non-actions, ses dires révoqués) n'est à mon sens et en soi qu'un révélateur de nos failles.

-> à partir de quoi et de quels critères peut-on juger que ce n'est pas comparable?
-> alors oui, ça fait de moi un gros "trip advisor" (comparateur en ligne) mais y a aussi des fois où ça m'a permis de réaliser une dissonance entre les actes et les paroles d'autrui. Non pas que je sois 100% cohérente tout le temps mais y en a certains, ça frôle le 10 voir le 0.
-> Si autrui est capable de faire certaines choses avec d'autres ou de s'y tenir et pas avec moi, je ne suis d'accord sur le fait que ça révèle MES failles. Ce ne sont pas MES failles qui font qu'autrui choisit de prioriser tel activité avec telle personne plutôt qu'avec moi, ce me semble. MES failles font que je le vis plus ou moins mal mais ça n'est jamais qu'une réaction dans une situation donnée. Autrui est quand même un minimum responsable de sa gestion d'énergie et de ses arbitrages...

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artichaut

le vendredi 03 octobre 2025 à 12h13

puisque ce ne sont pas tes failles (et la conclusion pourrait éventuellement être la même, si tel était le cas) et vu surtout le niveau de souffrance que tu exprime, j'ai le sentiment que t'éloigner (d'une manière ou d'une autre) de cet/ces Autrui est devenu indispensable

et pour rester dans le sujet du fil, je dirais que son/leur engagement, ou en tout cas les actes qui le/s construise/nt, ne sont pas compatible avec le tien. dont acte. quelque part ces actes qui ne te conviennent pas requièrent un acte de ta part.

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