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C'est quoi l'engagement ?

Engagement
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artichaut

le lundi 11 août 2025 à 00h17

On parle beaucoup d'engagement, notamment sur ce forum, à propos des liens affectifs, amoureux, etc. Et j'ai parfois le sentiment qu'on confond cette notion avec celle de la disponibilité (à l'autre).

Alors : à quoi je m'engage quand l'on parle d'engagement ? (dans un contexte affectif)

S'agit-il d'un engagement de soi à soi, ou de soi à l'autre ? Et qui peut alors "juger" de cet engagement ? Soi-même ? Ou bien seul les autres peuvent-ils juger de notre engagement ? Et est-on toujours sur la selette quand à savoir si réellement l'on s'engage ? Ou si l'on respecte les engagements pris (quand ceux-ci ne sont pas juste tacites, ou escompté par l'autre indépendamment de nous-même).
Et si l'on se plante, si l'on a sur-estimé son engagement, ou sa capacité d'engagement, est-ce grave docteur ?

J'ai le sentiment d'être une personne qui s'engage, pourtant je ne me retrouve pas dans le sens qui semble être couramment utilisé.

Alors j'ai envie de vous demander : C'est quoi l'engagement pour vous ?

Je tâcherais de répondre moi-même à la question. Mais ça me donne envie de "vous" (qui voudra) laisser répondre d'abord à la question.
- Soit sous l'angle d'une définition censée être objective, proposer/partager une/des définition/s.
- Soit "c'est quoi l'engagement selon la Norme ?" (Norme monogame notamment).
- Soit plus spécifiquement, c'est quoi l'engagement pour vous, dans votre vie ? Comment l'incarnez vous ?

Bref, répondez comme vous voulez…

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artichaut

le lundi 11 août 2025 à 00h28

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Alabama

le lundi 11 août 2025 à 00h50

Je me suis posée cette question pas mal de fois au cours des dernières années, et notamment quand j'utilise ce mot sur ce forum.

Franchement ? je ne suis pas sûre de pouvoir trouver de définition satisfaisante, même pour moi.
Je vais quand même essayer un peu ce soir et puis je reviendrai plus tard.
Je dirais que l'engagement pour moi, c'est un mélange à la fois d'être authentique sur les envies/besoins avec l'autre (et dire "je ne sais pas" si c'est vrai est aussi de l'authenticité), d'être raccord entre ce qu'on dit et ce qu'on fait, de se rendre disponible à méta-relationner et de nourrir la relation de manière à ce que l'autre se sente apprécié.

Si on "faillit", c'est pas grave tant qu'on est capable de le reconnaître, de le réaliser seul·e ou parce que l'autre nous le dit et qu'on cherche avec l'autre comment ajuster les choses.

Si l'autre faillit trop souvent à l'engagement sur lequel on s'est accordé ou ne sait jamais trop ce qu'il/elle veut ou que son type/niveau d'engagement est trop peu raccord avec mes attentes, ben c'est pas "grave" mais à mon sens mieux vaut mettre un terme, en tous cas moi quand il y a trop d'incohérence ou trop peu d'engagement je préfère m'éloigner. Sinon c'est trop souffrant, je risque d'entrer dans une spirale de reproches et ça sert pas à grand chose. Inversement si une personne demande trop par rapport à ce que je suis en mesure de donner comme engagement, je préfère m'éloigner aussi.

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MPB

le lundi 11 août 2025 à 10h43

artichaut
- Soit "c'est quoi l'engagement selon la Norme ?" (Norme monogame notamment)
- Soit plus spécifiquement, c'est quoi l'engagement pour vous, dans votre vie ? Comment l'incarnez vous ?

Ce qui me vient en premier quand j'entends le mot engagement, c'est la présence. J'imagine que selon la Norme (et en relation romantique monogame), l'engagement c'est la présence assurée et indéfectible en cas de besoin, c'est être LA personne qui sera toujours là, qui ne faillira jamais, qui partagera tous nos gros projets de vie (faire des enfants, acheter une maison). L'engagement dans un couple monogame, ça sonne tout de suite très sérieux je trouve. Ce n'est pas pour rien qu'on parle parfois de relations sans engagement, comme si à l'inverse, dans ces cas-là, on ne se devait rien du tout, qu'on pouvait annuler à la derniere minute, ne rien partager etc.
Bon, c'est très binaire et manichéen comme vision, je vous l'accorde !

L'engagement pour moi dans la vie, c'est assurer à la personne qu'elle a une place dans ma réalité. Place à définir ensemble, qui peut varier selon la disponibilité de chacun.e, tout en ayant envie ensemble de partager un "minimum" en termes de temps passé physiquement ensemble et/ou dans la communication virtuelle (ce minimum étant à discuter ensemble bien sûr, vu qu'il varie selon les personnes également). L'engagement, c'est rester fidèle à des rituels qu'on décide de mettre en place tout en pouvant ensemble requestionner ces rituels, rester fidèle à ce qu'on dit (je retrouve là @Alabama sur le fait d'être raccord entre ce qu'on dit et ce qu'on fait), globalement dans l'engagement j'entends l'envie d'avancer ensemble sur un chemin qui sera confortable pour toutes les personnes impliquées.
L'engagement, c'est voir la personne telle qu'elle est, pas telle qu'on aimerait qu'elle soit, et se dire que oui, on veut co-construire ensemble.
L'engagement, c'est le partage, c'est donner et recevoir.

Pour moi, il est primordial que le niveau d'engagement qu'on veut mettre dans une relation soit à peu près équilibré de part et d'autre, sinon cela sera potentiellement maltraitant pour l'une ou l'autre personne.

Voilà ce qui me vient, mais ça va sûrement maturer encore !

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MPB

le lundi 11 août 2025 à 16h58

Prendre soin. Je crois que pour moi, dans la notion d'engagement, il y a le fait de prendre soin. De l'autre, du lien, de soi-même (pas forcément dans cet ordre-là d'ailleurs).
Après, j'imagine qu'il faudrait aussi séparer l'engagement émotionnel de l'engagement physique, voire de l'engagement legal (en cas de mariage par exemple).

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Alabama

le lundi 11 août 2025 à 20h06

MPB
Ce qui me vient en premier quand j'entends le mot engagement, c'est la présence.

Le mot présence me parle.
Parfois, une personne peut être présente physiquement mais absente psychiquement/émotionnellement. Ou peut être loin physiquement mais présente dans le lien.

Un truc que je rattache à l'engagement, c'est notamment de prendre des nouvelles. Je suis devenue plus sensible à ça depuis le confinement. Des personnes prenaient de mes nouvelles alors qu'elles sont à des centaines de kilomètres, et d'autres, avec qui je croyais avoir une relation "resserrée" du fait de la proximité géographique et émotionnelle, n'ont pris aucune nouvelle. Ça m'a donné la sensation d'être invisible, sans importance. Aujourd'hui j'essaie de faire un peu plus attention à demander des nouvelles aux personnes avec qui j'ai un lien "engagé". J'ai longtemps considéré ce truc de prendre des nouvelles comme quelque chose d'un peu convenu, superficiel. Aujourd'hui je pense que j'avais tort, et que c'est au contraire peut-être une des choses les plus importantes quand on a pas croisé quelqu'un·e depuis un moment.

Du fait d'avoir voyagé et habité dans des pays où les liens humains sont plus resserrés, je suis triste de voir parfois à quel point en Occident nous avons du mal à être présents les un·e·s pour les autres notamment dans le quotidien. Habiter ailleurs m'a permis de goûter à ce qui me manque souvent ici en France : le lien quotidien, simple, chaleureux et dense. Je n'idéalise cependant pas les cultures dans lesquelles j'ai pu goûter à cela : il y a aussi d'énormes désavantages, et notamment le manque d'intimité/liberté individuelle. Mais j'ai été comblée par cette autre façon de relationner, qui n'a pas besoin de prétexte ni de rendez-vous.

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MPB

le jeudi 14 août 2025 à 09h02

@Alabama
Oui je suis d'accord pour la prise de nouvelles : pour moi ça rentrait un peu dans mon package "prendre soin". Genre, se soucier de comment va l'autre, surtout si on sait que ça peut être un moment compliqué. Ou même, juste envoyer un petit message de pensée, sans attendre de réponse ou quoi !
Et ça me parle aussi, cette histoire de maintenir le lien parfois plus facilement avec des personnes éloignées que celles qui habitent dans notre ville.
Pour ma part j'ai souvent été celle qui prenait des nouvelles, qui initiait la conversation, et aujourd'hui je ne veux plus ce sens unique : j'apprends à ne pas tenir seule le lien, et à ne pas culpabiliser de ça !

Et je me suis fait la même réflexion que toi durant certains voyages. Travaillant à l'hôpital, je vois aussi comment certaines cultures prennent vraiment soin des personnes malades/âgées (en les prenant à plein temps au domicile par exemple, malgré des états très lourds), mais là je vais vraiment digresser ! Quoi que, finalement, ça reste de l'engagement.

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Lili-Lutine

le jeudi 14 août 2025 à 13h19

L’engagement, tel qu’il est défini et imposé dans nos sociétés patriarcales, reste un terrain miné où tant de personnes se perdent, s’épuisent, se sacrifient… Un terreau fertile pour les violences, surtout quand la culture du viol y a ses racines bien plantées !

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En vous lisant, je partage beaucoup sur la cohérence paroles-actes et le soin du lien, mais mon regard s’éloigne des visions trop stables de l’engagement

Pour moi, l’engagement n’est pas un bloc immobile, c’est un processus vivant qui se co-construit, se réajuste et se renégocie selon les personnes, les contextes et les saisons de la vie

Ce que j’appelle engagement

• Une intention claire d’être là, sans promesse vide
• Une responsabilité affective assumée (je tiens ce que je dis, et si je ne peux plus, je le dis)
• Des modalités concrètes et mutuelles (comment on se rejoint, quand, par quels canaux, comment on se répare)

Ce que ce n’est pas pour moi

• Ni la disponibilité illimitée, ni l’exclusivité par défaut
• Ni un test permanent où l’autre note ma performance
• Ni une suite de sacrifices où je me perds pour prouver que j’aime

Comment je le rends visible

• On nomme un minimum partagé (cadence de nouvelles, façons de dire stop, temps au calme, gestes de soin)
• On prévoit l’ajustement régulier (check-ins, limites qui bougent, réalités qui changent)
• On prévoit aussi l’issue douce si besoin (ralentir, décaler, passer à une autre forme de lien sans punition)

Quand on se plante

Se tromper d’estimation arrive
Pour moi, l’important c’est 1) reconnaître 2) expliquer 3) réparer 4) réajuster

La fidélité n’est pas dans l’infaillibilité mais dans la capacité à revenir au centre ensemble

Engagement poly et pluralité des liens

En non-monogamie, je ne cherche pas une relation qui fasse tout
Chaque lien a sa forme propre, son rythme, son terrain de jeu et de soin
L’équilibre, ce n’est pas donner la même chose à toustes, c’est donner juste à chacun·e, sans se trahir ni trahir l’accord

Petites questions qui m’aident à cadrer sans rigidifier

• De quoi avons-nous besoin pour nous sentir en sécurité dans ce lien
• Quel est notre minimum viable de présence et de nouvelles
• Que fait-on quand l’un·e n’a plus la bande passante
• Comment on répare quand ça dérape
• À quoi ressemble un ralentissement respectueux si l’une des personnes en a besoin

À propos de qui « juge » l’engagement

L’auto-évaluation est nécessaire, l’évaluation mutuelle est utile, le tribunal extérieur l’est rarement

Ce qui m’importe, c’est l’accord explicite entre les personnes concernées et leur liberté réciproque d’y consentir… ou de renégocier

Je serais curieuse de lire vos manières concrètes de poser un minimum viable d’engagement sans tomber dans le contrat rigide
Quels rituels ou check-ins vous aident à garder le lien vivant plutôt que figé

Petit aparté logistique

Je suis en road trip solo depuis début juillet jusqu’à fin août
Connexion parfois faible voire absente, énergie variable
Mes contributions d’ici mon retour seront un peu plus brutes que je ne le souhaiterais d’habitude, mais l’intention d’être là et d’échanger reste entière <3

Message modifié par son auteur il y a un mois.

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artichaut

le jeudi 14 août 2025 à 13h52

Merci déjà pour toutes vos réponses. Ça continue de cogiter, décanter en moi.
Et bonne idée @Lili-Lutine de préciser ce que l'engagement n'est pas pour toi.

C'est peut-être là que nos divergences à tous et toutes seront les plus éclairantes…

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Alabama

le jeudi 14 août 2025 à 15h24

Merci @Lili-Lutine pour ta concision et ta mise en page.
J'aurais pu citer ton message en entier tellement il me parle. Je le trouve super et je crois que je vais l'utiliser pour le faire lire à mon amoureux et lui demander ce qu'il en pense.

Lili-lutine
Je serais curieuse de lire vos manières concrètes de poser un minimum viable d’engagement sans tomber dans le contrat rigide
Quels rituels ou check-ins vous aident à garder le lien vivant plutôt que figé

Avec mon amoureux :

une discussion par mois pour se dire comment on se sent dans notre relation. L'engagement supplémentaire le concernant, c'est que c'est lui qui les provoque, cela rétablit une forme d'équilibre puisque sinon c'est moi qui y pense seule.

C'est le moment où l'on évoque ce qui est chouette, ce qui est difficile, que l'on peut faire des demandes sur des choses, etc...

Voilà c'est tout pour ce qui est "défini". Mais à une époque, quand nous étions à distance, je lui avais dit que pour moi, ne pas se voir pendant plus de 3 semaines c'était vraiment compliqué. Il n'y avait pas vraiment d'engagement de pris là-dessus et ça me faisait souffrir, cela a failli mettre un terme à la relation amoureuse.

Avec une amie, on tente de s'appeler "régulièrement", sans avoir vraiment défini la fréquence mais c'est quelque chose qui tournerait autour de 3 à 4 fois par mois. En minutant le coup de fil pour qu'il ne dure pas trop longtemps. On a eu envie de mettre ça en place suite à des mois sans se donner de nouvelles, et aussi parce que ni moi ni elle n'avons la capacité à rester concentrées plus de 40 mn par appel.

Je dirais que dans l'engagement, il y a aussi une foule de choses implicites. Qui ne sont jamais vraiment nommées car on s'en rend compte (du moins moi je m'en rends compte) seulement quand ça manque.
Par exemple actuellement, les échanges avec mon amoureux sont très fluides, donc il n'y a aucun engagement explicite de part et d'autre à s'envoyer des messages tous les tant. Juste on échange et ça se passe bien, pas besoin de "légiférer". Mais dans les 2 premières années c'était très difficile pour moi, car il pouvait mettre des jours à répondre. Et ce qui s'était passé c'est qu'il avait proposé de dire quand il ne se sentait pas disponible pour ça. Donc ça peut paraître contradictoire, mais en gros il me répondait par "j'ai bien lu ton message, je vais sans doute pas y répondre avant quelques jours, bisous". C'était pas "parfait" pour moi, dans le sens où il me manquait du lien dans la distance, mais ça apaisait en moi le besoin d'être vue/prise en compte.

Message modifié par son auteur il y a un mois.

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