Sortir de la peur
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Aimée (invité)
le vendredi 18 novembre 2022 à 10h10
Ne croyez vous pas que revendiquer le poly amour n’est qu’une façon de rationaliser une peur extrême de l’amour et de l’engagement ?
Une peur de choisir une femme ou un homme? De s’engager? De construire et d’inventer du temps dans la durée ?
Tombée amoureuse d’un homme se disant poly, c’est le triste constat que je suis amenée à faire. Peur de dire je t’aime, peur de s’investir, de prendre le risque d’aimer.
J’en ai eu marre d’essayer de me faufiler entre toutes les peurs de cet homme. Je vais garder mon amour et ma confiance pour un homme qui me les rendra.
Très bonne journée à tous.
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GeorgyPorgy
le vendredi 18 novembre 2022 à 12h37
Désolé de lire tes mots.
Je pense que ta question est valable pour certain.e.s qui utilisent (malhonnêtement?) l'argument PolyA pour justifier un manque d'engagement dans la relation, leur défaillance à nourrir une relation...
Mais pourquoi faire une généralité?
Mon expérience perso a été avant tout d'accepter la survenance d'un nouvel amour, tout en comprenant que celui qui me lie à ma compagne n'était pas mort. Ca a été une expérience émotionnelle intérieure lente en premier lieu, que j'ai extériorisée & exprimée explicitement aux deux personnes concernées.
Ca a été une expérience difficile pour tous.tes, et effectivement il y a eu de la peur.
Mais au contraire de ce que tu dis, comprendre & embrasser mes amours multiples s'est réalisé dans un mouvement non pas marqué par la peur, mais comme un soulagement progressif (de voir des choses bancales & incohérentes liées à nos constructions etc se remettre en perspective, le sentiment de retrouver une certaine cohérence, un alignement...)
Ca m'a aussi donné l'occasion & les moyens d'envisager d'autres formes possibles d'engagement, au delà de l'escalator relationnel - que j'aurais eu à coeur d'explorer ensemble si les attentes respectives s'étaient rencontrées.
Message modifié par son auteur il y a 7 mois.
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GeorgyPorgy
le vendredi 18 novembre 2022 à 12h42
Au delà, des polyamoureux peuvent aussi bien se retrouver dans la situation que tu décris, en tombant amoureux.ses d'une personne (mono?) qui a peur / fuit un engagement possible - peut-être atypique, mais engagement possible tout de même s'il est inventé par les personnes concernées.
Je crois que c'est que j'ai vécu perso.
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Siestacorta
le vendredi 18 novembre 2022 à 12h44
Bonjour Aimée
Aimée
Ne croyez vous pas que revendiquer le poly amour n’est qu’une façon de rationaliser une peur extrême de l’amour et de l’engagement ?
Une peur de choisir une femme ou un homme? De s’engager? De construire et d’inventer du temps dans la durée ?
Tombée amoureuse d’un homme se disant poly, c’est le triste constat que je suis amenée à faire. Peur de dire je t’aime, peur de s’investir, de prendre le risque d’aimer.
J’en ai eu marre d’essayer de me faufiler entre toutes les peurs de cet homme.
Je ne connais pas le monsieur et votre situation. Mais le poly comme évitement de l'engagement, c'est à la fois compréhensible, si on se réfère à un idéal de couple qui ne convient pas à quelqu'un qui souhaite en sortir sans être encore précis sur ce qu'il veut, et illusoire, si on considère qu'en réalité, avoirs plusieurs relations c'est souvent fabriquer plusieurs engagements et s'impliquer dans un rythme de vie, un rapport à soi et aux autres assez exigeants.
Donc peut-être que cet homme est bien dans l'évitement mais peut-être aussi que plus génériquement vous ne pouvez pas faire rencontrer ce que vous cherchez, l'exclusivité n'étant pas forcément la question réelle.
Message modifié par son auteur il y a 7 mois.
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Jack Haddy (invité)
le vendredi 18 novembre 2022 à 13h13
Je prends le contrepied, histoire d'élargir peut-être le champ d'investigations voire mieux, de réflexions.
Et si, plutôt qu'une peur, il s'agissait d'une envie ou d'un besoin? De liberté, peut-être?
(je pousse volontairement un peu le bouchon ci-après ;-) )
Et qu'est-ce-que l'engagement, en fait? Et surtout, qui a dit que c'est ça qu'il faut faire? Que c'est "mieux"? Sont-ce des idéaux de société?
Les réponses ne sont pas intéressantes. Les questionnements le seront. Courage quoi qu'il en soit :-)
J.
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Petiteforêt (invité)
le vendredi 18 novembre 2022 à 13h55
Bonjour Aimée,
Tous les cas sont possibles en fait, et certains ne parviennent pas à s'engager. Mais ce n'est pas nécessairement lié au polyamour.
Je me demande même parfois si ce n'est pas l'inverse, pour moi en tous cas... est ce que le polyamour ne peut pas être lié aussi à l'impossibilité de rompre un (premier) engagement? à l'impossibilité de rompre tout court.
Je n'ai pas pu, pas su, pas voulu ? ( je ne sais plus trop ce qui a trait à la volonté, à la nécessité éthique ou à l'amour qui perdurait tout simplement)
rompre mon engagement quand j'ai aimé ailleurs.
Je me sentais engagée dans mes deux relations, même s'il restait beaucoup à faire pour la seconde, pour qu'elles puissent à terme être équilibrées ( ce à quoi j'ai échoué...), mais je me sentais engagée pleinement dans mon coeur déjà.
Je comprends en tous cas ta tristesse et ta déception.
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Hawkeye
le vendredi 18 novembre 2022 à 14h52
Aimée
[...]
Une peur de choisir une femme ou un homme?
Pourquoi devoir choisir ? Si ce n'est pour se conformer à un schéma traditionnel.
[...]
De construire et d’inventer du temps dans la durée ?
Je ne comprends pas trop cette notion. On ne peut pas inventer du temps mais toute relation, si l'on veut qu'elle existe nécessite d'y consacrer du temps et de l'énergie qui sont disponibles en quantité finie. Cet investissement en temps peu varier au cours de la relation, souvent parce que percuté par d'autres relations mais cela est vrai des relations de tout types et pas qu'amoureuses. Par contre une relation amoureuse a tendance à être plus consommatrice en temps et énergie et donc leur multiplication peut donner l'impression au partenaire d'être délaissé surtout s'il n'en a pas d'autres ce qui crée un déséquilibre dans la relation.
[...]
Peur de dire je t’aime, peur de s’investir, de prendre le risque d’aimer.
Polyamour et peur de dire "je t'aime", d'aimer me paraissent antinomiques. Après certains ont du mal à verbaliser leur amour. C'est surement encore un héritage de notre société, de l'amour unique et qui concerne surtout les hommes, et pas que poly. Moi j'aime dire "je t'aime" à ma femme, à mon amoureuse, à mes filles. C'est le même mot mais il a un sens différent parce que chaque relation est différente. Je ne le dis pas trop souvent, mais quand je le ressens. Ce n'est pas tabou d'aimer.
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bidibidibidi
le vendredi 18 novembre 2022 à 14h59
Je n'ai pas l'impression que le message d'Aimée ait pour objectif d'avoir une réponse.
Personnellement, je me demande toujours ce que ça signifie : Engagement ?
J'ai l'impression que derrière ce mot, on cache juste l'escalateur relationnel. En gros, si tu veux pas habiter ensemble, faire des enfants ensemble, alors tu as peur de l'engagement. Même si à côté tu veux faire un tour du monde ensemble ou collaborer sur un projet professionnel ensemble, c'est pas de l'engagement.
Donc je répondrais : Non, le polyamoureux n'a pas peur de l'engagement, il le remet en cause.
Quant à l'amour, le polyamoureux l'aime, beaucoup, il étreint l'amour !
Message modifié par son auteur il y a 7 mois.
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Alinea7
le vendredi 18 novembre 2022 à 15h41
bidibidibidi
Personnellement, je me demande toujours ce que ça signifie : Engagement ?
Engagement dans le fait que la relation soit satisfaisante pour le partenaire autant que soi ?
Engagement dans la qualité de la relation ?
Engagement dans le soin à l'autre et à la relation, en somme ?
J'ai l'impression que c'est ce qui a manqué à Aimée et je te rejoins, moi non plus je ne suis pas sûre que son message appelait vraiment une réponse.
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Siestacorta
le vendredi 18 novembre 2022 à 16h55
Bah, ça donne l'occasion de dire que le PA a un contenu positif, que ce soit un rapport aux engagements (effectivement, l'Engagement au singulier c'est plutôt celui dans l'escalator), à l'expression et à l'écoute des sentiments...
Je crois pas que ce contenu positif soit forcément pesant, par ailleurs. Mais il n'est, à minima, pas moindre par rapport à ce que propose le couple.
bidibidibidi
Donc je répondrais : Non, le polyamoureux n'a pas peur de l'engagement, il le remet en cause.
Voilà. On s'engage à quelque chose qu'on écrit avec les gens, pas à un truc que tout le monde y fait pareil alors c'est simple et je connais personne personne à qui ça suffise pas, tous les couples sont immortels, mécréants !
Message modifié par son auteur il y a 7 mois.
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GeorgyPorgy
le vendredi 18 novembre 2022 à 17h08
alinea7
Engagement dans le fait que la relation soit satisfaisante pour le partenaire autant que soi ?
Engagement dans la qualité de la relation ?
Engagement dans le soin à l'autre et à la relation, en somme ?
@alinea7 J'apprécie beaucoup le fait qu'avec ces questions tu places l'engagement au niveau qualitatif de la relation elle-même pour les partenaires.
Ces dimensions justement sont souvent invisibilisées je trouve par les marques plus socialement acceptées & répandues dans nos inconscients collectifs de ce que doit / peut être l'engagement (achat d'une résidence commune, voyages, avoir des enfants ensemble...) & qui se relient finalement à l'héritage de la structure du mariage.
Je suis convaincu que chaque relation contient en soi les possibles pour "inventer" des modalités d'engagement ad-hoc qui dépassent ces schémas. Mais ça suppose une rencontre des attentes / intentions...
Il y a une partie de mon expérience où ces éléments de l'escalator relationnel ont eu un effet "empêchant". Comme si ça aurait pu être l'unique voie possible de ma nouvelle relation, et ça s'est matérialisé des 2 côtés :
- avec cette nouvelle amoureuse, qui, je pense n'a pas pu / su / voulu envisager qu'on puisse batir un engagement relationnel reposant sur ses bases propres
- avec ma compagne, qui a mis du temps à se défaire de l'impression que l'existence d'une relation tierce passerait forcément par l'application de cet escalator relationnel, et pas sur des dimensions d'engagement autres
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Siestacorta
le vendredi 18 novembre 2022 à 18h46
GeorgyPorgy
Il y a une partie de mon expérience où ces éléments de l'escalator relationnel ont eu un effet "empêchant". Comme si ça aurait pu être l'unique voie possible de ma nouvelle relation, et ça s'est matérialisé des 2 côtés :
- avec cette nouvelle amoureuse, qui, je pense n'a pas pu / su / voulu envisager qu'on puisse batir un engagement relationnel reposant sur ses bases propres
- avec ma compagne, qui a mis du temps à se défaire de l'impression que l'existence d'une relation tierce passerait forcément par l'application de cet escalator relationnel, et pas sur des dimensions d'engagement autres
Et même en ayant déjà pratiqué, en rencontrant des personnes poly, en ayant posé des accords bien honnêtes, il suffit de rien pour avoir des réflexes et des impressions qui sont valables pour l'escalator. On peut culpabiliser avant qu'il y ait un problème, ou un problème poly nous fait recroire à l'escalatore. On perd sa confiance, momentanément.
Je crois qu'on peut à la longue se sentir moins coincé avec ça, mais cet escalator a peu de pannes, zut.
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GeorgyPorgy
le samedi 19 novembre 2022 à 19h15
Siestacorta
Et même en ayant déjà pratiqué, en rencontrant des personnes poly, en ayant posé des accords bien honnêtes, il suffit de rien pour avoir des réflexes et des impressions qui sont valables pour l'escalator. On peut culpabiliser avant qu'il y ait un problème, ou un problème poly nous fait recroire à l'escalatore. On perd sa confiance, momentanément.
Je crois qu'on peut à la longue se sentir moins coincé avec ça, mais cet escalator a peu de pannes, zut.
@Siestacorta oui je suis persuadé que même avec une volonté bien ancrée de chacun.e, certains reflexes peuvent revenir en force au gré des circonstances. Mais je me dis quand même que le chemin peut malgré tout être source d'un certain épanouissement... J'idéalise peut etre un peu...
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Ella-Lutine
le dimanche 20 novembre 2022 à 08h02
Bonjour,
Si je dois parler de mon polyamour, il est incontestablement, à la l'inverse, lié à mon (trop ?) grand besoin d'amour !
Et comme j'ai aussi besoin d'engagement, j'ai choisi de vivre en couple "socle" pour l'éprouver aussi au quotidien, avec les avantages et les inconvénients pour chacun.
Je pense qu'il y a bien des moyens de dériver et/ou de merder, en terre polyamoureuse. Bien des moyens de faire mal, aussi, et ce, même avec de bonnes intentions.
Alors oui, dans mes nouvelles rencontres, je teste un peu les capacités de l'autre à savoir recevoir et accueillir mes émotions. Je vérifie que son "polyamour" ne se résume pas à la revendication d'une liberté. Car c'est absolument insuffisant.
...et c'est peut être celles et ceux qui le résument à ça qui auraient un problème avec l'amour et l'engagement. Ils et elles existent, évidemment, mais ils et elles ne sont pas LES polyamoureux.