Face à une personne passionnée
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lam
le mercredi 14 septembre 2011 à 14h22
Une de mes amours a elle-même une relation primaire depuis plusieurs années. De mon coté je ne hiérarchise pas mes relations, j'en ai deux qui sont assez présentes (proximité géographique, on se voit en général au moins une fois par semaine) dont celle-ci qui dure depuis 6 mois. Mes autres relations sont plus épisodiques, sans rendez-vous à fréquence 'régulière'.
Dans cette relation où je suis donc "l'autre amoureuse", je sens pourtant déstabilisée par les attentes et demandes de ma partenaire. Je n'arrive pas à me sentir détendue et à poser mes limites malgré les efforts que je fais pour être à l'écoute de ce que je veux. Je me sens toujours un peu poussée plus loin que ce que je voudrais, très demandée de sa part, un peu étouffée sur le plan physique surtout. Et j'ai l'impression que cela diminue mon désir.
Aussi c'est souvent moi qui met notre relation en perspective et parle de mes ressentis, je ressens une dissymétrie sur nos envie de dialogue et du coup il arrive que je ne me sente pas bien écoutée, ou dans le rôle de la fille lourde à ramener de l'objectivation sur le tapis.
c'est dur de dire à quelqu'un-e que l'on aime, qui est passionnée et en forte demande, des choses comme 'je n'ai pas envie d'un troisième baiser langoureux', 'laisse moi de l'espace pour dormir', 'je n'ai pas envie de sexe', surtout parce que je sens que je la frustre.
Je sens plusieurs choses:
- qu'il y a des injonctions paradoxales qui se cachent dans tout ça, mais j'ai du mal à les identifier
- que ma manière d'envisager le consentement est différente selon si mes relations sont homo ou hétéro, en clair que je serai plus laxiste dans une relation homo alors que rien ne justifie un apriori positif en la matière (et j'ai envie de creuser ça)
- que je me sens un peu 'coincée' dans une situation que j'ai du mal à mettre en mots pour lui en parler (oui bon ça rejoint l'idée d'injonction paradoxale)
- décidément la passion c'est pas mon truc...
Et j'aurais bien voulu avoir votre avis sur cette situation ou ce type de situation.
Ca vous est déjà arrivé d'avoir des sentiments pour quelqu'un-e mais de mettre fin à une relation parce que les attentes vis à vis de la relation amoureuse n'étaient pas en phase?
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noone29
le mercredi 14 septembre 2011 à 14h41
Absolument, elle a une façon de vivre votre relation d'une manière différente de la tienne, vous n'avez pas la même sensibilité, la même façon d'exprimer vos sentiments. ça existe dans beaucoup de couple hétéro, homo, bi, mono ou poly. Si chacun n'est pas en mesure de faire un effort pour aller dans le sens de l'autre dans une certiane limite qui est sa propre nature, à mon avis, ça peut vite devenir soulant.
Il est trés difficile pour qu'elqu'un de moyennement démonstratif d'avoir quelqu'un de trés tactile et empressé à ses côtés comme pour la personne un peu trop expressive de ne pas avoir le retour car l'autre est plus introverti ou réservé. Certains appétits sont différents aussi...
Pas facile à résoudre car il me semble que ça relève vraiment de la façon d'être de chaque personne et difficilement changeable.
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ladys
le mercredi 14 septembre 2011 à 18h35
Bnjour lam
lam
(...)
c'est dur de dire à quelqu'un-e que l'on aime, qui est passionnée et en forte demande, des choses comme 'je n'ai pas envie d'un troisième baiser langoureux', 'laisse moi de l'espace pour dormir', 'je n'ai pas envie de sexe', surtout parce que je sens que je la frustre.
Tu sens que tu la frustre de quoi?
De désir, de contact physique, de fusion, ou de "démonstration d'amour"?
Ce que je veux dire, c'est que s'il s'agit de désir, l'inadéquation ponctuelle des désirs de deux partenaires, ça n'est pas forcément lié à la relation, mais peut avoir de nombreuses causes extérieures.
Alors que si ce sont des "preuves d'amour" que ton amie recherche, cela peut être signe d'un manque de confiance dans votre relation, de manque de confiance en elle...
lam
Je sens plusieurs choses :
- qu'il y a des injonctions paradoxales qui se cachent dans tout ça, mais j'ai du mal à les identifier
"Si tu l'aime, sois, toi même, spontanée, ne fais pas semblant, si tu l'aimes, fait un effort pour t'accorder sur ses besoins"?
lam
- que ma manière d'envisager le consentement est différente selon si mes relations sont homo ou hétéro, en clair que je serai plus laxiste dans une relation homo alors que rien ne justifie un apriori positif en la matière (et j'ai envie de creuser ça)
c'est un a priori positif sur les relations homo, ou un a priori négatif sur les relations hetero?
Dans le sens où ayant évolué dans une société où la domination masculine est prépondérante, tu pourrais avoir une retenue dans les relations hetero, une crainte sous jacente de laisser s'installer un climat que tu ne crains pas dans la relation homo.
lam
- que je me sens un peu 'coincée' dans une situation que j'ai du mal à mettre en mots pour lui en parler (oui bon ça rejoint l'idée d'injonction paradoxale)
oui, le sentiment d'être coincée correspond bien à l'injonction paradoxale.
lam
- décidément la passion c'est pas mon truc...
Peut être, si ce qui la pousse à demander "plus" est un moyen de se rassurer sur ton implication dans votre relation, lui dire justement que "la passion n'est pas ton truc", en général, pas vis à vis d'elle en particulier, la rassurerait et serait un point de départ à une discussion sur vos attentes différentes?
lam
Et j'aurais bien voulu avoir votre avis sur cette situation ou ce type de situation.
Ca vous est déjà arrivé d'avoir des sentiments pour quelqu'un-e mais de mettre fin à une relation parce que les attentes vis à vis de la relation amoureuse n'étaient pas en phase ?
De mettre fin à une relation concrête, non, mais de refuser d'en entamer une, alors que les sentiments étaient (et sont toujours, en quelque sorte) présents, oui. Je savais que nous ne serions jamais en phase, justement sur ce que nous voulions de la relation, de la façon de la vivre.
Et lui était persuadé qu'avec le temps, je serais capable d'être plus "passionnée" justement, alors que je pensais sincèrement que ce n'était pas dans mon tempérament.
Dans l'absolu, nous avions tord tous les deux, il n'est pas la personne capable de me rendre passionnée, mais d'un autre coté, j'ai rencontré depuis quelqu'un avec qui je l'ai été spontanément.
Je pense que ce n'est pas seulement une question de "nature", mais de personnes.
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Mysterhill
le jeudi 15 septembre 2011 à 00h14
Bonsoir,
Je verrais l'injonction paradoxale ici :
Ladys
passionnée, j'ai rencontré depuis quelqu'un avec qui je l'ai été spontanément.
"Aime moi", énorme injonction paradoxale, qui va bien avec vos deux histoires.
On peut trouver une similitude avec quelqu'un qui donne trop. Même s'il le fait sans idée de retour, celui reçoit peut se sentir engagé, redevable, même un peu manipulé, et donc mal à l'aise ou culpabilisé s'il ne peut rendre la pareille.
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lam
le jeudi 15 septembre 2011 à 19h16
Merci pour vos réponses. Ça m'aide à prendre du recul.
Mysterhill
On peut trouver une similitude avec quelqu'un qui donne trop. Même s'il le fait sans idée de retour, celui reçoit peut se sentir engagé, redevable, même un peu manipulé, et donc mal à l'aise ou culpabilisé s'il ne peut rendre la pareille.
Oui, donner trop ou demander trop, à la place de celle ou celui qui reçoit, cela revient quasiment à la même chose.
ladys
Tu sens que tu la frustre de quoi ?
De désir, de contact physique, de fusion, ou de "démonstration d'amour" ?
Ce que je veux dire, c'est que s'il s'agit de désir, l'inadéquation ponctuelle des désirs de deux partenaires, ça n'est pas forcément lié à la relation, mais peut avoir de nombreuses causes extérieures.
Alors que si ce sont des "preuves d'amour" que ton amie recherche, cela peut être signe d'un manque de confiance dans votre relation, de manque de confiance en elle...
Tu pointes justement deux phénomènes qui me paraissent liés dans cette situation, je pense que c'est une demande de désir, de fusion qui est masquée sous la forme de demandes (non verbales) de preuves d'amour. C'est là que se situe l'injonction paradoxale: 'montre-moi que tu m'aimes' pour signifier 'fonds toi en moi'...
Et la demande "montre-moi que tu m'aimes" vient sous la forme de ''regarde comme je te montre que je t'aime, t'en fais pas autant?'', que je ressens comme une injonction contraire à ma manière de communiquer.
C'est effectivement une histoire de tempérament et de manière de vivre la relation. Je crois avoir ouvert le dialogue là dessus, il me reste tout de même à faire la part des choses entre "être spontanée - assumer d'être moi" et "faire un effort - m'adapter", ce qui me parait jouable par moments et complètement impossible à d'autres.
Comme ça me pèse en ce moment, je pense en parler et être plus spontanée malgré la gène ou la peur de blesser que cela suppose.
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Mysterhill
le vendredi 16 septembre 2011 à 00h12
Effectivement, une solution pour répondre à une injonction paradoxale , c'est de communiquer sur. ( Paul watzlawick l'a bien décrit )
Peut être ton amie n'a pas conscience de la pression qu'elle te met.
Tout la difficulté , c'est de trouver les bons mots pour exprimer tes ressentis, tes besoins ...
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Junon
le vendredi 16 septembre 2011 à 00h29
Oui, ça m'est arrivé parce que je sentais que je ne pouvais pas répondre aux attentes de cet amant si passionné alors que moi je me méfiai énormément de moi et du besoin presque compulsif que j'ai à démarrer rapidement une histoire après une autre....désormais, je connais mes sentiments pour lui et on redémarre petit à petit...
Disons que chez moi, c'est plutôt une question de timing que de personnes.
Bon courage Lam, ce n'est jamais facile de faire comprendre à son/sa partenaire qu'on se sent étouffé...
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LuLutine
le vendredi 16 septembre 2011 à 00h35
Junon
ce n'est jamais facile de faire comprendre à son/sa partenaire qu'on se sent étouffé...
Ca dépend aussi de la capacité d'écoute de l'autre.
Celui ou celle qui passe son temps à répéter "Mais pourquoi tu veux pas ? Tu ne m'aimes plus ?!", bloque le dialogue...
En tout cas pour en avoir le coeur net, il faut lui en parler clairement (je ne suis pas sûre d'avoir suivi si ça a été fait ou non).
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Popol (invité)
le lundi 19 septembre 2011 à 06h55
Lam, il y a deux choses qui me titillent dans ce que tu dis: la différence pour toi entre une relation homo et une relation hétéro. Tu la cites, mais de quoi est-elle faite?
L'autre, c'est cette histoire d'injonction paradoxale.
De la manière dont tu formules ça, ça sonne à mes oreilles comme ce truc "Soyez spontané". Qui ne peut pas marcher!
Spontanéité semble vouloir dire pour elle passion et manifestation de passion; et pour toi, ce serait quelque chose qui se formule en attitude, pas en mots, c'est précisément parce que tu ne peux le formaliser que tu en parles... et qui se dérobe spontanément, et voudrait ne pas avoir à dire tout aussi spontanément "laisse-moi de l'espace"-
Le paradoxe serait dans le fait d'être obligée de te refuser avec passion, ou quelque chose du genre. Alors que c'est pas ton truc, la passion, déjà... et qu'ensuite la passion est quelque chose qui pousse vers quelqu'un ou quelque chose, pas qui le fait se distancier.
Je suis allé revoir ça dans ses bases.
Si on dit ça:
"Une double contrainte désigne deux obligations qui se contrarient en s'interdisant mutuellement, augmentées d'une troisième qui empêche l'individu de sortir de cette situation... La double contrainte exprime donc le fait d'être acculé à une situation impossible, le problème étant que le fait de dépasser l'absurdité soit intimé comme une obligation"
alors quelle serait dans ce cas la première obligation, quelle serait la deuxième, et quelle serait la troisième?
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Popol (invité)
le lundi 19 septembre 2011 à 21h33
RIP, je trouve heurtant ta manière répétée de dire à différentes personnes qu'elles sentent "faux" ce qu'elles sentent, ta façon de nier les prémisses de ce qu'elles arrivent à mettre comme mots sur leurs ressentis.
Si elles nous font la confiance de venir confier certaines choses, je trouve que c'est du simple respect que d’accepter de partir de leur point de vue - pas du tien propre.
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oO0
le mardi 20 septembre 2011 à 23h40
Voilà, ce sera mieux ainsi. Lam, excuse-moi si j'ai nié ton ressenti.
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Sinon, Popol,
je ne pense pas avoir nié le ressenti de Lam, juste dit que je pensais qu'il ne s'agissait pas d'une injonction paradoxale tout en précisant que cela n'empêchait pas que le ressentir de la sorte puisse aider à formuler les sentiments de contradictions qu'elle exprimait. Et c'est ce que j'ai essayé de montrer.
Mais bon, pour qui veut battre un chien, il y a toujours moyen de trouver un bâton. Au vu de la manière systématique avec laquelle, ailleurs, tu balayes chacun de mes propos en cherchant la petite bête, j'estime, pour ma part, avoir toutes les raisons de prendre certaines précautions avec toi, Popol, raisons sur lesquels je n'ai pas à m'étendre davantage et certainement pas en public.
Considère donc ceci comme notre dernier échange !
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
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Popol (invité)
le mercredi 21 septembre 2011 à 00h10
Ben tu vois, je m'interroge en plus sur ta propension à battre en retraite et à effacer tes interventions quand tes idées sont remises en question, tu le prends pour toi, c'est bizarre - faut pas confondre émetteur et émissions.
Bouder, pour se dérober à l'échange... bof.
J'aime bien la communication qui se laisse ébranler dans ses convictions, tenter par d'autres perspectives. Sinon, autant prendre un gueulophone pour s'assurer le monopole de l'expression... ou ouvrir un blog en bloquant la possibilité de répondre ou commenter.
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lam
le mardi 27 septembre 2011 à 17h38
Salut,
Je n'étais pas connectée ces derniers temps et n'ai pas lu ce qui a fait débat entre vous. Pas de problèmes donc :-)
Popol, l'injonction paradoxale c'est le fait de recevoir deux "ordres" implicites ou explicites contradictoires.
La double contrainte c'est quand se rajoute en plus l'interdiction de désobéir, ce qui arrive plutôt dans les relations d'autorité.
Donc pour répondre je n'y comprends peut-être rien mais j'ai l'impression d'être dans une situation où à la fois elle m'encourage à prendre mes distances de fait:
- si il y a de nouveau une crise dans son couple primaire c'est notre relation qui sera sacrifiée, c'est clair pour nous deux, on en a parlé
- mon envie de ne pas partir sur une relation où l'on se projette dans le futur lui convient très bien
et en même temps elle souhaite que l'on soit plus proches:
- que l'on se voie plus souvent (selon ses disponibilités)
- que je n'attende pas plus d'une demi journée pour répondre à un message (bon là il y a quand même du progrès)
- que l'on fasse du sexe à la moindre occasion de se voir
du coup la double contrainte serait un peu du genre "aime moi à la folie (passionnément, sans recul sans raison)" vs. "gardons des distances"
Je sais pas si c'est plus clair
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Mysterhill
le mardi 27 septembre 2011 à 23h56
Ta synthèse me semble très claire et elle correspond bien à ce que j'ai compris de l'école de palo alto.
Injoction paradoxale et double contrainte.
Pour continuer dans cet esprit, je te demanderai bien ce que tu as tenté comme solution et qui ne te semble pas satisfaisant , dans la mesure ou cela te parait disible sur un forum... Sachant que notre nature nous conduit à faire toujours plus de la même chose, il y a peut étre une voie à explorer de ce coté.
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lam
le mercredi 28 septembre 2011 à 12h08
J'en ai parlé en expliquant ma position (je ne veux pas et ne peux pas être dans un truc passionnel ultra démonstratif)
Pour le moment je pense être plutôt dans la prise de distance, ou la fuite?
Il me semble que j'ai besoin d'assumer ma manière d'être et que cela indique que je dois passer par dessus la culpabilité que je peux ressentir en sentant sa frustration (ses envies non satisfaites), et assumer jusqu'au bout (quitte à ce que cette relation s'arrête).
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(compte clôturé)
le mercredi 28 septembre 2011 à 23h52
et est-ce que tu lui as dit "je ressens une double contrainte un peu du genre "aime moi à la folie" vs. "gardons des distances" et du coup j'ai du mal à les satisfaire toutes les deux, parlons-en et choisissons"?
Des fois ça aides les gens qui te contraignent à choisir ou à écarteler moins fort ou à révéler leur vrai visage (mais ça, si tu le suspectais ça pourrait t'effrayer quelque part).
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Mysterhill
le jeudi 29 septembre 2011 à 01h23
La proposition d'Eulren me semble adaptée pour se sortir des injonctions paradoxales et autres doubles contraintes qui tirent leur force de l'implicite.
Une autre idée : jouer son jeu plus fort qu'elle en étant plus en attente qu'elle, plus exigeante, plus fusionnelle, plus démonstrative.
le coté démonstratif, je vois bien, c'est l'aspect passion que je ne comprends pas bien. Passion et polyamour cela me semble incompatibles.
La passion est exclusive il y a de très beaux textes écrit par ZWeig. Aimer à la passion, cela ne supporte pas que l'attention se détourne d'une seconde de l'être aimé( e). sinon ce n'est pas une passion. Tout votre univers se concentre sur la personne aimée. Autre caractéristique, la brièveté de la passion. Par ailleurs, il y a des relations aussi extrêmement fusionnelles, je dirais collantes.
Extrait d'un lien sur le sujet :
- l’amour recompose l’antique nature, s’efforçant de fondre deux êtres en un seul et de guérir la nature humaine
- c’est la définition même de l’amour total, fusionnel, absolu, exclusif (chacun n’ayant qu’une seule moitié) et définitif (puisque l’unité originelle nous précède et une fois rétablie nous comble jusqu’à la mort, et pourquoi pas au-delà !)
Une fois encore , c'est peu compatible avec le polyamour ( exclusivité), aussi je comprends tes difficultés dans cette relation.
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.