Arguments contre le polyamour et pour la monogamie strictement exclusive ?
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Louis65 (invité)
le mardi 28 mai 2013 à 22h51
J'ai parcouru dans les grandes lignes le débat qui se joue ici. Je n'ai pas de réponse universelle et d'ailleurs, il n'en existe pas mais je n'ai pas pu m'empêcher de voir qu'une erreur récurrente alimentait le débat. Le schéma familiale monogame ne vient pas d'un dogme religieux même si la religion (dans le cas des catholiques par exemple) a pu la promouvoir par la suite. En faite, pour dire les choses vraiment très simplement, les hommes ont d'abords vécu en clan de dix à vingt membres. La femme occupait une place privilégiée car elle avait le pouvoir de la reproduction (et oui, les hommes ignoraient encore le lien entre la sexualité et l'enfantement). La femme choisissait un ou plusieurs partenaires en fonction de leurs habilités. Par la suite, l'homme manquant de prédateurs se reproduisit très rapidement. Si bien que le système des clans ne pouvait plus protéger l'ensemble des individus. C'est là que la famille s'est imposée comme schéma quasi universelle. Il apparaît clairement qu'un homme, une femme et des enfants étaient le schéma le plus probable car le plus adapté à sauvegarder chacun. Bien avant l'écriture et la religion donc! Par la suite, la religion catholique a imposé la famille sur le modèle patriarcale car au moyen-âge, l'homme était considéré comme l'unique créateur de l'enfant et la femme comme un récipient (dans le même esprits de s'assurer de la paternité des enfants, les musulmans ont choisi la polygynie). La question a se poser est, aujourd'hui, quel est le schéma qui pourra nous protéger ! Peut être que les réponses sont différentes pour chacun d'entre vous! Amis polys, moi qui suis monogame et marié depuis plus de 43 ans à l'amour de ma vie, ne salissez pas la monogamie pour défendre votre point de vue. Choisir un amour exclusif, n'est pas une affaire de restrictions, de contraintes ou de croyance mais bien un réconfort, une fusion et une connaissance de l'autre comme de soit. Amis monos, ouvrez votre esprits et n'imposez rien. Chacun est libre de sa vie. Peut être que tout cela ce n'est qu' un discours de vieux chnok mais laissez moi vous dire une dernière chose sur ma merveilleuse épouse: plus j'ai vieilli, plus je l'ai comprise, plus je l'ai aimée. Les amis, les parents, et même les enfants passent dans votre vie mais elle a toujours été là. Je sais que ce jour viendra ou pour elle, ou pour moi, mais comment vivrons nous sans l'autre, je l'ignore.
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LuLutine
le mercredi 29 mai 2013 à 01h54
Bonjour Louis65,
Je pense que si tu lis bien le forum tu verras que l'immense majorité des poly ne critiquent pas la monogamie en tant que telle, ils la critiquent en tant que seul modèle possible et obligatoire pour tous.
L'immense majorité d'entre nous sont très heureux de savoir que certaines personnes exclusives sont heureuses et épanouies dans la monogamie.
Cependant, en ne changeant presque rien à ton discours, on peut aussi bien vanter les mérites d'une vie à trois, à quatre ou plus, ou bien d'une relation "primaire" avec d'autres histoires "satellites"...
Le réconfort, la fusion etc., tout ce dont tu parles, ça ne nécessite pas forcément l'exclusivité. Sinon, en plus d'être en couple exclusif, énormément de gens n'auraient même pas d'amis (pas besoin, ils auraient déjà leur "moitié", ils seraient donc totalement comblés et n'auraient besoin de personne d'autre !). :)
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Siestacorta
le mercredi 29 mai 2013 à 10h56
D'un côté, ça se comprend. Comme plein d'expériences humaines, on touche à leur essence qu'en les laissant mûrir, en les cultivant. Donc, certainement, un sentiment peut grandir si on lui donne un "grand espace intérieur" pour ça.
Donc, oui, un code moral, ça peut mener à ça. Tant mieux pour toi si ça marche.
Maintenant :
- pour les amours que je peux ressentir, ce code moral est inutile. Mes amours grandissent sans que je joue le tailleur de futaies dessus.
- par ailleurs, il y a l'effet bonsaï. Je suis d'accord que ces contraintes puissent donner un forme de beauté aux choses en conditionnant leur développement, dans l'espoir d'obtenir l'Amour avec un grand A, ou l'Amitié Totale, mais c'est aussi écrire à l'avance les rôles des gens, leur prescrire ce qu'il est bon au mauvais de ressentir.
D'autre part, on crée ainsi pour soi un "cadre des sentiments" et on est moins capable d'intérpréter ce qui ne rentre pas dedans.
Don Quichotte, par exemple, s'ennivre de romans de chevalerie, et voit en Dulcinée du Toboso la femme Idéale... mais en fait, il ne la connait pas. Avec sa façon de penser le sentiment, Don Quichotte n'a plus besoin de savoir comment ça se passe dans le coeur de l'autre pour vivre ce qu'il appelle un amour pur.
Il arrive ensuite un peu la même chose à Mme Bovary, l'Hamour est jamais aussi bien avec les hommes qu'elle fréquente que dans l'idéal littéraire qu'elle s'en fait.
Je veux dire par là que les recherches sur l'amour que nous faisons, que ce soit dans une optique poly ou une optique mono, ne sont intéressantes que pour nous aider à interpréter nos situations concrètes. Individuelles. Il y a des choses générales à lire sur l'amour, mais c'est tes ressentis personnels dans des moments vécus spécifiques qui vont t'amener à des choix particuliers, persos... Les règles sont là pour qu'on réfléchisse avant de les enfreindre :-)
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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Deneb
le mercredi 29 mai 2013 à 11h15
Siestacorta
Je veux dire par là que les recherches sur l'amour que nous faisons, que ce soit dans une optique poly ou une optique mono, ne sont intéressantes que pour nous aider à interpréter nos situations concrètes. Individuelles. Il y a des choses générales à lire sur l'amour, mais c'est tes ressentis personnels dans des moments vécus spécifiques qui vont t'amener à des choix particuliers, persos... Les règles sont là pour qu'on réfléchisse avant de les enfreindre
Oui !
C'est pour cette raison que je ne pense pas que l'on puisse assujettir l'amour à une vision personnelle ou à une morale quelconque, juste une perception fluctuante, d'un individu à un autre et voire chez un même individu, selon les différentes situations vécues tout au long de sa vie...
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Deneb
le mercredi 29 mai 2013 à 11h46
Len
Et bien je pense que vivre l'amour cela nécessite l'exclusivité. Et cela n'empêche pas d'avoir des amis.Pour que l'amour descende en soi, et grandisse en soi cela nécessite à travailler intérieurement, le manque, les manques de sa/son compagne/compagnon. C'est se transcender, grandir intérieurement sans aller chercher à l'extérieur ces manques.
Ce travail sur soi permet à l'amour de grandir, on s'individualise plus et on approfondi plus la relation.
Pour un homme où une femme cela revient dit autrement à maitriser ses désirs. Suivre un code morale pour se transcender.
Donc oui la fidélité est très importante et pas seulement physique, aussi du cœur pour réussir au mieux et faire grandir son amour.
Certaines personnes ont effectivement le besoin ou le désir d'approfondir leur relation afin de construire et d'ouvrir dans l'espace et le temps de cet amour avec l'autre, une multitude de champs à explorer (amour, amitié, empathie, solidarité, aventures, attente d'altérité, confrontation, valorisation, etc...) bref à évoluer avec l'autre, qui sera différent tout au long de sa vie, je connais un couple qui a vécu dans une harmonie rare, qui a grandi, grandi avec le temps... aussi parce que très ouverts aux autres...
Donc pourquoi pas ?
Si cela est leur relation à l'amour tant mieux ! Chacun la perçoit et la vit selon ses possibles !
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wolfram
le mercredi 29 mai 2013 à 11h52
Pour revenir à ce que disait Louis65, une étude a montré que l'homme s'attache plus facilement et s'investissent mieux quand l'enfant leur ressemble.
Voir l'étude ici.
Cela peut expliquer la monogamie dans sa partie masculine. Ce ne serait pas obligatoirement une contrainte masculine mais la réminiscence d'un besoin pour les mères de voir leurs enfants protégés.
Pour la partie féminine, est-ce la pression sociale qui empêche la polygynie ? elle était très courante jusqu'au 12ème siècle en Europe mais l'église y a mis un coup d'arrêt au même moment où elle décidait de sacraliser le mariage fondé sur l'amour. Surtout que dans l'antiquité, la bisexualité féminine semblait être une évidence selon Sandra Boehringer.
Donc, le problème de la ressemblance pourrait être un argument contre la polyandrie. Contre la polygynie, je en vois pas immédiatement (surtout si certain considère la femme comme perpétuellement opprimée, cela devrait conduire à plus de polygynie).
Ou alors, dans une relation polygynique, la femme pourrait défendre ses intérêts de façon communautaire avec les autres femmes et opprimer l'homme ?
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Siestacorta
le mercredi 29 mai 2013 à 12h33
En plus de ceux que j'ai pointé, un autre risque de la démarche c'est que le but de ton chemin et le chemin lui-même soient exactement la même chose.
A la rigueur, cette femme pourrait ne pas connaître ton existence, comme Dulcinée dans Don Quichotte, tu pourrais toi atteindre ton objectif de "Fin'amor".
Ca a sûrement ses satisfactions, mais c'est très auto-centré, dit comme ça.
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Siestacorta
le mercredi 29 mai 2013 à 12h43
vu que le moment de la discussion s'y prête, une petite citation (récupérée dans le groupe FB) :
Julos Beaucarne
Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents,
Ne vous laissez pas attacher, ne permettez pas qu’on fasse sur vous des rêves impossibles…On est en Amour avec vous tant que vous correspondez au rêve que l’on a fait sur vous,
alors le fleuve Amour coule tranquille, les jours sont heureux sous les marronniers mauves,
Mais s’il vous arrive de ne plus être ce personnage qui marchait dans le rêve, alors soufflent les vents contraires,
le bateau tangue, la voile se déchire, on met les canots à la mer,
les mots d’Amour deviennent des mots-couteaux qu’on vous enfonce dans le cœur.
La personne qui hier vous chérissait vous hait aujourd’hui;
La personne qui avait une si belle oreille pour vous écouter pleurer et rire ne peut plus supporter le son de votre voix.
Plus rien n’est négociable
On a jeté votre valise par la fenêtre,
Il pleut et vous remontez la rue dans votre pardessus noir,
Est-ce aimer que de vouloir que l’autre quitte sa propre route et son propre voyage?
Est-ce aimer que d’enfermer l’autre dans la prison de son propre rêve ?Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent
Qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents ne vous laissez pas rêver par quelqu’un d’autre que vous même
Chacun a son chemin qu’il est seul parfois à comprendre.Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent,
Si nous pouvions être d’abord toutes et tous et avant tout et premièrement des amants de la vie,
alors nous ne serions plus ces éternels questionneurs,
Ces éternels mendiants qui perdent tant d’énergie
et tant de temps à attendre des autres des signes,
des baisers, de la reconnaissance
Si nous étions avant tout et premièrement des amants de la vie,
Tout nous serait cadeau
Nous ne serions jamais déçus
On ne peut se permettre de rêver que sur soi-même
Moi seul connais le chemin qui conduit au bout de mon chemin
Chacun est dans sa vie
et dans sa peau…
A chacun sa texture
son message et ses mots
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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demeter
le mercredi 29 mai 2013 à 13h42
Siestacorta
En plus de ceux que j'ai pointé, un autre risque de la démarche c'est que le but de ton chemin et le chemin lui-même soient exactement la même chose.
Oui, dans ce cas, il ne reste plus que la vie pour nous sauver. Encore faut-il la regarder.
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Anarchamory
le mercredi 29 mai 2013 à 13h58
wolfram
Donc, le problème de la ressemblance pourrait être un argument contre la polyandrie. Contre la polygynie, je en vois pas immédiatement (surtout si certain considère la femme comme perpétuellement opprimée, cela devrait conduire à plus de polygynie).
Tout argument contre la polyandrie est presque aussi un argument contre la polygynie. Question d'équité d'abord : on ne peut pas interdire des relations plurielles à sa compagne si on en accepte pour soi-même. Question d'équilibre ensuite : comme il y a grosso modo autant de femmes que d'hommes, si les hommes peuvent avoir plusieurs femmes mais que les femmes n'ont droit qu'à un seul homme, il va y avoir des hommes qui ne trouveront aucune compagne.
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demeter
le mercredi 29 mai 2013 à 14h04
Len
Oui et bien je n'ai pas l'attention ...
Je confirme, c'est bien d'une intention qu'il s'agit, et c'est bien là le problème.
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wolfram
le mercredi 29 mai 2013 à 15h02
@MetaZet, j'ai dû mal exprimer ma pensée : l'article disait que les hommes s'attachaient plus aux enfants qui leur ressemble. Dans la nature, la femme est plus vulnérable après la naissance et donc, elle a besoin que l'homme reste auprès d'elle durant cette période.
La monogamie participe à faciliter la ressemblance et donc à augmenter l'attachement à l'enfant et l'assurance que pendant la période de vulnérabilité, l'homme s'occupe de pourvoir aux besoins de la famille. Dans une situation polyandre, il y aura le doute sur la paternité et donc, un moindre attachement à l'enfant et donc, un moindre intérêt des hommes à subvenir aux besoins.
Mais cela ne s'applique pas à la femme. Donc, je ne vois pas ce qui bloque la polygynie...
Je rappelle que l'objectif est de trouver des arguments qui feraient rejeter le polyamour pour une monogamie exclusive.
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Anarchamory
le mercredi 29 mai 2013 à 21h11
wolfram
@MetaZet, j'ai dû mal exprimer ma pensée : l'article disait que les hommes s'attachaient plus aux enfants qui leur ressemble. Dans la nature, la femme est plus vulnérable après la naissance et donc, elle a besoin que l'homme reste auprès d'elle durant cette période.
La monogamie participe à faciliter la ressemblance et donc à augmenter l'attachement à l'enfant et l'assurance que pendant la période de vulnérabilité, l'homme s'occupe de pourvoir aux besoins de la famille. Dans une situation polyandre, il y aura le doute sur la paternité et donc, un moindre attachement à l'enfant et donc, un moindre intérêt des hommes à subvenir aux besoins.
Mais cela ne s'applique pas à la femme. Donc, je ne vois pas ce qui bloque la polygynie...
Je rappelle que l'objectif est de trouver des arguments qui feraient rejeter le polyamour pour une monogamie exclusive.
Je n'ai pas dû être clair dans ma réponse car c'est bien cela que j'avais compris de ta pensée.
Je vais reformuler avec mes mots : il y a, pour les hommes, un intérêt à ce que leur(s) femme(s) n'aient pas d'autres hommes, afin qu'ils soient sûr de la paternité de leurs enfants et s'y attachent davantage.
De là, ou bien la monogamie, ou bien la polygynie.
Mais voilà :
- la polygynie est inégalitaire (elle refuse à un sexe ce qu'elle autorise à l'autre), ce qui est un argument contre.
- la polygynie entraîne un déséquilibre : certains hommes se retrouveront sans femmes, car elles auront été accaparées par quelques autres hommes ; c'est aussi un argument contre.
Donc il ne reste que la monogamie.
Mais bon, aucun de ces arguments (les tiens ou les miens) n'est décisif car la polygynandrie peut apporter d'autres avantages, je le pense de plus en plus... et puis, ça ne réfute pas à proprement parler le polyamour monogame du style : un couple monogame pour les ressources, le foyer, la conception et l'éducation des enfants ; entouré d'amants périphériques avec qui ce couple s'interdit de créer d'autres foyers et enfants.
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wolfram
le jeudi 30 mai 2013 à 17h44
Oui, c'est moi qui t'avais mal lu :)
La monogamie exclusive aurait l'avantage (si on interdit le divorce) de donner une stabilité à la cellule qui permettrait aux agents de se préoccuper d'autre chose que de faire vivre le quotidien comme faire progresser la science et l'humain en dehors mais, cela risque de faire augmenter le nombre de meurtres conjugaux :)
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Anarchamory
le jeudi 30 mai 2013 à 18h03
wolfram
Oui, c'est moi qui t'avais mal lu :)
La monogamie exclusive aurait l'avantage (si on interdit le divorce) de donner une stabilité à la cellule qui permettrait aux agents de se préoccuper d'autre chose que de faire vivre le quotidien comme faire progresser la science et l'humain en dehors mais, cela risque de faire augmenter le nombre de meurtres conjugaux :)
Sauf si on interdit aussi le remariage des veufs et qu'on condamne les adultères à la lapidation. Mais bon, je ne sais pas si ça motiverait les gens à se marier, du coup. Il faudrait aussi lapider les fornicateurs et les masturbateurs :)
J'aimerais pas vivre dans un monde comme ça...