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Arguments contre le polyamour et pour la monogamie strictement exclusive ?

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clown.et.lapin

le vendredi 24 juillet 2009 à 15h45

Autre réflexion : pourquoi, finalement, cette cristallisation autour du sexe ? Si ce n'est plus lié à la reproduction, pourquoi en faire quelquechose de sacré ?

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Anarchamory

le vendredi 24 juillet 2009 à 16h20

clown.et.lapin
Votre discussion est vraiment excellente. Je me permets juste d'ajouter ma position personnelle : je pense que le "couple avec projet d'enfants à éduquer pendant 20 ou 25 ans" doit être unique.

C'est également mon avis.

clown.et.lapin
Qu'il n'est pas incompatible avec des amours plurielles (passion et sexe compris) secondaires, et même qu'il peut aider le couple (je parle par expérience) à perdurer dans l'entente et le bonheur serein.

Là aussi, c'est également mon avis, mais peut-être ne suis-je pas "normal" (voir plus bas) ou que je suis naïf (puisque moi je n'ai pas expérimenté). Autre possibilité : c'est une question de dosage (comme lorsqu'on dit qu'un verre de vin est bon pour la digestion... mais 10 verres seraient mauvais ;-))

clown.et.lapin
L'opposition émotion/rationnel que vous citez me semble aussi être un archaisme. On éduque bien les enfants à ne pas être violents, à ne pas mordre quand ils se sentent agressés. Pourquoi ne les éduque-t-on pas à ne pas être jaloux ? A être heureux du bonheur (et du plaisir) que ceux qu'ils aiment prennent avec d'autres...

Je suis d'accord aussi, mais la jalousie n'est peut-être pas le seul ni même le principal problème. Tu es d'accord que le "couple avec projet d'enfants à éduquer pendant 20 ou 25 ans" doit être unique. Tenons-le pour acquis.

Or, biologiquement, le sexe existe parce qu'il sert à la procréation (je simplifie avec une formulation vaguement "téléologique"... mais qu'on ne se méprenne pas sur l'intégrité de mon néodarwinisme :-) ). Même si on le détourne consciemment de cet objectif (contraception), on peut concevoir qu'un certain nombre de réactions émotionnelles instinctives (et utiles à la "vocation" procréative du sexe) se mettent en branle (sans mauvais jeu de mots ;-) ), parce que notre organisme, lui, "ne sait pas" si la relation sexuelle qu'on est en train d'avoir est orientée ou non vers la procréation. Parmi ces réactions émotionnelles instinctives, il y a peut-être la jalousie, mais il y aurait peut-être aussi un certain type d'attachement particulier qui se renforce : celui qui te fait avoir une relation "centrale" avec ton partenaire central et pas un/une autre, et désirer fonder une famille avec lui/elle, et pas avec un/une autre.
Par conséquent, le risque que présenterait le polyamour, de ce point de vue, serait non pas l'abandon, mais le déclassement de "relation centrale" à "relation satellite"... et remplacement en position "centrale" par une ancienne relation satellite...

Bon, je me fais peut-être un peu l'avocat du diable... ou plutôt du bon Dieu... enfin je ne sais plus trop ;-)

Message modifié par son auteur il y a 14 ans.

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Anarchamory

le vendredi 24 juillet 2009 à 16h36

Je continue dans mes spéculations : peut-être que les partenaires satellites ne sont pas un frein à la relation centrale - et lui sont même utiles - s'ils contribuent davantage à une exacerbation de la libido qu'à sa satisfaction ?... Ainsi - et qu'on m'excuse pour le côté un peu "utilitariste" de ce que je vais dire - ils fonctionneraient un peu comme des adjuvants, des aphrodisiaques, des fantasmes... au bénéfice de la relation centrale, qui serait d'autant mieux satisfaite que le désir s'en serait trouvé nourri ?...

Message modifié par son auteur il y a 14 ans.

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(compte clôturé)

le vendredi 24 juillet 2009 à 17h04

Tant que c'est entre vous deux que la discussion se réactive, c'est comme une dispute de couple qui commence toujours de la même manière, avec les thèmes de relance, les hameçons usuels, etc... et ça finit toujours de la même manière: dead end! Le pugilat verbal, c'est une manière de mettre fin à la causette pour ne pas aborder les questions sous-jacentes; on dirait que ta femme a peur de celles-là.

Amener l'avis de gens extérieurs dans votre dynamique, ça pourrait le faire? Et si tu faisais lire tout ça à ta femme? Ca décrisperait le débat?

Sinon, je me répète, mais un(e) thérapeute de couple pour passer certains virages, franchement c'est pas du luxe.

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Clown_Triste

le vendredi 24 juillet 2009 à 17h07

@Clown.et.lapin
Après moult réflexion au fil du temps, je suis d'accord avec cette idée que le "couple à projet" (le projet étant souvent un enfant, mais pas forcément) doit être unique pour avoir des chances de bien fonctionner et d'être heureux.
Non, il n'est pas incompatible avec les amours plurielles... mais (pour rester dans le sujet) une personne monogame verra quand même les amours plurielles comme l'ajout d'un risque supplémentaire (en plus des aléas de la vie) pour le couple.
Pourquoi ? Parce que l'état amoureux, la passion, est bien connu pour faire faire prendre des décisions "folles" ou en tout cas drastiques. Être polyamoureux et en couple nécessite, je crois, de bien comprendre le fonctionnement du sentiment amoureux (qui n'est pas de l'amour, pour moi) afin d'être capable de rester "lucide" et de vivre ses amours sans nuire au couple et à son projet.

L'opposition émotion/raison est ancienne, elle remonte aux origines de l'humanité. En ce sens, elle est effectivement "archaïque"... mais on ne peut nier qu'elle existe toujours chez les hommes du XXIe siècle. Dans quelques milliers d'années, peut-être, si l'on n'a pas tout cassé, l'homme aura évolué pour se "débarrasser" de ces mécanismes de mammifères. Mais on en est loin...
Bien sûr, on peut éduquer les enfants pour qu'ils ne soient pas violents, pas jaloux et se réjouissent du bonheur des autres. Mais, sans éducation, leur réaction "instinctive" peut être la violence, la jalousie et l'envie de se placer au-dessus des autres pour assurer leur survie.
(Oui, je schématise, mais je crois au fond animal de l'humanité... qui peut être dépassé mais qui peut aussi être renforcé par la cruauté et l'intelligence malveillante dont l'Homme sait faire preuve).

Pourquoi la cristallisation autour du sexe : comme je l'ai dit, et comme MetaZet l'explique très bien, c'est parce qu'au départ le sexe est une fonction essentielle de la vie, voire notre seule fonction : survivre et nous reproduire.
Forcément, la civilisation humaine s'en est emparé et a créé toutes sortes de comportements, de rituels, d'interdits autour de cette activité. Mais si l'on lui confère souvent une dimension sacrée, c'est parce que pour notre corps, le sexe n'est PAS anodin, même si pour notre esprit rationnel d'individus moderne il peut s'agir d'une forme de loisir-plaisir, grâce à la contraception.
Là encore, MetaZet explique ça très bien.

@MetaZet :
Je crois tout à fait qu'il est possible d'avoir des relations satellites qui complètent la relation centrale. Mais, auprès d'une personne monogame, celles-ci apparaissent surtout comme des menaces (menace d'être remplacée par une autre, plus belle, plus brillante, plus jeune, plus fertile...).

Comme je l'ai mentionné, éviter ce qui nous fait mal est une motivation très forte chez la plupart des gens. Pour les monogames que l'idée d'une "compétition" effraie ou blesse, les relations satellites présentent à priori bien plus de négatif que de positif.
Je pense que pour certaines personnes monogames ayant eu une vie amoureuse bien remplie, avec des joies et des peines, s'engager auprès d'un polyamoureux est une manière certaine de connaître (encore) des peines. On peut comprendre qu'elles ne veuillent pas, ou en tout cas qu'elles limitent leur investissement à une relation "casual" et non à un projet de couple.

Ta dernière théorie est peut-être juste, mais tu auras, je crois, bien du mal à en convaincre ton épouse. Peut-être faudrait-il qu'elle fasse elle-même l'expérience de ce renouveau dans la libido auprès d'un autre homme, sans pour autant s'éloigner de toi, pour se faire à l'idée. Mais vu ce que tu nous dis d'elle, cela me semble fort peu probable.

Par ailleurs, trouver des personnes intéressées par un rôle de "relation satellite" est rarement simple. Beaucoup de gens donnent priorité à la création d'une "relation centrale". Hors de la communauté polyamoureuse, les relations satellites ont tendance à être de courte durée ou à se lier dans le cadre de liaisons secrètes avec des personnes en couple (adultère).
Je développerai d'ailleurs peut-être ce thème qui me travaille depuis plusieurs mois dans un autre sujet...

Bref, poly ou mono, on a tous droit à moult avantages et inconvénients. Mais pour l'heure les mono ont "l'avantage" du nombre...

C.T.

Message modifié par son auteur il y a 14 ans.

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Anarchamory

le vendredi 24 juillet 2009 à 18h14

Clementine
Amener l'avis de gens extérieurs dans votre dynamique, ça pourrait le faire? Et si tu faisais lire tout ça à ta femme? Ca décrisperait le débat?

Mmmmhhh... pas sûr, je pense même que ça pourrait faire le contraire. Non, je préfère en discuter avec vous tous dans mon coin, en tirer des enseignements, et après en rediscuter avec elle. Mais je n'exclus pas de lui faire lire certains passages significatifs et bien choisis :-)

Ce qu'il y a d'assez étonnant, c'est que j'ai l'impression de mieux comprendre les "monos" depuis que j'en discute avec les "polys" de ce site. En fait, j'avais peut-être un avis un peu trop tranché et j'idéalisais le polyamour. Mais à ce que je comprends de celles et ceux d'entre vous qui le pratiquent (avec pourtant force conviction), ce n'est pas toujours facile non plus, ça a ses inconvénients spécifiques (qui ne se réduiraient pas, donc, à l'intolérance des monogamistes ou aux influences perverses du formatage social ?...).

Clementine
Sinon, je me répète, mais un(e) thérapeute de couple pour passer certains virages, franchement c'est pas du luxe.

Ben en fait, on a un peu commencé ça (je dis "un peu" car en ce moment, y'a que moi qui y vait, car on n'a pas assez d'argent...).

Message modifié par son auteur il y a 14 ans.

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(compte clôturé)

le vendredi 24 juillet 2009 à 19h07

MetaZet, pour les difficultés liées à la pratique, si tu as un peu de temps pour lire les fils qui existent déjà... tu verras que c'est un des arguments les plus utilisés, et avec raison! pour défendre le polyamour (comme quoi c'est pas un long fleuve tranquille et jouisseur...)

Il y a également de bons textes ailleurs...

Voilà celui que je préfère, perso:

www.polyamour.be/spip.php?article10

Message modifié par son auteur il y a 14 ans.

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LuLutine

le vendredi 24 juillet 2009 à 19h26

"les relations sexuelles induiraient une sorte particulière d'attachement très profond et qui serait exclusif par nature"

Je voulais reprendre cette phrase.
Je crois que ça a déjà été plus ou moins dit implicitement dans d'autres réponses, mais est-ce que ta femme ne confond pas là amour et passion amoureuse ?
Pour moi la phrase plus haut peut éventuellement être vraie lors de la phase de passion, mais celle-ci ne dure pas (en général le désir fort d'exclusivité s'atténue au fil du temps).

Sinon, par rapport au fait qu'elle communique sur un mode émotionnel, j'avais lu quelque part que les hommes ont tendance à s'appuyer sur des faits et les femmes sur des sentiments.
Exemple de discussion :
La femme : "Tu ne passes pas beaucoup de temps avec moi."
L'homme : "Tu exagères, on se voit tous les jours."

Dans cette discussion la femme ne le dit pas explicitement mais elle fait référence à des moments de qualité, c'est-à-dire où l'on est réellement attentif à l'autre, où l'on est là pour lui. Pas juste à côté de lui mais avec notre attention sur autre chose (lire, travailler, regarder la tv).
Si dans l'exemple, l'homme pense au fait qu'il est là tous les soirs dans le salon avec sa femme, à regarder la tv, il a l'impression de passer beaucoup de temps "avec" elle. C'est un fait : ils passent beaucoup de temps en compagnie l'un de l'autre, dans la même pièce.
Mais sa femme n'a pas le sentiment que ce sont des moments passés "ensemble", parce que leur attention est dirigée sur autre chose (un livre, la tv, etc.).

D'où une incompréhension. Je connais, j'ai eu exactement ce problème avec mon ami...il trouvait qu'on passait beaucoup de temps ensemble, sauf que recevoir juste trois mots de sa part tous les soirs ("Merci" puis "Bon appétit" lorsque je lui apporte à manger), alors que son attention était à la télévision ou aux gens avec qui il discutait sur le net, je n'appelais pas ça du temps passé "ensemble" !

Maintenant j'essaie de prendre en compte le fait qu'il a tendance à m'énoncer des faits lorsque moi je me réfère plutôt à mes sentiments, et j'essaie d'être claire sur ça ("Je ressens telle chose parce que...").
A toi de le faire dans l'autre sens avec ta femme, peut-être ?

Message modifié par son auteur il y a 14 ans.

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LuLutine

le vendredi 24 juillet 2009 à 19h29

Clementine
Voilà celui que je préfère, perso:

www.polyamour.be/spip.php?article10

J'aime aussi beaucoup cet article.
Il y a la phrase "Si votre vie ne reflète pas vos priorités, changez de vie, pas de priorités !" que j'adore et que j'avais repris à une époque sur un site...et des amis strictement monogames ont beaucoup aimé cette citation ;)

Comme ils ne savaient pas d'où elle venait, ça m'a fait rire intérieurement.

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clown.et.lapin

le vendredi 24 juillet 2009 à 23h23

au risque de me répéter ou de passer pour un radoteur, je pense que le vrai problème du polyamour n'est pas la jalousie (possessive) mais le partage du temps. Qui existe dans les couples monogames, l'un pouvant reprocher à l'autre de passer toute sa vie à son travail, ou tout son temps libre avec les copains, au foot ou au bistrot, au syndicat ou au parti politique...ou avec les copines, les associations, les enfants...
Bien entendu Lulutine a raison de pointer la confusion amour/passion amoureuse. L'épouse de Meta-Zet semble (méthode Coué) se positionner dans l'exclusivité passionnelle parcequ'elle regrette peut-être que cette passion ait évolué vers l'amour tranquille. On voit d'ailleurs cette attraction qu'a la passion (sans jeu de mots) pour les croyants qui veulent définir Dieu (jésus) comme passionnément amoureux des hommes donc d'eux.
Sacralisation du sexe et érotisation de l'agapè, avec, en plus, la recherche de la souffrance ou de la privation conduisent au bazar affectivo-amoroso-sexuel auquel l'homme du 21e est arrivé.
Alors que oui, le sexe est au départ fait pour la procréation. Mais on ne parle pas de la jalousie des animaux, que je sache ! Et que le plaisir, l'érotisme sont les meilleures réponses de l'Homme contre l'angoisse de la mort ou du temps qui passe, et qu'on a réussi à transformer la plus belle des sources de bonheur en pire instrument de domination, de frustration et d'angoisse !

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oO0

le samedi 25 juillet 2009 à 06h17

...

Message modifié par son auteur il y a 13 ans.

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oO0

le samedi 25 juillet 2009 à 06h40

...

Message modifié par son auteur il y a 13 ans.

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Clown_Triste

le samedi 25 juillet 2009 à 20h02

@Sam : merci pour cette perspective nouvelle (en ce qui me concerne) et très intéressante sur la question. Et merci d'avoir pris soin de la résumer dans ta deuxième intervention, histoire de m'assurer que j'avais bien tout compris ;-)

@MetaZet : les amours plurielles et les relations non-exclusives sont fascinantes, surtout quand on les regarde depuis le hublot d'une relation monogame "forcée". Mais sans doute as-tu en effet tendance à les idéaliser. Il faut bien comprendre dans quoi on met les pieds et les inconvénients et risques associés.
J'espère néanmoins que ton épouse et toi aurez l'occasion de progresser ensemble sur cette voie.

@LuluTine : ce que tu évoques est "simple" mais il faut parfois se rappeler de ces choses basiques. Même si beaucoup de gens n'aiment pas généraliser, je crois qu'il faut admettre qu'hommes et femmes sont différents et qu'il est intéressant de comprendre comment l'autre sexe a tendance à agir, s'exprimer, voir les choses (même si chaque être est différent et que chez certains la proportion masculin/féminin ne correspond pas à la majorité des membres de leur sexe).

@clown.et.lapin
Oui, la problème du temps "insuffisant" dédié au couple existe aussi chez les monogames (je l'ai d'ailleurs mentionné). Toutefois, le sport, le travail, les copains, etc. ne sont pas considérés comme en rivalité directe avec le couple. Et il n'y a notamment pas de risque de reproduction. Le vécu est donc différent et c'est le genre de problème que la sagesse populaire considère comme "gérable" là où la "tromperie charnelle" ne l'est pas.
Encore une fois, je relie ceci à la jalousie, c'est-à-dire à des sentiments puissants liés à la reproduction (même si le lien n'a pas l'air direct et que chez les humains il peut prendre bien des formes). Les animaux n'agissent pas de manière "jalouse" en tant que tel, mais beaucoup de mammifères ne s'occupent pas des petits qui ne sont pas les leurs. Les lions, par exemple, sont connus pour tuer les lionceaux enfantés par d'autres mâles qu'eux après s'être emparé d'une horde. Il n'y a qu'un mâle dominant et lui seul peut engrosser les femelles. Chez les primates, plus proches de nous, on a aussi des geste d'exclusivité sexuelle (et des astuces chez certaines femelles pour distraire le mâle dominant et s'accoupler avec un autre mâle).
Encore une fois, notre nature animale nous rattrape, puisqu'elle fait partie des garants de notre survie génétique...

C.T.

Message modifié par son auteur il y a 14 ans.

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(compte clôturé)

le dimanche 26 juillet 2009 à 00h40

Etant une ancienne (!) chrétienne orthodoxe pratiquante, je peux confirmer qu'il y a souvent un amalgame impressionnant et fort gênant entre les enseignements du Christ et les lettres de St Paul, ainsi que par la suite tout le poids de l'Eglise. Et que tout cela a complètement détourné et déformé les paroles des Evangiles.

clown.et.lapin
Votre discussion est vraiment excellente. Je me permets juste d'ajouter ma position personnelle : je pense que le "couple avec projet d'enfants à éduquer pendant 20 ou 25 ans" doit être unique. Qu'il n'est pas incompatible avec des amours plurielles (passion et sexe compris) secondaires, et même qu'il peut aider le couple (je parle par expérience) à perdurer dans l'entente et le bonheur serein.

L'opposition émotion/rationnel que vous citez me semble aussi être un archaisme. On éduque bien les enfants à ne pas être violents, à ne pas mordre quand ils se sentent agressés. Pourquoi ne les éduque-t-on pas à ne pas être jaloux ? A être heureux du bonheur (et du plaisir) que ceux qu'ils aiment prennent avec d'autres...

J'interprète l'enseignement du Christ comme celà, et je le différencie totalement des lois et autres interdits qui viennent souvent de St Paul ou de l'Ancien Testament...mais je suis sans doute un blasphémateur...Celà mériterait peut-être un autre fil

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Drya (invité)

le mardi 19 janvier 2010 à 17h59

Je sais pas pourquoi j'ai des fils de juillet qui remontent en tête de liste, mais bon, cette discussion est intéressante et j'ai envie d'ajouter/clarifier des choses ici, selon mon ressenti et mes expériences.

En fait, je crois que la monogamie, en dehors de l'éducation et des idées dignes de contes de fées qu'on nous inculque, je dois constater que je ne me suis jamais sentie aussi stabilisée dans ma vie en général que depuis que je suis avec mon compagnon (10 ans déjà!). Il a été un soutien moral quotidien, même dans les moments de séparation physique (pour voyages par ex) et même si nous parlons peu de nous-mêmes, savoir que j'ai une relation très privilégiée avec lui et qu'il me considère de même, donne un sentiment de sécurité que peu d'autres choses donnent. Même notre meilleur ami(e) n'est pas aussi proche, et surtout ne nous connaît pas de manière aussi intime que comme on se présente pendant l'acte sexuel: on a beau dire, c'est un moment où les émotions sont tellement puissantes qu'on se livre de façon très intime et de façon incontrôlée. Il est donc facile de sacraliser cet acte et de vouloir le réserver à une seule personne en qui on a toute confiance, car on sait que c'est un moment où on perd le contrôle de soi.

Je crois que c'est cet aspect qui fait qu'on donne au sexe une dimension si exclusive.

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(compte clôturé)

le mardi 19 janvier 2010 à 18h08

Je crois qu'une expérience aussi extrême est loin d'être la règle, Drya.

Partant, je doute qu'elle soit à l'origine de la monogamie en tant qu'institution sociale.

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Drya (invité)

le mardi 19 janvier 2010 à 18h22

Euh... je suis pas sûre de comprendre: je ne crois pas qu'il s'agisse d'une expérience extrême (extrême en quoi?).

Je ne dis pas que cet aspect est la source de l'institution de la monogamie comme loi obligatoire, mais je pense qu'elle est importante de toute façon pour beaucoup de gens à cause de ça: c'est une relation privilégiée qui permet de centraliser et donc de se sentir plus en sécurité (plus on dépend de beaucoup de personnes, moins on maîtrise ce qu'elles vont faire de ce qu'on leur confie, surtout si c'est critique comme la facette qu'on présente de soi pendant l'amour).
Certes ca crée une relation de dépendance mutuelle, mais c'est rassurant aussi de pouvoir cristalliser beaucoup de soi-même autour d'une seule personne.

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(compte clôturé)

le mardi 19 janvier 2010 à 18h50

Drya
Euh... je suis pas sûre de comprendre: je ne crois pas qu'il s'agisse d'une expérience extrême (extrême en quoi?).

Quand tu écris ça: "c'est un moment où les émotions sont tellement puissantes qu'on se livre de façon très intime et de façon incontrôlée." Ce n'est pas extrême pour tout le monde, et du coup je ne vois pas le rapport entre ça et la monogamie. Sauf si on fait l'amalgame (à tort à mon avis) entre émotions et sentiments: le plaisir est une émotion, la confiance est un sentiment, et la sécurité un ressenti. Par parallélisme, le sexe est une chose distincte des sentiments; parfois réunis dans une relation de couple.
De plus, le meilleur sexe pour certains, c'est se mettre en situation d'insécurité, comme ressort érotique. C'est pour ça que je pense que ta vision est avant tout personnelle.

Je ne dis pas que cet aspect est la source de l'institution de la monogamie comme loi obligatoire, mais je pense qu'elle est importante de toute façon pour beaucoup de gens à cause de ça: c'est une relation privilégiée qui permet de centraliser et donc de se sentir plus en sécurité (plus on dépend de beaucoup de personnes, moins on maîtrise ce qu'elles vont faire de ce qu'on leur confie, surtout si c'est critique comme la facette qu'on présente de soi pendant l'amour).

Attends, je décortique un peu tout ce que je ne capte pas:

- Centraliser? Je ne comprends pas ce que tu veux dire.

- Le sexe avec une seule personne fait se sentir en sécurité? Je trouve que c'est de l'ordre du ressenti personnel, mais que ce n'est pas une généralité

- dépendre de quelqu'un, confier son corps à quelqu'un? A mes yeux, c'est une manière particulière de faire l'amour, rien de plus

Certes ca crée une relation de dépendance mutuelle, mais c'est rassurant aussi de pouvoir cristalliser beaucoup de soi-même autour d'une seule personne.

Ben moi ça m'angoisserait et ça me coupe mes élans, le fait d'être dans la dépendance mutuelle. Sacraliser mes parties de cul les plus folles, vécues pour ma part avec des hommes qui se sont avérés de passage, ne se traduit pas par un lien qui perdure.

Message modifié par son auteur il y a 13 ans.

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Clown_Triste

le mardi 19 janvier 2010 à 19h14

Drya
En fait, je crois que la monogamie, en dehors de l'éducation et des idées dignes de contes de fées qu'on nous inculque, je dois constater que je ne me suis jamais sentie aussi stabilisée dans ma vie en général que depuis que je suis avec mon compagnon (10 ans déjà!). Il a été un soutien moral quotidien, même dans les moments de séparation physique (pour voyages par ex) et même si nous parlons peu de nous-mêmes, savoir que j'ai une relation très privilégiée avec lui et qu'il me considère de même, donne un sentiment de sécurité que peu d'autres choses donnent. Même notre meilleur ami(e) n'est pas aussi proche, et surtout ne nous connaît pas de manière aussi intime que comme on se présente pendant l'acte sexuel: on a beau dire, c'est un moment où les émotions sont tellement puissantes qu'on se livre de façon très intime et de façon incontrôlée. Il est donc facile de sacraliser cet acte et de vouloir le réserver à une seule personne en qui on a toute confiance, car on sait que c'est un moment où on perd le contrôle de soi.

Je crois que c'est cet aspect qui fait qu'on donne au sexe une dimension si exclusive.

Drya, je rejoins effectivement ton analyse.

Je pense que le fait d'avoir une relation exclusive lui donne une caractère unique (pendant toute sa durée, en tout cas). Il y a effectivement quelque chose de rassurant pour nombre d'individus dans l'idée d'un lien fort et "prioritaire" que l'on entretient avec l'autre, un lien où l'on s'ouvre à l'autre et où l'on construit progressivement une intimité forte qui (potentiellement) dépasse ce que l'on connaît avec sa famille et ses amis proches.
Il est vrai que s'ouvrir aussi intimement (par le biais du sexe mais aussi du partage d'événements de la vie, petits et grands), c'est prendre un risque vis-à-vis de l'autre. Un risque que l'on ne prend pas forcément à la légère, donc.
Et dans ce contexte, l'exclusivité rassure, plus ou moins illusoirement, en donnant l'impression que l'autre prête à cette relation la même importance que nous ("je te choisis, toi, et personne d'autre"). Et, parce qu'elle interdit en théorie l'existence d'une autre relation du même ordre en même temps, l'exclusivité semble garantir que l'autre s'y consacrera pleinement et ne l'abandonnera pas soudainement au profit de quelqu'un d'autre.

Dans un monde changeant, mouvant, instable et parfois dangereux, la relation exclusive propose une forme de sécurité rassurante sous la forme de ce pacte d'entraide mutuelle et prioritaire sur les autres, du rassemblement des ressources de deux individus pour faire front à la vie (tout ceci étant théoriquement issu, de nos jours, d'un amour partagé). C'est l'idée de quelqu'un qui s'engage à partager notre vie "pour le meilleur et pour le pire". Idée toujours aussi belle et séduisante, même si sa réalité est régulièrement écornée dans les faits.

Sur ce plan, le polyamour est plus exigeant, à mon avis. Il nécessite généralement de ceux qui le pratiquent de se reposer avant tout sur eux-mêmes, d'être indépendants, maîtres d'eux-mêmes, capables de se passer de la présence rassurante des autres s'ils ne sont pas disponibles. Même si l'on est bien entouré, l'absence d'une telle relation peut parfois s'avérer pesante.

Par ailleurs, l'exclusivité a bien entendu pas mal d'avantages pour la construction de projets exigeants (comme le fait d'avoir des enfants, notamment). Mais je pense que nous en avions déjà parlé...

C.T.

Message modifié par son auteur il y a 13 ans.

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Drya (invité)

le mardi 19 janvier 2010 à 19h49

Erf, j'ai encore l'impression de dire des choses qui me semblent évidentes (pour moi), mais je suis visiblement handicapée de l'expression pour transmettre ma pensée...
Bon, soyons méthodique:

Je crois vraiment que la sexualité est vraiment le théâtre de ce qu'on est au fond, même de brefs instants, c'est pour ça que ça me semble, par nature si on a envie de donner ce qu'on est à quelqu'un, le moment privilégié.

Pour le côté "centralisé", je vois que ClownTriste vois à peu près ce que je veux dire: on concentre les choses les plus importantes dans sa vie sur son compagnon: si quelquechose nous tient très à coeur, même si ce n'est pas le cas pour l'autre, on aura envie au moins de lui en parler, de lui raconter pourquoi c'est important pour soi. Aux amis, la famille, on ne dira pas tout ce qui nous tient à coeur, plutôt seulement ce qui va les intéresser.

"Le sexe avec une seule personne fait se sentir en sécurité?": Oui, dans le sens où, comme le sexe est un moment où on est très sensible, vulnérable, où on baisse les masques, on préfère, en théorie en tout cas, ne laisser voir ça qu'à une personne. Ca veut dire aussi le contraire: on préfère une sexualité avec une seule personne parce que c'est difficile de se sentir autant en sécurité avec plusieurs personnes, et la relation privilégiée permet de le faire en sécurité.
Ca c'est la théorie et ce que pensent ne nombreuses personnes avec qui j'en ai parlé, mais perso, ce n'est pas tout à fait mon avis, je conçois très bien le sexe sans amour, et même je trouve plus libérateur de la faire avec quelqu'un qui ne me connaît pas trop, et qui n'a donc pas d'a prirori sur moi, il sera donc moins choqué de me voir sous un jour très différent (notamment quand le soleil se lève au chant du coq (note perso)...).

Enfin: une relation exclusive c'est aussi la possibilité de se sentir, un peu moins, fondamentalement seul dans la vie, même si ça reste une illusion, ça reste ce qui se rapproche le plus de la fusion.

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