Polyamour.info

artichaut

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Rennes (France)

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Discussion : Survie d'un trouple/couple à 3

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artichaut

le jeudi 05 novembre 2020 à 21h09

moi si j'ai un conseil ce serait celui-ci : ne jamais prendre une décision relationnelle importante (ayant des implications sur le long terme) pendant un confinement…

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Discussion : Survie d'un trouple/couple à 3

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artichaut

le jeudi 05 novembre 2020 à 13h14

Trouple69
m'a dit que si je ne pouvais pas choisir, alors il partira.

perso, j'ai tendance à appeler ça du chantage affectif et du déni de responsabilité
(…mais bon, nous n'avons que ta version des faits)

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Discussion : Survie d'un trouple/couple à 3

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artichaut

le jeudi 05 novembre 2020 à 10h58

EdK
en fait là ils te font porter le poids de leurs problèmes à eux en faisant reposer le choix sur toi.

Tout à fait.
(puisque dans la situation, bien sûr, c'était une configuration choisie à trois… si tel n'était pas le cas ça changerais la donne… il y a t-il consensus sur ça, que la config avait été décidée à trois ?)

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Discussion : Être en poly, est-ce que c'est tout accepter sans limites ?

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artichaut

le mercredi 04 novembre 2020 à 09h00

Marlee1
il ne veut pas choisir entre elle et moi, alors il me met le choix entre les mains...

Malheureusement c'est très classique. Ce n'est pas du polyamour, c'est de la lâcheté

Marlee1
mes amies disent qu'

hum… si le dialogue ne passe même pas en direct, c'est mauvais signe

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Discussion : Survie d'un trouple/couple à 3

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artichaut

le mardi 03 novembre 2020 à 15h51

Trouple69
Une relation en V est n'est pas envisageable pour eux.

Ah, pourquoi donc ??

Trouple69
Par delà les projets qu'ils ont en tête c'est impossible, et je sais que ça les ferait beaucoup trop souffrir

Des fois on se trompe…

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Discussion : Qu’est ce pour vous une relation constructive ? Et qu'est ce pour vous une organisation de société constructive ?

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artichaut

le mardi 03 novembre 2020 à 15h50

bidibidibidi
j'ai la sensation que ce terme de relation constructive est en fait un héritage de l'escalateur relationnel dans lequel une relation peut-être jugée sur ses réalisations

merci de cette remarque

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Discussion : Être en poly, est-ce que c'est tout accepter sans limites ?

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artichaut

le lundi 02 novembre 2020 à 12h52

Bienvenue ici Marlee1.

Marlee1
J'ai eu un malaise (…) Il préfère me quitter que de trouver un compromis. (…) Il dit que je dois lui faire confiance, qu'il sait gérer pour ne pas que ça m'affecte.

Clairement non, il ne sait pas gérer (ou ne veut pas).


Gérer c'est : écouter l'autre, les autres, dire ses envies, poser ses limites, aller lentement, écouter les envies et les limites de l'autre, des autres, les prendre en compte, trouver si besoin des compromis, ralentir, … et recommencer : écouter l'autre, les autres, dire ses envies, poser ses limites, aller lentement, etc.

C'est ça gérer. Ça se fait ensemble, et ça prends un temps de ouf.


Si tes pas prêt·e à passer au moins autant de temps à "gérer" qu'à profiter de tes relations, t'es pas prêt·e pour le "polyamour". Et si c'est pas toi qui va droit dans le mur, c'est les autres que tu va y envoyer à ta place.

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Discussion : Please help

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artichaut

le dimanche 01 novembre 2020 à 10h49

Bienvenue @Myrille

Myrille
nous sommes tombés amoureux de la même personne.
(…)
Nous apprécions tous les moments à trois. Les moment à 2 (du coup avec le tierce) sont difficiles à vivre

Pourquoi c'est difficile à 2 ? J'ai pas compris.

Myrille
Quand il y a pas de solutions c est qu'il n y a pas de problème non?

Oui, ce sont des choses qui arrivent.

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Discussion : Qu’est ce pour vous une relation constructive ? Et qu'est ce pour vous une organisation de société constructive ?

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artichaut

le samedi 31 octobre 2020 à 14h47

Lili-Lutine
• Qu’est ce pour vous une relation constructive ?
• Qu'est ce pour vous une organisation de société constructive ?

Je fais une première réponse (volontairement sans lire, encore, ta contribution, donc au risque d'être redondant).

Je dirais qu'une relation constructive c'est une relation qui permet à l'autre d'être +++elle-même (ou lui-même), de se chercher elle-même (lui-même), d'être autrice (auteur) de sa vie individuelle et collective, de pouvoir explorer en toute sécurité, etc.

Bref une relation qui encourage l'autre quelque soient ses choix de vie.

Donc évidemment une relation qui encourage l'autre a avoir d'autres relations, et à être encourageant·e avec ses autres relations.


Quant à la société, ben la même chose sans doute. Une société qui encourage ses citoyen·ne·s… à exister dans leur spécificités individuelles, collectives, multiples et complémentaires.

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Discussion : Qu’est ce pour vous une relation constructive ? Et qu'est ce pour vous une organisation de société constructive ?

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artichaut

le samedi 31 octobre 2020 à 13h36

Déjà merci pour les questions. Et merci de venir les rapporter ici.

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Discussion : [Texte] Contact, lien, relation. Propositions lexicales pour les rapports humains d’un point de vue anarel. oct 2020

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artichaut

le jeudi 29 octobre 2020 à 17h08

Perso j'ai apprécié cette disctinction entre contact, lien et relation. Et je me suis dit que ça pouvait en intéresser quelques un·e·s ici.

Bonne lecture.

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Discussion : [Texte] Contact, lien, relation. Propositions lexicales pour les rapports humains d’un point de vue anarel. oct 2020

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artichaut

le jeudi 29 octobre 2020 à 17h04

Le lien vers le "mignon formulaire" (en fin d'article) ne fonctionnait pas hors-facebook. Il se trouve que je l'avais déjà traduit, donc j'ai remplacé le lien vers sa traduction.

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Discussion : [Texte] Contact, lien, relation. Propositions lexicales pour les rapports humains d’un point de vue anarel. oct 2020

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artichaut

le jeudi 29 octobre 2020 à 17h03

Texte dispo sur facebook uniquement et signé du pseudo "Réflexions sur l'anarchie relationnelle".


Suite à une discussion lors d'une récente rencontre Anarchie relationnelle, je vous soumets une petite réflexion sur le concept de relation d'un point de vue anarel. Au passage, pour clarifier les enjeux de sa définition, je propose de définir deux autres types de rapports humains : les contacts et les liens.

Préliminaire : sens courant de “relation”

Le mot “relation”, dans son acception courante, recouvre un spectre de rapports humains de natures fort diverses. Nous pouvons ainsi parler de la relation qui nous lie avec quelque vendeur-se le temps d'un achat, ou de la relation un peu plus forte que nous avons avec une personne connue de loin et croisée deux fois par mois, ou de la relation avec notre collègue de bureau, qui repose sur le partage régulier d’espaces collectifs, ou encore de la relation que nous entretenons explicitement et soigneusement avec une personne chère.

Relation ou lien ?

Certain·e·s anarels comptent leurs relations (« j’ai une, deux ou trois, etc. relations »), ou déclarent « être en relation avec » une personne, pour indiquer une relation importante, une relation intime ou simplement une relation qui compte. C’est pour l’articuler avec cet usage que j’aime réserver le terme de relation à un rapport humain :

- soit (a minima) régulièrement entretenu par des échanges conversationnels et affectifs ;

- soit explicitement commencé et entretenu avec conscience qu’il s’agit d’une relation.

Dans le premier cas, il me semble que la conscience − tacite − de la relation, les intentions mutuelles d’entretenir la relation, se manifestent dans les actes réguliers qui la font vivre.
Dans les deux cas, le concept de relation que je propose me paraît adapté à l’anarchie relationnelle pour la raison suivante. Cette dernière (l’AR) se propose de nous aider à construire des relations sur-mesures : à la fois en rapport avec ce que les deux personnes consentent activement à partager, et à la fois à distance des normes relationnelles en vigueur. Les “relations” de voisinage, les “relations” de connaissance, les “relations” professionnelles, les “relations” familiales*, les “relations” entre client·e·s et commerçant·e·s, les “relations”entre thérapeute et patient·e·s etc. se nouent et se vivent conformément à des pratiques normées généralement non-discutées au sein de la “relation”. J’y vois là de l’assujettissement : la fabrication d'une subjectivité, ou d'une manière de se représenter le monde, qui n'est pas consciemment choisie, mais plutôt subie sans le savoir. C'est pourquoi je pencherais pour réserver le terme de lien pour ces rapports dont la forme − ou, dira-t-on, les règles − est subie comme héritage des pratiques majoritaires et (se présentant comme) normales.

Pour appuyer la thèse de l'existence d'un seuil dans le spectre des rapports humains (spectre allant des plus ténus aux plus forts), je ferais remarquer que :
- pour ces liens, nous ne nous demandons pas s'ils peuvent être compatibles entre eux, notamment dans la durée, et ne cherchons pas particulièrement à faire se rencontrer les personnes entre elles (nous ne cherchons pas à faire se rencontrer notre boulangère avec un membre de la famille ou un·e collègue) ;
- les liens sont liés aux circonstances qui les façonnent (en cas de changement de travail ou d'études, la plupart des liens propres aux lieux se disloquent) ; nous ne cherchons pas vraiment à les entretenir en dehors de ces circonstances - sinon cela commence à devenir une relation, dans ma perspective.

* Spécial dédicace à la guest star qui va bientôt nous réunir (ou pas) autour d'un sapin pour des moments de convivialité plus ou moins joyeux.

Pourquoi distinguer relation et lien ?

L'enjeu sous-jacent à cette distinction est, pour moi, que c'est surtout dans une relation (et non pas vraiment dans un lien) qu'on peut parler de responsabilité affective ou d'engagement. C'est également en ce sens que l'anarchie relationnelle est à mes yeux compatible avec la monogamie. La monogamie serait le fait de n'entretenir (consciemment) qu'une relation : ça ne signifierait pas ne fréquenter aucune autre personne. La non-monogamie serait le fait d'entretenir plusieurs relations simultanément. Le concept de relation recouvre à mes yeux les relations amicales, les relations queerplatoniques, les relations amoureuses (sexuelles ou non), et les autres relations qui sont intentionnellement entretenues − l'anarel ne hiérarchisant pas ces relations en fonction de leur nature.

Comme il ne s’agit que d’une proposition, la discussion reste ouverte ! ;)

Complément 1 : définition du contact.

Pour affiner, il est possible de distinguer entre contact, lien et relation. Un contact n'est pas vraiment un lien : c'est un rapport fugace entre personnes. Exemple : la personne à qui l'on demande sa route dans la rue ; lae vendeur-se que l'on ne croise qu'une fois. Le lien, lui, se construit dans une certaine régularité - contrainte, propre au fonctionnement d'un espace social. Autant ce sera une sorte de magie de la rencontre qui nous poussera le plus souvent à construire une relation (ou même un lien) sur la base d'un contact ; autant pour un lien, cette magie se présentera sans doute plus calmement, et l'envie d'en faire une relation sera plus paisible. Par ailleurs, un contact peut devenir un lien, avant de devenir une relation.

Complément 2 : proposition de règles d'usage de la conceptualité (ensemble des concepts) de l'anarchie relationnelle.

Ma proposition ne vise pas à inciter à négliger les personnes avec qui nous sommes seulement en contact et en lien. Il sera bienvenu de s'adresser à elleux avec bienveillance et sincérité, mais pour moi cette (souhaitable) attitude générale envers toute personne ne relève pas spécifiquement de l'anarchie relationnelle. Je pense que l'anarchie relationnelle s'applique en effet à nos rapports (contacts et liens donc) avec ces personnes, mais de manière différente par rapport à nos relations. Pour les personnes avec qui j'ai été en contact, ou suis en lien, et pour la compagnie desquelles j'ai ressenti un certain plaisir, l'anarchie relationnelle me dit : « Voyons si je ne peux renouveler ce rapport, ou le renforcer en améliorant la communication et l'intimité, et ne préjugeons pas de la tournure qu'il pourrait prendre à partir de sa provenance sociale ». Et je trouve cela très dédramatisant et libérateur ; ça fait partie des beaux cadeaux de l'anarchie relationnelle pour moi. Mais l'anarchie relationnelle ne s'applique pas à ces rapports avec les concepts de responsabilité affective, d'accueil de la jalousie, de prise en compte du réseau relationnel, etc.

Complément 3 : différence de motifs d'entretien entre lien et relation.

Ce que j'ai dit dans le complément 2, m'amène à préciser ceci :

- une relation se construit sur le constat (de préférence mutuel) d'un certain plaisir ou d'une certaine joie à partager un moment à deux ou plus ;

- un lien repose sur l'inertie de pratiques sociales (activités sociales comme les études ou le travail, normes des liens familiaux).

Pour moi, cette différence de raison d'être ou de motif d'entretien du rapport est un argument de plus en faveur de l'existence d'un seuil bien tangible entre lien et relation. Par exemple, la question de la rupture d'une relation se pose bien différemment de celle de la cessation d'un lien.

Du point de vue des motifs d’entretien, le lien se situe à une position intermédiaire entre le contact et la relation : il dépend à la fois des circonstances matérielles qui le causent (contact) et des émotions agréables qu’il engendre (relation). La relation aura tendance à créer ou renforcer les circonstances matérielles qui lui sont favorables ; le lien (autre qu’amoureux ou sexuel) est plutôt impuissant dans ce domaine.

Complément 4 : exercices de nouage d’une relation

Toi aussi, apprends à bien nouer une relation ! :D

Sur ce thème, j’ai deux suggestions :

- soit une procédure un peu formelle qui consiste à expliciter un engagement à partager certaines activités avec une certaine régularité, ainsi que les limites de chacun-e aux possibilités d’investissement dans la relation ;

- soit passer par une question plus douce : « qu’est-ce que tu as envie/tu te sens à l’aise de me donner (avec quelle régularité) ? »

Ce mignon formulaire à destination des relations queerplatoniques peut donner de l’inspiration.

Enfin, le concept d’IRC peut répondre à tous les moments cruciaux d’une relation : commencement, tournant/modification/redéfinition et fin.

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Discussion : [Texte] Les fondamentaux de l’anarchie relationnelle, 2013 (traduction)

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artichaut

le jeudi 29 octobre 2020 à 16h55

Perso j'ai trouvé dommage que les liens renvoient à des textes en anglais, alors que la plupart de ces textes existent en français (ont été traduits).

Pour autant je n'ai pas corrigé les liens.

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Discussion : [Texte] Les fondamentaux de l’anarchie relationnelle, 2013 (traduction)

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artichaut

le jeudi 29 octobre 2020 à 16h54

Traduction dispo sur facebook uniquement.

Source de l’article en anglais : https://thethinkingasexual.wordpress.com/2013/05/0...

Traduction de Laura Rodriguez en oct 2020.


Les fondamentaux de l’anarchie relationnelle

Qu’est-ce que l’anarchie relationnelle ?

L’anarchie relationnelle est un mode de vie, une manière de vivre ses relations personnelles. L’anarchie relationnelle est une philosophie, plus spécifiquement une philosophie de l’amour. Un·e anarchiste relationnel·le [anarel] pense que l’amour est abondant et infini, que toutes les formes d’amour sont égales, que les relations peuvent et devraient se développer organiquement sans adhérer à des règles ou des attentes extérieures, que deux personnes dans quelque relation émotionnelle importante que ce soit devraient avoir la liberté de faire ce qu’elles désirent à la fois au sein de leur relation et en dehors avec d’autres personnes [ndlt : tant que le consentement de chacun·e est respecté].

Quand, où, comment, et par qui l’anarchie relationnelle a-t-elle commencé ?

Ce n’est pas clair. Très peu de ressources existent à propos de l’anarchie relationnelle actuellement, mais c’est clairement une philosophie qui a émergé récemment de la communauté polyamoureuse. Andi Nordgren, une personne queer suédoise, a développé ses propres idées sur l’anarchie relationnelle dans son blog au début des années 2000. (Andi discute de l’anarchie relationnelle dans l’excellent livre de Deborah Anapol Polyamory in the 21st Century : Love and Intimacy with Multiple Partners.) Ces dernières années, davantage de personnes polys ont commencé à explorer l’idée de l’anarchie relationnelle, mais cela demeure une idée très nouvelle.

Voir l’entrée de Wikipedia sur l’anarchie relationnelle ici.

En quoi l’anarchie relationnelle diffère-t-elle de la polyamorie ?

Tout d’abord, définissons la polyamorie.

La polyamorie consiste à avoir plus d’une relation romantique à la fois, d’une manière ouverte et honnête qui requiert le consentement éclairé de toutes les personnes impliquées. La polyamorie, qui est différente de la polygamie, est un phénomène social plutôt récent des civilisations occidentales, dont l’origine est parfois attribuée au mouvement « d’amour libre » des années 1960. La polygamie, qui est une pratique ancienne et répandue consistant à être marié·e·s à plusieurs personnes, est fondée sur des raisons religieuses et n’autorise souvent que les hommes [ndlt : cis] à avoir plusieurs femmes tout en interdisant aux femmes d’avoir plusieurs maris. La polyamorie n’est pas liée au mariage ni à la religion. La polyamorie est un mouvement séculier visant à développer et accroître l’amour romantico-sexuel consenti, une autre manière de construire une famille et de faire communauté.

Un super glossaire sur la polyamorie ici.

L’anarchie relationnelle va plus loin que la polyamorie dans son détachement de la norme monogame. L’anarchie relationnelle partage avec la polyamorie le rejet complet de la monogamie sexuelle et romantique, le mariage légal/institutionnel, etc., mais elle vise en plus à dépasser ce que j’aime appeler la hiérarchie des relations romantico-sexuelles en effaçant les catégories relationnelles déterminées par la présence ou l’absence de sexe et/ou d’amour romantique. L’anarchie relationnelle met ainsi à égalité toutes les relations personnelles/intimes, d’un point de vue comportemental et émotionnel. La liberté d’interagir et de valoriser une relation à partir d’une feuille blanche, en distribuant de l’intimité physique, de l’intimité sexuelle, de l’intimité émotionnelle, etc. selon ses désirs plutôt que selon des règles préétablies et des catégories de types de relations, est une expression de cette égalité.

Une personne polyamoureuse peut être et est souvent tout autant une suprémaciste sexuelle ou romantique qu’une personne monogame. C’est-à-dire que, tout comme la plupart des monogames, une personne poly peut considérer ses relations romantiques et/ou sexuelles comme supérieures à ses relations non-sexuelles/non-romantiques, uniquement en raison du sexe et de l’amour. Une personne polyamoureuse peut, c’est même souvent le cas, séparer les relations romantico-sexuelles de leurs amitiés en réservant l’intimité et certains comportement à leurs relations romantico-sexuelles.

Un·e anarel n’assigne pas de valeur particulière à une relation parce qu’elle inclut du sexe. Un·e anarel n’assigne pas de valeur particulière à une relation parce qu’elle inclut de l’amour romantique, si tant est qu’iel reconnaisse l’amour romantique comme une émotion ou un ensemble de comportements distincts. Un·e anarel part du principe d’assumer une liberté et une flexibilité totale comme base de ses relations personnelles et décide au cas par cas ce à quoi iel veut que ses relations ressemblent. Iel peut faire du sexe avec plus d’une personne, iel peut être célibataire toute sa vie, iel peut vivre avec quelqu’un avec qui iel n’a pas de relations sexuelles, iel peut vivre seul·e quoi qu’il arrive, iel peut élever un enfant avec un·e ou plusieurs partenaires sexuels, iel peut élever un enfant avec un·e partenaire non-sexuel, iel peut avoir des relations hautement physiques/sensuelles avec plusieurs personnes simultanément (parmi lesquelles certain·e·s ou tous·tes ne sont pas sexuellement ou romantiquement impliqué·e·s avec ellui), etc. Les anarels reconnaissent qu’aucun comportement n’est intrinsèquement romantique, et que le seul comportement qui est intrinsèquement sexuel est un acte sexuel effectif [1]. Ce qui détermine la nature d’un acte donné est le sentiment individuel qui est derrière.

Pour les monogames et beaucoup de gens poly, un·e « partenaire » est quelqu’un avec qui on a des rapports sexuels et par læquel·le on est romantiquement attiré, et seul ce type de relation peut être un lieu d’engagement, de cohabitation sur le long terme, d’éducation des enfants, d’une profonde intimité et vulnérabilité émotionnelle, d’interdépendance financière, de toucher sensuel et d’affection physique non-génitale, etc. Pour ces personnes, un·e « ami·e » n’est pas aussi important·e qu’un·e partenaire parce qu’iel n’est ni l’objet ni la source de désir sexuel ni d’attirance romantique. L’amitié normative n’autorise pas d’engagement, de cohabitation de long terme, d’éducation commune des enfants, d’intimité émotionnelle complète, d’interdépendance financière, de toucher sensuel et d’affection physique non-génitale, de convention légale de lien mutuel, etc. Les monogames classent leurs relations d’une manière très évidente et rigide, et beaucoup de personnes polyamoureuses suivent le même système classique de classement en mettant leurs relations romantico-sexuelles au-dessus de leurs relations non-romantiques/non-sexuelles, et parfois en classant aussi leurs relations polyamoureuses romantico-sexuelles. (Ainsi, l’idée d’un·e partenaire « primaire » vs « secondaire » - un principe que certain·e·s nomment polynormativité.)

Les anarels ne classent pas leurs relations personnelles et amoureuses. Iels ne conçoivent aucun ensemble de comportements comme étant intrinsèquement restreints aux relations romantiques et/ou sexuelles, ce qui rend certainement difficile le fait d’élever les relations romantico-sexuelles au-dessus des relations non-sexuelles/non-romantiques. Les anarels voient leurs relations personnelles, amoureuses – c’est-à-dire, toute relation qui n’est pas professionnelle ou fortuite en soi – comme étant également importantes, uniques, satisfaisant différents besoin ou désirs dans leur vie, et comme ayant un potentiel similaire ou identique pour une intimité émotionnelle/physique/mentale, de l’amour et de la satisfaction. Un·e anarel ne met pas un plafond émotionnel sur les amitiés non-romantiques/non-sexuelles ou sur une amitié sexuelle qui est dépourvue « d’amour romantique ». Un·e anarel ne limite pas l’affection physique/sensuelle dans ses relations non-sexuelles juste pour la raison qu’elles sont non-sexuelles ou non-romantiques. Un·e anarel ne s’attend pas à passer la plupart de son temps avec un·e seul·e partenaire sexuel/romantique ou avec ses partenaires sexuels/romantiques en général, tout comme iel ne présuppose pas que les relations romantiques/sexuelles (s’iel en a) méritent ou ont automatiquement plus de temps et d’importance que les relations non-sexuelles/non-romantiques.

Comment l’anarchie relationnelle peut-elle être pertinente pour les personnes se situant sur les spectres asexuel ou aromantique, ou avec une orientation sexuelle mixte, ou encore les célibataires ?

L’anarchie relationnelle, bien plus que la polyamorie, peut véritablement être une philosophie de l’amour hautement compatible avec une asexualité célibataire, l’aromantisme, et des orientations sexuelles mixtes. En tant qu’asexuel·le célibataire, en tant que personne aromantique qui rejette les relations de couple traditionnelles ou en tant que personne avec une orientation sexuelle mixte qui cherche à avoir des relations conformes à la diversité de vos orientations, vous vous êtes déjà beaucoup éloigné·e·s du système normatif de relations dans lequel vivent la plupart des gens. Vous avez peut-être déjà rejeté la hiérarchie des relations romantico-sexuelles, vous êtes déjà dans une position qui questionne la validité de la monogamie (qu’elle soit sexuelle ou « romantique »), vous êtes déjà dans une position qui brouille ou efface les frontières entre « amitié » et « relations amoureuses (de couple) », etc., juste par ce que vous êtes. Vous êtes déjà dans une position qui défie les idées romantico-sexuelles majoritaires sur ce qui fait une relation « amoureuse », une association de vie, une famille, etc.

Les asexuel·le·s romantiques peuvent tout à fait être polyamoureux·ses, qu’iels soient célibataires ou sexuellement actifs·ves, et tout comme les personnes qui sont allosexuelles [ndlt : qui ne se situent pas sur le spectre asexuel], ces aces [ndlt : asexuel·le·s] romantiques suivent parfois à peu près les mêmes règles que les allosexuel·le·s monogames : créer une hiérarchie des relations dans laquelle l’amour romantique est supérieur, restreindre la plupart des formes d’intimité à leurs relations romantiques, concevoir les relations romantiques comme les seuls liens qui peuvent êtres prioritaires ou constituer une vie commune, etc.

D’un autre côté, un·e asexuel·le célibataire, qu’iel soit alloromantique ou aromantique, peut pratiquer très facilement une anarchie relationnelle non-sexuelle qui est particulièrement radicale. L’anarchie relationnelle se définit principalement, selon moi, par l’égalité qu’elle cherche à créer à travers l’éventail relationnel, de telle sorte que les relations sexuelles ne soient pas supérieures aux relations non-sexuelles et que les relations « romantiques » ne soient pas supérieures aux amitiés non-romantiques, et que cette égalité signifie qu’un·e ami·e non-sexuel·le et/ou non-romantique ait un accès égal à l’amour, l’intimité, l’affection physique, le soutien, etc. Cela signifie qu’un·e ami·e non-sexuel·le/non-romantique peut devenir un·e partenaire de vie d’un·e anarel ou l’un·e de ses partenaires de vie. L’anarchie relationnelle fournit le type de respect, de sécurité, d’opportunité, d’égalité, et d’amour dont un·e asexuel·le célibataire a besoin, particulièrement s’iel est seul·e ou s’iel ne recherche pas un·e unique partenaire de vie pour satisfaire tous ses principaux besoins au sein d’une relation romantique traditionnelle.

L’anarchie relationnelle devrait être importante pour la communauté asexuelle car elle est le seul moyen de faire en sorte que le sexe ne soit pas un indicateur de valeur relationnelle, de valeur d’un·e partenaire, ni une ligne de séparation entre des liens importants et sérieux et des liens moins importants et fortuits. L’anarchie relationnelle devrait être importante pour les aromantiques car c’est la seule philosophie de l’amour qui détache l’amour romantique de son pouvoir et de sa domination, qui crée la liberté pour des compagnon·ne·s non-romantiques d’expérimenter une plus profonde intimité émotionnelle et physique que ce que les amitiés classiques autorisent. L’anarchie relationnelle devrait être importante pour les personnes avec une orientation sexuelle mixte car c’est le seul mode de relation qui encourage l’idée d’avoir des relations romantiques non-sexuelles et des relations sexuelles non-romantiques en créant une égalité entre ces deux groupes de relations dans la vie d’une personne.

Je pense qu’une personne aromantique qui souhaite néanmoins un·e ou plusieurs partenaire(s) de vie, sans pour autant être attiré·e ou impliqué·e romantiquement ni même peut-être sexuellement avec aucun d’elleux, est déjà en quelque sorte un·e anarel. Je pense qu’un·e allosexuel·le avec une orientation mixte qui fait des efforts sincères pour distinguer les relations romantiques des relations sexuelles, qui peut sincèrement réussir une amitié sexuelle non-romantique ou une amitié romantique non-sexuelle, qui veut bâtir une famille ou une vie commune avec un·e partenaire non-sexuelle, est déjà en quelque sorte un·e anarel. Je pense que d’une certaine manière, un·e asexuel·le qui est à la fois célibataire et polyamoureux.se est déjà en quelque sorte un·e anarel.

La communauté polyamoureuse peut être extrêmement focalisée sur le sexe et sur les aspects sexuels liés fait d’avoir plus d’une relation romantique à la fois, et cela peut sembler excluant pour les asexuel·le.s poly en général, particulièrement les aces célibataires. L’anarchie relationnelle, parce qu’elle ne concerne pas seulement les relations romantiques/sexuelles mais toutes les relations personnelles/intimes, peut sembler d’emblée plus bienveillante envers les asexuel·le.s et les aromantiques, et donc fournir un contexte plus favorable aux aces et aros pour explorer la non-monogamie et des manières alternatives d’aimer, d’organiser ses relations, etc.

D’accord, cela semble vraiment compliqué et confus. Peux-tu donner quelques exemples concrets d’anarchie relationnelle en action ?

1. Jessica est hétérosexuelle et anarchiste relationnelle. Elle a des relations sexuelles avec des hommes, autant qu’elle le désire à la fois. Parfois, elle peut développer plus que des sentiments d’amitié pour un partenaire sexuel, mais toutes ses relations sexuelles sont ouvertes et aucune d’entre elle n’est sur l’escalator relationnel. Jessica a aussi une partenaire avec qui elle habite et qui s’appelle Tracy, avec qui elle n’est pas attirée ou impliquée sexuellement, et Tracy passe autant voire plus de temps avec Jessica que ses partenaires sexuels. Jessica et Tracy se sont engagées sur le fait qu’elles continueraient à vivre ensemble aussi longtemps qu’elles seraient heureuses ainsi, et qu’aucune relation sexuelle avec une tierce personne ne peut remettre en question cet engagement (même si elles pourraient envisager d’inviter un partenaire sexuel à habiter avec elles). Jessica et Tracy prévoient d’élever un enfant ensemble. Elles ont une relation physique intime – elles se font des câlins et se tiennent la main et s’embrassent sur la joue et parfois dorment dans le même lit – et elles sont aussi toutes deux physiquement intimes avec leurs partenaires sexuels et avec d’autres ami·e·s avec lesquels elles ne sont pas impliquées sexuellement.

2. Joe est un asexuel homoromantique. Il préfère largement le célibat. Il a une relation romantique avec Taylor, un homme gay qui a des relations sexuelles avec d’autres personnes mais pas avec Joe. Joe a aussi une amitié avec une femme nommée Rachel qui est aussi importante pour lui que son partenaire masculin, et il l’inclut dans tous·tes ses décisions et plans de vie. Joe et Rachel aiment partager de l’affection physique. Rachel a sa/son/ses propres partenaires romantiques et/ou sexuels. Joe a une amitié romantique avec un autre homme nommé Paul qu’il aime autant que Taylor. La relation entre Joe et Paul ressemble beaucoup à celle entre Joe et Taylor, mais elle est un peu différente simplement car Paul n’est pas intéressé par le fait de sortir avec Joe ou d’avoir des relations sexuelles avec lui. Paul est hétéro.

3. Gina est une asexuelle aromantique. Elle n’a de relations sexuelles avec personne et elle n’est pas intéressée par les relations romantiques traditionnelles. Elle vit avec sa partenaire et meilleure amie Ruby. Elles ont des chambres séparées et ne partagent pas beaucoup d’affection physique mais elles s’aiment au point de vouloir passer le reste de leur vie ensemble. Ruby est une asexuelle hétéro-romantique, et elle a une relation romantique non-sexuelle avec Don. Don est un mec bisexuel et il a une relation sexuelle avec son copain. Don et Ruby ne projettent pas de vivre ensemble ; iels aiment vivre séparément. Et de toute façon Ruby ne déménagera pas de la maison qu’elle partage avec Gina. Si Ruby décide d’avoir un ou des enfants dans le futur, Gina et Don seront tous deux co-parents (en supposant que Don soit toujours là).

Quel est l’intérêt de l’anarchie relationnelle ? Pourquoi s’embêter à comprendre comment organiser des relations aussi impliquantes et jongler avec les besoins et désirs de tant de personnes à la fois ?

Je pense que chaque anarel sera différent·e, réalise de manière unique sa version de l’AR, et parvient à l’AR probablement pour différentes raisons... Mais je parle en mon nom, et tout ce que je peux dire c’est que c’est simplement ainsi que je suis et ainsi que j’ai toujours pensé, depuis l’enfance. Il n’y a pas de différence naturelle ou distincte pour moi entre l’amour « romantique » et l’amour « non-romantique/amical ». J’ai toujours idéalisé les amitiés ambiguës qui empruntent beaucoup de propriétés à l’amour normatif, sans pour autant inclure de l’attirance romantique ou du sexe. Cela n’a aucun sens pour moi de limiter l’intimité ou l’amour à une relation romantique-sexuelle ou aux relations romantico-sexuelles en général. Cela n’a pas de sens pour moi d’interdire l’intimité physique ou émotionnelle et l’affection dans les relations amicales ou de décider qu’une relation de couple sera dans tous les cas au-dessus toute autre relation de la vie d’une personne. Cela n’a pas de sens pour moi de dessiner une ligne arbitraire dans le sable et d’annoncer que si tu aimes quelqu’un « autant », alors c’est de l’amitié, mais si tu aimes quelqu’un « autant », c’est de « l’amour romantique » (et, par défaut, du sexe).

Je suis anarel parce que je pense que l’idée d’avoir une vie débordante d’amour réel et d’intimité réelle, une vie dans laquelle où que tu ailles tu as au moins une personne à aimer et qui te soutient et qui te donne ce dont tu as besoin, est belle. Je suis anarel parce que bien que je n’aime pas beaucoup de gens, ma tendance naturelle est d’aimer chaque personne que j’aime avec passion, de vouloir de l’intimité physique/sensuelle avec elleux tous·tes, de vouloir passer un temps qualitatif particulier avec elleux tous·tes, de connaitre de la vulnérabilité émotionnelle avec elleux tous·tes. Pas juste une personne qui se tient dans le rôle culturellement défini de « partenaire romantique ». Je suis anarel parce que la hiérarchie relationnelle romantique fondée sur le sexe est profondément offensante pour moi en tant que célibataire asexuel·le qui recherche et valorise par dessus tout les amitiés passionnées, et parce que la monogamie conventionnelle – avec ou sans sexe – semble très limitée, restreinte et étouffante pour moi d’un point de vue émotionnel. Je veux être libre, je veux aimer librement, et je veux être capable de suivre mes impulsions naturelles dans toutes mes relations personnelles, pas juste dans une relation spéciale. Je suis anarel parce que j’aime me donner mes propres règles, plutôt que de suivre celles d’autrui ou celle de la société normative. Je veux que l’amour soit abondant dans ma vie, et je veux aimer autant que je peux, autant de personnes que je peux, aussi librement que je peux. L’anarchie relationnelle est le seul mode de vie qui m’offre cette liberté et cette abondance.

[1]NDLT : nous avons choisi de ne pas traduire littéralement "un acte sexuel génital effectif" mais plutôt "un acte sexuel effectif" dans l'idée qu'un comportement sexuel n'est pas nécessairement génital.

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Discussion : [Texte] Faire ses déclarations d’intérêt, d'Alex Léo Maxence oct 2020

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artichaut

le jeudi 29 octobre 2020 à 16h39

Texte de Alex Léo Maxence dispo sur facebook uniquement.

Une personne que vous connaissez peu vous fait envie ? Faites votre déclaration d’intérêt !

L’idée serait de décider, de préférence quand nous commençons à faire connaissance avec une personne, d’exprimer que nous vivons de l’intérêt (à préciser comme attirance ou affection, d’un certain type et d’une certaine intensité) envers cette personne. La pratique existe déjà : parfois nous avons le courage de le faire tôt, parfois nous mettons beaucoup de temps à le faire ; et parfois nous n’osons jamais le faire.
Des personnes expriment spontanément, dans le cours d’un échange, ce qui leur suscite de l’intérêt pour une personne. Cette expression spontanée prend souvent la forme d’une plaisanterie ou d’un propos léger ; ça peut prendre aussi une forme maladroite et malaisante, voire alimenter une forme de harcèlement. Il est des formulations plaisantes heureuses : le message est alors compris, sans prendre un aspect solennel. Je remarque cependant que la forme plaisante et légère requiert d’une part une certaine habileté en la matière, et d’autre part, peut donner l’impression que le contenu est de peu d’importance − alors que l’intérêt qui est vécu par la personne qui veut l’exprimer est justement vécu comme important.
C’est là que je vois un avantage à formaliser l’expression de ce qui suscite de l’intérêt : s’offrir la possibilité d’être pleinement entendu sur cela.

La trame pour cette formalisation m’est venue du champ politique : une personne déclare ses intérêts (liens avec des structures privées) au début d’un mandat politique ou d’une prise de poste d’expertise. Il s’agit d’une pratique automatique, pour que nous en sachions davantage sur ce qui peut influencer les décisions et actions de cette personne.
De la même manière, je vois la déclaration d’intérêt dans le champ affectivo-sexuel comme une pratique préventive en vue de clarifier notre positionnement par rapport à une personne, et donc clarifier ce qui pourrait altérer le comportement qui est attendu de nous.

Prenons un exemple : au cours de la première semaine de travail à son nouveau poste, une personne reçoit une déclaration d’intérêt d’une collaboratrice, pour clarifier la situation sachant que ces deux personnes vont être amenées à se voir régulièrement. En effet, le comportement attendu pour ces deux personnes est celle de personnes interagissant de manière peu personnelle en vue de la réalisation de tâches liées à leur poste. Idéalement, la déclaration d’intérêt lève les ambiguïtés qui pourraient surgir autrement ; par exemple autour d’un plaisir pris à rendre service à cette collaboratrice plus important qu’habituellement généré par cet acte.

La déclaration d’intérêt, en pratique

Telle que je l’imagine, la déclaration d’intérêt dans le champ affectivo-sexuel a vocation à être formalisée. Cette formalisation peut la rendre plus facile à faire et moins stressante pour les deux personnes impliquées.

La position de destinataire d’une déclaration d’intérêt est pour le moins délicate, pour de multiples raisons. Parfois, c’est parce que nous avons l’impression de devenir un objet, d’être capturé dans le théâtre de désirs vifs qui nous sont très étrangers, voire dérangeants ; parfois, parce que nous peinons à recevoir des compliments, ou que nous n’aimons pas beaucoup ce qui est présentement valorisé par une personne. Pour réduire cet inconfort, il vaut mieux en premier présenter le concept de la déclaration que nous souhaitons faire à la personne destinataire, et attendre voir comment elle le reçoit. Si la personne en fait une réception favorable, nous pouvons alors lui demander son consentement : « j’aimerais te faire une déclaration d’intérêt ; aimerais-tu l’entendre ? » Cette demande de consentement peut donner lieu à un moment de métacommunication (communication sur la manière de communiquer) pour savoir quel est le format de déclaration le plus confortable pour la personne destinataire : à l’oral, à l’écrit, plutôt court, plutôt détaillé, maintenant ou plus tard. Ce moment facultatif construit de la confiance et du lien ; il contribue à réduire le stress vécu lors de la déclaration. Enfin, d’expérience, il semble que la déclaration est d’autant plus efficace que la personne se déclarant se sent entendue par la personne destinataire. Il est donc bon de préciser, au besoin, à la personne destinataire qu’elle peut s’exprimer en détails sur comment elle reçoit cette déclaration (peur, gêne, intérêt, joie, plaisir, etc. et la manière elle s’explique ces réactions).

La déclaration d’intérêt correspond à l’intention d’exprimer tout ce qui est laissé comme tacite jusque là et qui suscite de l'intérêt. Elle est donc idéalement dépourvue de demande implicite. Elle peut être l’occasion de formuler une demande (explicite et précise) ; alors, cette demande peut servir à préciser l’intérêt suscité.

C’est parce qu’elle est censée mettre fin à ensemble d’éléments tacites jusque là qu’à mes yeux la déclaration d’intérêt gagne à être exhaustive. Pour ne pas manquer une « miette » de ce qui suscite de l'intérêt en nous pour une personne, je propose une liste des différents types de causes d'intérêt :
- une attirance (esthétique, sensuelle ou sexuelle)
- un élan affectueux (j'imagine qu'il s'accompagne souvent d'une attirance sensuelle, pour du contact affectueux)
- l'appréciation de qualités que nous percevons chez la personne
Dans toutes ces composantes, je pense que le souci de précision peut être utile ; en particulier utile, pour éviter de susciter des projections erronées et parfois effrayantes, chez la personne destinataire.
Pour l'attirance, la précision peut venir avec l'expression d'une envie satisfaisant cette attirance. Exemple : enlacer, caresser, embrasser, etc.
L'élan affectueux peut être précisé en décrivant des ressentis corporels, ou en utilisant des métaphores (« je me sens débordé d'affection pour toi »). Il peut donner lieu à une envie de surnommer la personne de manière affectueuse. C'est le moment de s'exprimer à ce sujet. ?La liste des qualités peut être enrichie de propos sur pourquoi ces qualités sont importantes pour nous.
À cela peut s'ajouter enfin des demandes : que ce soit que notre déclaration soit entendue, que la personne s'exprime par rapport à comment elle reçoit cette déclaration, ou encore une demande de pratique partagée.

*** Merci à toutes les personnes avec qui j’ai pu échanger autour de ce concept (en particulier sur le groupe Anarchie relationnelle), et qui m’ont offert assez de matière pour l’enrichir et le préciser considérablement. Cet article est donc le fruit d’une élaboration collective. ***

Alex Léo Maxence

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Discussion : [Lexique] "Metamour" et la relation avec lui/elle

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artichaut

le jeudi 29 octobre 2020 à 16h10

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Discussion : [Outil] [Texte] Guide de la co-amoureuse, du blog "Les questions décomposent"

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artichaut

le jeudi 29 octobre 2020 à 16h00

bidibidibidi
Comme cet article est laid !!!!!
J'ai même vérifié le site tellement ça ressemblait à un canulard.

Et Déclaration adoptée à adoptée à l’unanimité !


Mais ce n'est pas vraiment étonnant. C'est la même académie française qui au XVIIe siècle à oeuvré avec force pour la masculinisation de la langue française, avec exactement les même arguments : le statut de gardienne de la norme de l'Académie et la nécessité d'uniformisation de la langue fraaançaise.

Voir à ce sujet le livre historique (aussi petit que passionnant) d'Éliane Viennot : Non, le masculin ne l'emporte pas sur le féminin ! (ixe, 2014)

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Discussion : [Lexique] Pourquoi oppose-t-on "monoGAMIE" et "polyAMOUR" ?

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artichaut

le jeudi 29 octobre 2020 à 15h36

bidibidibidi
Je désigne par monoamoureuse une personne qui ne peut aimer qu'une seule personne à la fois (quelque soit son statut relationnel actuel).

Cette définition de la personne monoamoureuse ne désigne telle pas de facto le polyamoureux/la polyamoureuse comme une personne qui peut aimer +qu'une seule personne à la fois (quelque soit son statut relationnel actuel) ?

Et donc par extension, le polyamour comme la capacité à aimer +qu'une seule personne à la fois (quelque soit son statut relationnel actuel) ?


___________
Voir aussi :
- le Lexique de polyamour.info
- Monogamie(s) — définition(s) —

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Discussion : [Outil] [Texte] Guide de la co-amoureuse, du blog "Les questions décomposent"

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artichaut

le jeudi 29 octobre 2020 à 15h26

Et j'aurais envie d'en rajouter un 15ième :

15. Quoique tu fasses n'oublie pas que tu merderas souvent. C'est pas comme si on était en territoire ultra-connu et balisé. Alors prends la peine de régulièrement te le rappeler et de redire que tu peux merder, de régulièrement redemander comment ça le fait, et de chercher sinon à réparer tes merdouilles, du moins déjà à ne pas recommencer (avec la/les même personne·s ou une autre).

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