Polyamour.info



Les messages appartiennent à leurs auteurs. Nous n'en sommes pas responsables.

Merci de consulter notre charte de discussion pour connaître les règles qui régissent les conversations sur ce site.

Revalorisons l'amitié, les amitiés, le lien dit amical.

Politique
#
Profil

artichaut

le lundi 06 janvier 2025 à 15h05

Je propose de recenser sur cette page ce qui se dit, se pense, se vit sur le thème de l'amitié. Et de pouvoir, ensemble, discuter de ce thème, de ce mode relationnel.

Car ce concept, connu de tous et toutes, me semble être une version assez pertinente de ce que pourrait être le 'polyamour' s'il était vécu autrement.

Où la question de partager de l'amour-amoureux et/ou du sexe, devient subsidaire par rapport à ce qui nous lie vraiment, à ce que nous souhaitons construire ensemble.

J'entends par amitié, une relation intime et affective forte, non-exclusive et compersive. Sans qu'il y ai relation amoureuse+sexuelle entre les protagonistes (ou a minima, que ce n'est pas ce qui prime, pas ce qui définit la relation). Tout le reste est possible. L'amitié peut être vu au sens large et pluriel. Bienvenues donc aux amitiés plurielles (même si c'est potentiellement déjà inclut dans le concept de base).

Et bienvenues à vos définitions également (plutôt dans le fil en lien).

#
Profil

artichaut

le lundi 06 janvier 2025 à 15h06

#
Profil

artichaut

le lundi 06 janvier 2025 à 15h06

#
Profil

artichaut

le lundi 06 janvier 2025 à 15h06

Quelques liens thématiques ailleurs sur le web :

Vidéos
- L’amitié : un outil révolutionnaire largement sous-estimé (Blast, avec Alice Raybaud, 2024)

Podcast
- Anatomie d’une dispute par Johanna Cincinatis Abramowicz (Binge audio, Le coeur sur la table, 2025) : récit d'une rupture amicale et réflexions politique sur les conflits, ou comment apprendre à bien se disputer ?

#
Profil

artichaut

le mardi 07 janvier 2025 à 15h07

Ce qui m'intéresse aussi dans l'amitié c'est ce que en négatif la norme définit par la friend zone.

Ce besoin de définir une zone, et de la stigmatiser comme négative.

Pour moi la 'friend zone' c'est la vie !
C'est le consentement avant toute chose.
C'est devenir complice (ami·e·s), prendre le temps de se connaître, de rencontrer nos défauts respectifs, de se raconter nos traumas… avant d'envisager quoique ce soit d'hyper impliquant (sexe, vacances, projets, etc)

Et que cette rencontre, cette 'friend zone' soit le but. …et non pas le sexe, le couple, le mariage, ou je ne sais quoi.

Replacer l'ordre des priorités.
Qu'est-ce qui compte avant tout pour nous dans une relation ?

*
Par exemple, perso, j'aime le sexe, mais ce n'est vraiment pas le plus important.
Je préfère de l'amitié sans sexe, que du sexe sans amour-amitié.

C'est comme un bon repas. J'aime le salé (l'amitié) avant tout. S'il y a du dessert (du sexe) tant mieux, parfois c'est bien (mais parfois c'est décevant aussi), s'il n'y en a pas ce n'est pas du tout grave.

À la créperie je reprends une deuxième crèpe salée, plutôt qu'une sucrée.
On est pas tous et toutes fait du même bois.

*
J'avais bien aimé le titre de ce livre J'aime le sexe mais je préfère la pizza (clic).
Mais j'ai pas aimé le livre.

#
Profil

artichaut

le vendredi 10 janvier 2025 à 13h52

J'ai envie de ramener ici quelque chose que @Alabama à dit sur un autre fil :

Alabama
Je suis ok de m'engager à certaines choses en "amitié" que beaucoup de gens réservent au couple (ex: prévenir de mes dates de vacances, échanger des nouvelles régulièrement, discuter des modalités de relation...)

Voilà quelque chose de très important pour moi. En amitié, je fait de la meta-relation : j'aime discuter des modalités de la relation, nommer ce qui se vit, mettre des mots sur les choses, être explicite, discuter de nos besoins dans la relation, se parler de nos jalousies (ne pas faire comme si ça n'existait pas en amitié), etc.

J'aime aussi que la relation soit incarnée, ne soit pas une relation_sans_corps. Qu'il puisse y avoir du tactile, de la tendresse, idéalement de la co-nudité (et même pourquoi pas de la sensualité ou du sexe, parfois). Des co-dodos aussi, pourquoi pas.

Bref dans revaloriser l'amitié, il y a aussi cela : venir y mettre des choses, que par habitude (ou norme sociale) on réserve au couple.

#
Profil

MPB

le vendredi 10 janvier 2025 à 14h27

@artichaut : je suis complètement d'accord avec toi et @Alabama. Mais du coup, je formulerais presque ça autrement : je ne sais pas s'il s'agit de revaloriser l'amitié, ou de carrément désacraliser l'idée du couple et de ses privilèges. Ça revient quasiment au même j'imagine, mais moi je pense que c'est ça qui m'a mise dedans : ce qu'on nous présente comme LE Graal, LA relation ultime qu'on ne trouve QUE dans cette relation amoureuse exclusive, avec LA bonne personne qui agit exactement tout le temps comme on l'attendait, et où TOUT devrait être beau et rose tout le temps, sinon c'est sûrement du temps perdu.
Pour le reste, oui, carrément partager tout ça dans une relation dite amicale !

#
Profil

artichaut

le vendredi 10 janvier 2025 à 15h40

En soi, oui, je suis archi d'accord avec toi @MPB, il faut d'abord tuer le Goliath. Car c'est ça qui nous à tous et toutes mises dedans.

Mais ces temps-ci j'en ai marre de tuer le Goliath, marre de tout définir en négatif (la non-exclusivité, la non-monogamie, le non-capitalisme).

J'ai envie d'inventer, de réinventer, d'autres possibles désirables… positivement
et accesibles tout de suite, ici et maintenant (sans attendre ni grand soir, ni paradis)
et qui ne soient pas accesible qu'à une élite, un milieu élististe de personnes capables de se déconstruire.
Alors j'ai envie de me ré-emparer de mots simples et que tout le monde connaît, et de décaler un peu, d'élargir (comme nos zones de confort) son champ d'application.

*
Je ne suis plus polyamoureux, j'ai des ami·e·s. Des ami·e·s intimes, des amitiés importantes. Et ce qu'on fait éventuellement de nos sexes ne regardent que nous. Ce n'est plus un sujet.
Le sujet c'est ce qu'on fait de nos vies affectives. De nos affects. De nos vies au sens large.

#
Profil

chrisclau

le samedi 11 janvier 2025 à 16h00

Bonjour. L'amitié, de mon avis, sentiment noble, à condition de savoir aussi se montrer sincère et fidèle à cette esprit d'amitié, l'amitié, une vue d'esprit, une philosophy permetant l'équilibre relationnel, le savoir vire ensemble, l'esprit d'équipe, le partage, des liens affectifs, de la solidarité, savoir l'empathie, que sais je. Toutefois, faire aussi attention au fait de personnes malintentionnées, qui pour obtenir leurs milles volontés de tanter d'aveugler pour manipuler les personnes en usant de possible crédulité des personnes cherchant l'amitié, des relations amicales, un peu comme les personnes croyant ferme, et cherchant le grand amour, rêvant du grand amour, celui avec un grand "A", soit, au grand romantisme, ou amour dit à eau de rose, des personnes buvant tous baux discours , d'histoire de belles princesses et grand , beau chevaliers sur cheval blanc,..., enfin, dans le genre. Savoir être prudent, avoir à l'esprit que les contes, les histoires de grands cœurs, ok, mais laisser aussi pieds sur terre le plus que cela peut être du possible, si et quand nécessaire. C'est de mon sentiment, ma vision des choses quand à l'amitié, les relation amicales.

#
Profil

Alabama

le samedi 11 janvier 2025 à 17h49

MPB
Mais du coup, je formulerais presque ça autrement : je ne sais pas s'il s'agit de revaloriser l'amitié, ou de carrément désacraliser l'idée du couple et de ses privilèges.

Je pense que me concernant, je n'ai jamais sacralisé l'idée du couple. L'amitié a toujours été très importante, et j'ai plutôt souffert du fait que mes amies plaçaient le couple au-dessus de l'amitié : j'ai plusieurs fois perdu de vue des amies une fois qu'elles se mettaient en couple.

Mais je pense qu'effectivement, valoriser l'amitié passe peut-être d'abord par démettre le couple de son piédestal.

artichaut
Et ce qu'on fait éventuellement de nos sexes ne regardent que nous. Ce n'est plus un sujet.
Le sujet c'est ce qu'on fait de nos vies affectives. De nos affects. De nos vies au sens large.

Quelque chose me gêne là-dedans. Je ne sais pas quoi exactement. Peut-être parce que ça fait comme si partager du sexe ne changeait rien, comme si il était possible de s'extraire de la culture qui nous entoure, qui en fait à la fois un tabou et un échange d'intimité particulier, sans parler même des violences de genre qui sont particulièrement présentes dans la sexualité et qui la rendent tout sauf banale. La phrase "l'intime est politique" me vient, dans le sens que peut-être que non, ce que vous faites de vos sexes ne regardent pas tout à fait que vous.

Ça me donne l'impression que tu dis "nous sommes au-delà de tout ça". Et de la même manière que je ne crois pas qu'on puisse être au-delà du genre dans une société genrée, on ne peut pas vraiment être au-delà des définitions du couple amoureux et de l'amitié dans une société qui les sépare et les hiérarchise. Alors, peut-être que ce n'est pas tout à fait ça que tu dis, et que j'interprète. Mais en tous cas j'aime bien être vigilante, dans le chemin de déconstruction, à comment les normes nous agissent même quand on essaie de les dépasser.

artichaut
Mais ces temps-ci j'en ai marre de tuer le Goliath, marre de tout définir en négatif (la non-exclusivité, la non-monogamie, le non-capitalisme).

J'ai envie d'inventer, de réinventer, d'autres possibles désirables… positivement
et accesibles tout de suite, ici et maintenant (sans attendre ni grand soir, ni paradis)
et qui ne soient pas accesible qu'à une élite, un milieu élististe de personnes capables de se déconstruire.
Alors j'ai envie de me ré-emparer de mots simples et que tout le monde connaît, et de décaler un peu, d'élargir (comme nos zones de confort) son champ d'application.

Ça me parle aussi. Ce n'est pas facile de définir les choses en positif car finalement, on essaie de défaire certains automatismes, et on se retrouve forcément à utiliser comme base ces automatismes, pour créer autre chose.

Pour ma part, je n'ai pas toujours vécu de l'amitié dans mes relations amoureuses. J'y ai réfléchi en relisant les messages de cette discussion. Je me suis demandé est-ce que d'une certaine façon je ne m'étais pas "trompée" en ayant des relations amoureuses avec des personnes que je n'aurais pas vraiment accepté comme amis.

Et ce qui m'est venu, c'est que la relation amoureuse, à la différence de mes amitiés, m'a permis de voir le monde à travers les yeux de personnes qui avaient peu de choses en commun avec moi, voire même des valeurs pas du tout raccord avec les miennes. On dit souvent que pour qu'une relation amoureuse "fonctionne", il faut des valeurs en commun. Et souvent, l'amitié se base sur ces valeurs communes. Si on omet l'idée de "fonctionner" mais qu'on parle simplement d'expérience, de vivre ce qu'il y a à vivre, alors l'amour amoureux m'a ouvert l'esprit, m'a amenée à me questionner sur des sujets que je n'aurais peut-être pas abordés sinon, ou en tous cas pas du tout de la même manière.

L'amitié est le lieu pour moi souvent, de la sécurité, du bien-être, du confort, de la confrontation parfois, de l'intimité, de la profondeur et du non-jugement.
C'est super chouette, et à la fois, l'amitié est rarement venue percuter mes habitudes ou mes évidences comme l'a fait l'amour amoureux. Je ne suis peut-être pas sur le bon fil pour parler de ça je ne sais pas trop, mais j'avais envie quand même de le mettre là car c'est en réfléchissant à l'amitié que j'y ai pensé.

Message modifié par son auteur il y a 8 mois.

#
Profil

Tiao88

le lundi 13 janvier 2025 à 16h22

Bonjour,

Ben à part la notion de NRE (qui donc, comme la passion ne dure jamais toute une vie dans une relation sentimentale), qu'est ce qui différencie une relation amicale d'une relation sentimentale/amoureuse? Où se situe la limite? J'allais dire surtout s'il y a du sexe mais étant donné que certaines relations amoureuses sont ou deviennent platoniques... Ce dernier "critère" n'en est pas toujours un... Le fait d'habiter ou d'avoir habité ensemble? D'avoir eu des enfants ensemble? (cf les amis qui décident de faire du coparentage sans être en relation dite de couple)

-> D'ailleurs quid de l'expression "coup de foudre amical"?

-> Quid de la jalousie envers des personnes amies de nos ami.e.s ?

Pour moi, mon amoureux (on a démarré notre relation amoureuse sous l'égide couple et plutôt classique donc je préfère l'appeler ainsi) c'est aussi mon ami (et je sais pour en avoir discuté que c'est réciproque). Et je sais que ses amis sont importants dans sa vie même si ils ont pas forcément l'occasion de se voir toutes les semaines (et que l'amoureux a un côté un peu casanier). Tout comme les miens aussi (même si je ne les vois pas aussi souvent que je ne le voudrais).

Et oui on sacralise un peu trop le couple, la place qu'on lui réserve dans nos vies et certainement aussi les exigences qu'on y met (proportionnellement au temps et l'énergie qu'on y consacre?) . Enfin, c'est l'impression que j'en ai.
-> J'ai aussi fait l'expérience d'amies qui se sont éloignées suite à leur mise en couple :( Et ce, même après la NRE (temps non seulement de qualité mais aussi en quantité réservée à cette relation).

Et comme dit plus haut, moi aussi je préfère nettement une relation affective/amicale sans sexe que du sexe sans affection/amitié. Pour moi ça serait comme manger des pâtes cuites à l'eau... Sans huile/beurre/épices/légumes/viande/sauce etc...

-> Pour ce qui est du partage du sexe, je pense que ça créée de l'attachement (en tout cas chez moi). Pour autant, je ne vais pas d'un coup me mettre à vouloir habiter avec la personne, ne plus vouloir qu'elle dans ma vie (escalator relationnel etc) . Mais je risque de vouloir un "lien un peu privilégié", en tout cas pendant un temps. Et j'ai peur d'avoir du mal dans la durée à voir d'autres personnes lui tourner autour (en tout cas sous mon nez), même si je ne dirai pas grand chose.

Je dois avouer que pendant des années j'ai voulu être en couple et envié les personnes qui sortaient ensemble... Avec beaucoup d'idéalisation certainement... Idéal du conjoint charmant sur sa licorne qui pète des paillettes... Si je n'avais pas mon amoureux dans ma vie, je ne sais pas si aujourd'hui j'en serais aux questionnements sur le qu'est ce qu'être ensemble veut dire et les frontières amour-amoureux et amour-amical. Ou peut-être que si mais je me pose la question.

#
Profil

Tiao88

le mardi 14 janvier 2025 à 22h41

artichaut
En soi, oui, je suis archi d'accord avec toi @MPB, il faut d'abord tuer le Goliath. Car c'est ça qui nous à tous et toutes mises dedans.

Mais ces temps-ci j'en ai marre de tuer le Goliath, marre de tout définir en négatif (la non-exclusivité, la non-monogamie, le non-capitalisme).

J'ai envie d'inventer, de réinventer, d'autres possibles désirables… positivement
et accesibles tout de suite, ici et maintenant (sans attendre ni grand soir, ni paradis)
et qui ne soient pas accesible qu'à une élite, un milieu élististe de personnes capables de se déconstruire.
Alors j'ai envie de me ré-emparer de mots simples et que tout le monde connaît, et de décaler un peu, d'élargir (comme nos zones de confort) son champ d'application.

-> pourquoi pas "amours alternatives", plutôt que "non" ou "poly" quelque chose? :) Mais ça fait peut-être un peu trop prétentieux. Ou parler de sa vie affectueuse ou affective? Bromance ou Soromance? Ou Adelphimance? Il n'y a que le terme Bromance existant vraiment à ma connaissance, les deux autres sont plus des suggestions néologiques mais qu'en pensez-vous?

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bromance

Mais... Une question demeure, comment faire en sorte que ces "adelphimances" ne soient pas réservés qu'à des microcosmes "déconstruits"?:-(

#
Profil

artichaut

le lundi 20 janvier 2025 à 23h44

Alabama

artichaut
Et ce qu'on fait éventuellement de nos sexes ne regardent que nous. Ce n'est plus un sujet.
Le sujet c'est ce qu'on fait de nos vies affectives. De nos affects. De nos vies au sens large.

Quelque chose me gêne là-dedans. Je ne sais pas quoi exactement. Peut-être parce que ça fait comme si partager du sexe ne changeait rien, comme si il était possible de s'extraire de la culture qui nous entoure, qui en fait à la fois un tabou et un échange d'intimité particulier, sans parler même des violences de genre qui sont particulièrement présentes dans la sexualité et qui la rendent tout sauf banale. La phrase "l'intime est politique" me vient, dans le sens que peut-être que non, ce que vous faites de vos sexes ne regardent pas tout à fait que vous.

Ça me donne l'impression que tu dis "nous sommes au-delà de tout ça". Et de la même manière que je ne crois pas qu'on puisse être au-delà du genre dans une société genrée, on ne peut pas vraiment être au-delà des définitions du couple amoureux et de l'amitié dans une société qui les sépare et les hiérarchise. Alors, peut-être que ce n'est pas tout à fait ça que tu dis, et que j'interprète. Mais en tous cas j'aime bien être vigilante, dans le chemin de déconstruction, à comment les normes nous agissent même quand on essaie de les dépasser.

En écrivant ce passage je me suis bien dit que je risquait d'être mal compris, ou qu'on me réponde quelque chose de cette sorte.
Il ne s'agit pas de renier que le privé est politique. Il ne s'agit pas de cacher, de mettre sous silence, et d'autoriser ainsi des espaces hors du monde, où "la magie de l'intime" serait seule loi.
Ce n'est pas moi qui dirai ici, qu'il n'est pas nécessaire, primordial de raconter ce qui se vit dans nos couches. Bien sûr qu'il y a besoin de raconter, qu'il y a besoin de créer des espaces de libération de la parole, qu'il y a besoin de créer des solidarités, qu'il y a besoin de rester vigilantes, etc.
Ce n'est pas de ça dont je parle.

Ce que je veut dire c'est que ça n'a pas non plus à être un sujet publique. (le politique n'est pas nécessairement le publique, il est même à mon sens plus souvent dévoyé par le publique, et à plutôt besoin de collectifs pour se déployer).
Ce que je veux dire c'est que personne n'a à exiger de nous que l'on déballe notre carte d'identité sexuelle.

Ma réserve à ça, à la limite, c'est que dans des groupes, dans des collectifs, j'aime connaître les liens entre les personnes présentes, j'aime une certaine transparence sur le sujet, car de fait ça vient jouer des trucs de pouvoir au sein du groupe, au sein du collectif. Mais c'est un cas particulier de gens qui ont des choses à vivre ensemble.

En revanche je n'ai pas à déballer obligatoirement ma vie intime à mon voisin, mon boucher, mon conseiller pôle emploi, ma famille, etc.
Et qu'il y ai 'du sexe' au non entre moi et mes ami·e·s ne regarde que moi et les personnes à qui j'ai envie/besoin de le raconter, et les personnes à qui mes partenaires ont envie/besoin de le raconter.
J'estime n'avoir aucun droit de regard sur à qui mes partenaires racontent. Mais j'estime avoir aussi, moi-même, le droit de taire ou raconter à qui je veux.

Voilà, j'espère que c'est plus clair.

Le privé est politique, mais n'a pas à être publique.

Cette nuance me semble importante. Sans quoi on s'emmêle les pinceaux et on ne sort jamais des catégories normées.

#
Profil

artichaut

le mardi 21 janvier 2025 à 00h04

Alabama
Et ce qui m'est venu, c'est que la relation amoureuse, à la différence de mes amitiés, m'a permis de voir le monde à travers les yeux de personnes qui avaient peu de choses en commun avec moi, voire même des valeurs pas du tout raccord avec les miennes. On dit souvent que pour qu'une relation amoureuse "fonctionne", il faut des valeurs en commun. Et souvent, l'amitié se base sur ces valeurs communes. Si on omet l'idée de "fonctionner" mais qu'on parle simplement d'expérience, de vivre ce qu'il y a à vivre, alors l'amour amoureux m'a ouvert l'esprit, m'a amenée à me questionner sur des sujets que je n'aurais peut-être pas abordés sinon, ou en tous cas pas du tout de la même manière.

J'aurais plutôt dis ça de la sexualité que de l'amour-amoureux. Ou même d'autres catégories d'activités, plutôt que d'affects, de prime abord.

Tu parle d'expériences à vivre.
Et à ce titre, la sexualité, un cours d'escalade, un voyage, …me semble aller dans le même sens que ce que tu décrit (à condition de s'y mettre suffisamment en jeu bien sûr).

L'amitié qui procède de la sécurité affective, et peut-être en effet de la ressemblance, des valeurs communes, m'a tout de même beaucoup questionné/transformé. Mais peut-être d'une autre manière en effet.

L'amitié serait une zone de confort à élargir, là où la sexualité serait une zone d'expérience (ni forcément confortable, ni forcément sécure), voire parfois une zone d'inconfort à expérimenter.
Quant à l'amour-amoureux, quelque part entre les deux, peut-être. Selon comment on y tombe, on s'y jette, on s'y fracasse, ou l'on s'y promène.

#
Profil

artichaut

le mardi 21 janvier 2025 à 00h10

Tiao88
-> J'ai aussi fait l'expérience d'amies qui se sont éloignées suite à leur mise en couple :( Et ce, même après la NRE (temps non seulement de qualité mais aussi en quantité réservée à cette relation).

(c'est moi, artichaut, qui souligne)

Voilà c'est ça. Je voudrais dé-réserver le couple de ses privilèges (non seulement de qualité mais aussi en quantité).

Mais sans forcément piquer au couple et à l'amour-amoureux les injonctions qui vont généralement avec (régularité, quotidienneté, fusionnalité, présence dans le distanciel, etc).

#
Profil

artichaut

le mardi 21 janvier 2025 à 00h20

Tiao88
-> pourquoi pas "amours alternatives", plutôt que "non" ou "poly" quelque chose? :) Mais ça fait peut-être un peu trop prétentieux. Ou parler de sa vie affectueuse ou affective? Bromance ou Soromance? Ou Adelphimance? Il n'y a que le terme Bromance existant vraiment à ma connaissance, les deux autres sont plus des suggestions néologiques mais qu'en pensez-vous?

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bromance

Mais... Une question demeure, comment faire en sorte que ces "adelphimances" ne soient pas réservés qu'à des microcosmes "déconstruits"?:-(

Alors là, pour le coup @Tiao88, non je ne te suis pas.

Au contraire la force de l'amitié c'est que c'est un terme que tout le monde connaît, que tout le monde comprend, et qui pour moi, contient déjà tout ce dont on a besoin.

L'humilité, aussi bien que l'immense champ des possibles.

#
Profil

Alabama

le mercredi 22 janvier 2025 à 15h46

Alabama
Et ce qui m'est venu, c'est que la relation amoureuse, à la différence de mes amitiés, m'a permis de voir le monde à travers les yeux de personnes qui avaient peu de choses en commun avec moi, voire même des valeurs pas du tout raccord avec les miennes. On dit souvent que pour qu'une relation amoureuse "fonctionne", il faut des valeurs en commun. Et souvent, l'amitié se base sur ces valeurs communes. Si on omet l'idée de "fonctionner" mais qu'on parle simplement d'expérience, de vivre ce qu'il y a à vivre, alors l'amour amoureux m'a ouvert l'esprit, m'a amenée à me questionner sur des sujets que je n'aurais peut-être pas abordés sinon, ou en tous cas pas du tout de la même manière.

artichaut
J'aurais plutôt dis ça de la sexualité que de l'amour-amoureux. Ou même d'autres catégories d'activités, plutôt que d'affects, de prime abord.

Tu parle d'expériences à vivre.
Et à ce titre, la sexualité, un cours d'escalade, un voyage, …me semble aller dans le même sens que ce que tu décrit (à condition de s'y mettre suffisamment en jeu bien sûr).

Alors sur ce coup-là non pas du tout.
Je ne parle pas de sexualité dans ce que j'exprime.
J'ai pu être amoureuse de personnes ayant un rapport au monde totalement différent du mien, voire même opposé. Je n'aurais jamais pu être amie avec ces personnes sans ce sentiment amoureux. Et c'est grâce à ce sentiment que j'ai pu avoir l'amour nécessaire, l'ouverture d'esprit, la curiosité intense de comprendre leur manière de voir le monde. Je pense à la religion et à une certaine façon de vivre la religion qui m'est totalement étrangère (enfer/paradis, Dieu punitif), à des cultures totalement différentes de celle dans laquelle j'ai grandi.
C'est vraiment le sentiment amoureux qui m'a permis de ne pas rester sur le pas de la porte.

C'est à la fois un piège : je me suis retrouvée dans des relations très compliquées et souffrantes, et une richesse : j'ai énormément appris et ça m'a ouvert l'esprit, j'ai pu comprendre certaines choses "presque" de l'intérieur, à travers le regard de l'autre.

Je ne dis pas qu'on ne peut pas avoir accès à cela sans le sentiment amoureux, je dis simplement que moi, c'est de cette manière que j'y ai accédé, car j'aspire à des relations amicales beaucoup plus apaisées que ce que j'ai pu vivre dans certaines relations amoureuses.

#
Profil

artichaut

le mercredi 22 janvier 2025 à 16h07

Alabama
J'ai pu être amoureuse de personnes ayant un rapport au monde totalement différent du mien, voire même opposé.

Mas alors, d'où venait ce sentiment amoureux ? De quoi naît-il ?
(si ce n'est pas la sexualité qui crée ce lien intime particulier, et qu'il n'existe pas non plus dans ce que vous avez en commun)

Est-ce un attrait pour la différence, justement ?
Est-ce que ça te tombe dessus (comme on dit du sentiment amoureux) ?
As-tu la sensation de choisir ?

Je ne pense pas avoir jamais ressentis un tel genre d'amour.
J'ai eu parfois le sentiment de voir ça chez les autres, typiquement voir des personnes 'tomber amoureux·ses' de personnes avec une aura (que je peux généralement rattacher un capital social symbolique). La personne a quelque chose que l'on a pas, la personne est quelqu'un·e que l'on aimerait devenir.
Mais j'ai l'impression que tu parle d'autre chose, puisque tu parle de monde totalement différent. Et non pas de ton monde, en version idéalisée.

#
Profil

Alabama

le mercredi 22 janvier 2025 à 17h31

artichaut
Est-ce un attrait pour la différence, justement ?
Est-ce que ça te tombe dessus (comme on dit du sentiment amoureux) ?
As-tu la sensation de choisir ?

Un attrait pour la différence, oui, c'est une évidence. J'avais une envie d'ailleurs. D'être chamboulée dans mes croyances. Ce qui m'a aussi poussée à aller habiter dans des pays très différents de ce que je connais.

Oui ça me tombait dessus. Aucun choix là-dedans.

artichaut
La personne a quelque chose que l'on a pas, la personne est quelqu'un·e que l'on aimerait devenir.
Mais j'ai l'impression que tu parle d'autre chose, puisque tu parle de monde totalement différent. Et non pas de ton monde, en version idéalisée.

Effectivement ce n'était pas vraiment de cet ordre-là.
Je pense que je cherchais à rencontrer une part de moi à laquelle je n'avais pas accès, et que je trouvais chez ces personnes, mais ce n'était pas de l'ordre de l'aura ou du statu social. Et je pense que l'idéal que je recherchais (inconsciemment), c'est le pont entre des mondes séparés. En l'écrivant je crois sentir à quoi ça fait référence dans mon histoire notamment transgénérationnelle. Et à un niveau plus présent, une envie d'aventure. C'est une sacrée aventure émotionnelle que de rencontrer l'autre dans son altérité la plus "brute". Certains aiment le saut en parachute, moi j'ai aimé être amoureuse de gens à l'opposé de moi (sur certains points opposés, pas tous).

Aujourd'hui, je ne sais pas si je pourrais encore tomber amoureuse de cette manière. Je suppose que non, car cela a été douloureux, et à un moment donné je me suis dit stop. Mais je suis un peu nostalgique de cette capacité que j'ai eue à me lancer avec courage dans ces aventures. Aujourd'hui je choisis des aventures plus tranquilles, l'âge sans doute XD

#
Profil

artichaut

le lundi 14 juillet 2025 à 10h25

En ce moment je sens que je suis en train de questionner (voire de remettre en cause) l'élection affective (ce que Goethe appelle les affinités électives, si l'on veut) c'est à dire le fait de se choisir, et d'en faire une relation spécifique, élective.

Les personnes qui ont l'habitude de me lire ici, ne seront pas supris·es que je critique l'amour amoureux, mais en ce moment je sens que c'est quelque chose d'encore plus vaste qui se joue pour moi. Et je sens que même se choisir entre ami·e·s — alors que pourtant j'ai initié ce fil "Revalorisons l'amitié" — c'est presque trop, c'est presque faux pour moi, ou c'est …je sais pas… comme égoïste, ou à côté de la plaque, ou prétentieux, ou…

L'autre jour j'étais dans une gare, ou un train au milieu d'une foule d'anonymes. Et j'attendais ou allait voir un·e ami·e. Et je me rendais compte que ça ne faisais pas sens pour moi, d'être là au milieu d'inconnu·e·s, de ne pas interagir avec elles ou eux, et d'attendre ou d'aller quelque part pour retrouver une personne choisie, comme élue entre toutes (en tout cas hiérarchisée de fait vis à vis de toutes ces personnes présentes là autour de moi).
Ça me faisait buguer.

Je sais pourtant pourquoi cet·te ami·e me touche, pourquoi je l'aime, le plaisir qu'on a à être ensemble, etc …et je me faisait une joie de le/la retrouver. Et pour autant je ne pouvais m'empêcher d'y voir quelque chose d'égoïste, de restrictif, d'absurde.
Pourquoi exclure d'office ces autres que je ne connais pas ? Pourquoi tant de préjugés et si peu d'enthousiasme à la rencontre ?
Pourquoi élir dans ma vie tel·le plutôt que tel·le ? Lui donner ce que je refuse à d'autres. En faire un·e élu·e de mon coeur.

Je ne remet pas en cause le fait d'avoir des ami·es, mais plutôt le caractère excluant (et hiérarchique) que ça génère souvent. Comme un enfermement sur soi et un retrait du monde.
Et sans doute ça me renvoie à ce monde blanc, riche, occidental, qui se referme toujours plus sur lui même.
…et si nos amours, nos amitiés même, nos dites affinités électives, étaient un symptôme de cette stratégie d'enfermement ?

Répondre

Chercher dans cette discussion

Autres discussions sur ce thème :