Normes ....
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jullien
le jeudi 02 février 2012 à 10h49
Encore une surprise !
Après quelques semaines de PA, moi qui me vis plutôt comme un libertaire, je me rends compte avec stupeur et tremblements ( à force d'introspecter les raisons, toutes mauvaises, de ma jalousie ) que j'ai du mal à me penser dans un chemin "hors normes".
Non pas que je n'en ai pas envie, au contraire, plus je lis, plus j'y pense, plus j'ai l'impression
Que les formes poly-amoureuses peuvent êtres magnifiques, proposent des modèles politico-amoureux vraiment intéressants. Non, c'est juste que je prends la mesure du poids de la norme: On la perçoit moins bien quand on est dans son flux.
Je pensais en être détaché, mais elle me pèse.
En fait, c'est le fait "d'entrer en minorité" "entrer en genre minoritaire" "entrer en idée minoritaire" Choses quotidienne pour beaucoup de gens bien sûr, de manière choisies ou non-choisies ou les deux.
Chaque idée nouvelle est minoritaire et se doit ( est obligée en fait si elle veux vivre ) de résister.
Aprendre aprendre....
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(compte clôturé)
le jeudi 02 février 2012 à 10h55
Toutes les normes ne pèsent pas le même poids je crois...
Il y en a qui sont beaucoup plus difficiles à décoller que d'autres, parce que tout simplement elles sont tellement incrustées dans le paysage qu'il est difficile d'y voir des "normes" (donc culturelles, socialement déterminées, et éventuellement dépassables ou contournables) et pas des nécessités invariantes.
Un peu comme les normes de genre : c'est bien difficile quand on découvre la chose de penser qu'il n'est pas "naturel" d'être fille ou garçon mais que ça peut se penser, se choisir, se contourner...
On grandit dans une cosiété monogame, profondément persuadée pour plein de raisons que l'amour ne peut s'écrire qu'exclusif et unique, qu'il y a des princesses et des princes qui doivent se rencontrer, s'aimer toute leur vie et ne plus jamais voir ailleurs s'ils y sont - et tout ce qui sort de ce schéma est envisagé comme un échec ou une perversion. Moi de mon point de vue ce n'est pas toi qui a du mal, c'est la société qui est malade ;-)
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jullien
le jeudi 02 février 2012 à 11h08
...J'ai toujours cette image: je marche dans un grand couloir de métro, c'est l'heure de pointe, une foule de gens pressés foncent vers moi, le couloir est rempli de gens, ils prennent toute le place, et je dois aller, seul dans cette direction, de l'autre coté. C'est comme si tacitement je n'avais pas le droit.... ( Le métro ou autre chose hein ! )
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Popol (invité)
le jeudi 02 février 2012 à 11h23
Bon, déjà je dirais que ce n’est pas une idée nouvelle, le polyamour, mais bien le fait de le vivre au grand jour, de réclamer des droits familiaux, matrimoniaux, bref, de dire clairement qu’on aimerait que ce soit admissible comme le reste par nos voisins, nos familles, la loi, etc.
Qu’on n’en fasse pas une histoire, quoi. Pour autant que ce soit bien ça qu’on veuille : je me dis parfois que comme thème de rébellion contre la société, c’est juteux pour les années à venir…
En lisant ton deuxième post, jullien, il m’est venu immédiatement à l’esprit l’image suivante : je me tourne, et je laisse le flot des gens s’écouler autour de moi, en faisant un pas en arrière vers mon but, chaque fois que j’en ai la possibilité. Mon dos est résistant, mon devant est plus fragile : pourquoi ne pas utiliser ainsi mes ressources pour aller là où je veux ? Je suis plutôt de nature confrontante, j'aime appeler un chat un chat; mais pour garder cette ligne, je n'ai aucune obligation de m'exposer plus que nécessaire.
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(compte clôturé)
le jeudi 02 février 2012 à 11h24
Tu as le droit. Tu as absolument et parfaitement le droit.
En revanche effectivement en prenant la direction contraire :
- tu te fais remarquer (donc il faut assumer le regard des autres, pas forcément toujours bienveillant)
- tu risques d'être gêné dans ta progression par ceux qui vont en sens inverse et qui font obstacle, il faut slalomer
Mais à partir du moment où tu es au clair avec toi-même, où tu sais que c'est cette direction qui est bonne pour toi et que tu as le droit de la prendre, le slalom va venir de lui-même, progressivement.
Après on a tous ici des solutions très différentes pour le même problème : choix de la discrétion, choix d'une forme de militantisme pour faire changer les mentalités, choix de ne fréquenter que les poly-friendly... Aucune n'est meilleure que les autres et parfois toutes sont bonnes à différentes étapes de la vie.
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Pinklady
le jeudi 02 février 2012 à 21h44
Je crois que l on peut supporter d'être hors norme soit qd on n'a pas d'autre choix parce que c une conviction profonde soit parce qu 'on aime profondemment le fait d'être hors norme pour exister. la demi mesure est dure à vivre je pense.
Perso, je crois ne pas avoir le choix, je sens que je meurs peu à peu qd je renie mes desirs profonds , mes convictions. Pdt des années j'ai tente d'être ds la norme et je sombrais doucement ds la depression. J'etais comme on voulais que je sois mais je n'etais pas moi. J'avoue que j'ai de plus une certaine fierte de ne pas appartenir au troupeau même si parfois je m'y cache faute d'avoir la force de tjs lutter pour mes idées.. mais je met juste le costume qq instants juste qd je sais que m'affirmer comme je suis me couterait plus d'energie que je ne tirerais de benefice.
Ceci dit il n'y a pas de honte à vouloir appartenir à la majorité surtout si cela correspond à ce que tu es. Le probleme se pose qd il faut se nier....Bon courage à toi Julien...le chemin de la decouverte de soi même n'est pas facile mais c le seul qui vaille de vivre.
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TessW (invité)
le jeudi 02 février 2012 à 23h09
Je comprends, oui pas facile d'être la personne "bizarre", "pas comme les autres" tous les jours. Bon, qui tu es n'es pas marqué sur ton visage, les gens ne savent pas tout de toi en te croisant dans le métro (heureusement) mais quand on est un peu différent, on le sait et ça peut être difficile et source de solitude... d'où les forums comme celui-là tiens.
Après ça a été dit : il y a des normes plus ou moins pesantes (pour moi les plus pesantes sont celles qui sont tellement ancrées qu'elles deviennent invisibles) et "être hors normes" ça peut être choisi ou subi...
Moi perso je suis végétarienne, pansexuelle, polyamoureuse, ... hors normes ? surement, mais encore une fois les gens n'en savent rien (et ça ne les regarde pas) et ce sont aussi des choix de vie !
Bon notre sexualité / la façon dont on envisage nos relations, c'est sûr qu'il y a une part de "subi" et d'inconscient et que c'est lourd d'être toujours considéré comme hétéro-monogame sous prétexte que c'est le mode de vie le plus courant. Mais par exemple manger des animaux c'est une norme, j'y ai dit non en en étant pleinement consciente...
Bref au fond, le regard des gens, même s'il est toujours senti/redouté/attendu, il passe après la joie que j'ai à vivre selon MES normes :) et je pense que c'est pareil pour bcp de polyamoureux non ?
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Apsophos
le vendredi 03 février 2012 à 05h01
"Bizarre" selon moi c'est un compliment.
Et les normes feraient mieux de se cantonner à leur domaine : l'industrie. C'est vrai, c'est important de savoir si cette barrette de ram va fonctionner dans mon payçay.
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Popol (invité)
le vendredi 03 février 2012 à 09h22
L'amour certifié ISO 9000... :-)
Et pourquoi pas...
En partant de critères neutres, il deviendrait peut-être évident que ce n'est
ni une affaire de fidélité
ni une affaire de genre
ni une affaire de nombre
ni une affaire d'objet/sujet à qui il est manifesté.
On partirait de quoi, comme norme?
Pour moi, d'abord, que c'est une affaire de sentiment. Ca fait œuf de Colomb, Simplicius Simplicissimus, évidence crasse, mais bon.
Et pourquoi pas, après tout.
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Junon
le samedi 04 février 2012 à 00h39
Quand on voit comment les tenants de la "norme" commentent et jugent, c'est un compliment, effectivement!
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clairobscure (invité)
le lundi 06 février 2012 à 10h30
Mettre une "norme" sur des sentiments?... Oo
On a déjà du mal à s'entendre sur les mots, alors sur les sentiments ^^
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Awen (invité)
le lundi 06 février 2012 à 15h05
Je trouve effectivement très déstabilisant de "devenir" poly parce que cela suscite des réactions de rejet y compris chez ceux qui nous sont les plus proches (parfois le compagnon/la compagne même, comme on a pu le voir lors d'autres fils, mais aussi amis, famille), ceux qui au cours du temps nous avaient acceptés tels que nous étions, éventuellement "hors normes", ceux que nous avions trouvés, parfois difficilement, et qui partageaient "nos normes"... Entre le risque d'être mis au ban par ceux-là même, et celui de se sentir en porte-à-faux (surtout sur une question qui nous touche si intimement), le "coming out" est très difficile, avec les intimes mêmes, notamment si on ne porte pas depuis très longtemps le désir de non-exclusivité... Courage !
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Apsophos
le lundi 06 février 2012 à 16h40
clairobscure
Mettre une "norme" sur des sentiments?... Oo
On a déjà du mal à s'entendre sur les mots, alors sur les sentiments ^^
C'est pourtant ce qui se fait chez "les gens normaux". Et dans la norme "amour" il y a de manière très claire la notion d'exclusivité. En d'autres termes, si cette caractéristique n'est pas présente, le produit ne peut pas prétendre au label. Si tu aimes plusieurs personnes, c'est quelque chose mais pas de l'amour.
C'est en grande partie pour ça que je n'utilise pas ce mot, même préfixé d'un "poly-".
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LuLutine
le lundi 06 février 2012 à 20h32
Awen
le "coming out" est très difficile, [...] notamment si on ne porte pas depuis très longtemps le désir de non-exclusivité...
C'est pour cela que le temps est un allié. :)
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clairobscure (invité)
le mardi 07 février 2012 à 09h51
"Et dans la norme "amour" il y a de manière très claire la notion d'exclusivité. "
...Du coup pour moi ce n'est pas une norme, c'est seulement sensé ne pas pouvoir exister: c'est une croyance mal fondée et c'est très différent du rejet de quelque chose qu'on ne VEUT pas. Mais je comprends bien ce que tu dis quand même :)
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Benjamin_75
le mardi 07 février 2012 à 12h32
Janis
[...] le slalom va venir de lui-même, progressivement.
Après on a tous ici des solutions très différentes pour le même problème : choix de la discrétion, choix d'une forme de militantisme pour faire changer les mentalités, choix de ne fréquenter que les poly-friendly... Aucune n'est meilleure que les autres et parfois toutes sont bonnes à différentes étapes de la vie.
Je suis d'accord sur le principe, mais je m'illusionne moins sur la diversité des choix, tu crois vraiment que la société telle que se configure aujourd'hui nous donne autant de possibilité de choix? moi j'en suis moins persuadé...
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coquelicot
le mardi 07 février 2012 à 15h51
Es que "les normes " existent vraiment?
Qui les a etablies?
On se reconnait hors norme quand on les accepte quand on les reconnait.
On ne vit pas hors norme ,on vit c est tout.
Qui m aime me suive ,les autres........
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(compte clôturé)
le mardi 07 février 2012 à 16h09
Benjamin_75
Je suis d'accord sur le principe, mais je m'illusionne moins sur la diversité des choix, tu crois vraiment que la société telle que se configure aujourd'hui nous donne autant de possibilité de choix ? moi j'en suis moins persuadé...
Je ne "crois" pas, j'observe ;-)
J'observe que rien que sur ce site, si tu lis les réponses apportées par les différents intervenants à cette éternelle question, tu verras qu'il n'y en a pas deux qui ont choisi exactement la même solution.
Et oui, je pense qu'au bout d'un moment, une fois qu'on a fait un certain parcours dans sa tête et dans sa vie, et qu'on est réconcilié avec ses désirs, une fois qu'on est tranquillisé sur cette histoire de "norme" et qu'on ne se voit plus comme un freak, ce qui apparaissait comme sans issue s'assouplit, et d'un coup, les choix apparaissent.
Enfin bon voilà c'est mon point de vue ET aussi mon expérience, toute petite et qui ne vaut peut-être que pour moi ?
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Apsophos
le mardi 07 février 2012 à 16h20
@claireobscure : Ce qui est bien avec le langage, c'est qu'on peut écrire un livre décrivant les ébats d'une princesse métamorphosée en sauterelle et l'intituler "traité de pâtisserie traditionnelle bretonne". Si après la lecture de ce livre je me rends dans une pâtisserie à Quimper, il y a peu de chances pour que quoi que ce soit y évoque ma princesse orthoptère.
@cougar : Les normes sociales existent vraiment. Comme leurs homologues industrielles, elles ont pour but l'interopérabilité des composants et peuvent-être plus ou moins strictes, extensibles, cohérentes, etc. Je peux créer (insistons sur ce point) un connecteur informatique "hors norme", mais je ne pourrai le connecter à rien. La question d'être "hors norme" dans l'absolu ne se pose plus dès l'instant où on interagit avec quelqu'un d'autre. La question peut se poser à propos d'une norme particulière qui nous semble insuffisante, limitative, incohérente voire oppressive, ce qui nous conduit à définir une norme plus générique, plus ou moins compatible avec la précédente, et avec celles que d'autres ont pu définir de leur coté.
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clairobscure (invité)
le mardi 07 février 2012 à 17h38
^^ je ne regarderai plus jamais un kouign-amann de la même façon !!!