Amour et amitié : différences ?
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Anarchamory
le dimanche 03 mars 2013 à 11h53
Bonjour,
Je réalise qu'en fait, la différence entre amour et amitié m'apparaît assez ténue. J'aurais tendance à penser que l'amour n'est qu'une forme d'amitié plus intense et plus complète (elle n'exclut pas la dimension sexuelle). Je me demande si ma vision des choses n'est pas liée à mon polyamour. C'est pourquoi j'aimerais avoir vos avis sur la question.
En somme, je réalise que pour moi, une très bonne amitié homme-femme entre personnes hétérosexuelles (ou amitié même sexe entre personnes homosexuelles), ce n'est autre que de l'amour — sauf, peut-être, différence d'âge profonde ou laideur caractérisée de l'un(e) ou l'autre : mais en ce dernier cas, une amitié (je ne parle pas de simple bienveillance) est-elle possible ? pour ma part, je trouve que tous mes amis sont beaux, toutes mes amies sont belles.
Et pour un polyamoureux, l'amour peut-il être autre chose ? Ce que l'on entend généralement par amour — la passion amoureuse, en fait — comporte une obsession pour un seul être et un désir de le posséder, qui m'apparaît radicalement incompatible avec le polyamour.
Par ailleurs, elle comporte une bonne dose d'incommunicabilité (on ne se dévoile pas, on se fait des "films"...), de tromperie (on n'est pas naturel, et on s'attache au paraître de l'autre plus qu'à son être), de fugacité et d'inconstance (la passion amoureuse, ça va, ça vient, ça s'en va, etc. de manière passablement erratique), d'arbitraire (on est amoureux et on cesse de l'être le plus souvent sans raison, ou alors pour des motifs tout à fait superficiels...), etc. Ça aussi ça me semble incompatible avec le polyamour, ses valeurs plus spécifiquement, fondées sur la communication, la franchise et l'honnêteté, et un certain recul critique.
En ce qui me concerne, ce qu'on nomme habituellement "amour" m'a toujours déçu, et à la réflexion, je pense que ça ne pouvait que me décevoir, que c'est décevant par nature. J'ai déjà été amoureux en ce sens là (désir d'exclusivité en moins), et ça m'a toujours fait souffrir...
Cordialement
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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(compte clôturé)
le dimanche 03 mars 2013 à 14h00
Tu connais certainement deja, et ca a deja ete envoye sur le forum, mais c'est de circonstance sur ce fil de discussion : https://www.youtube.com/watch?v=G-KiWstdPpY
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Cendre
le dimanche 03 mars 2013 à 16h31
Merci d'ouvrir mes sujet de réflexions, ça permet de me canaliser, c'est très agréable pour moi ^^
Alors MetaZet, dans ton approche, je distingue deux choses très différentes pour moi :
* la séparation entre l'amour et l'amitié qui effectivement s'estompe dans un contexte polyamoureux.
* la passion amoureuse comme décevante structurellement.
Alors oui, on est beaucoup à être d'accord là dessus (Voilà qu'en dit google) la pratique du polyamour nous amène à reconnaître ces relations ambiguë à mi-chemin entre l'amitié et l'amour, et cela m'a permis de les accepter telles quelles en moi, sans chercher à les caser du coté de l'amour ou du coté de l'amitié, et de leur faire une place là où elles se situent sans culpabiliser plus que cela.
Mais cela ne me permet pas de dire que toute amitié est forme d'amour.
Je suis persuadée qu'une très bonne amitié entre deux personnes peut elle être autre chose que de l'amour (pas besoin de rajouter un composante hétérosexuelle là dedans).
Je met de coté les relations superficielles. D'abord j'en ai très peu, et je pense qu'elle ne sont pas pertinentes ici.
Mais dans les relations intimes que j'ai pu précédemment vivre, il y en a quelques unes (deux hommes en particulier) qui étaient pour moi très clairement de l'amitié. Des personnes avec qui j'avais atteint un degré d'intimité et de confiance certain, pour leur parler très personnellement de moi, mais à qui j'ai refusé catégoriquement un quelconque rapprochement physique, alors que ma situation amoureuse de l'époque aurait pu le permettre.
Non, pour une raison que je ne m'explique absolument pas, ces hommes, que j’apprécie toujours énormément, n'ont pas fait résonner en moi la corde de l'amour.
Différence d'âge ? Peu d'affinité esthétique ? Oui, peut être que cela peut jouer. Mais j'aime pas m'en tenir là, d'une part parce que quand même vexant pour l'humaniste que je prétends être, et d'autre par parce qu'il y a dans mes autres histoires des hommes bien plus vieux, ou bien plus laid (de mon point de vue subjectif) qui ont obtenu que je cède à leurs avances, et même que j'y trouve mon plaisir...
Ce qui m'amène au deuxième point. Ma réflexion sur l'amour. La passion amoureuse, en l’occurrence.
Pourquoi est-ce que j'ai l'impression d'être une fille facile dès qu'une personne me fait vibrer ? Je me transforme en midinette, je passe des heures à rêver, à scénariser des fantasmes absurdes, à nourrir des "films" les plus saugrenus, rien que pour le plaisir de me laisser envahir par la pensée de cet être, qui ne fait pas encore partie de mes amours, mais qui s'y présente comme instance possible...
C'est sur ce site que j'ai découvert un mot qui décrit cet état : limerence.
Un état sauvage où plus grand chose n'est raisonnable ou rationnel dans mes réactions. Où je me sens intensément vivante, et humaine.
C'est pour moi ce pré-état de limerence, avant que la relation s'instaure dans une certaine réciprocité, qui différencie nettement dans ma tête l'amitié de l'amour (l'amour ne pouvant éclore que si cette attente est partagée un minimum).
Et j'aime beaucoup trop cela pour songer seulement à en être déçue.
Certes, dans la relation qui s'amorce à la suite de cela, il peut y avoir des déconvenues, mais mes plus grandes déceptions viennent de tous ceux où il ne s'est jamais rien passé d'autre au delà de cela, de réaliser que le respect des conventions sociales est sûrement la cause principale du non-développement de ces relations...
De mon point de vue, être victime de cet état d'euphorie apporté par la passion amoureuse ne nous empêche pas d'être sincère, d'avoir envie de se dévoiler, d'être intensément soi-même. Au contraire, même, le contexte polyamoureux, donne une importance à l'intégrité qui m'est indispensable à ce stade (avec l'idée que s'il y a incompatibilité majeure, autant la révéler au plus tôt, avant qu'elle ne fasse mal).
Pour la fugacité, l'inconstance et l'arbitraire, par contre, je suis d'accord, c'est pour moi des effets collatéraux difficiles à séparer de la passion amoureuse. Mais s'il ne sont pas liés à des engagements pris à la légère, ou à des omissions volontaires, ça passe plutôt bien normalement...
Quand au désir de possession, je suis bien aise d'en être généralement complètement dépourvue...
Cela n'empêche pas les amours-amitiés, ceux où la passion amoureuse s'est éteinte tellement vite que l'on a vite renoncé (j'en gardé un dans mes contacts), ni les amitiés-amoureuse : ces relations sans cet état d'excitation, que je n'osais pas approfondir faute de cette passion amoureuse, et que je vais essayer de développer maintenant, à base de tactile sans arrière pensées...
Note sémantique au passage : les mots que l'on emploient influent sur nos conceptions du monde. Hors, pour l'amour comme pour l’amitié, ou l'amour familial, nous n'avons qu'un seul verbe actif : aimer.
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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Anarchamory
le dimanche 03 mars 2013 à 23h10
Cendre,
Une petite réflexion au passage (je ferai peut-être une plus longue réponse ultérieurement... ou pas !).
Cendre
Non, pour une raison que je ne m'explique absolument pas, ces hommes, que j’apprécie toujours énormément, n'ont pas fait résonner en moi la corde de l'amour.
J'ai ma petite idée sur la question... Ces deux amis étaient-ils volontiers tactiles ou exprimaient-ils plutôt verbalement leurs sentiments ? Avaient-ils plutôt tendance à se prendre au sérieux, à être mal à l'aise, ou étaient-ils à l'aise, décomplexés, bons vivants ?
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(compte clôturé)
le lundi 04 mars 2013 à 11h30
@cendre: ce qui fait la différence pour toi entre amitié et amour, c'est le désir, ce que tu appelles "faire vibrer la corde de l'amour" est en fait faire vibrer le désir. C'est vrai que amitié+ désir= amour est une équation que j'ai souvent vécue, avec beaucoup plus de bonheur et de durée que lors de passions intenses. Ca ne veut pas dire que la passion soit décevante, le temps qu'on la vit c'est même bigrement stimulant, mais lorsqu'elle s'estompe- le propre de la poussée hormonale de la passion est d'être fugace, rarement plus de trois ans- j'avoue que je suis très heureuse de me retrouver et de retrouver le monde extérieur que la passion a tendance à gommer... Cela dit, les pluri-amours amènent à décoller les étiquettes et à ne pas se demander si ce qu'on vit avec tel ou tel est de l'amitié, amoureuse ou non, ou de la passion, ou si l'amitié sans sexe est ou non de l'amour. De plus en plus, je vis mes relations comme elles se présentent, sans me poser ces questions, et je constate qu'elles peuvent prendre des formes très diverses au fil du temps et aussi selon mon humeur. Une passion ne tombe jamais par hasard, elle arrive à un moment où on a envie de ce stimulant. Dans d'autres dispositions d'esprit, on vivrait tout autre chose avec la même personne. L'amour, finalement, n'est-ce pas ce sentiment jubilatoire qui fait qu'on est séduit par une personne, qu'on est heureuse qu'elle existe (avec nous ou avec d'autres), et qu'on ne se demande plus si on lui plaît du moment qu'elle nous plaît.
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LuLutine
le lundi 04 mars 2013 à 16h53
aimerplusieurshommes
L'amour, finalement, n'est-ce pas ce sentiment jubilatoire qui fait qu'on est séduit par une personne, qu'on est heureuse qu'elle existe (avec nous ou avec d'autres), et qu'on ne se demande plus si on lui plaît du moment qu'elle nous plaît.
(+) (+) (+) :)
Comme Françoise le dit (dans une autre partie de son message), pour ma part j'en suis de plus en plus à décoller les étiquettes.
La seule contrainte qui m'oblige à en mettre un peu, c'est le fait de vivre une relation avec un amoureux exclusif qui veut savoir quels autres amoureux je vois, et quand. Alors, si une relation franchit le stade de l'amour "physique", forcément je lui en parle (et je le préviens quand je vois la personne en question, même s'il n'y aura peut-être rien de "physique" ce jour-là, car ce n'est pas systématique !).
C'est notre accord et ne rien lui dire - même si c'est pour une fois ! - serait lui mentir.
Mais pour moi, individuellement, cela fait des mois que je n'ai plus vraiment besoin d'étiquettes...
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Anarchamory
le lundi 04 mars 2013 à 21h25
aimerplusieurshommes
Ca ne veut pas dire que la passion soit décevante, le temps qu'on la vit c'est même bigrement stimulant, mais lorsqu'elle s'estompe- le propre de la poussée hormonale de la passion est d'être fugace, rarement plus de trois ans- j'avoue que je suis très heureuse de me retrouver et de retrouver le monde extérieur que la passion a tendance à gommer...
Retrouver le monde extérieur, dis-tu. Cela laisse entendre que ce genre de passion se vit sans partage, c'est-à-dire qu'on ne peut pas être en état de limérence - pour reprendre l'expression scientifique employée par Cendre - pour plus d'une personne à la fois, qu'il y a une hyper-focalisation sur un seul être lors de tels états. C'est pourquoi cela me parait incompatible avec le polyamour.
A la réflexion, voilà comment je verrais personnellement la chose :
- La limérence est une "astuce" de l'évolution pour nous faire procréer ; en principe, elle n'a donc de sens que comme "outil" émotionnel au sein d'un couple uni par un projet parental (une relation primaire, pourrait-on dire "polyment" :) ) et si elle demeure subordonnée à cette finalité, domptée, maîtrisée, alors il n'y a pas de souci.
- Toutefois, je pense qu'on peut aussi chercher à l'intégrer à l'amitié, afin d'"améliorer" cette dernière en amitié amoureuse ou amour amical, comme on voudra (bref, des relations secondaires, pour reprendre la terminologie polyamoureuse), et là de même, si la limérence reste sous contrôle étroit de l'amitié, il n'y a pas de problème. C'est ce genre de relation que j'appelle, personnellement, "amour" et que je définissais comme de l'amitié plus intense et complète. Je pense que c'est ce mode relationnel que l'on retrouve le plus fréquemment dans le polyamour (qui serait donc, strictement parlant, plutôt de la polyamitié "améliorée" :))
- Par contre, il arrive, et c'est à mon sens dommageable, que la limérence se retrouve à l'état pur, déchaînée et indomptée, totalement dissociée de l'amitié et de l'amour conjugal. C'est malheureusement ce que la plupart des monogames appelle l'amour, et qui les conduit à enchaîner des relations exclusives destructrices les unes après les autres.
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Siestacorta
le lundi 04 mars 2013 à 22h24
Bof. Même si je tiens pas à défendre la passion ou limerence ou infatuation comme "han c'est la plus baile chause au mooooonde", la définir comme une composante néfaste au polyamour me semble pas pragmatique, au fond.
Que ce soit l'amitié ou la passion, les rapports définis bien proprement avec un cocktail précis, c'est un modèle théorique. Même si dans des bons cas qui fonctionnent bien et tout, on peut se dire "ha ben l'amitié et une dose raisonnable d'attirance, ça marche", ça ne donne pas quelque chose d'applicable à toutes les vies, toutes les époques, toutes les circonstances.
Mettons qu'une personne d'un couple installé et pas trop exclusif tombe amoureux, boum, passions, focalisation, oubli de l'autre.
Mais il ne veut pas, au fond, quitter son autre amour.
(C'est un cas qu'on lit souvent ici).
Et ça peut marcher. C'est plus difficile, mais c'est aussi une des raisons même pour lesquelles on essaie de cerner ce fameux polyamour. Parce qu'on se sent capable de ressentir les deux, qu'on sait que notre vie pourrait être riche de cet épisode autant que de ressentis plus constants.
Dans l'idéal des amitiés tendres, il n'y aurait que des relations électives, et tellement équilibrées que notre compagnon ne serait jamais effrayé de l'arrivée d'un tiers, puisqu'il sait que tout ça sera vécu bien raisonnablement, et que la comparaison des ressentis ne sera jamais brutalement différente.
Ben si, si. Ca fait un peu peur, mais ça se dépasse. Comme tout ce qui arrive de neuf dans une vie, comme tout ce qui change.
Sans la possibilité du passionnel, le polyamour ne serait pas un champs de possibles très ouvert, juste un autre chemin bien tracé. Tout ce que j'adore...
Pour moi, c'est pas l'éventualité de sentiments impérieux qui est néfaste, c'est de projeter un idéal impérieux. "Je ne veux qu'une vie de licorne perpétuellement joyeuse", c'est avoir du mal avec l'idée qu'on aura de la boue sur les sabots en automne.
Bref... on est des individus, avec plein plein de recherches, envies, sentiments... Et on est vivant, on rencontres des vivants, c'est à dire qu'on est pas censés réagir toujours de manière prédictible à des circonstances prédictibles. Trop de variables entre les gens. Spa supportable, cette humanité de gens qui fonctionnent jamais tous pareil.
On essaie d'être éthique, le polyamour a une base d'éthique, mais de là à ce que ça modélise nos affections et attirances... Ca marchera pas pour moi, en tout cas, et pourtant, comme je disais, je suis pas un grand passionné.
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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Anarchamory
le mardi 05 mars 2013 à 10h59
Siestacorta
Mettons qu'une personne d'un couple installé et pas trop exclusif tombe amoureux, boum, passions, focalisation, oubli de l'autre.
Mais il ne veut pas, au fond, quitter son autre amour.
(C'est un cas qu'on lit souvent ici).
Et ça peut marcher. C'est plus difficile, mais c'est aussi une des raisons même pour lesquelles on essaie de cerner ce fameux polyamour. Parce qu'on se sent capable de ressentir les deux, qu'on sait que notre vie pourrait être riche de cet épisode autant que de ressentis plus constants.
Tu as sans doute déjà entendu parler comme moi de ces histoires de femmes ou d'hommes qui abandonnent tout, conjoint, enfants, maison, etc. par engouement passionné pour un autre homme, une autre femme. Ca, pour moi, c'est la limérence à l'état pur,... ou alors je ne sais pas ce que c'est que la limérence !
Le simple fait que pour nous autres, polyamoureux, il y ait — en principe — ces considérations que j'ai mis en gras dans ton discours qui entrent en ligne de compte, prouve bien que la limérence s'y trouve alors pondérée par autre chose qui n'est pas elle (amitié, amour conjugal, amour parental...). Chez les polyamoureux — en principe — la limérence, lorsqu'elle existe, n'est jamais hors de tout contrôle. Je dirais que les polyamoureux peuvent être polyamoureux malgré la limérence, et non grâce à elle.
En revanche, on peut être monogame sériel (je propose le terme de "kathénogame", selon la même construction que "kathénothéiste") grâce à la limérence, et c'est même d'ailleurs souvent à cause de la limérence que les kathénogames enchaînent les relations exclusives de courte durée les unes après les autres.
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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LittleJohn
le mardi 05 mars 2013 à 11h18
Hm, ce n'est pas parce que tout le monde dit et semble croire qu'on ne peut éprouver qu'une passion / n'être amoureux (vs aimer) qu'une personne à la fois que c'est vrai.
Généraliser sur sa propre expérience, c'est limiter le champ des possibles.
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Anarchamory
le mardi 05 mars 2013 à 15h04
LittleJohn
Hm, ce n'est pas parce que tout le monde dit et semble croire qu'on ne peut éprouver qu'une passion / n'être amoureux (vs aimer) qu'une personne à la fois que c'est vrai.
Généraliser sur sa propre expérience, c'est limiter le champ des possibles.
Je ne me basais pas spécialement sur ma propre expérience, mais sur la définition de la limérence telle qu'on la trouve sur wikipédia : en.wikipedia.org/wiki/Limerence
Je dis pas qu'on ne peut pas être amoureux de plusieurs personnes à la fois (ça serait le comble vu que je me considère comme polyamoureux !), mais ça implique d'expurger / purifier la limérence de tous — ou partie de — ses aspects négatifs, destructeurs, obsessionnels, hyperfocalisés, pour ne garder que les aspects positifs, extatiques, de légèreté, d'espoir, de transport...
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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LittleJohn
le mardi 05 mars 2013 à 15h06
MetaZet
[...] ça implique d'expurger / purifier la limérence de tous — ou partie de — ses aspects négatifs [..]
Yapluka ! ^^
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Apsophos
le mardi 05 mars 2013 à 15h09
LittleJohn
Yapluka ! ^^
Pour citer une artiste merveilleuse et grande penseuse de notre temps : "l'alcool permet cela".
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Siestacorta
le mardi 05 mars 2013 à 15h15
LittleJohn
Yapluka ! ^^
La corne des licornes sert à ça.
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Anarchamory
le mardi 05 mars 2013 à 15h20
LittleJohn
Yapluka ! ^^
Eh bien justement — et là, OK, je vais parler de moi, de mon expérience — je trouve que depuis mes 16 ans, j'ai mûri ma façon d'être amoureux (heureusement !). Avant c'était de la limérence brut de décoffrage (je me suis bien retrouvé dans la définition Wikipédia), besoin d'exclusivité en moins (je pense que ça ne doit pas faire partie de ma nature, à la base). A présent, c'est plutôt de l'amitié exacerbée par un peu de limérence sous contrôle. La limérence, je dirais que c'est un peu comme le sel dans un plat : un peu rehausse le goût, beaucoup dégoûte.
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Cendre
le mardi 05 mars 2013 à 18h26
Je suis bien d'accord avec Siestacorta pour souligner que s'il y a bien un domaine où une modélisation théorique est proche de l'inutilité, c'est bien celle des relations intimes, amours comme amitiés.
Alors oui, on s'amuse (entre scientifiques, on s'amuse comme on peut !) à décortiquer le cocktail hormonal, à coller des mots savants (j'avoue, c'est moi qui ait commencé sur ce coup là), à essayer de juger ce qui serait du trop, ou du pas assez, ce qui est de l'amitié et non de l'amour, ce qui est une relation secondaire et non primaire, ce qui est raisonnable et ce qui ne l'est pas.
Mais de là à vouloir en déduire un quelconque contrôle ?
Pour moi, c'est un non sens total.
Et c'est ici, sur ce site et en café, que vous me l'avez appris.
L'humain, en relations intimes et particulièrement en amour, est sujet à des réactions irrationnelles.
Quand on reste dans le cadre normé donné par la société, on planque comme on peut ces comportements, on en a honte. Ça ne se fait pas.
Quand on fait sauter le cadre on se retrouve dans le vide avec ces réactions qui n'ont pas disparues sous prétexte que la vie est belle, que nous sommes libres et qu'on s'aimmmmeuhhh. Ou pire, sous prétexte que nous sommes des gens raisonnables adultes et responsables qui peuvent se contrôler tout de même !
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Je vais quand même répondre à la question que MetaZet m'a posée dimanche soir :
MetaZet
J'ai ma petite idée sur la question... Ces deux amis étaient-ils volontiers tactiles ou exprimaient-ils plutôt verbalement leurs sentiments ? Avaient-ils plutôt tendance à se prendre au sérieux, à être mal à l'aise, ou étaient-ils à l'aise, décomplexés, bons vivants ?
Heu, je ne vois pas du tout où tu veux en venir.
L'un était un peu tactile, l'autre pas du tout. Par contre c'était plutôt des types sérieux l'un et l'autre (mais c'est le cas de quasi toutes mes relations, j'ai jamais eu de faible pour les clown de service)
Je me souviens, très distinctement, de ma douleur de ne pas être capable de leur donner ce qu'il souhaitaient, parce que je les aimais, certes, mais pas comme ça.
Après, c'est dur, parce qu'à l'époque, autoriser un mec à me toucher, cela signifiait pour moi pouvoir envisager le trajet mono-amoureux jusqu'au bout (avec la maison et les chats... ouais... plus gnangnan, c'est dur, mais j'étais comme ça)
Mais on était bien dans l'absence totale de désir physique (de limérence ?) de ma part, et cela me bloquait pour pouvoir avancer avec eux.
(rah et désolée pour la taille du post.... je vais essayer d'apprendre à être plus concise, promis ! )
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(compte clôturé)
le mardi 05 mars 2013 à 18h30
Typiquement le genre de sujet où j'ai tellement à dire qu'en fait je vais fermer ma gueule et lire parce que ça ferait trop.
Juste que moi je tombe quasiment plus amoureuse - en revanche, depuis quelques années c'est fou, j'ai de plus en plus d'amis ;-)
Et même que parfois je couche avec <3
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Siestacorta
le mardi 05 mars 2013 à 19h20
Bon, MetaZet, à la relecture, j'use d'un peu de sarcasme, et, pifpaf sur la main, c'est pas bien.
Juste pour dire que c'est aussi un argument, que ça en dit un peu sur ce que je comprend et sur ce que je veux dire, mais que je tente de doser en fonction de la capacité d'encaissement et de suivi... De la probabilité qu'on m'accorde plus d'ouverture d'esprit que je n'en montre dans ces moments-là. Et si t'as eu l'élégance de pas relever exprès et de continuer, ben merci beaucoup.
Je veux dire que mes jugements "forumés" ne sont que cela, des échanges d'opinion avec les limites de l'écran, et que je les porte avec le parti-pris sous-entendu "l'autre n'est pas réductible à ce que j'ai compris de lui dans un échange écrit". Si je rencontre quelqu'un en vrai (que je suis pas dans un jour de scrognegnerie), je suis souvent sensible à plus de trucs, quoi.
Donc bon, je suis peut-être pas d'accord, je m'oppose à certain nombre de tes idées et "formes de raisonnement", je suis peut-être parfois un peu désagréable, mais je crois vraiment à l'intérêt de discuter, même si à la fin on est encore moins d'accord qu'au début...
Le désaccord "creusé", c'est pas de la polarisation, pour moi. Certains des arguments sur lesquels je me suis beaucoup acharné ont parfois travaillé sur la durée. Je change pas forcément complètement mon point de vue, mais ça me fait tenir compte de plus de choses.
Voilà, c'était juste un détour en faveur du désaccord conflictuel relatif assumé.
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
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Anarchamory
le mardi 05 mars 2013 à 22h48
Cendre
Je suis bien d'accord avec Siestacorta pour souligner que s'il y a bien un domaine où une modélisation théorique est proche de l'inutilité, c'est bien celle des relations intimes, amours comme amitiés.
Le fait que ça soit difficile et peut-être peu utile ne devrait pas nous décourager à essayer d'y mettre un peu d'ordre (enfin àmha). Mais peut-être que je ressens ce besoin car je suis quelqu'un de très rationaliste dans l'âme : je serais capable de marcher sur les mains, à poil avec une plume rose dans les fesses si par une démonstration rigoureuse on me prouvait que c'était ce qu'il y a de mieux pour moi ;)
Sinon, si on pousse à l'absurde, alors autant fermer ce site : c'est vrai quoi, ça sert à quoi de se modéliser comme polyamoureux vs monoamoureux, c'est proche de l'inutilité.
Cendre
Heu, je ne vois pas du tout où tu veux en venir.
L'un était un peu tactile, l'autre pas du tout. Par contre c'était plutôt des types sérieux l'un et l'autre (mais c'est le cas de quasi toutes mes relations, j'ai jamais eu de faible pour les clown de service)
Je me souviens, très distinctement, de ma douleur de ne pas être capable de leur donner ce qu'il souhaitaient, parce que je les aimais, certes, mais pas comme ça.
Après, c'est dur, parce qu'à l'époque, autoriser un mec à me toucher, cela signifiait pour moi pouvoir envisager le trajet mono-amoureux jusqu'au bout (avec la maison et les chats... ouais... plus gnangnan, c'est dur, mais j'étais comme ça)
Mais on était bien dans l'absence totale de désir physique (de limérence ?) de ma part, et cela me bloquait pour pouvoir avancer avec eux.
C'est peut-être là le meilleur argument contre le polyamour qu'il soit possible d'imaginer... Je m'explique : si on part du principe qu'une fois casé avec quelqu'un, c'est fini, tu t'en tiens à ce quelqu'un uniquement, alors toute personne qui serait amoureuse de toi et que tu éconduirais pourra toujours se dire : "ah, bah elle est déjà avec quelqu'un, c'est pour ça...". Ça ne sera pas forcément la seule raison valable, mais au moins, cette personne pourra sauver sa fierté en se disant que si tu avais été célibataire, tu aurais succombé à son charme. Tandis que quelqu'un d'apparemment "open" mais qui te rejette, ça va faire mal davantage. "Pourquoi elle sort avec Pierre, Paul, Jacques, mais pas avec moi ? C'est pô zuste !".
Il y a quand même un truc qui me chiffonne cependant. Le fait que tu n'aies pas eu de relations charnelles avec eux semble lié au fait que tu n'avais pas de désir physique, de limérence, mais pourtant, toute relation amoureuse est vouée, tôt ou tard, à voir cette limérence s'estomper jusqu'à disparaître. Or, cesse-t-on pour autant toute relation charnelle ? Par ailleurs, j'ai en tête l'exemple d'une personne de ma connaissance qui a eu une aventure charnelle avec quelqu'un en dépit d'absence de désir physique et de sentiment amoureux. Et ça me semble assez logique : on peut ne pas être attiré physiquement par quelqu'un sans que ce quelqu'un nous dégoûte pour autant, sans qu'il y ait pour autant de répulsion.
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demeter
le mercredi 06 mars 2013 à 11h56
MetaZet
Par ailleurs, j'ai en tête l'exemple d'une personne de ma connaissance qui a eu une aventure charnelle avec quelqu'un en dépit d'absence de désir physique et de sentiment amoureux. Et ça me semble assez logique : on peut ne pas être attiré physiquement par quelqu'un sans que ce quelqu'un nous dégoûte pour autant, sans qu'il y ait pour autant de répulsion.
"Ça me rappelle l’histoire de ce type qui s’était jeté dans un cactus après s’être mis tout nu ; moi aussi, je lui ai demandé pourquoi.
- Alors ?
- Il m’a dit que sur le moment, l’idée l’avait tenté."