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Rennes (France)

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Discussion : Habitat et non-monogamies

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artichaut

le dimanche 30 mars 2025 à 16h29

artichaut
Que serait un «   habitat non monogame » (c’est à dire une manière d’habiter qui remet en cause — au moins en partie — les fondements systémique de la monogamie) ?

Une nouvelle idée vient de m'apparaître.

Et si on partagait une maison, non pas dans l'espace, mais dans le temps ?

Considérant que je suis quelqu'un qui a besoin de beaucoup de solitude, et plutôt ne veut pas vivre en collectif, en tout cas pas à temps plein.

Je me suis dis :
- et si j'habitais 6 mois dans cette maison que j'habite actuellement, et 6 mois ailleurs (ou 3 mois, 3 mois, etc) et que quelqu'un d'autre venait habiter ici ?
- et si ma maison devenait aussi la maison de quelqu'un d'autre, mais à tour de rôle ?!
- et si on partageais une maison, mais sans s'imposer une co-habitation ?

Un peu comme les échanges de maison, le temps de courts séjours (vacances…) mais pensé à l'année.

Ça peut aider à régulièrement tenir sa maison rangée, et surtout à la penser fonctionnelle (pour d'autres).
Ça permet (même en location) de contrer le futile sentiment de propriété.
Ça prépare à la mort et donc à la destination de toute chose que d'être réutilisée par d'autres, mais sans attendre que la mort ou un déménagement advienne pour ça.
Ça invente d'autres façon d'être, de vivre, de partager, d'habiter, y compris pour les personnes ayant beaucoup besoin de solitude.
Ça optimise les logements, car de fait, on ne vit pas h24 chez soi.

Évidemment j'ai conscience que c'est impliquant, que tout le monde ne peut pas faire ça, que ça demande une mobilité (d'esprit et de vie), etc.
Mais exactement comme la non-monogamie, en somme.

On est tellement tellement tellement toujours dans des schémas de pensée normée. On manque tellement d'imagination…

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Discussion : Habitat et non-monogamies

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artichaut

le dimanche 30 mars 2025 à 16h17

Anecdote :

À une personne qui hier me parlait d'un projet d'habitat partagé, qui me disait devoir se projeter pour dans 10 ans, et hésitait un peu de ce fait à s'engager, j'ai sans réfléchir répondu :
- et tu ne peux pas être poly-habitat ? (sous entendu participer à ce projet de loin, et être en même temps dans d'autre projets)

Ça m'a fait repenser à ce fil de discussion.

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Discussion : Relations amoureuses et comparaisons

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artichaut

le dimanche 30 mars 2025 à 15h16

crest
on n'a pas le choix de se comparer ou pas, c'est induit dans la façon dont est codée la relation amoureuse

Je dirais même que la relation amoureuse en soi, par son caratère hiérachisant de fait induit la comparaison.

Dire qu'une relation est amoureuse, c'est lui donner un statut, non pas seulement différent, mais généralement supérieur à une autre forme relationnelle.

Donc dès qu'il y en a plusieurs elles tendent à se comparer entre elles.
La hiérarchie fabrique la comparaison (ou la comparaison fabrique la hiérarchie).

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Discussion : Relations amoureuses et comparaisons

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artichaut

le dimanche 30 mars 2025 à 15h15

Alinea7
C'est amusant je comprenais la métaphore à l'envers : tant qu'il y aura des podiums et des trophées, il y aura une mise en compétition.

Je pense que les deux sont vrais. Et s'encouragent mutuellement.

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Discussion : Monogamie et essentialisme

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artichaut

le dimanche 30 mars 2025 à 14h46

Si je prend comme exemple le cas du genre.
L'essentialisme c'est considérer que parce qu'on est homme ou femme on aurait telle ou telle façon d'être (on serait plus fort, plus intelligent, plus beau, plus intellectuel, plus ceci ou moins celà…) et que si c'est le cas c'est parce que c'est par nature et non par construction sociale. On ne peut donc pas le changer, et il nous faut l'accepter.

La sociologie en revanche étudie les spécificités (et pourquoi pas les privilèges) associés à telle ou telle catégorie sociale. Et avec la sociologie (qui s'appuit beaucoup sur la statistique) on peut par exemple constater que les mec cis ont tendance à plus couper la parole ou plus commettre d'agressions sexuelles.
Affirmer que parce qu'on est un mec cis on à très probablement déjà commis des agressions sexuelles — même sans l'avoir conscientisé — n'est pas de l'essentialisation, c'est de la statistique.
En revanche dire d'une personne qu'elle est un agresseur ou une victime, c'est potentiellement réduire la personne à sa catégorie sociale ou à certains de ses actes (qui peuvent être caractéristique de ladite catégorie). Et a minima c'est un abus de langage (qu'il soit utile ou non).

Dire que tous les mec cis sont des agresseurs, serait une généralisation, et une réduction de la personne à un trait caractéristique d'une de ses catégorie sociale.
Pourtant je pense sincèrement que la quasi totalité des mecs cis ont commis des agressions (et pour la plupart, sans en avoir encore pris conscience). Suis-je essentialiste pour autant ?
J'ai envie de penser que non, même si bien sûr, je peux me tromper (je n'ai pas de preuve de ce que j'avance), et je peux parfois sur-généraliser.

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Discussion : Monogamie et essentialisme

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artichaut

le dimanche 30 mars 2025 à 13h43

Déjà, je me rends compte qu'il y a une nuance à faire entre Mono en tant qu'identité et mono en tant qu'adjectif.

"Tout le monde est mono" (pour moi), mais certain·e·s plus que d'autres. On est plus ou moins imbibé·e de la norme, plus ou moins sujet à la monogamie réflexe.

On ne devrait donc pas qualifier quelqu'un de Mono, encore moins à sa place, mais parler de sa construction mono (plus ou moins consciente, plus ou moins assumée, plus ou moins normative).

Et je devrais donc dire : Tout le monde a une construction mono. Tout le monde a des réflexes mono. Au lieu de "Tout le monde est Mono".
(Sachant que ce "Tout le monde" est déjà une généralisation à celles et ceux qui vivent dans ce monde où le système monogame s'impose.)

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Discussion : J'ai juste besoin de partager ce moment compliqué

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artichaut

le dimanche 30 mars 2025 à 13h27

crest
Concernant le récit fait ici je m'étonne qu'on s'en tienne au fait que quelqu'un "soit" "mono" comme l'explication ultime (…) hypothèse essentialisante (des gens seraient "mono" et d'autres pas)

Avant d'éventuellement répondre contextuellement ici, j'ai déjà envie de creuser le sujet sur un plan théorique, alors je le fait sur un nouveau fil, pour ne pas surcharger celui-ci.

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Discussion : Monogamie et essentialisme

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artichaut

le dimanche 30 mars 2025 à 13h27

Je reprend ici une réflexion en forme de question posée par @crest sur un autre fil.

crest
je m'étonne qu'on s'en tienne au fait que quelqu'un "soit" "mono" comme l'explication ultime (…) hypothèse essentialisante (des gens "seraient" "mono" et d'autres pas)

Je m'interroge sur l'emploi du mot essentialisant ici.
La monogamie est-elle investie comme une essense (comme peuvent l'être par exemple les mots femme, homme… dans l'essentialisme de genre) ?

Je fais partie des gens qui pensais ou a pu dire que tout le monde est poly à la base (au même titre que tout le monde est bi, etc.) et donc notre "essence" serait plutôt pas mono selon moi.

Aujourd'hui d'ailleurs je dirais plutôt : personne n'est mono à la naissance. Tant il est vrai qu'on le devient par défaut… on est socialement construit par cette norme… avant d'éventuellement déconstruire ce shéma.
Du coup la notion d'essence me semble possiblement incorrecte ici. Ou alors comme une sorte d'essence du capitalisme en nous.

Mais je comprends ce que tu veux dire sous forme de catégorisation : est-ce qu'on n'identifie pas la personne à sa catégorie pour simplifier le discours et la pensée (au lieu de regarder ses actes et ses comportements) ?

Et en même temps, sauf à vivre en dehors de ce monde, j'ai tendance à penser que tout le monde est mono (y compris d'ailleurs celles et ceux qui prétendent ne pas ou ne plus l'être, car on vit dans ce bain-là).

Mais il s'agit là d'une donnée historico-sociologique et non d'une pensée essentialisante. Et j'ai bien peur que parler d'essentialisme à propos de catégories sociologiques, puisse être une inversion systémique d'oppression (comme parler de racisme blanc, ou de sexisme anti-hommes).
En tout cas, j'y voit un fort risque de glissement de pensée. Même si j'entends aussi la limite de la pensée sociologique, qui peut devenir totalisante si l'on perd de vue d'autres grilles de lectures possibles et surtout si l'on indentifie la personne à l'une de ses catégories sociales.

Pourquoi j'y vois un risque de glissement de pensée ?
C'est la pensée normée monogame qui me semble essentialisante en prétendant que la monogamie va de soi, que tout le monde est ou devrait être monogame, que si non est poly c'est "qu'on a pas trouvé le bon", etc.
C'est ôter la complexité sociale de la chose. Le fait qu'on a été construit monogame et qu'on peut le déconstruire. Que la monogamie est une norme parmi d'autres (dans l'espace géographique et le temps historique).

Avec la mainstrimisation du polyamour, je rencontre aussi des personnes qui débutent leur vie affective, sentimentale, amoureuse et sexuelle avec la non exclusivité, y compris parfois de manière très assumée (et non pas seulement comme une errance initiale, ou un non-choix imposé). J'ai appris à mes dépends que même ces personnes sont en réalité imbibés de réflexes monogames, et peuvent 'retourner leur veste poly' du jour au lendemain.

Du coup j'ai vraiment tendance à penser que la Monogamie, en tant que norme dominante, est essentialisante de fait. Et que traiter quelqu'un·e de mono ne l'est pas ('tout le monde est mono').
Après, que l'on simplifie à l'extrême, et que l'on puisse avoir tendance à confondre la personne avec l'une de ses catégories sociales, me semble autre chose.
Et considérer que parce que telle personne "est mono" elle va obligatoirement se comporter de telle manière, c'est oublier la complexité inhérente à chaque individu.

(Je poste déjà ça, même si je n'ai pas fini mon raisonnement, et que je sens que certaines choses ne vont pas ou qu'il manque certaines nuances importantes. Bienvenue à la contradiction.)

——
Voir aussi :
- Monogamie(s) — définition(s) —
- Les outils pour relations non-normées.

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Discussion : J'ai juste besoin de partager ce moment compliqué

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artichaut

le dimanche 30 mars 2025 à 11h51

crest
J'ai finalement déplacé mon message ici :
/discussion/-cZx-/Relations-amoureuses-et-comparai...

Comme convenu, j'y ai recopié mes messages…

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Discussion : Relations amoureuses et comparaisons

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artichaut

le dimanche 30 mars 2025 à 11h50

Que peut-on faire face à ça : la monogamie qui revient nous frapper par la porte de derrière, alors même que nous avions le sentiment de créer à plusieurs autre chose ?

Je pense que les réponses sont à la fois individuelles et collectives.

individuelles
Chacun·e est responsable de soi, de s'engager ou pas, de s'impliquer ou pas, d'accueillir ses émotions, d'assumer ses choix et les conséquences de ses choix. etc.
Choisir d'être non-monogame — quand c'est un choix — n'est pas la solution de facilité.
Aimer, c'est pour moi vouloir le bonheur de l'autre. Y compris si le bonheur de l'autre veut dire qu'il/elle cesse de relationner avec nous. Et donc ça peut aussi être accepter que l'autre (que l'on aime) se fasse pervertir par un·e mono. Avec les conséquences que ça va avoir pour nous.
Et c'est là qu'on va avoir besoin de beaucoup d'amour de soi, pour non seulement accepter ça, mais le désirer.
Comme avec nos enfants, l'amour c'est accepter de laisser partir l'autre, c'est désirer ardemment le bonheur de l'autre, tout en le laissant maître à bord du chemin de son bonheur.

collectives
D'une part on n'est pas toujours non-monogame par choix. Et l'être quand ce n'est pas un choix est encore plus difficile.
D'autre part, quelque soient nos choix, nos privilèges, nos compétences, nos traumas, etc… toujours, quand on dévie de la norme (ici la monogamie), celle-ci viendra nous mettre des bâtons dans les roues.
Sans aller jusqu'à considérer la Monogamie comme une secte, et ses missionnaires comme de dangereux manipulateurs, de fait la monogamie et ses adeptes nous font du mal.
Et face à quelque chose de systémique, les réponses individuelles ne suffisent pas.
(Et comme pour chaque sytème d'opression, je ne dit pas que chaque monogame est un·e monstre, mais qu'à travers chaque monogame se déploie la monstruosité de la Norme).
C'est pourquoi il y a besoin de tels forums, d'entraide, de solidarité, etc.
C'est pourquoi il y a besoin de réléchir/théoriser/échanger ensemble et d'inventer des parades.

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Discussion : Relations amoureuses et comparaisons

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artichaut

le dimanche 30 mars 2025 à 11h50

Déjà il y a t-il une différence entre comparer et le sentiment d'être comparé ? Est-ce qu'on se compare, car on a le sentiment d'être comparé ?

Ensuite j'aime bien la métaphore (pas si caricaturale) de l'épreuve sportive : tant qu'on vivra les relations comme des compétitions, la comparaison, les podiums, les trophées seront de rigueur.

Enfin je trouve que tu décris bien ce que tu appelle Institution (le poids de la Norme) avec ses règles, ses scripts, ses injonctions, ses mécanismes.
Pour autant il y a toujours un Je, un Moi, au prise avec cette institution, qui peut choisir (d'essayer) de vivre autrement.
Puisqu'on est dans des dynamiques relationnelles, certes ça ne dépend pas que de nous, et lorsqu'on est en dynamique non-exclusive, le danger, vient même des tiers (lorsque ceux-ci sont capables de retourner la personne avec qui nous étions en relation, que nous pensions sincérement non-monogame, et qui d'un coup se fait mettre le grapin dessus, le grapin de la norme, et de ses promesses).

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Discussion : Filmographie thématique : Films sur l'amitié

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artichaut

le dimanche 30 mars 2025 à 04h54

Allez, j'ajoute ici des films (non cités ci-dessus) quand j'en rencontre :

Voleuses de Mélanie Laurent, 2023
-> un duo puis trio féminin, et une amitié à toute épreuve

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Discussion : J'ai juste besoin de partager ce moment compliqué

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artichaut

le samedi 29 mars 2025 à 10h30

Et pour revenir à ta situation @Alastor je dirais qu'elle est
- à la fois parfaitement acceptable, et même désirable (par amour) ;
- à la fois parfaitement innaceptable, en tant que ré-intrusion de la Norme par une porte dérobée.

D'où peut-être ta confusion face à des ressentis contradictoires.

Avec cette complexité supplémentaire que ce qui fonde la non-monogamie à savoir la compersion, l'accueil quasi inconditionnel des metamours, en tant que vecteur de bonheur de nos amours, cet accueil même qui créée de la rassurance relationnelle, puisqu'on aime et est aimé·e pour nous-même, et qu'une relation nouvelle n'est pas un danger
Ce qui fonde la non-monogamie, cette compersion donc, est justement ce qui est mis à mal, lorsque qu'un·e mono-extrémiste débarque dans un schéma non-mono. Et ce qui était rassurance (une nouvelle relation n'en n'annule pas une autre, ma relation ne dépend d'aucune autre à venir) devient tout à coup danger imminent.

Comment alors ne pas se faire avoir, et ne pas par mimétisme tomber dans l'oubli de nos compersions pour plonger dans les seules affres de leur compétition monogame ?

Perso en pareil cas, je lâche l'affaire, je déclare forfait.

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Discussion : J'ai juste besoin de partager ce moment compliqué

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artichaut

le samedi 29 mars 2025 à 10h02

Que peut-on faire face à ça : la monogamie qui revient nous frapper par la porte de derrière, alors même que nous avions le sentiment de créer à plusieurs autre chose ?

Je pense que les réponses sont à la fois individuelles et collectives.

individuelles
Chacun·e est responsable de soi, de s'engager ou pas, de s'impliquer ou pas, d'accueillir ses émotions, d'assumer ses choix et les conséquences de ses choix. etc.
Choisir d'être non-monogame — quand c'est un choix — n'est pas la solution de facilité.
Aimer, c'est pour moi vouloir le bonheur de l'autre. Y compris si le bonheur de l'autre veut dire qu'il/elle cesse de relationner avec nous. Et donc ça peut aussi être accepter que l'autre (que l'on aime) se fasse pervertir par un·e mono. Avec les conséquences que ça va avoir pour nous.
Et c'est là qu'on va avoir besoin de beaucoup d'amour de soi, pour non seulement accepter ça, mais le désirer.
Comme avec nos enfants, l'amour c'est accepter de laisser partir l'autre, c'est désirer ardemment le bonheur de l'autre, tout en le laissant maître à bord du chemin de son bonheur.

collectives
D'une part on n'est pas toujours non-monogame par choix. Et l'être quand ce n'est pas un choix est encore plus difficile.
D'autre part, quelque soient nos choix, nos privilèges, nos compétences, nos traumas, etc… toujours, quand on dévie de la norme (ici la monogamie), celle-ci viendra nous mettre des bâtons dans les roues.
Sans aller jusqu'à considérer la Monogamie comme une secte, et ses missionnaires comme de dangereux manipulateurs, de fait la monogamie et ses adeptes nous font du mal.
Et face à quelque chose de systémique, les réponses individuelles ne suffisent pas.
(Et comme pour chaque sytème d'opression, je ne dit pas que chaque monogame est un·e monstre, mais qu'à travers chaque monogame se déploie la monstruosité de la Norme).
C'est pourquoi il y a besoin de tels forums, d'entraide, de solidarité, etc.
C'est pourquoi il y a besoin de réléchir/théoriser/échanger ensemble et d'inventer des parades.

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Discussion : J'ai juste besoin de partager ce moment compliqué

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artichaut

le samedi 29 mars 2025 à 09h36

@crest

Même si le point de départ est ici, j'ai le sentiment que poster sur un fil à part aurait pu être judicieux… car le sujet que tu aborde est plus vaste qu'un fil au titre "J'ai juste besoin de partager ce moment compliqué" (qui bientôt se perdra dans les flots de ce forum).
[Si finalement tu le fais, je recopierais mon/mes message là-bas]

Déjà il y a t-il une différence entre comparer et le sentiment d'être comparé ? Est-ce qu'on se compare, car on a le sentiment d'être comparé ?

Ensuite j'aime bien la métaphore (pas si caricaturale) de l'épreuve sportive : tant qu'on vivra les relations comme des compétitions, la comparaison, les podiums, les trophées seront de rigueur.

Enfin je trouve que tu décris bien ce que tu appelle Institution (le poids de la Norme) avec ses règles, ses scripts, ses injonctions, ses mécanismes.
Pour autant il y a toujours un Je, un Moi, au prise avec cette institution, qui peut choisir (d'essayer) de vivre autrement.
Puisqu'on est dans des dynamiques relationnelles, certes ça ne dépend pas que de nous, et lorsqu'on est en dynamique non-exclusive, le danger, vient même des tiers (lorsque ceux-ci sont capables de retourner la personne avec qui nous étions en relation, que nous pensions sincérement non-monogame, et qui d'un coup se fait mettre le grapin dessus, le grapin de la norme, et de ses promesses).

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Discussion : J'ai juste besoin de partager ce moment compliqué

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artichaut

le vendredi 28 mars 2025 à 18h38

ok je comprends et je suis aussi passé par là..

Alastor
B. est totalement monogame et aspire à vivre une vie "normale et bien rangée" de monogame.

Ah mais tout s'explique alors !
Évidemment que tes compétences en gestion de la jalousie sont mises à mal par le fait que B soit mono.
Ce qui habituellement va de soi, est même un gage de rassurance, s'inverse totalement ici.
Et le risque n'est pas seulement projection, mais est bien réel.
Le principe de la monogamie c'est de grignoter du terrain, et de fermer les choses à double tour dès que possible.

Pour moi W ne peut pas te rassurer de manière satisfaisante, seul·e B pourrait le faire (à part toi-même, bien sûr).
Un·e mono qui débarque dans une config poly, c'est un des pires cas de figure pour nos non-monogamies.

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Discussion : Retour vers la solitude

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artichaut

le vendredi 28 mars 2025 à 13h18

Siestacorta
Pour moi ni connexion à soi ni esseulement ne sont garantis

Oui, c'est ce dont je me suis rendu compte en développant, et qui m'a fait nommer :
Ça mériterait encore un autre nom entre la connexion à soi, et l'esseulement.

La bulle peut-être… (pour ce dont tu parle toi)

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Discussion : Retour vers la solitude

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artichaut

le vendredi 28 mars 2025 à 12h33

Alabama
Je prolonge les moments où je fuis. N'arrivant pas à me connecter réellement à moi-même, je n'ai pas non plus les ressources pour avoir envie de "sortir" de moi-même. Je ne sais pas si c'est clair. Il faut imaginer une liste de choses à faire, où la seule chose à faire serait d'être connecté·e à soi, mais qu'on procrastinerait sans cesse cette chose. De ce fait, ça donne un sentiment d'inachevé, de "j'ai pas fait ce que j'avais à faire" et donc je ne peux pas passer à autre chose. C'est plus clair ?

euh… pas tant…
C'est quoi "sortir" de toi-même ? Ce serait aller vers les autres ?
C'est quoi que t'as pas fait ce que t'avais à faire ? Te connecter vraiment à toi-même ?

Ce que je comprends : tu es seule, dans une bulle +ou- choisie, t'as pas la force d'aller vers les autres, mais t'as pas non plus la force d'aller vers toi (et t'en aurais besoin avant de pouvoir retourner vers les autres) alors tu procrastine…

C'est ça ?

Pour moi ça ressemble à quand je dois décanter quelque chose. Je sais que je dois décanter un truc, mais je ne sais pas quoi, ni comment. Je dois être seul (pour pouvoir vraiment décanter). Et je peux faire tout et rien.
Mais si j'accepte le rien (cesser de sur-valoriser le fait de faire, y compris dans la procrastination) si j'accepte que ça va prendre du temps et que y'a rien à faire, et que par exemple, juste je me pose sur mon lit, à regarder le plafond et laisse divaguer mes pensées, souvent la décantation se fera plus rapidement (enfin des fois ça prend vachement de temps quand même).

Ou sinon, la fuite que tu décris (et que je ressent parfois) je l'associe à une forme de mini dépression : je n'ai pas la force le courage d'affronter ma vie, alors je fuis dans autre chose (écran & co).
Je l'associe au vertige de la vie (et de la mort) : savoir qu'on a qu'une vie, que l'on peut mourrir demain, mais aussi bien dans hyper longtemps, que les infos du monde sont déprimantes, que tout se vaut, etc crée une sorte de paralysie et de je ne sais pas quoi faire de ma vie.

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Discussion : Retour vers la solitude

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artichaut

le vendredi 28 mars 2025 à 12h11

Siestacorta
L'isolement... peut être un temps choisi court. Et pas seulement pour les plus méditatifs ! Je pense par exemple aux gens qui passent beaucoup de temps sur leur portable alors qu'il y a d'autres personnes près d'eux.

Alabama
Nous avons deux définitions différentes de l'isolement.
Ce dont tu parles, n'est pas de l'isolement pour moi. C'est une bulle de protection, une manière d'être avec les autres sans être avec les autres. Je connais bien cela, ma bulle a été assez étanche pendant la majeure partie de ma vie.

Pour moi non plus passer de temps son portable en présence d'autrui n'est pas de l'isolement, c'est soit de la connexion à soi (ou à d'autres préférables), soit de l'esseulement.


.

Alabama
Se couper des autres en étant avec eux, est pour moi une sensation tout à fait différente du véritable isolement, celui où on est seul·e et où on aimerait pourtant ne pas l'être.

On peut aussi se couper des autres et où on aimerait pourtant ne pas l'être.
Par exemple parce que interagir avec l'autre n'est pas socialement acceptable (portable dans métro) ou parce que l'intercation proposée par les autres ne nous convient pas (rester sur le banc lors d'une soirée dansante) ou parce que l'invitation à l'interaction ne respecte pas nos limites/besoins (la personne qui te tire par la main et te dis "alleeeez viens te baigner").

On peut se sentir seul·e au milieu des autres (esseulement) et se mettre dans une bulle, faute de mieux. Pour se protéger, certes, mais pas des autres en soi, et pas tjs pour se connecter à soi, mais pour se protéger de la manière dont les autres interagissent avec nous.

J'ai passé ma vie à poser des limites aux autres, car la manière dont ils interagissent avec moi, la plupart du temps ne me convient pas.
De fait ça me met dans une bulle. Mi choisie, mi-pas-choisie. Parfois agréable et voulue, parfois lassante et pesante.
Comme je donne l'image de quelqu'un qui vit dans sa bulle, les autres finissent par m'y cantonner.

Alabama
J'aime énormément le plaisir d'être au milieu de personnes que j'aime, sans être dans l'obligation d'interagir. Je pense que nous sommes nombreux·se·s par exemple, à apprécier particulièrement la sensation de dormir sur un canapé dans une pièce où il y a du monde, ou un peu de passage. Un sentiment de plénitude et de sécurité. Ce n'est pas parce qu'on interagit pas directement, que l'on est isolé, cela n'a rien à voir.

Typiquement un exemple où tu peut être avec les autres, sans que les autres t'obligent à interagir, et te laisse être toi-même.
Ça mériterait encore un autre nom entre la connexion à soi, et l'esseulement.

C'est ce que certains appellent la solitude avec l'autre.
C'est ce que j'appelle parfois la co-présence (même si co-présence peut renvoyer à quelque chose de plus interactionnellement intense).

C'est quelque chose que l'on a beaucoup vécu enfant, et qu'on peut peiner à retrouver une fois adulte (qu'on retrouve parfois dans la parentalité, mais avec une responsabilité et une charge mentale en plus).

C'est ce que l'on peut vivre parfois en co-habitation court-ou-long-terme (couple, coloc, famille, voire animal de compagnie… peu importe) voire en co-working.

Mais limite on quitte le champs de la solitude, justement…
C'est de la non-solitude vécue avec le maximum de bulle, d'autonomie, de présence à soi, et de liberté d'être (c'est à dire tout ce que l'on recherche parfois dans la solitude, désirée ou non).

Du coup, c'est pas tant que l'on se coupe des autres, c'est que les autres (quand iels sont trop… intrusifs, relou, bruyant, interactionnels, dangereux…) nous coupent de nous-même, ou de notre liberté d'être pleinement nous.

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Discussion : J'ai juste besoin de partager ce moment compliqué

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artichaut

le jeudi 27 mars 2025 à 21h26

Alastor
je crois que je dois reprendre le chemin de l'introspection et de la confiance en soi.

En tous cas si tu a envie de venir raconter plus tard, le chemin parcouru, ça sera avec plaisir que je/on te lira.
Et ça pourrait être instructif pour d'autres…

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