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Discussion : Est-ce mal d'avoir des attentes dans nos relations (et dans la vie en général) ?
artichaut
le jeudi 14 août 2025 à 19h23
Préliminaire :
Je pense que tout le monde à des Attentes, de même que tout le monde vit —ou est suceptible de vivre— de la Jalousie. Ceux qui prétendent que non, pour moi sont dans le déni. Mais la question pour moi — comme pour la Jalousie — c'est surtout : qu'est-ce qu'on en fait ?
Préliminaire lexical :
Je différencie Attentes/Besoins/Envies/Désir/Limites/Demandes/Stratégies/Exigence/Information etc.
(Je mets ici des majuscules pour identifier quand je fais référence à des mots-concepts)
On ne mets pas forcément les même sens derrière ces mots, on n'a pas forcément le même vécu avec ces mots, etc.
Ce que je vais dire vaut pour moi, avec ma grille de lecture et mes compréhensions/définitions de ces mots-là.
Pour une fois, et c'est chose rare, je vais faire référence à la CNV (bien qu'ayant beaucoup de griefs quant à la manière dont elle a été inventée et dont elle est utilisée, mais je ne vais pas rentrer ici dans ces considérations-là).
Je vais globalement utiliser les mots Besoins, Stratégies et Demandes dans le sens où la CNV les définit.
Pout le reste, je m'en éloigne. Et je ne sais pas trop ce que la CNV dit des Attentes.
En gros, pour la CNV :
- un Besoin est un quelque chose de fondamental et abstrait (ex : "j'ai besoin de connexion", et non pas "j'ai besoin qu'on se voit 3 fois pas semaine")
- une Stratégie, est un moyen par lequel on tente de répondre à un Besoin (ex : faire une Demande, envoyer des textos en espérant en recevoir, etc)
- et une Demande, est une proposition concrète, précise, limitée dans le temps, à laquelle l'autre a la possibilité de répondre Oui, Non, ou de proposer des aménagements.
Les Limites sont un gros gros sujet pour moi, et qu'à mon sens la CNV prend très peu en compte.
Je définirais peut-être les autres concepts, mais passons déjà aux Attentes.
Une Attente n'est pas un besoin fondamental (sinon c'est un Besoin), pas plus qu'une Envie ou une Demande.
Exprimer une Envie (ex : "j'ai envie de sexe", "j'ai envie de sexe avec toi") n'engage pas l'autre (en tout cas ne devrait pas), c'est juste une Information. Encore faut-il apprendre à exprimer son Envie sans mettre la pression à l'autre, et sans la transformer en Exigence (avec par exemple représailles à la clef).
Exprimer une Demande implique l'autre directement, et attends généralement une réponse. Mais l'autre peut répondre Non ou négocier. Sinon, idem c'est une Exigence.
Une Attente est pour moi quelque chose auquel on s'attend que l'autre fasse (ex : "je m'attends à ce que tu me réponde si je t'envoie un texto"). C'est ok d'avoir plein d'attentes, et tout le monde en a. Mais faut-il les exprimer (comme les Besoins, les Envies, les Demandes) ou les taire ?
Certes en soi exprimer ses Attentes pourrait être une simple Information : l'autre, comme pour une Envie, pourrait répondre "ok, merci pour cette information", sans forcément en tenir compte.
Mais pour moi dans l'Attente exprimée, il y a une sorte d'injonction implicite, de demande non dite (ou mal formulée).
Perso, si on m'exprime ses Besoins, ça me connecte souvent direct à de l'empathie pour l'autre ("ah tu a besoin de connexion et de douceur"), mais quand on m'exprime des Attentes ("je m'attends à ce que tu…", "j'ai besoin que tu…", "j'ai besoin qu'on…") ça tend direct à me faire fuir. J'ai la sensation qu'on va vouloir me contrôler, et ne pas me laisser mon libre arbitre, ma possibilité de dire Non, quitte à en assumer les conséquences.
Là ou l'expression d'une Envie ou d'une Demande (pour autant qu'elles soient bien formulées) me fait beaucoup moins vivre ça (même si ça arrive aussi bien sûr) et me connecte moins à de la culpabilité (idem).
Conscientiser ses Besoins et ses Attentes est une chose. Nommer ses Besoins me semble fort appréciable (et j'aimerais arriver à le faire plus et mieux), ça permet de mieux se comprendre. Mais Nommer ses Attentes est pour moi autre chose. Quelque chose où l'on ne se prend pas soi-même en charge et où on ne fait pas l'effort de formuler des Envies (ça ne concerne que nous, et on ne l'impose pas à l'autre) ou des Demandes (claires, explicites, limitées dans le temps).
Bref, dans l'idéal (et ok, cet idéal peut aussi être mis en balance en fonction de qui j'ai en face, nottament liés à des différences de privilèges, et certes je ne fonctionne pas moi-même toujours selon cet idéal) j'estime que c'est normal d'avoir des Besoins, que c'est ok d'avoir des Attentes mais que le mieux est d'exprimer ses Besoins (et ne plus subir l’injonction à se taire dessus) et de faire l'effort, de faire le taf d'exprimer des Envies et des Demandes claires, en explicitant nos émotions, mais sans mettre la pression à l'autre.
Quitte bien sûr à prendre acte des réponses à nos Demandes et à en tirer les conclusions qui parfois s'imposent. Il ne s'agit pas de tout accepter sans broncher mais de prendre sa part dans le taf relationnel qui nous concerne nous.
Tout ça encore une fois est à nuancer. Et si je dis "je n'ai pas envie d'entendre tes attentes" c'est aussi en soi, une simple Information. Ce n'est pas une totale interdiction et pas tout à fait une Limite (j'expliquerais une autre fois ce que j'entends par là). Mais clairement ça ne me fait pas plaisir, et souvent ça va avoir le résultat de me faire fuir. Bon après probablement que ça peut dépendre aussi de comment c'est formulé.
J'en suis là aujourd'hui. C'est un petit recul je pense par rapport aux années précédentes. Mais c'est aussi que je suis parfois allé trop loin dans certaines relations, que j'ai dépassé, et laissé dépasser (car pas sû nommer, ou mal nommé) certaines Limites. Et qu'aujourd'hui les Attentes nommées me provoquent un stress immédiat réactivant des douleurs passées. Je ressent un fort "besoin" de me protéger à cet endroit-là.
Et me concernant, je ne trouve pas que mes Attentes soient en soi légitimes à être nommées à la personne concernée (à la rigueur je préfère les nommer à d'autres, pour les entendre résonner, ou réussir à les formuler en Envies). Et je n'ai pas l'impression que ne pas les nommer me crée de la frustration. Au contraire ça me fait de la joie quand j'arrive à mieux me comprendre, à conscientiser le Besoin qui se cache derrière mes Attentes (de même que pour ma Jalousie, etc) et quand j'arrive soit à trouver de multiples moyens/stratégies pour répondre à mes Besoins (je suis "poly", bordel), soit à faire confiance à la vie et au Rézo (j'y reviendrai dans un autre fil), soit à nommer mes Besoins et formuler des Demandes (j'avoue c'est diffiiiciiiiile) en respectant par avance la possibilité du Non (comme on dit : un Non à l'autre, est un Oui à soi-même).
Ce n'est pas un dogme. Mais un chemin vers lequel j'ai envie d'avancer.
Discussion : [Lexique] Poly par défaut
artichaut
le jeudi 14 août 2025 à 18h58
Lili-Lutine
Je comprends l’idée de "choix par défaut" mais je trouve que ça rend invisible les déterminants sociaux ou personnels qui orientent ce "défaut"
Nommer ces forces-là (privilèges, exclusions, contraintes intériorisées, etc.) me semble plus éclairant que de rester sur l’impression qu’on "a juste choisi faute de mieux"
Oui
Discussion : Est-ce mal d'avoir des attentes dans nos relations (et dans la vie en général) ?
artichaut
le jeudi 14 août 2025 à 17h49
Moi globalement les attentes, je n'ai ni envie de les exprimer (les miennes), ni envie de les entendre (celles des autres), ni envie de les prendre en compte.
Je sais c'est cash dit comme ça, et je ne nie pas que ce soit genré, mais c'est aujourd'hui sincérement ce que je ressens.
Alors je vais en dire un peu plus. Tâcher d'expliciter. Avec autant que possible de la précision dans les termes.
Mais avant ça, et pour ne pas trop me répéter, je vais indiquer quelques uns de mes posts antérieurs sur d'autres fils, qui peut-être feront une introduction à ma réponse, pour qui aurait envie de les lire. Et puisque tu pose la question du processus @Alabama, ça peut (te) donner aussi des indications sur mon chemin de pensée, et son évolution dans le temps (entre 2018 et aujourd'hui) : #1, #2, #3, #4, #5 (par ordre chronologique).
Et pour faire plaisir à @Mark — ou les personnes qui n'aurait pas envie de lire mes vieux posts — je vais tenter un résumé ou une synthèse augmentée dans ma réponse.
Discussion : [Lexique] Poly par défaut
artichaut
le jeudi 14 août 2025 à 17h18
Lili-Lutine
Poly choisi
Poly de contexte
Poly contraint
Poly instinct(if)
Merci pour les précisions, mais pour moi ça n'inclue justement pas les deux exemples que j'ai essayé de nommer
- La personne qui choisi le poly faute de mieux, car elle sent bien que sa catégorie sociologique ne lui permet pas d'espérer le grand amour mono vendu par la société comme allant de soi. Pour elle ce n'est ni vrai choix, ni un contexte relationnel ou situationnel (comme pour Fred) mais un plafond de verre structurel. Le polyamour peut devenir un choix, mais souvent pas défaut.
- La personne qui a le privilège de pouvoir choisir, qui choisit le polyamour, mais n'est fonciérement pas satisfait·e de son choix. Ce n'est pour moi, ni tout à fait choisis, ni tout à fait contraint.
Dans les deux cas c'est un genre de choix, mais un choix par défaut.
Discussion : Revalorisons l'amitié, les amitiés, le lien dit amical.
artichaut
le jeudi 14 août 2025 à 15h16
Alabama
prenons-nous des engagements envers l'autre, si oui lesquels ?
Ah, on y revient !
Alabama
Mais ce que j'entends dans ce que tu dis, c'est d'inverser la norme pour vivre autre chose, explorer des manières de faire qui si on ne se les impose pas, n'arrivent jamais ? Je pense notamment au fait qu'à une période, bien qu'étant bi, je n'affichais que les profils de femmes et non-binaires sur les applis, car je sais bien que si j'ai le choix avec les hommes, il y a peu de chances que je rencontre des femmes, tellement il est plus aisé de les rencontrer.
Oui il y a quelque chose de cette ordre-là.
La norme prend généralement toute la place.
Il faut alors parfois défocaliser. Voire forcer le trait dans l'autre sens, au moins provisoirement. Pour par exemple, pouvoir un jour accéder à de vrais choix, ou juste pour compenser l'énormité de la norme.
Discussion : [Lexique] Poly par défaut
artichaut
le jeudi 14 août 2025 à 14h58
Lili-Lutine
à mes yeux, il y a un vrai risque qu’il devienne une étiquette un peu rapide qui gomme les nuances
Oui, le risque est là.
Lili-Lutine
Je trouve plus clair de distinguer poly choisi, poly de contexte et poly contraint
- Poly choisi, je pense que je vois
- Poly de contexte, je ne suis pas certain : tu veux dire être dans une relation avec un poly et le vivre bien, même si ça n'aurait pas été notre choix ?
- Poly contraint me semble un peu maladroit ou prêter à confusion Je suis de ceux qui pense que Le polyamour subit n'existe pas. Et j'aurais peur que ça instille l'idée qu'on peut légitimement imposer le polyamour à son/sa partenaire. En même temps je vois l'idée, puisqu'une personne en couple, dont le couple à été ouvert de force, et qui tant bien que mal fait des efforts d'empathie/compersion (car par exemple à trop à perdre dans la rupture de cette relation), est de fait dans une dynamique poly. Bien plus d'ailleurs que la personne qui s'est contenté d'ouvrir le couple de force pour aller voir ailleurs sans culpabiliser d'une adultère.
Discussion : Est-ce mal d'avoir des attentes dans nos relations (et dans la vie en général) ?
artichaut
le jeudi 14 août 2025 à 14h33
C'est drôle, j'étais justement en train de faire une recherche dans les archives du forum sur le sujet et j'hésitais à ouvrir (encore !) un nouveau fil. Et Bam je tombe sur ton nouveau sujet. Je suis content que ce soit toi qui l'ai ouvert. Et justement ma cogitation faisait écho à des choses que tu as dites par ici récemment.
Donc je prendrai le temps de répondre à ce fil.
Et voici le résultat de mes premières recherches :
- Comment ne rien attendre ?, août 2014
- Des attentes implicites, réelles ou interprétées, nov 2014
Discussion : C'est quoi l'engagement ?
artichaut
le jeudi 14 août 2025 à 13h52
Merci déjà pour toutes vos réponses. Ça continue de cogiter, décanter en moi.
Et bonne idée @Lili-Lutine de préciser ce que l'engagement n'est pas pour toi.
C'est peut-être là que nos divergences à tous et toutes seront les plus éclairantes…
Discussion : Revalorisons l'amitié, les amitiés, le lien dit amical.
artichaut
le jeudi 14 août 2025 à 13h29
Alabama
Pour moi, intensité dans le contexte de la relation (amicale/sexuelle/amoureuse) signifie : profondeur, connexion forte, sentiment d'amour puissant.
Je n'y vois aucune incompatibilité avec les termes "douceur, calme et sérénité".
Je dirais même que ça va ensemble.
L'intensité que je recherche dans la sexualité, je l'atteins par beaucoup de douceur, d'amour et de tranquillité : zéro pression, zéro script, beaucoup de tendresse.
C'est un point de vue intéressant.
J'ai l'impression alors que peut-être c'est une question de ce qui prime, ou ce qui vient en premier.
En amour-amoureux normé l'intensité est première et souvent vécue en tant que telle pour elle-même. La tendresse (sur l'oreiller) est au mieux une résultante.
En amitié la serrenité est première (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'intensité) ou je dirais prime sur l'intensité : on ne remet pas toute sa vie et tous ses amours en jeu, juste parce qu'on rencontre un·e nouvel·le ami·e (ce qu'on fait en relation amoureuse normée).
Si l'on réinvente l'amour-amoureux au point que la serrenité, la douceur et la tendresse y prime, alors ok. Perso j'apelle ça de l'amitié (ou alors mettre de l'amitié dans l'amour-amoureux).
Quand à la sexualité, aujourd'hui je ne veux en vivre que depuis le territoire de la tendresse. Si la tendresse n'est pas là avant tout chose, la sexualité ne m'intéresse pas.
La tendresse seulement sur l'oreiller après le sexe, non merci. La sexualité sans tendresse, non merci.
Donc en un sens faire rimer intensité et douceur/calme/sérénité pourquoi pas, mais faut savoir de qu'elle intensité on parle. Pas de celle qui emporte tout, qui va toujours trop vite, qui nous fait chavirer, qui met l'autre ou nous-même en danger.
Une douce intensité, une tendre intensité, une lente intensité, ok. Mais les adjectifs me semblent indispensables pour bien savoir de quoi l'on parle.
Discussion : Revalorisons l'amitié, les amitiés, le lien dit amical.
artichaut
le jeudi 14 août 2025 à 13h13
Alabama
Ce qui me fait me questionner. Que met-on chacun·e derrière le terme "intense" ?
Tu aurais presque créer un fil C'est quoi l'intensité ? !
Je plaisante ! (à moitié)
Alabama
Bon ça sort du thème de l'amitié,
Non, je ne trouve pas justement. Ou à la limite ça rejoint la question Qu'est-ce que l'amitié ?
Dans ce que tu porte ici, il me semble que ça signifie : revalorisons l'amitié où l'on peut vivre des liens intenses, au même titre qu'en couple amoureux. Et pour le coup p-être plus sereinement…
Discussion : Mon homme est polyamoureux aidez moi s’il vous plaît..
artichaut
le jeudi 14 août 2025 à 12h59
kill-your-idols
Dans un contexte où le consentement est appliqué systématiquement
(…) La monogamie est une forme de violence
La monogamie imposée est une violence, de même que le "polyamour" imposé.
Tu semble vivre dans ton utopie masculiniste et ne vouloir voir que la violence… des autres…
J'arrête là également les échanges ici avec toi, pour ne pas polluer le fil de @Bluerose
Discussion : Mon homme est polyamoureux aidez moi s’il vous plaît..
artichaut
le jeudi 14 août 2025 à 12h45
kill-your-idols
Je répète
Asséner une chose n'en fait pas une vérité.
Penser le consentement hors de tout cadre prenant en compte les privilèges, hors des situations d'emprise, hors de la précarité affective et du degré de confiance en soi, c'est penser qu'on est tous et toutes égales face au consentement. Ça mène au monde dans lequel on vit : ce sont les plus forts qui gagnent en opprimant et se servant des autres.
Dans le cas présent @Bluerose exprime un très fort manque de confiance en soi. Et son conjoint se lance dans une aventure "poly" (on pourrait presque dire d'adultère déclaré). Il n'y a clairement pas eu respect de consentement relationnel. D'une part car non respect d'un contrat tacite, d'autre part car aucune prise en compte des enjeux de pouvoir dans la situation.
Ne pas être prise en compte alors qu'on est en relation depuis 5 ans, a fortiori dans une situation de grand déséquilibre en terme de confiance en soi, c'est non seulement dur à avaler, mais de surcroît propulse dans une situation dangereuse.
C'est facile de dire que le consentement c'est facile, quand on est soi-même pétri de privilèges.
Malheureusement on peut forcer l'autre, juste parce qu'on profite de sa situation de précarité (émotionnelle, affective, matérielle, etc).
Discussion : Mon homme est polyamoureux aidez moi s’il vous plaît..
artichaut
le jeudi 14 août 2025 à 11h49
kill-your-idols
Le consentement est toujours uniquement relatif à soi même.
Moi, perso, je tique sur cette formule.
Même avec le développement qui pourrait laisser penser qu'il s'agit de consentement relationnel et non de consentement sexuel, je tique.
Il y a certes un consentement avec soi même que l'on peut avoir tendance à oublier dans le lien à l'autre, mais ne penser les interactions que vis à vis de soi-même, que de son point de vue à soi, c'est refuser le lien, ou bien c'est utiliser l'autre pour ses seuls besoins.
Discussion : Réflexions sur la sexualité exclusive, ou relation sexuelle unique.
artichaut
le jeudi 14 août 2025 à 11h17
MPB
j'ai pu faire un stage de danse entre personne queer, qui a amené à de la danse contact et des lap dance, et effectivement j'ai été surprise de voir comment le lien pouvait se créer très vite et très fort, et justement sans attentes derrière
Les cercles de paroles ou la co-écoute fabriquent ça aussi pour moi. Même sans partage tactile donc, et juste a un niveau émotionnel, via la parole.
Et pouvant incure du tactile, ce qu'on partage en ateliers tendresse également.
Discussion : Les traces de la monogamie dans tous nos liens : système, loyautés, attachements, et comment on compose avec
artichaut
le jeudi 14 août 2025 à 00h22
LeGrandStyle
J’avoue ne pas vivre le polyamour comme un “choix”, car si je pouvais être épanoui dans la monogamie, je choisirais ce modèle sans hésitation.
(…)
Je ne sais pas, peut-être que certains font le choix d’aller contre la norme alors que la norme leur convient parfaitement.
Ta réflexion m'a inspiré un sujet.
Discussion : Lexique
artichaut
le jeudi 14 août 2025 à 00h19
Je signale ces deux nouveaux sujets que je viens de créer :
- Le choix des termes. Termes inventés par des personnes non-concernées. Stigmatisation et résistance.
- Poly par défaut
Discussion : [Lexique] Poly par défaut
artichaut
le jeudi 14 août 2025 à 00h04
Un nouveau terme m'est venu aujourd'hui en jardinant : poly par défaut. Et que dans certains cas, l'on pourrait également nommer : monogame contrarié·e.
Ce terme m'est venu en repensant à la réflexion de @LeGrandStyle « peut-être que certains font le choix d’aller contre la norme alors que la norme leur convient » et aussi « J’avoue ne pas vivre le polyamour comme un “choix”, car si je pouvais être épanoui dans la monogamie, je choisirais ce modèle sans hésitation. »
J'ai envie de faire une mise en garde. Je propose ce terme, alors que je ne suis pas une personne concernée (je ne me ressent pas poly par défaut). Il y a donc un fort risque que ce soit stigmatisant.
*
Ça fait longtemps que ce sujet m'intéresse.
Si la monogamie est la norme par défaut, pour autant plein de personnes n'ont pas accès à cette monogamie pourtant jugée si banale, dans le sens où tout simplement créer une relation de couple est très compliqué pour elle/eux eu égard à leur position dans l'échelle sociale (surtout quand on cumule des critères stigmatisés). Et donc là où certain·e·s d'entre nous (dont je fait partie) ont commencé par un couple en monogamie de fait avant d'aller ensuite vers le polyamour par choix, d'autres n'ont pas eu ce chemin, n'ont jamais été en couple (ou alors quelques mois, avant de se faire jeter), et ont pu aller vers le "polyamour" (nottament via des relations "secondaires" subies) ou des relations adultèrines, car c'est la seule chose qu'on leur proposait.
Par ailleurs, d'autres ayant accès à la monogamie de couple, peuvent choisir l'un ou l'autre (monogamie ou polyamour, exclusivité ou non exclusivité) et peuvent aussi se retrouver poly par défaut, sans pour autant être structurellement empêché·e du fait de leur situation sociale.
Avant d'aborder la suite, j'avais besoin de faire cette nuance.
Et par exemple, pour ma part je me considère en quelque sorte hétérosexuel par défaut, bien qu'ayant la possibilité en soi d'aller vers des relations hétéro, homo ou autres.
*
À quoi sert ce terme ?
Il peut servir à dire « je suis poly, mais je n'ai pas choisi d'être poly ». Il pourrait peut-être (s'il convient aux personnes concernées) avoir valeur d'identité.
Et qui sait les dit "poly-acceptant·es" pourraient tout aussi bien préférer ce terme de poly par défaut. Notamment les personnes qui font un travail de compersion dans une situation d'ouverture de couple forcée.
Il peut aussi, inversement, quand on est non-monogame servir à visibiliser un risque (un des gros risque quand on est non-monogame !) : quand on relationne avec une personne poly par défaut, si celle-ci rencontre un·e monogame (et quand même y'en a beaucoup) elle risque de rompre avec nous du jour au lendemain (ou presque) pour vivre sa nouvelle relation évidemment merveilleuse.
La nuance précédemment citée est importante, dans le sens où pour certaines personnes ça risque peu d'arriver.
Dans une certaine mesure ce risque existe aussi avec les personnes qui ont commencé leur vie affective par le polyamour (n'ayant jamais testé la monogamie, l'exclusivité, ils/elles peuvent être tenté d'essayer). Et cet énervant discours mono "c'est que t'as pas encore trouvé le bon" risque de devenir réalité (ça m'est arrivé, enfin pas à moi, mais à l'une de mes partenaires, et donc de me faire larguer).
*
PS : si vous avez connaissance que ce terme existe déjà, je serais ravi d'en être informé.
Discussion : [Lexique] Le choix des termes. Termes inventés par des personnes non-concernées. Stigmatisation et résistance.
artichaut
le mercredi 13 août 2025 à 23h40
Aujourd'hui je voudrais aborder un thème un peu hors-sujet, mais pour voir ce qu'on en fait dans "nos milieux" (disons les gens qui réinventent les relations affectives).
Il s'agit des termes inventés par des personnes non-concernées.
Exemple : Bobos, Boomer, Enfant, Ado, etc.
Mais aussi : Handicapé, Cisgenre, Hétéro, Théorie du genre, TERF, Wokisme, etc.
Il y en a beaucoup. Même probablement plus que des termes réellement inventés par des personnes concernées (Transgenre, NonBinaire, Pansexuel·le…).
Certains termes ont d'ailleurs été récupéré et utilisé ensuite pas des personnes concernés : Queer, Féministe, Nègre, etc.
Ce qui fait que ces termes servant initialement à désigner l'autre, ont pu devenir des identités.
Les termes servant à désigner l'autre, sont généralement porteur d'un procédé de stigmatisation.
Dans certains cas on peut le voir comme un fait oppressif (nègre, pd…) dans d'autres cas (hétéro, cisgenre…) comme un combat politique permettant de visibiliser une norme invisible (selon aussi de quel côté on se trouve de la barricade, bien sûr).
Certains termes sont d'ailleurs forgés pour renverser le stigmate et désigner spécifiquement l'agresseur (blanchité…).
*
Qu'en est-il dans le domaine affectif ?
Polyamour/Polyamorie, Metamour… sont issus de personnes concernées, inventant des mots pour leurs besoins propres.
Tandis que Monogame a probablement été forgé par des non-monogames (comme cisgenre ou hétéro). Une personne dans la norme, n'ayant pas besoin de ce mot pour se définir.
Polyacceptant me semble avoir été inventé par des personnes en couple mono, voulant inciter leur partenaire monogame de fait, à accepter leur polyamour.
*
Sans tirer des conclusions générales et systématiques, j'avais envie d'aborder ce sujet car prendre conscience de l'origine des mots, et des raisons pour lesquelles ils ont été forgés, me semble bien souvent éclairant. Notamment sur leur possible sens préjoratif ou imparfait. Ou sur la manière dont ils sont reçus pas les personnes concernées (le classique « je ne suis pas cismachin, je suis juste un homme »), se faire attribuer une identité que l'on n'a pas soit même choisie étant forcément compliqué.
En outre, vu certains débats récurents sur le forum, j'ai le sentiment que cet éclairage peut être utile ici ou là.
Et il est donc possible de discuter de ces sujets ici.
(Et il est possible de me contredire sur l'origine de certains mots. Je ne suis pas infaillible.)
Discussion : Homosocialité et Hétéronormativité
artichaut
le mercredi 13 août 2025 à 21h13
Présenté comme ça, je ressent un côté très "harem" : un personnage masculin au centre et plein de femmes qui gravitent autour.
Forcément le système semble "très stable" quand on ne regarde que ce qui se passe au centre.
Ce que ça m'évoque à un nom : le patriarcat.
Voire même une vision un peu désuete du patriarcat.
Discussion : Les traces de la monogamie dans tous nos liens : système, loyautés, attachements, et comment on compose avec
artichaut
le mercredi 13 août 2025 à 20h56
Topper
Je l'ai été.
Merci pour le récit.
Au delà des marches de l'escalator, il y a ce truc que tu nommes, de toujours vouloir plus.
Je le ressent de deux manière un peu différentes (des variations de ce "toujours plus") :
D'une part une exigence, pas forcément à vouloir plus, mais en tout cas à vouloir ne pas avoir moins (de temps, de rv, de messages, de sexe, de mots d'amour, de nombre de relations, etc). Ce qui peut aussi se traduire par ne pas vouloir de variations (en tout cas si variations doit/peut passer par du moins). Un palier une fois atteint, on ne peut redescendre au palier inférieur. Je l'ai vécu plusieurs fois (plus souvent vécu par l'autre qui a pu être blessé de ma variabilité).
On retrouve également ça dans la difficulté à passer d'une relation amoureuse à une relation d'amitié (puisque la relation d'amitié est jugée inférieure bien sûr).
D'autre part ne pas vouloir d'une relation identique à elle même. Il ne s'agit pas forcément d'avoir plus, mais d'avoir de la variabilité (genre, pour ne pas s'ennuyer, ne pas se lasser en relation). C'est par ex. le cas des monogames en série, recherchant toujours une part de nouveautée. En quelque sorte c'est une autre façon de d'exiger le plus. Chercher toujours du différent.
J'ai par ex. aimé en découvrant le polyamour, que la relation ne soit jamais acquise mais toujours remise en question, toujours un peu sur la selette, du fait de devoir sans cesse parler de la relation, et qu'il y ai sans cesse de nouvelles situations à gérer, pouvant remettre en cause la relation-même (ça évite de se rouiller).