Polyamour.info



Les messages appartiennent à leurs auteurs. Nous n'en sommes pas responsables.

Merci de consulter notre charte de discussion pour connaître les règles qui régissent les conversations sur ce site.

Du mensonge dans les relations

#

(compte clôturé)

le mardi 13 septembre 2011 à 20h55

Merci zina, tu expliques les choses très clairement et moi je trouve aussi qu'il y a un lien essentiel entre la question du mensonge et celle de la confiance.

patrice-86
On se rencontre, on se plait, on parle de tout et de rien, on évoque nos goûts, nos envies, nos conceptions de la vie... Dans tout ça il y a 2 ou 3 hiatus, mais on se plait et on passe par dessus parce que c'est pas d'actualité. Puis arrive l'autre, qui nous plait aussi ! Là, le vrai problème ce pose. On se souvient qu'on en a déjà parlé, on sait que l'autre ne va pas vivre cela très bien, on sait aussi qu'on ne lui a rien promis, voire qu'on lui a dit qu'on était pas exclusif. Alors on est emmerdé, oui ! On hésite : j'y vais, j'y vais pas ? j'lui dit, j'lui dit pas ? A ce stade il n'y a aucune "bonne réponse" possible. Et puis on dit quoi ? "Chéri(e), demain je vais peut-être croiser trucmuche qui me plait bien, peut-être que je lui plait aussi, peut-être qu'on va coucher ensemble !" Bien sûr que ça ne se passe pas comme ça !

Ben si. Chez moi en tout cas. Et chez d'autres que je connais. Tu as le droit de ne pas y croire. Mais tu ne te rends sans doute pas compte que pour ceux qui en ont bavé pendant longtemps avant d'arriver à mettre en place ce genre de dispositif, qui ont parfois eu envie de laisser tomber et qui se sont battus pour trouver ce fonctionnement qui leur semblait plus respectueux et plus sain, ce que tu écris est au mieux très très dérangeant. Alors finalement, pourquoi s'em... à sortir du schéma adultérin, pourquoi essayer de se comporter comme des adultes, pourquoi se faire un peu violence en sortant les mange-cailloux du placard, si c'est pour s'entendre dire que la vérité c'est pas si important, qu'on peut mentir la main sur le coeur mais que c'est pas grave tant qu'on s'aaaaaaaime, et que le respect et la confiance, tout ça est très surfait. Moi en tout cas j'aime pas trop.
On fait beaucoup d'horreurs au nom de l'amour, tout autant sinon plus qu'au nom de la sacro-sainte vérité comme tu dis. Devant un partenaire ravagé par le chagrin, qui vient de découvrir à la fois que tu lui as menti et que tu en aimes un autre que lui, ça la fout mal de dire que tu lui as menti par amour, non ? Je ne suis pas certaine en tout cas que ça le console beaucoup...

En tout cas ça m'amuse de passer pour une grande donneuse de leçons pleine de principes. Je crois l'avoir déjà écrit en une autre occasion : j'ai un seul vrai principe qui est qu'on me f... la paix. S'interroger sans prendre de gants sur le mensonge, ce n'est pas à mes yeux défendre la vérité comme principe immuable et éternelle ; c'est au contraire une réflexion très pragmatique, très concrète, sur ce que c'est qu'une relation, sur ce que ça engage ou pas entre deux - ou trois, ou cent ;) - individus. Bref, je ne crois pas que le mensonge soit le mal absolu en soi ; mais il me semble que ça n'aide pas à bâtir des relations qui fonctionnent et dans lesquelles tout le monde se sente bien, et que c'est encore plus le cas quand les relations sont ouvertes.

Message modifié par son auteur il y a 14 ans.

#
Profil

Boucledoux

le mardi 13 septembre 2011 à 22h01

Il me semble que la suggestion de Lilly (parler de consentement plutôt que du degré du mensonge) est une piste intéressante. Parce que moi qui ne croit pas à "l'amour inconditionnel" (dont je ne conçois même pas ce que ça peut vouloir dire à part l'amour de soi pour soi) mais à des relations construites, responsables et égalitaires, ce qui est important c'est de réfléchir sur l'autonomie de soi mais aussi (dans une certaine mesure surtout) de l'autre dans la relation, la possibilité de trouver chacun-e un mode de fonctionnement et une place choisie et assumée.

Et ça ça veut dire au minimum connaitre clairement au minimum "la nature" (Lilly toujours) de la relation. La question n'est pas morale, elle est que le mensonge induit forcément une certaine forme de relation de pouvoir, ne serait ce que parce que ne pas dire c'est s'arroger le pouvoir de décider pour l'autre de ce qui est mieux pour lui.

Bien sûr, on peut tourner autour du pot, ne pas savoir comment prendre le truc, trouver le bon moment, etc je ne crois pas que ce soit de ça dont on discute, à moins qu'il ne s'agisse de prétextes pour masquer un choix finalement de ne pas dire.

Et il ne s'agit pas non plus de savoir si il faut "tout" dire et comment. Moi par exemple, en général je ne dis pas grand chose et le niveau de ce que je dis dépends complétement de la relation et de la manière dont elle se construit. Par contre, ça me semble important que mes amoureuses sachent que je suis poly, qu'il y a (peut-être) d'autres personnes... et que si elles ont envie d'en savoir plus, aucune discussion n'est taboue...

#

(compte clôturé)

le mardi 13 septembre 2011 à 22h41

Le mensonge est une réponse aux injonctions contradictoires.

dans mon métier : "docteur dites moi la vérité : si c'est l’Alzheimer je me suicide" : vous faites quoi?
dans mon couple : "je serai ravie que tu aies des relations extraconjugales si ça te fait plaisir, simplement dis le moi. Mais je ne veux rien savoir." et donc?

#
Profil

demeter

le mardi 13 septembre 2011 à 22h43

Peut-être qu’avant de se poser la question de savoir si le mensonge est une bonne chose ou non, on peut se poser la question de savoir s’il est effectivement un problème, ou si le fait de se poser la question en terme d’éthique ou de moral n’est pas déjà quelque chose qui nous éloigne de sa réalité.

Si on part avec la définition que mentir c’est ne pas dire la vérité, cela ne nécessite pas forcément de savoir ce qu’est la vérité pour en prendre l’exact contre-pied, et lier du coup la vérité en opposition au mensonge mais cela pose la question de la validité de la parole et de sa capacité à rendre compte de la vérité, et puisque c’est « ne pas dire », cela signifie qu’il est avant tout un moyen de non-communiquer sur quelque chose, une intention vis-à-vis de la relation, (pour la protéger, ou pour protéger la personne qui s’en sert, pour différer un message, etc…) plus qu’une absence de vérité.

On peut mentir allègrement à la personne qu’on aime s’il existe un consensus dans la relation sur la légitimité de cette intention (en prétendant par exemple que l’on va travailler, si c’est pour aller lui acheter un cadeau)

L’utilisation du mensonge, le mensonge lui-même, me semble en fait se réduire à un moyen d’expression de cette intention.

Si l’on cherche à se définir une éthique, plutôt que de s’intéresser à l’éthique de ce moyen, ce qui me semble relever d’une fantaisie philosophique, on peut peut-être alors s’intéresser plus librement à l’éthique (ou la morale peu importe si ça nous chante) de la teneur du message qu’il délivre, plutôt qu’y voir une tentative de dissimulation de LA vérité : cacher une relation à un compagnon, dans le cadre des relations amoureuses, c’est d’abord reconnaître la peur que l’on a de le perdre et l’importance qu’on lui accorde.

#
Profil

LuLutine

le mardi 13 septembre 2011 à 23h26

patrice-86
On se rencontre, on se plait, on parle de tout et de rien, on évoque nos goûts, nos envies, nos conceptions de la vie... Dans tout ça il y a 2 ou 3 hiatus, mais on se plait et on passe par dessus parce que c'est pas d'actualité. Puis arrive l'autre, qui nous plait aussi !

Jusque-là, plus ou moins d'accord.

patrice-86
Là, le vrai problème ce pose. On se souvient qu'on en a déjà parlé, on sait que l'autre ne va pas vivre cela très bien, on sait aussi qu'on ne lui a rien promis, voire qu'on lui a dit qu'on était pas exclusif.

"On en a déjà parlé" ?
Alors là, de deux choses l'une : soit j'ai fait une promesse d'exclusivité à l'autre, soit je lui ai dit clairement que je ne serais pas exclusive.
Je ne reste pas dans le flou sur ces choses-là.

patrice-86
Alors on est emmerdé, oui !

Alors je ne suis pas emmerdée, non. Parce que lors de la discussion évoquée plus haut j'ai déjà dit clairement ce que je ferais dans cette situation. J'ai même probablement déjà un accord avec l'autre sur la façon de gérer cette situation (le dire, ne pas le dire, donner l'identité de l'autre personne ou pas...).

patrice-86
On hésite : j'y vais, j'y vais pas ? j'lui dit, j'lui dit pas ?

Je n'hésite pas une seconde, puisque je sais exactement si je dois le lui dire ou pas.

patrice-86
[...] Enfin, à mon tour, j'aimerais que tu m'expliques quel est donc ce sentiment qui n'est pas capable de passer par-dessus un mensonge ; personnellement j'ai du mal a appeler cela de l'amour !

Je suis comme zina : mon sentiment amoureux est bien souvent inconditionnel (ou presque, en tous les cas il n'a jamais cessé jusqu'à aujourd'hui), mais je ne peux pas entretenir une relation avec quelqu'un qui me ment sur des choses importantes et/ou des sujets que j'ai abordés explicitement avec lui.

#

Popol (invité)

le mercredi 14 septembre 2011 à 00h34

Bon, polypoli, j'ai hâte de te lire quand même...

En attendant... voici:

« … pour moi, l'amour est inconditionnel. Si je découvre que la personne que j'aime me ment, ma première réaction n'est certainement pas de lui retirer ma confiance mais au contraire de voir en quoi mon attitude à pu la conduire à travestir la réalité.
Si l'on prend soin de creuser, derrière un mensonge il y a souvent une exigence irréaliste, une relation de domination fondée sur un chantage affectif voire matériel, une incapacité à entendre sereinement la vérité de la part de celui (ou celle) qui, par ailleurs, l'exigerait... »

Oui, bingo, merci pour ces lignes, moi ça me donne envie de clarifier certaines choses dans mes histoires.

Renforcer même inconsciemment une réalité complètement travestie, c’est le classique coup du syndrome de Pygmalion qui sert de renforçateur. Moi ça m’arrive régulièrement de cesser tout effort de recadrage avec quelqu’un qui tourne en boucle : vazy, crois ce que tu veux, mes merguèzes elles sont à point, la salade composée est fraîche et j’ai envie d‘un verre de bon vin rouge avec tout ça, alors salut, je vais aller bien m’occuper de moi plutôt que ne pas arriver à bien m’occuper de la relation, et reste avec ce que tu as envie de penser à mon sujet, si ça peut te garder en sécurité, t’es le seul à savoir ce qui est bon pour toi.

Je pense aussi que la confiance qu’on accorde à l’autre reflète surtout la confiance qu’on a en soi, en sa capacité à découvrir une vérité qu’on se cache ; et souvent malgré les efforts de la personne qui souhaite dire certaines choses, mais n’est pas entendue parce que notre besoin de continuer à nous la raconter est plus fort.

Par contre ça : « Et puis on dit quoi ? "Chéri(e), demain je vais peut-être croiser trucmuche qui me plait bien, peut-être que je lui plait aussi, peut-être qu'on va coucher ensemble !" Bien sûr que ça ne se passe pas comme ça ! », moi je dis que si, c’est comme ça que je conçois assez bien « l’annonce faite à Marie ». C’est pas incompatible avec les tournages-autour–du-pot, suivant avec qui, le moment… et la capacité du partenaire à capter ce qui se passe et à comprendre qu’on lui tend la perche pour qu’il choisisse d’aller en quête de la stricte vérité ou pas.

Si la relation de confiance est entamée, c’est que les deux partenaires la gèrent de manière si différente qu’il est peut-être temps de remettre la relation en question… bien plus que de chercher une harmonie qui mettra forcément l’un ou l’autre en défaut de n’avoir pas comblé des attentes un chouya démesurées, du coup....

Tout comme le degré d’engagement ne peut se mesurer comme la température avec un thermomètre dans le fondement… Le mensonge, en fait, je me demande si c’est pas juste un outil pour voir comment on peut s’ajuster. Ouais, un utilitaire… et pas un outil décisionnel qui se baserait sur la profondeur des plaies. Je repense à ma pote qui ouvre enfin la valoche de la consigne : elle s’est interrogée très vite sur le fait qu’elle se sentait une merde, alors que c’était lui, à son idée qui s’était conduit comme une merde. Comme si ça devait être ou l‘un ou l’autre… donc que la notion de faute à imputer arrive dans le paysage. Je préfère raisonner en termes de malentendu, ou pas entendu, ou pas avoir voulu entendre. Diaboliser, pour moi, c'est accuser l'autre de sa part de responsabilité propre.

On se sent jamais bien ensemble au même degré et à la même intensité, c’est fluctuant et c’est normal, comme les biorythmes. Là, pour moi, si on croit le contraire, c’est qu’on est un peu dans le rose bonbon de l’idéalisation. De même, la notion de relation égalitaire, pour moi ça recouvre plutôt le fait qu’on se reconnaît le droit à ne pas être toujours synchrones. Donc à sortir du présupposé sur la capacité à encaisser du partenaire, qui n’est pas linéaire non plus, histoire de dégager les antennes et de rester attentif. Ca pour moi, c’est de l’engagement, et à faire son maximum et de son mieux, en reconnaissant ses limites et leur mouvance, ce qui est déjà un exploit.

#
Profil

demeter

le mercredi 14 septembre 2011 à 00h36

Janis
Mais si tu te donnes le droit de mentir, il a quelle valeur ton dialogue ?

Quelle valeur a le dialogue d'une manière plus générale dans la transcription de la vérité ? N'accorde-t-on pas trop d'importance aux mots, aux concepts ? Ne s'y perd on pas plus qu'on ne devrait ?
Platon n'a visiblement pas fini de nous faire ch.... et Diogène devra longtemps encore parcourir le monde en cherchant un honnête homme.

Popol
… Le mensonge, en fait, je me demande si c’est pas juste un outil pour voir comment on peut s’ajuster. Ouais, un utilitaire… et pas un outil décisionnel qui se baserait sur la profondeur des plaies.

Ah ben comme ça, on semble plusieurs à le penser.

Message modifié par son auteur il y a 14 ans.

#

(compte clôturé)

le mercredi 14 septembre 2011 à 09h54

demeter
Si l’on cherche à se définir une éthique, plutôt que de s’intéresser à l’éthique de ce moyen, ce qui me semble relever d’une fantaisie philosophique, on peut peut-être alors s’intéresser plus librement à l’éthique (ou la morale peu importe si ça nous chante) de la teneur du message qu’il délivre, plutôt qu’y voir une tentative de dissimulation de LA vérité : cacher une relation à un compagnon, dans le cadre des relations amoureuses, c’est d’abord reconnaître la peur que l’on a de le perdre et l’importance qu’on lui accorde.

L'un n'empêche pas l'autre je crois. On peut intégrer la question du mensonge comme un élément dans le tout de sa propre posture éthique - et je contresigne en ce sens tout ce qui est dit sur la nature de moyen ou d'outil, non de fin en soi, du mensonge et/ou de la vérité ; mais on peut aussi, il me semble, isoler le mensonge en considérant que ce n'est pas un élément exactement comme les autres et le traiter "à part". C'est peut-être fantaisiste mais de mon point de vue c'est pas si absurde que ça. C'est vrai que je place l'usage du langage, l'argumentation et la négociation très haut dans l'économie de mes relations. J'en suis restée à l'idée qu'on est d'abord des animaux parlant, que veux-tu ;)
Oui, Platon nous emmerde, je suis bien d'accord. Mais (attention je vais dire des gros mots, mode pédant "on") on a de la chance, on a aussi Aristote : la vérité se juge syntaxiquement et non sémantiquement ; en gros, dire le vrai c'est pas reproduire par des mots-images la réalité à l'identique, mais c'est construire un système qui tient par la grammaire et les règles logiques avant tout, qui fait que l'autre peut me comprendre, suivre mes intentions, et qu'on peut se mettre d'accord sur le fait que les ronds et les carrés c'est pas pareil et que donc je ne peux pas soutenir que la même chose est un rond et un carré. Ce qui n'empêche pas que le rond puisse être vert, rugueux, qui rapetisse, etc etc.
Alors dans ce cadre-là, mentir sur le fond de la relation (exclusive ou pas), c'est pas la même chose du tout que dire qu'on est allé bosser alors qu'on a plutôt pris une RTT pour aller au hammam avec une amie. Si je cache à l'autre la nature vraie de la relation qu'il vit avec moi, je le prends officiellement pour un c... en faisant comme si les ronds étaient des carrés, et pour en remettre une couche dans le pédantisme, c'est la syntaxe de la relation que je fausse - parce qu'aucune règle ne peut plus s'appliquer, plus rien n'est valable, en gros c'est comme si l'un parlait chinois et l'autre anglais (ou encore, c'est comme le gag de Coluche qui cherche son chemin en Afrique avec une carte de France).
Je sais pas si c'est très clair ce que je dis... Mais là c'est déjà bien long alors je vais arrêter pour le moment.

#
Profil

patrice-86

le mercredi 14 septembre 2011 à 10h31

Lulutine, tu as visiblement la chance d'avoir toujours croisé dans ta vie des gens clairs avec eux-même et avec toi... grand bien te fasses :-)
Mais, une fois de plus l'angle sous lequel j'aborde la question du mensonge n'est pas celui-là.
Je comprend bien qu'il soit préférable de clarifier la nature de la relation dès le début. Mais quand ça n'est pas le cas, quand le sujet a certes été évoqué sur le plan des idées mais que dans les faits les attitudes ont évoluées. Il y a tout un champs de possibles entre "chercher à cacher un éléphant au milieu du salon" et "faire rentrer l'éléphant dans un magasin de porcelaine". Ou, pour dire les choses autrement, il ne s'agit ni de "mentir la main sur le coeur" ni "d'asséner brutalement une information".

D'ailleurs, il ont fait quoi ceux qui en ont "bavé pendant longtemps avant d'arriver à mettre en place ce genre de dispositif" ? Parce que, avant que la Vérité puisse être systématiquement affichée, ils faisaient comment ?

S'il y a quelque chose de dérangeant dans mon propos, c'est peut-être qu'il rappelle à certains qu'avant de devenir des "saints" ils ont été simplement "humains"... et que l'humilité, ça passe par là : reconnaître que l'on est des êtres imparfaits.

Message modifié par son auteur il y a 14 ans.

#

(compte clôturé)

le mercredi 14 septembre 2011 à 11h34

Mais patrice-86, tu es le seul ici à mettre une majuscule à Vérité et à parler de sainteté et de pureté. Le seul...
C'est toi qui es en train de mélanger des niveaux qui n'ont rien à voir entre eux. Je me demande bien pourquoi d'ailleurs mais bon, c'est pas mon problème.

Entre reconnaître qu'on est des êtres imparfaits (scoop ! tu crois vraiment qu'on avait besoin que tu nous le dises ?!) et se satisfaire de trucs moisis qui font que tout le monde est malheureux et que ça finit toujours par retomber sur la gueule des uns et des autres comme un boomerang, il y aussi un énorme champ de possibles.
Ils faisaient comment avant les autres ? Ben ils ramaient et ils étaient malheureux, conscients du problème mais avec la trouille d'y faire face. Et puis quand ça n'a plus été supportable, ils ont retroussé leurs manches et ils ont affronté la question.

#
Profil

patrice-86

le mercredi 14 septembre 2011 à 12h38

Qui a dit ici qu'il se "satisfaisait de trucs pourri" ? :-(
Tu ne forces pas un peu le trait, là ?

Message modifié par son auteur il y a 14 ans.

#

(compte clôturé)

le mercredi 14 septembre 2011 à 13h07

Ben pas plus que lorsque tu penses que je me prends pour une sainte, non ?

Ce que je veux dire c'est que c'est pas parce que factuellement on ment tous, souvent, y compris à nos partenaires que ça fait du mensonge quelque chose de légitime. Se dire qu'on a parfois le "droit de mentir" pour X, Y ou Z raisons, pour moi c'est peu ou prou se satisfaire d'une situation absolument pas satisfaisante et donc s'empêcher soi-même de trouver d'autres solutions.

Mais évidemment tu ne peux accepter de discuter là-dessus que si tu consens à faire une distinction entre le fait et le droit. Tu as le droit (!) de refuser cette distinction. Mais depuis le début de ce dialogue j'ai l'impression qu'on ne parle pas de la même chose, et comme 1) je n'arrive pas à t'intéresser à ce qui est mon objet de préoccupation 2) je ne suis pas sûre de saisir ce qui est ton objet à toi, je pense qu'en ce qui me concerne je vais arrêter de te répondre pour le moment et laisser reposer - et voir comment ce fil évolue, parce qu'il y a eu plein d'autres interventions très intéressantes et que ce serait dommage de ne pas les laisser se développer.

#
Profil

Polypoli

le mercredi 14 septembre 2011 à 13h09

Je tiens à ma liberté...
Je me veux des jardins secrets que je partage avec qui je veux sans possibilité pour les étrangers ( proche ou pas) d'apporter le moindre commentaire sur une relation intime qui ne concerne que mon amoureuse et moi...
Alors j'utilise ce formidable outil de défense qu'est le mensonge et je protège notre Amour...
Je respecte trop les autres pour leur demander d'éviter de mentir s'ils sentent un risque d'intrusion dans leurs jardins secrets...
Vive la liberté...
Vive le respect...
Vive le mensonge

#
Profil

demeter

le mercredi 14 septembre 2011 à 20h05

Janis, je crains pour ma part qu’Aristote ne me soit d’aucune aide sur ce coup là. Dire la vérité permet peut-être à l'autre de me comprendre, de suivre mes intentions, de partager avec moi le réel sous la forme d’un système symbolique, de projeter la réalité, en restant dans le signifiant, on rentre là dans un débat de linguiste ou de sociologue, mais la relation ne s’inscrit pas justement dans cette vérité là, celle que l’on peut dire, mais dans l’immédiateté de la vie, celle que l’on comprend, pas que l’on raisonne. (moi je quitte le « on », pour donner mon point de vue, mais je n’ai rien pour ma part contre le « on ) En regardant très honnêtement ce que je vis, je crois que le langage est impuissant à rendre compte à l'autre de la vraie nature de la relation. Je peux discuter à l’infini, échanger des idées avec l’autre, lui faire part de mes sentiments, refaire le monde pourquoi pas, lui dire je t’aime, je te déteste, que je vais coucher avec quelqu’un d’autre, que je préfère quelqu’un d’autre, que je l’aimerai jusqu’à la fin des temps, parler de la pluie ou du beau temps ou même lui mentir, ma relation avec lui se nourrit de ce que l’on se dit, se construit de ce langage mais ce n’est pas la relation. « Je suis venu te dire que je m’en vais » ne signifie pas que je m’en vais, « je t’aime » peut signifier un au revoir voir un adieu, et « je te déteste » que je veux passer ma vie avec toi : ce que je ressens n’est que poésie, et la « vérité » de la relation me semble d’une autre nature. Quand on déteste quelqu’un, on ne lui dit pas, on le quitte. Je crois que « mentir parfois » participe à la construction de cette réalité, comme le fait de « dire la vérité la plupart du temps». Il ne s’agit pas de légitimer le mensonge comme concept bon ou mauvais, ce qu’il est tentant de faire quand on l’isole en tant que sujet de réflexion, et qui conduit à l’évidence à penser qu’il est quelque chose de mal, mais de le remettre à sa place comme moyen d’élaboration de la relation. On peut assurément chercher à s’en passer,( je ne crois pas que cela soit possible d’y parvenir, mais puisqu’on en parle), mais il me semble que cela serait, de toute manière, un appauvrissement ?

Pour ce qui est d’intégrer la question du mensonge comme un élément dans le tout de sa propre posture éthique, cela suppose l’établissement préalable de cette éthique. Le « problème » ne vient-il pas de l’impossibilité inhérente à la communication de se mettre en accord avec cette éthique ? Dans ce cas il conviendrait de la préciser, de la contextualiser, est-ce cela que tu essaies de faire ? Pour ma part, il me semble, qu’en considérant mon propre conditionnement, ma propre subjectivité, celle de l’autre comme une partie de la relation, dans chaque relation, que quand chaque chose, chaque personne est vu à sa juste place, le « problème » du mensonge disparaît comme par magie, du moins pour un temps. Encore un problème d'attention...

Message modifié par son auteur il y a 14 ans.

#
Profil

LuLutine

le mercredi 14 septembre 2011 à 20h15

patrice-86
Lulutine, tu as visiblement la chance d'avoir toujours croisé dans ta vie des gens clairs avec eux-même et avec toi... grand bien te fasses :-)

Les autres, clairs ? Non, pas toujours (j'ai un exemple assez récent de grand manque de clarté et de beaucoup de non-dits d'ailleurs ^^ ).
Mais moi par contre, je l'ai toujours été (du moins sur la nature de la relation, comme le dit Janis, ce qui est le sujet central ici ; et aussi sur les choses qui me semblent importantes et celles dont l'autre m'a dit clairement qu'elles étaient importantes pour lui).

Alors si par exemple, j'ai dit clairement que je ne serais pas exclusive, et que l'autre qui n'est pas très clair avec lui-même, comprend le contraire, là c'est son problème, on est bien d'accord ?
Il n'y a pas mensonge de ma part, c'est l'autre qui se fait un cinéma (ça arrive d'ailleurs !).

patrice-86
D'ailleurs, il ont fait quoi ceux qui en ont "bavé pendant longtemps avant d'arriver à mettre en place ce genre de dispositif" ? Parce que, avant que la Vérité puisse être systématiquement affichée, ils faisaient comment ?

Justement, je crois qu'ils "en ont bavé" parce qu'ils ont affiché clairement la vérité d'entrée de jeu (du moins, c'est comme ça que je le comprends) ou ont renoncé à toute relation supplémentaire tant que cette vérité n'était pas établie. Au lieu d'opter pour la solution de facilité à court terme qu'est le mensonge.

------------------------------------------------
Pour ton questionnement : que fait-on quand on n'a pas mis les choses au clair dès le début ?
Et bien étant donné qu'on vit dans une société où l'exclusivité est sous-entendue, dans ce cas, je me considère exclusive. Donc si je veux que ça évolue, j'en parle avant de passer à l'acte.

Et comme tu l'évoques dans la fin de ton message, évidemment que personne n'est parfait, pour ma part j'ai même été très "imparfaite", puisqu'il y a des années j'ai menti à quelqu'un. J'ai compris à la suite de cet "incident" que je ne voulais plus jamais de ce genre de situation, et que je souhaitais désormais être transparente à ce niveau.
D'ailleurs j'ai écrit une lettre à l'amoureux que j'ai rencontré par la suite, pour lui dire que je ne pouvais pas lui promettre d'être 100% exclusive...c'était quand même super clair !
Par la suite, je lui ai parlé de tous les gens sur qui je "flashais", et lui faisais de même !
Donc oui, je suis comme ça maintenant : je dis les choses, parce que le contraire ne faisait que pourrir la situation !

Je suis d'accord avec Janis quand elle dit :

Janis
Si je cache à l'autre la nature vraie de la relation qu'il vit avec moi, je le prends officiellement pour un c... en faisant comme si les ronds étaient des carrés, et pour en remettre une couche dans le pédantisme, c'est la syntaxe de la relation que je fausse - parce qu'aucune règle ne peut plus s'appliquer, plus rien n'est valable, en gros c'est comme si l'un parlait chinois et l'autre anglais (ou encore, c'est comme le gag de Coluche qui cherche son chemin en Afrique avec une carte de France).
Je sais pas si c'est très clair ce que je dis...

Pour moi c'est clair en tout cas (et le reste du message aussi).

------------------------------------------------
Je voulais aussi revenir sur cette phrase :

patrice-86
Si l'on prend soin de creuser, derrière un mensonge il y a souvent une exigence irréaliste, une relation de domination fondée sur un chantage affectif voire matériel, une incapacité à entendre sereinement la vérité de la part de celui (ou celle) qui, par ailleurs, l'exigerait...

Je répondrais : oui et non.

En effet, parfois c'est celui qui ment qui est persuadé que l'autre "ne saurait pas l'entendre". Ca m'est même arrivé. Ce n'était même pas une histoire de relation cachée, juste un amoureux qui à la dernière minute, avait annulé, alors qu'il aurait pu m'en parler bien plus tôt (et que je m'étais entièrement organisée en fonction de lui : il savait cela).

J'aurais préféré qu'il me prévienne dès que possible, car j'aurais pu m'organiser autrement. A la dernière minute, c'était beaucoup plus difficile (d'ailleurs j'ai essayé, mais ce fut un fiasco). Peut-être que j'aurais été déçue (ce qui est humain), mais incapable d'entendre la vérité, certainement pas.

Voici la raison qu'il m'a donnée pour ne m'avoir "informée" qu'à la dernière minute : "Oui mais avec <prénom d'une autre amoureuse>, quand je lui dis ça à l'avance, elle ne le supporte pas et me fait une crise...alors j'ai retardé le moment au maximum."

Là, j'étais sur le c**. Depuis le début de notre relation, je n'avais jamais mal réagi à ce qu'il avait pu me dire, que ce soit à propos d'autres relations qu'il pensait nouer ou qu'il nouait - et ce même quand il le faisait "après coup" (sic! :P ) alors qu'il sait que je préfère en avoir connaissance avant - ou encore à propos d'une rencontre exclusive qui nous forçait à nous séparer, etc.

Et là, il avait supposé que je réagirais comme quelqu'un d'autre, qui ne me ressemble aucunement, et pas comme j'avais réagi depuis le début, de façon la plus saine et constructive possible. Ca, ça m'a vraiment blessée (d'ailleurs le fait que j'en parle montre que ça me marque encore, alors que ça fait quand même un bon bout de temps).

Un autre amoureux m'a fait un peu le même genre de coup plus récemment en se désistant à la dernière minute alors qu'il aurait pu le faire plusieurs jours avant. Il croyait, en résumé, que je ne saurais pas gérer son désistement. Alors même que je lui avais précisé, justement, qu'il pouvait changer d'avis. Mais de toute façon, j'ai bien dû gérer la situation, puisqu'il s'est décommandé ! En-dehors du fait que j'ai dû le faire dans l'urgence, je l'ai fait exactement de la même manière que si je l'avais su plus tôt.

En conclusion, je n'ai pas envie qu'on me prenne pour une personne immature incapable de gérer la vérité, et qu'on fuie la discussion. Ca, je ne le supporte pas. Quand on me traite en adulte, je réagis toujours beaucoup mieux.

Par conséquent, comme je suis quelqu'un de cohérent, je ne me vois pas traiter les autres autrement qu'en adultes capables de gérer la vérité. Et s'ils n'en sont pas capables ? Et bien ils le deviendront. Pour moi c'est un apprentissage qui fait partie de la vie.

Evidemment, ça suppose tellement plus de discussions, et d'affronter la peur de perdre l'autre, partiellement ou totalement...c'est sûr, c'est plus difficile et parfois douloureux !

En fait, j'ai l'impression que les bisounours (pour reprendre un terme souvent utilisé par ici ^^ ), dans la situation dont on parle, ce seraient plutôt ceux qui mentent que ceux qui disent la vérité.

#
Profil

demeter

le mercredi 14 septembre 2011 à 21h02

LuLutine
Au lieu d'opter pour la solution de facilité à court terme qu'est le mensonge.

heu....??

Message modifié par son auteur il y a 14 ans.

#
Profil

LuLutine

le mercredi 14 septembre 2011 à 22h38

demeter
heu....? ?

Tous les gens qui m'ont menti à court terme (à moyen ou long terme, j'ai découvert le mensonge) m'ont avoué directement ou indirectement qu'ils avaient fait ce choix car c'était plus facile pour eux sur le moment.
Après, je veux bien essayer d'imaginer que pour certains il soit plus facile de dire la vérité (attention, je parle bien du court terme), mais je ne l'ai jamais observé ni vécu.

#
Profil

demeter

le mercredi 14 septembre 2011 à 22h51

je t'avoue que j'ai bien du mal à comprendre cette expression, car le mensonge ou le fait de le dire n'est pour moi ni une solution, ni facile, ni même un choix raisonné, ni bon ni mauvais, juste la résultante de la complexité des situations et des êtres.

#
Profil

LuLutine

le mercredi 14 septembre 2011 à 23h45

demeter
comprendre cette expression

Quelle expression ?

#
Profil

demeter

le jeudi 15 septembre 2011 à 06h55

LuLutine
Quelle expression ?

cette assertion : la solution de facilité à court terme qu'est le mensonge.

Répondre

Chercher dans cette discussion

Autres discussions sur ce thème :