Difficultés chez les polyamoureux de longue date
#

Romy
le lundi 29 novembre 2010 à 04h47
Plusieurs fils sont consacrés aux épreuves rencontrées lors de la découverte du polyamour. Mais je me demandais si, lorsqu'on vit en polyamoureux depuis longtemps et qu'on a traversé diverses phases, si on pouvait être confrontés à de nouvelles difficultés... et si oui, quelles sont-elles...
J'écarte intentionnellement, pour les fins de la discussion, les aspects positifs d'une relation polyamoureuse bien établie, pour me concentrer sur les aspects plus difficiles qui peuvent subsister ou se développer... même si on connaît bien ce mode de vie. J'en appelle donc aux "sages"! Aux polyamoureux de longue date.
#

Gin
le lundi 29 novembre 2010 à 07h48
ouais, bonne question Rosalie...... je vais chercher toute cette journée ce qui va moins bien avec le temps....
comme ça je parierais sur des réponses à propos de difficultés avec les enfants ou les biens matériels pour ceux qui en ont... mais moi qui n'ai rien de tout ça je ne sais pas si je vais trouver de quoi alimenter ton fil ;)
#

(compte clôturé)
le lundi 29 novembre 2010 à 11h38
Si on a un compagnon de route principal, il finit par être lassant que les autres vous identifient principalement en référence au pluriamour. C'est réducteur, il y a heureusement bien d'autres composantes qui font qu'un couple existe et dure. On est amené bien plus souvent qu'on ne le souhaite à expliquer ce mode de vie, quand ce n'est pas à le justifier face aux critiques qui demeurent, et c'est un peu gonflant...
Par rapport aux autres amoureux: avec les pluriamoureux, aucun problème, ça roule tout seul, comme l'amitié (le désir en plus). Cependant, comme ils ne sont pas majoritaires, c'est désagréable de constater qu'un certain nombre d'hommes, dès qu'ils ont trouvé leur "âme soeur" disparaissent de votre vie. Ca laisse le sentiment que leur enthousiasme pour le pluriamour était juste la facilité de nouer une relation sans lézards en attendant de se fixer. Et ça chagrine quand, soi-même, on aimait réellement ces hommes.
Par rapport à la sexualité: la possibilité d'épanouir différentes facettes de sa sexualité, et de vivre des fantasmes qu'une seule relation n'aurait pas permis ( exemple: dans un couple monogame, si le mari est strictement hétéro et que sa compagne rêve de le voir caresser un homme, il lui sera difficile de lui demander ce qu'à l'évidence il ne désire pas. Si elle est pluriamoureuse, elle peut rencontrer un amoureux bi avec qui réaliser ce désir), cette possibilité, donc, rend plus exigeante, plus sélective. Le basique "on dîne/ on baise" ne présente plus guère d'intérêt. Et le désir, le vrai, se fait plus rare. Cela dit, ce n'est pas réellement un inconvénient, ça revalorise le désir et évite le sexe de consommation courante.
Dernier inconvénient: le pluriamour évite les ruptures amoureuses brutales et permet de prolonger des relations amoureuses dans le temps, même lorsqu'elles sont moins passionnées. Mais la durée mène à la rupture suprême: deux hommes aimés sont déjà morts. Et là, le pluriamour multiplie les chagrins.
#

titane
le lundi 29 novembre 2010 à 12h06
Je partage la pluspart des remarques de Françoise.
Ce que je trouve difficile, tout comme dans l'amitié, c'est de voir s'effacer peu à peu certaines amitiés amoureuses.. "on se perd de vue et de corps..."
Mais le pire est de vivre une séparation drastique car un amour surgit avec une de nos amitiés amoureuses qui exige d'elle de laisser tomber ses autres amours... dans l'euphorie des amours naissant cela peut se produire... j'avoue que c'est pour moi encore un "coup dur": une sorte de "petite mort"... un déni de la relation...
Avec le temps, l'amitié amoureuse peut se réinstaller dans l'empreinte restée là... le plus difficile est alors d'éviter de chantonner "Cry me a river..." pardonner et hop... reprendre ce qui a été suspendu...
Quelques petits incidents: lorsqu'une amoureuse traverse une passe difficile, envahie de doutes et qui demande si elle est la "préférée"... aïe ! Besoin de reconstruire son estime de soi... quand on est fatigué, les vieux démons reviennent nous hanter...
Sinon??? que du bonheur... une suggestion?? laisser jouer le temps et l'espace...
#

Dreltak
le lundi 29 novembre 2010 à 12h08
Le revers de la médaille est aussi le risque de se bruler les ailes, sexuellement parlant, avec quelqu'un qui de toute évidence ne vous respecte pas, mais sur qui une certaine "fixation" (pas de meilleur mot pour définir) s'est établie. Que faire pour aider une personne se retrouvant dans cette situation, a posteriori?
#

titane
le lundi 29 novembre 2010 à 14h02
peux-tu être plus explicite? "bruler les ailes"? "ne vous respecte pas"? "fixation".
#

Romy
le lundi 29 novembre 2010 à 15h57
Personne n'a signalé de difficultés dans la relation principale, s'il en existe une. Comment la relation principale évolue-t-elle? Se transforme-t-elle en amitié amoureuse elle aussi? Comment voyez-vous vos vieux jours?
Je partage tout à fait les difficultés face aux autres amoureux qui, finalement, ne sont pas véritablement des polyamoureux...et qu'on perd de vue dès qu'ils réalisent que la relation ne pourra jamais déboucher sur une relation exclusive... De plus en plus l'impression de faire peur aux hommes, même aux célibataires.
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
#

Alygator427
le lundi 29 novembre 2010 à 16h42
C'est vrai que c'est toujours difficile de plaire ou de draguer quand on est étiqueté en 'couple'. Le souci c'est d'avoir les mêmes amis, et même sans cela, quand on dit que l'on vie avec quelqu’un, on est déja moins intéressant.
#

tentacara
le lundi 29 novembre 2010 à 17h45
Étrangement, je n'ai encore jamais eu à faire face aux problèmes que rencontre Françoise.
Mon principal ennui, c'est de faire admettre aux gens que le fait d'être pacsée avec un de mes hommes ne fait pas de l'autre un amoureux "secondaire". Dès qu'on met le doigt dans l'engrenage symbolique mono, ils s'empressent de te remettre dans leur propre schéma. Même le mariage public à trois n'a pas convaincu les plus retors. C'est lassant!
Sinon, avec le temps, on apprend à gérer les nouvelles entrées et sorties de nos vies respectives. Ma copine commence à se poser des cas de conscience, pas vis à vis de moi, mais de ses autres conquêtes qui ne comprennent pas toujours.
Il m'arrive aussi de faire "courrier du cœur" pour les autres chéries de mes chéris (rare, mais sympa.. ça rapproche).
Naviguer en permanence avec mon sac sur le dos d'une maison à l'autre me coûte de plus en plus d'énergie. On cherche toujours notre futur chez nous, mais ça prend du temps.
Le reste est plutôt rigolo.
Nous avons fait une belle fête pour notre "étrange mariage" que nous avons appelée "In the Mood for Love". C'était magique. Les invités qui ne se connaissaient pas en arrivant se sont très vite mélangés et cette fête a vraiment été une sorte de célébration païenne de l'amour sous toutes ses formes. Mes hommes s'entendent mieux que jamais et ma copine rayonne (et fait des ravages).
Je suppose qu'il y aura des problèmes. J'ai avec mes amoureux (ses) des soucis, des disputes, des déceptions.. comme dans tous les couples. Rarement à cause des amours plurielles.
Mais jamais je n'aurais cru pouvoir un jour être aussi heureuse.
#

LuLutine
le mardi 30 novembre 2010 à 00h46
tentacara
J'ai avec mes amoureux (ses) des soucis, des disputes, des déceptions.. comme dans tous les couples. Rarement à cause des amours plurielles.
+1 là-dessus.
Quand il y a un souci c'est rarement la présence d'un(e) autre qui pose problème en premier lieu.
Bon, ça peut arriver, mais par exemple le reproche qu'un amoureux va me faire, c'est : "Tu ne restes pas longtemps avec moi aujourd'hui" ; et pas : "Tu vas retrouver quelqu'un d'autre". En gros, si j'avais décidé d'aller pêcher en solitaire, il aurait été déçu de la même façon !
#

jeffoux
le mardi 30 novembre 2010 à 04h53
Bonjour Rosalie,
OUI les polyamoureux de longues dates peuvent aussi, avec le temps, avoir de nouvelles difficultés, comme la venu d'un nouvel enfant dans l'autre relation par exemple ........ et la ..... tout ou presque doit être ré équilibré, avec de nouvelles données, de nouvelles peurs et de nouvelles questions personnelles à résoudre .... surtout chez la femme, car ce qui pouvait être acceptable sans enfants ne le sera peut être plus avec.
La, on parle de deux relations intimes et familliales simultanées, ça se complique !
Personnellement, je vis une relation polyamoureuse depuis plus de 10 ans avec la mère de ma fille (en France) et ma copine actuelle au Canada. Ma fille à 17 ans maintenant et ma copine est enceinte de 5 mois .....
Elle a beaucoup de mal à accepter de me partager depuis ce moment et je ne suis pas sur que le polyamour lui convienne en tant que mère de famille....surtout quand le partage s'exprime en milliers de kilomètres et donc, de ce fait, sur des périodes assez longues (1 année et +) ....
Alors biensur, elle me demande de faire un choix, ce qui la rends perdante sur les 2 tableaux, puisque soit elle aura de moi ce qu'elle ne veux pas, ou bien elle me perdra, car, personnellement, j'irai vers celle qui "accepte" plutôt que vers celle qui "impose".
A suivre ...
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
#

Gin
le mardi 30 novembre 2010 à 10h14
Ça y’est, j’ai trouvé ce qui est difficile avec le temps pour moi :
Rester tolérante !
Ayant moi-même souffert d’intolérance dès l’enfance, j’ai toujours été très tolérante.
Mais je trouve ça de plus en plus difficile avec le temps, j’ai de plus en plus souvent envie de dire « merde » aux gens et « arrêtez de vous prendre la tête et de nous faire chier avec vos problèmes que vous vous créez tous seuls ! »
J’ai envie d’un monde plus léger, vraiment, et j’en ai marre de voir qu’on est si peu nombreux à ramer dans ce sens et qu’ils sont encore si nombreux à préférer regarder du côté qui fait mal et à jouer d’hypocrisies en tous genres.
Surtout que je sais que ça marche, que j’ai des preuves (si on peut considérer ma belle-sœur qui va mieux comme étant une preuve ;) ) j’en vois des gens qui s’allègent doucement en arrêtant de se restreindre les idées sur des modèles contraignants et peu naturels.
Voilà ce qui est difficile pour moi avec le temps, ce n’est pas le regard des autres sur moi (ça, j’en ai rien à foutre), ce n’est pas ma vie au quotidien (ça, ça va très bien), c’est regarder les « autres » qui est de plus en plus difficile….
Rester en amour vis-à-vis d’eux… même si je sais bien que ça paye à la fin, y’a des fois où ça m’agace pas mal de voir comme ils avancent doucement, et comme ils aiment reculer aussi…
Et comme chantaient mes rugbymen préférés : tu t’avances et tu recules, comment veux-tu, comment veux-tu….
;)
#

titane
le mardi 30 novembre 2010 à 11h45
Alygator427
C'est vrai que c'est toujours difficile de plaire ou de draguer quand on est étiqueté en 'couple'. Le souci c'est d'avoir les mêmes amis, et même sans cela, quand on dit que l'on vie avec quelqu’un, on est déja moins intéressant.
je ne crois pas... la "disponibilité amoureuse" de ceux qui aiment au pluriel semble être perçue par d'autres... mystérieusement... comme un parfum... (celui de Patrick Süskind?)...
c'est en étant ouvert aux amours multiples que les amours se proposent...
#

(compte clôturé)
le mardi 30 novembre 2010 à 13h08
rosalieComment la relation principale évolue-t-elle ? Se transforme-t-elle en amitié amoureuse elle aussi ? Comment voyez-vous vos vieux jours ?
Toute relation de plus de vingt ans évolue, avec des éléments plus forts qu'au début, et d'autres moins forts. Cette évolution n'a aucun rapport avec le pluriamour, les vieux mariés monogames la ressentent aussi. Cependant, le pluriamour, peut-être parce qu'il a une importante composante joyeuse et ludique, préserve (en tout cas m'a préservée) de la fameuse "routine" chère aux magazines de psycho.
à Tentacara: c'est logique que tu n'aies pas rencontré les mêmes difficultés que moi, question d'âge. C'est passé 45 ans que j'ai vu certains de mes amours entrer dans la monogamie (et hélas rompre notre relation) par envie de se caser et, plus prosaïquement comme m'a dit l'un d'eux " parce qu'à partir d'un certain âge, un homme a déjà du mal à satisfaire une seule femme, alors plusieurs..." Car, contrairement à une idée reçue, les quinquas/sexas hommes ont plus de baisse de libido que les femmes, pour des raisons une fois de plus hormonales.
#

Romy
le mardi 30 novembre 2010 à 16h41
Jeffoux,
Il s'agit effectivement d'une situation difficile...Je ne sais pas trop quoi en penser pour le moment. Mais, oui, la question de la "double-vie" familiale peut créer son lot de problèmes et de difficultés.
Mon mari a eu des copines plus jeunes, en âge de vouloir avoir des enfants...il s'agit d'une situation qui me met mal à l'aise (et lui aussi) car elles finissent généralement par envisager cette possibilité et avoir envie de ça. Dans ce cas, ce n'est plus de l'amitié amoureuse, mais l'envie de créer une famille. Et lorsqu'elles réalisent que ce n'est pas possible (pas désiré j'entends), elles finissent par se lasser, même si elles acceptaient au départ l'idée des relations multiples.
Avoir des enfants est certainement une lourde et belle responsabilité qui, à mon sens, doit avoir priorité sur le reste une fois qu'ils sont mis au monde.
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
#

Romy
le mardi 30 novembre 2010 à 17h34
Françoise, lorsque tu dis que ça vous a préservé de cette fameuse routine, est-ce que tu inclus aussi là-dedans l'argumentation et les discussions plus corsées que peuvent provoquer les situations de pluriamour? Autrement dit, est-ce que vous "négociez" encore? est-ce qu'il vous arrive encore parfois d'être jaloux, ou d'avoir envie d'être ailleurs? Pour moi, ça aussi c'est se préserver de la routine: confronter nos sentiments, exprimer nos états d'âmes, se réconcilier, vivre à fond en somme...et pas en superficialité.
#

lets
le mardi 30 novembre 2010 à 20h21
ROSALIE : je ne sais pas pourquoi, mais cette discussion me plait.
#

Dreltak
le mardi 30 novembre 2010 à 21h11
(vous inquiétez pas pour mon post précèdent, il faut juste que qu'on trouve le temps de déterminer précisément avec la personne concerné ce qu'il est bon ou pas de dire sur un forum public)
#

jeffoux
le mercredi 01 décembre 2010 à 05h26
Rosalie,
personnellement ce n'est pas la volonté de fonder une famille qui nous à mener à cette situation, ma copine et moi, mais tout simplement un accident avec l'impossibilité totale de ne pas garder l'enfant ....
#

tentacara
le mercredi 01 décembre 2010 à 11h41
Tiens, je suis tombée sur un os, totalement en rapport avec le PA..
Le problème vient d'une survivance de la monogamie, en fait :
Nous avons posé l'honnêteté comme principe de base. Nous n'avons pas besoin de tout nous dire, mais lorsqu'un de mes amoureux fait des choix qui sont susceptibles de changer sa vie, donc la mienne, j'entends en être informée et invitée à participer à la réflexion. Le problème, c'est qu'après de longues années de monogamie, il arrive que le vieux réflexe de "taire pour protéger" refasse surface. Je le vis comme une dissimulation, une manipulation.. et bien sûr ça fait très mal.
Peut-être que j'en demande trop, mais je ne parviens pas à me détacher de cette problématique. S'il pense à s'installer à l'étranger pour se rapprocher d'une autre amoureuse alors qu'aujourd'hui nous vivons ensemble plus de la moitié du temps, je trouve insupportable que cela ne fasse pas l'objet d'une conversation franche et claire au lieu d'une découverte fortuite et des disputes qui s'en suivent.