Le polyamour utilisé comme caution morale
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bidibidibidi
le lundi 05 octobre 2020 à 13h41
Sur ce forum, on croise beaucoup de sujets sur ce que je nommerai les "nouveaux polys". Des personnes qui soudainement, au sein de couples monogames, se découvrent polys (le sujet pouvant être ouvert par le conjoint comme par le nouveau poly).
Et je trouve que ces "nouveaux polys" rentrent dans deux catégories :
- Je me suis toujours senti poly mais je n'ai jamais pu mettre de mots dessus avant aujourd'hui, alors que je suis bien installé dans un couple monogame.
- Je me suis jamais vraiment senti poly et soudain je découvre que j'aime une seconde personne et que je suis donc poly.
En général, j'ai tendance à gérer les deux cas de la même manière. Pourtant, il me reste quand même un arrière-gout dans la bouche quant au second type. Est-ce-qu'on parle vraiment de polyamour ou est-ce-qu'on utilise le polyamour comme un moyen, comme une caution morale ? Est-ce-que la personne est réellement en train de changer vers le polyamour ou est-ce-que dès que sa vie sera revenue sur des rails plus monos elle oubliera le polyamour aussi vite qu'elle l'a découvert ?
D'un côté, je pourrais dire que je m'en fous. Sauf qu'en aidant des gens qui n'ont pas un réel désir de faire leur le polyamour mais juste de s'en servir j'ai un peu la sensation d'encourager des comportements que je ne cautionne pas vraiment...
Enfin, voilà, c'était ma réflexion de ce lundi matin en lisant un vieux message de Siestacorta sur le forum. Peut-être juste un petit coup de blues :-)
PS : Je l'ai mis dans le thème "Poly/Mono" parce que je n'ai pas trouvé de thème "Réflexions". Je trouve qu'il manque un thème pour échanger et discuter autour du poly. Mais peut-être Artichaut connais-tu une catégorie plus appropriée ?
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artichaut
le lundi 05 octobre 2020 à 23h57
bidibidibidi
Mais peut-être Artichaut connais-tu une catégorie plus appropriée ?
N'importe qui peut proposer un thème.
Je dirais : Communauté ?
bidibidibidi
soudain je découvre que j'aime une seconde personne et que je suis donc poly.
C'est sûr que ça prête a réflexion…
Beaucoup débarquent ici (ce fût peut-être aussi mon cas) avec une idée préconçue (et souvent assez erronée) de ce qu'est le polyamour.
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Toinou
le mardi 06 octobre 2020 à 10h47
bidibidibidiD'un côté, je pourrais dire que je m'en fous. Sauf qu'en aidant des gens qui n'ont pas un réel désir de faire leur le polyamour mais juste de s'en servir j'ai un peu la sensation d'encourager des comportements que je ne cautionne pas vraiment...
"Je préfère prendre le risque d'un coupable en liberté qu'un innocent en prison."
Je préfère prendre le risque de discuter avec quelqu'un qui reviendra à la monogamie que de ne pas avoir aidé quelqu'un qui en avait besoin.
Je ne veux pas non plus me montrer juge des volontés de personnes que je connais pas.
Ma vision de la chose est surement du à mon vécu et au fait que si on m'avait parler de poly 10 ans avant ma vie aurait été radicalement différente. Et que je n'ai pas envie que les personnes qui passe ici se retrouve dans ce cas parce qu'on les aura juger "non digne".
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Sophie72
le mardi 06 octobre 2020 à 11h54
Merci @Toinou pour ces mots car effectivement personnellement, je me suis sentie jugée. Et moi aussi, je regrette que personne ne m'ait expliqué ce qu'est le polyamour et les différences de vision du couple au début de ma vie amoureuse car sans doute que les choses auraient été simplifiées. Je comprends maintenant plein de trucs qui étaient difficilement compréhensibles avant. Je comprends pourquoi j'avais une curiosité pour les couples qui avaient une manière "marginale" de vivre leur amour. Jeune adulte, je comprenais plus facilement que mes proches par exemple le libertinage (je ne trouvais pas cela bizarre mais ne comprenais pas pourquoi c'était si bizarre aux yeux des autres) tout en sachant que ce n'était pas mon truc.
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bonheur
le mardi 06 octobre 2020 à 12h36
Le hic n'est peut-être pas que des personnes non poly, ou qui ne savent pas trop où elles en sont de leur vie amoureuse (affective comme sexuelle), atterrissent ici. Le hic pour moi, et je l'ai déjà exprimé, c'est que la définition offerte par ce forum n'apparait pas en premier, qu'elle ne soit pas mise en évidence. Le pourquoi du refus que j'ai essuyer ? Je ne comprends ce "camouflage", mais le constat que nombre de nouveaux intervenants interagissent sans avoir compris ce qu'est le polyamour, les formes de polyamour. C'est tronqué la communication, je trouve.
Après, l'entraide, chacun-e y contribue à souhait, puisqu'aucune barrière (et c'est tant mieux).
Evidemment, si aucune déconstruction n'a été entamée, dynamisée, on débarque ici dans un univers incompréhensible ou compris avec un regard encore figé.
J'ai vécu en situation de polyaffectivité durant 4 ans avant de savoir que finalement je n'étais pas le vilain petit canard que je croyais. Déconstruire et reconstruire à l'aveugle est difficile. On vit trop de bas, alors que l'on devrait se porter vers le haut avec constance. C'est en milieu libertin, au milieu de personnes simples et curieuses de non normalités, que je me suis découverte, assumée et un jour, par hasard, entendu pour la première fois le terme polyamour et la notion d'amours sentimentales plurielles. J'ai pu me définir enfin, comprendre que je n'étais pas un vilain petit canard et revêtir progressivement un beau duvet blanc et majestueux (enfin à ma façon). Je ne suis pas polyamoureuse, puisque sans sexualité autre que ma relation principale. Je suis moi et basta :-D . En revanche, je me sens plus proche de la philosophie polyamoureuse, avec l'intérêt pour la communication, la franchise, la transparence (autant que possible)... que toute autre philosophie que je connais.
Egalement, la déconstruction, dont ma polyaffectivité fut le déclencheur et le point d'orgue, a transformé mon moi, dans ma découverte de qui je suis et cela oriente aujourd'hui tous les aspects de ma vie, y compris celui professionnel. Se découvrir ne se fait pas en un claquement de doigt et surtout je conçois qu'il y ai une longue période de flou. Tout comme j'ai côtoyé plusieurs années le milieu libertin dans lequel je me sentais admise (y compris en refusant le sexe, gentiment, poliment) et bien dans ma liberté, en toute sérénité, dans un climat sain, les personnes dans le flou peuvent être accueillies ici d'une belle façon. En revanche, le polyamour, enfin les formes de polyamour, se doivent de rester ce qu'elles sont et ne pas être par la suite dénigrées ou détournées.
Voilà mon opinion à cet instant, qui n'est que mien.
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bidibidibidi
le mardi 06 octobre 2020 à 13h55
Toinou
"Je préfère prendre le risque d'un coupable en liberté qu'un innocent en prison."
Je préfère prendre le risque de discuter avec quelqu'un qui reviendra à la monogamie que de ne pas avoir aidé quelqu'un qui en avait besoin.
Je ne pense pas qu'on se soit compris.
Pour prendre l'exemple que j'énonce de quelqu'un qui au sein d'un couple monogame tombe amoureux d'une seconde personne, comment devrions-nous réagir ? Je sais que j'ai tendance, par conviction, à expliquer le polyamour et à aider la personne qui vient sur le forum à opérer une transition vers un couple mono/poly.
Mais est-ce la bonne réaction ? J'agis par conviction, mais peut-être que j'agis mal. D'abord, avant même d'encourager une transition vers le polyamour, avant même d'expliquer le polyamour, il me faudrait déterminer si on est dans un cas propice au polyamour ou juste face à un classique cas d'adultère géré autrement que par le mensonge. Parce que commencer à vendre du polyamour pour légitimer un abus relationnel, ben ça me reste en travers de la gorge. Je suis ok pour ne pas mettre un coupable en prison, mais je vais pas en plus lui servir de caution morale...
Je me demande si, des fois, je devrais pas plutôt encourager à la monogamie. La personne qui tombe amoureuse d'une autre personne, il faudrait déjà déterminer si c'est un cahot sur la route. Si oui, alors le mieux est peut-être de parler de trahison, d'adultère, et pas de polyamour. Aider, accompagner sur le chemin de la non-exclusivité, mais avec intelligence et parcimonie.
Voila mon questionnement. Comme dit au-dessus, c'est peut-être un petit coup de blues. J'ai tendance des fois à trop réfléchir.
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oceangris
le mardi 06 octobre 2020 à 14h38
Je ne pense pas que l'on cautionne quoi que ce soit en répondant aux questions sur ce forum y compris dans le deuxième cas que tu cites
bidibidibidi
" Je me suis jamais vraiment senti poly et soudain je découvre que j'aime une seconde personne et que je suis donc poly"
Dans le cas où on apporte des réponses à celui/celle qui n'a jamais entendu parler de polyamour, qui tombe amoureux d'un/e autre que le/la partenaire historique, c'est toujours positif.
Ce n'est pas parce qu'on tombe amoureux d'un/e autre qu'on est polyamoureux, c'est vrai, mais le fait de se poser des questions, de venir sur le site, de voir ce qu'est le polyamour ici , de voir ce qu'on l'on peut en faire pour soi-même ou pas, c'est déjà beaucoup!
Pour certains ce sera prendre conscience de la valeur de la transparence dans la/les relations.
Pour d'autres ce sera se rendre compte que oui, aimer deux personnes en même temps c'est possible, ça existe, ça arrive à d'autres. Après, la démarche vers le polyamour, c'est autre chose. En plus tu parles des gens qui retournent ensuite vers la monogamie. Cela n'a rien de condamnable, en soi c'est un mode de vie comme un autre. Et certains le font par choix aussi, pour préserver leur amour historique de la souffrance, ou parce que cet amour historique veut les quitter, et qu'ils choisissent de retrouver la monogamie.
Et puis tous les conseils, avis, donnés ici sont lus par beaucoup qui n'interviendront jamais sur le forum, et qui sont parfois celui ou celle "d'en face", celui/celle qui fait face à l'adultère, ou à un/e conjoint/e tombée amoureux/se ailleurs, ou à à un/e conjoint/e en phase vers le polyamour. C'est toujours intéressant d'avoir des témoignages d'autres, même s'ils nous hérissent le poil parfois!:-D
Et puis on ne peut pas savoir à l'avance ce que donneront demain les relations d'aujourd'hui, chacun avance à son propre rythme sur le chemin de la tolérance et de l'ouverture. Alors je pense que tous ceux qui conseillent sur ce forum apportent leur petite pierre à ce chemin, merci pour cela!
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artichaut
le mardi 06 octobre 2020 à 15h32
Pour ma part je suis assez d'accord avec ce que tu exprime @bidibidibidi. En l'occurrence pour moi, plutôt qu'un questionnement ou un coup de blues, il s'agirait d'une lassitude. Lassitude de répondre tjs aux même questions. Lassitude que les questions soient si orientés… pour le dire vite "monogamie-réformée", lassitude que le mot polyamour prête tant à confusion.
La seule chose qui me maintient un peu à flot, c'est de me dire —égoïstement— que moi-aussi je suis +ou- passé par là, que je suis +ou- arrivé ici, comme beaucoup, avec l'envie d'avoir (et d'assumer avoir) plusieurs relations sexo-amoureuses dans ma vie. Et croyant trouver ici des réponses pour m'aider à assumer ça.
C'est autre chose que j'ai trouvé. Et aujourd'hui je me sens en porte-à-faux avec ces demandes qui viennent de toute part. Je ne sais plu comment les accueillir, les recevoir et y répondre.
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bidibidibidi
le mardi 06 octobre 2020 à 18h02
Je vais prendre un exemple concret pour étayer mes propos. Je cite un autre sujet, le message initial est :
"Bonjour c'est la première fois que je vient sur ce site qu'un ami m'a conseillée je viens quémander conseil
Voila je suis en couple depuis 6 mois et je vis un amour parfait je suis fou amoureux de ma copine mais il y a 2 mois elle m'a présenté ses amies et la je suis tombé sous le charme de sa meilleure amie je pense tout le temps a elle je fais même des rêves ou elle est présente pourtant j'aime toujours autant ma petite amie je me sens obligé de choisir une d'entre elle mais en faisant ça j'ai peur de perdre ma petite amie je suis perdu je peux rester des longs moments plongé dans mes pensées sans savoir quoi faire ...
Selon vous c'est normal ? Que dois je faire ?"
Donc, on voit que la personne en détresse ne parle :
- Ni d'ouvrir son couple.
- Ni de polyamour.
- Ni de non-exclusivité.
Je vous laisse lire les réponses. Il n'y en a qu'une qui ne parle pas de non-exclusivité, polyamour ou ouverture du couple. Au final, ce monsieur n'a exprimé à aucun moment le désir d'embrasser la non-exclusivité.
Pourquoi a-t-on réagi ainsi, en tant que communauté ? Pourquoi n'avons-nous pas commencé à traiter le problème par un angle similaire au sien, donc un angle monoamoureux, tout en lui faisant profiter de notre vision différente des relation ? Le fait de tout de suite embrayer sur l'ouverture de son couple et les difficultés induites, pardonnez-moi du mot, mais c'est du prosélytisme. Qu'est-ce-qu'on espère gagner en poussant des monos à ouvrir leurs couples ? Pourquoi la solution basique, mono, de combattre ses sentiments, d'apprendre à vivre avec, n'a été évoquée que par une seule personne ?
C'est pas parce qu'on est polyamoureux qu'on a que des réponses polyamoureuses aux questionnements. Au final, je me demande si, face à ce premier message là, le choix le plus sage, le plus judicieux, n'aurait pas été de rester dans un cadre mono. Et commencer à parler d'ouverture de relation que si la personne embraye vraiment sur un questionnement polyamoureux, et un questionnement avec une portée beaucoup plus importante que juste : J'aime deux personnes, que dois-je faire ?
C'est ça que j'essayais d'exprimer, confusément, dans mon premier message. Pour moi, dans le cas de la personne qui est juste amoureuse de deux personnes mais qui ne montre pas de réel désir d'embrasser la non-exclusivité (avec ou sans malice (consciente ou inconsciente)), je me dis que la réponse la meilleure est peut-être la réponse mono de choisir un(e) des deux. Et cette réponse, je ne crois pas qu'on la donne jamais sur ce forum.
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
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RobotEtourdi
le mercredi 07 octobre 2020 à 00h18
Hello !
Je trouve le sujet est très intéressant, et j'aime le message introspectif qu'il porte.
J'ajoute ma pierre à l'édifice :
J'ai une amie monogame en couple qui se demandait si elle était polyamoureuse parce qu'elle avait des sentiments pour un gars, mais sans que ses sentiments pour son copain officiel n'aient changé. Elle voulait très fort avoir une histoire avec le nouveau et le polyamour lui semblait être une solution à son problème. Je lui ai demandé d'imaginer une situation inversée, ou elle n'a personne d'autre mais que son copain officiel, lui, demande d'ouvrir leur couple pour qu'il puisse vivre une relation avec une autre personne.
La raison pour laquelle j'ai demandé cela, c'est que j'ai une définition du polyamour qui est inversée par rapport à celles qui sont les plus souvent lues. La mienne serait une phrase du genre :
Le polyamour, c'est adhérer au fait qu'une personne avec qui on a une relation d'intimité entretienne une relation d'intimité analogue avec quelqu'un d'autre.
La formulation est sans doute maladroite mais le propos n'est pas de lancer dans une battle de définitions. Le point important est que, de la façon dont j'envisage mon polyamour, cela n'a pas grand chose à voir avec ma propre envie ou capacité à vivre plusieurs relations simultanées. Et j'ai l'impression que la question difficile quand on passe d'une vision monoamoureuse à une vision polyamoureuse n'est pas tant l'acceptation du fait de soi-même aimer plusieurs personnes que la jalousie qu'on pourrait éprouver quand l'autre se trouvera dans d'autres bras.
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Sophie72
le mercredi 07 octobre 2020 à 10h11
Cela me paraît effectivement plus pertinent ce que tu dis @RobotEtourdi
Dans mon cas, alors que mon compagnon s'est tout de suite trouvé dans la situation de se demander s'il pouvait accepter de me "partager", moi cela n'est venu que dans un second temps. Aujourd'hui je sais que je serais capable d'admettre une réelle ouverture de mon couple même si concrètement je n'ai aucune idée de ma capacité à supporter l'existence d'une autre relation amoureuse de mon compagnon. Je n'aurais probablement jamais de relations plurielles mais pourtant je me sens réellement proches de vous tous et cela est assez blessant de constater qu'on est rejeter par les "mono" et les "poly" alors qu'en fait on a tous énormément de points communs.
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bonheur
le mercredi 07 octobre 2020 à 10h11
Attention, nous ne sommes pas des professionnels de l'accompagnement. Evidemment que chacun-e aide avec sa vision de la vie, avec son vécu. C'est bien effectivement de s'en extraire parfois. Sauf qu'offrir ici un regard différent est sain. Mais oui, on n'a qu'une version et c'est dérangeant, la version de celui-celle qui atterrit ici. Si on veut qu'il n'y ai pas d'erreur sur l'utilisation du forum, il faut que ce soit explicite. Que la définition du polyamour soit visible.
Je trouve la définition du forum simple et acceptée par tous les membres (je suppose). Simplement, moi quand j'arrive sur le forum, je tombe sur les articles, qui sont diffus pour des personnes qui ne connaissent pas, alors que tomber direct sur "poly-quoi ?" serait judicieux.
On m'a déjà reproché ici de donner des références de livres. Sauf que justement, lire un livre sur le sujet c'est déjà s'investir et c'est surtout s'offrir une compréhension individuelle, personnelle. Un regard de soi à soi, donc unique et particulier, donc non parasité.
Le personne poly de nature, verra son passé ressurgir. En général, cette personne avait déjà été dans une ou plusieurs situations d'amours plurielles, avant de s'endormir dans le moule et se mettre des œillères.
Il y a une différence entre une personne qui est séduite par le "concept" et une personne en qui la philosophie poly (une fois comprise) résonne et fait réellement écho à l'âme, l'être intérieur, la personnalité. Etre poly, est assimilable pour moi à un trait de caractère. En tout cas, c'est intrinsèque à l'individu. C'est surtout cela qu'il faut "détecter", je pense.
Je trouve bien d'indiquer clairement dès le départ "la situation décrite n'est pas du polyamour" ou alors "tu n'es pas polyamoureux-se".
@RobotEtourdi : j'aime bien ton exemple. Une personne poly qui ne ressent pas la compersion, ne peut imposer à ses relations. Quant à ta définition, elle complète celle du forum, je trouve. (+) .
Un autre point, il faut du temps, pour qu'une personne mono fasse une transition à l'acceptation (voir devenir poly). Inciter à "faire pareil" ne me parait pas approprié. Cela implique que l'on utilise un être humain, pour satisfaire un "règlement de compte" dans le couple initial.
Offrir une réponse avec une vision mono. Je ne pense pas qu'une personne qui fait la démarche d'aller sur internet pour s'offrir un regard différent, souhaite l'accompagnement, le témoignage de personnes qui indiquent qu'il est préférable de rester dans le commun, le moule de la monogamie. Ne serait-ce pas contre-productif ? En revanche, dire qu'il faut prendre le temps de la transition et du deuil de la monogamie, me parait judicieux.
Après, il y a les médias. Les films partent souvent d'une situation adultère comme si elle était obligatoire et incontournable. Un peu le chainon manquant entre la monogamie et le polyamour, ce que j'ai des difficultés à percevoir ainsi. Egalement, l'ouverture du couple, me fait penser à la série "scènes de ménage" avec les personnages de José et Liliane. On y entremêle une tentative de libertinage, puis cette notion de couple libre... alors que finalement, ce couple, c'est ensemble qu'il s'épanouit (avec ou sans costumes :-D ). Je trouve que les grands médias n'appréhendent pas du tout le polyamour dans ce qu'il a de beau. Je pense même que la compréhension exacte ne se fait pas du tout. Du coup, l'image du couple libre, du libertinage, du polyamour est un mixe diffus dans les esprits.
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bonheur
le mercredi 07 octobre 2020 à 10h22
Sophie72
... cela est assez blessant de constater qu'on est rejeter par les "mono" et les "poly" alors qu'en fait on a tous énormément de points communs.
Le rejet est lié au fait que chacun-e défend son "idéal". J'avoue avoir des difficultés, non avec les "mono" mais avec l'adultère (donc certain-e-s mono). Le mensonge et la trahison, j'ai cela en horreur. C'est ce qui m'a amené ici, autant que le fait d'aimer au plurielle.
Pour en parler autour de moi ouvertement, nous sommes très nombreux, et chez les "mono" aussi, à aimer au plurielle. Si je pose la question "as-tu déjà ressenti des chamboulements, des perturbations, des émotions amoureuses pour quelqu'un d'autre que ton-ta compagne-gnon de vie ?". La réponse est vraiment très souvent "oui". Mais en général, on m'indique que ce ne serait pas bon de "courir plusieurs lièvres à la fois". Donc, nombre de "mono" reste par choix dans la monogamie ou le monoamour. Cela ne veut pas dire qu'ils n'ont pas de ressentis amoureux plurielles. Ils parlent alors de "jardin secret" et souvent avec un sourire qui s'affiche clairement sur leur visage. Et pourquoi on m'en parle en toute liberté ? Parce que mon statut de poly offre l'écoute et je ne demande rien sur l'aspect sexuel (donc adultère, même si l'adultère affectif existe).
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bidibidibidi
le mercredi 07 octobre 2020 à 11h01
bonheur
Offrir une réponse avec une vision mono. Je ne pense pas qu'une personne qui fait la démarche d'aller sur internet pour s'offrir un regard différent, souhaite l'accompagnement, le témoignage de personnes qui indiquent qu'il est préférable de rester dans le commun, le moule de la monogamie. Ne serait-ce pas contre-productif ? En revanche, dire qu'il faut prendre le temps de la transition et du deuil de la monogamie, me parait judicieux.
Pourquoi ?
Si la meilleure réponse est la réponse mono, n'est-ce pas contre-productif de ne pas la donner "par principe" ? Est-ce-qu'on doit vendre le polyamour comme solution à tous les problèmes de couple ?
Ne peut-on pas des fois avoir la sagesse de réaliser que le polyamour n'est pas la solution idéale au problème ? Ne peut-on pas donner, en plus d'une réponse de polyamoureux, une réponse de monoamoureux, surtout quand on a aucune certitude que la personne est fondamentalement poly ou à le désir de faire la transition ?
Le cas que j'ai cité est pour moi un cas d'école. Le mec tombe amoureux de la meilleure amie de sa copine.
La réponse de monoamoureux : Passe-toi la tête sous l'eau froide. Tu peux en parler à ta copine, mais tu vas mettre le chaos à vouloir vivre cette relation.
Si le gars suit le conseil, il a un max de chance de conserver son couple et de ne pas nuire à la relation entre les deux amies. Il est même possible qu'avec le temps son amour pour l'amie s'avère n'être qu'un feu de paille ou se mue en amitié.
La réponse qu'on lui a faite : Ouvrir son couple.
La probabilité que le mec arrive à créer une relation en V durable est ultra faible. Et la probabilité que cette relation en V s'avère plus proche du harem/polygynie que d'une relation respectueuse est en plus élevée (parce que rien ne dit que le mec est polyamoureux d'après son premier message). Par contre, la probabilité qu'il mette le boxon dans son couple est élevée, la probabilité qu'il mette le boxon dans l'amitié entre les deux amies est élevée.
Notre conseil est juste pourri. A vouloir tout voir sous le spectre polyamoureux, on pousse des gens à faire de la merde sous couvert de polyamour.
Sans oublier qu'on file la moitié d'un accompagnement, vu qu'on fait un accompagnement sur l'ouverture du couple sans à aucun moment faire un accompagnement sur la non-exclusivité (compersion, métamour, jalousie, ...). On a Artichaut qui essaye de promouvoir le Polyamour 2.0 mais on pousse des gens à ouvrir leur couple sans leur donner aucune aide pour créer des relations harmonieuses.
J'ai ouvert ce sujet un peu par hasard, mais plus j'y réfléchis et plus j'ai la sensation d'avoir mis le doigt sur quelque chose. Pour moi, on est prosélyte sur ce forum. Le polyamour ne lave pas plus blanc que blanc. Un nouvel arrivant sur le forum n'est pas nécessairement polyamoureux ou en instance de le devenir. Ca peut juste être un monoamoureux perdu car en proie à des questions auxquels les monos ont des réponses expéditives. Et des fois, la meilleure réponse est de lui dire que le polyamour n'est pas pour lui et que même si les réponses monos lui déplaisent ce sont malgré tout les meilleures dans son cas.
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artichaut
le mercredi 07 octobre 2020 à 11h36
RobotEtourdi
Le polyamour, c'est adhérer au fait qu'une personne avec qui on a une relation d'intimité entretienne une relation d'intimité analogue avec quelqu'un d'autre.
J'ai a peu près la même définition.
Et j'aurais même envie d'aller un peu +loin.
Pas juste adhérer, mais s'enthousiasmer de ça.
Si tu ne t'enthousiasme(rais) pas de ça (autrement dis si tu reste dans une logique émotionnelle* mono), ne va pas toi-même chercher à avoir d'autres relations (avoir le beurre et l'argent du beurre).
Je dis émotionnelle car la théorie ne suffit pas en la matière. Il ne suffit pas, selon moi, d'adhérer théoriquement dans l'idée, mais bien de le vivre émotionnellement dans ses tripes.
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bonheur
le mercredi 07 octobre 2020 à 11h38
@bidibidibidi : je crois que la nuance entre nous-deux, c'est que tu désires "conseiller". Je préfère offrir un regard différent, ce qui n'est absolument pas la même approche. Une expérience ne vaut que pour la personne qui l'a vécu et est à considérer ainsi. Le polyamour n'est pas à mes yeux une "solution". Ca survient et on accueille tel qu'on le peut.
Je n'ai pas lu la promotion du Polyamour 2.0 alors j'ignore de quoi on parle à ce sujet. Je sais seulement que j'ai offert à maintes reprises un accompagnement, plus d'ouverture d'esprit que d'ouverture d'autre chose, la plupart du temps en dehors d'ici.
J'entends par là, que je ne peux offrir à ce jour une vision mono car elle me serait "étrangère". Je ne veux pas exprimer ce que je n'ai finalement connu que sous l'influence de l'inconscient normatif. Eluder, ne pas voir, enfouir ses ressentis, pour ne pas se tracasser et vivre "normalement". Ce fut 20 ans de ma vie et j'en ai bientôt 52.
D'ailleurs, si tu reprends le sujet que tu as explicité, remarque que je n'ai pas participé. Il arrive que des personnes aboutissent au mauvais endroit, en échouant ici. Je n'ai pas la possibilité d'offrir mon regard de poly, dans ces cas-là. En mp, je peux en effet offrir autrement. Le développement personnel s'offre à tous. Sauf qu'ici, nous sommes sur polyamour.info. Je ne l'oubli pas.
Il n'y a que de bonnes questions et je dis souvent que les réponses ne sont pas immédiates. La période de flou sert à cela. Elle n'est pas négative (bien que désagréable). Ce que je peux affirmer, c'est que je suis personne pour dire si une suite poly est à vivre ou non. Je n'ai pas de boules de cristal. Je suis faillible et humaine. Je peux aider à éclairer les ombres qui hantent. Les réponses qui déplaisent sont de diverses natures. Les réponses expéditives... ne sont que des réponses et chacun doit découvrir les siennes, car il n'y a pas de stéréotypes. Je gage qu'il y a autant de différences dans la monogamie (ou monoamour) que dans le milieu poly, où nous sommes tous différents.
Le polyamour est particulier et offre une évolution de vie particulière. Sans référence, on survit. Avec une communication, on peut évoluer non pas plus rapidement. En revanche, évoluer plus sainement, car justement en dehors d'un cadre. Rien que savoir que l'on n'est pas un extra-terrestre est important. Rien que savoir que d'autres ont vécu des difficultés et n'ont pas honte de l'admettre. Rien que de savoir que l'on n'est pas seul et que l'on n'exprimera pas dans le vide (poly ou pas finalement).
Venir chercher une caution morale ? Les valeurs, chacun-e les siennes. Le forum belge, que je n'ai pas consulté depuis longtemps, avait une rubrique "nos valeurs" très bien faite, même si je n'étais pas 100% en adéquation.
Et puis, je trouve que c'est déresponsabilisé la personne qui vient ici, que de ne pas la considérer comme "juge" (ce n'est pas le bon mot, désolée) de prendre et de laisser, nos propos. Ce qui résonne est à étudier, ce qui insupporte est à rejeté. Après tout, ce n'est pas parce que l'on offre un regard, qu'il est juste pour autrui. Et cela, seul autrui peut savoir ce qui lui convient. Non ?
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artichaut
le mercredi 07 octobre 2020 à 11h42
bonheur
Si je pose la question "as-tu déjà ressenti des chamboulements, des perturbations, des émotions amoureuses pour quelqu'un d'autre que ton-ta compagne-gnon de vie ?". La réponse est vraiment très souvent "oui". Mais en général, on m'indique que ce ne serait pas bon de "courir plusieurs lièvres à la fois".
Du coup je me sens +proche de ces monos là (et de leur éthique) que des coureurs de lièvres (se revendiquant rapidement "poly").
bonheur
je ne peux offrir à ce jour une vision mono car elle me serait "étrangère".
A te lire je me dis que moi ce n'est pas tant une modalité relationnelle ("poly" ou "mono") que je voudrais offrir mais la recherche d'une éthique relationnelle, ou un truc du genre…
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artichaut
le mercredi 07 octobre 2020 à 11h49
bidibidibidi
parce que rien ne dit que le mec est polyamoureux d'après son premier message
Et en l'occurrence, la question c'est même pas « est-ce que le mec peut être polyamoureux ? » mais « est-ce que les deux autres peuvent l'être ? » (ou mieux « est-ce que les trois peuvent l'être ? »)
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artichaut
le mercredi 07 octobre 2020 à 11h54
bidibidibidi
On a Artichaut qui essaye de promouvoir le Polyamour 2.0 mais on pousse des gens à ouvrir leur couple sans leur donner aucune aide pour créer des relations harmonieuses.
J'ai ouvert ce sujet un peu par hasard, mais plus j'y réfléchis et plus j'ai la sensation d'avoir mis le doigt sur quelque chose.
Oui, merci pour ça. Je pense que t'as pigé ce qui depuis quelques mois (années ?) me gêne sur ce forum (ou en café poly). Et ce pourquoi je m'échine à théoriser un Polyamour 2.0…
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bonheur
le mercredi 07 octobre 2020 à 13h17
@artichaut :
Disons que courir ne sert à rien, il vaut mieux laisser les lièvres venir à soi. Sauf que pour certaines personnes, c'est la course qui importe largement autant que l'après course, une fois que l'on est posé. Des fois, même, se poser n'offre plus d'attrait. C'est suivant. Je ne conçois pas le polyamour dans la course. C'était une image et une réponse que l'on m'a faite (une collègue de boulot).
Oui, l'éthique ou un truc du genre, c'est ce qui me tient à coeur de communiquer, pour peu que l'on me perçoive de la bonne façon. Sauf que l'éthique, c'est un sujet délicat et là encore, sa définition n'est pas à considérer comme "exacte". Encore une fois, je pense que l'on a obligatoirement une part de soi qui est unique et qu'il est difficile, si on n'a pas déconstruit fortement, la possibilité de comprendre autrui. En revanche, on peut offrir de soi uniquement ce que l'on a en soi, et c'est déjà beaucoup.
Je m'intéresse par exemple actuellement à la communication profonde accompagnée (psychophanie), et je pense que je m'offrirai cette faculté. J'ai besoin de cette richesse (par exemple), là où nombre d'individus en ont rien à fiche. Dire que c'est éthique de porter de l'intérêt à cela ? Pour moi, oui. Pour d'autres, ils laissent cela aux autres, voir s'en moquent complètement.