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Discussion : [TW Propos homophobes, violents...] Questionnements d'hommes cisgenre, et des autres

tentacara
le lundi 05 septembre 2016 à 08h56
Mais justement, l'idée c'est d'avoir un espace où il n'est pas nécessaire de riposter. Les femmes sont en permanence exposées à des comportements agressifs. Quand je dis en permanence : la nuit dernière, mon mari et moi mettions la dernière main à nos cartons de déménagement. Un homme est passé devant la fenêtre ouverte (nous habitons au rdc sur rue) , a passé sa main à travers les barreaux et nous a interpelé : (à mon mari) "Tu la baises?" (à moi) "Viens mademoiselle, j'ai 28cm". Quand mon conjoint est allé fermer la fenêtre, l'autre a essayé de la maintenir ouverte de force tout en nous insultant. Il était 2h du matin. Dans notre maison.
Je disais donc en PERMANENCE. Il est essentiel de disposer d'endroits où le risque est minimum, en particulier pour parler de relations et de sexualité. On ne se raconte pas de la même manière selon le public en face. Pouvoir parler de temps en temps sans craindre qu'une personne dans l'assistance n'interprète nos paroles comme une invitation personnelle, savoir que nous pouvons baisser la garde et que nous ne serons pas en position de devoir riposter à quoi que ce soit, c'est vital.
Si vous ne supportez pas que les femmes se réunissent pour parler sereinement de leurs expériences sentimentales et sexuelles, c'est que vous faites partie du problème.
Discussion : Un couple sans sexualité, est-ce viable?

tentacara
le lundi 05 septembre 2016 à 01h08
Bonsoir,
Il y a beaucoup de choses dans ce que tu écris, je vais essayer de m'attarder sur quelques points qui me renvoient à ma propre histoire.
La baisse / chute de libido de monsieur pendant la grossesse ou après l'accouchement : Chacun-e, lors d'une grossesse et de la venue d'un enfant dans une famille est renvoyé-e à sa propre histoire, sa propre enfance, à la violence de son rapport à son propre corps et à celui de l'autre. En bref, cette période peut être un tel bouleversement que la libido s'éteint purement et simplement. Cela peut arriver aux hommes comme aux femmes. Je l'ai vécu lors de ma première grossesse avec le père de mes enfants.
Dès que j'ai été enceinte, ce n'est pas qu'il ne me désirait plus, mais son corps était comme bloqué. Rationnellement, je savais que cela pouvait arriver et j'évitais de lui mettre la pression (ce qui n'aurait évidemment fait qu'aggraver les choses).
Emotionnellement parlant, c'était plus compliqué. J'avais un autre compagnon à l'époque avec qui je vivais une sexualité passionnée, passionnante, extrêmement enrichissante. D'un côté cela me permettait de gérer la frustration de l'absence de sexualité avec mon compagnon "historique", d'un autre côté, cela ne faisait que souligner davantage combien cette absence de sexualité me pesait. L'ennui, c'est que après mon accouchement, alors que de son côté, il reprenait du poil de la bête, c'était mon désir pour lui qui n'était plus au rdv (alors que dans mon autre relation, nous étions toujours au beau fixe). Sa chute de libido durant la grossesse, quoiqu'elle ait eu des causes tout à fait banales et relativement simples à analyser, avait aussi causé une sorte de blessure narcissique chez moi que je n'arrivais pas à dépasser. J'ai monté une sorte de système de défense qui m'empêchait de désirer un homme qui ne me désirait plus.
Nous sommes poly tous les deux, notre relation est d'une qualité exceptionnelle et nous sommes très amoureux. Constatant que la situation durait, nous avons décidé de cesser de nous en préoccuper. Notre sexualité dans les 2 années suivantes fut assez timide mais nous sentions que le désir pouvait revenir et que cela n'entamait pas notre amour. Ma relation avec mon autre compagnon est restée sexuellement très intense pendant cette période mais a petit à petit commencé à décliner. J'ai fini par me séparer de mon second compagnon après plus de 5 années de relation. Ma sexualité avec le père de mes enfants qui avait déjà commencé à s'améliorer ne s'en est que mieux portée et aujourd'hui notre désir a atteint la qualité de l'époque de notre rencontre (c'est à dire Wouahou!! )
Tout ça pour dire que le désir ou ses manifestations physiques sont un indicateur fort trompeur de la qualité d'une relation amoureuse. L'arrivée d'un enfant dans un couple, l'existence d'un autre amant, mais aussi tout un tas de facteurs (maladie physique, dépression, stress professionnel, deuil, etc.) sont autant d'occasions de voir sa propre libido ou celle de son/sa partenaire s'effondrer. Décider de ne pas en faire un drame, ce n'est pas en faire le deuil, c'est dire que la relation est assez belle pour valoir d'être vécue même avec une sexualité chancelante, et c'est donner au désir le temps de retrouver l'équilibre nécessaire pour se renouveler.
La sexualité est un axe très important dans ma vie et par exemple, je ne me conçois pas dans un couple platonique, mais le couple que je forme avec le père de mes enfants est fondé sur des liens autrement plus pérennes et stables que les aleas de nos libidos respectives. Nous avons eu un deuxième enfant récemment et la grossesse a été comme une longue lune de miel. Et nous sommes bien heureux d'avoir eu la conscience que notre désir n'était qu'anesthésié par les circonstances et la patience de lui laisser le temps de se réveiller.
Discussion : Peur de ce que je suis

tentacara
le mardi 03 novembre 2015 à 10h33
Ton exemple illustre tout à fait la difficulté de surmonter ce genre d'épreuve. GDF, tu es la preuve que c'est possible, même si je maintiens que c'est très rare (selon mes statistiques personnelles). Il me semble évident qu'il faut tout tenter pour rééquilibrer la situation mais qu'il faut garder à l'esprit la complexité de l'entreprise. Après, à l'amour sincère, rien n'est impossible (pardon, je file me laver la bouche au savon : pour sortir des cucuteries pareilles, ça doit être les hormones de grossesse). Bisous
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
Discussion : Peur de ce que je suis

tentacara
le mardi 03 novembre 2015 à 08h52
Bonjour Missflo,
Tout d'abord, il me semble important de comprendre ce que tu es en train de vivre sur le plan émotionnel. Ta relation avec ce jeune homme, telle que tu la décris relève de ce que dans notre jargon on appelle la NRE : New Relationship Energy. C'est la phase hormonale qui nous laisse tout chamboulé-e lorsqu'on débute une relation amoureuse. C'est la phase la plus difficile à passer parce qu'on est tiraillé-e entre l'euphorie de l'amour naissant qui peut vite devenir obsessionnelle et la culpabilité de ne pas ressentir des émotions aussi fortes pour un partenaire déjà installé de longue date. C'est parfaitement normal mais pas moins déstabilisant et compliqué.
Le fait d'avoir "consommé" cette nouvelle idyllle sexuellement est un problème certain. Ton mari ne fait pas mystère de son rejet face à ce genre de choses et tu vas le mettre devant le fait accompli. Du coup, tu réduis les choix qui s'offrent à lui en ne lui permettant pas de prendre des décisions difficiles en se sentant en sécurité.
Qu'il te dise que te savoir dans les bras d'un autre te rend "sale" à ses yeux est la marque d'une profonde intériorisation d'un schéma patriarcal traditionnel. Le sexe est une souillure dans un cadre extra-conjugal. C'est un schéma très délicat à déconstruire car il est probable qu'une immense partie de son système de valeurs repose dessus.
Pour être honnête, j'ai du mal à être optimiste dans ce genre de situation. Ce n'est pas une raison pour ne pas essayer tout en gardant à l'esprit qu'il est fort possible que ton adultère soit une faute insurmontable à ses yeux.
Sur le plan pratique, les solutions qui s'offrent à toi sont :
Continuer ton aventure en te cachant avec le risque que ton mari s'en aperçoive et soit blessé à double titre par l'adultère et par le mensonge qui s'en suit (et plus ça dure, plus c'est grave).
Mettre un terme à ton aventure et reprendre ta vie avec le risque de reprocher à ton mari (sans qu'il sache pourquoi) de te trouver très malheureuse d'avoir dû renoncer à une perspective heureuse.
Suspendre l'aspect charnel de ta relation le temps de mettre les choses au clair avec ton mari. Ton amoureux poly est très probablement en mesure de comprendre cette nécessité et d'attendre que tu puisses prendre en toute connaissance de cause des décisions qui peuvent très sérieusement chambouler ta vie, celle de ton mari et celles de vos enfants.
Dans ce dernier cas, tu peux aller voir ton mari en lui expliquant la situation :
Tu as rencontré quelqu'un, c'est allé plus loin que tu l'avais envisagé et tu es dans l'impasse. Cette nouvelle histoire te fait du bien, cette personne, son regard sur toi t'ouvrent des perspectives nouvelles sur toi-même et tu n'as pas envie de renoncer à cette richesse. Mais tu es consciente non seulement d'avoir failli à ta parole envers lui, mais aussi de la façon dont lui, ton mari, peut percevoir cette relation (comme "sale", donc). Que tu l'aimes toujours et désires toujours construire ton avenir avec lui mais qu'il te serait très douloureux de renoncer à une relation qui t'apporte beaucoup sur le plan émotionnel. Qu'enfin, tu es placée devant des décisions que tu ne peux pas prendre seule et que ce n'est pas à toi de décider à sa place de ce qu'il peut envisager de vivre, comment et dans quelles conditions. Tu es consciente que c'est en théorie pour lui un motif de divorce mais que comme souvent, la pratique peut demander un peu plus de subtilité.
En ce qui concerne la sexualité, tu peux lui expliquer que tu n'as pas la même vision que lui du sexe "sale". C'est avant tout un échange émotionnel et physique avec une personne qui peut générer une forme d'intimité. Tu peux aussi lui indiquer que le mode de vie de ton amoureux (bon, ne lui donne pas ce titre devant ton mari, si tu veux mon avis) ne le place pas en position de rival en termes de construction familiale. Ton mari est le père de tes enfants, ton compagnon depuis plusieurs années. Le lien qui existe entre vous est très fort et pas nécessairement aussi vulnérable qu'il peut le craindre à l'attrait de la nouveauté. Certes les émotions que tu vis avec ton autre amoureux sont très vives, mais cette phase hormonale une fois apaisée, la relation reste à construire et c'est clairement une autre paire de manches.
Encore une fois, l'honnêteté m'oblige à te prévenir qu'il est très rare qu'une situation comme la tienne puisse se rattraper une fois engagée. Tu peux t'attendre, quoi que tu décides à une périodre pour le moins agitée dans ta vie. Ne perds pas de vue que tu es à l'origine de ces bouleversements et que c'est sur toi que repose la plus lourde responsabilité. Les réponses de ton mari risquent d'être très virulentes : tu as manqué à ta parole et il doit remettre en question tout le système de valeurs sur lequel il est construit sans l'avoir choisi (oui, la déconstruction forcée c'est très difficile et douloureux). Essaye de trouver dans ton euphorie l'empathie nécessaire pour entendre la souffrance qu'il ne manquera pas d'exprimer et d'y apporter les réponses les plus aimantes, rassurantes et compréhensives possibles.
Bonne chance à toi.
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
Discussion : Nos plus beaux témoignages d’Amours de poly-heureux ☺

tentacara
le samedi 31 octobre 2015 à 22h08
Je me suis mariée il y a 15 jours tout pile. Je suis enceinte de 6 mois. Mon mari et moi venons de passer les 6 derniers mois en mode mono de fait (enfin, presque, hein! Il a toujours une ou deux amantes au long cours mais qu'il a un peu moins vues ces derniers temps). Nous avions beaucoup de choses à digérer et réparer ensemble et ces quelques mois ont été assez reposants émotionnellement. Ce soir il a un rendez-vous avec une jeune femme en tout point charmante. Je passe la soirée seule avec ma fille.
Le simple fait de le savoir avec cette femme belle, brillante, qui lui fait pétiller le regard m'emplit d'une douce et intense joie.
Voilà, c'est tout simple et tout doux.
Discussion : Confiance et conséquences

tentacara
le jeudi 15 octobre 2015 à 18h40
Merci beaucoup pour vos réponses dont la qualité continue de faire honneur à ce forum. Il est réconfortant de trouver tant d'échos à ma propre vision des choses après avoir nagé dans le doute et la confusion très longtemps. Camelezebre, merci pour ton exemple qui illustre parfaitement mes interrogations. Finalement, entre deux maux, mieux vaut choisir celui que nous pourrons assumer.
Je souscris totalement à la dualité absolue/ relative de la confiance et j'ai de nombreuses raisons de ne pas laisser une expérience tragique abîmer cette forme de naïveté que je ne déplore pas tant que ça. J'ai envie de faire confiance. J'aime le lien qui se crée en son sein. L'un des objectifs de ma thérapie est de me permettre d'offrir à nouveau cette confiance un peu plus judicieusement que par le passé. Vous m'avez beaucoup aidée. Merci
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
Discussion : Confiance et conséquences

tentacara
le jeudi 15 octobre 2015 à 10h49
Lors du café poly de septembre, une intervention m'a interpelée : "On est responsable de la confiance que l'on place en l'autre". Voilà près de 3 semaines que je gamberge sur cette affirmation.
Une des nuances apportées lors du débat ajoutait " Certes, mais la personne en qui la confiance est placée n'en est pas moins responsable de ses actes." Une fois cette nuance posée, je me suis interrogée sur les implications de la première affirmation.
Je suis une personne plutôt confiante de nature. Comme beaucoup, j'ai du mal à préjuger chez les gens d'un fonctionnement fondamentalement différent du mien. Lorsque l'on place sa confiance en moi, cela démultiplie ma motivation à la mériter. J'ai du mal à imaginer a priori que tout le monde ne fonctionne pas ainsi. Je ne peux que le constater, une fois que le mal est fait.
Il y a évidemment de très nombreux niveaux et enjeux dans la notion de confiance. Je ne place pas la même confiance dans mes collègues de travail (dont j'attends en gros qu'ils fassent leur boulot afin que je puisse correctement faire le mien), en mes amis (dont je conçois tout à fait qu'ils puissent me faire défaut s'ils ont d'autres priorités) dans mes amants et dans mes partenaires de vie.
La confiance que je place dans les gens qui partagent ma vie est naturellement la plus chargée de sens et d'enjeux. Ils sont exposés au quotidien à ma construction, mes blessures, mes vulnérabilités, de même qu'ils jouissent du bénéfice de mes qualités, de ma force vitale, de ma compétence sociale, de mon empathie, de ma capacité d'analyse et de la façon dont j'ai métabolisé mon expérience.
J'ai tellement de mal à imaginer que la confiance que je place en l'autre n'ait aucune espèce de sens profond pour lui ou elle que même devant l'évidence, je persiste à essayer de comprendre, à donner une autre chance de se montrer à la hauteur de la responsabilité. Je sais, "responsabilité" est de l'ordre du "gros mot" par les temps qui courent.
Pour moi, la liberté du polyamour consiste à choisir les responsabilités auxquelles on s'engage. Pas à se débarrasser de toute forme de responsabilité envers autrui.
C'est pourquoi les responsabilités qu'engagent la confiance que je donne sont explicites et circonstanciées. On ne peut la trahir qu'en toute connaissance de cause, ce qui à mon sens accroît la gravité de la transgression.
Je me doute que j'expose ici un mode de fonctionnement qui m'est propre, j'en reviens donc au général.
Je suis prête à répondre de la confiance que je place en l'autre dès lors que je suis libre de la lui retirer s'ille s'en montre indigne. Mais ma confiance n'est pas fragmentée.
Si j'ai pris des engagements qui reposaient justement sur la confiance en l'humanité, en la responsabilité de l'autre et que cette confiance est anéantie par ses actes, je ne lui reconnais aucune légitimité une fois que ma confiance lui a été retirée d'exiger que je tienne quelqu'engagement antérieur que ce soit.
Lorsqu'une personne a saccagé par son inconséquence ce que vous lui avez confié de précieux (au hasard, le cheminement vers la transcendance d'un trauma ancien et profond), pouvez-vous envisager de lui faire confiance sur un autre plan plus précieux et fragile encore (au hasard encore, votre enfant en bas âge) ?
J'ai pris ma part de responsabilité dans la confiance que j'ai placé en l'autre. Je suis en thérapie depuis 18 mois pour réparer les dégâts. Je me refuse à exposer mon enfant à une personne dont le système de valeurs morales est en tout point opposé au mien. Il n'a que son droit et son dû à la bouche quand je me préoccupe avant tout de mes devoirs et responsabilités envers ceux dont le bien-être et la santé dépendent de moi. (Je précise qu'il n'y a aucune espèce de lien juridique ou légal en jeu.. heureusement. Nous ne nous plaçons ici que dans un contexte moral).
En résumé mon sentiment est que si je plaçais à nouveau ma confiance au nom de mon enfant en quelqu'un qui m'a maintes fois prouvé ne pas en être digne, et que cette indignité se confirmait comme c'est probable, c'est en effet moi qui devrais en porter la plus grande responsabilité et c'est à moi qu'il appartient de ne pas accepter de prendre cette responsabilité puisque c'est moi qui ensuite devrai en répondre.
Comment choisissez-vous de placer votre confiance en quelqu'un et quelles en sont les limites ?
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
Discussion : Au pied du mur, je dois choisir entre mon mari et mon amant.

tentacara
le mardi 13 octobre 2015 à 10h48
Je n'ai jamais dit que les violences psychologiques n'étaient pas des violences, simplement que la distinction était nécessaire. En outre, je me garderais bien de prétendre que les violences psychologiques viennent du seul mari de dragonne. De mon point de vue, trahir un engagement, mentir, etc, est ou peut être une violence psychologique grave, tout dépend des gens et des liens entre eux. Je crois que Dragonne a au moins la bonne foi de reconnaître la profonde détresse psychologique de son mari et sa propre responsabilité. Après, je ne doute pas qu'il ait lui-même planté le décor de la situation et que les responsabilités de chacun soient engagées. C'est un peu facile de juger quelqu'un qui se voit contraint de remettre en question le système de valeur sur lequel il s'est construit du fait de quelqu'un d'autre. Ceux d'entre nous qui ont choisi la voie poly, et c'est un choix que je suis la première à défendre et revendiquer, ont beau jeu de lancer la pierre à quelqu'un qui se trouve lui aussi au pied du mur (parce que oui, lui aussi a un choix à faire : renoncer à ses croyances et convictions, renoncer à son mariage et à sa vie de famille ou contraindre sa femme à renoncer à son autre amour). Si on pouvait éviter de verser dans le dogmatisme sectaire,, ça serait pas plus mal. Ce couple est dans une situation on ne peut plus classique, certes, mais pas moins douloureuse et épouvantablement destructrice dans beaucoup de foyers.
Alors oui, lucidité, intégrité, honnêteté, réfléchir ensemble à ce qui permettra au mieux à chacun de continuer sa vie, ça peut limiter la casse. Mais je ne vois pas comment la radicalisation dogmatique peut aider Dragonne à sortir de l'ornière.
Discussion : Au pied du mur, je dois choisir entre mon mari et mon amant.

tentacara
le mardi 13 octobre 2015 à 01h06
Il y a des dégâts psychologiques des deux côtés mais le pas de la violence physique n'a pas été franchi et cela me dérangeait vraiment que toute cette discussion "fasse comme si".
Ce que j'ai lu de cette histoire, c'est qu'il a délaissé sa compagne, qu'elle a trouvé du réconfort ailleurs- ce qui de notre point de vue de poly est effectivement la chose la plus logique à faire, mais dans le contexte d'une relation mono-hétéro est à peu près ce qui peut arriver de pire dans un couple- qu'elle a essayé de -et échoué à -le convaincre d'ouvrir leur couple à cette possibilité, qu'elle a résisté comme elle a pu à un amour naissant- c'est courageux à elle- et qu'elle a fini par y céder, ce qui était inévitable ; quant à lui, il en a probablement sacrément bavé.
Ce monsieur n'a apparemment jamais eu vraiment l'occasion (ou les moyens) de réfléchir à sa propre construction amoureuse. Il se complaît volontiers dans un système qui le privilégie comme 99% de nos congénères. Je peux concevoir que le choc soit violent pour lui aussi.
Je crois que dragonne63 expérimente un argument majeur du polyamour : le tabou des relations extra-conjugales est un grave facteur d'instabilité. Ce n'est pas une épée de Damoclès arbitraire, c'est un couperet quasi systématique.
Le schéma est archi-classique et depuis 6 ans que je fréquente ce forum, nous avons vu toutes les configurations possibles.
Il me semble difficile d'imaginer qu'elle puisse rester dans une telle situation très longtemps. Si elle renonce à son amant pour son mari, la frustration se muera en rancoeur et leur vie conjugale -déjà mal en point- risque fort de ne pas y survivre. Si elle quitte son mari pour son amant, elle se sépare du père de ses 3 enfants qui partage sa vie depuis 15 ans, autant dire que les trois premières années de cette nouvelle relation (durée moyenne d'une procédure de divorce conflictuelle dans ce genre de cas) vont être une vraie partie de plaisir.
Mais moi, je suis poly et ce qui peut me sembler logique ou imaginable n'a pas grand chose à voir avec la pensée Moldue.
Dragonne63, excuse-moi si je ne prends pas de pincettes. En aucun cas je ne juge ni toi, ni ton mari. Je suis pas la pythie mais ton histoire m'a l'air ma barrée dans tous les cas. Tu ne ménageras pas la chèvre et le chou, quelles que soient tes décision, elles seront douloureuses pour toi et des personnes que tu aimes. Quelles que soient tes décisions, tu survivras, vous survivrez, ton mari, ton amant et tes enfants aussi.
Le seul conseil que je me permettrais de te donner, c'est de rester honnête, avec toi-même et avec eux parce que la seule personne avec qui tu es obligée de passer toute ta vie, c'est toi-même. Mieux vaut ne pas se renier.
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
Discussion : Au pied du mur, je dois choisir entre mon mari et mon amant.

tentacara
le lundi 12 octobre 2015 à 21h20
SI je peux me permettre et si j'ai bien compris, il n'y a pas eu de passage à l'acte. Il n'a pas "frappé" sa femme comme vous semblez tous vouloir le croire. Vous saisissez la nuance entre lever la main sur une pulsion et arrêter son geste en réalisant ce que l'on est sur le point de faire et passer à l'acte, pour de vrai, laisser le geste aller au bout et frapper pour de bon? Parce que la différence est énorme. La pulsion de violence est en chacun de nous. Ce qui fait la différence entre un homme (ou une femme) violent-e, c'est le passage à l'acte, c'est quand le verrou qui empêche le coup de s'abattre saute. Donc oui, ce monsieur semble avoir beaucoup de défauts pas très reluisants, mais je vous trouve malhonnêtes de qualifier de violent cet homme qui pour autant qu'on sache n'a pas touché un cheveu de sa femme.
Discussion : Quel est le premier engagement dans vos relations ?

tentacara
le mercredi 30 septembre 2015 à 21h01
Je continue de lire attentivement ce fil qui m'intéresse vivement. Toutefois, j'entre dans la dernière ligne droite de la préparation de mon mariage et n'ai que peu de temps pour écrire ici. J'en profite pour réfléchir :)
Discussion : Quel est le premier engagement dans vos relations ?

tentacara
le mardi 29 septembre 2015 à 11h49
Je ne vois pas ce qui est catho dans le fait de réparer le tort qu'on fait ou d'exprimer des remords. A moins que les cathos aient confisqué les principes mêmes de responsabilité et de réparation.
La version catho reviendrait à confesser ses péchés dans le secret d'un confessionnal pour obtenir le pardon d'un dieu qui ne souffre ni ne répond.
Ici, il s'agit de réparer le tort que l'on fait à des gens bien réels dans le cadre d'une relation où l'on est censé pour le moins ne pas désirer faire de tort à l'autre.
Message modifié par son auteur il y a 10 ans.
Discussion : Quel est le premier engagement dans vos relations ?

tentacara
le mardi 29 septembre 2015 à 10h18
oO0 je trouve tes posts assez confus mais je vais essayer de répondre à ce que j'ai compris.
Le silence dans un climat de confiance, qui s'inscrit dans une expérience de la fiabilité de l'autre peut effectivement être constructif. Le silence qui tait, qui cache, qui prétend masquer l'éléphant dans la pièce, le silence qui ment est assassin. Toujours. Plus il y a d'expériences de dissimulation par le silence dans la relation, plus le silence tire le signal d'alarme.
En ce qui concerne mon grand-père, j'étais bien trop jeune, voire pas encore née lorsqu'il a commis les faits qui lui onnt été reprochés. J'étais en revanche en âge de comprendre les diverses occasions où, placé face aux souffrances profondes, aux traumatismes qu'il avait infligé à sa famille, je l'ai vu se draper dans sa dignité outragée de patriarche, se placer d'autorité hors du champ de la critique et du jugement de ceux qu'il avait fait souffrir.
Je l'ai vu renverser les responsabilités, convaincu qu'il était que le problème ne résidait pas dans ses actes (par exemple les attouchements qu'il avait fait subir à certaines de ses filles) mais dans les réactions de ses victimes, leur rejet, leur refus de laisser leurs enfants en sa présence, leurs accusations frontales, la souffrance qu'elles exprimaient.
Mon mépris est né de ce refus d'assurmer ses responsabilités, de son arrogance, de sa totale absence de remords. II a préféré sauver la face plutôt que tenter, ne serait-ce que par la compassion, la reconnaissance de ses fautes, de réparer les dégâts qu'il avait causé.
Mon grand-père est une sorte de caricature vintage de ce dévoiement que je vois beaucoup ces derniers temps du principe de "own your feelings", où quoi que l'on fasse, on rejette la faute sur la réaction de la personne qui subit plutôt que d'admettre avoir mal agi et tenter de réparer.
Il était incapable de voir que cette confrontation était de la part de ses enfants une chance qui lui était donnée de se montrer plus grand que ses actes. J'ai vu un homme misérable, plus préoccupé de son image "défigurée" par les accusations que de ce que ses actes disaient de son humanité.
Un tel personnage ne mérite ni respect, ni estime, ni amour. Il finit aujourd'hui ses jours seul, séquestré et dépouillé par la maîtresse à laquelle il a sacrifié la santé mentale et finalement la vie de sa femme.
Ma mère dit "Dieu ne paye pas tous les samedis, mais quand il paye, il paye bien".
Je crois en la rédemption, je crois que quel que soit le tort que l'on cause, il est possible de le réparer par la compassion, la contrition, l'expression de remords, la tentative de réparation. Placer celui ou celle qui me fait du tort face à ses responsabilités n'est pas lui manquer de respect, c'est lui donner la chance de se montrer respectable.
La morgue et l'arrogance, rejeter la faute des dégâts que l'on cause sur la réaction de l'autre plutôt que de prendre la responsabilité de ses actes, ne mènent qu'au mépris, à la solitude et à la déchéance.
Dorian Gray finit par revêtir ses laideurs. Toujours.
Discussion : Quel est le premier engagement dans vos relations ?

tentacara
le dimanche 27 septembre 2015 à 10h15
Pour moi, le respect, comme la confiance, d'ailleurs, se gagnent, se méritent. On ne peut pas s'engager à maintenir le respect ou la confiance que l'on éprouve pour quelqu'un sur la durée.
Tout au plus peut-on s'engager à partir lorsque l'on constate que l'on ne les ressent plus.
Tout au plus, peut-on accorder à l'autre une forme de "capital" de respect ou de confiance, basé sur ce qu'un-e partenaire montre de lui ou d'elle au début de la relation. Mais la pérennité de ces sentiments repose sur les actes de l'autre.
L'honnêteté, la capacité à communiquer sont des qualités intrinsèques. Je peux m'engager à être honnête, à ne pas mentir, ni en paroles, ni en actes, à entendre et tenir compte du ressenti de l'autre dans les décisions que je prends pour ma vie. Je peux m'y engager parce que cela ne dépend que de moi, parce que je m'en sais capable. A l'inverse, si mon ou ma partenaire, par ses actes se montre indigne de mon respect ou de ma confiance, il ne m'est pas possible de les lui conserver. Je peux au mieux lui donner une ou plusieurs chances de les reconquérir, mais à chaque fois, ce "capital" de départ est entamé, plus ou moins gravement. Je ne peux pas "décider" de ces sentiments, je peux les constater, comprendre sur quoi ils se basent, l'expliquer. Pas faire semblant.
J'ai un grand-père que j'ai été élevée pour respecter. Puis en grandissant, j'ai vu la façon dont il s'était comporté avec sa femme, ses enfants, les gens autour de lui. Et j'ai perdu tout respect pour lui. J'ai refusé de le voir et d'avoir le moindre contact avec lui parce que par ses actes, l'être humain qu'il était se montrait indigne de respect.
Je n'ai pas décidé de ne plus le respecter, j'ai décidé, en constatant que je n'éprouvais plus pour lui ni respect, ni confiance, de cesser de le voir.
En somme, dès le début d'une relation, de quelque nature que ce soit, je peux m'engager et répondre de mes actes, pas de mes sentiments.Dans une relation sentimentale, si mon partenaire se montre indigne de mon respect, s'il trahit ma confiance, j'ai deux possibilités. Soit je lui offre une opportunité de montrer que ses actes relèvent de l'erreur, de l'accident, et non d'une incapacité structurelle à se comporter d'une façon cohérente avec ses discours, soit je n'y crois plus (et en général, je donne beaucoup de deuxièmes chances avant d'en arriver là), et s'y je n'y crois plus, je tourne les talons et je m'en vais sans me retourner.
Discussion : Quel est le premier engagement dans vos relations ?

tentacara
le samedi 26 septembre 2015 à 11h12
Pour moi, l'honnêteté et la sincérité sont les paramètres fondamentaux et indissociables de la communication et du dialogue. Je ne supporte tout simplement pas que l'on me mettre devant le fait accompli qui aura un quelconque impact dans ma vie. Donc pour moi, ce n'est pas seulement la communication mais la communication préalable à l'action qui est un engagement premier et incontournable.
Après, tout dépend du type de projet que j'ai avec la personne. Les actions d'un-e amant-e que je vois 2 ou 3 fois par mois n'ont que peu d'impact sur ma vie. Un-e partenaire avec qui j'ai des projets de vie commune ou d'enfants, oriente par certaines de ses décisions le cours de notre vie ensemble et il m'est inconcevable de ne pas être au moins informée et de préférence associée à ces décisions.
C'est d'ailleurs en cela que je n'adhère pas à l'anarchie relationnelle. La hiérarchisation est inhérente au niveau de responsabilité que l'on engage dans son implication dans la vie de l'autre. En somme quelqu'un qui habite chez moi et côtoie mes enfants accepte des responsabilités qui ne concernent pas quelqu'un avec qui je partage un dîner et une nuit de temps en temps. Mes partenaires, selon l'intensité de notre échange émotionnel, peuvent être amenés à faire ce choix, de s'impliquer ou non dans mes projets de vie familiale, professionnelle, etc. Mais s'ils font ce choix, qu'ils revendiquent des "prérogative" associées à cette implication, ils doivent assumer les responsabilités qu'il exige.
Discussion : Sujets de débat, Thèmes de discussions, etc

tentacara
le mercredi 02 septembre 2015 à 09h16
Une proposition de sujet pour le café poly du 22 septembre :
Quel équilibre trouver entre émotions et rationnalité? Bon, je vais pas développer, je garde ça pour le débat, mais il me semble que le sujet est assez transversal et pratique.
Voilà
Bisous
Discussion : Questionnement sur le choix de vie - 30 ans, polyamour et enfants

tentacara
le mardi 14 octobre 2014 à 16h11
Bonjour Yolo,
Je suis la maman d'une petite fille de trois ans que j'élève avec son papa et son parrain, mes deux amoureux depuis plusieurs années. Nous sommes polyamoureux tous les trois et tous impliqués dans des relations à l'extérieur de notre cellule familiale. Nos amours et nos amis sont pour la plupart présents dans la vie quotidienne de notre fille qui est entourée d'adultes aimants, intelligents et bienveillants pour elle et ses parents. Cette situation est très agréable à vivre et le fruit d'intenses réflexions en amont de la conception (quel papa? quelle famille? quelle place pour le compagnon qui n'est pas le papa? quel lien entre lui et l'enfant? entre lui et le papa? quid d'un autre enfant ? avec qui ? si et comment on habite ensemble? quelle place pour les autres amoureux? etc.) La question que tu poses en soulève une multitude d'autres dont les réponses ne peuvent se trouver qu'avec les personnes impliquées. Si tu as envie d'en discuter de vive voix, je crois que tu es une parfaite candidate pour un café poly confidentiel (notre nouveauté de l'année!) avec un nombre de participants restreint et une personne qui aurait une approche pratique, empirique de la situation. Si tu es sur Paris, je me ferai une joie d'y participer.