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Discussion : [Lexique] Terminologies pour décrire nos sexualités

artichaut
le samedi 26 juillet 2025 à 10h49
Voici déjà les termes du Lexique (de ce site), qui me semble dans le sujet :
Adultère
(anglais : Adultery)
C'est le fait d'avoir des relations sexuelles hors-mariage et de le dissimuler à son/sa conjoint·e.Fidélité
La fidélité, sous-entendue fidélité relationnelle, est le fait de respecter ses engagements, par rapport à son/sa/ses partenaires.Infidélité sexuelle
C'est le fait d'avoir des relations sexuelles et de le dissimuler à son/sa/ses partenaire·s. S'il y a mensonge, il n'y a donc pas "fidélité".Libertinage
(anglais : Libertinism)
S’adonner a des plaisirs sexuels et charnels, avec l'accord et la complicité de ses éventuels partenaires de vie, voire en sa/son/leur présence. Le libertinage concerne plutôt des relations à court terme et exclue souvent les relations sentimentales.Non-exclusivité
Le plus souvent il s'agit de non exclusivité… sexuelle : possibilité d'avoir plusieurs partenaires sexuels en parallèle (ce qui ne dit rien concernant le fait que de la sexualité soit partagée, ou non, à plus que deux).Poly-exclusivité / Polyfidélité
(anglais : Polyfidelity)
Extension de l'exclusivité (amoureuse et/ou sexuelle) à plus que deux personnes. Exemple : un trio poly-exclusif est un trio non-exclusif au sein du trio mais exclusif en dehors.Polysexualité / Polysexe / Polysexuel·le
(anglais : Polysexuality)
Relation de type "poly" (non-exclusive et consensuelle), impliquant du sexe mais non-amoureuse.Triolisme
Partage de sexualité à trois personnes en même temps.
Discussion : [Lexique] Terminologies pour décrire nos sexualités

artichaut
le samedi 26 juillet 2025 à 10h49
Je ressent parfois une confusion, un flou dans les termes. J'ouvre ce sujet pour tâcher d'y mettre de la clarté (et on verra bien où ça nous ménera).
Je vais commencer par tirer un fil, mais bienvenu à vos réflexions dans différentes directions (tant qu'on reste dans les problématiques terminologiques autour des sexualités).
______________
Voir aussi :
- le Lexique du site et sa page discussion.
- Votre terminologie perso (termes et étiquettes pour définir une relation, un·e partenaire)
Discussion : [Outil] Les privilèges monosexuels

artichaut
le samedi 26 juillet 2025 à 02h43
Bon du coup je ne sais pas comment nommer le fait de ne partager de la sexualité qu'avec une seule personne, ou pour être plus précis de partager de la sexualité toujours avec la même personne.
En ce moment j'ai des questionnements autour de ça, mais ne sait même pas quel mot employer pour en parler…
Mono-partenaire : ne concerne pas spécifiquement la sexualité
Monogamie sexuelle : un peu compliqué, mais pourquoi pas…
…à moins d'admettre que monosexuel ai plusieurs sens, plusieurs définitions : le contraire de bisexuel (un seul genre), mais aussi le contraire de polysexuel (un·e seul·e partenaire sexuel·le)
Discussion : Revalorisons l'amitié, les amitiés, le lien dit amical.

artichaut
le lundi 14 juillet 2025 à 10h25
En ce moment je sens que je suis en train de questionner (voire de remettre en cause) l'élection affective (ce que Goethe appelle les affinités électives, si l'on veut) c'est à dire le fait de se choisir, et d'en faire une relation spécifique, élective.
Les personnes qui ont l'habitude de me lire ici, ne seront pas supris·es que je critique l'amour amoureux, mais en ce moment je sens que c'est quelque chose d'encore plus vaste qui se joue pour moi. Et je sens que même se choisir entre ami·e·s — alors que pourtant j'ai initié ce fil "Revalorisons l'amitié" — c'est presque trop, c'est presque faux pour moi, ou c'est …je sais pas… comme égoïste, ou à côté de la plaque, ou prétentieux, ou…
L'autre jour j'étais dans une gare, ou un train au milieu d'une foule d'anonymes. Et j'attendais ou allait voir un·e ami·e. Et je me rendais compte que ça ne faisais pas sens pour moi, d'être là au milieu d'inconnu·e·s, de ne pas interagir avec elles ou eux, et d'attendre ou d'aller quelque part pour retrouver une personne choisie, comme élue entre toutes (en tout cas hiérarchisée de fait vis à vis de toutes ces personnes présentes là autour de moi).
Ça me faisait buguer.
Je sais pourtant pourquoi cet·te ami·e me touche, pourquoi je l'aime, le plaisir qu'on a à être ensemble, etc …et je me faisait une joie de le/la retrouver. Et pour autant je ne pouvais m'empêcher d'y voir quelque chose d'égoïste, de restrictif, d'absurde.
Pourquoi exclure d'office ces autres que je ne connais pas ? Pourquoi tant de préjugés et si peu d'enthousiasme à la rencontre ?
Pourquoi élir dans ma vie tel·le plutôt que tel·le ? Lui donner ce que je refuse à d'autres. En faire un·e élu·e de mon coeur.
Je ne remet pas en cause le fait d'avoir des ami·es, mais plutôt le caractère excluant (et hiérarchique) que ça génère souvent. Comme un enfermement sur soi et un retrait du monde.
Et sans doute ça me renvoie à ce monde blanc, riche, occidental, qui se referme toujours plus sur lui même.
…et si nos amours, nos amitiés même, nos dites affinités électives, étaient un symptôme de cette stratégie d'enfermement ?
Discussion : [Outil] Escalator relationnel

artichaut
le samedi 12 juillet 2025 à 12h51
…après l'escalator et le tobogan relationnel, voici… l'entonnoir relationnel.
J'ai proposé ici ce nouveau concept.
J'y disais :
C'est comme si il y avait un rétrécissement depuis l'ouverture et la liberté de l'enfance, de l'adolescence ou de la jeune vie d'adulte. L'escalator ne serait-il pas en fait un entonnoir ?. (…)
On naît avec un immense champs des possibles …et on le réduit soi-même au gré des injonctions, des déceptions, des paliers franchit sur l'escalator, de l'âge qui avance, de la lassitude qui s'installe…
Entonnoir relationnel, ou entonnoir social. On s'isole de plus en plus et on réduit notre champ des possibles.
Discussion : [Lexique] Exotisation de genre, fétichisation de genre et essentialisation

artichaut
le samedi 12 juillet 2025 à 12h45
Heureusement la bonne nouvelle c'est que cet entonnoir rétrécissant n'est pas une fatalité. En prendre conscience est déjà énorme. On peut tenter de renverser la tendance, au moins sur certains plans, pas sur tous en même temps.
Et le polyamour serait une tentative plus ou moins heureuse et parmi d'autres d'inverser cette tendance. Avec cet élan, ce regain de vie …et aussi ces angles morts, ou cette précipitation souvent maladroite, cette volonté de toute puissance retrouvée.
Discussion : [Lexique] Exotisation de genre, fétichisation de genre et essentialisation

artichaut
le samedi 12 juillet 2025 à 12h33
Tiao88
-> Et le sentiment d'obligation de devoir "s'isoler" quand on élève des enfants et/ou qu'on veut en avoir... Comment changer ce système, si ce n'est en atomisant le concept de "famille nucléaire"? Mais là c'est tout le système de "faire famille" qui est à repenser pour justement rompre l'isolement.
Mais c'est sûrement lié au schéma de "réussite" : maison/conjoint/voiture perso/enfants...
C'est vrai que vers la trentaine, il y a souvent un vrai recul social. Cette idée que pour aller sur l'escalator du bonheur, il faut se replier sur soi, son couple, faire famille, passer tous ces we à retaper sa maison, etc. Et la chute peut être rude 10 ou 20 ans plus tard… après un divorce, un décès, ou juste le délitement ou l'affadissement de la vie conjugale ou maritale.
On s'écarte un peu du sujet unitial, mais pas tant. C'est comme si il y avait un rétrécissement depuis l'ouverture et la liberté de l'enfance, de l'adolescence ou de la jeune vie d'adulte. L'escalator ne serait-il pas en fait un entonnoir ?. Et l'exotisation de genre ne serait qu'un des multiples aspects de cet entonnoir.
Le polyamour tardif (celui dont il est beaucoup question ici, la fameuse "ouverture de couple" après XX années de vie commune) est la tentative de réouvrir l'entonnoir.
Quant au polyamour précoce (les personnes qui commencent par ce mode relationnel) il peut donner le sentiment de n'avoir jamais vraiment essayé la monogamie, et se laisser happer à un moment par l'escalator.
On naît avec un immense champs des possibles …et on le réduit soi-même au gré des injonctions, des déceptions, des paliers franchit sur l'escalator, de l'âge qui avance, de la lassitude qui s'installe…
Discussion : Être central dans sa vie - être au centre d'une relation

artichaut
le samedi 12 juillet 2025 à 02h45
je me demande ce que je cherche avec le polyamour.
C'est une question judicieuse.
Du plaisir, de l'intensité, un ancrage ?
Parfois le polyamour est une manière de chercher différemment ce qu'on cherchait déjà en monogamie, soit qu'on l'ai perdu, soit qu'on n'y soit jamais parvenu, soit que la source se soit tarie…
Discussion : [Lexique] Exotisation de genre, fétichisation de genre et essentialisation

artichaut
le mercredi 09 juillet 2025 à 23h39
Ce n'est pas qu'il faut rejeter en bloc tout ce que la société de consommation nous vend comme étant indispensable à notre bonheur, c'est juste que c'est l'arbre qui cache la forêt. Un gros fake pour nous empêcher de regarder autour de nous.
Un fake pas dégoûtant en soi, certes, mais tellement recherché qu'il en devient impossible à trouver, tellement idéalisé qu'il en devient fadoche quand on le trouve. Et finalement juste un des banal possible parmi tant d'autres.
J'ai l'impression que plus j'avance en relations, plus je mesure le fake. Et moins j'ai envie, de ce que pourtant j'ai moi aussi recherché.
L'isolement du couple, la pauverté des scripts sexuels, la tristesse de l'amour amoureux, la vanité de nos quêtes… tant de choses qui m'apparraissent aujourd'hui…
Sans doute que je cherche encore le chemin pour valoriser le reste. Car non content d'idéaliser des formes très restreintes de relations, ce monde dénigre aussi et surtout tout le reste.
Et je trouve ça presque plus difficile de re-valoriser la forêt que d'arrêter de regarder l'arbre et vouloir y grimper.
Discussion : [Lexique] Exotisation de genre, fétichisation de genre et essentialisation

artichaut
le mercredi 09 juillet 2025 à 23h15
Alinea7
Faire une recherche particulière c'est limiter le champ des possible et augmenter les chances de ne pas trouver.
Whoua, merci.
J'ai l'impression qu'en une phrase tu résume quelque chose que j'essaie de nommer depuis longtemps.
J'ai le sentiment que tout nous incite à sans cesse réduire notre champ des possibles : sur l'orientation sexuelle, sur le primat de certains types relationnel (amoureux pour la vie…) et le dénigrement des autres, sur les critères de capital social (alors que personne n'est top modèle), sur la restriction de nos recherches à une tranche d'âge très réduite, sur nos exigences en tout genre, sur nos critères de classe (conscient ou non), sur notre validisme intégré, etc.
La frustration affective me semble d'office générée par le système qui prétend la combler. C'est assez vertigineux.
Discussion : Critique des sites de rencontres

artichaut
le mercredi 09 juillet 2025 à 14h54
Positivement je trouve que les sites, qui pourtant accentue certaines dynamiques d'exclusion et de sélection, permettent parfois de dépasser certaines dynamiques sociales de classe, en nous permettant de rencontrer des personnes que l'on n'aurait pas pu rencontrer, ou plus difficilement dans la vie.
En soi le site de "rencontre" n'est qu'un outil. Tout dépend comment on l'utilise.
Mais j'aime bien l'idée de critiquer l'outil, de voir en quoi il nous aide, et en quoi il nous limite.
Discussion : Pourquoi peut-on chercher à faire des rencontres et pour quel type de relation ?

artichaut
le mercredi 09 juillet 2025 à 14h53
Je signale ce fil Critique des sites de rencontres, où j'aborde les choses sous un autre angle.
J'y questionne surtout l'idée d'une recherche — poly ou non — qui serait pré-conçue, par des critères prédéfinis. Y compris par exemple celle-ci :
bidibidibidi
Un site de rencontre, c'est un cadre accepté pour faire des rencontres amoureuses.
Discussion : [Lexique] Exotisation de genre, fétichisation de genre et essentialisation

artichaut
le mercredi 09 juillet 2025 à 14h46
Je signale ce fil : Critique des sites de rencontres, où j'aborde aussi ces sujets-là.
Discussion : Faire des rencontres... mode d'emploi ?

artichaut
le mercredi 09 juillet 2025 à 14h44
Je signale ces deux fils :
- Sites et applis de rencontres polyamoureuses (fil général).
- Critique des sites de rencontres.
Discussion : Et vous, comment faites-vous pour vos nouvelles rencontres ?

artichaut
le mercredi 09 juillet 2025 à 14h42
Je signale ces deux fils (même si pas exactement dans le sujet)
- Sites et applis de rencontres polyamoureuses (fil général).
- Critique des sites de rencontres.
Discussion : Rencontre vs Relation (dynamique de rencontre vs dynamique relationnelle)

artichaut
le mercredi 09 juillet 2025 à 14h37
Je signale ce fil que je viens de lancer : Critique des sites de rencontres qui me semble dans le sujet des réflexions de ce fil.
Discussion : Critique des sites de rencontres

artichaut
le mercredi 09 juillet 2025 à 13h10
Je trouve déjà que les sites les plus mainstream participent à une marchandisation des corps et des êtres, un capitalisme relationnel, une fétichisation normées des caractéristiques physiques, etc. Rares sont les sites à dimension un peu humaine. Mais comme j'ai envie de porter ma critique sur tous les sites, je ne vais pas trier les 'bons' des 'mauvais'.
Globalement je trouve que ces sites portent mal leur nom. Il ne s'agit pas tant de site de rencontre que de site de recherche et de rencard (dating). C'est en tout cas ce que l'application me semble proposer, et la manière dont beaucoup s'en emparent (j'ai moi-même commencé comme ça). Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas rencontrer via ces sites (heureusement) mais ils me semblent finalement assez peu fait pour ça.
Bien sûr le mot rencontre est polysémique et ne dit rien du temps pris pour la rencontre, ni du réel intérêt pour l'autre. Et la notion de rencontre sur ces sites est en fait le plus souvent réduit à un rencard en vue de la construction d'une relation (le plus souvent normée, de type amoureuse et sexuelle) ou d'un plan cul. À savoir qu'il y a un but sous-jacent, plus ou moins explicite, avec toutes sortes de gens qui profitent de l'ambiguïté, ou en font un terrain de chasse. Comme dans la vie bien sûr, même si de manière parfois pire. Et qui dit but, dit souvent attentes préconcues, recherche précise, hiérachisation a priori des types de relations, etc. Et je trouve que les sites, plus encore que dans la vie, nous incite à aller vers ça. Il s'agit bien plus de se vendre et de pécho, que de réellement rencontrer d'autres personnes (sans idées préconcues).
Le marché du coeur et du cul, la misère affective de ce monde capitaliste, l'apologie idéalisée de certains corps ou de certaines relations, l'exacerbation de la frustration par la publicité et le cinéma, participe évidemment grandement à tout ça.
Le caractère 'hétéro patriarcal' de ce monde finit de miner le tout par le fait qu'en tant que mec on ne nous apprend pas à rencontrer, mais à conquérir (et à comparer nos conquètes à celles de nos voisins). Bien triste monde.
Et je trouve que les sites de rencontres non content de participer à ces dynamiques, en exacerbent certaines, et notamment cette notion de recherche, de quête d'un idéal, le plus souvent pré-conçu. Et encourage aussi la plainte, de tous ceux qui tiennent pour acquis que le monde et les autres leur sont dus, que leur recherche devrait nécessairement aboutir.
Je trouve que ça nous incite bien peu à se remettre en question, et encore moins à remettre en question la démarche en elle-même.
Au contraire je trouve que ça cautionne toujours plus nos choix électifs, nos attirances sélectives, nos exotisations et nos rejets de principe.
Et le monde poly (qui se croit souvent plus intelligent et mieux déconstruit que les autres) n'est pas épargné. Chacun y va de sa recherche de licorne, de sa recherche de relation(s) secondaire(s) au sein d'un couple poly hiérarchique, ou encore d'une énième étoile à sa constellation (car l'hebre est toujours plus verte ailleurs).
Même juste, chercher spécifiquement 'un homme' ou 'une femme' (sans même parler des autres caractéristiques : âge, physique…) me semble aujourd'hui relever d'une essentialisation des corps et des êtres.
De même que chercher spécifiquement une relation 'amoureuse' ou spécifiquement une relation 'sexuelle' (ou les deux ensemble) me semble empêcher la possibilité même d'une dynamique de rencontre, me semble figer les choses, avant même qu'elles n'aient commencées.
Encore une fois les sites "de rencontres" ne sont pas seuls responsables, mais je trouve qu'ils sur-valident cette forme d'interactions entre humains.
Discussion : Critique des sites de rencontres

artichaut
le mercredi 09 juillet 2025 à 13h10
Voici quelques discussions du forum que je trouve intéressantes comme point de départ :
- Faire des rencontres... mode d'emploi ?, par @Anab0u, août 2022
- Pourquoi peut-on chercher à faire des rencontres et pour quel type de relation ?, par @Caoline, août 2022
- Rencontre vs Relation (dynamique de rencontre vs dynamique relationnelle), par moi-même, mars 2025
- Exotisation de genre, fétichisation de genre et essentialisation, par moi-même, juillet 2025
Et le fil général : Sites et applis de rencontres polyamoureuses.
Discussion : Critique des sites de rencontres

artichaut
le mercredi 09 juillet 2025 à 13h10
J'aimerais ouvrir une discussion critique sur les sites de rencontres.
Critique ne veut pas forcément dire que négatif, mais critique signifie non complaisant.
Je suis moi-même utilisateur de sites de rencontres depuis une quinzaine d'années environ, bien qu'ayant longtemps été réfractaire à leur utilisation. Le principal site que j'utilise est OkCupid, même si j'en ai essayé plusieurs autres.
Globalement et positivement je trouve que les sites de rencontres sont complémentaires de la vie réelle. Ils m'ont perso permis de rencontrer des personnes que je n'aurais pas rencontrées dans la vie réelle (car réseaux et milieu différents, car habitant loin de chez moi, ou car personne très introvertie). Et j'y ai fait de très belles rencontres.
Discussion : [Lexique] Exotisation de genre, fétichisation de genre et essentialisation

artichaut
le mercredi 09 juillet 2025 à 12h56
J'aimerais proposer un nouveau concept, mais j'hésite comment le nommer : exotisation de genre, fétichisation de genre…
Il y a — dont on parle déjà un peu — la fétichisation et sexualisation des corps et des identités transgenres (que d'aucun nomment simplement attirance). J'aimerais étendre le sujet.
Préliminaire : je suis de ceux qui considère que l'on naît tous et toutes bi, non-exclusif et non-binaire, et que notre chemin de vie (souvent précocement, et très influencé par les normes sociales) nous fait réduire cette ouverture. On devient par exemple monogame, hétéro, homo, femme, homme… (et parfois on le vit bien, là n'est pas le problème). L'hétérosexualité (ou l'homosexualité) me semble donc en soi une fétichisation de genre. Mais je souhaiterais d'abord réduire le champ, et l'étudier au sein même des marges, pour mieux visibiliser le mécanisme.
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Mettons que je me considère ou me ressent comme bi ou pan, ou disons attiré par une mutiplicité de genres. Et que je poste une recherche d'un genre en particulier. Ex : "Couple cherche femme" ou "Homme bi cherche femme".
Que penser d'une telle recherche ?
Comme le dit @Caellan, j'y verrais là une demande franchement essentialisante. Je recherche non pas une personne, mais une identité de genre spécifique. La personne derrière l'identité étant donc secondaire.
Une telle objectification, outre qu'elle puisse ne pas du tout faire envie, m'allume perso des warnings. Que va devenir la personne qui a ainsi été sélectionnée pour son identité de genre ? Encore plus s'il devait y avoir choix de l'exclusivité.
J'ai le sentiment que dès le départ il y a quelque chose de déshumanisant (le genre est-il en soi déshumanisant ?) qui va induire, ou du moins inciter au non respect de l'autre, à son exploitation, voire à son asservissement. Il suffirait que l'on vive dans un monde patriarcal pour que les violences conjugales ne soient pas très loin.
Il en va évidemment de même pour la recherche d'une "licorne" au sein d'un couple hétéro. Appuyé par l'énorme biais de pouvoir que constitue les privilèges de couple.
.
Mon propos n'est pas ici de stigmatiser les bi. Le raisonnement précédent s'applique identiquement, et de façon encore plus unilatéralle aux attirances hétéro et homo, même si celles-ci sont tellement devenues une norme qu'elles ont du mal à être questionnées en tant que telles.
Loin de moi l'idée de stigmatiser nos attirances (amoureuse et sexuelle). On est pétri de ce qu'on est (quelqu'en soient les causes) et il est déjà bien difficile de s'orienter dans les marécages de misère affective ambiantes. Chacun·e deale comme il peut avec ses désirs.
Mais ça me questionne quand on en fait un sujet de recherche conscient et décomplexé.
Finalement la question n'est pas tant celle de nos attirances mais plutôt de ce qu'on en fait. À quoi donne t-on de l'importance ? Que fait-on exister en priorité ? Est-ce que je cherche à rencontrer des personnes, ou des identités, des caractéristiques ? Et pourquoi ? Qu'est-ce qui m'agit et qu'est-ce que je laisse agir en moi, ou par moi ?
Suis-je moi-même au prise d'une exotisation de genre, d'une fétichisation de genre, d'une essentialisation des corps et des êtres ?