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artichaut

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Rennes (France)

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Discussion : Comment construire des relations saines ?

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artichaut

le dimanche 05 mai 2024 à 00h54

Alabama
Effectivement, il y a une distinction entre les besoins et les limites.
Les limites, j'étais déjà pas trop mauvaise mais là je me suis encore améliorée : quand un truc ne me convient pas, je le dis. Il m'aura fallu presque 2 ans pour affirmer que je ne peux pas être en relation avec quelqu'un qui fait passer son boulot avant tout le reste, et assumer que mon minimum serait de se voir tous les 15 jours. Ça s'est fait calmement, ça lui apportait visiblement aussi à lui d'accepter ce rythme, maintenant il est content. Là-dessus, je n'ai pas de questionnement, j'ai simplement posé une limite me concernant, et il a décidé de l'accepter.

Pour moi ce que tu décris ressemble presque plus à des besoins (ou des demandes) exprimés, qu'à une limite.

Je m'explique.
Selon moi une limite est quelque chose qui ne concerne que nous même et qui s'exprime par la négative (exemple : Je ne veux pas être touché·e par suprise). Elle doit pouvoir s'exprimer sous la forme "Je ne veux pas que je" (exemple : Je ne veux pas que je soit touché·e par suprise). Si elle s'exprime sous la forme "Je veux que tu", ou "Je ne veux pas que tu", j'ai l'impression que ce n'est pas une limite mais une demande.

Certes toi-même tu dis "Je ne veux pas". Mais se voir tous les 15 jours, pour moi c'est clairement une demande. Et ce qui ressemble à une limite c'est que tu exprimes "Je ne peux pas être en relation avec toi, si tu n'acceptes pas ça". Sauf que c'est quelque chose qu'il doit faire, et non pas quelque chose qu'il ne doit pas faire (exemple : ne pas me toucher par surprise).

Je peux me tromper, mais j'ai l'impression qu'une limite implique une non-action de la part de l'autre.

Pourquoi j'insiste sur ça (au risque de paraître couper les cheveux en quatre, ou prétendre mieux savoir que les autres) ? Parce que je me suis rendu compte que je me plantais souvent, moi-même, par rapport à ça.
Je suis quelqu'un qui exprime beaucoup ses limites. Et je me suis rendu compte que parfois j'exprimais juste des demandes. Ou bien, que je ferais mieux d'exprimer clairement une demande.

Une limite pour moi, c'est quelque chose de vraiment catégorique, de non négociable, et qui remet en cause la relation, si elle n'est pas respectée. Et ce n'est pas néo libéral dans ces cas là d'arrêter la relation, c'est une question de la plus haute importance, par exemple, de survie ou de santé mentale.

Et le degré d’inconfort qu'il est sain, ou en tout cas non toxique, de vivre dans une relation me semble justement fonction de nos limites.
Apprendre à connaître nos limites et les partager à l'autre, me semble alors primordial. Mais c'est loin d'être facile. Et parfois seule l'expérience peut nous amener à les identifier.

Ensuite, tant qu'on n'est pas dans des dépassements de limites, le seuil de tolérance de chacun·e est différent, et n'a pas a être le même.

J'ai le sentiment que vouloir vivre une relation hétéro dans ce monde, c'est de facto accepter un certain état de fait.
Ce monde, les personnes qui le composent, et les liens qui en découlent, ont une certaines inertie. Des choses peuvent bouger, d'autres non, ou alors très lentement.

J'ai le sentiment que tu pose deux questions :
- L'inconfort que tu es toi-même prête à accepter pour vivre cette relation.
- Le risque de dépasser les limites de l'autre (surtout que tu dis ne pas être avec une personne qui sait les poser et qui de surcroît a une peur panique du rejet) ou qu'il veuille s'adapter pour te faire plaisir et qu'au final ça ne fonctionne pas (puisque ça ne vient pas du coeur).

À la première, toi seule peut y répondre, en tenant compte de tes limites, en pesant le pour et le contre de ce que t'apportes cette relation. Je ne dis pas du tout que c'est facile à déterminer. Et j'ai bien conscience que souvent vous vous faites avoir. Et je comprends la lassitude ou la désertion des relations hétéros.

À la deuxième, lui seul peut répondre. Et ça ne devrait pas être à toi de le faire (de prendre ça en charge, en plus de tout le reste).

Je ne dis pas qu'il ne doit pas y avoir de prévenance. Le consentement ce n'est pas juste dire Non (poser ses limites), c'est aussi constamment donner du pouvoir à l'autre pour lui donner la possibilité de dire Non (ou merde, ou ce qu'il voudra).
Mais quand même, j'ai le sentiment, qu'il y a des choses que tu ne peux pas savoir pour lui.

Perso, mon warning, c'est si je vois l'autre souffrir (de la relation ou de mes comportements) ou qu'il me dit qu'il souffre. Pas juste être ponctuellement blessé·e, mais souffrir, dans la durée.
Dans ces cas là, c'est pour moi le signe que ça va trop loin, et qu'il faut arrêter.

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Discussion : Changer de paradigme (relationnel)

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artichaut

le samedi 04 mai 2024 à 13h26

Intermittent
Tu décris des relations de couple datant des années 1960

C'est sûr que depuis les années 1960 le patriarcat conjugal n'a pas pris beaucoup de rides. D'ailleurs le terme « polyamory » semble apparaître pour la première fois aux États-Unis au cours des années 1960, la boucle est bouclée !

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Discussion : Changer de paradigme (relationnel)

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artichaut

le samedi 04 mai 2024 à 03h57

Dans un cas, on risque de se définir comme hypersexuel, et dans l'autre comme asexuel. Tout en vivant potentiellement la même vie. Comme quoi ces notions sont particulièrement élastiques. Et honnêtement je ne sais pas si je suis l'un, l'autre, ou les deux à la fois.

Et de même, avec la même vie, je peux aussi bien me définir comme célibataire que comme hyperpolyamoureux.

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Discussion : Changer de paradigme (relationnel)

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artichaut

le samedi 04 mai 2024 à 03h49

L'avantage d'élargir ces notions étriquées auxquelles on donne une importance démesuré dans notre vie, c'est de ne pas avoir à renoncer à quoi que ce soit, de ne pas avoir à faire le deuil de cette importance que l'on donnait à ces notions, et juste se rendre compte à quel point on en avait une vision appauvrie, donc forcément insatisfaisante et nécessairement frustante, et qu'au contraire, non seulement nous avons déjà dans notre vie énormément d'amour et de sexualité, mais bien plus encore, que les chemins pour en vivre s'éclairent soudainement d'une stimulante lumière.

L'avantage de réduire l'importance que l'on donnait à ces notions étriquées, c'est de pouvoir enfin en sortir et respirer, voir les choses complétement autrement, et comme repartir de zéro, en risquant moins de se leurrer soi-même, en avançant peut-être plus sûrement (même si ça peut être +dur au début, car il y a un vrai deuil à vivre), et avec moins de risques de déconvenues.

À chacun·e de choisir sa voie, et de trouver ses complices sur la même voie.

Perso j'ai ou j'avais tendance à préférer la première voie. Mais l'expérience m'a montré que la deuxième fonctionne plutôt mieux, en tout cas pour moi.

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Discussion : Changer de paradigme (relationnel)

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artichaut

le samedi 04 mai 2024 à 03h30

artichaut
Disons que c'est comme si je considérais que par rapport à nos habitudes, à la hauteur, le niveau de là où on place généralement le sexe et l'amour dans notre vie, c'est comme si je préconisait de n'en garder que 1%.

Bon, il y a encore une autre façon de voir ou de dire les choses. À savoir qu'au lieu de ne garder que 1% pour ces concepts de sexe et d'amour, il s'agirait de réduire à 1% ce qui est habituellement considéré comme sexe dans la sexualité, et amoureux dans l'amour, et par contre d'élargir ces deux concepts bien trop étriqués.

Élargir la notion de sexualité (par exemple, en y incluant la sensualité et certaines formes de tendresse) à toutes sortes d'interactions (y compris non corporelle).
Élargir la notion d'amour à toutes les formes de relations possibles (courtes ou longues, à intensité fréquente ou non, etc).
Et alors l'habituelle recherche d'une (ou deux, ou trois) relation amoureuse et sexuelle prend un tout autre sens.

Dans un cas il s'agit de ramener le sexe et l'amour-amoureux à une place et une dimension qui leur incombent, dans l'autre d'élargir considérablement ces notions étriquées, pour enfin les vivre pleinement, et cesser de sur-focaliser sur quelques miettes.

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Discussion : [Lexique] Comment définissez-vous l'amour ? comment ressentez vous l'attachement?

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artichaut

le vendredi 03 mai 2024 à 15h05

Le sujet est intéressant (Comment définissez-vous l'amour ?), même si je ne suis pas sûr de comprendre la deuxième question. Est-ce :
- Comment ressentez vous l'attachement ? (question du titre) / auquel cas il faudrait aussi définir l'attachement…
ou
- Comment ressentez-vous l'amour ? ("les ressenti qui vous donne des indications sur votre amour ou non d'une personne.")

Par ailleurs, si le sujet est intéressant, la promesse est étrange ("Je partagerai après quelques réponses mon point de vue ainsi qu'un texte"). Si un texte est intéressant, pourquoi ne pas le partager directement ? Et pourquoi conditionner le fait de donner ton point de vue, à la réponse préalable d'autres personnes ?

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Discussion : Vers la non exclusivité sexuelle.

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artichaut

le mardi 30 avril 2024 à 21h22

Jalousie(assumée)+Compersion : le combo parfait.
Rien sous le tapis. Avancer lentement, mais sûrement.

Et cette "inversion", vous permet chacun·e de comprendre ce que l'autre a vécu.

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Discussion : Comment construire des relations saines ?

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artichaut

le lundi 29 avril 2024 à 20h12

Alabama
@artichaut : j’espère que tu n’as pas pris mon constat pour une critique.

(Non, non t'inquiètes. C'était juste un constat que tu partageais, et avec lequel je suis d'accord. Merci à vous pour les multiples encouragements. Et je constate avec plaisir que laisser de la place, incite d'autres à venir poster.)

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Discussion : Comment construire des relations saines ?

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artichaut

le dimanche 28 avril 2024 à 12h17

Alabama
@artichaut : j'ai l'impression d'un dialogue avec toi sur ce forum depuis quelques jours XD je me demande si mes questions intéressent d'autres que toi.

J'avoue, j'ai hésité à répondre à cause de ça !
Changer, en tant qu'homme, c'est aussi apprendre à laisser de la place. Il y a parfois besoin de silence, d'espace, pour que d'autres puissent s'exprimer. Alors je vais arrêter de monopoliser ce forum pendant quelques jours.

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Discussion : [Texte] La jalousie vue comme une pieuvre à 8 pattes - Hypatia from space - déc. 2015, janv. 2016

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artichaut

le dimanche 28 avril 2024 à 11h55

Le texte original est désormais dispo sur le nouveau site de Marie-Claude L'Archer.

- 1ère partie, déc. 2015
- 2ème partie, janv. 2016

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Discussion : [Site] vennvibe.com (rencontres poly)

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artichaut

le dimanche 28 avril 2024 à 11h27

Informations obligatoires pour s'inscrire
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- Pseudo / Prénom
- Date de naissance (jour, mois, année)
- Sexualité (un seul choix possible, pas de choix "Autre")

Hétérosexuel-le
Homosexuel-le
Lesbienne
Bisexuel-le
Pansexuel-le
Asexuel-le
Demisexuel-le
Queer
Questionnement
Polysexuel-le
Omnisexuel-le
Skoliosexuel-le
Aromantique
Grissexuel-le
Androsexuel-le
Gynésexuel-le
Lithsexuel-le
Autosexuel-le
Fraysexuel-le
Fluide
Bi-curieux.se
Spectrasexuel-le
Hétéroflexible

- Identité de genre (un seul choix possible)

Agenre
Androgyne
Bi-genre
Genre fluide
Genre non conforme
Genderqueer
Demi genre
En questionnement de genre
Intersexe
Homme
Femme
Non-binaire
Autre -> n'est bizarement pas dans l'ordre alphabétique !
Pan-genre
Transféminine
Transmasculin
Personne transe
Homme trans
Femme transe
Transe non-binaire
Bispirituel-le
Tout le monde

- Statut relationnel (un seul choix possible)

Célibataire
Dans une relation
Dans plusieurs relations
Autre

- Taille (en cm)
- Description
- Qu'est le polyamour pour toi ?

Je recherche :
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- Distance max

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Suite ici

Au 28/04/2024, il y avait 911 membres.
Il semble y avoir une grande proportion d'hommes.

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Discussion : Comment construire des relations saines ?

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artichaut

le dimanche 28 avril 2024 à 01h36

J'ai l'impression qu'il peut y avoir plusieurs choses en jeu dans ce que tu nommes : des choses ponctuelles et concrètes (par exemple de la gestion de quotidien) et des choses plus transversales, plus insidieuses, ou plus fondamentales (les notions de respect, de consentement, d'équité, etc).
Pour avancer dans ta/tes question/s, j'ai l'impression qu'il y aurait aussi une distinction a faire entre les besoins et les limites.
Enfin il y a probablement une part qui n'est pas réductible à de la théorie, et qui ne peut se réfléchir que en contexte, à l'appui de cas particuliers.

*
Je suis un homme, je peut parler de mon vécu.

J'ai changé a plein d'endroits. Je ne dis pas que je n'ai pas un éternel train de retard, et que je ne suis pas encore loin du compte, mais clairement, en matière d'empathie, de gestions des émotions, de charge relationnelle,… je n'en suis pas au même point qu'il y a 10 ou 20 ans.

Ce qui m'a fait changer (a peu près dans l'ordre d'importance, et chronologique) :
- les copines (principalement les féministes, et principalement les très proches, dans le spectre amies-amoureuses)
- les écrits, podcasts, films, etc (principalement des écrits féministes, mais aussi et dans mon cas c'est notable, des écrits d'hommes)
- mes réflexions, auto-analyses, meta-analyses, les prises de consciences, ma volonté de changer et d'aller vers un monde meilleur et de meilleures relations, certains changements qui en entraînent d'autres, voire font boules de neige, la constatation des transformations apportées par les changements, etc
- des grands drames de la vie
- les copains (au début pas forcément les plus proches, plutôt même des inconnus, et avec le temps de plus en plus les proches)

Les endroits où je refuse de changer :
- si ou quand je ne comprends par les raisons du changement invoqué
- si je ne suis pas intimement convaincu de l'intérêt dudit changement
- quand le changement me met trop en fragilté, voire en danger, qu'il touche à une colonne vertébrale de ma personnalité
- quand je sens que le sol se dérobe sous mes pieds, ou qu'on veut me convaincre qu'on sait mieux que moi ce que je vis, ce que je pense, ce que je ressent
- si ça dépasse certaines de mes limites

Ces refus ne sont pas toujours rédhibitoires et définitifs, ça dépend, parfois c'est juste une question de temps.

Ce qui inversement me fait changer :
- comprendre
- valider intimement et intellectuellement le but et/ou le processus
- la passion de la remise en question pérpétuelle et du décorticage (intellectuel d'abord, émotionnel ensuite)
- l'empathie et l'amour

*
Chronologiquement, je pense que sans l'abnégation et le dévouement de certaines copines féministes (tantôt dans la geulante, tantôt dans le soin) je n'aurais pas changé, ou bien peu.

Inversement aujourd'hui je sens que je me suis beaucoup autonomisé en changement.

Ça me donne le sentiment qu'au moins pour moi, il y a eu besoin de quelque chose comme un déclic (enfin plusieurs déclics, car il a aussi fallu passer des caps de désillusions, de fausses victoires, de découragement, de prosélytisme mal placé, des traversées de conflits, etc.) pour en arriver à une relative autonomie, pour être capable d'aller chercher moi-même des ressources, de l'aide, des discussions auprès de mes pairs, etc.

Bon le monde à changé, le féminisme est devenu mainstream. Peut-être que certaines choses sont plus accesibles, plus ententables aujourd'hui (en tout cas aux plus jeunes générations). Peut-être qu'il y a moins de taf, ou qu'il faut moins de temps pour déclencher des déclics ?

*
Je ne sais pas si ça t'aide…

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Discussion : Changer de paradigme (relationnel)

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artichaut

le samedi 27 avril 2024 à 22h38

Alabama
je dirais plutôt qu’on y met des choses que l’on ne devrait pas y mettre. Comme «   si on est en couple c’est obligatoire », «   si tu ne me désires pas c’est que tu ne m’aimes pas », «   si je ne fais pas de sexe je suis un·e raté·e », etc…

Oui, tout à fait. C'est ce que j'apelle sur-investir, sans doute.

Alabama
pas de frustration de mon côté, c’est même l’inverse : ça me défrustre, car j’ai retiré mes attentes

Oui, c'est aussi ce que j'ai vécu, quand ça m'est arrivé.

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Discussion : Changer de paradigme (relationnel)

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artichaut

le samedi 27 avril 2024 à 21h15

…enfin je rejettes l'amour-amoureux comme je rejette l'hétéronorme et comme je rejettes la sexualité normée.

Disons que c'est comme si je considérais que par rapport à nos habitudes, à la hauteur, le niveau de là où on place généralement le sexe et l'amour dans notre vie, c'est comme si je préconisait de n'en garder que 1%.
Reconfiguer à 1% notre désir de sexualité et notre désir de grand amour et avancer à partir de là. Ne leur donner que 1% d'importance dans nos vies, et donc donner — pour un temps au moins — 98% à toute l'étendue des autres possibles. Et aller explorer activement ces 98%.

Et donc il ne s'agit pas du tout de supprimer le sexe et l'amour-amoureux, mais juste les replacer à une place non-démesurée, les destituer du pied d'estale sur lesquel notre culture les a placé, les détrôner en quelque sorte.

[Je dis 1% exprès pour marquer les esprits et bien faire comprendre l'intensité de la chose. Mais en réalité ça serait peut-être plutôt du 10%, …et 80% pour le reste des possibles]

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Discussion : Changer de paradigme (relationnel)

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artichaut

le samedi 27 avril 2024 à 21h04

Alabama
Cela m'a fait un énorme soulagement, et je découvre que je suis capable d'accepter l'idée qu'il n'y ait pas de sexe, et le vivre bien. Ça me fait penser à une autre discussion que l'on a eue sur l'inhibition du désir. Je ne sais pas si j'inhibe mon désir, mais en tous cas je ne l'encourage pas. Et ça me fait du bien, je vis la relation d'une autre façon. Je vais finir par comprendre ton point sur ce sujet peut-être !

Oui, tu vois, (inhiber ou) arrêter d'encourager ton désir avec cette personne, c'est peut-être une manière d'arrêter de surfocaliser, de surinvestir la sexualité. C'est contre-intuitif, c'est frustrant au départ, on peut même avoir le sentiment de ne pas se respecter soi, d'être dans du renoncement catho à 2 balles, mais on finit par découvrir autre chose, une manière d'ont on ne s'imaginait pas forcément capable d'être ou de relationner. Ça enrichi notre expérience de vie et l'étendue de nos possibles. Ça élargit notre zone de confort relationnel. Et même (c'est mon expérience) ça vient te nourrir affectivement à des endroits innatendus.

Et ça n'empêches nullement de vivre les choses +sexuellement avec d'autres personnes, si d'autres personnes sont raccords avec toi.

Alabama
Mais renconcer à l'amour-amoureux, je n'en suis pas capable, et je ne le désire pas. D'ailleurs, pourquoi, toi, tu désires y renoncer ? D'où ça part, émotionnellement ?

Ma première réaction à été « mais je ne rejettes pas du tout l'amour-amoureux ! »
Comme le sexe, je dis juste : arrêtons de surfocaliser ça, et de penser que sans ça, la vie est trop triste. Arrêtons de chercher ça, et de partir de là. De le penser comme un préalable, un pré-requis à toute relation digne de ce nom.
Et si de fait, ça déboule dans notre vie, arrêtons de le surinvestir, de prendre des vessies pour des lanternes, et ainsi de suite.

…mais en fait si, t'as quand même raison, je rejettes l'amour-amoureux, mais ça c'est plus à titre personnel. Je ne dirais pas que c'est intrinsèque en soi à cette proposition de changement de paradigme.

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Discussion : Renoncer au polyamour

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artichaut

le samedi 27 avril 2024 à 20h39

Alabama
Alors, je pense que tu interprètes mes mots. Nulle part je n'ai dit qu'il faut en passer par là. Je dis juste que dans cette relation, je vis aussi une profonde amitié

Ah oui, ok, j'avais mal compris.
J'avions cru que tu disais que cette amitié-là, parce que vécu dans un cadre amoureux, dépassait en… (qualité, intensité… le mot que tu voudras) tes autres amitiés.
Peut-être ça m'a fait penser à des personnes (j'en ai connu) qui semblent ne pouvoir être "hétéro-ami·e·s" (ami·e avec une personne du sexe/genre opposé) qu'après une période avec sexualité.

Alabama
Tu peux expliquer cette histoire de pénurie et d'offre et de demande ?

A peu près toutes les personnes que je connais (quelque soit leur genre) galèrent graaaaave à trouver ce qu'elles recherchent en matière relationnelle. Des personnes qui se disent comblées et heureuses relationnellement, je n'en connais pas beaucoup.
Les mecs cis ont l'habitude de se plaindre (notamment sur ce forum) que c'est trop injuuuuste, qu'ils galèrent à rencontrer des meufs (notamment sur les sites de rencontres), mais quasi toutes mes copines se plaignent de la même chose, que c'est trop galèèèèère de trouver des mecs bien (ou des meufs d'ailleurs).
Ça me fait penser qu'il y a un sentiment de pénurie (de belles personnes et de belles relations).
Ce qui n'est absolument pas logique. Puisque toutes ces personnes qui cherchent devraient, en toute logique, se rencontrer et matcher.

Et quand tu galère tant pour trouver ce que tu cherches (certes sans te remettre en question sur ce que tu cherches), tu peux avoir l'impression d'être pris dans un marché ultra concurentiel (ou tu te fais gohster comme tu te ferait licencier, dès que tu fais un truc de travers) et que pour réussir à tirer son épingle du jeu, il faudrait comme se vendre, ce serait comme aller à un entretien d'embauche, devoir se faire passer pour ce qu'on n'est pas, etc. Alors si tu arrive enfin à matcher avec quelq'un·e tu vas surtout pas prendre le risque de te montrer tel·le que tu es. Et c'est un cercle vicieux sans fin.

Bon, on s'éloigne peut-être du sujet du renoncement au polyamour…

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Discussion : Changer de paradigme (relationnel)

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artichaut

le samedi 27 avril 2024 à 11h03

Peut-être c'est ça, d'ailleurs que je devrais dire, pour ne pas risquer d'être mal compris : ce changement de paradigme part du principe qu'il n'y aura ni sexe, ni amour-amoureux !

Et là je perds 99,99% des gens. Et on me dira "Ah, mais c'est juste de l'amitié ton truc". Mais au moins, avec ce 0,01 qui reste, on peut vraiment commencer à discuter, et envisager une toute autre façon de faire et d'envisager les choses.

En réalité ce changement de paradigme n'empêche en rien le sexe ou l'amour, mais la surfocalisation sur ces notions est telle, que sans proposer des les enlever, j'ai le sentiment de ne jamais pouvoir être compris.

Tant que l'on a cette ligne de mire du sexe, ou de l'amour-amoureux, on reste dans l'ancien paradigme.

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Discussion : Renoncer au polyamour

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artichaut

le samedi 27 avril 2024 à 10h47

Alabama
Je me suis fait la réflexion il y a peu, que ton paradigme me ferait sans doute plus envie si j’étais un homme.

J'ai répondu .

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Discussion : Changer de paradigme (relationnel)

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artichaut

le samedi 27 avril 2024 à 10h44

Je choisis de répondre plutôt ici, à un commentaire posté ailleurs :

Alabama
Je me suis fait la réflexion il y a peu, que ton paradigme me ferait sans doute plus envie si j’étais un homme. En tant que femme, je le vis différemment je pense. Je pense que les hommes ont du mal à aimer, en particulier aimer les femmes. Aimer fait peur, c’est profond et ça chamboule. Accepter d’être dépendant de l’autre, c’est incompatible avec l’identité d’homme telle qu’elle se construit dans le patriarcat.

Et donc je ne suis pas étonnée que l’engagement soit voulu par les femmes et fui ou vu comme contraignant par les hommes. Et que petit à petit des femmes aussi le rejettent par réaction, parce que ce serait ne pas être cool, ou par peur d’être enfermée dans une relation aliénante pour elles, ou par peur que ça n’empiète sur le reste de leurs vies car par éducation elles apprennent à se faire passer après tout le monde.

Donc je me demande à quel point refuser la monogamie, du côté des hommes ce n’est pas refuser l’engagement, refuser de donner de soi, et à quel point ton nouveau paradigme n’est pas teinté de cela aussi. C’est une question ouverte, pas une certitude ou un jugement .

C'est une question que je me pose beaucoup aussi. En tout cas celle-ci : mon refus, non seulement de la monogamie, mais aussi de vivre une « relation amoureuse » est-elle emprunt d'un refus d'engagement ?
Je pense même que j'ai une once de culpabilité (chose pourtant pas très présente chez moi) à cet endroit.
Gros sujet, en tout cas.
Pour l'instant, mes réflexions sur le sujet me laisse plutôt à penser que non (il me semble que je suis plutôt quelqu'un qui s'engage, justement).

Après ta question portait sur mon changement de paradigme, donc sur un concept, et pas seulement sur mon chemin de vie perso.
Je ne sais pas. Et je ne sais pas s'il est plus suceptible de plaire aux hommes, plutôt qu'aux femmes. Je pense surtout que pour l'instant, il n'est pas du tout clair ce changement de paradigme.

En tout cas je te rejoins sur le fait qu'à mon sens, aller vers le polyamour, du côté des hommes, va souvent avec un refuser de s'engager (et pire encore avec "l'anarchie relationelle", je trouve).
Pourtant la monogamie pour moi, permet déjà ça : le refus pour les hommes de s'engager dans les faits (au delà d'un discours d'engagement initial). Le patriarcat est bien rôdé à cet endroit et permet tout à la fois de déserter la charge relationnelle (puisque c'est bon "on est en couple"), de déserter la charge parentale (sous couvert de "travailler pour subvenir aux besoins du ménage"), d'avoir des aventures extra-conjugales, etc, etc.
Le "polyamour hiérachique", par exemple, permet juste d'ajouter une dimension supplémentaire de désertion (de la charge inhérente au couple socle) sans perdre les privilèges acquis par la monogamie.
Et "l'anarchie relationelle" permet de traiter toutes ses relations comme secondaires.

Dans ce changement de paradigme je ne promet ni "le sexe", ni "l'amour-amoureux". Donc je pense que ça n'est attirant pour aucun des deux genres consacrés.

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Discussion : Renoncer au polyamour

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artichaut

le samedi 27 avril 2024 à 10h22

LeGrandStyle
Je ne pense pas que je pourrais définir l’amour, mais si devais choisir un mot, je dirais simple.

Alabama
Pour autant, effectivement avant ma relation amoureuse actuelle il y a des choses que je n’avais pas ressenties. Une sorte de calme intérieur effectivement, de simplicité. Je ne dis pas que la relation est simple. Mais mon amour lui, est simple et doux.

Au moins sur ça, je vous rejoint, moi aussi je tend vers la simplicité. (…et d'ailleurs, en lien avec le titre de ce fil, moi aussi j'ai renoncé au "polyamour").

Et en un sens, oui, la monogamie fait cette promesse de simplicité
- que soit en terme social (c'est bon je suis casé, c'est bon j'ai répondu au injonctions, ayé je suis en couple, ouf je suis dans la norme, ça c'est fait…).
- ou même en terme déçu-du-poly (finie la jalousie, les emplois du temps compliqués, la charge relationnelle à outrance, la recherche permanente de nouveaux partenaires, les ruptures à la chaîne…)

En mode moins caricatural peut-être, la monogamie promet en se concentrant sur une seule relation, de pouvoir mieux en prendre soin, et fait la promesse d'un avenir (supposé serein, avec cette idée sinon de vieillir ensemble, en tout cas de relation qui s'inscrit dans le temps).

Et cette simplicité promise, elle est précieuse, donc quand on a la chance de la trouver (dans le sentiment de pénurie qui caractérise un marché concurentiel, d'offre et de demande), ça semble logique de vouloir la garder, la préserver.

Une dernière chose qui me semble importante, la monogamie rejoint, me semble t-il, un genre de simplicité dans cette sorte d'évidence, ou de cohérence-dans-la-continuité, en retrouvant une part de ce qui a été pour la plupart d'entre nous le point de départ de notre vie : un foyer parental heureux. Pouvant donner un surplus de sens à notre vie. Et même sans faire d'enfant, voire même sans habiter ensemble, je parle ici d'un surplus de sens symbolique, quelque chose comme reconnecter à ses racines.

Alabama
A cela j’ajoute que cette personne est devenu un ami très proche, avec qui j’ai envie de faire tout un tas de choses. Je n’avais jamais vécu de véritable amitié dans mes autres relations amoureuses, ce qui est triste j’en conviens

Je trouve ça triste en effet qu'il faille en passer par une relation amoureuse-monogame… pour devenir… des ami·e·s très proches. Mais certes, si c'est là le chemin, pourquoi pas.

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