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Rennes (France)

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Discussion : Alexandra Kollontaï (1872-1952)

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artichaut

le vendredi 10 mai 2019 à 17h26

Siestacorta
Je sais pas si c'est bien possible, dans le sens où il y a toujours des dispositions psychologiques qui nous enferment, nous excluent et nous poussent à enfermer les autres avec nous, même quand il s'agit pas d'exclusivité : du coup, des gens seuls, yen a toujours.
C'est ma limite à l'idée d'un PA collectiviste. Je pense pas que la libre circulation des sentiments suffise. On peut crever la dalle à côté d'une quantité infinie de nourriture, pour peu qu'on soit infoutu de la digérer.

Ça me fait penser au texte de Solène Hasse « Tu sais, bébé, mon cœur n’est pas sur liste d’attente ».

Et c'est sûr que c'est pas du tout pris en compte dans Place à l'Éros ailé ! . Mais l'époque n'était pas la même.

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Discussion : [Texte] Responsabilité affective : « Tu sais, bébé, mon cœur n’est pas sur liste d’attente », par Solène Hasse (26/11/2011)

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artichaut

le vendredi 10 mai 2019 à 17h20

Je m'interroge : Pourquoi tous les textes sur la responsabilité affective disparaissent les uns après les autres de la toile ?
En plus de ce « Tu sais, bébé, mon cœur n’est pas sur liste d’attente » (26/11/2011), dont le blog à été réinitialisé… et d'ailleurs en réponse à ce texte-ci, il y a eu sur la toile :

- J’emmerde votre liberté (2012) par Joao Gabriell :
negreinverti.wordpress.com/2012/05/11/jemmerde-vot... (lien périmé)
negreinverti.wordpress.com/2012/05/19/jemmerde-vot... (lien périmé)
negreinverti.wordpress.com/2012/06/06/jemmerde-vot... (lien périmé)
> blog supprimé

- Dossier : Le « Marché Romantique et Sexuel », Partie 2 : La Responsabilité Affective, par Zerhariel (25 mai 2015) :
www.pimentduchaos.fr/2015/05/25/dossier-le-marche-... (lien périmé)
> retiré du blog

- Trois textes sur les privilèges dans les relations affectives, par le Troll de jardin (2016) :
https://trolldejardin.wordpress.com/2016/01/10/le-... (lien périmé)
https://trolldejardin.wordpress.com/2016/01/10/le-... (lien périmé)
https://trolldejardin.wordpress.com/2016/01/10/pri... (lien périmé)
> retirés du blog

Je sais bien que l'internet n'est pas un truc pérenne, mais quand même je trouve ça dommage que ces textes disparaissent les uns après les autres.

Je me dis que c'est un sujet sensible. Souvent peu ou mal traité. Qui prête facilement le flanc aux critiques, etc.
Et je trouve ça courageux de publier des textes sur ce sujet.

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Discussion : [Texte] Responsabilité affective : « Tu sais, bébé, mon cœur n’est pas sur liste d’attente », par Solène Hasse (26/11/2011)

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artichaut

le vendredi 10 mai 2019 à 17h19

Argh le lien est mort.

Un bruit de grelot…
C’est fini ce blog.
On y trouvait des pensées féministes & trans, balancées en vrac entre 2009 et 2013.
Mais maintenant on n’y trouve plus rien. Désolée.
Big Bisous Bien Baveux.
SH.

Le voici sur l'indispensable WaybackMachine.

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Discussion : [Livre] "Les sentiments du Prince Charles" ? de Liv Strömquist, Rackam 2012

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artichaut

le vendredi 10 mai 2019 à 15h10

Merci @laurent59
C'est vrai que c'est précieux d'avoir des retours sensibles sur les oeuvres.

laurent59
Sauf utilisations volontaires du noir plat je suis en général 'plombé' (au sens de déprimé, impression de lourdeur, de fatalité, idées noires) par une surcharge de cette couleur dans les planches et trop de texte. Ce fut le cas.

Ce passage ne me semble pas hyper clair, alors je précise : c'est une BD entièrement en noir&blanc.
Quand Liv Strömquist utilise de la couleur (cf L'origine du monde, super BD également) c'est le +souvent par ajout ponctuel, ce que je trouve très pertinent.

Sinon, moi aussi j'ai été gêné par son style avec beaucoup beaucoup de texte (c'est vrai que ça fait assez fanzine… anarcho-féministe, en l'occurrence), bardé de références (même si oui, on est content de les avoir, quand on veut creuser le sujet, au moins elle cite ses sources !). Parfois le livre m'est tombé des mains, m'a fait mal a la tête. Je l'ai posé, puis repris +tard. C'est sûr, c'est pas une BD "facile à lire" et qui s'avale d'une traite et oui "faut la digérer" au fur et à mesure qu'on la lit. Autant être prévenu.
Par moment ça ressemble même à des vidéos YouTube, par exemple quand elle fait ses Tops (« Top4 des petits amis les plus provocateurs de l'histoire »), ou de la fausse télé (« Prix bobonne »). Celà dit j'ai trouvé ça marrant de faire de la "vidéos YouTube" en BD.
Aussi, tant qu'on est dans le formel, je regrette aussi qu'il n'y ai pas de numéros de page. Ça aiderai à citer tel ou tel passage (elle qui adore les citations, elle aurait pu y penser… mais peut-être est-ce une erreur… de d'éditeur).

Je trouve aussi qu'elle est un peu trop dogmatique parfois, qu'elle ne va chercher que les références qui appuie son propos, etc… et donc oui ça donne une vision assez orientée et négative des relations humaines et du sentiment amoureux.

Pour autant, si on garde en tête que c'est une vision un peu exagérée (car un propos peu audible, a souvent besoin de forcer le trait pour être entendu), à prendre plutôt comme des tendances dominantes que comme des vérités absolues, alors oui, c'est précieux.
La gente masculine, notamment médiatique (les stars américaines de la télé) ou célèbre (Picasso, Einstein, Bergman, etc), en prend pour son grade, mais ce n'est que mérité. Même la Suède (souvent cité comme exemple de pays à la culture moins sexiste) en prend pour son grade. Et on en attendais pas moins de Liv Strömquist.
La gente féminine, n'est pas épargnée non plus, dans sa complaisance à ne pas sortir de son conditionnement.

Et quand même y'a beaucoup de pertinence, elle documente vraiment son sujet (c'est pas juste des affirmations en l'air), elle ne se contente pas d'énoncer des pseudos-vérités (au contraire elle décortique et explique les mécanismes internes), y'a plein de leçons à en tirer, et ça déconstruit efficacement la monogamie à travers les âges ou les cultures.
Alors oui, moi aussi, je conseille ce livre. Et en effet que l'on soit poly ou non.

D'autant que les dernières pages (pas que la dernière je trouve) remonte la pente, propose des pistes, etc. Même si c'est vrai y'a pas d'exemples positifs, et je suis d'accord ça manque.

Par exemple, j'ai aimé les citations d'Eckhart Tolle et Bell Hooks.

Et aussi ce conseil tout simple, qu'elle donne vers la fin du livre, aux mecs qui auraient envie de dépoussiérer le patriarcat :

Liv Strömquist
Offrez du soin et de l'amour à une femme au hasard, ne serait-ce qu'une fois par jour.

Ça a l'air naïf, comme ça. Mais replacé dans le contexte, et amené comme elle l'amène, je trouve ça assez puissant.
Il ne s'agit pas, de devenir un "sauveur", ni d'aller faire chier les femmes dans la rue, mais juste d'avoir autour de soi (et pas que au sein de nos relations de couples) des comportements tout simples, activement moins sexistes et qui vont participer à "donner de la confiance-en-soi" à l'autre, juste ça.
En l'occurrence, faire juste une part infime aujourd'hui et dans ce monde, de ce que font la plupart des femmes à longueur de temps et depuis des siècles : la charge affective et relationnelle.
Et ce n'est pas présenté comme LA solution qui va changer le monde, juste comme une proposition aux mecs qui auraient envie de dépoussiérer le patriarcat (et qui donc implique d'agir sur ses propres comportements).

En tout cas Liv Strömquist mène son chemin dans le monde de la BD. Et ses autres BDs sont également passionnantes à lire, et jamais très éloignées du sujet de ce site.

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Discussion : [Livre] élaboration d'une Bibliographie, commentée, sur le polyamour

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artichaut

le vendredi 10 mai 2019 à 05h19

…et faut-il nommer les livres à potentialité poly ? qui tente le polyamour mais ne vont pas jusqu'au bout…

tel Aglavaine et Sélysette de Maurice Maeterlinck, pièce de théâtre créée en 1896.

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Discussion : [Livre] Aglavaine et Sélysette de Maurice Maeterlinck, pièce de théâtre créée en 1896

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artichaut

le vendredi 10 mai 2019 à 05h14

Aglavaine et Sélysette de Maurice Maeterlinck, pièce de théâtre créée en 1896.
in Œuvres II. Théâtre, Tome 1, Éditions complex, Bruxelles, 1999.
ou L'Avant-scène théâtre, N° 1361, avril 2014

Ce n'est pas un livre, une pièce, complétement poly, dans le sens où l'histoire finit mal. Mais néanmoins, ça fait partie de ses œuvres qui voudraient (auraient voulu) y croire.


Présentation de l'œuvre par Célie Pauthe :

« Aglavaine et Sélysette est une pièce peu connue et rarement représentée de Maurice Maeterlinck datant de 1896. Étrange et surprenante, elle opère une rupture par rapport à la brièveté, au caractère haletant et angoissé de ses oeuvres antérieures. Il l’écrit véritablement contre son “premier théâtre”, avec la ferme volonté de “se désimprégner de la force aveugle du destin” qui avait été, de La Princesse Maleine à La Mort de Tintagiles, l’horizon des drames symbolistes. “Je sens que j’en ai fini avec les drames pour marionnettes, avec les Maleine et les Pélléas. C’est un cul de sac.”, note-t-il dans ses carnets.

La démarche est courageuse: il remet ainsi en question les principes esthétiques qui avaient pourtant fait de lui, à 33 ans, l’un des chefs
de file les plus respectés et influents du mouvement symboliste. D’après sa correspondance, il cherche un nouveau souffle poétique capable de témoigner de l’émotion et de l’espoir nouveau que représente pour lui la découverte de l’amour.

La genèse de la pièce est en effet indissociable de sa rencontre avec Georgette Leblanc, cantatrice et comédienne, pour qui il décide d’écrire le rôle d’Aglavaine, figure originale dans son paysage féminin: “être de vérité profonde et de pure lumière”, puissante et agissante, capable de tenir tête au destin ; d’elle doit venir une révolution pour ceux qui l’entourent. Elle est venue pour convaincre les autres personnages qu’ils sont libres et peuvent aspirer au bonheur.

Seulement voilà : l’équation de départ n’est pas sans poser d’emblée question. C’est en effet auprès d’un jeune couple marié que l’auteur décide de propulser sa nouvelle héroïne. Méléandre et Sélysette vivent ensemble depuis quatre ans en retrait du monde, entourés de Méligrane et Yssaline, grand-mère et petite soeur de Sélysette. Leur amour semble doux et calme, mais lorsque, dès la première page de la pièce, une lettre prévient de l’arrivée d’Aglavaine, veuve du frère de Sélysette venue leur demander l’hospitalité, Méléandre annonce à Sélysette que grâce à elle, ils vont s’aimer mieux encore :

Maurice Maeterlinck
Nous nous sommes aimés autant qu’on peut humainement s’aimer, semble-t-il. Mais quand elle sera là, nous nous aimerons davantage ...

Tel est le troublant et dangereux dispositif dans lequel Maeterlinck projette les personnages de ce trio amoureux, embarqués dans un pari fou qu’ils vont, chacun à leur manière, tenter de relever de toutes leurs forces: s’aimer au-delà du couple, inventer ensemble un “au-delà de l’amour qui devrait ignorer les petites choses de l’amour”, une nouvelle utopie qui consiste à croire que l’amour est transmissible et non exclusif, irradiant et non destructeur.

L’œuvre entière est en effet traversée par cette haute idée de l’Amour qui devrait pouvoir nous faire déplacer la ligne d’horizon du possible, voir plus loin que l’ordre moral en s’élevant tant au-dessus des conventions que de nos faiblesses humaines...

Sous l’impulsion d’Aglavaine, qui parvient à émouvoir et convaincre Sélysette elle-même, tous trois vont donc tenter de travailler à ce projet, malgré la jalousie, la culpabilité et la souffrance, avec exaltation et “ivresse d’âme”.

Mais peu à peu le projet utopique déraille, échappe à son auteur : alors qu’on peut penser sincère l’espoir que Maeterlinck engage dans ce personnage solaire et combattant qu’incarne Aglavaine, c’est en fait l’autre personnage féminin, Sélysette, être du repli, de la modestie et du désarroi, qui manque autant de confiance en elle qu’Aglavaine en est pleine, être de peu de mots, qui appartient plus à la première famille, celle des “démunis du langage”, qui va progressivement capter, malgré lui, son empathie et sa tendresse. C’est à elle qu’il va en effet confier in fine l’acte d’amour le plus radical, le plus absolu, acte comme seul un enfant exalté peut l’entreprendre et dont le courage et la violence laisseront les deux autres désemparés et perdus. Éveillée et enflammée, tant spirituellement que sensuellement, par Aglavaine, Sélysette sera au final celle qui sera allée le plus loin sur le chemin de cet extrémisme amoureux...

Au point que Maeterlinck demandera pardon à Georgette, qui devait être sa muse, de ce tournant auquel il ne s’attendait pas lui-même.
Mes personnages font ce qu’ils veulent, je ne peux rien sur eux. [...] C’est la force des choses, lui dira-t-il, qui a voulu que le drame soit presque la défaite d’Aglavaine.

Il ne s’agit pas pour autant, de trancher entre l’une et l’autre, pas plus que ne parvient à le faire dans la pièce Méléandre, double à peine masqué de l’auteur lui-même. Elles sont toutes deux, dans l’âme du poète, aussi indissociables, complémentaires et pourtant non réunissables que les deux faces d’une même pièce, elles sont l’origine d’un dilemme intérieur et d’un conflit esthétique générateurs d’une vitalité incandescente.

Sans le glaive d’Aglavaine, la mort ne serait peut-être pas survenue si vite, mais la vie non plus, dans sa violence, son désordre, et son intensité.

Maeterlinck se peint à nu à travers cet exercice hautement périlleux, et notre enjeu est de tenter à notre tour de nous mettre à son école, en envisageant à chaque instant autant l’espoir que l’effroi qu’ouvre toujours l’apparition du nouveau. »

(Source : Célie Pauthe)

Maurice Maeterlinck
Sélysette. – Tu t’en vas demain ?

Aglavaine. – Oui, demain, Sélysette; et c’est cela que j’avais à te dire... j’avais voulu d’abord te le cacher et te mentir peut-être afin de retarder ta peine... mais je te vois si belle et je t’aime si haut, que je n’ai pas le coeur de t’épargner une souffrance qui te rapproche encore de nous... Et puis, lorsque des êtres ont essayé de vivre un peu selon la vérité, comme nous avons vécu tous les trois ce mois-ci, l’atmosphère est changée et l’on ne peut plus dire une chose qui n’est pas réelle... Quand j’ai pensé à toi, j’ai senti tout de suite que ce n’eût pas été possible... Et c’est pourquoi je viens te dire que je m’en vais demain pour que tu sois heureuse, et je viens te le dire simplement, afin que tu saches bien ce que je souffre en m’en allant ainsi, et que tu aies ta part du sacrifice ; car nous faisons tous trois un sacrifice à quelque chose qui n’a même pas de nom, et qui pourtant est bien plus fort que nous... Mais n’est-ce pas étrange, Sélysette ? je t’aime, j’aime Méléandre, Méléandre m’aime, il t’aime aussi, tu nous aimes l’un et l’autre, et cependant nous ne pourrions pas vivre heureux, parce que l’heure n’est pas encore venue où des êtres humains puissent s’unir ainsi... Et je m’en vais en te priant d’accepter ce départ du même coeur dont je l’offre... En l’acceptant ainsi Sélysette, tu feras une chose aussi belle que celle que je fais, et un sacrifice peut-être plus grand que le mien ; puisque celui pour qui l’on se dévoue n’est pas aussi heureux que celui qui s’est dévoué... Je t’aime, ma Sélysette, et je veux t’embrasser le plus étroitement que je pourrai... Ne te semble-t-il pas quand nous sommes ainsi dans les bras l’une de l’autre et dans la vérité la plus simple de l’âme, ne te semble-t-il pas que nous touchions à quelque chose qui est plus grand que nous ?...

Voir aussi :
- la Bibliographie, commentée, sur le polyamour ;
- la liste des Spectacles abordant le sujet du polyamour.

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Discussion : Alexandra Kollontaï (1872-1952)

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artichaut

le jeudi 09 mai 2019 à 21h29

Siestacorta
J'aimerais récupérer des bouts de texte pour FB, mais faut avouer que le côté marxiste d'entre-deux guerres, c'est pas ultra-polyglamour :-)

Siestacorta
Ah, si, j'ai une citation qui passe bien.

Oui, il faut aller chercher dans Place à l'Éros ailé !
Les citations que moi j'ai donné ce sont dans des textes où il y a très peu de choses sur le sujet, donnant en revanche les références des principaux textes.

Et oui je partage cet avis sur le « pas ultra-polyglamour ». Je me suis même posé la question d'adapter des bouts de ces textes en langage d'aujourd'hui, le discours marxiste de l'époque ayant un peu perdu de sa verve sous la poussière du temps.
Après ça m'a posé question (et je l'ai pas fait) car le risque est d'en faire un discours petit-bourgeois à l'opposé même de sa pensée.
Mais il serait peut-être possible de conserver la finesse de ses réflexions sur les rapports de classe, sans pour autant conserver les "grande famille prolétarienne" et autres "société communiste de demain".

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Discussion : Voltairine de Cleyre (1866-1912)

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artichaut

le jeudi 09 mai 2019 à 20h52

Alors en effet dans la citation de Liv Strömquist la non-exclusivité n'est qu'en sous-texte :

Dans le passé, il m’est arrivé de plaider de façon effusive et sincère pour l’union exclusive entre un homme et une femme

C'est donc que ce n'est pas une évidence pour elle d'avoir plaidé pour ça.
Ou encore :

il faut que les hommes et les femmes restent des personnalités séparées.


Mais on peut revenir au texte « Le Mariage est une mauvaise action » et proposer d'autre citations qui évoque plus la liberté (y compris sexuelle). Et l'on peut comprendre étant donné la condition féminine à cette époque que ce soit la liberté (qui recoupe plein de choses), plus que la non-exclusivité en tant que telle, qui soit revendiquée.
Le fait que Voltairine de Cleyre soit américaine, n'est sans doute pas anecdotique en ce début de XXe siècle.

Voltairine de Cleyre
quel est l’idéal en germe dans notre société, idéal qui n’est pas encore consciemment formulé mais dont on perçoit des signaux et que l’on commence à discerner ?

D’après tous les indicateurs du progrès, cet idéal me semble être la liberté de l’individu; une société dont l’organisation économique, politique, sociale et sexuelle assurera et augmentera constamment les possibilités de ses différents éléments; dont la solidarité et la continuité dépendront de l’attraction libre de ses composantes, et en aucun cas ne reposera sur l’obligation, quelles qu’en soient les formes.

la tendance sociale actuelle s’oriente vers la liberté de l’individu, ce qui implique la réalisation de toutes les conditions nécessaires à l’avènement de cette liberté.

Le texte ensuite est une réponse à un autre texte «  Le mariage est une bonne action» de la Dr Henrietta P. Westbrook. Voilà pourquoi, sans doute, elle focalise plus sur le mariage, que l'exclusivité-en-soi.
Mais critiquant le mariage, elle fustige aussi la conjugalité et routine, qui sont un principe et une conséquence directe de la monogamie.
Elle ne prône pas pour autant l'union libre (qui semble à l'époque assez présente, ou en tant cas "faire partie du paysage") comme valeur suprême, mais défend plutôt la liberté des individus.

Par mariage, j’entends son contenu réel, la relation permanente entre un homme et une femme, relation sexuelle et économique qui permet de maintenir la vie de couple et la vie familiale actuelle. (…) ce que j’affirme c’est qu’une relation de dépendance permanente nuit au développement de la personnalité, et c’est cela que je combats. (…) la seule façon, disais-je, de préserver l’amour est de maintenir la distance. (…) je ne prêche pas pour autant l’abstinence sexuelle totale. (…) Non, je ne crois pas que l’être humain moralement le plus élevé soit un individu asexué (…) Je souhaiterais que les gens considèrent leurs instincts normaux, d’une façon normale, qu’ils ne les gavent pas mais ne les rationnent pas non plus, (…) En bref, je souhaiterais que les hommes et les femmes organisent leurs vies de telle façon qu’ils puissent être toujours, à toute époque, des êtres libres, sur ce plan-là comme sur d’autres. Chaque individu doit fixer des limites à ses instincts, ce qui est normal pour l’un étant excessif pour l’autre, et ce qui est excessif à une période de l’existence étant normal à une autre. (…)

Que signifie le libre développement de l’individu, s’il n’est pas l’expression de la masculinité et de la féminité ? (…) Je maintiens néanmoins que, du point de vue de l’objectif de la vie, c’est-à-dire du libre développement de l’individu, ceux qui ont réussi leur mariage ont mené une vie moins réussie que ceux qui ont eu une vie moins heureuse. (…)
Le désir de se nourrir, se loger et se vêtir devrait toujours reposer sur le pouvoir de chaque individu de satisfaire soi-même ses besoins. Mais la vie domestique est telle que, au bout de quelques années d’existence commune, l’interdépendance croît au point de paralyser chaque partenaire lorsque les circonstances détruisent leur bel arrangement, la femme en étant généralement très affectée, l’homme beaucoup moins, en principe. L’épouse n’a fait qu’une seule chose dans une sphère isolée, et même si elle a peut-être appris à bien la faire (ce qui n’est pas sûr, parce que la méthode de formation n’est absolument pas satisfaisante), de toute façon cela ne lui a pas donné la confiance nécessaire pour gagner sa vie de façon indépendante. (…) Elle est passée à côté du monde (…), elle ne le connaît absolument pas. (…) Les conditions de travail et la rémunération des services domestiques sont telles que n’importe quel esprit indépendant préférerait être esclave dans une usine: au moins l’esclavage est limité à une quantité fixe d’heures. (…)
rester une personne entière, ayant toutes ses capacités pour produire et se protéger elle-même, un individu centré sur lui-même. (…) l’ascétisme religieux a tellement implanté le sentiment de la honte dans l’esprit humain, à propos du sexe, que notre première réaction, lorsqu’on en discute, semble de mentir. (…)
C’est particulièrement le cas avec les femmes. La majorité d’entre elles souhaitent donner l’impression qu’elles sont dépourvues de désir sexuel et pensent se décerner le plus beau compliment lorsqu’elles déclarent: «  Personnellement, je suis très froide; je n’ai jamais éprouvé une telle attraction.» Parfois elles disent la vérité mais, le plus souvent, il s’agit d’un mensonge — issu des enseignements pernicieux diffusés par l’Église pendant des siècles. Une femme normalement constituée comprendra qu’elle ne se rend pas hommage lorsqu’elle se refuse le droit d’exister complètement, pour elle-même ou par elle-même; (…) Habituellement, les êtres jeunes et sains des deux sexes désirent avoir des relations sexuelles. Le mariage est-il donc la meilleure réponse à ce besoin humain ?

Rapidement ils ne savoureront plus la présence de l’autre. L’irritation commencera. Les petits détails mesquins de la vie commune amèneront le mépris. Ce qui était autrefois une joie exceptionnelle deviendra un automatisme, et détruira toute finesse, toute délicatesse. Souvent la cohabitation se transformera en une torture physique pour l’un des partenaires (le plus souvent la femme) tandis qu’elle procurera encore un peu de plaisir à l’autre, et ce pour une raison simple: les corps, tout comme les âmes, évoluent rarement, voire, jamais de façon parallèle.
Ce manque de parallélisme est la plus grave objection que l’on puisse opposer au mariage. Même si deux personnes sont parfaitement et constamment adaptées l’une à l’autre, rien ne prouve qu’elles continueront à l’être durant le reste de leur existence.
Et aucune période n’est plus trompeuse, en ce qui concerne l’évolution future, que l’âge dont je viens de parler. L’âge où les désirs et les attractions physiques sont les plus forts est aussi le moment où ces mêmes désirs obscurcissent ou réfrènent d’autres éléments de la personnalité.

Les terribles tragédies de l’antipathie sexuelle, qui produisent le plus souvent de la honte, ne seront jamais dévoilées. Mais elles ont causé d’innombrables meurtres sur cette terre. Et même dans les foyers où l’on a maintenu l’harmonie et où, apparemment, règne la paix conjugale, un tel climat familial n’est possible que parce que l’homme ou la femme s’est résigné, a nié sa propre personnalité. L’un des partenaires accepte de s’effacer presque totalement pour préserver la famille et le respect de la société. (…)
Lorsque la période de l’attraction physique prédominante prend fin et que les tendances de chaque âme commencent à s’affirmer de plus en plus ouvertement, rien n’est plus affreux que de se rendre compte que l’on est lié à quelqu’un, que l’on va vivre jusqu’à sa mort avec une personne dont on sent que l’on s’éloigne chaque jour de plus en plus. «  Pas un jour de plus ensemble!» affirment les partisans de l’union libre. Je trouve de tels slogans encore plus absurdes que les discours des avocats de la «  sainteté» du mariage. Les liens existent, les liens de la vie commune, l’amour du foyer que l’on a construit ensemble, les habitudes associées à la cohabitation et à la dépendance; il n’est pas facile de se débarrasser de ces véritables chaînes, qui tiennent prisonniers les deux partenaires. Ce n’est pas au bout d’un jour ou d’un mois, mais seulement après une longue hésitation, une longue lutte et des souffrances, des souffrances très éprouvantes, que la séparation déchirante se produira. Et souvent elle ne se produit même pas. (…)

Les êtres humains ne peuvent penser de la même façon et éprouver les mêmes sentiments au même moment, sur une longue durée; c’est pourquoi les périodes durant lesquelles ils nouent des liens ne devraient être ni fréquentes ni contraignantes.

Mais revenons à la question des enfants. (…) Un enfant peut être élevé aussi bien dans un foyer, dans deux foyers ou dans une communauté; la découverte de la vie sera bien plus agréable si elle a lieu dans une atmosphère de liberté et de force indépendante que dans un climat de répression et de mécontentement cachés.

Par contre, je suis convaincue qu’aucune des exigences de la vie ne devrait empêcher un développement personnel et libre dans l’avenir. Les vieilles méthodes d’éducation des enfants, sous le joug indissoluble des parents, n’ont pas donné des résultats convaincants. (Les parents conservateurs se désolent sans doute d’avoir des enfants contestataires, mais il ne leur vient probablement pas à l’esprit que leur système est en cause.) L’union libre donne des résultats, qui ne sont ni meilleurs ni pires. Quant à l’enfant élevé par un seul parent, il n’est ni plus malheureux ni plus heureux qu’un autre.

Si vous voulez que l’amour et le respect puissent durer, ayez des relations peu fréquentes et peu durables. Pour que la Vie puisse croître, il faut que les hommes et les femmes restent des personnalités séparées. Ne partagez rien avec votre amant(e) que vous ne partageriez avec un( e ) ami( e ). Je crois que le mariage défraîchit l’amour, transforme le respect en mépris, souille l’intimité et limite l’évolution personnelle des deux partenaires. C’est pourquoi je pense que «  le mariage est une mauvaise action».

En définitive ce que je trouve intéressant, c'est que sans prôner directement l'union libre (on ne sait pas trop pourquoi — il faudrait sans doute creuser sur ce que véhiculait l'union libre à l'époque), elle semble chercher une autre voie, qui n'est certainement pas de la monogamie, et qui met en avant l'individu… ce qui n'est pas sans rappeler « le polyamour solo » ou « l'anarchie relationnelle » d'aujourd'hui.

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Discussion : Lexique

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artichaut

le jeudi 09 mai 2019 à 16h54

bonheur
Artichaut, tu devrais regroupé tout cela pour faire un-des article-s cohérent-s. Ce serait moins épuisant.

hum… moins épuisant, pour qui ??

Je m'étonne @bonheur, éprise comme tu l'est de développement personnel, que tu utilise le "tu devrais"…
N'hésites pas, toi aussi, à regrouper "tout ça" en article(s) si ça te semble mieux.

Moi ce qui m'épuise, c'est de sentir des fois qu'on tourne en rond sur ce forum, à vouloir jouer les thérapeuthes (que nous ne sommes pas), ou en tout cas que je tourne en rond, à toujours ressasser les même trucs, répéter les même conseils, à l'infini…

Je trouve ça vraiment super ces réponses aux personnes qui demande de l'aide et vraiment ça ne courre pas le web un forum de cette qualité, où les réponses sont si personnalisées, si détaillées, si bienveillantes…

Pour autant, en ce moment j'explore une autre façon de contribuer à ce site. Car ce site n'est pas que un forum, mais aussi… un site internet.

Alors désolé si je perturbe parfois momentanément le flux du fil des discussions, ou si tu trouve que je créé trop de liens entre les fils… mais on a pas tou·te·s la même façon d'utiliser ce site.
Pour les gens qui comme moi préfèrent utiliser le moteur de recherche et naviguer dans le corpus du site, plutôt que dans le flux du fil des discussions, ces liens sont précieux, c'est ce qui relie le tout ensemble.

C'est vrai que dans le travail sur les ressources, je m'éparpille un peu ces temps-ci (Biblio, Glossaire, Séries, Site de rencontres, etc) mais sans doute est-ce pour que ce soit mieux rejoignable par qui veux, sur les ressources de son choix.
Mettre ça en articles, oui je trouve ça super. Mais n'importe qui peut le faire. Et perso j'aime ces « fils chantiers » inachevés sur tout un tas de sujet, que l'on peut compléter à l'envie, pour apporter sa petite pierre, qui restera au lieu de sombrer… dans un perpétuel flux continu.

Et je dis pas que tout le monde devrais faire ça. Juste je pense qu'il y a de la place pour plein de modalités différentes sur ce site.

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Discussion : [Série] "Family" ... sitcom PA, de Terisa Greenan, 2009

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artichaut

le jeudi 09 mai 2019 à 15h47

Y'a-t-il quelqu'un parle anglais et voudrait faire la restranscription des dialogues et/ou la traduction de cette mini-série ?

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Discussion : Alexandra Kollontaï (1872-1952)

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artichaut

le mercredi 08 mai 2019 à 22h11

Un texte citant Kollontaï, tiré de « Les marxistes et l'amour » (Jean de Leyde, in L'Amour problème, Arguments n°21, 1961)


Alexandra Kollontai, communiste dévouée, se fit l'apôtre de la libération sexuelle, au nom du marxisme radical.

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Discussion : [Texte] Les marxistes et l'amour, Jean de Leyde, 1961

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artichaut

le mercredi 08 mai 2019 à 21h57

Les marxistes et l'amour, Jean de Leyde, 1961— extraits —
texte tiré des p 34-37, in L'Amour-problème, Arguments 5e année n° 21, 1er trimestre 1961.

Le texte intégral est disponible ici en pdf.

——————————————Intro
LES MARXISTES ET L'AMOUR

Le marxisme n'est pas un dogme, tout le monde le sait ou doit le savoir, mais une méthode, un guide pour l'action. Comment donc a-t-elle été appliquée, cette méthode, au problème de l'amour ?

——————————————Marx
LE FONDATEUR DU MARXISME

La division du travail n'était originairement que la division du travail dans l'acte sexuel.
K. Marx, L'idéologie allemande.

Marx s'est relativement peu occupé — en théorie du moins — de l'amour. Il n'en parle que dans quelques passages du manuscrit économico-philosophique de 1844, de la Sainte Famille de l'Idéologie allemande, et du Manifeste communiste (2).

Dans Économie politique et philosophie il stigmatise, comme il se doit le mariage fondé sur la propriété privée et suintant l'ennui, la prostitution et le communisme grossier qui vise la communauté des femmes, c'est-à-dire la propriété privée généralisée. Et il affirme : « Dans le rapport avec la femme, proie et servante de la volupté commune, se trouve exprimée l 'infinie dégradation où l'homme existe pour lui-même, car le secret de ce rapport a son expression non équivoque, décisive, révélée dévoilée dans le rapport de l'homme à la femme et dans la manière dont est saisi le rapport immédiat, naturellement générique. Le rapport immédiat, naturel, nécessaire, de l'être humain à l'être humain est le rapport de l'homme à la femme. »

Le paragraphe de la Sainte Famille consacré à l'amour affirme que « l'amour est une passion et rien n'est plus dangereux pour le calme que la connaissance que l'amour » pour défendre les droits de l'amour contre la critique des hégéliens de gauche qui le dissolvaient en pensées. Mais il ne nous en dit pas beaucoup plus long.

Dans L'idéologie allemande, Marx fait de nouveau tomber ses foudres sur l'institution bourgeoise du mariage dont la dissolution et la décomposition sont de-venues évidentes pour quiconque regarde les faits en face : adultères, etc.

Trouverons-nous dans le Manifeste communiste des indications sur l'avenir des formes de l'amour ? Répondant aux objections des bourgeois moralisateurs, le Manifeste déclare : « Le mariage bourgeois est, en réalité, la communauté des femmes mariées. Tout au plus pourrait-on reprocher aux communistes de vouloir substituer, à une communauté des femmes hypocritement dissimulée, une communauté officielle et franchement avouée. Il est évident, du reste, qu'avec l'abolition du régime de production actuel disparait également la communauté des femmes qui en découle, c'est-à-dire la prostitution officielle et non officielle. »

Auguste Bebel, vulgarisateur socialiste, publia en 1879 un livre sur La Femme et le socialisme qui devint partie intégrante de la littérature révolutionnaire. Sa thèse est simple : femme et ouvrier sont esclaves et doivent s'émanciper.

——————————————Engels
SON GRAND COLLABORATEUR

Or, la monogamie étant née de causes économiques, disparaîtra-t-elle si ces causes disparaissent ? On pourrait répondre, non sans raison : elle disparaîtra si peu que c'est bien plutôt à partir de ce moment qu'elle sera pleinement réalisée.
Fr. Engels, L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'État.

Engels, dans son grand ouvrage consacré à cette grande question, retrace toute l'évolution historique des formes sexuelles — selon le schéma d'une rationalité trop parfaite — pour aboutir à la dernière forme : la monogamie, l'amour sexuel individuel. Leurs modalités antiques, médiévales et bourgeoises sont certes clouées au pilori. Mais l'amour socialiste, que sera-t-il, lui ? Brutal et presque nuancé, Engels essaie de maintenir le grand acquis — l'amour individuel moderne d'être humain à être humain, de sexe à sexe — et la structure monogamique, tout en la rendant quelque peu problématique. Ainsi écrit-il : « Si le mariage fondé sur l'amour est seul moral, celui-là seul peut l'être où l'amour persiste. Mais la durée de l'accès de l'amour sexuel est fort variable suivant les individus, notamment chez les hommes, et une disparition de l'inclination ou son éviction par un amour passionnel nouveau fait de la séparation un bienfait pour les deux parties comme pour la société. »

Engels se borne essentiellement à ce qui disparaitra — après la révolution — de l'organisation des rapports sexuels : esclavage de la femme, des enfants, morale hypocrite et surtout : le conditionnement économique. Les gens de l'avenir, pense-t-il, se créeront eux-mêmes leurs coutumes et une opinion publique appropriée. Toutefois, n'a-t-il pas une tendresse avouée pour la « monogamie » organisée ?

——————————————Lénine
LE FONDATEUR DE L'ÉTAT SOVIÉTIQUE

Je vous conseille de supprimer le paragraphe 3 : revendication (par la femme) de l'amour libre.
V. I. Lénine.
Lettre à Inès Armand (17 janvier 1915).

Avant la prise du pouvoir, Lénine ne se soucia point du problème de l'amour, de la sexualité et de la famille. Son attention était accaparée par d'autres questions. Après la victoire de la révolution d 'Octobre, le régime matrimonial changea radicalement : abolition de la puissance maritale et de l'incapacité de la femme mariée, extrême facilité pour dissoudre le mariage — enregistrement, unions non enregistrées, suppression de la différence entre enfants légitimes et enfants naturels, autorisation de l'avortement, et, étant donné qu'il n'y avait pas de propriété privée, impossibilité de léguer des biens. Les premières année du nouveau régime ne marquèrent pas seulement un changement juridique — rappelons que le juriste Hoichbarg, dans sa préface au Code du mariage de 1919 considère que la famille subsiste «  parce que nous avons affaire à un socialisme à l'état naissant » et que «  l'institution du mariage porte en elle le germe de sa ruine » — mais virent un changement effectif, dans la mentalité et les mœurs. L'amour libre et les unions libres se propagèrent. Alexandra Kollontaï, communiste dévouée, se fit l'apôtre de la libération sexuelle, au nom du marxisme radical.

Cette fluidité dura peu. Le pouvoir se consolidait. La société s'organisait. La restauration se préparait. En 1920, à l'occasion d'un entretien avec Clara Zetkin, activiste chez les femmes, Lénine redressa la barre et donna le ton. Il condamne sévèrement l'anarchisme érotique, la licence sexuelle, l'amour libre et l'amour-passion, le trop grand intérêt théorique et pratique porté à ces questions, tout cela étant considéré par lui comme « bourgeois ». Toutes les énergies humaines doivent tendre vers le même but : la construction accélérée de la société socialiste. Déjà en 1915, dans ses deux lettres à Inès Armand, militante qui s'apprêtait à écrire une brochure sur les rapports entre l'homme et la femme, Lénine opposait à l'amour libre le « mariage prolétarien avec amour ». Dans son entretien avec Clara Zetkin il est encore plus intransigeant. Et il fait tomber le verdict : « Certes, la soif doit être assouvie. Mais un homme normal, dans des conditions normales également, se mettra-t-il à plat ventre dans la rue pour boire dans une flaque d'eau sale ? Ou même dans un verre dont les bords auront été souillés par des dizaines d'autres lèvres ? Le plus important, c'est le côté social. »
L'enfant ne peut que relier les deux êtres a la collectivité ; ils ne doivent pas se dérober à leurs devoirs. La société doit contenir et retenir les individus.

Quant à la jeunesse, Lénine lui propose un scoutisme socialiste : « Sport, gymnastique, natation, excursions, toute sorte d'exercices physiques, intérêts moraux variés, études, analyses, recherches, le tout appliqué simultané-ment, tout cela donne à la jeunesse bien plus que les rapports et les discussions sans fin sur les questions sexuelles et sur la façon de "jouir de la vie", selon l'expression courante. »

Au cours de l'entretien, une seule pensée quelque peu mélancolique l'effleure : «  Je sais, je sais, dit-il, on me soupçonne aussi de philistinisme. Mais cela ne m'émeut pas. »

——————————————
MARXISME ET PSYCHANALYSE

La théorie de Freud, elle aussi, n'est aujourd'hui qu'un caprice à la mode.
V. 1. Lénine,
Déclaration à Clara Zetkin (1920).

(…)

Wilhelm Reich essava d'allier le marxisme et la psychanalyse en sa double qualité de communiste militant et de psychothérapeute. Il consacra - entre 1922 et 1932 - de nombreuses études à ce qu'il préconisait : la libération sexuelle dans les cadres de la libération sociale. Il fit le tour de la Russie soviétique pour exposer ses thèses. Résultat de toute cette activité ? Il a été exclu du Parti communiste non moins que de l'Association psychanalytique internationale. L'Internationale communiste et l'Internationale psychanalytique (et bourgeoise) ne voulaient pas de ce trouble-fête.

Avec les années, les positions des marxistes soviétiques et des marxistes occidentaux se durcirent à l'égard de la psychanalyse, « idéologie réactionnaire », « individualiste », « pan-sexualiste », etc., etc. Plus la psychanalyse s'américanisait, plus elle se faisait foudroyer
par les marxistes apprivoisés.

——————————————Staline
DU STALINISME AU COEXISTENTIALISME

Staline et le stalinisme entérinaient un état de fait et le consolidaient davantage. En 1936 l'avortement est interdit, le divorce sévèrement réglementé, la famille renforcée. En 1944 un décret établit que « seul le mariage légal entraîne des droits et des devoirs pour le mari et pour la femme ». Les personnes qui vivent maritalement sont obligées de légaliser leur union.

Jean de Leyde

————————————————————————————
Commentaires
Si on résume l'analyse proposée par Jean de Leyde, ça donnerai :
- Marx s'est peu occupé de l'amour.
- Engels réforme la monogamie pour mieux la conserver.
- Lénine se comporte en vieux réac (pour un peu on le soupçonnerais presque d'avoir instrumentalisé les féministes, pour, une fois la victoire obtenue, mieux les envoyer paître).
- Staline enfonce le clou.

Il n'y a guère que quelques femmes et homme (Alexandra Kollontaï, Inès Armand, Wilhelm Reich) pour relever le débat et propager un vent de liberté et d'émancipation parmi ces vieux croûtons avides de pouvoir.

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Discussion : Alexandra Kollontaï (1872-1952)

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artichaut

le mercredi 08 mai 2019 à 19h07

Alexandra Kollontaï
Seule la femme qui a nourri son enfant au sein a rempli son devoir social envers lui. Les autres soins que réclame la maternité peuvent être alors pris en charge par la collectivité. Cependant, l'instinct maternel ne doit pas être réprimé. Mais pourquoi la mère devrait-elle dispenser ses soins et son amour uniquement à son propre enfant ? Ne vaudrait-il pas mieux que les mères utilisent ce précieux instinct de façon plus intelligente, en le reportant, par exemple, sur tous les enfants ayant besoin d'amour et de tendresse ?

(Source : XII° conférences à l'université Sverdlov sur la libération des femmes : La dictature du prolétariat : le changement révolutionnaire de la vie quotidienne, 1921

Alexandra Kollontaï
A la campagne, (…) le mariage continue à être une entreprise économique, et une femme peut épouser un homme non par amour, mais parce qu'il a une chambre dans une maison commune. Ou encore un homme épouse une femme parce que, avec une double ration de chauffage, il est plus facile de passer l'hiver ! De tels faits sont indignes et regrettables. Mais tant que notre république ouvrière n'aura pas réussi à émerger du chaos économique, il ne sera pas possible d'éliminer complètement ces survivances du passé. Malgré tout, on enregistre actuellement une baisse constante du nombre de mariages ainsi qu'un accroissement régulier de l'amour libre.

L'Union soviétique s'est engagée à prendre soin des enfants, qu'ils soient issus d'un mariage légal ou d'une union libre. Cette évolution est responsable d'une nouvelle image de la femme et de la mère. Notre république ouvrière protège la mère et l'enfant, sans s'occuper des circonstances dans lesquelles l'enfant est venu au monde. Dans la pratique quotidienne, on se heurte malgré tout encore à des survivances du passé. Les formulaires officiels comportent toujours la même question absurde : « Êtes-vous marié ou célibataire ? » Dans la milice, on va jusqu'à exiger le certificat de mariage. Ces exemples montrent combien reste forte l'emprise des vieux préjugés bourgeois et combien il est difficile pour les travailleurs de se défaire des survivances du passé. De nets progrès ont pourtant été accomplis dans ce domaine. Les suicides des futures filles-mères - très fréquents par le passé - ont complètement disparu, de même que les meurtres d'enfants par des mères non mariées. On a cessé de stigmatiser les mères célibataires ; l'enfant illégitime n'est plus un « déshonneur ». Dans notre société, le mariage est devenu de plus en plus une affaire privée qui ne regarde que les intéressés, tandis que la maternité, indépendamment du mariage, revêt une très grande importance sociale. La société ne s'immisce dans les affaires privées d'un couple que si l'un ou l'autre des partenaires est malade. Mais ce problème ouvre sur un chapitre spécial et qui fait actuellement l'objet de vifs débats au commissariat à la Santé.

(Source : XIII° conférences à l'université Sverdlov sur la libération des femmes : La dictature du prolétariat : la révolution des mœurs, 1921

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Discussion : Alexandra Kollontaï (1872-1952)

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artichaut

le mercredi 08 mai 2019 à 19h03

Alexandra Kollontaï
Les choses changèrent cependant au courant du XIX° siècle. Mary Wollstonecraft aborda de nouveau le problème de l'instruction de la femme dans son ouvrage Pour la défense des droits de la femme. Dans ce livre, elle fait preuve d'ailleurs d'un courage et d'une audace exceptionnels et qui ne sont pas sans nous faire penser aux grandes figures de la Révolution française. Ses conclusions furent particulièrement originales. Elle revendiquait une amélioration de l'éducation de la femme et la reconnaissance de ses droits, tout en mettant l'accent sur la signification spirituelle de la maternité. Seule une femme libre et consciente pouvait être une bonne mère capable d'enseigner à ses enfants leurs devoirs de citoyens et un authentique amour de la liberté. Parmi tous les pionniers luttant pour les droits des femmes, Mary Wollstonecraft fut effectivement la première qui réclama l'égalité des droits de la femme en partant des devoirs de la maternité. La seule exception est Jean-Jacques Rousseau en France. Ce philosophe et ce révolutionnaire du XVIII° siècle explique l'égalité de la femme à partir des « droits naturels de l'humanité ". Pourtant dans sa société libre, dans laquelle l'intelligence régnait en maître, il n'en renvoya pas moins la femme exclusivement à son rôle de mère, dans un esprit pas très éloigné de celui de la famille bourgeoise.

(Source : VIII° conférence à l'université Sverdlov sur la libération des femmes : Le mouvement féministe et le rôle de la femme travailleuse dans la lutte de classe, 1921)

Alexandra Kollontaï
Les socialistes utopistes du début du XIX° siècle - Saint-Simon, Fourier et autres adeptes - discutaient déjà de la « question des femmes ». Les utopistes ne purent naturellement pas découvrir les véritables raisons de l'oppression de la femme, c'est-à-dire ils étaient incapables de reconnaître que l'esclavage de la femme naquit justement parce qu'elle avait cessé de produire un travail utile et productif pour l'ensemble de la collectivité. C'est pourquoi ils n'envisageaient pas la solution au problème de la femme par son travail obligatoire pour la société. A leurs yeux, elle demeurait l'épouse ou la compagne, c'est-à-dire d'une manière ou d'une autre l'« amie » de l'homme, et non pas une force de travail productive autonome.

Si le grand mérite des utopistes fut d'introduire le débat sur l'égalité de la femme de façon vigoureusement polémique, il ne fut pas le seul, car ils ne se contentèrent pas d'analyser le rôle de la femme dans le travail et devant la loi, mais ils posèrent également le problème de sa situation dans le mariage. Claude Henri de Rouvroy comte de Saint-Simon attaquait vigoureusement la « double morale » qui sévissait au sein de l'hypocrite société bourgeoise. Les positions des utopistes sur l'égalité entre les sexes, l'amour, le mariage et la liberté des sentiments " furent reprises par toute une série de femmes tout au long du XIX° siècle. Ces femmes refusèrent de façon conséquente de participer au mouvement féministe bourgeois parce qu'elles estimaient que la « question des femmes » était une affaire bien plus vaste et complexe et qu'elle ne se réglerait pas simplement par l'accès des femmes aux universités ou aux urnes. Parmi les représentantes les plus fascinantes et combatives pour le droit de la femme à la « liberté des sentiments », il faut citer George Sand, écrivain révolutionnaire français ayant participé activement aux soulèvements de 1848, ainsi que la première journaliste américaine, Margareth Fuller. Elles furent d'ailleurs contemporaines. C'est surtout par son rayonnement personnel que Margareth Fuller a influencé de façon décisive ces aspects de la question des femmes et non pas tant par la profondeur et la maturité de ses écrits.

(Source : ibidem)

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Discussion : Alexandra Kollontaï (1872-1952)

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artichaut

le mercredi 08 mai 2019 à 18h54

Alexandra Kollontaï
L’État des travailleurs a besoin d’une nouvelle forme de rapports entre sexes. L’affection étroite et exclusive de la mère pour son enfant doit s’agrandir pour embrasser tous les enfants de la grande famille prolétarienne. A la place du mariage indissoluble, basé sur la servitude de la femme, on verra naître l’union libre, forte par l’amour et le respect mutuels de deux membres de la cité du travail, égaux dans leurs droits et dans leurs obligations. A la place de la famille individuelle et égoïste surgira la grande famille universelle ouvrière où tous les travailleurs, hommes et femmes, seront, avant tout, des frères, des camarades. Tels seront les rapports entre l’homme et la femme dans la société communiste de demain, Ces rapports nouveaux assureront à l’humanité toutes les joies de l’amour libre, ennobli par l’égalité sociale véritable des deux époux, joies qu’ignorait la société mercantile du régime capitaliste.

Un chemin aux enfants bien portants, florissants, un chemin à la jeunesse vigoureuse, éprise de la vie et de ses joies, libre dans ses sentiments et dans ses affections ! Telle est la devise de la société communiste. Au nom de l’égalité, de la liberté et de l’amour libre, nous appelons ouvrières et ouvriers, paysannes et paysans, à entreprendre courageusement et avec foi l’œuvre de la reconstruction de la société humaine en vue de la rendre plus parfaite, plus juste et plus apte à assurer à l’individu le bonheur qu’il mérite. Les drapeaux rouges de la révolution sociale qu’arborent, après la Russie, d’autres pays du monde, nous annoncent déjà l’avènement prochain du paradis terrestre, auquel, depuis des siècles, aspire l’humanité.

(Source : La famille et l'État communiste, 1918)

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Discussion : Alexandra Kollontaï (1872-1952)

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artichaut

le mercredi 08 mai 2019 à 17h03

Quelques mentions précédentes d'Alexandra Kollontaï sur le forum :

Dreltak #
Willehm Reich m'a l'air de quelqu'un d'intéressant (d'après ce que j'ai vu sur wikipedia), il y a aussi Alexandra Kollontaï pour ceux que la perspective psychanalytique rebutent quelque peut. ("Marxisme et Revolution Sexuelle" est un de ses rares écrits traduit en français)

Frédéric Joignot cité par Lili-Lutine #
La féministe révolutionnaire russe Alexandra Kollontaï (1872-1952), qui imposa en 1917 le droit de vote des femmes en URSS, est aussi considérée comme une pionnière du polyamour.
Estimant que le mariage bourgeois et la fidélité obligatoire des femmes, qu’elle appelle « la captivité amoureuse », étaient dictés par le souci de « concentrer le capital » dans une même famille, elle propose, dans Place à l’Eros ailé ! (1923), le concept d’« amour camaraderie ».
Elle y prône le refus de la possessivité de l’homme sur la femme, l’égalité des droits individuels, la réciprocité du souci de l’autre, la multiplicité et la liberté des relations amoureuses – qu’elle expérimente elle-même.

Siestacorta #
Sinon, je suis tombé sur une référence, Alexandra Kollontaï.

Elle développe l'idée d'un "amour camaraderie".
J'en tire le mot-valise "camouraderie".
Non, pas la peine de l'ajouter au lexique, mais ça servira peut-être un jour :-)

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Discussion : Alexandra Kollontaï (1872-1952)

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artichaut

le mercredi 08 mai 2019 à 17h03

Alexandra Kollontaï (Александра Михайловна Коллонтай) est femme politique socialiste, communiste et militante féministe soviétique (1872-1952).

Elle invente le terme « Amour-camaraderie » proche de l'Amour libre et de la « Camaraderie amoureuse » d'E. Armand (né en France la même année qu'elle).
À ce titre elle participe aux origines du « Polyamour ».

Comme Voltairine de Cleyre, Alexandra Kollontaï fait la critique du mariage. Elle nomme même « captivité amoureuse » le mariage et la fidélité sexuelle.


Si vous avez envie de partager des choses, des idées, des citations concernant Alexandra Kollontaï, ce fil est fait pour ça.

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Bibliographie :
(seulement les textes se rapportants aux relations affectives)
- Marxisme et révolution sexuelle, Maspero 1973 ; Réédition La Découverte 2001. (compile de textes rassemblés pour la première fois en français).
- Place à l'Éros ailé ! (Lettre à la jeunesse laborieuse) (pdf), texte de 1923. (où elle évoque son concept d' « amour-camaraderie »)
- Les Bases sociales de la question féminine, 1909 (où il est beaucoup question d'amour libre)
- Les Chemins de l’amour, 1922
- Le Travail féminin dans la communauté agricole et dans la production artisanale IV° conférence à l'université Sverdlov sur la libération des femmes
- Sa Biographie, par elle-même, 1925.


Ressources :
- sa page wikipédia
- Archives marxistes
- Alexandra Kollontaï : l’amour et la révolution sexuelle, par Clara Mallo, août 2016
- Alexandra Kollontai : « L’amour libre est-il possible ? », mars 2018
- L’Amour, camarade !, in « Femmes : la guerre la plus longue », Manière de voir n°150 déc 2016 - janv 2017.
- Alexandra Kollontaï, l'amour-camaraderie, par Kévin Védie pour Clara magazine, nov 2017
- Alexandra Kollontaï féminisme, amour & liberté, par Sabina Sebastiani, pour C4 automne 2017
- Octobre 1917 côté femmes : quand Alexandra Kollontaï prônait l'amour par Sylvie Braibant, oct 2017

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Voir aussi la liste Liste non exhaustive de Personnes ayant marqué, l'histoire de la pensée et la pratique des relations affectives.

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Discussion : Voltairine de Cleyre (1866-1912)

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artichaut

le mercredi 08 mai 2019 à 16h09

Liv Strömquist, dans sa bande dessinée I'm Every woman, cite Voltairine de Cleyre, via des extraits de son texte « Le Mariage est une mauvaise action ».
Liv Strömquist inverse quelques passages du texte de Voltairine de Cleyre, mais ça reste très proche de l'original.
Je remets le passage :

Voltairine de Cleyre citée par Liv Strömquist
Voici ce que dit Voltairine :

Je critiquais le mariage religieux parce qu’un prêtre n’a absolument aucun droit d’intervenir dans la vie privée des individus ; je condamnais l’expression «  jusqu’à ce que la mort nous sépare», car cette promesse immorale rend une personne esclave de ses sentiments actuels et détermine tout son avenir;

Rien ne me révulse plus que le prétendu sacrement du mariage; (…)
Je me moque de savoir s’il s’agit d’un mariage polygame, polyandre or monogame. (…)
Non, ce que j’affirme c’est qu’une relation de dépendance permanente nuit au développement de la personnalité

Dans le passé, il m’est arrivé de plaider de façon effusive et sincère pour l’union exclusive entre un homme et une femme, tant qu’ils sont amoureux.

Aujourd’hui, je préfère un mariage fondé uniquement sur des considérations strictement financières à un mariage fondé sur l’amour. Non pas parce que je m’intéresse le moins du monde à la pérennité du mariage,

mais parce que je me soucie de la pérennité de l’amour.

Le moyen le plus facile, le plus sûr et le plus répandu de tuer l’amour est le mariage — le mariage tel que je l’ai défini.

Si vous voulez que l’amour et le respect puissent durer, ayez des relations peu fréquentes et peu durables. Pour que la Vie puisse croître, il faut que les hommes et les femmes restent des personnalités séparées.

Quant à la question des enfants je pense qu'un enfant peut être élevé aussi bien dans un foyer, dans deux foyers ou dans une communauté; la découverte de la vie sera bien plus agréable si elle a lieu dans une atmosphère de liberté et de force indépendante que dans un climat de répression et de mécontentement cachés.

Ne jamais permettre que l’amour soit souillé par les mesquineries indécentes d’une intimité permanente. Mieux vaut mépriser tous les jours votre ennemi que mépriser la personne que vous aimez.

Je crois que le mariage défraîchit l’amour, transforme le respect en mépris, souille l’intimité et limite l’évolution personnelle des deux partenaires. C’est pourquoi je pense que «  le mariage est une mauvaise action».

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Discussion : Voltairine de Cleyre (1866-1912)

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artichaut

le mercredi 08 mai 2019 à 16h09

Avec ce fil, j'initie la proposition de consacrer des fils à des personnes qui ont marqués l'histoire de la pensée et la pratique des relations affectives.

Pour commencer, j'ai nommé Voltairine de Cleyre, militante et théoricienne anarchiste américaine (1866-1912).

Si vous avez envie de partager des choses, des idées, des citations concernant Voltairine de Cleyre, ce fil est fait pour ça.

Comme pour de nombreuses femmes libres, anarchistes et féministes, son apport à la non-monogamie et sa défense de l'Amour libre passe d'abord par la critique du mariage en tant qu'institution, notamment comme moyen d'asservir les femmes, en les cantonnant à la sphère domestique et privé, à la fonction reproductrice ou au statut d'objet sexuel.


Ressources :
- « Le Mariage est une mauvaise action » (1907) Traduit (et annoté) par Yves Coleman
- sa page wikipédia
- Connaissez-vous Voltairine de Cleyre ? sur France Culture

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Voir aussi la liste Liste non exhaustive de Personnes ayant marqué, l'histoire de la pensée et la pratique des relations affectives.

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Discussion : [Livre] "I'm Every woman", Liv Strömquist, Rackam 2018

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artichaut

le mercredi 08 mai 2019 à 15h43

I'm Every woman, Bande dessinée de Liv Strömquist, Rackam 2018.

J'ai trouvé dans cette BD, un chapitre sur Voltairine de Cleyre. Je vous mets l'extrait :

Voltairine de Cleyre citée par Liv Strömquist
Voici ce que dit Voltairine :

Je critiquais le mariage religieux parce qu’un prêtre n’a absolument aucun droit d’intervenir dans la vie privée des individus ; je condamnais l’expression «  jusqu’à ce que la mort nous sépare», car cette promesse immorale rend une personne esclave de ses sentiments actuels et détermine tout son avenir;

Rien ne me révulse plus que le prétendu sacrement du mariage; (…)
Je me moque de savoir s’il s’agit d’un mariage polygame, polyandre or monogame. (…)
Non, ce que j’affirme c’est qu’une relation de dépendance permanente nuit au développement de la personnalité

Dans le passé, il m’est arrivé de plaider de façon effusive et sincère pour l’union exclusive entre un homme et une femme, tant qu’ils sont amoureux.

Aujourd’hui, je préfère un mariage fondé uniquement sur des considérations strictement financières à un mariage fondé sur l’amour. Non pas parce que je m’intéresse le moins du monde à la pérennité du mariage,

mais parce que je me soucie de la pérennité de l’amour.

Le moyen le plus facile, le plus sûr et le plus répandu de tuer l’amour est le mariage — le mariage tel que je l’ai défini.

Si vous voulez que l’amour et le respect puissent durer, ayez des relations peu fréquentes et peu durables. Pour que la Vie puisse croître, il faut que les hommes et les femmes restent des personnalités séparées.

Quant à la question des enfants je pense qu'un enfant peut être élevé aussi bien dans un foyer, dans deux foyers ou dans une communauté; la découverte de la vie sera bien plus agréable si elle a lieu dans une atmosphère de liberté et de force indépendante que dans un climat de répression et de mécontentement cachés.

Ne jamais permettre que l’amour soit souillé par les mesquineries indécentes d’une intimité permanente. Mieux vaut mépriser tous les jours votre ennemi que mépriser la personne que vous aimez.

Je crois que le mariage défraîchit l’amour, transforme le respect en mépris, souille l’intimité et limite l’évolution personnelle des deux partenaires. C’est pourquoi je pense que «  le mariage est une mauvaise action».

Pour celles et ceux que ça intéresse voici de quoi sont tirées ces citations : « Le mariage est une mauvaise action » par Voltairine de Cleyre.

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Liv Strömquist est aussi l'autrice de Les Sentiments du prince Charles, publiée en 2010 en Suède (sous le titre original : Prins Charles Känsla) et en 2012 en France

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Voir aussi
- le fil spécial BDs du forum.
- la : Bibliographie commentée sur le polyamour.

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