Du mensonge dans les relations
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patrice-86
le mardi 20 septembre 2011 à 12h12
Merci gaël pour cette intervention si claire et si pleine de bon sens ! C'est, visiblement bien maladroitement, ce que je tente de dire depuis le début de ce fil. Je vais même en rajouter dans la "maladresse", mais je perçois parfois comme une forme d'élitisme mal placé le positionnement tranché de certains qui, bien souvent, ont eu tout juste la "chance" de rencontrer les bonnes personnes au bon moment et n'ont tout simplement pas conscience de cette "chance" !
Je vais quitter le mode "on" pour passer au "je" afin d'être plus clair. J'ai 50 ans. A la fin des années 70, j'avais découvert Fourrier et j'affichais déjà publiquement une position très critique sur le fonctionnement conventionnel des couples (mariage, exclusivité officielle, tromperie...) et la société en général. A l'égard des personnes aimées je n'ai jamais ressenti la moindre jalousie. Je dirais même que chaque fois que ce poison m'a effleuré l'esprit c'était la preuve que mon sentiment n'était pas de l'amour mais un simple désir trivial de "posséder" d'autre !
Avec "#" notre histoire pourrait s'écrire en chansons : "n'appartiens jamais à personne", "nous prendrons le temps de vivre, d'être libres... sans projet et sans certitudes...", "entre l'amour et l'amitié dites moi donc la différence"... c'est ce que nous chantions alors !
Depuis notre rencontre, j'ai souvent aimé "au pluriel", nous en avons souvent parlé ensemble, les "autres" ont toujours connu l'existence de "#"... mais aucune n'a réussi à vivre cela sereinement :-( ... et moi non plus, par contrecoup :-/ Cela fait plus de 30 ans que nous parcourons ensemble le chemin de la vie, avec toutes ces épines...
Oui, j'ai menti souvent... et pour tout un tas de raisons plus ou moins valables... non, je ne le revendique pas comme un "droit"... mais je refuse de le vivre comme une "faute".
Je n'ai certainement pas la prétention d'être un modèle, j'ai juste passé l'âge de m'enflammer pour des valeurs... quelles qu'elles soient ! Et je n'ai pas mis à la poubelle le 9ème Commandement pour venir m'incliner ici devant le 8ème :-)
Message modifié par son auteur il y a 14 ans.
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patrice-86
le mardi 20 septembre 2011 à 12h21
"décider à la place de quelqu'un en général c'est lui retirer une part de liberté"
ce à quoi je répondrais : " parler en général, c'est généralement faux !" :-)
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Popol (invité)
le mardi 20 septembre 2011 à 18h13
Houlà, quelle confusion... Chacun a interprété ce qu'il voulait de mes interventions.
Je recommence: je suis Popol, qui voulais à travers un dialogue fictif avec Enzo Enzo, éclairer mon ex sur ce qui avait foiré dans la relation, car lui dire les choses, simplement, ce n'est pas possible, il se met en colère très vite dès qu'on touche à ses valeurs-piliers.
Ladys avec qui je communique par mp, est totalement étrangère à notre histoire... elle m'a fait prendre conscience de certains mécanismes qui ne pouvaient plus durer...parce qu'elle a pu me dire des choses que personne jusqu’ici n'avait osé / pensé / pu me dire. Et elle a osé, pensé, pu dire les choses ainsi, parce qu'elle a cette particularité neurologique.
Mélangez pas tout...
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(compte clôturé)
le mardi 20 septembre 2011 à 21h02
point Godwin, tss tsss.....
Voilà qui éclaire d'un jour très intéressant plein de messages sur la façon de dire les choses (tu sais, Popol, la mienne est mauvaise etc...).
Non, la mienne est franche, nette, abrupte, sans concession, cash, sincère, assumée, acide et jamais agressive.
Adulte, quoi (une des façons de l'être).
Mais ça t'arrivera certainement aussi, maintenant que tu vas devoir assumer ce que tu dis : tu vas voir, ça attire plein d'ennuis, mais ça fait grandir : c'est une sensation douloureuse, mais consolidante que je souhaite à tout le monde. Je pensais que tu n'en étais pas capable, mais je suis certain que maintenant je vais changer d'avis.
Félicitations ma chère! (légèrement narquoises, mais sincères quand même comme tout ce que je dis et écris).
eulren en pleine rupture de pacte d'ignorage actif, parce qu'il faut chaque jour redonner ses chances à la nature humaine (jusqu'à 77 fois 7 fois selon un best-seller très intéressant).
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(compte clôturé)
le mardi 20 septembre 2011 à 22h41
Je vais essayer de ne plus trop lire le forum pendant quelques temps, je suis trop tourmentée et perdue. Il ne faudrait pas que je continue à faire "l'éponge", en "m'imbibant" de tout ce qui est dit ici alors que ça ne me concerne pas. Désolée pour le désordre.
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Popol (invité)
le mardi 20 septembre 2011 à 22h58
Patrice 86, tu as écrit ça, et j'ai bien aimé. Tu peux creuser un peu? Raconter?
Si je découvre que la personne que j'aime me ment, ma première réaction n'est certainement pas de lui retirer ma confiance mais au contraire de voir en quoi mon attitude à pu la conduire à travestir la réalité. Si l'on prend soin de creuser, derrière un mensonge il y a souvent une exigence irréaliste, une relation de domination fondée sur un chantage affectif voire matériel, une incapacité à entendre sereinement la vérité de la part de celui (ou celle) qui, par ailleurs, l'exigerait...
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Boucledoux
le mercredi 21 septembre 2011 à 01h36
gaël
Toutes ces personnes qui se sont exprimées sur ce site ont dit combien elles aimeraient pouvoir vivre le polyamour, ne pas avoir à mentir, être libre, profiter des différents amoureux...et ne pas trop faire souffrir autrui. Elles ne sont pas plus spontanément menteuses, lâches, paresseuses, égoïstes, manipulatrices,etc que ceux qui ont eu la chance de découvrir la possibilité du polyamour alors qu'ils n'étaient pas déjà embringués dans une relation mono ou qui ont trouvé un(e) compagne(on) ouvert(e) sur la question... Elles viennent exposer leur situation, non pour obtenir une absolution, mais pour trouver une écoute, et peut-être des pistes de réflexion...
A bientôt.
Ben je n'ai pas l'impression qu'on ait lu les mêmes choses dans les discussions alors... Je ne crois pas qu'on ait dit de quiconque qu'il ou elle était "spontanément menteuses, lâches, paresseuses, égoïstes, manipulatrices,etc"... ou en tout cas en ce qui me concerne, ce n'est pas ce que je dis.
Et ce qui me pose problème, ce n'est pas non plus ce que des personnes soient coincés dans des situations inextricables qui les mettent dans une situation ou le mensonge leur parait la moins pire des solutions et qu'elles s'y démerdent comme elles peuvent alors comme tu dis qu'"elles aimeraient pouvoir vivre le polyamour, ne pas avoir à mentir" etc. C'est par contre qu'on fasse de nécessité vertu et qu'on viennent nous expliquer ici que tout ça c'est bien pareil et que c'est même plutôt plus généreux pour ses partenaires de les épargner en ne disant rien...
Que des gens préfèrent l'adultère ou ne se sente pas d'essayer de vivre autrement, pas de problème. Qu'ils le masquent derrière le polyamour, ça m'embête d'autant plus qu'on a quand même au fil des mois vu un certain nombre de situation ou des intervenants (et souvent des intervenantes d'ailleurs) racontaient des situations de partenaires se prétendant poly et qui établissaient des relations qui ressemblaient plus franchement à des relations de pouvoir bien traditionnels qu'autre chose.
Que des gens aspirant réellement au poly soient coincés dans des situations où ils ont tentés et se sont heurtés à un mur qu'ils ont choisis de contourner et se retrouvent dans un adultère imposé par le refus ou l'impossibilité de discuter du poly, pas de problème. Mais ça me semble plus intéressant et constructif de le discuter sur cette base qu'en l'enrobant derrière une justification morale du mensonge.
Et du coup on pourrait commencer à parler vraiment de ce qui sort de nos expériences et de nos vécus. Par exemple, si le mensonge n'est des fois pas un choix mais une contrainte, quelles conséquences sur une relation ? Comment gérer cette contradiction entre ce qu'on voudrait construire (poly, éthique, etc...) et ce qu'on arrive pas à dépasser. Quelles impacts sur les différents partenaires (le ou la conjoint-e qui ment, le ou la conjoint-e caché-e, l'amant-e dans le placard...) et comment le gérer dans les différentes positions ? etc....
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Boucledoux
le mercredi 21 septembre 2011 à 01h47
patrice-86
rajouter dans la "maladresse", mais je perçois parfois comme une forme d'élitisme mal placé le positionnement tranché de certains qui, bien souvent, ont eu tout juste la "chance" de rencontrer les bonnes personnes au bon moment et n'ont tout simplement pas conscience de cette "chance" !
Pas que de la chance patrice, pas que. Aussi des fois le choix de ne pas vivre des choses qui pourraient l'être mais au prix d'une négation trop grande de soi et de ce qu'on cherche à mettre en place comme relation aux autres.
Quand à l'élitisme... franchement, je ne vois pas bien.
Oui, j'ai menti souvent... et pour tout un tas de raisons plus ou moins valables... non, je ne le revendique pas comme un "droit"... mais je refuse de le vivre comme une "faute".
toutafé - voir ci dessus -
Par ailleurs, je trouve tout le reste de ton message très intéressant parce que justement on comprend mieux d'où tu viens, d'où tu parles et où tu veux en venir.
Tu dis d'ailleurs que toi même tu sembles toujours être clair sur l'existence de # avec tes autres amoureuses. Je suppose que les mensonges dont tu parles sont plutôt donc sur les aspects pratiques du fonctionnement, etc. ? Il me semble que ça rejoint sur le fond ce qu'on a été un certain nombre à dire sur l'importance d'être clair sur la nature de la relation non ?
Message modifié par son auteur il y a 14 ans.
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demeter
le mercredi 21 septembre 2011 à 06h19
Boucledoux
Pas que de la chance patrice, pas que. Aussi des fois le choix de ne pas vivre des choses qui pourraient l'être.
Autant je suis d'accord avec le reste de tes propos Boucledoux dans leur majorité, autant cette phrase me semble le fond du problème. Il n'est pas question de faire du mensonge une vertu, mais de ne pas faire non plus l'inverse, de ne pas prétendre que "dire la vérité" en serait une. Cette façon de présenter le polyamour comme un choix, est ce qui pose problème à Patrice, à gaël et à moi de manières différentes et fait qu'il est difficile de sortir d'un débat conflictuel qui présente les uns comme meilleurs que les autres s'il s'agit de choisir. Choisir cela consiste à se référer à une valeur, c'est nécessairement choisir entre le bien et le mal, ou du moins entre quelque chose qui nous parait bien et quelque chose qui nous parait moins bien. Le choix existe bien. La responsabilité de celui qui le fait aussi. L'existence d'une alternative à ces choix existe bien dans l'absolu, dans le concept, dans l'idée, dans la pensée, jamais dans la réalité, et ce, quel que soit ce choix (polyamour ou non) : tant qu'il reste une pensée, une idée il ne tient pas compte de l'existence, de la réalité, du vécu de celui qui pourrait prétendument le faire. Celui qui le fait, pour ou contre ne sera pas plus ni moins responsable après l'avoir fait qu'avant, mais simplement moins souffrant d'avoir choisi. Si le choix n'est pas fait, c'est que ces choses ne peuvent pas être vécues. Il ne s'agit pas de plaquer sur quelqu'un ou sur soi une simple idée, mais d'en accepter la réalité, encore une fois de la constater. Ce qui est impossible à faire si l'on part avec l'idée préconçue qu'il existe quelque chose de mieux qui "pourrait" être. Le mot "chance" est juste l'exact contre pied de cette idée, mais n'est amené pour patrice, il me semble, que par l'existence de ce "débat".
Je suis personnellement effrayé et attristé du sens bourgeois et moralisateur donné au terme "adulte responsable", qui présuppose souvent dans les discours des uns et des autres et dans les institutions que chacun est libre du choix de ses actes ET que la liberté se confond avec la volonté d'user de cette liberté, comme si le "je" responsable était antérieur et présidait à cette volonté. De la même manière, l'idée de vérité morale, intemporelle me plonge dans des abimes de consternation, que l'on considère le polyamour ou l'exclusivité comme relevant de cette vérité. Cette idée est présente également dans le discours de ceux (ce n'est pas à toi à qui je fais allusion ici, Boucledoux, je ne lis pas ceci dans tes propos, mais à un discours souvent entendu) qui prétendent et disent : "chacun pense et fait comme il veut mais..." La vérité est que chacun pense ce qu'il pense et fait ce qu'il fait. Il n'y a pas de "mais". Tout autre réalité est un jugement qui lui est bien réel mais qui empêche de voir la réalité.
On est pas plus libre en étant polyamoureux qu'en étant exclusif. On peut simplement se débarrasser de croyances qui nous ennuient, de certaines habitudes. On n'en est pas plus libres pour autant. Être responsable est un état de fait, être libre aussi. Il s'agit de découvrir, en et pour soi-même, le sens de cette liberté, de se défaire d'hypothétiques projets, sans prétendre en recevoir une quelconque reconnaissance d'être quelqu'un de bien ou de mal. Personne ne peut le faire à notre place. La pensée est inopérante pour se faire, et toujours postérieure à ce sens. De cette liberté reconnue surgit simplement le comportement pertinent. Il n’existe aucune liberté à obtenir ou à nier, on ne peut en priver l'autre ni soi même.
Ce qu'il est possible de faire en revanche, peut-être, dans certaines relations, c'est créer un espace de dialogue sans jugement, sans reproche, qui passe aussi par le silence ou le non-dit, voire le mensonge, dans lequel chacun peut espérer y trouver sa place. Cela commencerait surement par un silence intérieur que je ne connais malheureusement pas.
Message modifié par son auteur il y a 14 ans.
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Siestacorta
le mercredi 21 septembre 2011 à 09h03
Boucledoux
ce qui me pose problème, ce n'est pas non plus ce que des personnes soient coincées dans des situations inextricables qui les mettent dans une situation ou le mensonge leur parait la moins pire des solutions et qu'elles s'y démerdent comme elles peuvent alors comme tu dis qu'"elles aimeraient pouvoir vivre le polyamour, ne pas avoir à mentir" etc. C'est par contre qu'on fasse de nécessité vertu et qu'on viennent nous expliquer ici que tout ça c'est bien pareil et que c'est même plutôt plus généreux pour ses partenaires de les épargner en ne disant rien...
Tsé que je t'aime toi ? +1.
Bon, sinon, rien à voir, ça y est, les camawad commencent à camper à Bercy
Message modifié par son auteur il y a 14 ans.
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Boucledoux
le mercredi 21 septembre 2011 à 10h13
demeter
Autant je suis d'accord avec le reste de tes propos Boucledoux dans leur majorité, autant cette phrase me semble le fond du problème. Il n'est pas question de faire du mensonge une vertu, mais d
Pas sur de tout comprendre mais je me demande s'il n'y a pas incompréhension sur le sens de ma phrase ?
"Aussi des fois le choix de ne pas vivre des choses qui pourraient l'être" il ne s'agissait pas pour moi du choix mensonge/poly sans mensonge mais du choix, des fois, de renoncer à certaines histoires amoureuses parce qu'elles ne sont possible qu'à un prix qui me semble trop fort à payer. Et ça, oui, c'est un choix devant lequel il m'est arrivé de me trouver et de donner des réponses différentes selon les fois... et peut être pas toujours les bonnes. Ben oui, comme tout le monde quoi, en gros...
Désolé si ce n'était pas clair...
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patrice-86
le mercredi 21 septembre 2011 à 11h05
Il me semble que ça rejoint sur le fond ce qu'on a été un certain nombre à dire sur l'importance d'être clair sur la nature de la relation non ?
Au détail près, Boucledoux, que le débat de ce fil n'est pas posé en ces termes-là ! Relis bien le titre : Du mensonge dans les relations
Ce qui me hérisse le poil, c'est bien le fait de poser le problème en terme de "mensonge" ou "vérité". C'est une approche en terme de "bien" ou de "mal", moralisatrice et culpabilisante. Accolée aux concepts de "volonté" et de "libre-arbitre" elle n'est qu'une xième résurgence de la pensée chrétienne, idéaliste et désincarnée. J'ai, pour ma part une vision matérialiste des choses qui n'a que faire d'une morale transcendante. Mon éthique personnelle repose sur une méfiance à l'égard de toute croyance. Il y a ce que je sais et ce que je ne sais pas. Fasse à l'inconnu et si je dois me positionner pour agir, je préfère faire un pari (= savoir que je ne sais pas) plutôt que de me raccrocher à une croyance (= ignorer que j'ignore).
Quant à ériger une "nécessité" en "vertu" ... il faudrait peut être aller dénicher ça chez ceux pour qui le mot "vertu" à un sens, non ? :-)
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(compte clôturé)
le mercredi 21 septembre 2011 à 17h12
demeter
Il ne s'agit pas de plaquer sur quelqu'un ou sur soi une simple idée, mais d'en accepter la réalité, encore une fois de la constater. Ce qui est impossible à faire si l'on part avec l'idée préconçue qu'il existe quelque chose de mieux qui "pourrait" être. Le mot "chance" est juste l'exact contre pied de cette idée, mais n'est amené pour patrice, il me semble, que par l'existence de ce "débat".
Personnellement oui, je l’avoue, et pour toi visiblement c’est une erreur de ma part, dans mon petit esprit je considère que je ne suis pas la mesure de toute chose et que certains actes que je peux engager sont plus sûrement susceptibles d’entraîner des conséquences fâcheuses pour moi et pour autrui que d’autres. Je ne crois pas que tout soit indifférent, et que la liberté ça consiste simplement à constater et assumer une situation sur laquelle personne n’a de prise ni même ne peut émettre le moindre jugement. Je crois aussi que mon bonheur et celui de mes partenaires est une chose trop grave pour la laisser dépendre uniquement de la "chance", y compris dans le sens donné ci-dessus, et je n’aime pas naviguer à vue. Je pense que le point de vue que patrice et toi vous défendez se tient théoriquement, mais il entre en contradiction totale avec ma propre conception des relations et des responsabilités que ces relations entraînent. Irréconciliable, il me semble. Mais c’est bien que les deux s’expriment.
patrice-86
Ce qui me hérisse le poil, c'est bien le fait de poser le problème en terme de "mensonge" ou "vérité". C'est une approche en terme de "bien" ou de "mal", moralisatrice et culpabilisante. Accolée aux concepts de "volonté" et de "libre-arbitre" elle n'est qu'une xième résurgence de la pensée chrétienne, idéaliste et désincarnée.
Si le mot "mensonge" pose problème, on peut en trouver un autre, hein... Par exemple "schtroumph". Ou "pétunia". Je ne suis pas nominaliste...
Pour le reste... Si ce que tu assènes là ce n’est pas moralisateur et culpabilisant, je me demande ce que c’est... Mais bon, c’est pas grave, tu vas continuer à surfer sur les vibes pendant que moi je m’enduirait d’erreur en imaginant que je suis un tout petit peu actrice de ma vie et de mes décisions, et tout le monde sera content, spa ?
(ps : chrétien et vertu c’est comme morale, c’est un gros mot ? Ben m... alors, va falloir vraiment que j’investisse dans un nouveau dictionnaire, moi... Qui juge l’autre, finalement ? :-))
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(compte clôturé)
le mercredi 21 septembre 2011 à 18h20
Boucledoux
Et du coup on pourrait commencer à parler vraiment de ce qui sort de nos expériences et de nos vécus. Par exemple, si le mensonge n'est des fois pas un choix mais une contrainte, quelles conséquences sur une relation ? Comment gérer cette contradiction entre ce qu'on voudrait construire (poly, éthique, etc...) et ce qu'on arrive pas à dépasser. Quelles impacts sur les différents partenaires (le ou la conjoint-e qui ment, le ou la conjoint-e caché-e, l'amant-e dans le placard...) et comment le gérer dans les différentes positions ? etc....
oui, moi aussi j'aimerais bien qu'on mette un peu tout ça en relation. En particulier sur cette question des rapports de pouvoir qui se mettent en place, et sur ce que ça peut induire de très concret dans la relation.
Genre (je parle de mon cas personnel) quand je sens que la bienveillance qui amène à mentir devient une sorte de pitié... De la condescendance, et là je sais qu'il faut très vite en sortir parce que ça devient rapidement incompatible chez moi avec un désir amoureux... Après je suppose qu'il peut aussi y avoir une forme d'excitation ressentie dans cette sorte de domination-là.
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gaël (invité)
le mercredi 21 septembre 2011 à 18h29
J'apprécie les discussions qui ont lieu ici, y compris lorsqu'elles sont vives ; elles m'aident à réfléchir, et respirer (:-) Zina !).
Je suis intervenue, parce qu'au delà de l'aspect moralisateur de certains propos (merci à Demeter d'avoir poussé la réflexion), j'avais le sentiment qu'on s'enlisait.
Ici tout (quasi?) le monde est convaincu du caractère dégradant pour les relations du mensonge. Il serait donc plus intéressant à mon sens de réfléchir de ce qui peut amener à mentir (si on part du principe que ce n'est pas juste la lâcheté ou le mépris d'autrui), creuser en effet les conséquences de l'acte, et voir comment limiter les mensonges (Boucledoux à lancé des pistes).
Ce qui est certain c'est que, si on considère les histoire de Patrice et la mienne, on peut commencer par dissocier les questions de l'adultère et du mensonge. Patrice, ouvertement polyamoureux depuis fort longtemps, semble néanmoins s'être trouvé dans la situation de mentir.
Pour ma part, depuis qu'il y a un an et demi, j'ai "avoué" (!) à mon compagnon de vie que j'étais tombé amoureuse (aussi) d'un autre, que j'espérais pouvoir vivre (aussi) quelque chose avec lui...je n'ai jamais autant menti...alors que je n'ai jamais revu le mec dont j'étais tombée amoureuse. Mais la réaction de mon compagnon avait été si violente, les souffrances exprimées telles, mon couple si fragilisée...que je ne me suis pas depuis sentie capable de faire autre chose que mentir. J'ai caché ma souffrance, mon exaltation quand mon "amoureux potentiel" m'a recontactée, j'ai prétendu que je n'y pensais plus, j'ai tu mes interrogations sur l'avenir de notre couple, j'ai éviter de parler de mon envie de me rendre aux rencontres polyamoureuses...et j'ai même essayé de cacher que je consultais ce site !
Alors, oui, je pense que par certains aspects, mes révélations ont eu un intérêt pour notre couple malgré le tsunami qu'elles ont provoqué, oui, je suis certaine que mes mensonges par omission pourrissent notre relation. Il n'est pas simple cependant d'évaluer ce qui, de la vérité ou du mensonge, a provoqué le plus de dégâts, et il est bien difficile de voir comment en sortir...sinon par une séparation.
Voilà, c'était pas vraiment pour parler de moi, mais j'espère qu'on arrivera à creuser plus qu'on ne l'a fait jusqu'ici cette question du mensonge !
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(compte clôturé)
le mercredi 21 septembre 2011 à 18h43
Ben moi j'aime bien que tu parles de toi, Gaël, faut pas t'excuser ;).
Je ne sais plus comment c'est exactement formulé dans The Ethical Slut, il y a un passage qui explique que la relation n'est pas un but mais un moyen (en gros). Un moyen vers un but commun qui est : vivre des choses chouettes avec des amis/amants/amoureux/bisounours etc.
Ce qui me gêne dans mes relations c'est que quand je mens, si après coup je creuse un peu, je me rends compte que c'est souvent des moments où je fais passer la relation avant les deux individus (ou 3 ou 15) qui la composent. Pour qu'il n'y ait pas de tension, parce que j'ai peur que ça craque, parce que je me dis : ça, il ne va pas le supporter, ça va faire un clash et en ce moment c'est dangereux. Est-ce que dire la vérité peut induire la même confusion entre la fin et les moyens ? Je ne sais pas. Empiriquement je n'en ai jamais fait l'expérience.
Mais voilà, est-ce que mentir c'est pas un procédé qu'on utilise quand on se trouve coincé dans une relation qui est en train de se transformer en statue de bronze et qui occupe tout l'espace, au détriment de ses éléments ? Z'en pensez quoi vous autres ?
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Lilly
le mercredi 21 septembre 2011 à 21h46
Janis
Je ne sais plus comment c'est exactement formulé dans The Ethical Slut, il y a un passage qui explique que la relation n'est pas un but mais un moyen (en gros). Un moyen vers un but commun qui est : vivre des choses chouettes avec des amis/amants/amoureux/bisounours etc.
Ça m'parle ça... (À part sur les Bisounours, chu toujours un peu perplexe...)
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LuLutine
le mercredi 21 septembre 2011 à 21h49
Janis
Genre (je parle de mon cas personnel) quand je sens que la bienveillance qui amène à mentir devient une sorte de pitié... De la condescendance, et là je sais qu'il faut très vite en sortir parce que ça devient rapidement incompatible chez moi avec un désir amoureux...
Chez moi, c'est le mensonge et/ou la malhonnêteté tout court (découverts ou "intuités" - ça m'est arrivé de sentir qu'il y avait des non-dits importants même si je ne l'ai su que longtemps après) qui sont incompatibles avec le désir et même avec la construction d'une relation (pas seulement dans le cas des relations amoureuses, mais aussi dans le cas de relations amicales).
Et sinon, +1 sur les messages de Boucledoux : je n'aurais pas dit mieux.
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(compte clôturé)
le jeudi 22 septembre 2011 à 00h02
patrice-86
Ce qui me hérisse le poil, c'est bien le fait de poser le problème en terme de "mensonge" ou "vérité". C'est une approche en terme de "bien" ou de "mal", moralisatrice et culpabilisante. Accolée aux concepts de "volonté" et de "libre-arbitre" elle n'est qu'une xième résurgence de la pensée chrétienne, idéaliste et désincarnée.
Il parait que sur ce forum, on ne doit pas parler de nos croyances en un Dieu ou en les elfes bleus. Mais si les mécréants s'autorisent ce genre de sortie qui outre leur fausseté sont assez agressives, ça devient un combat à armes inégales.
La pensée chrétienne dont tu ne semble pas connaitre grand chose à part ce que tout le monde sait : qu'elle a le dos large pour supporter toutes les calomnies (les autres religions au premier rang desquelles l'athéisme, ont tendance à se hérisser beaucoup plus vite), est quelque chose de globalement très positif : ça parle d'amour, de tolérance, de paix, de partage, de liberté, de responsabilité, beaucoup de concepts que tu ne renierais certainement pas si tu pouvais rester dans l'ignorance d'où ils viennent. De l'idéalisme très concret et agissant au quotidien.
Si tu as ta liberté de penser contrairement aux Chinois, et si on ne te coupe pas la main ou la tête quand tu es polyamoureux, contrairement à l'Arabie Saoudite, et si tu ne vas pas au goulag parce que tu tiens des propos subversif, contrairement à l'URSS, c’est bien parce que tu es dans un pays tout imbibé de la pensée catholique, tellement que tu ne te rends pas compte à quel point.
Alors bas-toi contre les dérives intégristes de Benoit XVI, on sera deux, mais ne projette pas sur une inconnue toutes tes frustrations, tu y perds en crédibilité.
Janis
Mais voilà, est-ce que mentir c'est pas un procédé qu'on utilise quand on se trouve coincé dans une relation qui est en train de se transformer en statue de bronze et qui occupe tout l'espace, au détriment de ses éléments ? Z'en pensez quoi vous autres ?
De mon point de vue, mentir est un acte, et par là, un choix déterminant plus que déterminé. On peut le voir comme une conséquence malheureuse, le symptôme d'une relation qui flanche. Moi je le vois comme un moyen de faire flancher une relation. Un moyen volontaire si on est un pervers, un moyen inconscient sinon. Mais si j'accepte de mentir, alors je rentre dans une relation que je tors à ce moment-là. Je préfère m'éloigner avant. Pas forcément rompre, mais en tout cas apaiser la tension qui me pousserait à envisager le mensonge comme acceptable.
Je parle d'une relation entre humains libres.
J'ai développé au Bubble Bar les cas de relation captive, où le mensonge peut devenir une façon de s'en sortir lorsque la relation persistera quoi qu'il arrive (j'avais parlé du patient qui exige qu'on lui cache la vérité pour accepter de se soigner), mais en amour, le cas ne me semble pas se poser.
Message modifié par son auteur il y a 14 ans.