Critique de la relation socle
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artichaut
le vendredi 29 novembre 2024 à 06h03
On entend de plus en plus souvent parler de "relation socle". Ce terme entre peu à peu dans le glossaire poly empirique. Et devient l'un de ces termes qui devient presque est un marqueur de ce qu'est (devenu) le polyamour.
Qu'est-ce donc qu'une relation socle, et pourquoi, depuis toujours, ce terme me dérange ? De quoi la relation socle est-elle le nom ? pourrait-on dire (en empruntant à Badiou, sa formule devenue célèbre)
Une relation socle, serait une relation qui par sa nature spéciale apporte une stabilité particulière, une sécurité affective rassurante.
Il s'agit généralement d'une relation conjugale, (ayant été) amoureuse et sexuelle.
Pourtant je vois au moins 2 caractéristiques induites, rarement nommées, voire carrément niées.
1. La relation socle est hiérarchique
La relation socle me semble être une relation primaire qui ne dit pas son nom.
Qu'est-ce qu'un socle ? Une base sur laquelle repose une construction. Une construction qui se veut grandiose, et qui comme telle, se montre, s'affiche au yeux du monde (telles les statues dans nos cités). Et qui regarde le monde depuis sa hauteur de socle. Le socle élève, le socle isole, le socle cloisonne. Et grave dans le marbre que cette relation est importante et différente de toutes les autres. Mais pourquoi ce besoin de marquer ainsi, de distinguer ainsi, cette importance et cette différence (importance et différence qui en soi sont le propre de n'importe quelle relation) ?
Qu'il s'agisse de rassurer son partenaire (souvent son/sa conjoint/e) ou de se rassurer soi, j'y vois quelque chose de l'ordre d'une priorité donnée, d'une promesse de longévité aux yeux des autres et de la société, d'un piédestal aux yeux du monde.
2. La relation socle est monogame
La relation socle me semble être une relation monogame qui ne dit pas son nom.
Qu'est-ce qu'un socle ? Une base sur laquelle repose une construction. Une base destinée à porter, comme on vient de le voir, une représentaion sociale du duo-formant-couple. En plus de la sécurité matérielle et affective, c'est exactement le rôle symbolique de la monogamie. La relation socle assoie ses privilèges en se montrant socle au yeux du monde. Et ce faisant, le socle enferme, emprisonne dans sa chappe de béton, cette liberté pourtant prônée et désirée, mais qui fait peut-être trop peur.
Pourquoi en définitive, ce terme me dérange ?
Ce terme me donne le sentiment d'un truc non assumé.
Je veux vivre le polyamour mais ne veut pas renoncer à ma relation monogame historique, je veux la liberté libertine et la bienséance conjugale, je veux être libre mais paraître en couple, etc. Bref je veux… le beurre, l'argent du beurre et le cul de la crèmière.
Mais le dire et l'assumer comme tel, serait un peu trop mal vu, alors on invente des euphémismes.
Comme s'il était trop difficile, en tant que néo-poly, d'assumer vouloir, ou avoir besoin, ou ne pas vouloir se séparer… d'une relation monogame hiérarchique (pardon pour le pléonasme).
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Voir aussi :
- le Lexique du site et sa page discussion.
- les Privilèges monogames et privilèges de couple (fil théorique)
- le fil générique : Décortiquons la Monogamie, sept 2020.
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Ben356
le lundi 09 décembre 2024 à 13h36
Si je peux rajouter quelque chose : nommer une relation socle donne l'illusion que cette relation est gravée dans le marbre, plus importante que les autres.
Dans les relations monogames de fait, 1/3 des séparations surviennent après un adultère.
J'ai commencé les relations poly, non pas en ouvrant mon couple, mais par les relations dites libres.
Et pour ma part, les ruptures sont arrivées dans les relations dites "socle", alors que celles dites "secondaires" se poursuivent...
Peut-être est-ce dû à la proximité des êtres dans un couple qui provoque forcément plus de disputes ? Peut-être est-ce dû aux attentes de la norme sociale du couple ?
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Invité18 (invité)
le lundi 09 décembre 2024 à 14h03
Bonjour artichaut, merci pour ce post. Je crois que le polyamour quand on a une relation socle , qui est vécu dans les faits, comme une relation purement monogame, n’est rien d’autre qu’un genre de relation libre ou les dés sont déjà jeté à l’avance. Quand on est la relation secondaire on récupère ce qu’on veux bien nous donner. On sert surtout à ce que celui qui est déjà en relation socle vive mieux son quotidien avec sa relation historique. Tout le reste n’est que belle parole, et à moins d’accepter d’être une béquille quand l’autre en ressent le besoin on n’en retire pas grand chose personnellement. Je vous lis tous beaucoup, et j’essai de m’ouvrir à pleins de choses. Mais ce que je vois souvent de vos témoignages, et de ma propre expérience, c’est qu’il en ressort beaucoup d’égoïsme, ce qui semble compter c’est que NOS besoins soient satisfaits. Mais je pense que cela nous éloigne beaucoup de L’AUTRE. Comme si on n’était finalement surtout en relation avec soi même à travers l’autre. Ce qui est à mon sens le contraire de l’amour, du partage…
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Tiao88
le lundi 09 décembre 2024 à 14h14
Disons que dans un premier temps, surtout s'il y a une des deux personnes qui (pour reprendre l'expression d'une autre personne dans une autre discussion mais j'arrive pas à la retrouver), "se fait ouvrir son couple", partir directement en anarchie relationnelle / polyA non hiérarchique etc... C'est peut-être un peu violent, d'où peut-être aussi cette volonté de "socle", du moins au début? J'imagine que que c'est plus rassurant de rester la priorité pour l'autre quand on n'est pas familiarisé.e à la non-exclusivité. Mais peut-être est ce une illusion?
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artichaut
le lundi 09 décembre 2024 à 16h41
Invité18
il en ressort beaucoup d’égoïsme, ce qui semble compter c’est que NOS besoins soient satisfaits.
C'est ainsi que débutent la plupart des "ouverture de couples" relatées ici. Et j'ai le sentiment que c'est une vision — consciente ou inconsciente — majoritaire.
A l'aune d'une société capitaliste, c'est peut-être compliqué de voir le monde autrement…
Invité18
Mais je pense que cela nous éloigne beaucoup de L’AUTRE. Comme si on n’était finalement surtout en relation avec soi même à travers l’autre.
Oui ça me semble assez juste. C'est en tout cas à mon sens le vecteur de la NRE, et la raison pour laquelle, elle est si puissante : on se reconnecte à soi, d'une manière intense et qui nous bouleverse.
Je dirais même que c'est le propre de l'amour-amoureux : être en relation avec soi même à travers l’autre, contrairement à d'autres formes d'amour (amitié, parentalité, etc) ou l'on peut aimer l'autre indépendamment de soi.
Trop souvent j'ai même l'impression que ça remplace notre propre estime de nous-même. Du coup, toucher à la relation ou à l'autre, c'est attaquer notre estime de nous-même.
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Tiao88
le lundi 09 décembre 2024 à 22h24
Invité18
Bonjour artichaut, merci pour ce post. Je crois que le polyamour quand on a une relation socle , qui est vécu dans les faits, comme une relation purement monogame, n’est rien d’autre qu’un genre de relation libre ou les dés sont déjà jeté à l’avance.
Quand on est la relation secondaire on récupère ce qu’on veux bien nous donner. On sert surtout à ce que celui qui est déjà en relation socle vive mieux son quotidien avec sa relation historique. Tout le reste n’est que belle parole, et à moins d’accepter d’être une béquille quand l’autre en ressent le besoin on n’en retire pas grand chose personnellement.
J'ai lu le livre d'Ella Silloe (enfin son premier) où elle explique (cela a peut-être changé dans le second) qu'elle a une relation socle et que ce cadre de socle permet de les sécuriser elle et son compagnon (avec qui elle habite) pour explorer d'autres relations.
(en tout cas c'est son impression)
Mais les deux ont des relations qui elles mêmes ont d'autres relations, donc j'imagine que cela change la donne. Puis ça n'est qu'un exemple peu ou pas assez partagé, je n'en sais rien. En tout cas elle a l'air d'avoir à coeur de leur consacrer du temps dans son emploi du temps (problématique que l'autrice a conscience de survoler dans son premier opus).
J'entends bien la problématique de la béquille mais pour quelqu'un qui n'a pas envie de relation amoureuse suivie, le statut de "relation secondaire" pourrait peut-être lui convenir? Après personnellement, j'avoue être assez mal à l'aise avec ces notions de "relation primaire" /"secondaire" etc. ça peut être un peu violent pour les personnes.
Invité18
Je vous lis tous beaucoup, et j’essai de m’ouvrir à pleins de choses. Mais ce que je vois souvent de vos témoignages, et de ma propre expérience, c’est qu’il en ressort beaucoup d’égoïsme, ce qui semble compter c’est que NOS besoins soient satisfaits. Mais je pense que cela nous éloigne beaucoup de L’AUTRE. Comme si on n’était finalement surtout en relation avec soi même à travers l’autre. Ce qui est à mon sens le contraire de l’amour, du partage…
On cherche tous à combler nos besoins, ce me semble. A priori en essayant aussi de respecter / combler ceux de l'autre (des autres?) . L'un n'est pas forcément incompatible avec l'autre.
Puis larguer son compagnon ou sa compagne "juste" pour aller draguer/coucher/aimer ailleurs, ne serait-ce pas aussi tout autant égoïste/violent/ingrat?
Et faire dépendre tous nos besoins d'une seule et même personne est-il sain dans l'absolu?
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Tiao88
le lundi 09 décembre 2024 à 22h42
artichaut
Oui ça me semble assez juste. C'est en tout cas à mon sens le vecteur de la NRE, et la raison pour laquelle, elle est si puissante : on se reconnecte à soi, d'une manière intense et qui nous bouleverse.
Je dirais même que c'est le propre de l'amour-amoureux : être en relation avec soi même à travers l’autre, contrairement à d'autres formes d'amour (amitié, parentalité, etc) ou l'on peut aimer l'autre indépendamment de soi.
Trop souvent j'ai même l'impression que ça remplace notre propre estime de nous-même. Du coup, toucher à la relation ou à l'autre, c'est attaquer notre estime de nous-même.
-> Alors vu le comportement de mon paternel (et il est sûrement pas le seul parent sur la planète à être comme ça), je ne suis pas sûre qu'il ait compris que je ne suis pas une extention de lui (en tout cas ça a été le cas pendant pas mal d'années) lol. Il était très sensible à ce que les gens pouvaient penser de moi (et pour le coup ça touchait sa propre estime, j'ai l'impression). Plusieurs fois j'ai pensé "putain mais je suis pas lui!".
Du coup est ce qu'il y a pas aussi un souci de dépendance affective?
Après pour les relations amicales, c'est effectivement sûrement moins le cas (pour le côté "extention de soi / amour de soi à travers l'autre)
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Kief (invité)
le mardi 10 décembre 2024 à 05h38
Bonjour,
J ai du mal à comprendre ce qui vous titille tant dans la relation dite socle....
Je vis une relation que certain.e.s pourraient qualifier de socle. Je l appelle d ailleurs moi même ainsi car je n ai pas trouvé de meilleur mot pour le moment.
Pourquoi ?
Mon historique : lorsque je rencontre G, je suis en relation avec J. J.n a pas souhaité s investir émotionnellement et physiquement avec moi, et j ai accepté la situation. Pour autant la relation que nous avons est assez incroyable. Juste...elle n est pas sur les codes "classiques".
Or je ressens le besoin d investir davantage mes relations. Je suis une intense. Très intense.
Je sors aussi de 10 ans de relation (monogame) enfermante. J ai besoin de garde fous.
G. A toujours été un grand amoureux mais aussi un grand séducteur, il est ainsi au monde. Dans ses relations monogames, cela n a jamais pu être vécu tranquillement car trop de jalousie, de peurs etc. Pas spécialement de "consommation" de sa part mais une envie de découvrir des relations et advienne que pourra.
Pour autant un grand sens de l engagement. Et des insécurités ++ de par son histoire.
On se rencontre....et tout ça semble si bien coller : nous pouvons nous investir fort emotionnellement l'un envers l'autre tout en respectant nos trajectoires de vie. Nous aimons passer (beaucoup) de temps ensemble, nous aimons la coparentalité, nos projets.
Alors oui cette relation prend de la place. Elle est aussi celle qui est la plus engagée et engageante, la plus solide, la'plus soutenante et du coup elle est clairement celle que je privilégierai si je dois choisir !
Pour autant ma relation avec J est incroyable et fait partie de mon équilibre....elle n est pas "moins".
Alors ?
Suis je vraiment dans les critères que vous décrivez ?
Pourquoi donnerai je moins après une nouvelle rencontre à cette relation dite socle qui est la plus soutenante au quotidien ? Il l'ensemble important de veiller à sa pérennité.
Tant que chacun.e y trouve son compte...J. est ravi pour moi, pour lui, pour nous....
Si vous pouviez l expliquer en quoi je suis en relation socle ou non selon votre définition ...
Merci
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artichaut
le mardi 10 décembre 2024 à 12h27
Kief
J ai du mal à comprendre ce qui vous titille tant dans la relation dite socle....
Je vis une relation que certain.e.s pourraient qualifier de socle. Je l appelle d ailleurs moi même ainsi car je n ai pas trouvé de meilleur mot pour le moment.
(…)
Suis je vraiment dans les critères que vous décrivez ?
(…)
Si vous pouviez l expliquer en quoi je suis en relation socle ou non selon votre définition ...
Pourquoi vouloir que nous définissions à ta place, comment nommer ta/tes relations ?
Si tu donne un nom à ta relation, et que ce nom te convient, quel est le problème ?
Kief
(…)
Alors oui cette relation prend de la place. Elle est aussi celle qui est la plus engagée et engageante, la plus solide, la'plus soutenante et du coup elle est clairement celle que je privilégierai si je dois choisir !
(…)
Pourquoi donnerai je moins après une nouvelle rencontre à cette relation dite socle qui est la plus soutenante au quotidien ?
Tu ne dois rien.
Ni choisir, ni donner moins ou plus à telle relation. Ni donner ou ne pas donner tel nom à ta/tes relations. Ni les modifier pour correspondre (ou ne pas correspondre) à quelque modèle que ce soit.
Ce que tu fais, ce que tu vis, est ou n'est pas dans la norme. L'est par certains aspects (et c'est inévitable), ne l'est pas par d'autres aspects (et ça ne regarde que toi).
Moi j'aime et j'ai besoin de comprendre ce qui nous traverse, ce qui nous agit. Pourquoi ? Je ne sais pas. Pour avoir accès à ce monde qui sinon me semble bien étrange. Comprendre (me) permet de pouvoir poser des choix, au lieu de juste subir, ou être agit par.
Et ces choix parlent de nous, peuvent avoir des incidences, des conséquences, ils n'en restent pas moins nos choix.
Parfois mes choix vont dans le sens de la norme, parfois non. Mais au moins, j'ai le sentiment de choisir vraiment.
Sans cette volonté de comprendre la norme agit en moi, malgré moi, sans que je m'en rende compte. Ça ne me convient pas.
Par contre une fois que j'ai compris vers quoi la norme cherche à m'emmener, parfois il se trouve que j'ai envie d'y aller quand même, soit provisoirement (parce que par ex. ça me rassure), soit sur la durée (parce que c'est mon choix, et peu m'importe que la norme propose le même choix). Mais je ne prétends pas dans ce cas, sur ces aspects-là, ne pas être dans la norme.
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Alabama
le jeudi 12 décembre 2024 à 23h44
Pour ma part je suis un peu allergique à ces histoires de relation socle. J'entends ça comme "relations hiérarchiques". Déjà que le couple passe avant tout dans notre culture, si c'est pour refaire la même chose en peut être pire car pas tout à fait assumé, dans le polyamour, non merci. Bref j'ai un avis tranché. J'aime pas le polyamour hiérarchique voilà c'est dit 😂
Maintenant cette histoire de socle me donne envie de réfléchir plus loin.
En tant qu'humains, nous sommes des animaux sociaux et je pense que nous avons fondamentalement besoin de sécurité affective et matérielle.
Quelqu'un a parlé de bidouiller cette sécurité à l'intérieur du cadre culturel qui est le nôtre.
On peut aussi penser le socle autrement. Comme une ou des relations, pas forcément qualifiées d'amoureuses ou conjugales, qui à un instant T, nous apportent le soutien et la sécurité nécessaire.
Et là il est possible d'élargir.
Beaucoup de personnes notamment les femmes en couple hétéro vivent l'expérience d'un soutien extérieur à leur couple dans des moments difficiles. Le socle est il alors le partenaire amoureux ou les amies/sœurs/etc... à qui l'on se confie ? Je crois que parfois le couple est idéalisé et considéré comme socle par "réflexe" et ce n'est pas forcément le cas si l'on regarde un peu plus factuellement les choses.
Les personnes queer vivent aussi le socle affectif différemment notamment quand il y a rupture familiale. La communauté devient alors le socle, plus que le couple.
Pour ma part je ne me vois pas considérer une relation amoureuse comme plus importante, comme socle. Par contre, dans ma constellation de relations "socle", mon amoureux peut être un de mes soutiens privilegiés dans certaines situations (et pas du tout dans d'autres). Dans mon quotidien, je remarque que le soutien matériel ne vient pas forcément des relations dans lesquelles je me sens le plus investie emotionnellement. Je trouve ça intéressant à regarder !
Je sais que j'ai décalé la signification de " socle", car le terme tel qu'utilisé me semble rigide et fantasmé.
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artichaut
le vendredi 13 décembre 2024 à 00h15
Alabama
Je sais que j'ai décalé la signification de " socle", car le terme tel qu'utilisé me semble rigide et fantasmé.
Des fois, un peu de décalage, ça fait pas de mal… !
Ce que tu proposes, ou en tout cas évoque, décale sacrément la monogamie (le système monogame).
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Siestacorta
le vendredi 13 décembre 2024 à 09h45
"Socle" est une qualification assez matérialiste de la situation de la relation, en fait.
Je suis d'accord que cette attente de sécurité (qui concerne pour beaucoup un foyer ou un projet de foyer, avec enfants peut-être) peut être recadrée, ouverte...
Mais je crois que la seule réflexivité ne fait pas disparaître toute la nécessité, si subjectivement perçue soit-elle.
(Oui, c'est un de ces jours-là, abondants en termes abstraits)
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.
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Alabama
le samedi 14 décembre 2024 à 09h01
« Socle » n’est pas toujours si matérialiste que ça.
Cela décrit sans doute les liens matériels tels que les enfants et la maison, dans le cadre hetero et heteronormé (les couples gay/lesbiens peuvent l’être aussi bien que souvent les amis me semblent avoir une place plus importante mais c’est au doigt mouillé je ne connais pas d’étude sur le sujet). Si on élargit à l’émotionnel et à la chargé mentale, je pense qu’il y a matière à étudier et à nuancer, toujours dans le cadre heteronormé.
La relation socle existera tant que nos sociétés discrimineront les relations qui ne sont pas dans le système monogame. Je pense à l’amitié principalement. Si l’on regarde les lois, l’amitié n’existe pas vraiment et ne donne accès à rien. Donc même quand on veut se décaler dis syteme monogame cela reste limité.
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artichaut
le samedi 14 décembre 2024 à 10h07
En tout cas, il me semble que le socle, n'est pas juste une énonciation de ce qui est (sinon il y aurait d'autre mots pour dire cela), mais une énonciation de ce que l'on voudrait que ça représente, que ça signifie.
Ça m'a fait penser à la nuance descpritive/prescriptive, mais du coup, il me semblait manquer quelque chose entre les deux : en parlant de socle, on ne fait pas que décrire (ce qui est), mais est-ce que pour autant on va jusqu'à prescrire ?
Je ne sais pas si c'est pertinent dans le contexte, mais j'ai trouvé cette notion de registre interprétatif (à visée compréhensive ou normative).
Et pour le coup je dirais interprétatif à visée normative (interprétatif à visée monogame, si on veut).
Ce que je veux dire, c'est que nommer une relation socle, ne me semble pas l'être juste pour soi, mais aussi au sein de la relation (pour rassurer), et encore aux yeux des autres. Et ces autres sont à mon sens censés en déduire (interpréter) quelque chose. Et en l'occurence à fortiori qu'iels ne sont pas socle, et que c'est l'important qu'iels le sachent, et le prennent en compte. Genre « reste à ta place ».
Je dirais a minima que c'est un registre séparatif. Et perso j'y vois un registre hiérarchique.
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artichaut
le samedi 14 décembre 2024 à 10h25
Et le registre interprétatif c'est la question du symbole. De quoi ce terme est-il le nom ? Et pourquoi a-t-on besoin qu'il le soit ?
Utilise t-on tel terme, juste pour comprendre et se faire comprendre. Ou l'utilise t-on pour obtenir quelque chose, pour bénéficier d'une plus value associée à ce terme, voire pour exiger quelque chose ?
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Nouna
le samedi 14 décembre 2024 à 14h37
Il est sûr qu’il y a des avantages forts à avoir une relation socle. Mais du coup tant mieux, non?
Par contre je ne suis pas sûre que cette relation soit toujours vécu comme primaire, dans le sens où elle serait la plus importante.
Cela se voit dans les témoignages, avec des NRE très puissantes, ou les témoignages des personnes souffrants d’être mises dans cette position de relation socle. Et qui se sentent moins importantes que les relations « secondaires ». Dire que c’est, ou non, la relation la plus importante - « primaire » en un certain sens - doit dépendre de chacun. Je ne suis pas sûr que tout le monde ait le même rapport à sa relation socle.
Après effectivement prioriser la relation socle, cela peut sembler un choix logique, et plutôt sain.
Le fait de se définir en relation socle, défini ou donne l’idée, d’une forme de stabilité voulu par les deux partenaires. Cela peut être dans l’idée de construction de projets sur le long terme, par exemple, ou même, dans l’idée simplement de relation stable, sur laquelle on peut s’appuyer. La stabilité c’est un peu le deal qui semble être passé entre les deux partenaires dans ces relations. Donc cela semble logique de respecter ce contrat. Mais vraiment, je ne pense pas que cela veuille dire que ce soit la relation la plus importante, et c’est ce que le mot « primaire » sous entend pour moi. Personnellement j’aime bien ce terme de relation socle, en tout cas je le trouve plus parlant que primaire.
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.
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Nouna
le samedi 14 décembre 2024 à 14h49
Effectivement ce terme de relation socle renferme un message assez clair de hiérarchisation, non pas émotionnelle, mais matérielle. Ce mot pose d’office un genre de contrat, d’engagement. Oui c’est clairement prescriptif en un sens. Et c’est bien pratique.
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.
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Aki
le lundi 16 décembre 2024 à 16h47
Qu'est-ce qu'une relation "non-socle", du coup, d'après vous ?
Le mot "socle" évoque la solidité, la pérennité.
En définissant une relation ainsi, est-ce que ça implique que les relations secondaires (ou plutôt "non-socles") seraient fragiles et éphémères (légères), qu'éventuellement on mettrait moins d'efforts pour la faire durer, prendre soin de l'autre, faire des projets ensemble, etc ?
Une relation "amicale" ou familiale peut-elle être considérée comme un autre type de relation-socle ?
Peut-on réduire la complexité des engagements, des pratiques et des attentes au sein d'une relation unique à un seul mot (comme on le fait avec "amoureux", "amie", etc) ?
Que définit cet adjectif "socle", en somme ?