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Ça veut dire quoi hétéro ?

Sexualités
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Profil

artichaut

le mardi 23 avril 2024 à 13h15

Aujourd'hui, je me pose cette question, et j'ai le sentiment de ne plus du tout comprendre.
Ça veut dire quoi être hétéro ??

Es-t-on attiré par un sexe ? Par un genre ? Par des attitudes ? Par des pré-supposés ou des trucs que l'on colle sur l'autre (mais qui ne sont pas lui/elle) ? Ou par des trucs auquel l'autre se conforme (mais qui ne sont toujours pas lui/elle) ?
Ça veut quoi que "les hommes" sont attirées par "les femmes" ou réciproquement ?

Perso je me suis toujours considéré comme hétéro, car attirée par des femmes. Mais par des femmes, pas par les femmes. Il y a des femmes qui ne m'attirent pas (mais alors pas du tout).

Mais alors, hétéro, n'est-ce pas plutôt et uniquement quelque chose qui se définit par la négative ?
Étre hétéro ce n'est pas être attiré par les personnes du sexe opposé, mais ne pas être attiré·e par les personnes de même sexe.

Et encore il faudrait définir ce qu'on appelle "être attiré par"…
Si j'ai de la curiosité pour quelqu'un (et j'en ai clairement pour des personnes, indépendamment de leur sexe génital ou de leur genre), ne suis-je pas attiré ?

Mais alors serait-ce uniquement une attirance sexuelle ? et/ou amoureuse ?
Et ça veut dire quoi "sexuel" ou "amoureux" ?

Oh la la, je suis un peu perdu.

Mais surtout, tout ça me semble tellement fake.
Je ne comprends pas ce qui se joue en moi.
J'ai l'impression qu'on m'a inculqué des trucs dégueus dans la peau, qu'on a lobotomisé mes désirs, qu'on a fait de moi un robot.

Et qu'est-ce qu'une femme "hétéro" va aimer chez moi, qu'elle ne pourrait aimer chez une autre ?
Ai-je envie d'être aimé par une personne qui aimerait de moi de simples artefacs culturels ?
Là comme ça, ça ne me fait pas du tout envie.


______________
Voir aussi :
- le Lexique du site et sa page discussion
- la page spécifique : Terminologies pour décrire nos sexualités

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Profil

artichaut

le mardi 23 avril 2024 à 13h15

J'ai conscience que je ne dis rien de nouveau.

Ce qui est nouveau, c'est ce que ça fabrique chez moi.

Comme des choses que je savais déjà, mais qui prennent soudain une autre dimension, une réalité.

Et tout d'un coup hétéroland me semble tellement tristoune…

Et ça ne veut pas dire que je vais aller baiser demain avec des mecs.
Juste que j'ai le sentiment que quelque chose s'effondre en moi, quelque chose qui ne m'appartennait pas et qui inutilement m'encombrait.

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Alinea7

le mardi 23 avril 2024 à 14h06

Je ne ressens pas l'attirance comme quelque chose qui s'accroche principalement à des traits culturels.

J'ai rencontré des femmes qui avaient des traits de caractère qui peuvent participer à déclencher de l'attirance lorsque je les retrouve chez un homme. Et pourtant je ne suis jamais tombée amoureuse, et je n'ai jamais ressenti d'attirance de type sexuel. Et pas comme quelque chose que j'aurais bridé culturellement, la simple absence de déclencheur. De l'admiration, pas de désir.
Y a bien des femmes que j'ai trouvé magnifiques et j'ai jamais été attirée non plus, et pourtant il me semble avoir rencontré plus de femmes magnifiques que d'hommes, ne serait ce que parce que c'est là dessus qu'elles se savent principalement évaluées. Bref, c'est à tout ça mis ensemble que j'ai fini par comprendre que je suis hétéro. Faute que ça se soit jamais produit. Mais bon effectivement ça ne veut pas dire que ça ne pourrait pas arriver.

Inversement j'ai été attirée par des hommes qui n'avaient pas certains marqueurs culturels.
Bref. Le bordel incompréhensible que ça a été me font penser qu'on a tendance à trop vouloir s'abstraire de notre condition animale.
Pour moi l'attirance sexuelle est pilotée par des hormones bien plus que par la conscience ou la culture.

Après je ne base tout ça que sur mon expérience donc ça ne vaut rien sur le plan général et clairement sur les déductions que je fais ça peut être n'importe quoi. Mais je vis bien avec ça : je ne choisis pas par qui je suis attirée.

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Topper

le mardi 23 avril 2024 à 14h38

Pour moi l'orientation sexuelle, c'est lié au sexe et non au genre. Je ne connais pas de personnes hétérosexuelles et qui sont attirées par des personnes du genre opposé mais de même sexe. On est donc vraiment dans des considérations purement liées aux parties génitales. Ainsi :
- hétérosexuel : attiré sexuellement par les personnes de l'autre sexe.
- homosexuel : attiré sexuellement par les personnes de même sexe.
- bisexuel : attiré sexuellement par les personnes des deux sexes.
- pansexuel : attiré sexuellement par les personnes sont distinction de sexe et de genre.

artichaut
Perso je me suis toujours considéré comme hétéro, car attirée par des femmes. Mais par des femmes, pas par les femmes. Il y a des femmes qui ne m'attirent pas (mais alors pas du tout).

Comme tout le monde. On est pas forcément attiré par les personnes qui correspondent à notre orientation sexuelle.

artichaut
Si j'ai de la curiosité pour quelqu'un (et j'en ai clairement pour des personnes, indépendamment de leur sexe génital ou de leur genre), ne suis-je pas attiré ?

Il y a des dénominations spécifiques qui permettent de se présenter dans ce cas là. Si on a une curiosité pour l'autre sexe, alors on peut se dire :
- hétérosexuel bicurieux
- homosexuel bicurieux

De la même manière, si selon des circonstances particulières (situation ou personne) on est ouvert à partager du sexe avec quelqu'un qui ne correspond pas à notre orientation sexuelle principale, alors on peut se dire :
- hétéroflexible
- homoflexible

artichaut
Mais alors serait-ce uniquement une attirance sexuelle ? et/ou amoureuse ?

C'est uniquement sexuel. Pour désigner des orientations sentimentales, on utilise d'autres mots. Ainsi :
- hétéroromantique
- biromantique
- homoromantique
- panromantisme

On peut donc être bisexuel et hétéroromantique.

artichaut
Et qu'est-ce qu'une femme "hétéro" va aimer chez moi, qu'elle ne pourrait aimer chez une autre ?
Ai-je envie d'être aimé par une personne qui aimerait de moi de simples artefacs culturels ?
Là comme ça, ça ne me fait pas du tout envie.

Pourtant plus haut, tu dis t'être considéré comme hétéro, car attirée par des femmes. C'est ce qui te plait, ta préférence. Si tu est attiré par une femme pour tout un tas de paramètres dont le fait d'être une femme, est-ce que ça rendrait ton attirance sans pertinence ou légitimité ?

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artichaut

le mardi 23 avril 2024 à 15h05

Alinea7
Bref, c'est à tout ça mis ensemble que j'ai fini par comprendre que je suis hétéro. Faute que ça se soit jamais produit.

Mais du coup j'ai l'impression que tu me rejoins au moins sur un point : c'est parce que tu n'es pas attirée par les femmes, que tu peux considérer que tu es hétéro ?

Alinea7
je vis bien avec ça : je ne choisis pas par qui je suis attirée.

Moi ça m'a toujours fait buguer qu'une chose aussi personnelle puise être comme en dehors de notre contrôle. Je trouve ça louche et ça m'allume plein de warnings.

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artichaut

le mardi 23 avril 2024 à 15h35

Topper
C'est uniquement sexuel. Pour désigner des orientations sentimentales, on utilise d'autres mots. Ainsi :
- hétéroromantique

J'ai juste utilisé l'abréviation hétéro justement, sans suffixe.
Du coup j'ai l'impression que c'est toi (ou la société !) qui focalise sur le sexe.

Topper
Pour moi l'orientation sexuelle, c'est lié au sexe et non au genre.

Pourtant c'est très très courant que des "hétéros" soient attiré·e·s par des personnes trans, du genre par lequel iels sont attirés (des mecs attiré par des femmes-trans, des femmes attirées par des mec-trans).

Ok, admettons que l'on parle de sexualité, d'hétérosexualité.
Alors comment apelle t-on une personne qui est attirée par des personne de son genre (quelque soit son sexe) ?

Topper
Pourtant plus haut, tu dis t'être considéré comme hétéro, car attirée par des femmes.

Oui, c'est ainsi que je me suis vu fonctionner. Je suis hétéro-de-fait (comme j'ai été mono-de-fait).
Et je ne veux pas usurper une place qui n'est pas la mienne, donc j'ai tendance à me dire hétéro, vu que je n'ai partagé de la sexualité quasi qu'avec des femmes.

Topper
C'est ce qui te plait, ta préférence.

Honnêtement, je n'en sais rien. J'ai le sentiment que c'est ce qu'on m'a inculqué, ce que la culture m'a transmis en intraveineuse.
Mais si je me mettais à avoir une vie bisexuelle et à me définir comme tel, ça ne changerait pas le problème pour moi.
De même qu'il y a un système_monogame, il y a un système_hétéro, et donc a minima on est mono-construit et hétéro-construit, de fait et avant toute chose.
Ce qui n'empêche pas de pouvoir se découvrir, au bout du bout, réellement hétéro ou réellement mono (…ou bi, ou poly, ou tout ce qu'on voudra).

Topper
Si tu est attiré par une femme pour tout un tas de paramètres dont le fait d'être une femme, est-ce que ça rendrait ton attirance sans pertinence ou légitimité ?

Oui.
Enfin en tout cas, ça remet sacrément les choses en balance. Et de manière assez vertigineuse.
Surtout si je me dis que : si cette personne — avec les mêmes paramètres dont tu parle — était un homme, je ne serais alors pas attiré par lui !

Et pourquoi unetelle plutôt que tel·le autre ? Serait-ce pour sa performativité de genre mieux appuyée (plus magnifiquement "femme") qu'une autre ?

Et on retombe sur le shème classique selon lequel la plupart des personnes sont globalement attirées par la même catégorie de personnes, créant un sentiment social de pénurie, là où me semble t-il, il y a surtout des normes culturelles qui agissent souterrainement, nous font aller tous et toutes dans le même sens, et qui nous brident émotionnellement.

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Lili-Lutine

le mardi 23 avril 2024 à 16h22

Bonjour @artichaut,

Je te remercie sincèrement pour le partage de tes réflexions profondes sur les notions d'hétéro

En te lisant, @artichaut, cela m'a amené à réfléchir sur le sens du mot "hétéro" dans ma propre vie
Je me demande si ce terme, tout comme celui mono, n'est pas dénué de sens pour moi
Si quelqu'un·e me dit être hétéro et-ou mono, je peux comprendre son choix, mais je me demande si cela ne reflète pas aussi, dans une certaine mesure, les normes sociétales qui sont souvent liées au patriarcat et à ses croyances ? C'est une pensée que j'explore encore et qui continue de susciter ma réflexion

En tant que personne queer, pansexuelle et non-monogame, je suis habituée à questionner les catégories binaires de genre, de sexualité et même de relations amoureuses
Depuis toujours, ma perception du monde et des êtres est non-binaire, ce qui m'incite à aborder ces sujets avec un regard curieux, même si je dois avouer que cela reste parfois déconcertant…

Je suis pleinement consciente de la difficulté à remettre en question les normes et les schémas profondément enracinés dans notre société, en particulier en ce qui concerne les attirances sexuelles et amoureuses
Les injonctions sociales et les stéréotypes de genre peuvent nous pousser à nous conformer à des modèles qui ne correspondent pas toujours à notre vécu intérieur ou à notre cheminement tout au long de notre vie

Je partage tes interrogations sur le fonctionnement de ces mécanismes et sur leur persistance à notre époque et sur les artefacts culturels et le sentiment d'avoir été conditionné par des normes sociales
Il est indéniable pour moi que la société nous impose souvent des normes et des rôles préétablis qui peuvent entraver notre authenticité et notre liberté d'être nous-mêmes

Par ailleurs, je voudrais aborder les statistiques alarmantes sur les violences systémiques perpétrées par certains hommes
Comme le souligne Lucile Peytavin dans son livre "Le coût de la virilité", les hommes représentent une grande majorité des auteurs de violences de toutes sortes, ce qui a un impact considérable sur la société dans son ensemble, tant sur le plan financier que sur le plan humain, sur chacun·e de nous !

Je cite la quatrième de couverture de son livre : « En France, les hommes représentent 84 % des auteurs d’accidents de la route mortels, 90 % des personnes condamnées par la justice, 86 % des mis en cause pour meurtre, 97 % des auteurs de violences sexuelles, etc. Cette liste a un coût : direct pour l’État, qui dépense chaque année des dizaines de milliards d’euros en services de police, judiciaires, médicaux et éducatifs pour y faire face ; indirect pour la société, qui doit répondre aux souffrances des victimes. Lucile Peytavin s’interroge sur les raisons de cette surreprésentation des hommes parmi les auteurs de violences et de comportements à risque, et tente d’estimer les conséquences financières de l’ensemble de ces préjudices. Quel est le coût des conséquences de la virilité érigée en idéologie dominante ? N’aurions-nous pas tous intérêt à nous comporter… comme les femmes ?! »

Cette prise de conscience peut être profondément perturbante et nous amener à réfléchir à notre place dans ce système de normes et de violences
Il est normal, je pense, que beaucoup d'hommes s'interrogent sur leur rôle dans cette dynamique et sur la manière dont ils peuvent contribuer à un monde plus inclusif et équitable, il est normal aussi je pense que tout le monde puisse à un moment s'interroger, quelque soit sont genre, son orientation sexuelle ou ses choix relationnels

En fin de compte, ces questionnements sont légitimes et nécessaires pour toustes, pour nous permettre de mieux nous comprendre et de nous libérer des carcans imposés par la société

Il est important aussi je pense de se donner la permission d'explorer et-ou d’interroger notre identité de genre, sexuelle, relationnelle, etc., et nos désirs, aussi souvent que cela se présente, si cela se présente, sans se sentir obligé·e de se conformer à des schémas préétablis

Il existe de nombreuses ressources pour nous accompagner dans cette démarche, accompagner nos réflexions et approfondir nos connaissances, notamment des livres, d’ailleurs, et de plus en plus souvent ces dernières années, ils sont écrits par des femmes, ces livres ou autres supports offrent des perspectives enrichissantes et variées sur ces sujets afin de se faire sa propre opinion ou de se cultiver

Dans ce contexte, aujourd’hui me définir queer et pansexuelle prend une dimension particulière pour moi
Cela implique pour moi non seulement de remettre en question les normes de genre et de sexualité, mais aussi de défier les schémas de comportement traditionnels associés à la masculinité et aux normes hétéro...

Alors que les hommes sont certainement aujourd’hui, et de plus en plus, confrontés à une crise d'identité et à une remise en question de leur position dans la société, les personnes queer, pansexuelles et toutes celles qui ne sont pas hétéro, je pense-j'espère-j'imagine... qu’elles peuvent contribuer à ouvrir la voie à de nouveaux modèles relationnels et identitaires vers des au-delà (pour celleux qui en ont envie hein :-D , je ne force personne) des au-delà qui reste encore et encore à inventer ahaha

Chaque récit et point de vue partagé sur cette plateforme est le reflet d'une expérience personnelle, propre à chaque individu·e. Ces témoignages offrent des perspectives enrichissantes et des exemples précieux, mais il est crucial de reconnaître que chaque histoire est unique à saon auteur·e et ne peut être généralisée. En plus de partager mes expériences personnelles, je présente également mes points de vue sur les sujets abordés. Mon propre récit n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, et il est important de le considérer comme tel. Je partage simplement mon expérience dans l'espoir qu'elle puisse éclairer certains aspects des non-monogamies, sans prétendre qu'elle soit représentative de toutes les expériences. L'objectif est d'ouvrir un dialogue respectueux et inclusif, où chacun·e peut partager ses propres perspectives et apprendre des autres

Message modifié par son auteur il y a un an.

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Alinea7

le mardi 23 avril 2024 à 16h47

Lili-Lutine
Il est important aussi je pense de se donner la permission d'explorer et-ou d’interroger notre identité de genre, sexuelle, relationnelle, etc., et nos désirs, aussi souvent que cela se présente, si cela se présente, sans se sentir obligé·e de se conformer à des schémas préétablis

D'accord. Pourquoi ?

Si c'est s'autoriser, c'est très bien. Mais parfois j'ai l'impression qu'on arrive presque à l'injonction à tout remettre en question, à tout déconstruire. Et je ne sais pas très bien dans quel but.

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artichaut

le mardi 23 avril 2024 à 16h57

Lili-Lutine
Il est indéniable pour moi que la société nous impose souvent des normes et des rôles préétablis qui peuvent entraver notre authenticité et notre liberté d'être nous-mêmes

Oui, il y a une dimension très politique à tout ça, très culturellement politique.
Au delà du coût (social, humain, financier) que cela représente, de la responsabilité de certaines catégories sociales plus que d'autres, et de la coercition opérée sur les individus, ce dont je voulais parler ici, il me semble — et qui m'est apparu de manière assez prégnante —, c'est peut-être l'étrangeté de ces shémas coercitifs.

D'un coup ça m'est apparu tellement absurde, inutilement restrictif, complétement illogique.
Et surtout, je sens que ce qui là s'effondre en moi (et qui n'est pas seulement l'hétéronormativité), opère un grand vide, une grande place et me donne beaucoup d'air. Comme si, suffoquant sous des monceaux de ruines, je trouvais un chemin vers l'air libre et découvrait un paysage tellement plus vaste que le monde dans lequel je m'efforçais de vivre.

Ça ne me donne pas envie de me précipiter vers son contraire (je m'en fiche pas mal d'être hétéro, bi, ou pingouin), juste déjà de profiter de cette liberté de pensée et de mouvement que ça procure.

(Et je ne vais pas pour autant fuir systémiquement mon genre, mes privilèges, et mes responsabilités sociales. Mais juste je me rends compte de la vacuité — en tout cas pour moi-même — à laquelle certains de ces privilèges me donnent, ou prétendent me donner, accès.)

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Lili-Lutine

le mardi 23 avril 2024 à 17h00

Alinea7
D'accord. Pourquoi ?

Si c'est s'autoriser, c'est très bien. Mais parfois j'ai l'impression qu'on arrive presque à l'injonction à tout remettre en question, à tout déconstruire. Et je ne sais pas très bien dans quel but.

Si j'avais utilisé le terme "s'autoriser" au lieu de "se donner la permission", auriez-vous perçu ma phrase différemment ?
Parfois, je suis maladroite dans mes propos, je voulais tout simplement partager mes réflexions, tout ce qui se passe dans ma tête
Pour moi, l'essentiel était d'inviter à la réflexion plutôt que de donner une directive
L'objectif de nos échanges dans cette conversation, à mon sens, est de discuter ouvertement des idées proposées par @artichaut, chacun·e étant libre de participer avec ses propres points de vue, ou non
Il s'agit pour moi d'une conversation ouverte où nous pouvons réfléchir ensemble, élaborer des idées et les confronter, n'est-ce pas ?

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artichaut

le mardi 23 avril 2024 à 17h06

Alinea7
Si c'est s'autoriser, c'est très bien. Mais parfois j'ai l'impression qu'on arrive presque à l'injonction à tout remettre en question, à tout déconstruire. Et je ne sais pas très bien dans quel but.

Bien sûr (et heureusement) qu'il n'y a pas à se forcer. C'est à mon sens judicieux d'avoir conscience de ce qui systémiquement nous traverse et nous construit, mais au delà de ça, chacun·e son chemin.

Par contre, j'aurais tendance à te renverser l'argument : je ne sais pas très bien dans quel but se contenter d'un monde si étriqué et qui fonctionne si mal.

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Alinea7

le mardi 23 avril 2024 à 17h16

Lili-Lutine
Si j'avais utilisé le terme "s'autoriser" au lieu de "se donner la permission", auriez-vous perçu ma phrase différemment ?
Parfois, je suis maladroite dans mes propos, je voulais tout simplement partager mes réflexions, tout ce qui se passe dans ma tête
Pour moi, l'essentiel était d'inviter à la réflexion plutôt que de donner une directive
L'objectif de nos échanges dans cette conversation, à mon sens, est de discuter ouvertement des idées proposées par @artichaut, chacun·e étant libre de participer avec ses propres points de vue, ou non
Il s'agit pour moi d'une conversation ouverte où nous pouvons réfléchir ensemble, élaborer des idées et les confronter, n'est-ce pas ?

Je ne l'ai pas perçue négativement, je suis même d'accord. Je me pose la question du niveau d'importance.
Je ressens fort cette importance de tout questionner autour de moi et je me demande si ça n'a pas un coût aussi.
Peut-être que c'est effectivement dans le sens où c'est important de se sentir libre de se créer un monde qui nous convient.

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Alinea7

le mardi 23 avril 2024 à 17h24

artichaut
Par contre, j'aurais tendance à te renverser l'argument : je ne sais pas très bien dans quel but se contenter d'un monde si étriqué et qui fonctionne si mal.

Je suis à fond pour modifier ce qui pose problème. J'imagine que c'est mon pragmatisme qui fait ça, je vais me porter sur les problèmes concrets, et peut-être pas assez les dynamiques sous jacentes.

Mais je me suis bien écartée du sujet, désolée !

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artichaut

le mardi 23 avril 2024 à 17h35

Alinea7
Mais je me suis bien écartée du sujet, désolée !

Y'a pas de mal. Je trouve tes interventions toujours pertinentes.
Car je dirais qu'elles viennent non pas stigmatiser, mais sans cesse (re)questionner.

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Topper

le mardi 23 avril 2024 à 18h33

artichaut
Alors comment apelle t-on une personne qui est attirée par des personne de son genre (quelque soit son sexe) ?

Réponse d'une IA : Les personnes attirées par le même genre, peu importe le sexe, sont appelées pansexuelles. Elles ne posent pas la question de l’objet de leur désir en fonction du genre ou de l’orientation sexuelle. Une personne pansexuelle peut développer une attirance sexuelle pour n’importe quel genre de personne, que ce soit un homme, une femme, ou une personne transgenre.

artichaut
Oui, c'est ainsi que je me suis vu fonctionner. Je suis hétéro-de-fait (comme j'ai été mono-de-fait).
Et je ne veux pas usurper une place qui n'est pas la mienne, donc j'ai tendance à me dire hétéro, vu que je n'ai partagé de la sexualité quasi qu'avec des femmes.

Je vois. Tu ne t'es jamais questionné sur ta sexualité, par exemple à l'adolescence ?

Ceci dit, je me suis jamais questionné sur ma sexualité mais ça a fait que j'ai pu explorer sans me contraindre.

artichaut
Honnêtement, je n'en sais rien. J'ai le sentiment que c'est ce qu'on m'a inculqué, ce que la culture m'a transmis en intraveineuse.

Mais ça t'oppresse ? Tu te sens enfermé dans un rôle ? Des attentes ?

artichaut
De même qu'il y a un système_monogame, il y a un système_hétéro, et donc a minima on est mono-construit et hétéro-construit, de fait et avant toute chose.

Oui, il y a clairement un conditionnement à être hétéro. D'où l'importance d'une représentativité d'autres formes de sexualités et amours dans les oeuvres culturelles.

artichaut
Surtout si je me dis que : si cette personne — avec les mêmes paramètres dont tu parle — était un homme, je ne serais alors pas attiré par lui !

Peut-être que serais-tu attiré amicalement, peut-être romantiquement, peut-être sexuellement...

artichaut
Serait-ce pour sa performativité de genre mieux appuyée (plus magnifiquement "femme") qu'une autre ?

Je pense que ça, cela dépend des personnes. Il y a une grande variété de manières d'être une femme ou un homme. Il y a des personnes qui vont aimer les hommes qui ont des caractéristiques spécifiques comme une stature massive, des muscles, de la barbe, sportif, etc. Il y a des personnes qui vont aimer les hommes fins, secs, qui dégage une sensibilité particulière. Pareil pour les femmes. Tu en as qui sont en jean et t-shirt, d'autres en jogging, d'autres en tailleur avec chemisier, d'autres en robe. Certaines vont se maquiller, d'autres pas. Certaines vont s'épiler, d'autres pas. Certaines vont avoir les cheveux longs, d'autres courts.

Si tu préfères une femme qui est très apprêtée, toujours maquillée et talons haut, alors oui, c'est pour son style. A toi de voir si c'est une manière performative de coller à ses stéréotypes de genre.

Ensuite, plus magnifiquement "femme", c'est subjectif. En ce qui me concerne, c'est pas le genre de femme qui va m'attirer et je ne vais pas trouver qu'elles fassent magnifiquement "femme". Et je peux comprendre que ce soit le cas d'autres personnes.

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artichaut

le mardi 23 avril 2024 à 23h58

Topper

artichaut
Alors comment apelle t-on une personne qui est attirée par des personne de son genre (quelque soit son sexe) ?

Réponse d'une IA : Les personnes attirées par le même genre, peu importe le sexe, sont appelées pansexuelles.

Pas logique. Si hétérosexuel concerne le sexe, pansexuel concerne aussi le sexe et non le genre.
Et réponse à côté de la plaque : la personne pansexuelle est attirée sexuellement par tous les genres.
Pour signifier être attiré par un seul genre, il faudrait plutôt : hétérogenre, homogenre ; et leur pendants : bigenre, pangenre. Mais déjà, c'est pas l'usage, et ça prêterais à confusion.

Topper Je vois. Tu ne t'es jamais questionné sur ta sexualité, par exemple à l'adolescence ?

Je ne sais plus. Mais je pense que non.

Topper
Mais ça t'oppresse ? Tu te sens enfermé dans un rôle ? Des attentes ?

J'ai surtout le sentiment d'une coquille vide. D'une étiquette qu'on m'a assigné, que j'ai docilement accepté (parce qu'on ne m'a rien proposé d'autre, et que je n'avais pas non plus en moi, un puissant élan contraire), mais qui non seulement ne m'apporte rien, et possiblement à participé à maintenir ma vision avec des oeillères pendant pas mal d'années.
Je sais pas, c'est comme… on m'a inculqué que j'étais français, soite y'a peut-être une part de vérité, mais en soi ça ne m'apporte rien, ça m'empêche possiblement de me sentir autre chose et d'aller vers d'autres horizons, et ça cautionne une vision politique et culturelle du monde (capitaliste, impérialiste, hégémonique, etc).
Ça restreint et limite considérablement mon champ de vision. Ça m'enferme dans un système clivant, dont on ne peut pas dire qu'il fasse des merveilles.

Des attentes ? Je dirais, explorer le monde, sans ces étiquettes clivantes et qui à y regarder de prêt, me semble aujourd'hui illogiques et fake.

Topper Peut-être que serais-tu attiré amicalement, peut-être romantiquement, peut-être sexuellement...

Oui, donc, on peut se passer de la case "hétéro".
Je peux être attiré, ou pas attiré.

Du reste ces 3 cases… amicalement, romantiquement, sexuellement… me semblent tellement limitantes… devant l'infini des possibles.

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Alabama

le jeudi 25 avril 2024 à 13h52

artichaut
Ça veut dire quoi être hétéro ??

Bonne question !
Je ne pourrai évidemment pas y répondre ne l'étant pas.
Mais il m'arrive souvent de me demander, comment font les "mono-sexuels" pour n'être attiré·e·s que par un seul genre ou un seul sexe. C'est très étrange pour moi, et je suppose que c'est très étrange pour la plupart des bi/pan. Accessoirement, je vois dans ce fil une définition différenciée de bi et pan, mais il me semble qu'il n'y pas vraiment de différence pour la majorité des bi. Je suis attirée par des gens, parfois des femmes, parfois des hommes, parfois des personnes trans ou non-binaires.
Le genre joue. Je retrouve chez les hommes qui m'attirent ce je ne sais quoi de "calme", qui m'apaise. Bien sûr sous l'apparence calme il y a souvent beaucoup d'émotions réprimées, mais ça marche quand même sur moi. Et chez les femmes qui m'attirent, de l'énergie, de la puissance, de la joie. Les femmes effacées ou timides ne m'attirent pas, alors que l'inverse chez les hommes peut me faire fondre. Chez les personnes non-binaires ou trans qui n'ont pas un passing parfait, j'avoue être attirée par le "trouble dans le genre", le fait que la frontière soit floue.
Je pense que mon attirance a toujours été fondée sur une recherche d'équilibre entre les pôles actif/passif, doux/fort, puissant/faible... et comme le genre influe beaucoup sur ces polarités, ça influe aussi sur mes attirances.

Je ne parle là évidemment que des éléments attirants liés au genre, pour essayer d'apporter de l'eau au moulin de cette discussion.

J'ai aussi eu une discussion avec une amie lesbienne sur la différence qu'il peut y avoir entre les attirances hétéro et les attirances lesbiennes. Par exemple j'ai longtemps eu un léger syndrome de l'impostrice en tant que bi car mon attirance pour les femmes est une attirance assez douce, tandis que mon attirance pour les hommes peut être assez intense. Et en discutant avec elle, je me suis rendu compte que ça n'avait rien à voir avec être une "mauvaise" bi, mais sûrement plus avec la socialisation genrée, le rapport au sexe différent des hommes et des femmes, car mon amie n'a jamais eu d'attirance "fulgurante" pour des femmes et pour autant elle est bel et bien lesbienne.

Je pense que notre manière d'être attiré·e est énormément influencée par la culture, par la construction de genre (la nôtre et celle des autres), ce qui rend la réponse à ta question assez ardue.

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Alabama

le jeudi 25 avril 2024 à 14h13

artichaut
Et ça veut dire quoi "sexuel" ou "amoureux" ?

Wow, vertigineuse question.
Je me demande souvent qu'est-ce que c'est "être amoureux·se". Franchement, l'existence des personnes asexuelles me fait complètement douter de ma propre définition. Car pour moi le sentiment amoureux est complètement corrélé à l'attirance sexuelle. Si je ressens de l'amour pour quelqu'un ET de l'attirance sexuelle, bah je suis amoureuse :D et donc je peux être amoureuse 1h, une nuit, 10 ans...

Je n'ai pas eu l'occasion de discuter avec une personne asexuelle amoureuse, j'adorerais avoir cette discussion pour comprendre, et peut-être que cela modifierait ma définition "d'être amoureux·se".

artichaut
Alors comment apelle t-on une personne qui est attirée par des personne de son genre (quelque soit son sexe) ?

A ma connaissance il n'y a pas de terme, ce qui prévaut c'est la manière dont se définissent les personnes, et il y a débat sur ces questions chez les personnes queer. Notamment pour les hommes trans se définissant comme lesbiens...

artichaut
Et je ne veux pas usurper une place qui n'est pas la mienne, donc j'ai tendance à me dire hétéro, vu que je n'ai partagé de la sexualité quasi qu'avec des femmes.

Attention à ça, car ce n'est pas la pratique qui définit une orientation sexuelle. On ne demande pas aux hétéros d'avoir de l'expérience sexuelle pour se définir comme hétéro. J'étais bi bien avant d'avoir une quelconque expérience lesbienne, et pour beaucoup de personnes non-hétéro, cette définition par l'expérience est un réel problème : ne pas se sentir légitime, douter de soi etc...

Message modifié par son auteur il y a un an.

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artichaut

le jeudi 25 avril 2024 à 14h36

Oui, c'est vertigineux.
Merci pour ta contrib.
Je vais prendre le temps de mettre mes idées au clair (car il y en a beaucoup), et je reviendrais poster.

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artichaut

le jeudi 25 avril 2024 à 16h47

Alors déjà ça, même si ça n'est pas le plus important de ce qui me vient :

Alabama
il m'arrive souvent de me demander, comment font les "mono-sexuels" pour n'être attiré·e·s que par un seul genre ou un seul sexe. C'est très étrange pour moi, et je suppose que c'est très étrange pour la plupart des bi/pan. Accessoirement, je vois dans ce fil une définition différenciée de bi et pan, mais il me semble qu'il n'y pas vraiment de différence pour la majorité des bi.
(…)
Je retrouve chez les hommes qui m'attirent ce je ne sais quoi de "calme", qui m'apaise. Bien sûr sous l'apparence calme il y a souvent beaucoup d'émotions réprimées, mais ça marche quand même sur moi. Et chez les femmes qui m'attirent, de l'énergie, de la puissance, de la joie. Les femmes effacées ou timides ne m'attirent pas, alors que l'inverse chez les hommes peut me faire fondre.

Tes attirances semblent donc d'une certaine manière assez genrées, mais comme en inversé de la norme. Les hommes plutôt effacés (qui colle peu au modèle viril) et les femmes plutôt puissante (qui colle peu à l'injonction de réserve faite aux femmes).
Mais du coup il y a tout de même une sorte de séparation des genres, qui fait que ça m'étonne que ça soit étrange pour toi de pouvoir n'être attiré que par l'un ou par l'autre (dans un sens plus classique, comme dans un sens inversé)… il suffirait par exemple, d'être comme toi, mais de n'être attiré que par les caractères clames ou au contraire puissant, non ?

Alabama
Accessoirement, je vois dans ce fil une définition différenciée de bi et pan, mais il me semble qu'il n'y pas vraiment de différence pour la majorité des bi.

Suis pas le mieux placé pour répondre, mais pour moi s'il y a deux mots, c'est qu'il y a forcément deux sens, ou a minima, des nuances (d'époque, de niveau de langage, de milieux, etc).
De ce que je comprends (de ce que me disent les personnes concernées) :
- les pan sont plutôt dans une logique de supression du genre (et trouvent pour certain·e·s, que se définir "bi" c'est trop binaire, tu aime les "hommes" + les "femmes", mais quid des personnes intermédiaires ? Pan serait alors plus inclusif envers les personnes trans ou non binaire)
- les bi sont plutôt dans une logique systémique, disent aimer les hommes + les femmes + les autres, trouvent qu'on ne peut abolir le genre puisque c'est un fait social, et que se définir pan, c'est prendre le risque d'invisibiliser les catégories sytémiques, justement, donc les oppresions.
J'ai donc le sentiment que dans les faits c'est pareil, mais que le choix sémantique conotte souvent des divergences politiques sur comment en finir avec le genre.

De la même façon que trans ou non-binaire peut conotter, via la sémantique, des divergences politiques.

Et de la même façon qu'aujoud'hui je ne me ressent plus du tout hétéro, mais pour autant, en tout cas pour l'instant, je ne vais pas arrêter de me dire hétéro, car je ne veux fuir ni mon genre assigné, ni mon orientation assignée, et prétendre ne pas bénéficier des privilèges qui sont les miens.

Pour l'instant je dirais qu'intérieurement je ne me sens ni hétéro, ni cis, mais que socialement je suis et l'un et l'autre.

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