Oui, aux relations non-exclusives. Non, au polyamour. Pourquoi ? Comment ?
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artichaut
le jeudi 10 août 2023 à 23h42
J'aimerais me sentir moins seul, discuter avec des personnes partageant un peu mes réflexions du moment, alors je lance ce fil de discussion.
Vous non plus, le "polyamour" ne vous convient plus. Mais vous n'êtes pas prêt·e·s pour autant à revenir à la monogamie. Je serais ravi d'échanger avec vous.
Pourquoi ni le "polyamour", ni la monogamie ne vous conviennent aujourd'hui ?
Comment faites-vous ? Comment vivez-vous vos relations ?
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Notes :
- Si vous vivez ou voulez vivre le polyamour, il y a mille autres fils sur ce forum pour en parler, merci de ne pas encombrer inutilement ce fil.
- Si vous vivez ou voulez vivre la monogamie, il y a mille autres sites où en parler (y compris sur ce site d'ailleurs), merci de respecter le sujet proposé sur ce fil.
- Merci également d'éviter les poncifs sur l'anarchie relationnelle. Non, ce n'est pas spécialement de ça dont je veux parler. J'aimerais pour une fois élargir un peu le débat, et le sortir des cases habituelles.
- Je ne prends pas la peine de définir "polyamour" ou "monogamie", car peut m'importe la définition que vous en avez. Ce qui m'intéresse c'est que vous vouliez vivre autre chose. Et surtout comment vous le vivez.
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Lili-Lutine
le vendredi 11 août 2023 à 01h01
Je tiens à t'exprimer @artichaut ma gratitude pour avoir initié cette discussion qui m'inspire profondément !
Au fil des réponses et des échanges entre nous toustes, je suis convaincue que je parviendrai à mieux articuler mes pensées et à me faire comprendre plus clairement
À l'instar de toi, je suis arrivée à un point où le terme "polyamour" ne me correspond plus
Cependant, cela ne signifie pas que j'ai adopté une approche monogame en rejetant cette étiquette
Depuis longtemps, la monogamie ne résonne pas avec qui je suis profondément, engendrant une dissonance qui m'a toujours empêchée d'éprouver un réel confort dans ce modèle relationnel
J'ai choisi d'utiliser le terme de "non-monogamies" (au pluriel) plutôt que celui de "non-exclusivité"
À mes yeux, "non-monogamies" évoque une ouverture à de multiples possibilités et une tolérance envers différentes manières de vivre et de penser
Il engendre en moi une plus grande liberté d'expression et une meilleure compréhension des choix de vie des autres
De plus, ce terme a une connotation politique pour moi, symbolisant mon soutien à une approche relationnelle diversifiée
Pour qualifier ma propre façon d'aborder les relations, j'utilise le terme "non-monogamies responsables"
En ce moment, le terme "non-monogamies éthiques" ne me satisfait pas, car il est parfois utilisé de manière égocentrique, dévoyant ainsi son sens authentique
La seule fois où j'ai tenté de m'insérer dans le cadre monogame a été après le décès de ma partenaire de l'époque
Même dans cette circonstance, je n'ai pu m'engager pleinement dans ce modèle
Mes motivations étaient alors principalement axées sur la reconstruction de moi-même suite à cette perte et sur le désir d'offrir à mes enfants une vie moins chaotique
Cependant, cette expérience de monogamie par défaut n'a pas été suffisante pour répondre à mes aspirations
À leurs yeux aujourd'hui (maintenant adultes), cette vie a semblé soudainement ennuyeuse, et mes enfants me préfèrent comme mère et femme lorsque je suis dans un mode de vie moins conventionnelle
J'éprouve des difficultés à définir précisément ce que je vis et à l'exprimer de manière limpide
Ce qui me chagrine réside dans la sensation de jugement face à mes choix de vie
C'est particulièrement à cet égard que le terme "polyamour" me pose problème
Si nous ne respectons pas toutes les normes et les conduites considérées comme "correctes" dans le cadre polyamoureux, nous risquons d'être perçu·e·s comme divergent·e·s par rapport à la norme imposée
Pourtant, je n'ai aucune intention de m'abandonner au hasard et d'adopter une attitude réceptive à toutes les expériences et personnes qui croisent ma route en un instant
Je reconnais mes propres défis à relever, les aspects en moi qui demandent encore à être explorés et travaillés
Parfois, je ressens le besoin de prendre du recul, d'être écoutée, comprise et soutenue par mes proches
Je peux par moments me sentir vulnérable dans des relations intimes avec certaines personnes, mais cela ne m'empêche pas de poursuivre ce qui résonne avec mon être profond
Heureusement, la majorité de mes relations respectent mes rythmes et besoins
Iels ne m'imposent pas de pression lorsque je suis en proie au doute ou en situation de vulnérabilité
Le besoin de partager des détails intimes avec mes proches se fait rare
J'apprécie mes espaces privés, ces moments où je m'aventure en dehors des sentiers battus, bravant ainsi les normes et croyances établies
Parfois, j'ajoute une touche de malice en perturbant délibérément les systèmes établis qui tentent de restreindre nos vies
J'attache une grande importance à aimer et à être aimée, que ce soit d'une manière amoureuse, familiale, amicale ou même en naviguant entre ces dimensions
Dans mon approche, l'aspect sexuel ou non de mes relations importe peu
Je n'arrive pas à saisir comment la simple présence de la sexualité pourrait reconfigurer entièrement une relation en une catégorie distincte !
Actuellement, il m'est difficile de fournir plus de détails sans entrer dans des explications complexes
La fatigue ce soir m'envahit, et demain sera un jour nouveau où mes pensées et mes désirs pourraient suivre un autre chemin que celui d'aujourd'hui
Ai-je réussi à respecter tes indications dans ce partage ? Si tu souhaites poser des questions supplémentaires, @artichaut, je pourrais envisager d'y répondre ultérieurement 🙂
Message modifié par son auteur il y a 2 ans.
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coeurpourpre
le vendredi 11 août 2023 à 01h17
justement la première réflexion qui me viendrait à ce sujet c'est le désir de ne pas vivre dans une "case" ou une prédéfinition
de ne pas forcément suivre une mode ou recette de cuisine avec ses règles : de faire autant que possible sa propre recette et l'adapter/améliorer en adéquation avec "les/l'autre" serait ce hors des sentiers battus et de ce qui est en vogue (sans même chercher à être hors sentiers ou mode en fait), juste vivre comme on l'entend tant qu'on ne fait de tort à personne (tort pas dans un sens moral à l'ancienne, de la propriété physique par exemple, mais plutôt dans l'idée d'une intention ouverte de nuire/non accidentelle)
En gros de ne pas étiqueter ce que les uns et les autres vivraient ou se faire obligatoirement étiqueter soi même ; d'être transparent idéalement dans sa façon d'être par exemple, mais sûrement pas d'avoir le devoir de l'être et de rendre des comptes constamment à tous.
et je ne parle pas d'anarchie relationnelle ici mais plutôt de banalisation de ce qui pourrait paraitre "hors normes" à tout le monde (qu'elle soit mono, poly ou que sais je cette "norme") : accepter la différence, toutes les différences et tout ce qui peut rassembler sans même y réfléchir - ce que je nomme le "droit à l'indifférence"
sinon le soucis principal serait d'être reconnu pour ce que l'on est (sans parler du fait que l'on est autre à chaque minute dans sa propre involution) et pas pour ce à quoi ou à qui on devrait ressembler : défendre son unicité et la/sa diversité (ne pas se faire figer dans les représentations de tout un chacun seraient ce vos proches quels qu'ils soient)
et virer la politique et la religion de nos lits et vies/relations amoureuses avant tout
le sujet risque vite de tourner court par contre ; "l'humanité" ayant besoin de se rassurer et "d'identifier"/nommer
- bref on est encore très très loin d'une conscience collective immédiate (dénuée de jugement) et d'une forme de télépathie partagée :-) (et est ce seulement souhaitable, un peu une tyrannie de la vérité comme dans tous les bons vieux bouquins de SF) - et là j'invoque le "droit à l'imperfection"
edit : merci pour le sujet et @Lili-Lutine pour qui et ce qu'elle est ici et là :-)
Message modifié par son auteur il y a 2 ans.
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windfield
le dimanche 13 août 2023 à 17h46
Ah... Les cases et les définitions...
A titre personnel je trouve l'existence de cadres, de référentiels, intéressante pour structurer nos sociétés. Par contre, lorsque qu'un cadre devient limitant pour les personnes concernées, il est important d'être à même de le questionner.
J'utilise le mot de polyamour depuis quelques années car il me semble regrouper autour de lui des valeurs et des personnes que je trouve intéressantes.
A côté de ça j'aime parler de relations intimes non-exclusives, d'amours plurielles, de relations en conscience, ou dire que nous sommes un couple libre.
Finalement, peut m'importe le terme, tant que nous réussissons à nous entendre lors de la discussion sur ce que type de relation implique :
- dialogue
- attention à l'autre, aux autres
- sincérité des besoins exprimés
Et bien entendu, consentement éclairé des partenaires
Une fois ceci posé, cela ne dit pas comment parler d'une telle relation autour de nous.
Cela ne dit rien de l'impact sur l'organisation de la société.
Et je me dis que c'est peut-être là qu'il existe qq fois des frictions : l'individu n'a pas besoin d'étiquette pour lui même. Ce besoin nait lorsque ce fait le besoin d'interagir avec un modèle sociétal existant.
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Alabama
le lundi 14 août 2023 à 09h24
Merci pour ce fil de discussion, qui m’encourageait à continuer à faire un tour sur le forum de temps en temps même si la plupart des sujets ne m’intéressent pas. Je me pose souvent des questions sur les relations, mais ça n’a souvent pas grand lien avec le polyamour donc je m’abstiens de poster ici.
Ton questionnement résonne chez moi, et d’ailleurs on en a déjà parlé ensemble. Mais ces derniers temps particulièrement je me suis demandé si finalement je ne voulais pas une relation amoureuse monogame, et assez rapidement je me suis rendu compte que non, que ça me fait me sentir à l’étroit, alors même que je ressens aussi l’envie de diminuer le nombre de complications dans ma relation amoureuse existante. Je navigue dans ces questions, sans toujours bien savoir où me situer.
artichaut
Pourquoi ni le "polyamour", ni la monogamie ne vous conviennent aujourd'hui ?
Le polyamour en tant que terme, je l’utilise, par souci de simplicité, et d’utiliser un mot que beaucoup de gens connaissent aujourd’hui. Pourtant, je ne m’y reconnais pas du tout dans son usage. Je vois sur les applis de rencontres pas mal d’hommes qui utilisent ce terme pour rechercher des relations sexuelles, sans engagement émotionnel. Je ne sais pas si c’est la même chose du côté des femmes hetero car je n’ai pas accès à leurs profils. Je ne suis pas toujours sûre d’ailleurs que ce soit vraiment consensuel avec leur partenaire « attitrée » et cela me met mal à l’aise.
Ensuite, il y a ce que je vois sur ce forum, et j’ai le sentiment que majoritairement le polyamour est une ouverture d’un couple monogame bien établi, avec vie commune, à d’autres histoire sexo affectives, qui seront de fait la plupart du temps moins investies.
Je ne me retrouve pas dans ces pratiques et de ce fait j’ai le sentiment d’un gros malentendu quand je dis que je suis polyamoureuse, quel que soit le bout par lequel on le prend.
Aussi je fatigue de voir la désinvolture globale autour du polyamour, où les personnes se disent chouette je vais vivre plein d’histoires trop cool, et trouvent fastidieux et Chiant d’avoir les discussions qui vont avec, et pensent naïvement que la jalousie ne les concerne pas ou que ce sera facile à gérer.
Je fatigue que le polyamour, les relations non exclusives de manière générale soient un refuge pour des gens que l’engagement effraie (consciemment ou inconsciemment). J’entends par engagement dans ce contexte, être prêt·e à entendre les besoins de l’autre et chercher des manières d’y répondre qui soient ok pour tout le monde.
Comment faites-vous ? Comment vivez-vous vos relations ?
Je navigue… et ces derniers jours, je regarde ce qui existe dans ma vie.
J’ai une amie très proche, avec qui nous considérons que notre relation est un couple platonique : nous avons vécu pas mal de phases dans notre relation qui s’apparentent au couple classique. Fusion, soutien inconditionnel, différenciation, redéfinition de la relation, engagement, vie commune, etc… pas forcément dans l’ordre. Ce qui est sûr c’est qu’un amour profond nous relie, que ce lien est intense et dure depuis plus de 10 ans, et que je le veuille ou non, c’est un lien un peu à part dans ma vie, c’est une personne que j’aime « envers et contre tout ». A la fois cela ressemble à l’amour Disney, et à la fois ps du tout et ça explose tous les cadres. Nous n’avons jamais eu de sexualité ensemble, nous avons habité ensemble puis plus, aujourd’hui elle habite assez loin. Nous projetons sur un avenir long, mais un peu dans la vague. Bref. Cette relation d’amour ne rentre dans aucune case, le terme amitié pourrait convenir dans un monde où cela n’est pas un sous produit de l’amour. Mais j’ai tellement pas la même définition de ce qu’est un·e ami·e que la plupart des gens que mettre cette simple étiquette me semble réducteur.
Par ailleurs, j’ai d’autres ami·e·s et ce sont des relations centrales dans ma vie. Ces relations durent souvent plus longtemps que mes relations amoureuses. Certains remettent en question la notion de durée comme étant importante. J’aimerais avoir cette largesse d’esprit mais dans mes schémas mentaux, la longévité reste un critère pour moi de profondeur du lien: plus une relation intense est longue, plus nous avons dû surmonter des difficultés, des conflits, et donc cela me semble être gage d’une relation qui se bonifie, qui fait grandir et qui s’approfondit. C’est en tous cas mon expérience.
Dans le terme polyamour la plupart des gens n’incluent pas les amis, et c’est juste pas possible pour moi.
Ensuite, je vis des relations amoureuses sur le mode assez intense la plupart du temps, et en cela, on pourrait dire que j’ai des réflexes monogames. Pour autant, même en ayant un seul amoureux, je ne me considère absolument pas comme monogame, à cause des autres relations précédemment citées.
Dans la monogamie et aussi dans le polyamour les relations sexo-affectives sont hiérarchiquement au dessus des relations dites amicales et je ne m’y reconnais pas.
Je fais encore une distinction entre relation amoureuse et relation amicale (bien que ce ne soit pas très clair pour la relation dont j’ai parlé en premier), parce que je réagis différemment selon que je me sens amoureuse ou non. Dans le sentiment amoureux il y a une dimension d’insécurité affective me concernant, qui est très atténuée (et non pas inexistante) quand ce sentiment n’est pas en jeu. J’ai beaucoup plus besoin d’être rassurée , de trouver des accords, je ressens plus fort la jalousie etc… et je suis plus susceptible.
A la fois je trouve ça pénible et à la fois je trouve que c’est source d’apprentissage et de compréhension de soi, et aussi de grands bonheurs, et bien que ce soit proche de l’addiction, j’admets beaucoup apprécier les moments de fusion que je peux vivre dans ces relations là. Notamment physique.
Donc je ne me reconnais pas dans le polyamour si je m’en fous pas mal d’avoir plusieurs amoureux·ses. Je ne me reconnais pas dans la monogamie si pour moi un·e amoureux·ses n’est pas prioritaire sur les ami·e·s. Et non plus dans anarchie relationnelle parce que déjà le terme est trop compliqué, et que j’y entends aussi une forme de je m’en foutisme relationnel, une naïveté dans le fait de dire que finalement c’est si simple de construire des relations hors des clous sociétaux.
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Peace-Shark
le mardi 15 août 2023 à 10h19
Artichaut, si mon poste est vraiment à côté de la plaque, tu peux m'envoyer un mp pour que je le supprime.
Pour poser juste la resultat d'un constat personnel (oui je commence par la fin): le Polyamour regroupe presque autant de règles et de difficultés que les relations monogames.
Le but est de s'écouter, il est quasi impossible que ses propres besoins correspondent à 100% à ceux de l' autre personne, et même si c'était le cas, il faudrait que ce soit au même moment et sur la même durée. Oui les besoins évoluent.
Je pars donc du principe que la relation que l'on tisse avec une personne va satisfaire une partie de ses besoins et une partie des siens... Et que l'autre partie fera l'objet de concession.
Donc relationner en toute liberté, c'est faire ce que l'on veut avec qui on veut sans rendre de compte à personne tant que le consentement est valide.
A mon sens, les relations libres :
- Mettent au premier plan ses besoins (comblés en parti via le consentement)
- bénéficient uniquement aux "forts"/"dominants" de la séduction, ou du moins à ceux qui peuvent atteindre les individus voulus
- rendent la notion de couple obsolète (dans la durée)
Etc...
Bref, tout ça pour dire que le terme Polyamour est utilisé (toujours selon ma perception), pour communiquer mais ne correspond tellement pas aux pratiques des gens.
Message modifié par son auteur il y a 2 ans.
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Ayna
le dimanche 27 août 2023 à 12h11
Coucou Artichaut
Je ne suis clairement pas dans une situation polyamoureuse et clairement pas dans une situation monogame.
Et je le vis bien.
Je ne suis aucune règle de la morale judéo-chrétienne ni de la morale « poly ».
J’ai trois relations actuellement, qui viennent nourrir des parts différentes de moi.
J’essaie d’abord d’être complètement transparente, dans une communication très claire et très ouverte sur ce que chacun attend et souhaite de la relation et comment on peut la vivre en respectant au mieux les besoins de chacun.
Si je vois que l’autre a de grosses blessures générant des peurs qui vont entraver la simplicité et la fluidité de la relation, je propose de travailler ensemble ou seul dessus (j’ai eu plusieurs expériences à ce sujet mais je ne veux pas charger ce post).
Je pars donc d’un idéal, vers lequel je tends au maximum mais pendant un temps que je me fixe à l’avance et qui est ok pour moi.
Il se trouve que l’idéal n’est jamais atteint, et que je suis clairement plus sereine avec mes propres blessures que la plupart des gens que je rencontre.
Il se trouve que j’estime avoir le droit de nourrir mes différentes parts quand même, sans être obligée à chaque fois de
1) vivre une rupture entraînant tout un tas de conséquences émotionnelles et matérielles qui vont me prendre un certain temps.
2) ou me perdre dans des discussions sans fin qui mangent mon énergie, celle de l’autre et qui finissent de toute façon par rendre la relation inconfortable alors qu’on s’aime et que c’est trop bien ce qu’on partage ensemble quand on n’est pas plongés dans ses peurs.
Donc voilà. Je ne me mets pas la pression avec l’honnêteté à tout prix. L’offrir à l’autre c’est une chose, mais qu’il soit capable de la recevoir en est une autre.
Et je ne peux forcer personne à aller investiguer dans ses blessures profondes, je ne sais que trop bien le chemin éprouvant que cela demande.
Aujourd’hui mes trois relations ne sont pas du tout gérées de la même manière.
J’ai formé couple avec qqn qui n’a pas du tout bossé sur lui mais qui a vraiment bien bossé dans la matière (on peut pas tout faire). Il répond à un besoin de sécurité matérielle et de soutien affectif dont j’ai clairement besoin. Je veille à consacrer 80% de mon temps à cette relation. C’est beaucoup, mais dès que je passe en dessous je sens que la relation s’abîme.
J’ai une autre relation connue de la première personne mais très difficile à accepter pour lui donc que je n’ai pas développé autant que j’aurais voulu mais qui est forte et durable. C’est accepté de sa part et je suis un soutien fort pour lui dans plein de choses qu’il traverse. Lui nourrit ma part imaginaire et créative, que le premier ne nourrit pas du tout.
Et enfin ma troisième relation est récente et nourrit mon masculin mature, avec lui pour le moment c’est très très très transparent et tout est dit et discuté avec une profonde bienveillance et sans que cela réveille des peurs ou des blessures (peut-être parce que c’est le début) mais pour moi c’est hyper rassurant de voir que c’est possible d’être avec qqn qui ne déverse pas ses émotions sur moi et les gère en son nom propre. Ça me donne confiance et foi en l’humanité. J’ai besoin de vivre ça qq part.
Les relations 1 et 2 sont connues des deux personnes et les relations 2 et 3 aussi. Cela me permet d’avoir toujours deux personnes sur 3 capables de se mettre en retrait ou de travailler son acceptation lorsque je suis en présence de plus d’un des trois. Je n’ai pas fait ça par calcul, c’est la maturité des uns et des autres qui a permis cet « équilibre » et je suis bien consciente que ça peut changer du jour au lendemain si qqn se sent trahi.
Je fais au mieux, de manière à respecter au maximum l’autre sans que cela entache trop le respect de moi-même. Et je verbalise régulièrement mes besoins pour que tout le monde les ai au moins entendus.
Voilà. C’est mon témoignage. Je suis heureuse comme ça en ce moment. Ma deuxième relation est impactée par la troisième naissante donc nous sommes en train d’en discuter pour voir comment faire évoluer la nôtre de manière à ce qu’il n’en souffre plus. Ce n’est pas souffrant pour moi. Je reçois l’information et je suis à l’écoute pour rassurer et trouver des solutions. Ce sera probablement un glissement vers une amitié moins intime.
Bon courage à tous!!! Expérimenter n’est pas avoir raison, expérimenter permet de tendre vers des relations de plus en plus saines et sereines, mais selon moi il faut avant tout préserver sa joie de vivre. Je me sens plus « bénéfique » pour tout le monde quand je suis joyeuse et heureuse ! Donc j’en fais une priorité, même si ça passe par un fonctionnement pas forcément très moral. Qui définit ce qui est moral ou pas? Qui connaît les conséquences de tel ou tel choix?
Message modifié par son auteur il y a 2 ans.
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Tuya
le mardi 16 janvier 2024 à 14h59
Salut @artichaut !
Pour ma part, arrêt du polyamour mais aussi et surtout de l'état amoureux donc exit aussi la monogamie.
Les raisons m'appartiennent mais ça n'a pas été tous les jours roses. À 39 ans, je ne veux plus souffrir.
Concrètement, j'ai des amis avec qui on couche ensemble. Si l'un d'entre-nous commence à ressentir quelque chose, on s'arrête et on ne se voit plus pendant quelques mois.
Tout le monde est au courant dans mon cercle d'amis de mes désirs et si je rencontre une nouvelle personne, je suis très claire immédiatement, avant même qu'il se passe quoi que ce soit.
Je teste même la personne en draguant ouvertement quelqu'un d'autre sous les yeux, comme ça tout est bien clair.
Après, je me sens souvent seule, les garçons me voient presque toujours pour ça et mes amies ne comprennent pas toujours. J'ai souvent des passages à vide où j'ai besoin de solitude pour deséponger.
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invité (invité)
le mardi 16 janvier 2024 à 15h16
sinon y a le terme et l'état de célibat, qui permet tout, toutes relations en particulier ;)
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Tuya
le mardi 16 janvier 2024 à 17h13
Dans la notion de célibataire, il est couramment entendue que l'on est à la recherche de quelqu'un, ce qui n'est pas le cas et je ne me reconnais pas dans ce cadre qui est d'ailleurs faux : j'ai des relations.
Je me définie comme polyaffective : je prends mon temps avant de connaître la personne qu'un vrai lien se crée et nous sommes amis avant que quelque ne se passe.
C'est vraiment important pour moi.
Ces amis, je les apprécie sans vouloir la dose liée à l'état amoureux et je rejette toute projection.
C'est pour cette raison que je ne me définie plus comme poly même si cela peut y ressembler.
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invité (invité)
le mercredi 17 janvier 2024 à 00h26
Je ne vois pas le terme célibat comme devant changer ou avec quoi que ce soit de particulier au niveau des relations, mais juste comme quelqu'un de non engagé dans une relation, pourquoi le célibat devrait rimer avec "chercher quelqu'un" ? Et pourquoi seul ? Non, c'est juste le fait de ne pas être engagé avec une personne en particulier sur le plan affectif et sexuel.....
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artichaut
le mercredi 17 janvier 2024 à 09h20
Célibat
Du latin caelebs, littéralement « qui vit seul ».
État d’une personne qui n’est pas mariée.
d'après le Dictionnaire de l’Académie française et « le Gaffiot ».
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Le Larousse précise :
État de quelqu'un en âge de se marier et qui n'est pas marié.
*
et Wikipédia :
Le célibat est l'état légal d'une personne qui est en âge de vivre en couple ou d’être mariée, mais qui n'a pas de conjoint dans sa vie sentimentale ou sexuelle. On ne qualifie cependant pas en général de célibataires les veufs et veuves.
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Tuya
le mercredi 17 janvier 2024 à 09h58
Trésor de la langue française, célibataire :
" Qui vit dans le célibat, pour un temps ou pour toujours. "
"Solitaire ou privé d'affection."
"Celui, celle qui vit dans le célibat, par vocation ou par nécessité."
célibat :
"État de vie d'une personne qui n'est pas encore mariée, ou qui ne se marie pas." (on peut supprimer le terme marié de nos jours à mon avis).
"P. ext. Vie sans conjoint, vie de continence conjugale."
"Isolement affectif."
La notion de privation est présente.
Et dans le langage courant, "je suis célibataire" équivaut bien souvent à "tout est possible".
Je ne suis pas privée d'affection ni de "continence conjugale". J'ai des amants suivis pour une période temporaire et l'un remplace l'autre quand le moment est venu, seulement j'ai des périodes creuses par replis sur moi ou parce qu'il n'y a plus personnes pendant un temps.
Ce n'est pas une vie de célibataire que je ressens (je n'"enchaîne" pas d'ailleurs les relations) et je ne me définis pas en ce terme.
@artichaut tu n'as pas soulevé le terme célibataire également. Te sens-tu aussi en décalage par rapport à ce terme ?
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invité (invité)
le mercredi 17 janvier 2024 à 17h30
on est bien d'accord sur la définition, "qui n'a pas de conjoint", (et non de conjoints) dans l'inconscient collectif c'est aussi quelqu'un qui "papillonne", qui profite de sa liberté, éventuellement, en tout cas qui a toute liberté de le faire...
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Tuya
le jeudi 18 janvier 2024 à 17h41
Un papillon ça papillonne beaucoup mais ça meurt vite aussi ;) et la liberté, je ne l'ai jamais ressentie durant le célibat, bien au contraire. Je devais combler un vide en permanence. Bien plus esclave que libre finalement.
J'aime bien ma définition de polyaffective avec des règles pour limiter les élans intenses qui est ma problématique personnelle. C'est à la jonction entre libertine, célibat et polyamoureuse avec une coloration plus nette vers le polyamour pour l'éthique, le temps mis à découvrir les futurs partenaires et la compersion.
Même si cette dernière est facilitée par mon détachement.
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artichaut
le dimanche 21 janvier 2024 à 20h55
Merci pour vos réponses et témoignages.
Pour ma part, depuis quelque temps, j'oscille entre 2 ressentis :
1. Celui de me dire que je suis vraiment dans une frange ultra réduite de personne qui ne se reconnaît ni dans la monogamie, ni dans le polyamour (ni l'anarchie relationnelle, ni le célibat, etc). Je m'y sens un peu seul dans cette frange, globalement assez peu compris, et de surcroît, j'en ai un peu marre de me définir en négatif ("non-exclusivité", "non-monogamies"…)
2. Celui de me dire que — si on n'y regarde pas de trop près — ce que je vis est d'une banalité folle, et me semble proche de ce qui se vit en monogamie (si on fait abstraction des mécaniques de possessivité et d'appropriation de l'autre). Et je me sens parfois plus proche de monsieur-et-madame-tout-le-monde, que de personnes pratiquant le polyamour.
*
En quelque sorte, je serais tenté de dire que je vis la monogamie moins la monogamie.
Je vis comme les personnes vivant en monogamie, sauf que je ne pratique pas un certain type de relation, à savoir la relation de couple-sexo-affective-exclusive. Mais à part ça, pour le reste, j'ai le sentiment d'avoir le même genre de relations. Et si je fais abstraction de ces "relations de couple" (qui prennent tant de place dans la vie des gens, tel l'arbre qui cache la forêt) je me sens très proche d'elles et eux.
Le polyamour, pour une bonne part, me semble une extension du domaine de la monogamie. Et me semble multiplier la monogamie, donc en un sens, je m'y retrouve encore moins. Même si certaines formes de non-possessivité (au moins déclaratives), ont pu me faire — un temps — penser que je me reconnaissais dans la communauté poly.
*
Du coup, pour répondre à ma propre question sur le comment, je pêche moi-même un peu, tant j'ai l'impression de fonctionner un peu comme "tout le monde". Mais en étant, juste, un peu à côté.
Je vais tenter une métaphore pour expliquer.
Mettons qu'on soit dans un monde où il y a plein de moyens de communiquer, mais qu'une méthode en particulier (disons le téléphone) à fait l'objet d'un tel forcing de la part du capitalisme et de l'industrie culturelle, qu'on a le sentiment, qu'il n'existe quasiment plus que ça, et que en tout cas — pour le moins — c'est une méthode de communication supérieure aux autres, donc in-dis-pen-sable. Qu'avoir un téléphone est un but dans la vie, et qu'on voit difficilement comment on pourrait faire sans.
Au point même que certaines personnes se sentant enfermées dans cette injonction a avoir un téléphone, se sont mis à en avoir plusieurs (et dans le meilleur des cas à accepter que leurs relations aient aussi plusieurs téléphones). Et voir ça comme une révolution.
Bon et bien, moi, j'ai l'impression de communiquer comme tout le monde, quand ils/elles n'utilisent pas leur téléphone.
Je me sens à la fois totalement en marge, totalement décalé, et en même temps très très proche de tout le monde. J'utilise juste des méthodes de communication que d'autres utilisent moins.
Bon je vois bien que la métaphore, donne une image de moi hippie, arriéré, ou naïf, mais on peut remplacer téléphone par autre chose, ça fonctionne pareil.
Disons, allez :
- Lunettes : tout le monde veut une paire, même certains en veulent plusieurs. Moi j'utilise le monocle, la longue-vue, les jumelles, mais je n’ai pas de lunettes.
- Enfant : tout le monde veut un enfant à soi, c'est la panacée ultime, même certains en veulent plusieurs. Moi je vis bien sans, j'ai déjà les enfants des autres.
Etc.
Bref vous voyez l'idée, je pense.
*
En fait, je trouve ça absurde de dire que je vis des "relations non-exclusives", alors que tout le monde vit des relations non exclusives. C'est juste que tout le monde me semble bigleux de ne pas voir ça, sous prétexte que leurs oeillères les empêchent de voir ou considérer toute autre forme de relation que celle monolithique prônée par le monde capitaliste d'aujourd'hui.
*
J'en vois venir certains qui vont me dire : ah t'es aromantique, ou asexuel, ou célib', ou etc.
Et bien non, pas forcément. Juste je ne prends pas l'arbre pour la forêt.
Peut-être à des moments de ma vie c'est ok pour moi d'avoir un petit platane (voire même en mode bonsaï), qui ressemble au PLATANE monogame, telle qu'il nous est vendu par le monde affectif capitaliste (et démultipliée par le monde poly, qui cherche à avoir plusieurs PLATANES).
Mais je vais quand même pas m'empêcher de considérer toutes les autres plantes ou arbres que j'ai dans ma vie (au même titre que tout le monde en à dans sa vie !) de leur donner du soin, et me réjouir qu'elle soient dans ma vie.
J'aime bien les platanes, j'en ai aussi dans mon jardin, mais j'en ai un peu marre qu'on ne me parle que de ça.
Au secours ! Réinventons la biodiversité relationnelle.