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Discussion : Relations amoureuses et comparaisons

artichaut
le dimanche 30 mars 2025 à 11h50
Déjà il y a t-il une différence entre comparer et le sentiment d'être comparé ? Est-ce qu'on se compare, car on a le sentiment d'être comparé ?
Ensuite j'aime bien la métaphore (pas si caricaturale) de l'épreuve sportive : tant qu'on vivra les relations comme des compétitions, la comparaison, les podiums, les trophées seront de rigueur.
Enfin je trouve que tu décris bien ce que tu appelle Institution (le poids de la Norme) avec ses règles, ses scripts, ses injonctions, ses mécanismes.
Pour autant il y a toujours un Je, un Moi, au prise avec cette institution, qui peut choisir (d'essayer) de vivre autrement.
Puisqu'on est dans des dynamiques relationnelles, certes ça ne dépend pas que de nous, et lorsqu'on est en dynamique non-exclusive, le danger, vient même des tiers (lorsque ceux-ci sont capables de retourner la personne avec qui nous étions en relation, que nous pensions sincérement non-monogame, et qui d'un coup se fait mettre le grapin dessus, le grapin de la norme, et de ses promesses).
Discussion : Filmographie thématique : Films sur l'amitié

artichaut
le dimanche 30 mars 2025 à 04h54
Allez, j'ajoute ici des films (non cités ci-dessus) quand j'en rencontre :
Voleuses de Mélanie Laurent, 2023
-> un duo puis trio féminin, et une amitié à toute épreuve
Discussion : J'ai juste besoin de partager ce moment compliqué

artichaut
le samedi 29 mars 2025 à 10h30
Et pour revenir à ta situation @Alastor je dirais qu'elle est
- à la fois parfaitement acceptable, et même désirable (par amour) ;
- à la fois parfaitement innaceptable, en tant que ré-intrusion de la Norme par une porte dérobée.
D'où peut-être ta confusion face à des ressentis contradictoires.
Avec cette complexité supplémentaire que ce qui fonde la non-monogamie à savoir la compersion, l'accueil quasi inconditionnel des metamours, en tant que vecteur de bonheur de nos amours, cet accueil même qui créée de la rassurance relationnelle, puisqu'on aime et est aimé·e pour nous-même, et qu'une relation nouvelle n'est pas un danger
Ce qui fonde la non-monogamie, cette compersion donc, est justement ce qui est mis à mal, lorsque qu'un·e mono-extrémiste débarque dans un schéma non-mono. Et ce qui était rassurance (une nouvelle relation n'en n'annule pas une autre, ma relation ne dépend d'aucune autre à venir) devient tout à coup danger imminent.
Comment alors ne pas se faire avoir, et ne pas par mimétisme tomber dans l'oubli de nos compersions pour plonger dans les seules affres de leur compétition monogame ?
Perso en pareil cas, je lâche l'affaire, je déclare forfait.
Discussion : J'ai juste besoin de partager ce moment compliqué

artichaut
le samedi 29 mars 2025 à 10h02
Que peut-on faire face à ça : la monogamie qui revient nous frapper par la porte de derrière, alors même que nous avions le sentiment de créer à plusieurs autre chose ?
Je pense que les réponses sont à la fois individuelles et collectives.
individuelles
Chacun·e est responsable de soi, de s'engager ou pas, de s'impliquer ou pas, d'accueillir ses émotions, d'assumer ses choix et les conséquences de ses choix. etc.
Choisir d'être non-monogame — quand c'est un choix — n'est pas la solution de facilité.
Aimer, c'est pour moi vouloir le bonheur de l'autre. Y compris si le bonheur de l'autre veut dire qu'il/elle cesse de relationner avec nous. Et donc ça peut aussi être accepter que l'autre (que l'on aime) se fasse pervertir par un·e mono. Avec les conséquences que ça va avoir pour nous.
Et c'est là qu'on va avoir besoin de beaucoup d'amour de soi, pour non seulement accepter ça, mais le désirer.
Comme avec nos enfants, l'amour c'est accepter de laisser partir l'autre, c'est désirer ardemment le bonheur de l'autre, tout en le laissant maître à bord du chemin de son bonheur.
collectives
D'une part on n'est pas toujours non-monogame par choix. Et l'être quand ce n'est pas un choix est encore plus difficile.
D'autre part, quelque soient nos choix, nos privilèges, nos compétences, nos traumas, etc… toujours, quand on dévie de la norme (ici la monogamie), celle-ci viendra nous mettre des bâtons dans les roues.
Sans aller jusqu'à considérer la Monogamie comme une secte, et ses missionnaires comme de dangereux manipulateurs, de fait la monogamie et ses adeptes nous font du mal.
Et face à quelque chose de systémique, les réponses individuelles ne suffisent pas.
(Et comme pour chaque sytème d'opression, je ne dit pas que chaque monogame est un·e monstre, mais qu'à travers chaque monogame se déploie la monstruosité de la Norme).
C'est pourquoi il y a besoin de tels forums, d'entraide, de solidarité, etc.
C'est pourquoi il y a besoin de réléchir/théoriser/échanger ensemble et d'inventer des parades.
Discussion : J'ai juste besoin de partager ce moment compliqué

artichaut
le samedi 29 mars 2025 à 09h36
Même si le point de départ est ici, j'ai le sentiment que poster sur un fil à part aurait pu être judicieux… car le sujet que tu aborde est plus vaste qu'un fil au titre "J'ai juste besoin de partager ce moment compliqué" (qui bientôt se perdra dans les flots de ce forum).
[Si finalement tu le fais, je recopierais mon/mes message là-bas]
Déjà il y a t-il une différence entre comparer et le sentiment d'être comparé ? Est-ce qu'on se compare, car on a le sentiment d'être comparé ?
Ensuite j'aime bien la métaphore (pas si caricaturale) de l'épreuve sportive : tant qu'on vivra les relations comme des compétitions, la comparaison, les podiums, les trophées seront de rigueur.
Enfin je trouve que tu décris bien ce que tu appelle Institution (le poids de la Norme) avec ses règles, ses scripts, ses injonctions, ses mécanismes.
Pour autant il y a toujours un Je, un Moi, au prise avec cette institution, qui peut choisir (d'essayer) de vivre autrement.
Puisqu'on est dans des dynamiques relationnelles, certes ça ne dépend pas que de nous, et lorsqu'on est en dynamique non-exclusive, le danger, vient même des tiers (lorsque ceux-ci sont capables de retourner la personne avec qui nous étions en relation, que nous pensions sincérement non-monogame, et qui d'un coup se fait mettre le grapin dessus, le grapin de la norme, et de ses promesses).
Discussion : J'ai juste besoin de partager ce moment compliqué

artichaut
le vendredi 28 mars 2025 à 18h38
ok je comprends et je suis aussi passé par là..
Alastor
B. est totalement monogame et aspire à vivre une vie "normale et bien rangée" de monogame.
Ah mais tout s'explique alors !
Évidemment que tes compétences en gestion de la jalousie sont mises à mal par le fait que B soit mono.
Ce qui habituellement va de soi, est même un gage de rassurance, s'inverse totalement ici.
Et le risque n'est pas seulement projection, mais est bien réel.
Le principe de la monogamie c'est de grignoter du terrain, et de fermer les choses à double tour dès que possible.
Pour moi W ne peut pas te rassurer de manière satisfaisante, seul·e B pourrait le faire (à part toi-même, bien sûr).
Un·e mono qui débarque dans une config poly, c'est un des pires cas de figure pour nos non-monogamies.
Discussion : Retour vers la solitude

artichaut
le vendredi 28 mars 2025 à 13h18
Siestacorta
Pour moi ni connexion à soi ni esseulement ne sont garantis
Oui, c'est ce dont je me suis rendu compte en développant, et qui m'a fait nommer :
Ça mériterait encore un autre nom entre la connexion à soi, et l'esseulement.
La bulle peut-être… (pour ce dont tu parle toi)
Discussion : Retour vers la solitude

artichaut
le vendredi 28 mars 2025 à 12h33
Alabama
Je prolonge les moments où je fuis. N'arrivant pas à me connecter réellement à moi-même, je n'ai pas non plus les ressources pour avoir envie de "sortir" de moi-même. Je ne sais pas si c'est clair. Il faut imaginer une liste de choses à faire, où la seule chose à faire serait d'être connecté·e à soi, mais qu'on procrastinerait sans cesse cette chose. De ce fait, ça donne un sentiment d'inachevé, de "j'ai pas fait ce que j'avais à faire" et donc je ne peux pas passer à autre chose. C'est plus clair ?
euh… pas tant…
C'est quoi "sortir" de toi-même ? Ce serait aller vers les autres ?
C'est quoi que t'as pas fait ce que t'avais à faire ? Te connecter vraiment à toi-même ?
Ce que je comprends : tu es seule, dans une bulle +ou- choisie, t'as pas la force d'aller vers les autres, mais t'as pas non plus la force d'aller vers toi (et t'en aurais besoin avant de pouvoir retourner vers les autres) alors tu procrastine…
C'est ça ?
Pour moi ça ressemble à quand je dois décanter quelque chose. Je sais que je dois décanter un truc, mais je ne sais pas quoi, ni comment. Je dois être seul (pour pouvoir vraiment décanter). Et je peux faire tout et rien.
Mais si j'accepte le rien (cesser de sur-valoriser le fait de faire, y compris dans la procrastination) si j'accepte que ça va prendre du temps et que y'a rien à faire, et que par exemple, juste je me pose sur mon lit, à regarder le plafond et laisse divaguer mes pensées, souvent la décantation se fera plus rapidement (enfin des fois ça prend vachement de temps quand même).
Ou sinon, la fuite que tu décris (et que je ressent parfois) je l'associe à une forme de mini dépression : je n'ai pas la force le courage d'affronter ma vie, alors je fuis dans autre chose (écran & co).
Je l'associe au vertige de la vie (et de la mort) : savoir qu'on a qu'une vie, que l'on peut mourrir demain, mais aussi bien dans hyper longtemps, que les infos du monde sont déprimantes, que tout se vaut, etc crée une sorte de paralysie et de je ne sais pas quoi faire de ma vie.
Discussion : Retour vers la solitude

artichaut
le vendredi 28 mars 2025 à 12h11
Siestacorta
L'isolement... peut être un temps choisi court. Et pas seulement pour les plus méditatifs ! Je pense par exemple aux gens qui passent beaucoup de temps sur leur portable alors qu'il y a d'autres personnes près d'eux.
Alabama
Nous avons deux définitions différentes de l'isolement.
Ce dont tu parles, n'est pas de l'isolement pour moi. C'est une bulle de protection, une manière d'être avec les autres sans être avec les autres. Je connais bien cela, ma bulle a été assez étanche pendant la majeure partie de ma vie.
Pour moi non plus passer de temps son portable en présence d'autrui n'est pas de l'isolement, c'est soit de la connexion à soi (ou à d'autres préférables), soit de l'esseulement.
Alabama
Se couper des autres en étant avec eux, est pour moi une sensation tout à fait différente du véritable isolement, celui où on est seul·e et où on aimerait pourtant ne pas l'être.
On peut aussi se couper des autres et où on aimerait pourtant ne pas l'être.
Par exemple parce que interagir avec l'autre n'est pas socialement acceptable (portable dans métro) ou parce que l'intercation proposée par les autres ne nous convient pas (rester sur le banc lors d'une soirée dansante) ou parce que l'invitation à l'interaction ne respecte pas nos limites/besoins (la personne qui te tire par la main et te dis "alleeeez viens te baigner").
On peut se sentir seul·e au milieu des autres (esseulement) et se mettre dans une bulle, faute de mieux. Pour se protéger, certes, mais pas des autres en soi, et pas tjs pour se connecter à soi, mais pour se protéger de la manière dont les autres interagissent avec nous.
J'ai passé ma vie à poser des limites aux autres, car la manière dont ils interagissent avec moi, la plupart du temps ne me convient pas.
De fait ça me met dans une bulle. Mi choisie, mi-pas-choisie. Parfois agréable et voulue, parfois lassante et pesante.
Comme je donne l'image de quelqu'un qui vit dans sa bulle, les autres finissent par m'y cantonner.
Alabama
J'aime énormément le plaisir d'être au milieu de personnes que j'aime, sans être dans l'obligation d'interagir. Je pense que nous sommes nombreux·se·s par exemple, à apprécier particulièrement la sensation de dormir sur un canapé dans une pièce où il y a du monde, ou un peu de passage. Un sentiment de plénitude et de sécurité. Ce n'est pas parce qu'on interagit pas directement, que l'on est isolé, cela n'a rien à voir.
Typiquement un exemple où tu peut être avec les autres, sans que les autres t'obligent à interagir, et te laisse être toi-même.
Ça mériterait encore un autre nom entre la connexion à soi, et l'esseulement.
C'est ce que certains appellent la solitude avec l'autre.
C'est ce que j'appelle parfois la co-présence (même si co-présence peut renvoyer à quelque chose de plus interactionnellement intense).
C'est quelque chose que l'on a beaucoup vécu enfant, et qu'on peut peiner à retrouver une fois adulte (qu'on retrouve parfois dans la parentalité, mais avec une responsabilité et une charge mentale en plus).
C'est ce que l'on peut vivre parfois en co-habitation court-ou-long-terme (couple, coloc, famille, voire animal de compagnie… peu importe) voire en co-working.
Mais limite on quitte le champs de la solitude, justement…
C'est de la non-solitude vécue avec le maximum de bulle, d'autonomie, de présence à soi, et de liberté d'être (c'est à dire tout ce que l'on recherche parfois dans la solitude, désirée ou non).
Du coup, c'est pas tant que l'on se coupe des autres, c'est que les autres (quand iels sont trop… intrusifs, relou, bruyant, interactionnels, dangereux…) nous coupent de nous-même, ou de notre liberté d'être pleinement nous.
Discussion : J'ai juste besoin de partager ce moment compliqué

artichaut
le jeudi 27 mars 2025 à 21h26
Alastor
je crois que je dois reprendre le chemin de l'introspection et de la confiance en soi.
En tous cas si tu a envie de venir raconter plus tard, le chemin parcouru, ça sera avec plaisir que je/on te lira.
Et ça pourrait être instructif pour d'autres…
Discussion : [Livre] Élaboration d'une Bibliographie sur l'amitié

artichaut
le jeudi 27 mars 2025 à 20h00
- Un Désir démesuré d'amitié - d'Hélène Giannecchini, Seuil 2024
Discussion : J'ai juste besoin de partager ce moment compliqué

artichaut
le jeudi 27 mars 2025 à 18h09
Dis autrement, je pourrais dire : whoua génial, tu as la chance d'être jaloux.se. Archi, super !
(Moi j'adore ces moments, mais ça fait longtemps que ça ne m'est pas arrivé. Alors je t'envie sincérement).
C'est le moment d'en apprendre sur toi-même, et avec le bagage que tu as déjà en non-exclusivité et en compersion, ça ne devrait pas être une tâche trop trop diffiçile (par rapport à la majorité des gens qui débarquent sur ce forum).
Tu es jaloux.se, donc, et tu te compares.
C'est le moment de creuser en toi pour comprendre tes fonctionnements intimes. Qu'est-ce qui amène ça et pourquoi ? Qu'est-ce que précisément ça vient toucher en toi ? Quelle faille en toi est touchée ? Quels besoins ne sont pas nourris chez toi ?
(en allant un peu plus loin que tout ce que tu as déjà nommé)
Discussion : J'ai juste besoin de partager ce moment compliqué

artichaut
le jeudi 27 mars 2025 à 17h44
…j'ai l'impression que tu te juges de comparer (tu sais que ce n'est pas comparable et qu'il ne faut pas le faire, tu connais la théorie, etc) et de ressentir ce que tu ressents.
Or tu as le droit de comparer et ressentir ce que tu ressents, et si tu compares, et si tu le ressents, c'est qu'il y a des raisons de comparer et de le ressentir.
Raisons qui peuvent liéés à la situation et au comportement d'autrui.
Raisons qui peuvent liéés à des choses spécifiquement liées à toi.
Ou même un peu de tout ça.
Plonger dans la pratique au lieu de rester à la surface de la théorie, serait peut-être accepter de regarder ce qui est là et chercher à le comprendre au lieu de le juger et chercher à l'éviter.
Discussion : Chagrin d’amour infini

artichaut
le mercredi 26 mars 2025 à 18h02
Le (poly)amour commence par soi-même.
Si tu ne peux pas t'aimer en tant que femme, c'est peut-être que tu n'es pas une femme ?
Ou pour être plus précis, peut-être que les critères que l'on t'as donné (ou pas donné), pour te permettre de t'apprécier, ne fonctionnent pas pour toi. Et qu'il te faudra en trouver d'autres qui te conviennent.
Tant que tu ne t'aimeras pas toi-même, personne ne t'aimeras.
Tu peux commencer par tout petit. Aimer des petites parts de toi, aussi infimes soi-elles. Qu'est-ce qui chez toi (peut importe ce qu'en pense les autres) te plaît au moins un peu ? Et dérouler à partir de ça. Le reste n'a pas d'importance.
Discussion : Retour vers la solitude

artichaut
le dimanche 23 mars 2025 à 16h42
artichaut
il y a t-il de telles stratégies, y compris collectives ? Pour fuir un esseulement groupal… ?
Et pour prolonger cette réflexion à un plan collectif…
Ce que l'on vient de voir au niveau de l'individu (les 3 états de solitude), peut-il se penser au niveau d'un couple/famille/groupe/collectif/milieu/etc. voire au niveau de l'humanité toute entière ?
les 3 états se déclinent alors :
- isolement groupal, le fait d'être factuellement isolé (sans autre groupe autour) : un couple/famille/coloc chez soi, un groupe sur une île, ou dans un minibus en voyage, etc (l'isolement ne dure pas forcément longtemps, mais à un temps donné il existe)
- connexion au groupe, le fait d'être pleinement connecté aux autres (à chaque ?) personnes du groupe, ou au groupe en tant que tel, ou le fait de faire bulle, de faire corps
- esseulement groupal, quand le lien a d'autres groupe nous manque, quant l'entre-soi nous pèse, quand notre propre esseulement individuel connecte à un esseulement plus large qui se vit au niveau du groupe, etc
et de même cet esseulement groupal, n'est donc pas tant dû au fait qu'il y ai ou non concrétement d'autres gens/groupes autour, mais à notre capacité (en tant que groupe) à connecter avec d'autres gens/groupes
*
note : quand je dis capacité, j'entends aussi bien ce qui est totalement de notre ressort propre (en tant qu'individu, ou en tant que groupe), que ce qui est lié au contexte, à la situation, aux privilèges qu'on a ou qu'on a pas, aux autres personnes impliquées, etc.
Discussion : Retour vers la solitude

artichaut
le dimanche 23 mars 2025 à 16h25
remarquons que
- la connexion à soi, l'esseulement, (et idem pour la connexion à l'autre, même si pour le coup on sort du registre de la solitude) peuvent être vécus, que l'on soit ou non entouré physiquement d'autres personnes
et de même (ou inversement)
- l'isolement, fait factuel d'être seul·e, ne dit pas si cette situation est voulue, choisise ou non ; ne dit rien sur la présence ou abscence d'une connexion (à l'autre, ou à soi), ni de la présence ou abscence d'un esseulement
la sensation de manque n'est donc pas en soi déterminée par le fait d'être ou non entouré de personne, mais plutôt par cette capacité de connecter (à l'autre, ou à soi) en toute circonstance
et dans le registre de la connexion, j'aurais envie d'ajouter en plus des connexion à l'autre et à soi, une possibilité de connexion au monde (dans lequel on vit), à la nature (qui nous englobe), aux étoiles (au plus grand que nous)… voire même dans une dimension spirituelle, une connexion à une entité transcendante
*
@Alabama, vu que c'est toi qui a lancé ce fil, tu peux dire si tu trouve qu'on part dans des trucs trop intello (on peut aller causer ailleurs)
moi je trouve ça passionnant de mettre ainsi de la nuance sur ce qui caractérise le sentiment d'esseulement, et possiblement de mieux comprendre comment et pourquoi il nous arrive (parfois ou souvent)
Discussion : Retour vers la solitude

artichaut
le samedi 22 mars 2025 à 16h10
Siestacorta
- solitude, un être-à-soi clair, ne pas être perdu dans le mouvement du monde (qu'on soit seul ou avec un ami choisi (un proche)).
- esseulement, quand le lien au monde nous manque
- isolement, quand c'est une question pratique : on pense au monde, mais il y a une distance (réelle ou recherchée).
Je me demande s'il ne faudrait pas plutôt un autre terme pour désigner ce que tu désigne par solitude, et que ces 3 termes serait alors 3 formes de solitudes, 3 déclinaisons ou 3 états de solitude.
Par exemple être-à-soi, pour reprendre tes termes, ou connexion à soi, pour reprendre ceux d'@Alabama.
Ça pourrait donner (en reformulant au passage certaines de tes propositions, ou d'Hannah Harendt) :
3 états de solitudes
- isolement, le fait d'être physiquement seul·e (avec personne d'autre autour).
- connexion à soi, le fait d'être pleinement avec soi-même, connecté à soi-même (peu importe qu'il y ai ou non d'autres gens autour)
- esseulement, quand le lien aux autres nous manque (peu importe qu'il y ai ou non d'autres gens autour)
Discussion : Retour vers la solitude

artichaut
le samedi 22 mars 2025 à 15h49
Merci pour ces 3 concepts solitude, esseulement, isolement.
Je trouve aussi qu'esseulé·e au milieu d'autres, c'est pire.
Et qu'inversement la solitude en présence de l'autre, c'est (pas facile, mais) très beau.
Et comment nommer ce dont parle @Alabama, consistant à fuir, notamment dans les écrans ?
Serait-ce : être dans de l'isolement, et à défaut de réussir à assumer/habiter la solitude, utiliser des stratégies d'évitement… pour contrer l'esseulement ?
Et il y a t-il de telles stratégies, y compris collectives ? Pour fuir un esseulement groupal… ? Comme, je sais pas le small talk, et autres activités non impliquantes ?
Discussion : Retour vers la solitude

artichaut
le samedi 22 mars 2025 à 12h03
Alabama
Je remarque que de ce fait, j'ai tendance à vouloir prolonger toujours plus les moments où je suis seule, comme si je n'arrivais pas à m'en rassasier.
Je ne suis pas sûr de comprendre cette phrase dans le contexte.
Tu remarques que tu as tendance à vouloir prolonger les moments où tu es :
- "seule" et où tu fuis, dans les écrans particulièrement ?
- seule, ces moments où tu connectes réellement à "toi" et où l'angoisse disparaît ?
Discussion : Mariée dans un couple lesbien et pourtant…

artichaut
le mercredi 19 mars 2025 à 12h25
Bienvenue ici @Lunebleue.
Il faut que tu ai conscience et anticipe, que pour ta femme, tu l'as possiblement déjà trompée :
(tromper n'est pas juste "coucher", embrasser, partager du sexe)
- lui as-tu a elle déjà parlé de cette histoire ancienne ?? (si non , ça va être dur à encaisser)
- que tu redevienne "Bi", elle peut vivre ça comme une tromperie (a minima que tu lui ai menti et te soit menti à toi-même)
- tu as déjà engagé beaucoup avec cet "ex"… en as-tu parlé à ta femme dès le début (envie de reprise de contact, reprise de contact réelle, échanges de messages, …) ? sinon pourquoi ?
- tu semble t'emballer un peu vite pour cet homme que tu connais peu (dans le passé) et pas (dans le présent)
Même en étant "tolérante", ça fait déjà beaucoup.
Donc prépare toi à ça, avant, d'aller discuter avec elle.
Prépare-toi aussi, à ce que sa réponse — a minima dans un premier temps — puisse être radicale, excessive, catégorique (se sentir trompée c'est pas agréable, ça active nos défenses, pas toujours de la plus belle manière).
Prépare-toi à ce qu'il faille du temps, beaucoup de temps pour digérer tout ça. Exactement le contraire de ce que tu vis toi, avec ta néo-NRE. Et même si ça se passait "bien", attends-toi à des rechutes. Ne prend rien pour acquis. Le plus dur sera de toute façon de concilier vos 2 vitesses, forcément différentes. Tu va avoir envie d'aller vite, elle vas avoir besoin d'aller lentement.
Évite de te projeter dans un rêve de "je me sentirais entière" (qui est une tromperie monogame, versus Bi). Et évite de dire ça à ta femme. En tout cas pas tout de suite.
Ai conscience que quoi que ça provoque dans votre couple, tu en es la seule responsable. Tu ne peux rien, en soi, lui reprocher. Ni lui demander de porter cette responsabilité.
Ai conscience que renouer avec un "ex", c'est possiblement pire pour elle que si tu rencontrais une nouvelle personne. Car il était là avant elle. Cette antériorité peut générer des peurs spécifiques et difficilement contrôlables. En plus c'est un mec, donc la norme hétéro menace. C'est un peu le pire cas de figure.
Bref, vas-y, racontes-lui, mais avec beaucoup de soin. (envers elle et envers toi-même).
J'imagine que tu connais déjà les conseils pour les conversations difficiles (1, 2, 3…).
Et surtout surtout n'y va pas pour obtenir quelque chose, mais pour lui raconter et savoir ce que ça lui fait.
Et prends soin aussi de ton "ex" = ne lui vends pas du rêve à lui !
Le temps des décisions, s'il doit y en avoir, viendra après.
Là c'est le temps de l'accueil des émotions.
r-a-l-e-n-t-i-r