Polyamour.info

artichaut

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Rennes (France)

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Discussion : Dis...c'est quoi l'amour ?

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artichaut

le mardi 14 octobre 2025 à 16h03

Alabama
Certaines autrices et auteurs (bell hooks mais elle en cite d'autres et j'ai oublié qui) disent qu'aimer est un verbe d'action, et que sans l'action l'amour est une coquille vide.

Autant il y a une part de cette réflexion qui me parle, nottament dans le contexte société hétéro-patriarcale. L'amour comme verbe d'action et pas seulement comme sentiment. Juger quelqu'un sur ses actes et non sur ses paroles.
Autant je sens qu'il y a aussi quelque chose qui me dérange, mais que j'ai encore du mal à cerner.

J'ai l'impression que c'est quelque chose comme le primat du faire sur le non faire (que l'on retrouve aussi en CNV). Une vision assez "américaine" de la vie (do it), une sorte d'exacerbation du perfomatif, voire même un genre de validisme.

Bon j'avoue c'est pas clair. Je pose ces notes, pour si ça évoque quelque chose à quelqu'un·e d'entre-nous. Ou comme prémisses d'une réflexion en construction…

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Discussion : [Lexique] Amitié — définition(s) —

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artichaut

le dimanche 12 octobre 2025 à 21h13

ian.pall
Hello, le polyamour ne m'attire pas personnellement mais j'ai atterri dans ce forum en cherchant la déf de l'amitié.

Super !
Ça me fait plaisir de savoir que ça puisse arriver.

Bienvenue ici @ian.pall

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Discussion : Polyamour vs adultère autorisé et dépendance affective

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artichaut

le mercredi 08 octobre 2025 à 13h15

Siestacorta
Au fond, on peut parler de "consentement sans réserve".

c'est un peu dommage de le voir/nommer en négatif, mais oui dans le fond c'est ça

Siestacorta
au sens la liberté des autres qui rend la mienne possible.

tout à fait

là ou au contraire les débuts en polyamour procèdent souvent d'un mouvement inverse : je veux ma liberté, donc je concède celle de l'autre.
et même souvent : je me crois capable de concéder celle de l'autre, …et puis en fait… non

Siestacorta
C'est plutôt un enthousiasme dans la motivation que dans son expression.

en quelque sorte, c'est ce que j'appelle compersion cette motivation.
j'aime la liberté de l'autre, car elle m'autorise (pas au sens que l'autre m'autorise à…, mais au sens que grâce à l'autre, je m'autorise à…)

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Discussion : Polyamour vs adultère autorisé et dépendance affective

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artichaut

le mercredi 08 octobre 2025 à 10h38

LeGrandStyle
Si ma partenaire doit travailler le weekend pour un projet, je ne serai pas enthousiaste

Ton exemple ne me semble pas très parlant. Tu choisis quelque chose que la partenaire a obligation de faire (qui ne lui fait donc pas forcément plaisir à elle non plus…) au lieu de quelque chose qu'elle choisis.

LeGrandStyle
Je n’aime vraiment pas cette formulation,

Merci pour la franchise.

Oui on n'est pas habitué à valoriser, et à regarder, l'enthousiasme. Ni en matière relationnel, ni en matière de consentement.
On croit facilement que parce qu'on est enthousiaste ça suffit. Et que l'autre le soit moins, ou en souffre ce n'est pas très grave.

LeGrandStyle
devrions-nous être enthousiaste de tout ce que fait notre partenaire, et si non, cela voudrait dire qu’on n’est pas consentent?

Pourquoi tout ce que fait notre partenaire ?

Le consentement concerne les choses intimes et sexuelles.
Le consentement relationnel le fait d'être en relation et donc les modalités essentielles de cette relation, incluant généralement la question de l'(la non)exclusivité et du polyamour.

On pourrait dire les modalités contractuelles (comme pour un contrat de pacs ou de mariage) mais le mot contrat, là-encore, peut évoquer un côté négociation/marchandage/consentir_à/j'accepte_ça_mais_en_échange_de_ça/etc… alors qu'a priori quand l'on se marie, ou que juste on se met en relation, c'est (ce devrait être) avec un "OUI" enthousiaste, et pas un "oui, bon, d'accord"…
Le consentement relationnel (et sa révocabilité) c'est s'assurer que l'autre est toujours enthousiaste à relationner avec nous, et donc toujours enthousiate aux modalités relationnelles essentielles de cette relation.

Et comme avec le consentement sexuel, on n'a pas tous et toutes la même capacité à dire Non. Le critère de l'enthousiasme — qui certes n'est pas un critère juridique, mais n'est-on pas censé parler d'amour ici ? — est ce qui permet justement d'y voir plus clair.
Quand l'enthousiasme décroît, on peut déjà franchement se poser des questions, mais quand il y a souffrance on est clairement dans le Non.

En quelque sorte, ce dont il s'agit c'est d'apprendre à regarder.
Et ne pas considérer que parce qu'une relation existe — ou parce que je en a envie — elle doit forcément continuer, et ce quel qu'en soit le coût émotionnel.

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Discussion : Polyamour vs adultère autorisé et dépendance affective

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artichaut

le dimanche 05 octobre 2025 à 14h28

Depassage
Oui c'est ce qu'elle veut dire

c'est quoi l'intérêt de répondre à sa place ?

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Discussion : Amours compersives, amitiés compersives, ou la compersion comme modalité interactionnelle

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artichaut

le dimanche 05 octobre 2025 à 12h53

Siestacorta
- spécifique sexuelle... Peut-être pour les RAS, mais pas "comme les candaulistes".

j'ai l'impression que le candaulisme nécessite la présence de la personne candauliste (il s'agit de voir), alors que la compersion est plutôt dans l'abscence : ce qui se passe sans moi.

à ce titre j'aime beaucoup la proposition de @Lili-Lutine :

Lili-Lutine
Je la vis aussi à petite échelle, chaque fois que je me réjouis que quelqu’un·e que j’aime soit nourri·e ailleurs, autrement
Quand je suis touchée, émue, reconnaissante que la vie et les bonheurs de cette personne ne dépendent pas (que) de moi

(c'est moi, artichaut, qui souligne)

et du coup c'est pour moi antynomique à ce que @crest tu décris justement :

crest
Il y a un «   oubli » de soi fugitif qui peut faire penser qu’on a franchi un cap dans le lâcher prise.

Mais à mon avis cela est permis par un lien très particulier avec la personne dont on se réjouit de la joie qu’elle éprouve, en sachant (et parce que on le sait, pour certaines raisons) que cette personne pense à nous aussi, à tout moment, de sorte que cette personne nous inclue dans son ressenti. On peut s’oublier mais c’est parce que l’autre, précisément, ne nous oublie pas, pense à nous. On n’a plus besoin de l’autre à ce moment-là, mais c’est parce que antérieurement il nous a promis de ne pas nous oublier, et qu’on sait qu’on le retrouvera bientôt.
(…)
La compersion est une peur surmontée de perdre le lien mais le lien est préexistant. J’ai du mal à visualiser une personne flottante se réjouissant de ne pas être indispensable nul part,

(c'est moi, artichaut, qui souligne)

pour moi la compersion, c'est justement aussi la joie de n'être pas indispensable. pouvoir mourrir et être rassuré que l'autre ne s'effondrera pas totalement. le contraire de la fusion romantique : si l'un meurt, l'autre meurt avec, ou peu de temps après. je ne peux vivre sans l'autre, l'autre ne peut vivre sans moi. une sorte de prolongation du lien de dépendance parent-enfant appliqué au registre amoureux ?

mais ça (n'être pas indispensable) c'est peut-être mes raisons, mon fonctionnement interne, qui me fait connecter cette émotion, et me sentir ancré et à la bonne place. devenir inutile est quelque chose qui me parle particulièrement, dans mon lien aux autres (en parentalité, en amour, en amitié, en contexte professionnel ou associatif…). c'est mon but à moi.

et libre à toi bien sûr, de penser/vivre la compersion autrement.
nos expériences différentes sont une richesse.

crest
Cela suppose-t-il que la notion de compersion n’est pas si claire

pour moi aucun mot, aucune notion, aucun concept n'est clair. chaque mot à plusieurs défintions dans plusieurs dictionnaires tout autant autorisés les uns que les autres.

a fortiori dans le cas d'un mot nouveau

et nos récits d'expériences permettent de dessiner peu à peu cette notion, forcément plurielle

crest
Je précise cela car il me semble un peu que ce qui tu souhaites décrire ou valoriser est relatif aux logiques sociales du don.

je sais pas. la compersion, étant un sentiment ou une émotion (ressentie, intérieure) ne me semble pas procéder du don (un acte, vers l'extérieur)

mais je pense comprendre le lien que tu fait, dans le désintéressement, la non-attente de quelque chose en retour, la gratuité pourrait-on dire

Siestacorta
- spécifique et d'une autre nature que d'autres empathies, je suis d'accord. Justement par le contexte des "RAS" qu'évoque @artichaut. Comme la NRE est différente de la "lune de miel" : parce que ces émotions se révèlent alors que c'est sur la nature d'un lien à tiers qu'elle arrivent. C'est peut-être les mêmes types d'émotion au départ, mais nécessairement vécues organisées différemment - parce que les liens ne sont pas vécus les uns sans rapport avec les autres.
(…)
Bref, oui, ça me semble spécifique même si ouvrable.

oui, ok, je vois ce que vous voulez dire.
la spécificité de la compersion en contexte RAS, est peut-être de convoquer une empathie à un endroit trèèèès profondément intime, et en contradiction avec ce qui me semble un supposé monogame : aimer c'est posséder.

@Lili-Lutine encore :

Lili-Lutine
Une joie sans possession, sans calcul, juste le plaisir de voir la vie circuler

une joie sans possession est peut-être un oxymore en régime amoureux monogame… ?

et cette une joie sans possession vécue, on peut la retrouver ailleurs qu'en contexte poly, même si en contexte poly elle est particulièrement… intense/étonnante/subversive/transformatrice/inaccesible/difficile/bouleversante*…
(*choissisez l'adjectif que vous voulez)


ma question, l'ayant vécue (ou conscientisée) d'abord en contexte poly, puis l'ayant déplacée ailleurs, c'est peut-être : peut-on faire le processus inverse, s'entraîner à la vivre ailleurs (ou réaliser qu'on la vit déjà ailleurs), pour peut-être l'amener facultativement ensuite en contexte amoureux et/ou sexuel ?

le polyamour propose du saut à la perche, là où j'aurais envie de proposer du saut de haies… (pour gravir potentiellement au final la même hauteur, mais par tout petits bouts)

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Discussion : Polyamour vs adultère autorisé et dépendance affective

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artichaut

le dimanche 05 octobre 2025 à 12h05

Aureliea
Polyamour vs adultère autorisé et dépendance affective
Je serais curieuse de voir comment vous différenciez les deux.

les deux quoi ? polyamour vs adultère autorisé ?
comment la dépendance affective s'articule dans ta question ?

a priori adultère autorisé est un oxymore, puisque l'adultère est une relation cachée.
quoiqu'on trouve aussi cette définition : Fait d'avoir volontairement des rapports sexuels avec une personne autre que son conjoint.

ensuite l'adultère est souvent dans un seul sens, en tout cas aucune réciprocité n'est incluse de base, alors qu'en théorie, dans le polyamour oui, la possibilité de la réciproque au moins

enfin le polyamour n'est pas censé être autorisé, mais choisi de manière volontaire, consciente et éclairée par toutes les personnes impliquées — en tout cas en théorie —

le consentement (relationnel) ce n'est pas autoriser l'autre à…
c'est être enthousiaste à l'idée de…

*
est-ce que ce que tu veux soulever c'est que le "polyamour" te semble souvent de nos jours pratiqué à sens unique, avec un peu de forcing relationnel pour que l'autre "accepte", "autorise", lié·e par exemple par sa dépendance affective, l'empêchant de partir ou refuser ?

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Discussion : La NRE, vous connaissez ? Si oui, ça se passe comment concrètement ?

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artichaut

le vendredi 03 octobre 2025 à 12h46

aujourd'hui m'est venue cette blague (pas si dénuée de réalité que ça) : la NRE ne serait-elle pas plutôt l'Égoïsme de la Nouvelle Relation ?

tant les comportements rapportés de personnes en prise avec la NRE, impliquent souvent un retrait affectif des autres relations, avec de surcroît bien souvent du déni en la matière, quand c'est pas carrément de la mauvaise foi

je précise que je ne suis pas contre l'égoïsme en soi. c'est même souvent nécessaire ou salvateur. mais se contenter de parler d'énergie, me semble un peu facile, comme si aussi ça nous échappait, comme si c'était totalement hors de notre contrôle

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Discussion : C'est quoi l'engagement ?

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artichaut

le vendredi 03 octobre 2025 à 12h13

puisque ce ne sont pas tes failles (et la conclusion pourrait éventuellement être la même, si tel était le cas) et vu surtout le niveau de souffrance que tu exprime, j'ai le sentiment que t'éloigner (d'une manière ou d'une autre) de cet/ces Autrui est devenu indispensable

et pour rester dans le sujet du fil, je dirais que son/leur engagement, ou en tout cas les actes qui le/s construise/nt, ne sont pas compatible avec le tien. dont acte. quelque part ces actes qui ne te conviennent pas requièrent un acte de ta part.

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Discussion : C'est quoi l'engagement ?

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artichaut

le jeudi 02 octobre 2025 à 11h19

Tiao88
Les personnes qui sont ok pour faire telle chose et qui annulent au dernier moment, ça a le don de me rendre triste/frustrée/furieuse (selon le comportement de la personne les dernières semaines ou mois).

Est-ce que dire c'est s'engager ?
J'ai pensé comme ça, et je me suis beaucoup mis la pression sur ça (et j'ai beaucoup critiqué les autres qui ne fonctionnaient pas pareil) mais j'en revient aujourd'hui. Et j'apprend à me découvrir faillible à cet endroit.

Et quid de la révocabilité de nos consentements, donc de nos dires ? Sachant que nos dires parfois ont pu être partiellement extorqués, obtenues dans des moments de vulnérabilité particulière, ou juste on a changé d'avis.
Respecter ses dires me signifie aujourd'hui qu'on est dans une position de pouvoir (sur soi, a minima, et souvent sur l'autre) ou alors que l'on se force.

Tiao88
Surtout quand je vois que pour d'autres choses ils/elles arrivent à se motiver ou tenir leurs engagements.

Là pour moi on touche à autre chose. Le fait qu'on se compare et qu'on compare des expériences qui ne sont pas forcément comparables.
Ça parle surtout de nous, et l'autre (ses actions, ses non-actions, ses dires révoqués) n'est à mon sens et en soi qu'un révélateur de nos failles.

Même si bien sûr j'entends qu'il nous faut savoir sur quel pied danser, ne pas se faire sans cesse ballader, ne pas se faire manipuler affectivement, etc. Avoir un peu de terre ferme dans le lien et pas que des sables mouvants.

Mais qu'avons-nous besoin, chacun chacune, pour ressentir cette terre ferme ?

*
En tout cas ce qui ressort pour moi de toute cette discussion, c'est que l'engagement signifie des choses trèèès différentes pour chacun·e de nous, que y'a aussi une coloration genrée indéniable, et que sans prendre la peine et le temps de s'expliquer entre "partenaires" ce qu'on entend par là, on court au quiproquo, au risque de voir nos attentes déçues et vivre de la frustration.

Tiao88
J'essaie aussi de m'intéresser à ses autres relations. Mais il y a justement des personnes dans ma vie où j'ai l'impression d'être en compétition avec d'autres relations dans leur coeur/vie (ça fait aussi partie du pétage de plomb estival). Et là c'est beaucoup plus difficile pour moi de m'y intéresser et d'être dans l'enjaillement/joie/compersion.

C'est sûr que la compersion, ne dépend pas que de nous, mais aussi de ce que l'autre fait, ou plutôt de comment on est touché·e, par ce que l'autre fait, configure, met en oeuvre… ou pas.

Enfin je sais pas. Ou bien ça dépend de l'intensité du sentiment d'amour ?
Pourquoi parfois c'est là, et parfois moins ?

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Discussion : Amours compersives, amitiés compersives, ou la compersion comme modalité interactionnelle

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artichaut

le jeudi 02 octobre 2025 à 10h54

crest
Le mot compersion a été inventé dans le contexte de relations amoureuses plurielles, ordinairement entachées de jalousie et divers sentiments désagréables à ressentir, et d’où émerge l’événement d’une émotion positive, que l’on a nommé compersion. Il n’y a pas forcément besoin d’en dire beaucoup parce que la compersion dérive d’une expérience ordinaire connue des locuteurs : la relation amoureuse.

C’est pourquoi je serai favorable à la création d’un autre mot ou expression pour décrire les expériences que tu décris, et dont la toile de fond est différente. Cette toile de fond est à mon avis la critique du modèle amoureux étendue à la critique du modèle polyamoureux.

J'entends un truc du genre :
« Le mot compersion a été inventé dans le contexte de relations amoureuses plurielles … [donc il ne peut pas être utilisé pour] la critique du modèle amoureux étendue à la critique du modèle polyamoureux. »

Je ne sais si c'est ce que tu veux exprimer.

*

Moi j'ai l'impression que ce Il n’y a pas forcément besoin d’en dire beaucoup justement est un leurre.

Quelqu'un qui nous dit « oh il fait froid! » ou « oh je suis compersif! » ne nous aide pas à comprendre ce qu'est le froid ou la compersion. Ça présuppose une co-expérience commune qui en réalité n'existe pas. Il y a eu un arc-en-ciel quand la personne a dit « oh il fait froid! », et donc je vais penser que c'est ça le froid ?
On s'accorde pour dire que telle fourchette de longueur d'onde de lumière est du "rouge", mais on ne sait pas ce que chacun ressent et même voit, face à cette longueur d'onde. si ça se trouve ce que tu vois rouge, je le voit vert, mais on m'a appris que ce vert il faut l'appeler "rouge".
Je pense qu'on se comprendrais mieux, si justement on mettait un peu plus de récit d'expériences derrière ce qui sinon ne sont que des mots vides et creux.

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Discussion : Amours compersives, amitiés compersives, ou la compersion comme modalité interactionnelle

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artichaut

le mercredi 01 octobre 2025 à 22h05

crest
Il me semble que la compersion des polyamoureux est plus (schématiquement) de l’ordre de l’excitation sexuelle, celle du caudalisme.
Il y a un «   oubli » de soi fugitif qui peut faire penser qu’on a franchi un cap dans le lâcher prise.

Mais à mon avis cela est permis par un lien très particulier avec la personne dont on se réjouit de la joie qu’elle éprouve, en sachant (et parce que on le sait, pour certaines raisons) que cette personne pense à nous aussi, à tout moment, de sorte que cette personne nous inclue dans son ressenti. On peut s’oublier mais c’est parce que l’autre, précisément, ne nous oublie pas, pense à nous. On n’a plus besoin de l’autre à ce moment-là, mais c’est parce que antérieurement il nous a promis de ne pas nous oublier, et qu’on sait qu’on le retrouvera bientôt.

Bref je suis tenté de dire que la compersion des polyamoureux a tout de l’amour amoureux, un peu déviant par rapport à la norme, mais qui puise quand même dans les mêmes ressorts affectifs, du lien privilégié et unique entre deux personnes qui s’aventurent hors de leurs habitudes mais qui peuvent le faire grâce à une grande confiance préexistante.

As-tu déjà vécu de la compersion en tant que polyamoureux pour parler ainsi ?
Moi oui, et je ne l'ai pas du tout vécu comme ça.
Et à mon avis il est difficile de faire de telles généralités. Chacun·e étant suceptible de vivre la compersion de manière très différente.
Il n'y a justement —à ma connaissance— aucun corpus de témoignages sur le sujet, en tout cas en français.
La compersion on la nomme, mais jamais on ne prend la peine de la décrire.
Et c'est justement à mon sens, un manque qu'il va falloir combler.
Arrêter de la regarder de loin comme un truc étrange ou déviant. Et au contraire creuser le sujet. En faire un sujet.

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Discussion : Amours compersives, amitiés compersives, ou la compersion comme modalité interactionnelle

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artichaut

le mardi 30 septembre 2025 à 12h24

Je ressens l'envie aujourd'hui de révéler ici que je suis l'éditeur de la maison d'édition : a rouge éditions.
Ce n'est pas un grand secret. Toute personne venue physiquement à l'un de mes événements publics sait qui est derrière ce pseudo @artichaut, mais jusque là j'avais fait le choix de ne pas le nommer ici publiquement.

Pourquoi aujourd'hui ?
car j'ai envie d'assumer. car je ressens l'envie d'éditer chez a rouge des choses sur le thème de la compersion (j'en reparlerai bientôt), et que ça me semble +cohérent (et +transparent aussi). car peut-être on comprendra mieux mes choix éditoriaux et mon goût ici pour l'archive, la terminologie, les oeuvres culturelles (films, livres…). ou inversement on comprendra mieux les racines non-monogames de la maison d'édition. comme par exemple le choix de contrats d'édition non-exclusifs, ce qui est rarissime dans la profession. de fait, la non-exclusivité est une valeur importante pour moi, sur tout un tas de plans, qu'elle soit affective, artistique ou commerciale.

Pourquoi pas avant ?
l'anonymat sur les forums a son utilité. et il m'est arrivé de remercier ce choix. être visible publiquement c'est s'exposer et on n'a pas toujours envie de subir ça. j'ai un grand respect de l'anonymat. c'est même une des valeurs d'arouge : publier sous pseudonyme est encouragé, valorisé. mais j'ai aussi un grand respect pour le courage et la transparence.

Ça change quoi ?
pas grand'chose. je vais continuer à utiliser mes deux pseudos ( @artichaut et @arouge ) selon avec quelle 'casquette' prioritairement je m'exprime.
il y aura juste un peu+ de porosité entre les deux. et je m'autoriserait sans doute à être +loquace en tant qu'éditeur.
en tout cas ça explique pourquoi — moi qui suis d'ordinnaire très prompt à donner ici mon avis sur tout livre qui est publié sur les non-monogamies — j'ai été très discret sur les livres d'arouge. si je fais le choix d'éditer un livre, c'est que —sans forcément être d'accord sur tout avec les autrices/auteurs— je l'estime digne d'intérêt et j'estime important qu'il existe, et mes choix éditoriaux sont en conséquences. je n'allais donc pas poster des avis dithyrambiques sur des livres, sans révéler que j'en suis par ailleurs l'éditeur. ni leur donner une place privilégiée dans la bibliographie que j'ai participé à rédiger ici. question d'honnêteté intellectuelle.

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Discussion : De polyamour et d'eau fraiche

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artichaut

le lundi 29 septembre 2025 à 21h32

Murgien
oui. Quand il me dit que je lui manque, qu'il est d'accord pour qu'on passe moins de temps ensemble mais que c'est vraiment dur pour lui en dessous de certaines fréquences, ou si il y a pas assez de temps juste tous les deux, etc

Et moi aussi je me carapate quand je sens qu'on me mets la pression. Mais je crois que je lui ai expliqué, je crois qu'il a compris,

C'est cool qu'il le nomme, mais oui ça peut être culpabilisant (et c'est ce que ça semble produire chez toi) si c'est trop insistant, récurrent, plaintif…

Murgien
ça va mieux maintenant, je le sens beaucoup moins en souffrance,
et il ne souhaite vraiment pas me forcer,

Super.

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Discussion : Amours compersives, amitiés compersives, ou la compersion comme modalité interactionnelle

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artichaut

le lundi 29 septembre 2025 à 10h59

Tiens je viens de penser à un truc de compersion tout bête. Le fait d'être parents et la joie de partager ça. Qui voudrait être parent tout seul ? Avoir un enfant rien qu'à soi ?
Alors qu'être co-aimant (à deux, à plus que deux), c'est une joie indescriptible. Même si l'on ne s'est pas choisis entre co-aimant·e.

Qu'on ne sache pas le vivre avec le sexe ou l'amour-amoureux, soite. Mais vivons le déjà dans tous les autres champs de la vie.
La co-aimance c'est le début de la communauté, du commun entre humain·e·s.
Et on en a bien besoin par les temps qui courent. Y'a pas que la haine et la colère autour de quoi se rassembler.

C'est peut-être ça aussi le changement de paradigme : au lieu de regarder qu'une personne qui m'aime en aime aussi un·e autre (et voir ce que ça me fait en moins et m'en plaindre), voir qu'une personne que j'aime est aussi aimé·e par d'autres, et voir le commun que j'ai avec ces gens-là (et regarder ce que ça nous fait en plus et m'en réjouir).

Ça me fait penser au verre à_moitié_plein / à_moitié_vide et j'ai envie de l'élargir. T'as un petit fond de très bon vin dans ton verre, et toi, qu'est-ce que tu regarde ? Le gouffre du vide dans ton verre !

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Discussion : Amours compersives, amitiés compersives, ou la compersion comme modalité interactionnelle

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artichaut

le lundi 29 septembre 2025 à 10h39

Lili-Lutine
La compersion est alors devenue pour moi non pas une émotion rare, mais une clé pour sortir des hiérarchies relationnelles

Grave !

Lili-Lutine
Une joie sans possession, sans calcul, juste le plaisir de voir la vie circuler

Ouiii

Lili-Lutine
Elle n’est pas qu’une affaire de "grands cœurs poly"
Je la vis aussi à petite échelle, chaque fois que je me réjouis que quelqu’un·e que j’aime soit nourri·e ailleurs, autrement
Quand je suis touchée, émue, reconnaissante que la vie et les bonheurs de cette personne ne dépendent pas (que) de moi

Voilà la clef pour moi : que quelqu’un·e que j’aime soit nourri·e ailleurs, autrement … que la vie et les bonheurs de cette personne ne dépendent pas (que) de moi.

Ça j'ai l'impression que c'est hyper important pour moi.
Être rassuré que l'autre ne va pas s'effondrer si… je disparais, j'ai moins envie, j'ai besoin de prendre soin de moi et de moi seul, etc.
Être rassuré que l'autre a une vie en dehors de moi.
Être rassuré de ne pas être indispensable à l'autre.
Être rassuré qu'on soit plusieurs à pouvoir prendre soin d'une personne que j'aime.

Quand on y pense c'est tellement affreux d'être le seul, la seule pour quelqu'un…
Brrr ça me fait froid dans le dos.

Même ces trucs de socle, d'ancre, etc.
Je ne veux être le socle, l'ancre de personne. Pas même de mes enfants.
Au secours !

Alors que voir ces gens que j'aime s'enjailler avec d'autres, c'est émouvant, gratifiant, rassurant. Je me dis que j'ai de la chance de voir ça, et de faire partie de tout ça.

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Discussion : Changer de paradigme (relationnel)

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artichaut

le dimanche 28 septembre 2025 à 23h53

artichaut
Le postulat
En fait on sait toutes et tous globalement s'y prendre relationellement (au moins à certains endroits). Tout le monde vit des relations multiples (au moins dans certains registres affectifs). Tout le monde vit parfois de la jalousie. Tout le monde vit parfois et déjà de la compersion. On sait faire tout ça, juste on ne se sert pas de ce savoir faire.
(…)
Si par exemple je suis compersive avec mes copines. Whaou, super ! Travaillons la compersion à partir de là, au lieu de s'inventer je ne sais quel challenge insurmontable pour faire ressembler ma vie à un film Hollywoodien bâclé. Rien qu'avec des "potes" y'a matière à travailler sur soi, à travailler la jalousie, les émotions et la compersion.

Et changer de paradigme relationnel, peut-être bien que ça commence par la compersion.

Je viens de créer ce fil : Amours compersives, amitiés compersives, ou la compersion comme modalité interactionnelle.

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Discussion : Dis...c'est quoi l'amour ?

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artichaut

le dimanche 28 septembre 2025 à 23h47

artichaut #
Pour moi il n'y a pas d'amour sans compersion.

Je viens de créer ce fil : Amours compersives, amitiés compersives, ou la compersion comme modalité interactionnelle.

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Discussion : Amours compersives, amitiés compersives, ou la compersion comme modalité interactionnelle

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artichaut

le dimanche 28 septembre 2025 à 23h21

Allez, soyons optimistes. Et parlons de ce que j'aime au lieu de critiquer ce que je n'aime pas.

J'ai proposé ici l'expression amours compersives. Oui, alors ok, difficle de faire plus obscur comme concept pour les non-polys.

Et l'an dernier je plaisantais sur le nom de ce forum, en proposant de le transformer en compersion.info.

Rien à faire, j'aime la compersion, son concept, son humeur, son mouvement, ses élans, ses racines. La manière dont elle s'étend et se propage.
Les amours plurielles et le polyamour ne me parlent plus trop. Disons que la notion de pluriel que j'ai pu voir jadis comme une ouverture à une pluralité de point de vue et de pratiques, me semble aujourd'hui se retreindre de plus en plus à une pure question de quantité ou de multiplication de la monogamie. Avoir plusieurs relations à quoi bon, tout dépend ce qu'on en fait.

Amours, je sais pas (même si aujourd'hui j'aime l'amour), alors j'ai élargi le titre de cette discussion aux amitiés compersives, aux interactions compersives.

Qu'est-ce qui m'intéresse dans la compersion ?

Que ça place tout de suite le curseur à l'endroit crucial qui nous (enfin moi en tout cas) intéresse ici.

Quitter la monogamie pour la compersion, voilà un objectif que je trouve ultra stimulant.
Et pas si dificile quand on y réfléchis. Tout le monde vit déjà de la compersion, avec ses amis, sa famille, ses collègues, etc.
Il s'agit juste d'oser élargir un peu plus quelque chose que l'on connaît déjà.

Les moments de compersion que j'ai pu vivre, comme ceux de polyamour convivial sont je pense les plus beaux moments que j'ai pu vivre en non-monogamie, et ils ne sont pas entachés, comme d'autres, de souvenirs pourri-crados résiduels.

C'est, je sais pas, de l'amour au sens large, de l'amour par procuration, de l'amour tel que je le conçois : on aime l'autre pour ce qu'il est pour ce qu'il vit, on est heureux de son bonheur (et pas seulement de ses relations d'ailleurs, mais de ses joies en général).

La compersion, par expérience est très contagieuse en plus. De même que l'amour appelle l'amour, que la générosité appelle la générosité.
Et en vrai je m'en fiche un peu qu'elle s'applique à du sexe ou a de l'amour-amoureux, ou même les deux ensemble, la toute puissante RAS (relation_amoureuse_et_sexuelle).

J'avoue, quand un·e proche m'annonce une nouvelle RAS dans sa vie, je vois déjà les tourments post-NRE. Mais allez, si la personne est provisoirement heureuse, célébrons ce petit rayon de soleil dans sa vie.
Et puis la compersion c'est pas juste célébrer les nouvelles RAS, c'est aussi soutenir dans le lien qui suivra, et c'est aussi célébrer tout le reste, les autres formes de relations/interactions, les joies de la vie, et même les tristesses. On ne célèbre pas assez les tristesses, les ruptures, les transformations relationnelles !

Et si on inventait des rituels compersifs ?

L'amour est quelque chose de vivant. Comme la vie elle-même.
Seul le capitalisme prétend figer tout ça en monobloc de béton durable, écologique, à rentabilité garantie pour l'éternité et le paradis en prime.

La vie est autre. Elle est mouvante, changeante, mortelle aussi, et surtout c'est la seule chose qu'on aie. Une escale sur cette terre, comme dit @Lili-Lutine et que l'on peut partager avec d'autres.
Il en va de même de la compersion. Ça bouge, ça vit, ça s'émeut, ça ne se fige jamais.

S'enjailler des joies de l'autre c'est aussi s'épargner les escalators relationnels, les scripts. Pour une fois on laisse ça à l'autre, aux autres. Quelle tranquillité !

Et à force de vivre des choses simples, nos propres interactions en deviennent plus simples. On gagne mine de rien en expérience. Et on s'entraide mutuellement vers plus de bonheur partagé. On s'entraide et on s'entraîne à voir le bonheur, plutôt qu'à le laisser filer. À le célébrer. À célébrer des petits moments de joies. Qu'importe si ça durera ou pas.

Les amours compersives, les amitiés compersives, c'est aussi la possibilité (et non l'obligation, raconter peut suffir) du polyamour convivial, de faire des expériences incroyablement folles à se rencontrer entre metamours. Partager ensemble sur ce qu'on aime en commun chez une troisième personne est une expérience incroyable que je souhaite sincérement de vivre à tout le monde.

Ça brouille rapidement les codes de genre et d'affectivités normatives, même en milieu très hétéro. On se met à partager facilement de la tendresse (verbale, émotionnelle d'abord… puis tactile si l'on aime) avec tout genre de personnes. On se découvre ému·e par des personnes qu'on n'imaginait pas pouvoir nous émouvoir (et par lesquelles possiblement on n'est pas du tout attiré ni sexuellement, ni amoureusement, et pourtant on partage un commun de cet ordre via une autre personne qu'on aime) c'est absolument dingo et bouleversant.
Et ça ouvre des champs des possibles inenvisagés et inenvisageables jusque-là.

La tendresse devient un but en soi, et non plus un prélude à autre chose. Le sexe ou l'amour-amoureux ? Des trucs joyeux parmi tant d'autres.

La compersion c'est juste foufou.
Parlons-en, cultivons-la, documentons-la.
Sans quoi on parle tout le temps ici de problèmes, de souffrance… et de mono+gamie.

Et non la compersion n'est pas reservé à une élite de supra-fortiches affectifs.
Tout le monde en a déjà vécu.
Juste on voudrait tout, tout de suite, comme d'hab'. La transposer illico à la RAS, au trouple, à une vision totalisante et totalitaire des relations.

À croire qu'on aime plus se plaindre et souffrir que vivre et ressentir de la joie.
L'herbe est plus verte ailleurs ? Réjouissons-nous qu'elle soit verte quelque part. Ça ne va peut-être pas durer.

Compersion je te kiffe. Tu enjailles régulièrement ma vie.

À quand les cafés compersifs ? compersion.info ? la oui-compersion au lieu de la non-monogamie ? À quand l'amour, tout simplement ?

Ou bien on continue à se jalouser les un·es les autres, à se plaindre, à marchander nos relations, à réclamer toujours plus, et à regarder la paille dans l'œil du voisin ?

À quand la solidarité en amour ?


___
Voir aussi :
- [Lexique] Compersion - définition(s) incluant le post où je référence des ressources sur la compersion.
- Changer de paradigme (relationnel), déc 2022
- les outils pour relations non-normées.

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Discussion : Rencontre vs Relation (dynamique de rencontre vs dynamique relationnelle)

Profil

artichaut

le dimanche 28 septembre 2025 à 21h45

Lili-Lutine
Je propose 4 pistes concrètes pour passer de la logique Relation à une dynamique de Rencontre sans perdre le soin ni la clarté

Je relis et j'adore !

Même si y'a un côté didactique/théorique presque froid ou universitaire, on sens je trouve le vécu et les années de réflexion derrière tout ça.

Merci. Je me sens un peu moins seul.

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