[Outil] Les privilèges monosexuels
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artichaut
le jeudi 03 septembre 2020 à 14h32
[EDIT 27/08/2024 : suite à un contresens ici, et un fil créé en doublon ailleurs, ce fil-ci sera désormais consacré aux privilèges monosexuels, et un autre fil sera consacré aux privilèges monogames.
Le titre a été modifié : Les privilèges mono -> Les privilèges monosexuels]
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Ça fait longtemps que je voudrais lister les privilèges monogames, alors j'ouvre ce fil pour travailler sur le sujet.
J'avais déjà commencé un peu ici, mais sous un angles particulier : Poly / Mono : enjeux de pouvoir et (meta)relations. La question du privilège mono.
J'ai trouvé un article en anglais qui en parle : The monosexual privilege checklist (en) qui contient une liste de 29 privilèges.
Si quelqu'un·e veut les traduire, pour commencer, welcome !
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Voir aussi :
- le fil qui recense les outils pour relations non-normées.
- le fil générique : Décortiquons la Monogamie, sept 2020.
- la page : Terminologies pour décrire nos sexualités
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artichaut
le jeudi 03 septembre 2020 à 14h32
The monosexual privilege checklist
1. Society assures me that my sexual identity is real and that people like me exist.
2. When I disclose my sexual identity to others, they believe it without requiring me to prove it (usually by disclosing my sexual and romantic history).
3. I can feel sure that, upon disclosing my sexual identity, people accept that it’s my real/actual sexual identity (rather than assuming that I am lying or simply wrong).
4. I am never considered closeted when disclosing my sexual identity.
5. I am considered to have more authority in defining and judging bisexuality than people who identify as bisexual.
6. Perception/acceptance of my sexual identity is generally independent of my choices of relationships, partners, and lifestyles.
7. It is unlikely that disclosing my sexual identity in a non-sexual context will be taken as a sign of sexual availability or consent.
8. I can be confident that people will not rename my sexual identity or use different words to describe my identity than I do.
9. When seen with a partner I’m dating, I can be certain I will be recognized as a member of my sexual-identity group by members of my community.
10. I do not have to choose between either invisibility (“passing”) or being consistently “othered” and/or tokenized in my community based on my sexual identity.
11. I am never blamed for upholding heteropatriarchy or cisgender privilege because of the word that I use to identify my sexuality.
12. I feel welcomed at appropriate services or events that are segregated by sexual identity (for example, straight singles nights, gay community centers, or lesbian-only events).
13. I can feel sure that if I choose to enter a monogamous relationship, my friends, community, or my partner will continue to accept my sexual identity, without expecting or pressuring me to change it.
14. I do not need to worry about potential partners shifting instantly from amorous relations to disdain, humiliating treatment, verbal or sexual violence because of my sexual identity.
15. I can choose to be in a polyamorous relationship without being accused of reinforcing stereotypes against my sexual-identity group.
16. I can fairly easily find representations of people of my sexual-identity group and my lifestyle in the media and the arts. I encounter such representations without needing to look hard.
17. If I encounter a fictional, historical or famous figure of my sexual identity, I can be reasonably sure that s/he will be named as such in the text or by the media, reviewers and audience.
18. I often encounter the word I use to identify myself in the media and the arts. When I hear or read it, I am far less likely to find it in the context of the denial of its existence.
19. I can find, fairly easily, reading material, institutions, media representations, etc. which give attention specifically to people of my sexual identity.
20. I can feel certain that normal everyday language will include my sexual identity (“straight and gay alike,” “gay and lesbian,” etc.).
21. If I am cisgender, I am far less likely to suffer from intimate and sexual violence.
22. If I am cisgender, I am less likely to suffer from depression or to contemplate suicide.
23. If I am cisgender, I am far less likely to suffer from poverty.
24. I am more likely to feel comfortable being open about my sexual identity at work.
25. I have access to information about the prevalence of STIs in my community as well as prevention methods that are suitable for me. (For example, searching online yields many, accurate and accessible results).
26. Information about the prevalence of STIs in my community as well as prevention methods suitable for me, are unlikely to be subsumed under those of any other sexual-identity groups.
27. If I live in a city, I am more likely find medical care that will suit my own particular needs.
28. If I am cisgender, I am less likely to risk my health by avoiding medical treatment.
29. I have the privilege of not being aware of my privileges.Source : https://radicalbi.wordpress.com/2011/07/28/the-mon... (en)
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gill (invité)
le lundi 28 septembre 2020 à 11h57
Bonjour,
cette checklist ne parle pas des mode de relations exclusives par rapport à poly mais des orientations sexuelles bi/pan par rapport à monosexuelle (= attirance pour un seul genre).
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artichaut
le vendredi 02 octobre 2020 à 15h05
gill
Bonjour,
cette checklist ne parle pas des mode de relations exclusives par rapport à poly mais des orientations sexuelles bi/pan par rapport à monosexuelle (= attirance pour un seul genre).
Ah ok, merci.
Monosexuel·le (Monosexual) a donc un autre sens que celui que je lui attribuais.
Monosexualité
La monosexualité est le fait de ressentir une attirance physique, ou le fait de maintenir des relations amoureuses, sentimentales et sexuelles uniquement envers des personnes d'un seul genre. Ainsi, la monosexualité inclut l'hétérosexualité (l'attirance exclusive envers les personnes du genre opposé) et l'homosexualité (l'attirance exclusive envers les personnes de même genre), et s'oppose à la bisexualité (l'attirance ou le maintien de relations amoureuses ou sexuelles à des dégrés différents envers des hommes et des femmes) ainsi qu'à la pansexualité (l'attirance envers des humains sans distinctions de sexe ou de genre (personnes transgenres, intersexuées, non-binaires, gender-fluid...).Source : wikipédia (idem dans le wiktionnaire)
Merci. J'ai appris un truc.
…bon ben déso, …et les privilèges monogames restent donc à lister alors…
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gill (invité)
le samedi 03 octobre 2020 à 19h27
Tout à fait !
Mais j'ai quelques problèmes avec la définition issue de wikipédia que tu donnes.
La différence bisexualité/pansexualité qui est donnée dans l'article wikipédia que tu cites est assez décriée.
Certain.e.s bi définissent effectivement leur attirance ainsi ("envers les hommes et les femmes").
Cependant, dans des définitions plus récentes et moins excluantes des personnes non-binaires, la distinction entre bi et pan se fait ainsi : bi = j'ai des attirances pour les personnes de mon genre et d'autres genres (pas forcément tous), et le genre de l'autre a une importance pour moi ; pan = j'ai des attirance pour les personnes de tous les genres, et le genre de l'autre ne rentre pas en considération dans mon attirance.
(Plus d'explications dans cette vidéo d'Alphonse æ ̄ par exemple : https://www.youtube.com/watch?v=69Ia9zn5GWQ )
Sinon, je bug sur cette partie : "sans distinctions de sexe ou de genre (personnes transgenres, intersexuées, non-binaires, gender-fluid...)" => pas cool que les trans et inter se retrouvent dans des catégories de genre à part...
En tant que trans, j'estime que mon genre c'est au choix : meuf, mec ou non-binaire (et tout ce que ça inclue comme sous-catégories) mais pas ma condition ("trans" et/ou "intersexe"). Enfin, après, d'autres personnes concernées peuvent se définir différemment, et ça peut me faire écho aussi, mais là, ce que je lis en filigrane c'est "t'es désirable que par les pans" (et tout le discours qui arrive derrière "je suis pas attiré.e par les trans/inter" - alors peut-être que t'as déjà été attiré.e par des trans/inter, juste tu savais pas qu'iels l'étaient... - ou l'inverse fétichiste "je n'aime que les trans/inter" qui est tout aussi gênant parce qu'il me semble que ce que t'aimes en fait, c'est ma transitude/intersexitude, pas moi), "je ne te reconnais pas le genre dont tu te revendiques parce que t'es trans/inter donc pas vraiment un mec/une meuf", ... et c'est sacrément violent.
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artichaut
le mardi 27 août 2024 à 11h39
Zut, je me rend compte à l'instant que j'ai ouvert un nouveau fil sur les privilèges qui fait doublon avec celui-ci.
Du coup, je propose de laisser ce fil-ci pour parler des privilèges monosexuels, et de lister les privilèges monogames sur l'autre.
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Aki
le mardi 27 août 2024 à 17h48
@artichaut : est-ce que "The monosexual privilege checklist" a été traduit en français depuis ?
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artichaut
le mardi 27 août 2024 à 19h53
Aki
est-ce que "The monosexual privilege checklist" a été traduit en français depuis ?
Pas que je sache.
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Aruyah
le mercredi 05 février 2025 à 20h00
Hello !
Je tombe sur cette discussion au hasard de mes pérégrinations et j'en profite pour poster une traduction de la checklist en français. J'ai fait ça assez rapidement donc ce n'est sans doute pas très littéraire et pourrait être amélioré, je m'en excuse d'avance.
La checklist des privilèges monosexuels
1. La société m’assure que mon identité sexuelle est réelle et que les gens comme moi existent.
2. Quand je fais part de mon identité sexuelle aux autres, ils me croient sans me demander de le prouver (en général en me demandant de leur raconter tout mon historique sexuel et romantique).
3. Je peux être assuré.e du fait que, lorsque je parle de mon identité sexuelle, les gens acceptent qu’il s’agit de ma vraie identité sexuelle (plutôt que de penser que je mens ou tout simplement que je me trompe).
4. Je ne suis jamais considéré.e comme “sortant du placard” quand je révèle mon identité sexuelle.
5. Je suis considéré.e comme ayant plus d’autorité quant à définir et juger la bisexualité, que les gens s’identifiant comme bisexuels.
6. La perception et l’acceptation de mon identité sexuelle sont généralement indépendantes de mes choix de relations, partenaires et modes de vie.
7. Il est peu probable que parler de mon identité sexuelle dans un contexte non sexuel soit vu comme un signe de disponibilité sexuelle ou de consentement.
8. Les autres ne vont pas renommer mon identité sexuelle ou utiliser d’autres mots que ceux que j’utilise pour décrire mon identité.
9. Lorsque je suis vu avec un.e partenaire avec lequelle/laquelle je sors, je peux être certain.e que je vais être reconnu.e par mes pairs comme un.e membre du groupe de mon identité sexuelle.
10. Je n’ai pas à choisir entre être invisibilisé.e et être régulièrement vu.e comme “autre” et/ou ‘tokenized’ (traduction fiable à trouver, mais vient de « token », « symbole ») dans ma communauté, sur base de mon identité sexuelle.
11. On ne me reproche jamais de maintenir l’hétéropatriarcat ou le privilège cisgenre, grâce au mot que j’utilise pour désigner ma sexualité.
12. Je me sens bienvenu.e à des services ou événements qui ciblent une certaine identité sexuelle (par exemple, les soirées pour célibataires hétéro, les centres dédiés à la communauté gay, ou les événements dédiés aux lesbiennes).
13. Je peux être sûr.e que si je m’investis dans une relation monogame, mes amis, ma communauté ou mon/ma partenaire continueront d’accepter mon identité sexuelle, sans s’attendre à ni me presser à ce que j’en change.
14. Je n’ai pas besoin de me tracasser à propos de partenaires potentiel.les qui changeraient soudain de comportement, passant de l’amour au dédain, m’infligeant un traitement humiliant, des violences verbales ou sexuelles à cause de mon identité sexuelle.
15. Je peux choisir d’être dans une relation polyamoureuse sans être accuse.e de réenforcer les stéréotypes contre mon groupe d’identité sexuelle.
16. Je peux plutôt facilement trouver dans les médias et les productions artistiques des modèles dans mon groupe d’identité sexuelle qui adoptent le même mode de vie que moi. Je rencontre ces modèles sans avoir besoin de chercher très loin.
17. Si je rencontre un.e représentant.e fictif.ve, historique ou célèbre de mon identité sexuelle, je peux être raisonnablement sûr.e qu’iel sera nommé.e en tant que tel.le dans le texte ou par les médias, les les critiques ou le public.
18. Je rencontre souvent le mot que j’utilise pour m’identifier dans les médias et les productions artistiques. Quand je l’entends ou que je le lis, il est fort probable que ce ne soit pas dans un contexte de négation de son existence.
19. Je peux assez aisément trouver de la lecture, des institutions, des representations dans les médias, etc. qui s’intéressent particulièrement aux personnes de mon identité sexuelle.
20. Je peux être certain.e que le langage de tous les jours aura des mots pour désigner mon identité sexuelle (hétéro, homo, gay, lesbienne, etc).
21. Si je suis cisgenre, j’aurai beaucoup moins tendance à souffrir de violences sexuelles et intimes.
22. Si je suis cisgenre, j’aurai moins tendance à souffrir de dépression ou d’envies suicidaires.
23. Si je suis cisgenre, j’aurai moins tendance à souffrir de la pauvreté.
24. J’ai plus de chance de me sentir confortable en parlant de mon identité sexuelle au travail.
25. J’ai accès à des informations sur la prévalence des IST dans ma communauté aussi bien qu’à des méthodes de prévention qui me correspondent (par exemple, une recherche en ligne donne accès à beaucoup de résultats exacts).
26. Les informations sur la prévalence des IST dans ma communauté, aussi bien que les méthodes de prévention qui me correspondent, seront difficilement assimilés à ceux des groupes d’autres appartenances sexuelles.
27. Si je vis en ville, j’ai plus de facilité à trouver des soins médicaux qui vont correspondre à mes besoins spécifiques.
28. Si je suis cisgenre, j’ai moins tendance à prendre des risques pour ma santé en évitant les traitements médicaux.
29. J’ai le privilège de ne pas être conscient.e de mes privilèges.
Message modifié par son auteur il y a 7 mois.
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artichaut
le samedi 26 juillet 2025 à 02h43
Bon du coup je ne sais pas comment nommer le fait de ne partager de la sexualité qu'avec une seule personne, ou pour être plus précis de partager de la sexualité toujours avec la même personne.
En ce moment j'ai des questionnements autour de ça, mais ne sait même pas quel mot employer pour en parler…
Mono-partenaire : ne concerne pas spécifiquement la sexualité
Monogamie sexuelle : un peu compliqué, mais pourquoi pas…
…à moins d'admettre que monosexuel ai plusieurs sens, plusieurs définitions : le contraire de bisexuel (un seul genre), mais aussi le contraire de polysexuel (un·e seul·e partenaire sexuel·le)
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Lili-Lutine
le samedi 26 juillet 2025 à 10h15
En tant que personne queer, non-monogame et attentive aux nuances de langage, j’aimerais apporter une petite réflexion complémentaire :-)
Il me semble que les mots "monosexuel·le", "monogame", "mono-partenaire sexuel·le", etc. se croisent parfois dans les conversations, au point de flouter les lignes entre orientation sexuelle, style relationnel, et choix pratiques. Et c’est sans doute normal que les termes glissent, car nos vécus ne rentrent pas dans des cases figées
Mais peut-être qu’un terme comme mono-érotisme, ou sexualité exclusive (ou même exclusivité sexuelle choisie) pourrait venir dire ce que certain·e·s vivent sans confusion avec l’orientation sexuelle. Parce qu’on peut avoir une sexualité exclusivement avec une personne sans être monosexuel·le au sens bi/pan vs hétéro/homo. Et à l’inverse, on peut être bisexuel·le et pourtant vivre une sexualité exclusive, temporairement ou durablement, avec une seule personne. Bref, il y a mille configurations possibles, et c’est précieux de les nommer avec délicatesse
Ce que je retiens, c’est que les privilèges monosexuels, comme les privilèges monogames, fonctionnent sur une validation sociale automatique : on ne te questionne pas, on ne t’efface pas, on ne doute pas de la “réalité” de ton orientation ou de ta capacité à aimer. Alors que dans les vécus bi, pan, queer, non-binaires, ou poly, on passe souvent notre temps à justifier ce qui est pourtant simple pour nous : notre façon d’aimer <3
Message modifié par son auteur il y a un mois.
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artichaut
le samedi 26 juillet 2025 à 11h06
Lili-Lutine
Il me semble que les mots "monosexuel·le”, “monogame”, “mono-partenaire sexuel·le”, etc. se croisent parfois dans les conversations, au point de flouter les lignes entre orientation sexuelle, style relationnel, et choix pratiques. (…)
Mais peut-être qu’un terme comme mono-érotisme, ou sexualité exclusive (ou même exclusivité sexuelle choisie) pourrait venir dire ce que certain·e·s vivent sans confusion avec l’orientation sexuelle. Parce qu’on peut avoir une sexualité exclusivement avec une personne sans être monosexuel·le au sens bi/pan vs hétéro/homo.
Merci ! Je prends …et je déplace sur ce fil : Terminologies pour décrire nos sexualités.
Et du coup j'ai aussi poursuivi mes réflexions ici : Réflexions sur la sexualité exclusive, ou relation sexuelle unique.