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La relation poly hiérarchisée : une structure soumise à fortes tensions

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Raphaelle

le jeudi 09 janvier 2020 à 14h33

Les différences sont nombreuses. Je prendrais le temps d'y répondre plus tard.

bidibidibidi
Si tu adores être avec quelqu'un, que tu fais des tonnes de projets avec mais que tu n'as pas d'attirance sexuelle, c'est un très bon ami, une confidente, mais pas une relation adultère. Ca peut être gênant pour le couple parce qu'envahissant, mais ça n'est pas prohibé dans le contrat monogame.

Tout dépend de comment tu définis la relation amoureuse par rapport à la relation amicale. Pour ma part, c'est un continuum flou. Et, j'ai eu une relation amoureuse asexuelle. D'autre part, les sentiments de jalousie, s'ils ont tendance à se cristalliser sur le plan sexuel, ne s'y limitent pas.

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bidibidibidi

le jeudi 09 janvier 2020 à 15h19

Vaniel
Tout dépend de comment tu définis la relation amoureuse par rapport à la relation amicale. Pour ma part, c'est un continuum flou. Et, j'ai eu une relation amoureuse asexuelle. D'autre part, les sentiments de jalousie, s'ils ont tendance à se cristalliser sur le plan sexuel, ne s'y limitent pas.

Je les définis de la même manière. Mais ce n'est pas mon avis qui est important.
Si par exemple je prends le premier lien que je trouve parlant de la différence entre amour et amitié (https://www.penser-et-agir.fr/difference-entre-amour-et-amitie/) j'ai le droit à cette citation : "L’amitié permet de développer une certaine complicité dans laquelle tout désir de rapprochement physique ou sexuel est absent. Dans le cas contraire, vous pouvez conclure que vos sentiments ont alors évolué vers de l’amour. Et les « sex-friends » me diriez-vous ? Eh bien, dans ce cas, vous conviendrez qu’il ne s’agit plus vraiment de simple relation amicale n’est-ce pas ?"
Donc, clairement, je ne suis pas d'accord. Et je ne dis pas que c'est valide de prendre le premier lien Google et de considérer que ça a une valeur. Mais je pense que ça reflète malgré tout une pensée que pas mal de personnes ont : pas de sexe = amitié.

Vaniel
Les différences sont nombreuses. Je prendrais le temps d'y répondre plus tard.

On pourra même en discuter samedi si tu veux, j'ai vu qu'on était tous les deux inscrits au même événement :-)

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Raphaelle

le jeudi 09 janvier 2020 à 16h59

bidibidibidi
je pense que ça reflète malgré tout une pensée que pas mal de personnes ont : pas de sexe = amitié.

Yep, tout-à-fait d'accord que c'est une pensée majoritaire, ce qui ne la rend pas pertinente pour autant :)

Message modifié par son auteur il y a 3 ans.

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bidibidibidi

le jeudi 09 janvier 2020 à 17h10

Vaniel
Yep, tout-à-fait d'accord que c'est une pensée majoritaire, ce qui ne le rend pas pertinente pour autant :)

Je suis pas sûr que cette conversation nous amène quelque part si on commence à débattre de la pertinence d'une croyance :-)

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Intermittent

le jeudi 09 janvier 2020 à 21h56

Vaniel
@Intermittent
Ce que je voulais dire, c'est que le système mono dispose de ses propres barrières pour empêcher une partie des tensions/sollicitations... Je n'ai jamais dit que les barrières étaient efficaces à moyen et long terme. Le système mono est contraire tellement fragile qu'il doit poser des garde-fous partout dans beaucoup de cas. Dans une situation mono, le couple est censé éviter un certain nombre de situations (est censé = a priori... d'où : " La monogamie est une péniche qui, a priori, navigue en eaux calmes.")

Je reformulerais en disant que l'exclusivité dispose de ses propres barrières pour "cadrer" les sollicitations extérieures au couple.

On n'y succombe pas ...en principe ....:-)

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artichaut

le vendredi 10 janvier 2020 à 06h19

Alors déjà merci @Vaniel d'avoir lancé cette discussion. J'aime les fils qui tente de creuser un peu les choses.

Je trouve —comme @bidibidibidi et d'autres l'ont évoqués— que l'anarchie relationnelle (AR) n'échappe pas à certaines choses que tu cite.
Par exemples ces choses (que je re-liste ici) :


- un ensemble de privilèges accordés à un ou plusieurs partenaires
- des espaces [qui] doivent être clôturés/préservés
- rigidifier certains aspects, rendre inamovibles certaines dynamiques

Pour moi l'AR n'échappe pas à ça (je peux développer).
Et la différence me semble se situer à un niveau +projectif (au sens de projet de vie), ou disons +politique… ou comme le dit @Siestacorta (ici) :

une autre façon de regarder l'horizon, de s'exposer consciemment à la suite.

Je rejoins @Minora sur le fait que :

ce sont les relations amoureuses qui sont compliquées, quelle que soit la forme de la relation.

Je m'étonne que ce fil omet de signaler que c'est surtout pour le tiers (rabaissé au rang de de secondaire) que la hiérarchie est difficile à vivre. Mais certes ce n'était peut-être pas le sujet du fil.

Je rejoins @duncanidaho (cité ici par @Intermittent) sur le fait que c'est surtout l'implicite plus encore que la hiérarchie, qui est source de difficultés et qui met les relations à rudes épreuves.

Du reste l'AR me semble souvent épris de beaucoup d'implicite (vous êtes plusieurs à le dire aussi). Et il n'est pas toujours simple de différencier l'AR de « l'Union libre », …où l'implicite et les non-dits règnent en maître.


En fait ce fil ravive en moi un questionnement et une recherche d'un autre mot, qui peut-être ne sera ni "polyamour" ni "anarchie relationnelle", pour désigner ce que j'ai envie de vivre.

Je n'aime pas ce mot d'anarchie relationnelle
- ni par ce que ces mots me semble recouvrir ou connoter
- ni par l'usage qui en est trop souvent fait (et c'est peut-être pour les même raisons que j'abandonnerais possiblement un jour le mot polyamour)

Les mots de @bidibidibidi me semblent à ce titre révélateurs :

Les polyamoureux hiérarchique ont le désir de faire des projets. (…)
Les anarchistes relationnels ont le désir d'avoir un maximum de liberté.

Non les anarchistes relationnels ne me semblent pas avoir le désir d'un maximum de liberté. Liberté trop souvent revendiquée d'ailleurs pour ne cautionner qu'un simple libéralisme relationnel (que je peine encore à nommer).

Et comme le dit ici Elisende Coladan :

L’anarchie relationnelle est souvent perçue comme une manière de vivre les relations sans engagement

Et de proposer la notion de réseaux relationnels et d’appui (opus citem).
Ce qui me semble rejoindre ce que @Siestacorta nomme réseau affectif (ici), en lien avec la question de la responsabilité.

A tout prendre je préférerais encore un communisme relationnel, qu'un anarchisme relationnel. Avec cette idée mise en avant, non pas de la liberté, mais de la solidarité. Quelque chose qui soit tourné vers l'autre, vers les autres (ou a-minima vers ce qui fait relation), et non tourné vers soi (ou un entre-soi).


Alors oui, il se peut que la structure même du polyamour hiérarchique soit fragile, mais ce n'est pas ce qui moi me pose problème. Ne peut-on pas ré-appendre à construire depuis nos fragilités justement ?
Quand la hiérarchie est là (comme les règles d'ailleurs) pour avancer un peu plus loin, créer un ponton, une avancée dans la mer, après tout pourquoi pas (quitte même à la remettre en question +tard).
Perso ça me semble moins dangereux que l'implicite se posant en dogme (comme dans la monogamie ou certaines formes d'anarchie relationnelle).

Si la monogamie est une péniche (d'où partent de nombreux sous-marins, avec explosions de torpilles aléatoires !). Si le polyamour hiérarchique est un paquebot (qui certes mériterais d'explorer +loin que sa zone de confort, de ne pas mépriser les petits bateaux qui l'entoure, et ne pas ignorer les torpilles qu'il contient encore en cale). Et si trop souvent l'anarchie relationnelle est un scooter des mers. Je me dis qu'un frêle radeau n'est pas la pire des embarcations.

Et j'ai aimé la phrase citée par @Vaniel dès son premier message :

« Aimer la métamorphose comme la seule forme de notre permanence. »

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Siestacorta

le vendredi 10 janvier 2020 à 11h29

artichaut

Je m'étonne que ce fil omet de signaler que c'est surtout pour le tiers (rabaissé au rang de de secondaire) que la hiérarchie est difficile à vivre.

M'sieur, m'sieur, c'est pas vrai, j'avais répondu bon, @là.

Siestacorta

la promesse d'ouverture poly à un tiers-aimé est quand même souvent vachement trompeuse, et (...) c'est pas la structure qui le paie, c'est les gens. Le tiers, puis les encouplés.

Je m'autocite sans vergogne.
Je décris à la suite de Vaniel un inherent vice du système hiérarchique, mais je pense qu'il trouve son pendant dans l'AR.

Les intentions ne sont pas mauvaises, même pas dans le premier cas. Je pense que parce qu'on vit soi-même ces relations avec tous nos projets ethicsproof, la part d'oppression est impensée. On est les gentils, appliquer à soi-même une grille de lecture critique de notre façon de formaliser les relations est pas gagné, surtout quand on a bien réfléchi au projet sur le papier.
Passer minimum cinq ans en thérapie ou en analyse avec comme sujet "comment je peux aimer", vous le de devez à tous vos partenaires, voilà c'que j'dis.
Avant ça, interdit de câliner, bande de sauvages.

Message modifié par son auteur il y a 3 ans.

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Mark

le vendredi 10 janvier 2020 à 12h47

"A tout prendre je préférerais encore un communisme relationnel, qu'un anarchisme relationnel. Avec cette idée mise en avant, non pas de la liberté, mais de la solidarité. Quelque chose qui soit tourné vers l'autre, vers les autres (ou a-minima vers ce qui fait relation), et non tourné vers soi (ou un entre-soi)."

J'adore! (Et coup de bol, mon amoureuse est totalement dans cet état d'esprit, dans la pensée comme dans ses actes ^^

Message modifié par son auteur il y a 3 ans.

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Invité (invité)

le vendredi 10 janvier 2020 à 14h25

Le debat est intéressant mais il le serait encore + si on avait qq points de vue féminins étayés.

Où sont les femmes ?

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artichaut

le vendredi 10 janvier 2020 à 14h29

Siestacorta
M'sieur, m'sieur, c'est pas vrai, j'avais répondu bon

dac' !

Siestacorta
Je décris à la suite de Vaniel un inherent vice du système hiérarchique, mais je pense qu'il trouve son pendant dans l'AR.

Oui.
Comme tu dis +haut :

Siestacorta
Dans le milieu poly qui se voit en cafés, il y a pas mal d'injonctions à l'anarchie... Et bon. Une fois écartés les convertis récents enivrés par les parfums des terres inexplorées pendant les sales saisons, et les gens qui oublient de mettre très centralement la question de la responsabilité personnelle dans "anarchie" (ce sont parfois les mêmes, mais pas toujours), on peut discuter...

Que la hiérarchie s'affiche éhontément (et tant pis pour les non-privilégié·e·s qualifié·e·s de secondaires), ou qu'elle se dissimule dans un impensé ou un déni implicite, elle est opérante.
C'est un peu la différence entre un racisme de droite (qui s'affiche éhontément) et un racisme de gauche (qui prétend, non seulement ne pas exister, mais lutter contre celui de son voisin de droite).

Même avec des enfants la hiérarchie ne me semble pas nécessaire.
Ça me fait penser à ce que disait @bidibidibidi :

Si tu souhaites avoir des enfants, tu as besoin que la personne en face s'engage fortement vis-à-vis de la relation. Ca génère, automatiquement, une hiérarchisation. Si j'ai un partenaire qui veut des enfants avec moi mais que, pour lui, notre relation sera traitée sur un pied d'égalité avec son dernier flirt, clairement, je n'en suis pas.

Non ça ne me semble pas automatique, pas au sens poly-hiérarchique-totalisant en tout cas (d'ailleurs tu dis toi même "je n'en suis pas", comme quoi, d'autres peuvent "en être", ce qui contredis le caractère automatique de la chose, CQFD).
Après nier que ça crée des formes de priorisation dans un certain domaine, serait fonctionner avec les œillères de l'AR.
Chacun/Chacune priorise telle ou telle chose avec tel ou telle. C'est même ce qui fait que chaque relation est unique.

Penser la question du temps (quantité de temps passé avec l'autre, qui en cas d'enfant peut être conséquent, surtout au début) comme LA valeur me paraît profondément monogame.
Idem pour la conjugalité.
On dirait que pour beaucoup "hiérarchiser" ça veut dire assumer de passer +de temps avec tel ou telle (ou habiter avec tel ou telle, ce qui revient au même).
Ne pourrait-on assumer certaines priorisations (passer beaucoup de temps avec untel, habiter avec unetelle), non forcément définitives et immuables, sans ramener la chape de plomb de la hiérarchisation ?

Et encore une fois, déplacer ce qui est peut-être un faux problème (hiérarchie/AR) vers une réflexion +en mouvement et +en profondeur : implicite/explicite, liberté/solidarité, sécurité/nouveauté, etc

Siestacorta
Passer minimum cinq ans en thérapie ou en analyse avec comme sujet "comment je peux aimer", vous le de devez à tous vos partenaires, voilà c'que j'dis.
Avant ça, interdit de câliner, bande de sauvages.

Il ne s'agit pas tant d'avoir fait (solo) cinq ans de thérapie, que de questionner au jour-le-jour "comment pouvons-nous nous aimer" (et accepter de remettre en question nos "je" et nos certitudes).

Penser qu'une relation sous-marine (monogamie et adultère), secondaire (hiérarchie) ou traitée avec déni ou désinvolture (AR) pourrait ne pas nous affecter et ne pas nous changer profondément je vois ça le+souvent comme un manque de courage.

Et dans les 3 cas, je vois ça comme un déni d'engagement de soi en même temps qu'un déni de prise en compte de l'autre dans la relation. Un refus de se mettre en jeu.

A quoi bon relationner, si c'est pour rester toujours soi-même (couple-mono-immuable, socle-poly-conjugal, ou AR-autonome-affectif) ?

Le communisme relationnel serait au contraire, se penser dans un commun. Et ce à plusieurs niveaux : aussi bien dans la dualité d'une relation, que vis-à-vis des tiers, des métamours, ou même de personnes non encore rencontrées.

Une ouverture au monde, plutôt qu'une fermeture.

Rompre avec une vision centripète du monde.

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bidibidibidi

le vendredi 10 janvier 2020 à 18h46

Je suis plutôt d'accord avec toi, mais je réagis sur ces points :

artichaut
Non ça ne me semble pas automatique, pas au sens poly-hiérarchique-totalisant en tout cas (d'ailleurs tu dis toi même "je n'en suis pas", comme quoi, d'autres peuvent "en être", ce qui contredis le caractère automatique de la chose, CQFD).
Après nier que ça crée des formes de priorisation dans un certain domaine, serait fonctionner avec les œillères de l'AR.
Chacun/Chacune priorise telle ou telle chose avec tel ou telle. C'est même ce qui fait que chaque relation est unique.

- Oui, on peut mettre une nana en cloque et nier avoir de quelconques engagements envers elle ou l'enfant. Mais je pense pas que ça fasse de nous un anarchiste relationnel. Quelle que soit la forme de relation, une personne à peu près saine d'esprit s'engagera auprès de ses enfants et du partenaire avec lequel il les élève.
- Tu parles de priorisation. Qui dit priorisation dit hiérarchie pour moi. Après, tu parles de poly-hiérarchique-totalisant. Je ne sais pas ce que c'est, et je ne suis pas sûr qu'on parle de la même chose. Par hiérarchie, j'entendais juste qu'une relation a préséance par rapport à une autre.

artichaut
Penser la question du temps (quantité de temps passé avec l'autre, qui en cas d'enfant peut être conséquent, surtout au début) comme LA valeur me paraît profondément monogame.

Je ne te suis pas. Pourquoi monogame ?

artichaut
Penser qu'une relation sous-marine (monogamie et adultère), secondaire (hiérarchie) ou traitée avec déni ou désinvolture (AR) pourrait ne pas nous affecter et ne pas nous changer profondément je vois ça le+souvent comme un manque de courage.

Je suis désolé de demander ça, mais pourquoi l'anarchiste relationnel traiterai ses relations avec désinvolture ?

Message modifié par son auteur il y a 3 ans.

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artichaut

le lundi 13 janvier 2020 à 02h32

@bidibidibidi

Ok, tu va m'obliger à développer

Et il me semble judicieux, comme @Vaniel l'a fait (d'ailleurs merci pour ça !) d’indiquer ma situation d’énonciation, biaisée et partielle :

J'ai découvert la non-exclusivité via le milieu anarchiste français il y a une quinzaine d'années. J'ai immédiatement sû que c'était fait pour moi, suis devenu non-exclusif et n'ai plus jamais cessé de l'être.
Dans les milieux que je fréquente à l'époque, la non-exclusivité y est facilement théorisée (disons que ça fait partie du décor) mais dans la pratique c'est autre chose : beaucoup d'immaturité affective, peu de modèles, peu de volonté d'engagement, peu de communication, rejet du "couple" et de "l'amour", peu de remise en question sur soi-même (l'ennemi est toujours ailleurs) ou de questionnement sur les oppressions (sauf chez les anars-féministes). Bref une version de l'union libre assez libérale qui ne dit pas son nom… et au final pas mal de désinvolture sur ces questions là, je trouve.
Bon an, mal an, j'y fais mon chemin, avec mon lot d'erreurs, de remise en question, etc.
Il y a 5 ans environ je (re)découvre le mot polyamour (notamment via cette vidéo de Brigitte Vasallo que je découvre) et cette-fois-ci ça me parle. Je me réconcilie avec "l'amour". Je deviens polyamoureux, au plein sens du mot (=capable de parler de mes émotions, de ce que je ressent, de la relation en train de se vivre, je découvre l'empathie, etc).
Je creuse le sujet, je questionne l'amour et l'amitié, je remet en cause la hiérarchie relationnelle et forcément j'en arrive à… l'anarchie relationnelle.
Et là bon, à la fois ça me parle, à la fois la référence à l'anarchie me pose question, et surtout je ne suis que trop bien placé pour ne pas voir comment l'AR peut servir de caution (notamment a des mecs-cis-hétéros, mais pas que) pour faire de la merde —comme en milieu monogame— mais multiplié par le nombre de leurs relations, pour ne pas s'engager sous prétexte de liberté (des corps et des êtres), etc, etc.
Et je ne me contente pas de voir comment ça peut servir de caution, mais bien comment ça sert de caution (au sein des milieux anars comme au sein du milieu poly). Encore et toujours la théorie, pour justifier des comportements irresponsables, immatures, oppressifs, etc.
Alors depuis je cherche comment concilier ce qui me semble chouette dans l'anarchie relationnelle ou le polyamour mais sans cautionner/pratiquer pour autant une version édulcorée, néo-libérale, sexiste ou désinvolte.

Voilà pour les biais. Je réponds a tes questions dans un prochain message (sans doute demain).


(et @Vaniel, tu peux dire, si tu trouve qu'on fait dévier ton fil hors de son propos)

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artichaut

le mardi 14 janvier 2020 à 01h25

spoiler alert : ne pas entendre "mono" dans ce qui suit, comme forcément péjoratif, "mal" ou a bannir (merci)

bidibidibidi
- Oui, on peut mettre une nana en cloque et nier avoir de quelconques engagements envers elle ou l'enfant. Mais je pense pas que ça fasse de nous un anarchiste relationnel.

euh… non rien a voir en effet
engagement et hiérarchie me semblent deux choses différentes…

bidibidibidi
- Tu parles de priorisation. Qui dit priorisation dit hiérarchie pour moi. Après, tu parles de poly-hiérarchique-totalisant. Je ne sais pas ce que c'est, et je ne suis pas sûr qu'on parle de la même chose. Par hiérarchie, j'entendais juste qu'une relation a préséance par rapport à une autre.

hiérarchie et préséance sont proches, selon moi, en effet
priorisation me semble un peu autre chose

on pourrais dire
priorisation = à un instant t
hiérarchie = de manière durable

au passage la question de la permanence me semble avoir des sous-bassements mono… mais c'est peut-être une autre histoire

faire un enfant étant un engagement long (disons 20 ans), en ce sens oui, on pourrait dire que ça implique hiérarchie, mais… c'est tout de même un engagement beaucoup+ vis-à-vis de l'enfant que vis-à-vis du conjoint
(à titre perso je trouve même préférable de "se séparer", ou du moins quitter la monogamie et la conjugalité-parentale, dès qu'on fait le projet d'un enfant —mais ça c'est très personnel comme vision de la chose)
donc hiérarchie ok, mais vis-à-vis de l'enfant
= la relation a ton enfant passe avant tes autres relations au moins les premières années (y compris d'ailleurs passe avant la relation au conjoint —et ça je pense que c'est très très peu dit aux futurs parents)

donc vis-à-vis de l'autre parent je ne vois pas ce que ça hiérarchise
la société monogame hiérarchise, ça c'est sûr et y'a une injonction à hiérarchiser
mais en soi, ça me semble très subjectif, et donc selon les ressentis de chacun·e

ensuite on pourrais dire
priorisation = dans un domaine particulier
hiérarchie = dans "tous" les domaines (ou dans les domaines jugés +importants que d'autres)

et là encore c'est la société monogame qui nous dit que le fait de partager un enfant avec une autre personne est un truc hiérarchiquement supérieur (enfin d'ailleurs surtout pour les femmes, le père lui ayant "le droit" de trouver son travail +important, au même titre qu'il a droit à l'adultère)

mais tout ça ce n'est en définitive que construction sociale

par contre on peut —sans pour autant hiérarchiser— s'engager dans le fait de travailler à entretenir le lien et prendre soin des personnes impliquées
mais ça ne dit rien sur le fait de "devoir" habiter ensemble et autre choses du genre

bidibidibidi
Je ne te suis pas. Pourquoi monogame ?

Je vais plutôt répondre ici.

bidibidibidi
Je suis désolé de demander ça, mais pourquoi l'anarchiste relationnel traiterai ses relations avec désinvolture ?

Ce n'est pas (heureusement !) quelque chose de systématique.
Disons que ça me semble un biais de la posture et des choix induits.

Dire "il n'y a pas de hiérarchie" peut être une manière de dire/laisser-entendre/faire-exister "aucune n'est importante", sous entendu "aucune n'est (aussi) importante (qu'une relation mono)".
Il est possible de ne pas faire-exister ça mais ça nécessite, je pense, une grande prise de distance vis-à-vis de la norme monogame (qu'un néo-AR, a fortiori poussé dans l'AR par un mimétisme de groupe, n'est pas forcément en mesure d'avoir).
Et je pense que ça nécessite au contraire un effet inverse : celui de dire "toutes mes relations sont importantes" (ou toutes mes relations sont aussi importante qu'une relation mono).
Je trouve que ceci est peu dit en milieu AR. Et j'observe plutôt de la désinvolture que du sur-investissement relationnel.
Mais j'ai conscience d'avoir des biais d'observation lié à mon histoire personnelle.

c'est pour ça peut-être que la notion d'AR ne me suffit pas : envoyer bouler la hiérarchie ok, mais avec objectif de construire quoi ?

c'est pour ça aussi que les postures "négative" (non-exclusivité, non-monogamie, non-hiérarchie…) ne me suffisent plus
même si je les trouve hyper importantes et même essentielles comme modalités de pensée et reprise de pouvoir sur nos vies, j'aurais envie a minima qu'elles soient doublées d'une portée positive, au moins aussi importante


…et pour paraphraser le titre du fil de discussion lancé par @Vaniel je tenterais bien un :
La relation anarel : une structure soumise à fort risque de désengagement (ou désinvolture relationnelle)

Pointer les dangers de chacune, me semble une bonne manière de les conscientiser pour mieux s'en prémunir, …et ce quelque soient nos choix, et les mots qu'on pose sur ces choix.

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bidibidibidi

le mardi 14 janvier 2020 à 12h19

artichaut
faire un enfant étant un engagement long (disons 20 ans), en ce sens oui, on pourrait dire que ça implique hiérarchie, mais… c'est tout de même un engagement beaucoup+ vis-à-vis de l'enfant que vis-à-vis du conjoint
(à titre perso je trouve même préférable de "se séparer", ou du moins quitter la monogamie et la conjugalité-parentale, dès qu'on fait le projet d'un enfant —mais ça c'est très personnel comme vision de la chose)
donc hiérarchie ok, mais vis-à-vis de l'enfant
= la relation a ton enfant passe avant tes autres relations au moins les premières années (y compris d'ailleurs passe avant la relation au conjoint —et ça je pense que c'est très très peu dit aux futurs parents)

Je trouve cette vision idéalisée et fausse (ou dangereuse).
En ayant un enfant, tu as un double engagement :
- Un engagement à l'enfant.
- Un engagement aux autres éducateurs (dans un cadre d'un couple classique, l'autre parent).

Parce que tu peux pas changer d'éducateur pendant les 20 ans d'éducation de ton enfant, tu vas devoir mettre énormément d'énergie et de temps dans ta relation avec eux. Parce que si cette relation périclite, de un, l'enfant va morfler, mais surtout, les éducateurs (toi compris) vont morfler. Tu ne peux pas "rendre l'enfant", il va bien falloir l'élever entièrement. Donc dire que cette relation ne va pas avoir priorité, dans tous les domaines, sur d'autres relations, c'est un rêve.

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Siestacorta

le mardi 14 janvier 2020 à 21h10

Bon, sinon, moi qu'ai un faible un peu honteux pour les métaphores bien épaisses, j'ai retrouvé quelque chose qu'apporte rien - mais rien - au débat, mais qui me grattait l'oreille depuis le début...

"C'était comme deux rivières,
qui voulaient se croiser
et rouler un hiver,
dans le même lit,

on est comme ces rivières,
qui ont pas trouvé la mer,
qui se séparent
quand l'hiver est fini.

(...)

Je suis l'amant des grands espaces,
qui vous ressemble un peu par goût,
pour votre envie comme une menace,
les nerfs à bout, je rêve aussi.

Je révèle
dans une chambre noire,
l'épreuve de nos vies bancales,
une mise à jour de nos déboires,
le souvenir d'un idéal,

je voulais mourir d'une mort lente,
apaiser mon amour près de vous,
je vais mourir d'un mort violente,
puisque les maris sont jaloux."

Zézé Mago - L'amant - Demain l'impossible

Message modifié par son auteur il y a 3 ans.

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Intermittent

le mercredi 15 janvier 2020 à 22h14

(à titre perso je trouve même préférable de "se séparer", ou du moins quitter la monogamie et la conjugalité-parentale, dès qu'on fait le projet d'un enfant —mais ça c'est très personnel comme vision de la chose)

Je doute que tu trouves beaucoup de candidates partageant cette vision de la parentalité même dans le milieu polyamoureux.

Dit autrement, d'une façon un peu moins "intellectuelle" :
"Chérie, comme nous avons décidé de faire un enfant, je vais commencer par me remettre sur le marché amoureux, déménager et te laisser assumer seule ta grossesse."

Pas sûr, qu'elles soient très rassurées par ta vision de choses ....

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bidibidibidi

le jeudi 16 janvier 2020 à 09h25

Et puis, considérant que tu dois vivre l'un à côté de l'autre, que les coûts de deux lieux de vie s'ajoutent au coût d'un enfant, que tu dois dans tous les cas passer les nuits dans le même appart, que tu dois faire finance commune, c'est juste illusoire à mes yeux comme mode de vie. Personnellement, je cherche plutôt des solutions pour avoir plus de deux éducateurs par enfant plutôt que des solutions pour avoir moins d'éducateur par enfant.

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(compte clôturé)

le jeudi 16 janvier 2020 à 21h31

Intermittent
" La monogamie est une péniche qui, a priori, navigue en eaux calmes. J’entendais par-là, dans un milieu où les sollicitations de la structure du couple sont normalement non mises à l’épreuve au quotidien."

Les 45% de divorces des couples monogames mariés ne valident pas vraiment cette impression ...
Et c'est justement le quotidien qui use beaucoup de couples monogames, surtout s'ils ont des enfants.
Faut pas croire, ils sont mignons ces enfants mais aussi usants à éduquer au quotidien ....

Pour les enfants faut y penser avant. Pour les 45% de divorces, les causes sont nombreuses et pas forcément dues à la monogamie : absence de dialogue, de maturité, mariage trop jeune etc... Et l'esprit : tu me trompes je te quitte. Trop facile comme raisonnement, mais instruit par la société.

Ce qui m'amuse dans toutes ces explications fort bien structurées c'est l'utilisation de termes paradoxaux : anarchie ( absence de règles) donc anarchie relationnelle = je fais ce que hé veux avec qui je veux, je pense à moi et les autres je m'en fous. Un peu égocentrique, non? Il est ou l'amour ? Ensuite Polyamour hiérarchisé , plus on est , plus c'est difficile, pourtant dans l'esprit Polyamour on est dans la recherche de soi, de la compersion et du bien être d'autrui, comment l'être avec une hiérarchie qui sous entends chef etc...
Le problème de tels discours est qu'un couple, ou des metamours qui se cherchent, ou des monogames qui se disent vouloir ouvrir leurs couples, essayent de copier des étiquettes plutôt que d'essayer de construire qqchose, j'aime pas le terme déconstruire qui ne veut rien dire,
Alors ma question est : pourquoi chercher à se classifier, surtout quand on s'annonce anarchiste?

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Siestacorta

le jeudi 16 janvier 2020 à 21h47

L'anarchie n'est pas l'anomie.
L'anarchie c'est l'absence de pouvoir, l'anomie c'est l'absence de règles. Et c'est très différent...
Une citation connue dit que l'anarchie, c'est l'ordre moins le pouvoir.
Donc oui, les anarchistes aiment au contraire beaucoup se prendre la tête pour préciser les choses, parce que pour que les accords entre individus fonctionnent sans qu'on joue sur des rapports de domination, on a intérêt à être précis.

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(compte clôturé)

le jeudi 16 janvier 2020 à 21h57

Autant pour moi sur la confusion des deux mots.

Merci pour cette précision.

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