Polyamour.info



Les messages appartiennent à leurs auteurs. Nous n'en sommes pas responsables.

Merci de consulter notre charte de discussion pour connaître les règles qui régissent les conversations sur ce site.

La fermeture du couple

Politique
#
Profil

artichaut

le jeudi 14 novembre 2024 à 10h48

On entend souvent parler ici d'ouvrir son couple*, mais on parle plus rarement de son pendant, la fermeture du couple.

S'il y a besoin d'ouvrir son couple, c'est que celui-ci est fermé. Comment et pourquoi l'est-il devenu ? Était-ce là dès le début, ou est-ce venu en cours de route ? Est-ce inhérent au couple ? Ou cela concerne t-il d'autres structures affectives ou sociales ?

À quoi répond ce besoin, cette envie (cette injonction), de se mettre en couple ? Il y a t-il un besoin initial de fermeture ? Et si oui, pourquoi ?

De même pour le couple libre. Si l'on parle de "couples libres", cela signifie en creux que le couple en soi, ne l'est pas, ou a minima, que cela ne va pas de soi, qu'il le soit. Le couple est-il un enfermement ? Si oui, pourquoi et comment se laisse t-on enfermer, voire choisit-on soi-même de s'enfermer, de s'emprisonner ? Il y a t-il un virage invisible qui fait qu'à un moment on se laisse enfermer, ou l'on s'enferme soi-même ? L'enfermement est-il par exemple, inhérent à l'intensité de la NRE, et celle-ci est-elle la clef de voûte qui incite à sceller le couple à jamais ?

Je pose des questions sans y répondre, car j'ai surtout envie d'ouvrir… la discussion.

Qu'est-ce qu'un couple ? Pourquoi choisit-on de se mettre en couple ? Quels sont les bénéfices ou les inconvénients associés ? Et pourrait-on imaginer "se mettre en couple", sans pour autant s'enfermer ? Si oui, serait-ce encore un couple ?


* ce qui est ici pensé pour le couple, pourrait s'élargir bien évidemment au trouple et autres combinaisons, …mais aussi a toute forme de groupe

#
Profil

GeorgyPorgy

le jeudi 14 novembre 2024 à 11h52

Hello @artichaut

Merci d'ouvrir ce thread! Le sujet me turlupine depuis quelques temps & je trouve la manière dont tu amènes la question ("si besoin d'ouverture, pourquoi / en quoi le couple enferme-t-il à la base?") assez percutante...

Dans mes réflexions intérieures sur le sujet depuis quelques temps, je pense isoler quelques éléments saillants (en tout cas dans mon expérience perso, je monte pas en généralité) :

- l'élèment le plus important à mes yeux est le phénomène inconscient, induit, intuitif où une sorte postulat de contrôle respectif des membres du couple s'installe dans la durée. Je m'explique. A mesure que le couple s'installe dans un certain engagement, des postulats induits / non-dits opérent & peuvent provoquer un sentiment d'enfermement, pour peu que l'un.e des partenaires voit son désir, ses envies évoluer. C'est pas verbalisé, mais ca revient quand même à considérer que : "on est en couple ensemble, donc ton corps, ta sexualité, ton désir est *pour* moi en tant que ton.ta partenaire, et tu n'es pas totalement autonome là dessus". Ce qui est quand même une forme de contrôle super fort qu'on laisse exister inconsciemment quand on y pense...

- un second élément la propension du couple à ne pas "savoir" dealer avec l'impermanence. Le couple en tant qu'entité nous permet de mettre en oeuvre notre engagement sur plein d'aspects (enfants, projets de vie, immobilier, mode de vie) & donne quand tout ça se construit un sentiment de sécurité. L'impermanence (= la vie quoi) apporte du risque & de la menace pour cet équilibre sécurisé, et donc le couple a tendance à vouloir "figer" les choses, et se protéger de toute menace extérieure. Ainsi, d'avoir une tendance à la fermeture vis à vis de certains éléments (nouveaux désirs, nouvelles relations, évolutions des pratiques...).

- il y a aussi en corrolaire une "idéalisation" de la phase de passion dans la relation de couple, qui a une dimension enfermante & pressurante à mon sens dans le sens où elle fait peser une chappe de plomb sur les possibles du couple dans son évolution (on doit "tendre" vers maintenir une relation de couple où la passion est toujours peu ou prou toujours présente,l'horizon qu'il faut viser ensemble, toujours)

#
Profil

Alastor

le jeudi 14 novembre 2024 à 12h03

Bonjour Artichaut et bonjour à tous,

Cette question est intéressante et je pense qu'il faut y réfléchir quand on se dit dans une démarche polyamoureuse.

Qu'est-ce qu'un couple et comment est-il censé fonctionner ?

Je crois que ce poser cette question permet de prendre vraiment conscience du poids de la société, de l'éducation et de ce qu'on nous a enseigné sur le couple, a savoir : le couple c'est a deux et uniquement dans l'exclusivité sexuelle, affective, intime et amoureuse.
Il me semble que ce que le plus grand nombre imagine comme un couple c'est ça.

Par conséquent, selon moi, les gens ne se posent même pas la question de la fermeture du couple.
C'est même pas évoqué entre eux car un couple c'est forcément fermé, forcément exclusif.
C'est probablement pour ça que lorsque la proposition d'ouvrir le couple arrive elle est mal vécue ( on le voit souvent dans les témoignages ici par exemple).
Cet possibilité de couple n'avait même pas ete imaginée.
J'ai aussi la sensation que lorsque l'ouverture est proposée c'est souvent dans le but de résoudre un problème du couple : problème de libido par ex (ex souvent exprimée ici ).

Pour moi couple libre peut avoir un sens car on n'est pas libre dans le couple traditionnel, on n'a pas la liberté de son corps ( exclusivité sexuelle) pas libre de ses sentiments ( exclusivité amoureuse voir affective ( il existe des personnes jalouses même des relations amicales)).
Donc dire couple libre à un sens si on reconnaît à l'autre qu'il garde sa liberté à tout point. Cela devrait toujours être comme ça, reconnaître qu'on est deux individus différents qui choisissent d'être ensemble sans renoncer à qui ils sont et à toutes les possibilités qu'ils peuvent où pourraient avoir.

Le problème c'est qu'en pratique même le couple dit libre ne l'est pas vraiment.
Souvent il y a des règles qui sont dictées par le couple et qui brident cette liberté et ces règles sont souvent dictées par le conjoint qui ne va pas être dans les relations vécues.
Ex: ma conjointe ne veut pas que je te vois plus d'une fois par mois.
Après se mettre d'accord entre deux personnes sur ce qui est possible d'accepter pour l'un comme pour l'autre est normal...ça devrait aussi être discuté avec la 3 personne ( voir 4 ème, 5eme..
).
Et là on ne parle plus de couple....( Puisqu'un couple c'est 2)...

Pour moi en polyamour on ne peut pas parler de couple....en théorie...en pratique c'est plus compliqué...

Par ex dans mon cas je crois que j'ai deux couple....

Pas évident cette question

#
Profil

LeGrandStyle

le jeudi 14 novembre 2024 à 13h48

artichaut
À quoi répond ce besoin, cette envie (cette injonction), de se mettre en couple ? Il y a t-il un besoin initial de fermeture ? Et si oui, pourquoi ?

Je ne pense pas que beaucoup de personnes se posent autant de questions.

Pour la plupart, la monogamie s’impose car elle est la seule option représentée dans notre culture. Les religions, les films, les séries tv, les dessins animés, et les livres représentent pour une grande majorité des couples monogames et fermés.

Il est très difficile de s’imaginer que d’autres modèles relationnels sont possibles.

La question sous-jacente, et qui me semble plus pertinente, c’est pourquoi nos cultures sont, pour la plupart, monogames.
Certes on peut trouver quelques contre-exemples ici et là, mais ca reste interessant de constater que l’humanité converge vers des cultures avec un modèle monogame dominant.

Une des difficultés est que notre culture actuelle est fondée à la fois sur les cultures antérieurs, et les acteurs présents participants à celle-ci.
Les raisons qui ont fondées les cultures antérieures ne sont plus forcément valides, mais continuent d’influencer notre culture moderne.

Il est assez compliqué, par exemple, de savoir si la jalousie est innée ou acquise.
Si nous étions né dans un monde où nos parents allaient fricoter à droite et à gauche sans complexe, serions-nous toujours aussi enclin à fermer nos relations?

#
Profil

Aki

le jeudi 14 novembre 2024 à 17h49

LeGrandStyle
La question sous-jacente, et qui me semble plus pertinente, c’est pourquoi nos cultures sont, pour la plupart, monogames.

Au doigt mouillé : des milliers d'années de civilisation et de culture patriarcale ? La domination des hommes sur les femmes, la propriété privée, le patrimoine, la filiation, etc.

(Quid des peuples premiers "non-civilisés" ? Les gens y vivent/vivaient-ils en couples hétéros ? En familles élargies ?)

#
Profil

Amarena

le jeudi 14 novembre 2024 à 22h00

Merci pour cette discussion intéressante.
A mes yeux une relation a des potentiels, dès la rencontre, qui peuvent changer dans le temps et qu'on réalise ou non. Certaines relations ont un potentiel de couple, qui émerge ou pas.
Le couple est pour moi quelque chose que je ressens, l'existence d'une entité commune, une sorte de sentiment d'être en commun, y compris vis à vis des autres ou des événements, l'envie d'avoir des évolutions communes, qui n'existe pas dans tous les relations. Si je ressens cela, je considère qu'il y a ce potentiel de couple.
Et qu'on est un couple quand c'est une envie réciproque et qu'on agit en fonction d'elle.

La notion de couple libre ou pas n'a rien à voir avec ce sentiment, c'est purement lié à la perception sociale du couple qui est en effet associé socialement à une exclusivité relative, à l'unicité, à une priorité censée être uniquement dépassée par la priorité familiale, et donc logiquement à une certaine fermeture...
Les adjectifs sont là pour dire que ça ne correspond pas exactement à cette norme : "couple libre" par rapport à l'exclusivité, "couple indépendant" par rapport à la priorité donnée, etc

#
Profil

Tiao88

le jeudi 21 novembre 2024 à 00h06

artichaut
On entend souvent parler ici d'ouvrir son couple*, mais on parle plus rarement de son pendant, la fermeture du couple.

S'il y a besoin d'ouvrir son couple, c'est que celui-ci est fermé. Comment et pourquoi l'est-il devenu ? Était-ce là dès le début, ou est-ce venu en cours de route ? Est-ce inhérent au couple ? Ou cela concerne t-il d'autres structures affectives ou sociales ?

À quoi répond ce besoin, cette envie (cette injonction), de se mettre en couple ? Il y a t-il un besoin initial de fermeture ? Et si oui, pourquoi ?

-> Sans doute parce que le modèle de vie par excellence promu par la société c'est : relation amoureuse = couple exclusif/monogame/fermé. Si possible vivant sous le même toit avec travail minimum 35h et enfants. Bon je caricature un peu mais même si d'autres modèles commençent à voir le jour, c'est quand même celui là le plus plébiscité. Ou celui de la personne célibataire qui a des "plan cul". Le sexe pour le sexe ou le couple amoureux.
Puis dès que deux personnes se fréquentent, éprouvent attirance sexuelle/sensuelle en plus de l'amour ben commence la fameuse question "sont-ils/elles ensemble"?
D'ailleurs ça veut dire quoi relationner avec quelqu'un? Etre avec quelqu'un? Question déjà posée mais bizarrement aucune personne de me répondre. Si c'est habiter à temps complet avec quelqu'un (sans autre partage de logement), monogamie, enfants etc... Personnellement je ne suis même pas avec mon amoureux/copain/compagnon (rah, je ne sais jamais comment le nommer!)

artichaut
De même pour le couple libre. Si l'on parle de "couples libres", cela signifie en creux que le couple en soi, ne l'est pas, ou a minima, que cela ne va pas de soi, qu'il le soit. Le couple est-il un enfermement ? Si oui, pourquoi et comment se laisse t-on enfermer, voire choisit-on soi-même de s'enfermer, de s'emprisonner ? Il y a t-il un virage invisible qui fait qu'à un moment on se laisse enfermer, ou l'on s'enferme soi-même ? L'enfermement est-il par exemple, inhérent à l'intensité de la NRE, et celle-ci est-elle la clef de voûte qui incite à sceller le couple à jamais ?


-> Quand (là je parle de mon vécu) on a vécu deux relations non exclusives qui ne se sont pas très bien finies, voir pour la première pas bien vécue (et ce même si le caractère non exclusif n'est pas forcément la raison principale de l'échec) et que le peu de personnes de son entourage au courant, font tout pour nous dissuader de relationner comme ça à l'avenir... Pas évident. Pas évident quand on n'a aucun exemple de personnes vivant ou ayant bien vécu la non-exclusivité dans son entourage. Pas évident quand l'argumentaire en face est empli de mauvaise foi et qu'on a pas 36 ressources. Puis que sont les témoignages d'anonymes quand aucun exemple de personnes communes ne sont connus... A leurs yeux pas grand chose. A force de voir dénigrer son idéal ou intérêt de vie amoureuse, on finit par accepter plus ou moins de se "ranger". Tout en éprouvant colère et rage en voyant même les amies aux propos les plus alternatifs se "ranger" et aller à l'escalator relationnel... Jusqu'à exploser 10/15 ans après.

artichaut
Je pose des questions sans y répondre, car j'ai surtout envie d'ouvrir… la discussion.

Qu'est-ce qu'un couple ? Pourquoi choisit-on de se mettre en couple ? Quels sont les bénéfices ou les inconvénients associés ? Et pourrait-on imaginer "se mettre en couple", sans pour autant s'enfermer ? Si oui, serait-ce encore un couple ?


-> bénéfice économique : quand on habite ensemble, c'est souvent moins cher qu'un loyer chacun.e. On a aussi plus de chances pour l'emprunt ou la recherche de location?
On préfère les familles" m'a été répété plusieurs lorsque mes colocs et moi cherchions un appartement ou maison y a 14 mois. Famille pour la plupart des gens = couple avec enfants (mineurs ou jeunes étudiants).

#
Profil

Alinea7

le jeudi 21 novembre 2024 à 08h08

Ouverture, il y a de fortes chances que ce vocabulaire ait été choisi par les personnes qui ont assumé le concept.
Du coup ça traduit la perception de ceux qui ont ce besoin/ envie de ce qu'ils appellent ouverture, et leur ressenti dans un couple plus traditionnel. Donc on peut faire la liste et détailler ce que ce vocabulaire veut manifester, pas sûre que ça donne des vérités universelles. La prison de quelqu'un peut être le jardin d'un autre.

#

(compte clôturé)

le jeudi 21 novembre 2024 à 11h06

Je pose des questions sans y répondre, car j'ai surtout envie d'ouvrir… la discussion.

Qu'est-ce qu'un couple ? Pourquoi choisit-on de se mettre en couple ? Quels sont les bénéfices ou les inconvénients associés ? Et pourrait-on imaginer "se mettre en couple", sans pour autant s'enfermer ? Si oui, serait-ce encore un couple ?"

Je vais tenter de répondre à ce quelques questions de manière très personnelle et en miroir de mon vécu passé et actuel.
Je me définis comme gender fluid...non binaire ...et anarchiste relationnelle...je milite dans des réseaux féministes...je suis travailleuse sociale...j'ai bientôt 52 ans. Je n ai pas eu d'enfants ça a été un choix.
Le couple pour moi ça a d'abord été évidemment celui de mes parents...un truc pas trop mal réussi en apparence mais au final loin du but initial que celui ci avait sans doute voulu...qui a très mal fini ( suicide de mon père)
Une première approche pas très valorisante à mes yeux et qui fait que je n'ai jamais eu le désir de fonder une famille nucléaire...parents enfants maison blablabla....j'ai été en relation avec d'autres personnes ...des hommes cis la plupart du temps ...so boring....courtes durées courtes histoires...ennui profond dégoût parfois...j'ai trouvé mon bonheur en dehors de ça ...dans les vies collectives ou les luttes collectives...j'aime partager au delà du couple...j'aime l'idée de se tenir à plusieurs face à l'adversité...je ne peux absolument plus envisager ce qu'est le couple...je vis cependant depuis peu une histoire qui me fait aimer le fait d'être parfois à deux de manière très intime mais je ne sais pas combien de temps ça peut durer...je crois qu'on devrait se permettre plus de liberté d'une manière générale...ça ne nous désengage de rien ça permet juste de se nourrir différemments....et puis je reste persuadée que je fais partie d'un système totalement relié à tout...avec ses variantes ses variations ses ajustements et que le couple ne peut pas survivre à ça...donc fermer son couple pour moi c'est la mort assurée.

Répondre

Chercher dans cette discussion

Autres discussions sur ce thème :