Je suis mono, et ma copine souhaiterait ouvrir la relation.
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Cynicus
le jeudi 27 octobre 2022 à 13h49
Je me permets de vous parler de ma situation car j'avoue voir mon monde s'effondrer. J'ai 23 ans, et elle 25. Ma compagne a trompé toutes ses précédentes relations pour diverses raisons, mais l'une d'elles est qu'elle est n'est pas faite pour le format monogame. Je m'excuse si je suis maladroit dans mes termes, je suis déboussolé. Actuellement cela fait 1 an et demi que nous sommes ensemble, ce qui fait de nous un très jeune couple. Actuellement elle fait un an d'étude au Canada et découvre une vie totalement nouvelle. Elle vit la vie qu'elle a toujours rêvé d'avoir, vie sociale riche, vie en colloque donc vie en communauté et naissance d'une sororité nouvelle. Je suis heureux pour elle mais je la vois changer petit à petit, et elle me demande si il est possible d'ouvrir notre relation. Avant toute chose je sais que je souffre de gros problèmes de confiance, d'insécurité affective et probablement de dépendance affective. Je suis quelqu'un de très expressif, j'ai besoin de lui dire que je l'aime, qu'elle me manque, et je sais qu'elle, elle a du mal à communiquer ses sentiments. Elle m'a dit qu'elle n'avait pas envie de me tromper, et qu'elle sentait que ce besoin commençait à se faire sentir. J'ai donc commencé à me documenter, à me faire mon propre avis, à établir des statistiques pour taire le discours émotionnel et me réfugier dans le rationnel. Je vis dans la peur constante d'une mauvaise nouvelle (pour moi), je pleure à longueur de journée. Je suis désolé que mon message soit pitoyable. J'estime que notre relation est trop récente, j'ai besoin d'une relation où je me sens totalement en confiance, vis à vis de moi même et de la relation. D'autant plus qu'un ensemble de paramètres font qu'il n'y aurait pas de conditions égales si une relation libre commençait. Elle découvre une nouvelle vie et sort beaucoup, tandis que je suis plus bas que terre. Je ne suis pas contre l'idée d'envisager et de réflechir à cette relation libre, mais j'ai besoin que l'on communique, que je me sente en confiance et que je puisse la voir en chair et en os. J'ai peur que son envie soit si pressente qu'elle n'attende pas son retour en France. Bref je suis perdu, douloureusement réduit à affronter mes démons et je ne sais plus quoi faire.
Je me permets de vous mettre une citation qui résume plus précisement ce que je ressens : "Ai-je jamais fait quelque chose dans ma vie qui ne soit pas d'un imbécile ? D'un imbécile au sens le plus banal et irrémédiable, d'un homme qui ne sait pas vivre, qui n'a pas grandi moralement, qui est vain, qui se soutient avec l'étai du suicide mais qui ne le commet pas."
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
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bonheur
le jeudi 27 octobre 2022 à 14h50
Bonjour @Cynicus,
Une question toute bête pour commencer, est-ce que tu t'aimes ?
Ne surtout pas t'excuser de te sentir déboussolé. Je suppose que sur ce forum, nombre de membres ont traversé des situations douloureuses et difficiles. Alors exprime en toute sincérité. Surtout si ça soulage, ou libère.
Nous sommes tous des apprentis de la vie, et notamment en matière d'émotions. Notre société valorise beaucoup trop certaines émotions (agréables) et dévalorise d'autres émotions (les désagréables). Or toute émotion est à vivre.
Au même titre que la douleur ou la fatigue sont des signaux sur l'état de santé, les émotions sont des signaux sur notre état d'âme (humeur également).
Elle est à l'étranger et peut s'affranchir (enfin !) des dictats. Réjouis toi pour elle !
La peur n'évite pas le danger et ce n'est pas une question ni d'âge ni d'ancienneté dans la relation. Ce que je peux dire, c'est qu'il faut la laisser se découvrir et jeune, c'est mieux. Ainsi, on profite davantage de sa vie.
Je t'invite à tenir tête à tes démons. Pas les sous-estimer. S'ils sont présents, c'est qu'il y a une raison. En revanche, accorde leur une importance juste. C'est toi qui prend les décisions au final, pas eux. A une époque, les personnes qui parlaient toutes seules étaient folles. Bon, oublie ça, c'est des conneries. Que tu verbalises à voix haute ou non tes "discours intérieurs", ceux-ci sont parfois indispensables. Laisse tes démons assumer la responsabilité de tes douleurs. N'endosse pas ce qui ne t'appartient pas. Surtout la douleur initiée par la construction de notre société, qui nous imbibe tous.
Tes larmes sont peut-être la résultante d'une surcharge émotionnelle. Si c'est le cas, surtout autorise toi à les laisser couler. Là encore, tu peux parler à tes larmes et les reconnaitre comme bienfaitrices. Non, ce n'est pas tabou de pleurer. C'est naturel de pleurer.
Sur le fond, je vois une contradiction dans ta déduction. Elle a déjà tromper auparavant et tu le sais. C'est une réelle confidence, je trouve. Elle est loin et elle mène une vie active faite de rencontres, et elle t'en parle. Elle pourrait garder tout ça pour elle. Comprends que si elle ne t'aimait pas, si elle ne se projetait pas sur la durée avec toi, elle ne prendrait pas cette peine. Elle n'aurait pas cette volonté d'aborder ce type de sujet, dans l'honnêteté et la franchise.
Elle ne te sous-estime pas, vraiment pas, en partageant cela avec toi. D'expérience, je sais que c'est difficile à exprimer, tout ceci, tout ce que nous explique d'elle. Et si tu sais cela, c'est que vous communiquez. Tu perds des repères, ceux inculqués depuis toujours. Aujourd'hui, avance à l'aveugle. Si elle sait communiquer, elle t'aidera à jalonner de nouveaux repères. Ceux-ci seront plus dans ton libre-arbitre et te correspondront davantage. Ne le fait pas pour elle, mais pour toi. Je suis persuadée que tu as tellement à découvrir de toi. Enrichi toi aussi, d'une autre façon.
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Siestacorta
le jeudi 27 octobre 2022 à 14h55
Une impression, comme ça, c'est que les relations à distance demandent déjà une souplesse.
On a des attentes sur la stabilité de la relation.
Elle ne sont pas délirantes, mais elles ne sont pas non plus réalistes : c'est pas vrai que ça change rien, c'est pas vrai qu'on est sûr que ce sera un retour à la norme "après".
Je crois qu'une fois qu'on a intégré ça, avec la possibilité de "mort" de la relation, on perd moins d'énergie à refuser le réel.
La relation peut continuer, mais on ne lui donne pas une obligation de durée, durée qui dépend encore moins de nos attentes que d'habitude.
Dès lors, si on lâche prise là, on a peut être une chance de mieux vivre. Si ça marche, avec ou sans exclusivité, on a plutôt de la chance, si ça ne marche pas, il y a dans ce cadre tellement de raisons pour ça que ça tient pas à comment on s'est aimé à la rencontre.
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Cynicus
le jeudi 27 octobre 2022 à 15h05
Merci pour cette réponse, effectivement les larmes ont coulées. Pour répondre à votre question, oui je l'aime. Bien que je sois jeune, j'ai passé 7 ans en couple dans différentes relations et je ne me suis jamais senti en phase avec quelqu'un, j'ai du mal à imaginer une vie où elle n'y est pas, quand à faire dans le fleur bleu, autant le faire complètement. J'ai une peur viscérale de la perdre.
J'ai toujours essayé d'écouter mes émotions, mais effectivement je suis en surcharge. Je suis quelqu'un qui avance lentement, j'ai besoin de temps, et je ne veux pas lutter contre. C'est cet aspect là qui me fait peur, ai-je le temps ?
Intellectuellement je "comprends" la relation libre, et j'aurais tendance à dire que c'est un type de relation sain. Pour autant, émotionnellement je me sens pas capable actuellement d'y parvenir.
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Cynicus
le jeudi 27 octobre 2022 à 15h09
Je suis entièrement d'accord sur ce que vous dites de la relation distance. Je me suis bercé d'illusions, en même temps comme savoir sans le vivre.
Je pense que je m'oppose ardemment à la mort possible de notre relation, et je fais probablement plus de mal en m'y accrochant désespérément qu'en l'acceptant.
La perte de contrôle induit par la relation à distance me déboussole et que j'essaie de me maintenir à flot.
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
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bonheur
le jeudi 27 octobre 2022 à 16h14
Ayna
Je fais la différence entre contrôle et maîtrise. Je maîtrise mes émotions (ce n’est pas elles qui décident, mais je ne cherche pas à les contraindre, je les accueille pleinement).
Je reprends ici les propos d'Ayna ( /discussion/-cGs-/Amalgames-et-stereotypes/#msg-11... ) pour lire l'intégralité de son post et reprendre le contexte.
J'ai fait le même constat. Accueillir pleinement sans les contraindre, les émotions. Je trouve très malsain le contrôle (pas que les émotions d'ailleurs). Il vaut mieux, à mon avis, libérer et se laisser traverser, que de vouloir contrôler. J'espère ne pas transformer les propos de @Ayna (si c'est le cas, me reprendre gentiment). Parfois, je comprends à ma façon :-/
La relation à distance est plus fragile ? Ma réponse est oui. Déjà, parce que la personne a une vie et cumule à cette vie une communication plus ou moins quotidienne. Le côté communication est essentiel. Il y a d'ailleurs des pièges comme le fait d'avoir tellement penser qu'il faut dire (ceci ou cela d'important) qu'au final on est persuadé de l'avoir fait et en fait non. Il faut vraiment être attentif, notamment à l'interprétation de nos mots. Qu'ils soient verbaux ou écrits, les mots prennent de l'importance. Certes, il y a une facilité, aussi pour le visuel (visio). Faire avec :-/ . J'en sais quelque chose.
Ne te morfond pas trop. C'est déjà pas facile à avaler en présence, alors à distance. Tu ne serais pas le premier à comprendre et à tout de même avoir besoin de digérer lentement. La qualité de son accompagnement sera primordial. Pour ce faire, il faut te livrer à elle, afin qu'elle puisse te soutenir. Equilibre, il ne faut pas non plus user et l'empêcher de vivre. L'amour est compliqué ! Les amours plurielles... davantage. Tout est multiplié.
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
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Alinea7
le jeudi 27 octobre 2022 à 21h52
Je vais être franche : est-ce que tu as déjà entendu parler du consentement enthousiaste ? Dirais-tu que tu as un consentement enthousiaste à ouvrir votre relation ? Ce n'est pas ce que je ressens à te lire.
A te lire j'ai plutôt l'impression que c'est mal parti pour que tu le vives bien. Ce serait compliqué si vous habitiez près l'un de l'autre. Là, comment pourra-t-elle te rassurer à distance sur ce qu'elle ressent pour toi ? Comment pourras-tu *te* rassurer ?
Alors certes c'est honnête de sa part de t'en parler et ça part sur de bonnes bases de ce côté. Et si tu te sentais solide, au fond, peu importerait : c'est une expérience de vie à prendre pour ce qu'elle est, ni plus ni moins.
Mais le passage que je cite m'interpelle beaucoup :
Cynicus
Je me permets de vous mettre une citation qui résume plus précisement ce que je ressens : "Ai-je jamais fait quelque chose dans ma vie qui ne soit pas d'un imbécile ? D'un imbécile au sens le plus banal et irrémédiable, d'un homme qui ne sait pas vivre, qui n'a pas grandi moralement, qui est vain, qui se soutient avec l'étai du suicide mais qui ne le commet pas."
Tu parles de suicide. Ce n'est pas à prendre à la légère.
Dans cette aventure as-tu un réseau social à toi, proche et sur lequel tu t'appuies déjà ?
Quelle place occupe cette relation dans ta vie actuellement alors qu'elle est à distance ? Centrale ? Périphérique à une vie à toi bien remplie, riche et qui te convient ?
Je t'encourage à construire pour toi un amour de ton espace de vie personnel, de ce que tu y cultives, des activités et relations qui semblent moins intenses mais qui n'en comptent pas moins pour autant : les amis, les connaissances, la famille.
Je t'y encourage très fortement si vous n'ouvrez pas votre relation car c'est toujours bénéfique, encore plus pendant cette période à distance : le temps peut être long sans se voir.
Et ça me paraît encore plus indispensable si vous ouvrez votre relation. N'hésite pas à consulter si tu le peux pour te faire aider. A te pardonner, à t'aimer, à te renforcer, à te développer, à t'habiter,...à ce dont tu as besoin et qui peut être difficile parfois à faire seul.
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Cynicus
le jeudi 27 octobre 2022 à 23h09
Merci de vos réponses. Je ne saurais dire si cela m'aide, mais ça me permet de murir mes réflexions. Non je ne pense pas avoir un consentement enthousiaste. Je ne vois pas comment je pourrais bien le vivre, surtout à distance. Elle aurait été avec moi, je ne dis pas que ma réponse aurait été différente mais la situation aurait été différente. Il m'est impossible de me rassurer, je ne suis pas un grand optimiste, et depuis quelques semaines je vis comme dans un cauchemar.
Je ne prends pas le suicide à la légère, cela fait plusieurs années que je suis en dépression, avec plusieurs longues durée de traitement, des chutes et des rechutes. J'essaie de ne plus me réfugier dans mes addictions, je n'ai donc plus de béquilles pour me soutenir. Bien que ces mêmes addictions que je prenais comme un remède sont très vite devenu un problème.
J'ai toujours eu du mal à m'ouvrir, je n'y arrive qu'avec des femmes et plus particulièrement avec mes compagnes. Justement, tout le coeur du problème est là, elle est centrale, ou du moins elle l'est devenue.
Je vais consulter c'est en cours, simplement je ne veux pas la perdre. J'essaie de me constituer une bibliographie, de compiler les articles, d'étudier les témoignages pour me faire un avis sur le sujet, mais je ne sais pas où ça mène. Anyway, je vous remercie de m'avoir répondu.