Polyamour.info

artichaut

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Rennes (France)

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Discussion : L’élément fondateur de vôtre polyA ?

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artichaut

le lundi 31 juillet 2023 à 12h52

Me savoir en dehors de la norme (pour des raisons que je ne vais pas dévoiler ici) très tôt, m'a je pense, ouvert à toujours repousser les limites de la bien-pensance.

Sinon, rencontrer un milieu où la non-exclusivité était pensée/théorisée (plus que pleinement pratiquée d'ailleurs) m'a fait me rendre compte, que j'y aspirais depuis longtemps. Et a créé un virage relationnel dans ma vie, qui n'a depuis, jamais connu de retour à la normale.

Plus tard, la prise de conscience du problème de certains de mes comportements en matière de consentement, m'a permis de commencer à pouvoir le vivre avec plus de communication, donc plus d'écoute mutuelle.
Parallélement une prise de recul avec le polyamour mainstream, m'a permis de comprendre l'importance pour moi, de la dimension meta.

Enfin un gros conflit dans ma vie, et le fait de prendre de l'âge, m'amène à remettre en question le moteur même du système capitalo-relationnel (incluant le polyamour).

Il y a donc eu plusieurs fois "un avant et un après" dans ma vie, en matière de "pluralité amoureuse en transparence".

Aujourd'hui je considère que la question de la "pluralité amoureuse" est une fausse question (tout le monde en vit déjà).
Ça ne remet pas pour autant en cause le chemin parcouru, ni les difficultés à vivre tant bien que mal dans ce monde de capitalisation relationnelle.

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Discussion : De l'influence de nos modèles familiaux sur nos fantasmes relationnels.

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artichaut

le mercredi 14 juin 2023 à 09h22

GeorgyPorgy
J'ai grandi avec la perception (non "pensée") que mes parents étaient un couple globalement heureux & amoureux

Oui, l'aspect perceptif non pensé, me semble important.
Ça agit ailleurs que sur la pensée, même si ça vient alimenter ensuite, aussi, la pensée.

bidibidibidi
Je vais me faire l'avocat du diable

Ça ne m'étonne pas !

Oui, la monogamie est un impensé. Pas que chez l'enfant ou le bébé ! L'adulte aussi baigne souvent longtemps dans cet impensé.
Je ne dis pas que le bébé analyse intellectuellement la structure monogame de ses parents et la valide pour son futur, je dis qu'au travers de nos premières années de vie, le les shémas monogames s'ancrent très tôt dans nos corps et nos structures inconscientes, tant affectives (la "bulle de bonheur" des débuts), capacitantes (la toute puissance infantile générée), que symbolique (c'est ce qui à donné notre naissance et notre éveil).
Bien sûr que tout ça n'est pas tout rose, et pas identique pour tout le monde. Mais la construction sociétale et culturelle viendra ensuite limer toutes ces petites aspérités, pour en faire un souvenir idéalisé, donc un futur désirable.

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Discussion : Polyamour/polyrelations et relations toxiques

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artichaut

le lundi 12 juin 2023 à 22h30

Topper
Par exemple, pour moi, les comédies romantiques sont désormais qu'une accumulation de comportements manipulatoires, malaisants et toxiques.

bidibidibidi
les comédies romantiques se basent en général sur une grande quantité d'illusions, de non-dits et des tas d'aberrations qui pourtant construisent et façonnent l'univers amoureux sociétal (monogame, mais c'est pas la monogamie qui est en cause nécessairement, elle n'est qu'une partie de tous ces composants).

Les mariées s'enfuient toujours pendant leur mariage (best rupture ever), les nerds piquent les pom-pom girls aux quarterbacks (qui s'avèrent toujours avoir un énorme vice caché totalement plus inacceptable que l'appareil dentaire et les boutons desdits nerds),

Le cinéma holywoodien, a besoin de drama autant qu'il a besoin de pailettes ou de rêve, pour être captivant. Donc il tend a exagérer les conflits, les comportements problématiques, etc de même qu'il tend à exagérer le bonheur (personnages au corps parfaits, situation idéale, etc). C'est une necessité commerciale (ou au minimum "narrative").
Une histoire d'amour où tout l'on réussirais à faire en sorte que tout se passe bien, ne présenterai aucun intérêt pour le cinéma (alors que ça serait sympa dans la vie).

Et je vois plusieurs conséquences à ça (vu qu'on a tendance à s'identifier aux personnages) :
- bien sûr, on tend à rechercher des situations relationnelles "idéales" (qu'il serait plus juste de nommer irréalistes) telles qu'on en a vu dans ces films, et ça mène inélucatblement à la frustration et à la recherche de nouvelles relations (encore plus en polyamour)
- mais aussi je me demande s'il n'y a pas d'une part une banalisation des problèmes (c'est normal d'avoir tant de problèmes relationnel), d'autre part une systématisation des problèmes (je préfère avoir des émotions négatives, ou une relation pourrie, que pas d'émotions ou pas de relation), voire même une idéalisation des problèmes (pour vivre l'intensité de l'émotion de réconciliation, je dois vivre des conflits intenses)

J'ai le sentiment que tout ça nous conduit —même si l'on rejette les clichés scénaristiques hollywoodiens— à modéliser une structure cognitive sur l'établissement et le fonctionnement des relations. À savoir :
- la recherche d'un idéal (le prince charmant, la licorne, le trouple, la deuxième ou troisième relation poly, peu importe) dont la fin justifie les moyens (dont le mirage justifie de foncer dans le mur).
- et donc l'inéluctabilité des problèmes à venir (banalisation et systématisation), voire la recherche inconsciente de ces problèmes (idéalisation) pour vivre des émotions intenses

…structure cognitive qui contient en soi même, l'échec (ou la toxicité, pour rester dans le sujet du fil) de la recherche fantasmée.

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Discussion : De l'influence de nos modèles familiaux sur nos fantasmes relationnels.

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artichaut

le lundi 12 juin 2023 à 21h35

MPB
Je ne sais pas si ma réponse est ultra pertinente, mais par rapport à cette histoire de NRE, je pense qu'il y a une part sociétale oui (parce qu'on te rabâche qu'au début tu DOIS ressentir les papillons, l'envie de ne voir que LA personne, de penser tout le temps à elle, et effectivement ça fait écho à toutes les comédies romantiques etc), mais est-ce que les hormones ne rentreraient-elles pas en jeu de manière encore plus appuyée ? Sûrement d'ailleurs pour pousser à la reproduction etc au final, ce qui me désole haha, mais je soupçonne les circuits de la récompense (avec dopamines, endorphines etc) de s'ajouter très fortement à cet effet "prince.sse charmant.e" avec envie de fusion et de n'être que deux.

Donc ça ferait 3 réponses pour la NRE !
Celle que j'ai évoqué (répéter inconsciemment des choses qui ont mené à notre propre naissance), les comédies romantiques (la part sociétale), et les hormones (lié à la reproduction).
Whaou. Tu m'étonnes qu'on ai du mal à s'en défaire…

MPB
je ne peux pas m'empêcher de … alors même que je sais

On est à fond dans le sujet.

Enfin, c'est probablement une variante du sujet.
Il y aurait la version qui agit inconsciemment (que j'évoque plus haut), et la version consciente (je sais, mais je ne peux m'empêcher de).
Fantasme conscient ou inconscient.

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Discussion : Le polyamour peut il résoudre mon problème ?

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artichaut

le lundi 12 juin 2023 à 21h23

@Elo8

Y'a (quasi) toujours un truc qui bloque, car ce n'est pas une formule magique.
Venant du monde monogame (où la monogamie était là sans même qu'on s'en soit rendu compte) on peut avoir tendance à penser que les choses fonctionnent "toutes seules", ou qu'il suffit de vouloir pour pouvoir, voire on croit avoir enfin trouvé un eldorado.
Alors la réalité (et tout un tas d'autres choses) vient bloquer le beau mécanisme et le château de cartes qu'on avait imaginé.

De même que le mariage est la princiaple cause de divorce (Oscar Wilde), de même la volonté de polyamour est la princiaple cause d'échec en polyamorie.

Les cas où ça fonctionne sont rares, de même que les couples monogames vraiment heureux sont rares.
Pour moi les personne qui se disent polys, comme les monos, sont souvent des gens qui "aimeraient vivre en Théorie", qui projettent un monde idéal, qui fantasment une réalité qui bien souvent n'existe pas.

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Discussion : De l'influence de nos modèles familiaux sur nos fantasmes relationnels.

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artichaut

le lundi 12 juin 2023 à 18h18

Cette phrase de @Siestacorta tiré d'un autre fil

Siestacorta
On a souvent un passé mono, des parents monos, une culture mono... Difficile d'avoir complètement fait table rase.

(c'est moi qui souligne)

…me trotte dans la tête depuis quelques jours, et connecte à une idée qui germe en moi depuis longtemps.

J'ai le sentiment qu'on a tendance à très largement sous-estimer l'importance de nos modèles familiaux passé, à savoir principalement le modèle parental dans lequel on a été élevé, souvent similaire au modèle de toute la chaîne des générations précédentes.

Nous avons quasiment toutes et tous grandis, été élévés, nourris, aimés, dans un contexte hétéro-monogame. Et ce a-minima les premières années de notre vie, dont ont sait qu'elles sont fondatrices de nos fonctionnements futurs, de nos matrice relationelles, de nos idées du bonheur ou d'une vie idéale.

Comment pourrions-nous balyer cela d'un revers de main ?

Bien sûr il y a aussi la culture mainstream impérialiste qui nous gavé au biberon depuis l'enfance de ses histoires à l'eau de rose lyophilisée, à travers ses séculaires histoires holywoodiennes & co, pour enfoncer le clou.

Mais j'ai le sentiment qu'on fait souvent l'impasse, ou en tout cas qu'on minimise grandement l'influence stricte de nos modéles familiaux/parentaux.

Qui ici peut prétendre en être détaché ? Se déconstruire, quitter la norme, prendre ses distances avec le modèle hétéro-patriarcal dominant de la culture dominante, soite, mais se détacher de l'idéalisation enfantine de nos modèles parentaux, je pense que pour la plupart, on en est très très loin.
Et ce même s'il y a eu divorce, rupture, décès, inceste et j'en passe. Le modèle probablement reste. Le fait qu'il ai pu mener à un échec (ou a une vie de renoncement et de misère affective) ne change rien à la force du fantasme de ce qui se serait vécu dans ces années là.

Est-ce que (par exemple) la NRE ne serait que ça : le fantasme de reproduire la rencontre de nos parents, qui a produit cet incommensurable fait qui a mené à nous donner naissance.
Sans cette NRE et cette amour au-moins-un-temps-mono, cette vie au-moins-un-temps-de-couple …pour la plupart nous ne serions pas.
Je grossis le trait, bien sûr, mais c'est pour mieux le rendre visible.

Comment avoir vécu une telle sécurité affective (parfois très courte, mais inneffaçable) et ne pas être tenté, même inconsciemment de la rechercher ?

Ce dont je veux parler, joue à un niveau en-deçà de notre conscience. Et en-cela me semble bien plus difficile à "déconstruire" que la simple influence culturelle sociétale (même si celle-ci a également agit très trop sur nous).

.
Bref, je pourrais continuer.
Mais je vais vous laisser donner votre avis, ou partager votre expérience personnelle.

Et je serais curieux de connaître des stat's, sur les modèles relationnels des rares enfants non-né·es d'un amour-monogame-ayant-fondé-couple.

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Discussion : Le polyamour peut il résoudre mon problème ?

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artichaut

le lundi 12 juin 2023 à 17h34

Elo8
Le polyamour peut il résoudre mon problème ?

Le polyamour ne peut résoudre aucun problème.

Déjà le polyamour ne fonctionne pas, ensuite il n'a pas le pouvoir de résoudre des problèmes, tout au plus peut-il toi te donner le sentiment d'être plus en accord avec toi même.

Le polyamour n'est pas une solution, c'est au mieux un chemin (chaotique et semé d'embûches).

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Discussion : [Lexique] Déconstruction

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artichaut

le vendredi 09 juin 2023 à 01h50

bidibidibidi
J'ai effectivement trouvé un texte sur le féminisme et la déconstruction.

C'est ça ton texte ?

bidibidibidi
- Les polyamoureux (?) décident de l'appliquer directement à l'humain

Plutôt les féministes, en l'occurence.
Ça n'est pas un concept qui émane du polyamour. Même si le poly, comme d'autres milieux, l'utilise.

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Discussion : Finkielkraut parle de compersion

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artichaut

le vendredi 09 juin 2023 à 01h44

Siestacorta
Est-ce que plus généralement, ça vaut le coup de mentionner sur le fofo des occasions où des concepts poly traversent un échange mainstream, c'est différent.
Je dirais pas que ça mérite une veille, mais pour moi ça aide à voir où on en est.
A une époque, même sur France Q, c'est des sujets qu'étaient pas évoqués en passant, et traités "sans écho", de façon ultra ponctuelle.

Ouais, ça montre la mainstreamisation du poly !

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Discussion : Finkielkraut parle de compersion

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artichaut

le jeudi 08 juin 2023 à 12h33

Il doit confondre avec la complexion…

Mais je me pose la question : cela méritait-il vraiment un fil de discussion ?

L'usage du vocabulaire poly par les stars a-t-il un quelconque intérêt ?

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Discussion : Polyamour/polyrelations et relations toxiques

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artichaut

le lundi 05 juin 2023 à 16h15

Le mot toxicité (relations toxiques, voire même personnes toxiques) est à la mode.
Moi j'ai l'impression qu'il y a surtout des insécurités. Assumées ou non, conscientisées ou non, acceptées ou non.
Guérir de ces insécurités est un vaste chantier.

Le polyamour (comme la monogamie) peut aider à en guérir certaines et en exacerber d'autres.

Par exemple, le polyamour peut aider à guérir l'insécurité lié aux émotions de jalousie, mais exacerber celle liée à la possessivité de l'autre, il peut aider à guérir l'insécurité liée au mensonge, mais exacerber celle liée à sa propre frustration, il peut aider à guérir ou exacerber celle lié au sentiment d'être remplacé ou remplaçable, il peut aider à guérir notre propre souffrance mais exacerber celle de l'autre, etc.

J'ai le sentiment que bien souvent les problèmes arrivent lorsque l'un des protagonistes veut vivre quelque chose qui n'est pas là. Lorsqu'il ou elle colle un schéma (normé ou non) sur ce qui devrait être vécu, au lieu de faire avec l'existant.
La norme implicite (monogamie la plupart du temps) a de fait tendance à venir calquer ce schéma. Et ce qui est vécu, très vite ne correspond pas aux attentes fantasmées.
Mais le polyamour peut tout aussi bien fabriquer la même chose (soit comme effet repoussoir "je ne veux pas vivre ça") soit comme effet mirage ("je veux vivre ça").

Lorsqu'il y a ce déni de réalité, ça produit me semble t-il, forcément à des incompréhensions, des frustrations et des difficultés, voire quand ce déni est très fort et très inconscient, à ce que vous appelez, me semble t-il une relation toxique.

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Discussion : Polyamour/polyrelations et relations toxiques

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artichaut

le lundi 05 juin 2023 à 15h54

Ton histoire avec cette personne était vouée à l'échec, polyamour ou non.

(puisque c'est ça que tu cherches à te dire, autant te le dire)

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Discussion : L'escalator relationnel, plafond de verre des relations polyamoureuses ?

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artichaut

le lundi 29 mai 2023 à 11h24

Caoline
@artichaut, c'est étrange, ton premier message m'avait donné l'impression que tu souhaiterais imposer un communisme relationnel, par un nivellement par le bas, la même misère relationnelle pour tou.te.s, alors que ton deuxième message me donne plutôt une impression de capitalisme forcené : on prend, on vit intensément l'instant présent, on jette et donc chacun.e se démerde tout.e seul.e.

Joli tableau !

Ce que tu décris me semblerais presque être une bonne définition de la monogamie, au travers de ses deux éléments indissociables :
- le couple : la misère affective érigée en dogme et présentée comme la panacée en ce monde
- l'adultère : l'individualisme et la consommation jetable

La poly-monogamie a au moins le mérite de tenter :
- de diminuer la misère affective par la multiplication des relations
- de mettre un peu d'éthique et de soin dans tout ça

Mais pour moi, ça tend à échouer sur les deux tableaux :
- la misère relationnelle, bien souvent, est toujours là, et la frustration perdure
- l'éthique se contente bien souvent d'être déclarative, et la souffrance se fait lot commun

Alors, oui, je pense qu'il y a d'autres choses à inventer.

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Discussion : L'escalator relationnel, plafond de verre des relations polyamoureuses ?

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artichaut

le dimanche 28 mai 2023 à 08h52

Alabama
Je pense que c'est illusoire de dire qu'on peut avoir autant de relations que l'on veut.
Et je ne pense pas que les histoires d'emploi du temps soient liées à la monogamie.
Je considère que je ne peux pas avoir un nombre illimité d'ami·e·s, justement parce que ça demande du temps d'entretenir les relations, de donner mon soutien quand il y a besoin, d'apprendre à connaître l'autre.
(…) Voilà c'était pour contrebalancer un peu, car je trouve toujours ça un peu illusoire de dire qu'on peut avoir autatn de relations amoureuses ou non, que l'on veut dans la vie. Certes en théorie, en pratique, ça veut dire quand même que certaines sont plus investies que d'autres, et à mon avis jurer l'inverse peut être source de pas mal de douleur et d'incompréhension.

Topper
Je suis tout à fait d'accord avec ça mais ça vient peut être de ma façon de m'investir dans les relations.

Caoline
Je partage le point de vue d'Alabama. Non le temps n'est pas extensible et plus on a de relations, quelles qu'elles soient, moins on a de temps à partager avec chaque personne.

Je maintiens que je ne vois pas de limite au nombre de personne que l'on peut aimer. Et perso je ne suis que très difficilement en mesure de, ne serait-ce que compter (si tant ai que ça ai une quelconque utilité…) le nombre de relations que j'ai dans ma vie.

Tellement de facteurs peuvent entrer ou non en compte. Franchement je n'y arrive pas. Et je ne vois aucune limite à ajouter d'autres personnes.

Pour moi c'est vraiment lié à ce qu'on veut partager, voire ce qu'on y colle, ou ce que l'on considère qu'il "faut" partager, ou que sans ça, ce n'est pas une… relation.

Ce n'est pas pour rien que j'ai pointé justement l'usage de ce terme : relation, et ce que selon moi, il transporte.

Alors pour me faire mieux comprendre, et au risque de caricaturer mes propos (ou de tendre le bâton), parlons d'interactions, plutôt que de relations. Et je pense qu'il vous sera plus facile de me rejoindre sur le fait que l'on peut avoir autant d'interactions que l'on veut (et pour le coup la notion d'escalator devient caduque).

Et là, je sens déjà venir le vent du jugement ou de la hiérarchie entre les types et manières de se lier aux autres. Ah oui, mais du coup ça n'est pas pareil ou Ah mais dans ce cas c'est des relations non investies, ou moins importantes, ou avec moins de soin, ou etc etc.
Et pour moi on retrouve, à une autre échelle, exactement ce que les monos reprochent aux relations poly : qu'elle ne peuvent être aussi intenses (ou importantes, ou etc) puisqu'elle se dispersent, et diminuent en se démultipliant (la question du temps étant souvent utilisée comme preuve d'ailleurs).

Le seul endroit où peut-être je vous rejoins (et où je rejoins la pensée mono) c'est qu'à un instant T, je ne peux interagir avec plusieurs personnes sans diminuer l'intensité avec chacune, ou le soin porté à chacune (et encore que, je ne suis même pas certain de ce que j'avance là… ayant déjà vécu des moment très fort à +que deux). En tout cas il m'est difficile d'interagir en présentiel avec une personne et en distanciel avec d'autres (smartphones bonjour…), sans diminuer la qualité de ce qui se vit avec chacune.

Mais sinon, toujours à cet instant T, l'intensité, la qualité, le soin (ou tout ce que vous voudrez) de cette interaction ne doit rien, et n'entre en jeu en rien, avec le nombre de personnes que j'aime ou qui m'aime par ailleurs, mais bien avec ce que je choisis d'y mettre, d'y vivre et d'y partager à cet instant.
Je trouve qu'on cloisonne bien trop l'amour et ses capacités.

Là encore on retrouve cette histoire de rapport au temps (vit-on seulement l'instant présent, ou vit-on un continuum naviguant entre passé et futur ?)
Je ne dis pas que j'arrive à vivre seulement l'instant présent (je ne sais d'ailleurs, ni si c'est possible, ni si c'est totalement souhaitable), c'est juste une figure de style, pour tâcher de donner des pistes de compréhension de ce que je tente de dessiner.

J'ai le sentiment que bien souvent on câle des scripts sur ce que doit être "une relation". L'escalator en est un, mais il y en a bien d'autres. Et c'est ce que j'apelle "monogamie" peut-être, car ces scripts, bien souvent, sont hérités de nos constructions monogames.

J'espère @Topper ne pas être en train de faire dévier ton sujet. Tu peux dire, si c'est ce que tu ressent.
Mais ce que moi je ressent c'est que le plafond de verre (et même l'escalator) dont tu parle, fait partie intégrante de la structure avec laquelle la maison est bâtie.

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Discussion : L'escalator relationnel, plafond de verre des relations polyamoureuses ?

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artichaut

le mardi 23 mai 2023 à 23h01

Topper
En ramenant ça aux relations polyamoureuses, j'ai remarqué qu'il y avait aussi un escalator relationnel. Même si les étapes ne sont pas nécessairement les mêmes,

En soi, les relations polyamoureuses (en tout cas au début) tendent à démultiplier les relations monogames. Ce qui est normal vu que comme dit @Siestacorta on vient de la culture monogame et que c'est la perspective par défaut. Donc l'escalator relationnel fait partie intégrante des poly-monogamies donc du polyamour.
Comme tu le note @Topper, ou comme @Siestacorta le fait remarquer, plusieurs escalators peuvent se combiner, et le/la poly se retrouve devant le fait de devoir choisir :
- s'il/elle peut en mener plusieurs de front
- s'il/elle fait le choix des relations hiérachiques (primaire avec escalotor, secondaire sans escalator, ou un escalator en sourdine, au très ralenti, mais pouvant venir se substituer au primaire, si celui-ci devait devenir défaillant… une manière se s'assurer ses arrières peut-être)
- s'il/elle renonce (ou tente de renoncer) aux escalators.

Mais une chose m'a interpelé dans ta question, tu fait l'hypothèse que les étapes ne sont pas nécessairement les mêmes (entre l'escalator poly et le·s escalator·s mono). Et je me suis demandé "Il y a-t-il un escalator spécifiquement poly (ou non-exclusif) ?" Et si oui lequel, ou lesquels ? Comment fonctionne t-il et quelles en sont les caractéristiques ?
De mon passé de polyamoureux, je peux tirer quelques réflexions qui valent ce qu'elles valent…
- déjà il y a l'escalator sexuel qui tend à jouer pour toutes les relations : le but et le critère de validation d'une relation est le sexe, on est incité à tendre vers, et pour le coup à multiplier le sexe avec plusieurs partenaires
- il peut y avoir un escalator metamoureux (secret -> cloisonnement -> relations parallèles -> relations conviviales)
- il peut y avoir un gravissement de l'échelle du spectre des relations (mono -> polymonogamie hiérachique -> solo poly -> anarchie relationnelle, par exemple)
- il peut y avoir un enjeu à entraîner sa/son partenaire plutôt mono, vers le monde plutôt poly, avec tout un tas d'étapes non dites, non pensées, mais pourtant possiblement bien là
etc
Bref il peut y avoir plein d'injonctions succesives que l'on se met à soi même, et aussi beaucoup à l'autre.
Une injonction à devenir la Personne Poly Parfaite par exemple. Je ne sais pas si c'est un escalator, mais ça y ressemble.

Topper
Rien que le fait d'avoir plusieurs relation limite forcément le temps de disponibilité.

Pourquoi donc ?
Moi je pense que le temps de disponibilité dépend, non pas d'avoir ou pas plusieurs relations, ni de leur nombre, mais de la spécificité de ce qui se vit entre les personnes concernées et de ce qu'elles veulent vivre. C'est un peu facile de "jeter la faute" à l'emploi du temps.

Et même si c'était le cas, j'ai envie de dire : Et alors ?

Penser les choses en terme de temps disponible, me semble une pensée profondément monogame (je ne dis pas ça, pour jetter pas la pierre) et pour moi c'est déjà être, sinon dans l'escalator, du moins dans une vision assez cadrée des relations. Bon c'est aussi déjà penser les choses en terme de relations. Le mot même convoque déjà tout un tas de critères (qui valident le fait que ce soit une "relation"), critères qui soient sont tous nécessaires pour aposser le label "relation poly", soient peuvent s'égréner et se compléter au fil du temps, …comme les marches d'un escalator.

La question de la gestion du temps est un poncif du polyamour, et un incontournable des cafés poly (au même titre que la jalousie). Or la gestion du temps me semble une fausse question. Elle n'existe que lorsqu'on a une idée précise de ce que doit/devrait être une relation, et que l'on en veut plusieurs. Elle existe surtout dans la poly-monogamie et tend à voler en éclat quand on la quitte.
On connaît la classique comparaison avec les ami·e·s ou les enfants, pour expliquer que l'on peut aimer plusieurs personnes à la fois (sans les aimer moins). De même que l'on peut aimer autant de personnes que l'on veut, de même on peut avoir autant d'ami·e·s que l'on veut, et l'on peut relationner avec autant de personnes que l'on veut.
Penser qu'une relation est moins valide (c'est ce que j'entends dans cette question de disponibilité) parce qu'on lui consacre moins de temps, est aussi absurde que qualifier la validité d'une relation à sa seule durée dans le temps, au fait qu'il y ai ou non du sexe (ou de partager ci ou ça), au fait de présenter ses partenaires à sa famille, ou tout autre critère monogame.

Finalement la notion d'escalator me semble une notion profondément ancrée dans la pensée de la temporalité justement.
Pour qu'il puisse y avoir escalator, il faut qu'il y ai pensée chronologique, et pensée de progression.
Chaque marche de l'escalator est une portion de temps (que l'on consacre à son/sa partenaire).


———
Sur le sujet, voir aussi la page dédiée sur l'escalator relationnel.

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Discussion : Où placer le curseur entre penser à soi et penser aux autres ? Est-ce que toute forme de violence est (in)évitable ?

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artichaut

le mardi 09 mai 2023 à 18h05

Alinea7
J'imagine que tu es particulièrement à l'aise avec la solitude.

Oui.
Même si ça peut trouver sa limite, bien sûr.

Alinea7
J'en viens à me demander si, moi comme un peu tout le monde, on n'est pas devenus intransigeants. Si on vit pas dans un tel luxe qu'on veut un droit de regard sur tout dans le moindre détail.

Oui, je pense qu'il y a quelque chose de cet ordre là.

Alinea7
Ça demande de chacun d'être drôlement détaché de ce qu'il souhaite, et accessoirement, ça frustre tout le monde, non ?

Pour moi ce monde (capitaliste) tient avec cette idée de la frustration, justement.
On n'est frustré que d'une chose que l'on nous enjoint d'avoir.

Alinea7
Même si en théorie je suis d'accord, j'ai l'impression que le surcroît d'imagination et de charge mentale fait que c'est difficilement le chemin choisi.

Malheureusement, oui. C'est un constat qui me semble judicieux.

Alinea7
Mais c'est peut-être une autre piste et que c'est ce dont tu parles : mélanger implication et détachement pour s'éloigner des enjeux de pouvoir ?

Je pense qu'il nous faut essayer de trouver des complices qui auraient envie de tenter d'autres manières de faire.
Pas besoin que ces complices soient d'accord sur tout, juste sur ce qui sera partagé.
Donc pour commencer, je dirais que c'est mieux de faire ça avec des choses que la société considère comme peu impliquantes, et où le détachement est donc plus facile à convoquer.
S'entraîner en des endroits faciles, avant d'essayer la même chose, en des endroits plus émotionnants.

As-tu une relation (peu importe sa nature) où tu as le sentiment qu'il n'y a pas de violence, et où le curseur se place facilement ?

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Discussion : Je n'ai juste jamais cessé d'aimer

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artichaut

le lundi 08 mai 2023 à 08h01

Shedu
C'est pourquoi je me suis demandé si je pouvais me considérer comme polyamoureuse

Tu aimes au pluriel. Ça ne fait aucun doute. Et personne n'a à te dire que ce que tu ressent n'est pas vrai. Tu le ressent, donc c'est vrai.

Shedu
Que des 3 il n'y en avait qu'un seul dont j'étais amoureuse, pour les 2 autres je ne devais ressentir que de l'affection...

L'affection c'est de l'amour.

Shedu
Aujourd'hui, je souffre de plus en plus de ne pas pouvoir vivre mes amours,

Que veux-tu dire par là ?
Tu vis déjà tes trois amours.

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Discussion : Où placer le curseur entre penser à soi et penser aux autres ? Est-ce que toute forme de violence est (in)évitable ?

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artichaut

le samedi 06 mai 2023 à 21h36

louluna
perso j'ai vraiment cette ligne de mire du "ne fais pas aux autres ce que t'aimerais pas qu'on te fasse"

Certes c'est déjà une bonne base.
Mais :
- d'une part on se croit tjs très fort·e et on fait à l'autre des choses, et on se rend compte après-coup qu'on ne les supporte pas quand il/elle nous les fait (!)
- d'autre part, toi et moi, supportons ou ne supportons pas, pas les même choses, car nous sommes des êtres différents…

Donc au final, cette maxime ne résoud pas grand'chose, je trouve.

Avant j'aimais dire : "ne fais aux autres que ce que tu aimerais qu'on te fasse" !
Je trouve que c'est une encore meilleure base.
Mais même ça, aujourd'hui, je trouve ça insuffisant…

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Discussion : [Avignon] Faire réseau autour des non-monogamies #01 — Grand WE de travail et de convivialité du 29 avril au 1er mai 2023

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artichaut

le samedi 06 mai 2023 à 18h01

Nous avons finalement été 16 personnes présentes (2 se sont désistées au dernier moment) en provenance de France et Belgique.

Il y avait des gens de Avignon, Bordeaux, Dijon, Gap, Lille, Liège, Marseille, Nîmes, Paris, Rennes, Sorgues, Toulouse.

La majorité était des orgas d'événements poly, et ça s'est ressenti dans les échanges et les choix de sujets pour les activités.

Le premier jour on a fait un Tour de parole de présentation (2'30 par personne), puis le reste s'est organisé en gestion collaborative grâce à un Tableau des activités, où chacun·e pouvait proposer ou demander des activités. Trois lieux étaient disponibles pour accueillir les activités.

C'était un premier événement de ce type, donc plein de choses sont évidemment perfectibles.

Une chose qu'on a, à la fois réussie et râtée, c'est :
- qu'on a invité, non seulement des orgas d'évenement mais aussi des créatrices/créateurs de contenus et qu'iels ont répondu présent ;
- mais qu'on n'a pas su les inclure suffisamment et que les propositions d'activités ont été monopolisées par les orgas d'événement.
Gros point de vigilance, donc si un tel événement doit se refaire !

Être orga d'un événement où sont présents plein d'autres orgas, est aussi un phénomène étrange, où la notion de responsabilité et de cadre se perd ou se dilue un peu.
Je (artichaut) me suis surpris à oublier parfois que j'étais orga de l'événement global, ou me suis surpris à laisser passer certains comportements hors-charte (grandes généralités au lieu de parler au Je, drague, etc…) là où habituellement, je suis +prompt à faire respecter la charte, et visibiliser ce qui ne me convient pas.

Perso (artichaut) j'ai le sentiment qu'un tel événement devrais se scinder en deux :
- d'une part un événement annuel spécialement dédiés aux orgas d'événements poly (qui en ont grand besoin)
- d'autre part un événement sur une dynamique et problématique bien +vaste, avec très peu de présence d'orgas d'événements poly (pour éviter l'effet de submersion et de focalisation sur les thèmatiques poly)

J'ai aimé la couleur générale du week-end, mais j'en ressort fatigué.
J'en garde cependant plein de beaux moments.

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Discussion : Où placer le curseur entre penser à soi et penser aux autres ? Est-ce que toute forme de violence est (in)évitable ?

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artichaut

le samedi 06 mai 2023 à 16h29

Merci @Alinea7 pour ce post, qui me fait du bien à lire, et qui je trouve dénote dans l'univers répétitif et catastrophiste de ce forum.

Ça m'évoque ce changement de paradigme que je tente de dessiner depuis quelques temps.

Des rapports de pouvoir il y en a toujours, mais on peut choisir de les faire exister, ou non, d'en faire le moteur de nos relations, ou non.

Moi je suis fatigué de tout penser en terme de rapports de force, de conflits, de choses à gagner ou à imposer.
Et quand je dis ça, je ne prône pas une pseudo-neutralité, où la "communication (soit-disant) non violente" imposerait sa loi. Ni, non plus le règne du spontanéisme et de la soit disant fluidité magique. On sait malheureusement où tout ça mène (la perpétuation des oppressions, donc l'absolu nécessité des rapports de force).
Ce que je veux dire c'est au contraire, que je n'ai plus envie de vivre des configurations, des situations, où le rapport de force est constamment obligé de s'instaurer (lorsqu'on laisse les dynamiques systémiques dicter le jeu).
Et donc bien souvent désormais, je préfère moins vivre de choses, que vivre des choses allant vers ces terrains-là.

Pour moi, le curseur entre penser à soi et penser aux autres, se place plutôt dans le « penser ensemble ».
Je trouve qu'il n'y a quasi plus que des pensées individualistes en matière de relation (j'inclue les couples dans les dynamiques individualistes, quand les couples se pensent face au reste du monde). Et oui, pour moi, la violence est évitable. Il ne s'agit pas d'en faire un tabou, de la nier, ou de ne plus jamais l'utiliser, il s'agit de faire en sorte qu'il n'y ai pas besoin de la violence.

Pour celà je ne vois pas 36 chemins possibles :
- prendre en compte et atténuer les oppressions systémiques
- visibiliser au maximum les biais de pouvoir
- travailler à déconstruire nos désirs et abolir les injonctions
- repartir de zéro et s'engager dans une envie réelle de construire ensemble

Ce n'est plu un dilemne qui se pose entre penser à soi et penser aux autres, mais un paysage nouveau où ce qui se pense, se pense au pluriel.

Je pense aujourd'hui qu'il y a une façon douce d'exister… à plusieurs.

Alinea7
Si j'ai envie de quelque chose pour moi parce que ça m'apporte quelque chose. Et que ça impose quelque chose à quelqu'un qui compte pour moi.
Je vois deux cas simples : le cas où je le réalise, et celui où je ne le réalise pas.

Je vois deux cas simples à ton exemple : le cas où "je le réalise"… et on va dans le mur, et celui où "je ne le réalise pas"… et on va dans le mur. Dans les deux cas, pour moi, ça va droit dans le mur, car ça ne prend en compte que le "je".

Pour moi il y a un 3ème cas. Celui d'inventer ensemble quelque chose qui n'existe pas encore, et qui ne soit aucun de ces deux cas-là.
Pour ça, il faut se décentrer de cette envie de départ et de cette binarité de la solution.
Cesser d'aller sciemment dans le mur quand tout les indicateurs disent qu'on y va.

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