Peut-on passer de la monogamie au polyamour ?
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JeanneD (invité)
le lundi 11 juin 2012 à 00h19
Bonjour,
J'ai été dans une relation monogame avec ma copine pendant trois ans et il y a un an, elle m'annonce brutalement qu'elle est polyamoureuse. Nous nous aimons profondément et donc n'avons pas de raisons de nous séparer... si ce n'est que je ne suis pas polyamoureuse. J'ai beau chercher, lire, comprendre, accepter, je n'arrive pas à devenir polyamoureuse et comprend que je ne peux pas lui imposer la monogamie, trop frustrante pour elle.
J'ai aussi rapidement envié le polyamour qui paraît juste et riche. Alors je me questionne sur les origines du polyamour et de la monogamie ? Les monogames sont-ils des gens profondément apeuré depuis l'enfance, des gens peu confiants envers l'amour, ne se permettant qu'une relation à la fois ? Connaissez-vous des personnes monogames qui sont devenues polyamoureuses en faisant un travail sur elles-mêmes peut-être ?
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Popol (invité)
le lundi 11 juin 2012 à 05h20
Salut!
Le polyamour n'est juste et riche en soi que pour les polyamoureux, tu sais. Ca peut être un idéal que l'on n'atteint pas, aussi. Mais de manière absolue et universelle, ce n'est pas une panacée, juste une inclination, une valeur personnelle...
Pourquoi devrais-tu devenir polyamoureuse si ce n'est pas ton truc?
Qui te le demande, d'ailleurs?
Spéculer sur la peur et la défiance supposées du monogame me paraît une voie dangereuse pour la tolérance en général, et en particulier celle que le polyamoureux réclame généralement, s'il n'est pas capable de l'offrir en retour au monogame.
Des personnes monogames qui sont devenues polyamoureuses en faisant un travail sur elles-mêmes, tu en trouveras plein dans les discussions ici. Et aussi des polys dans l'âme qui ont renoncé à vivre leur inclination, des couples mono/poly... Je parlerais plus de personnes qui finissent par comprendre qu'elles sont plus à l'aise dans leur vie amoureuse, à prendre des risques comme polyamoureuses que comme mono - et l'inverse est tout aussi vrai.
Nous côtoyons ici des gens qui s'efforcent de devenir polyamoureux par loyauté envers leur partenaire, mais comme ce n'est pas leur manière de vivre, y renoncent, dans le meilleur des cas.
Du coup, le travail sur elles-mêmes consiste plus à envisager de continuer à être mono, avec un partenaire poly; et comment ça va se passer, cette cohabitation, comment ce changement va se négocier.
Bref, s'interroger sur le polyamour, le souhaiter, l'essayer, c'est aussi se rendre compte que ce n'est pas forcéement plus facile que le monoamour. Quiconque s'y frotte de près ou de loin est plus appelé à s'interroger sur soi-même que sur les autres, et parfois en acceptant le statu quo.
Vazy, sers-toi, lis...
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(compte clôturé)
le lundi 11 juin 2012 à 09h44
Je vais forcer le trait en prenant exprès un exemple caricatural.
Si la personne avec qui tu partages ta vie t'annonçait un jour qu'elle est bisexuelle, serais-tu tentée de le devenir aussi ?
C'est caricatural parce que, pour moi en tout cas, le polyamour n'est pas une orientation sexuelle. Mais vu de très loin, la question est assez proche : pourquoi l'acceptation de ce qu'est l'autre devrait passer par un changement de ce que tu es, toi ? La pratique des amours plurielles peut être le fruit d'une démarche volontariste, mais je ne vois pas comment elle pourrait être bien vécue et apporter le bonheur si elle ne procédait pas aussi d'une nécessité intérieure - la necessité qui te souffle d'instinct que ça c'est bon pour toi, et pas l'inverse.
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bria71
le lundi 11 juin 2012 à 09h57
Bonjour Jeanne,
Polyamour n'est qu'un mot pour essayer de désigner une attitude et une façon de vivre nos relations affectives et sexuelles.
Pour faire simple, comme le dit Popol, en rien ne te sent obligée d'être poly.
Le fait que tu acceptes et comprennes les besoins de ta compagne, tu es déjà dans une attitude poly. Dans le sens où par amour pour elle tu acceptes qu'elle prenne cette liberté. Que par amour pour elle, tu souhaites d'abord qu'elle évite de souffrir dans une relation monogame qui de temps en temps "l'oppresse" elle. Mais pas toi.
L'Amour à mon sens c'est Liberté. Quoi de plus beau que de voir un oiseau libre, et revenir te voir parce qu'il est en a envie.
Ton attitude est belle. Ne te torpille la tête à devoir à tout prix agir comme elle, alors que visiblement tu n'en as ni l'envie, ni l'attitude.
De vivre cela, càd rester "mono" et accepter la liberté de l'autre, avec relative séreinité est aussi une attitude de force morale. Ca veut dire que tu t'es trouvée.
Et puis comme rien n'est figé dans le temps, laisse à la Vie la possibilité de te surprendre.
Réjouis toi de la voir s'épanouir. Je sais c'est simple à dire, mais dans ton mot on sent clairement qu'il n'y a pas de noeuds à concevoir et vivre la liberté de ta partenaire.
Donc pour le reste débranche.
Il existe des monogames épanouis parce que c'est leur "voie". Le mode de vie qui les comble et les fait le plus évoluer. Et qui sont prêt aussi à pardonner à leur partenaire leurs écarts éventuels, parce qu'ils ont trouvé et compris l'autre dimension du mot Aimer.
Tu en est proche.
Les autres questions qui te viennent sont légitimes. Et grand bien te fasse d'y trouver réponse. Mais ne culpabilise pas à ne pas te sentir attiré par la "vie Poly". Ces questions sont juste là pour te découvrir. Et seulement pour ça. Rien d'autre...
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Popol (invité)
le lundi 11 juin 2012 à 10h19
Et n'oublie pas de ne pas te donner le fouet à toi-même, en supposant que tu es forcément peureuse et défiante parce que tu es mono.
;-)
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yin-yang-69
le lundi 11 juin 2012 à 16h01
bria71
Dans le sens où par amour pour elle tu acceptes qu'elle prenne cette liberté. Que par amour pour elle, tu souhaites d'abord qu'elle évite de souffrir dans une relation monogame qui de temps en temps "l'oppresse" elle. Mais pas toi.
L'Amour à mon sens c'est Liberté. Quoi de plus beau que de voir un oiseau libre, et revenir te voir parce qu'il est en a envie.
Ton attitude est belle. Ne te torpille la tête à devoir à tout prix agir comme elle, alors que visiblement tu n'en as ni l'envie, ni l'attitude.
Mono/Poly. Si cela fait souffrir le mono, le tout est de savoir à quel point le mono peut souffrir par amour pour l'autre... Car le décalage peut engendrer des souffrances, non ?
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JeanneD (invité)
le lundi 11 juin 2012 à 16h28
Bonjour,
Merci beaucoup à tous pour vos réponse.
Je dois préciser que je n'ai pas encore accepter sa liberté. Le polyamour me fait profondément souffrir. Mais la balance entre souffrance de la perdre et souffrance d'accepter le polyamour varie selon les jours. Je l'aime aussi pour sa liberté en générale, elle m'apprend beaucoup. Les autres me paraissent fades (suis-je résignée à n'aimer que des polyamoureux ?)
En ce qui concerne accepter le polyamour, si je comprends la théorie et l'intérêt du polyamour, je suis incapable de me projeter dedans car je ne ressens pas ce besoin. Je ne sais pas ce que vous vivez. L'acceptation devient alors difficile. Je vivrais toujours une nouvelle relation qu'elle pourrait avoir de mon point de vue, de mon coeur. Et de mon point de vue, ça veut dire qu'elle m'oublie, ça veut dire qu'il y aura un week-end où elle ne me verra pas moi mais l'autre. Ma place en elle est, de mon point de vue, changée. De plus, je pense que tous les mono qui vivent une relation avec un poly prennent sur eux quand le poly choisi de vivre sont polyamour. Mais est-on heureux quand on prend sur soi ? On ne peux pas juger qui souffre le plus entre poly qui s'interdit d'autres relations et mono qui prend sur lui les relations de l'autre. Mais je vois encore cela comme un rapport de force. Qui va prendre sur lui… Et jusqu'à quand...
La souffrance est aussi basée sur la déconstruction d'une intimité sexuelle. Je vivrais ses autres désirs comme trahison d'une confiance.
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LuLutine
le lundi 11 juin 2012 à 16h46
JeanneD
Mais est-on heureux quand on prend sur soi ?
Dans TOUTES mes relations, j'ai dû prendre sur moi à un moment ou à un autre.
Et je parle aussi des relations amicales, professionnelles, familiales...pas seulement amoureuses !
Pourtant, j'ai été globalement heureuse.
Alors pour ma part, je dirais : OUI - jusqu'à un certain point bien sûr - on peut être heureux en prenant sur soi de temps en temps (pas en permanence non plus).
Et heureusement.
Sinon je doute qu'il y aurait beaucoup de gens heureux...
On peut même se sentir triste, vexé, en colère, etc. et être globalement heureux...
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(compte clôturé)
le lundi 11 juin 2012 à 20h47
Ne pas sous-estimer la détresse du poly qui voit son aimé mono serrer les dents et prendre sur lui - ou parfois ne pas y arriver, d'ailleurs - et qui endosse certains jours une forte culpabilité (et qui doit la taire pour ne pas en rajouter).
Ne pas sous-estimer non plus la joie du mono qui voit son aimé poly revenir à lui, ne pas le délaisser ou l'oublier, et qui constate que tout ce qui lui a été dit est bien vrai, qu'il est toujours aimé et que donc le temps que son poly passe avec lui est du temps voulu et choisi - et non imposé par le fait de la vie de couple...
Bref, il y a des moments douloureux où effectivement on prend sur soi. Le poly comme le mono. Mais il y a aussi des moments très gratifiants et avec le temps, ça s'équilibre assez bien pour qu'on puisse appeler ça du bonheur.
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Jak
le mardi 12 juin 2012 à 09h52
Bonjour,
Ton histoire m'intéresse, parce que je vis la même chose, mais du point de vue du poly.
Ma compagne est mono et notre relation a duré 6 ans avant que je découvre que je suis poly. Le choc a été plutôt rude, comme tu sais.
Actuellement, nous sommes dans une période où je n'ai pas décidé de vivre mon polyamour et où elle n'a pas accepté mon polyamour. Nous restons dans une sorte d'équilibre qui nous permet de discuter et d'échanger sur le polyamour, sur ma philosophie du polyamour et sur sa philosophie du monoamour.
La chance étant que je n'ai rencontré personne d'autre, ce qui compliquerait la situation.
C'est difficile à vivre pour moi de voir qu'elle souffre du fait que je suis poly. Je l'aime et cela ne changera pas quoiqu'il arrive, c'est pourquoi je sais être capable de prendre sur moi pendant un moment. Combien de temps ? je ne sais pas, et personne ne peut le savoir avant de voir ses propres limites.
De son côté, elle est consciente de ma souffrance de ne pouvoir vivre mon polyamour. Et son amour pour moi ne changera pas non-plus quoiqu'il arrive.
Chacun de nous possède sa motivation : elle pour comprendre ce que je suis, moi pour comprendre ce qu'elle ressent et avoir la patience de lui expliquer et de la guider sur le sujet du polyamour.
Comme le disais Popol, c'est une histoire d'apréhension des risques. Personnellement, j'aimerai vivre mon polyamour, mais je me sens actuellement plus à l'aise dans ma situation actuelle.
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Popol (invité)
le mardi 12 juin 2012 à 11h21
Salut Jak.
Je me permets de mettre ici le fil de la discussion que tu avais initiée à ton sujet
/discussion/-ur-/Polyamoureux-mais-monogame-par-ch...
pour que Jeanne Doe puisse voir de quoi tu y parlais - c'était très parlant.
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Jak
le mardi 12 juin 2012 à 11h24
Aucun problème. J'aurais du y penser.
En espérant que ça soit utile.
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boucledor
le mercredi 13 juin 2012 à 16h49
Bonjour,
Actuellement, je vis aussi cette situation de "status quo" avec mon conjoint... En effet, une "rencontre" m'a fait prendre conscience de ma nature "polyamoureuse" dans le sens où cette relation "hors-couple" m'a révélé que je pouvais aimer plusieurs personnes sans que cela remette en cause, pour moi en tout cas, mon couple et ce que l'on a construit ensemble... Cela a également "mis du sens" sur le fait que je n'enterre jamais les relations qui ont été importantes pour moi (au passé ou au présent), que je me sens profondément fidèle même si c'est "au pluriel"...
Mais, mon conjoint, bien qu'ayant essayé de "faire ce chemin" avec moi, notamment par nos discussions et nos lectures (Simpère, Salomon, Chaumier..), n'est pas parvenu à accepter cette nouvelle façon d'envisager notre couple... Il se sent profondément "monogame", n'arrivant pas à concevoir un amour non exclusif.
Un temps, je me suis sentie prête à assumer cette" nouvelle vision de l'amour" (parce que je sentais qu'elle faisait sens pour moi) quitte à prendre le risque qu'il me quitte... Mais lorsque la rupture semblait inéluctable, j'ai fait "machine arrière" , rompant avec mon "amant" ... Le problème est que cela ne résout pas tout... Je sens bien que cette histoire a ébranlé "mes certitudes" et le chemin parcouru m'a conduit sur de nouvelles voies, m'a permis de découvrir aussi des facettes de moi dont je n'avais pas pleinement conscience... Je n'en suis pas à me revendiquer fondamentalement polyamoureuse, mais tout cela m'interroge et je dois reconnaître que malgré la souffrance que cela pouvait engendrer autour de moi, je me sentais heureuse durant cette période où j'aimais et me sentais aimée par ces deux hommes, chacun à leur manière. Mon mari se rend compte que "la solution trouvée" n'est peut-être pas durable... Je ne sais pas quoi lui répondre lorsqu'il me dit qu'il a besoin de savoir "ce que je veux vraiment", ce que je voulais n'est pas "acceptable" et je ne veux plus prendre le risque de le perdre...
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JeanneD (invité)
le samedi 16 juin 2012 à 14h47
Je ne crois pas que le couple poly-mono existe durablement. Il est souffrance.
Et le mono n'a pas à prendre cela sur lui. Ce n'est pas épanouissant, c'est écrasant. Il faut accepter l'incompatibilité car ce sont deux systèmes d'être différents, deux systèmes d'aimer l'autre aussi.
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Popol (invité)
le samedi 16 juin 2012 à 15h36
Ca dépend. Dans ton cas, c'est comme ça. Pour d'autres, la cohabitation est possible, à des degrés divers de souffrance, mais aussi sans problème aucun.
Donc ça ne va pas du tout, JeanneD? C'est vrai que tu as été mise devant le fait accompli, et que les choses se sont brutalement enchaînées. Un gros deuil à gérer, indubitablement.
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yellow
le samedi 16 juin 2012 à 16h00
Aparté pour Popol:
J'ai trouvé une excellente raison de t'inscrire au site (cf. de vieilles discussions). On ne peut pas te poster de message actuellement...
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boucledor
le samedi 16 juin 2012 à 17h51
Bria 71
Il existe des monogames épanouis parce que c'est leur "voie". Le mode de vie qui les comble et les fait le plus évoluer. Et qui sont prêt aussi à pardonner à leur partenaire leurs écarts éventuels, parce qu'ils ont trouvé et compris l'autre dimension du mot Aimer.
Tu en est proche.
Mon conjoint quant à lui se sent" obligé" de devenir poly pour accepter que je le sois... En fait, il me dit qu'il ne peut pas comprendre ce que je vis sans le vivre lui-même, et par ailleurs, c'est un peu son "orgueil" qui lui indique ce chemin car je pense qu'il n'arrive pas à concevoir de me "laisser vivre" ces autres relations sans en faire de même...
Sans cela c'est un peu comme si il acceptait d'être "le mari cocu" ...
Pourtant, il me dit aussi qu'il n'a jamais fonctionné sur un mode "poly" même par le passé... Il a toujours "enterré" une relation avant d'en commencer une autre, ne se sent pas capable de s'investir dans plusieurs relations, n'en a même pas envie n'y voyant que des "contraintes" et le risque de s'embarquer dans des histoires compliquées...
Bref, c'est un peu "l'impasse", pour lui comme pour moi...
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Popol (invité)
le samedi 16 juin 2012 à 19h25
Il y a beaucoup de manières de dire "je ne suis pas prêt". Et là, c'est dit de plusieurs manières.
Plus je lis des problématiques de ce genre, plus je trouve que Jak et sa compagne ont réussi à assouplir, sinon à défaire ce qui semblait un noeud de cordage mouillé.