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Est-ce mal d'avoir des attentes dans nos relations (et dans la vie en général) ?

(Hors sujet)
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Alabama

le jeudi 14 août 2025 à 12h11

Je pars de plusieurs interventions dans les discussions des derniers jours :

HiBou
Réussir à partager des moments avec d'autres de manière saine, sans être dans l'attente de quoi que ce soit de la rencontre est accessible après beaucoup d'introspection et de travail sur soi, mais c'est top car nous sommes de plus en plus nombreux à faire ce chemin !

HiBou
Je me demande si ce ne sont pas ces attentes, qui viennent justement déstabiliser l'équilibre relationnel, le rendre toxique, dans le sens ou comme on a un manque et qu'on ne sait le combler seul, on va aller chercher un autre (notre future "relation") afin qu'il nous apporte de quoi nous nourrir.

artichaut
J'ai l'impression que ta stratégie pour avoir moins de douleur est désormais de nommer/assumer tes attentes.
La mienne est de ne pas compter sur l'autre (avoir moins d'attentes) pour répondre à mes besoins, de ne pas attendre de l'autre (un autre en particulier) qu'il/elle réponde à mes besoins.

J'ai la sensation que nous sommes dans une époque qui valorise beaucoup le fait de diminuer ses attentes, de se suffire à soi-même avant d'entrer en relation, de ne pas compter sur l'autre pour répondre à nos besoins, etc. Cela se reflète dans pas mal d'interventions sur le forum, et on peut lire beaucoup de livres de dév perso qui vont dans ce sens.

Siestacorta
Les relations plus affectives vont se construire d'interactions et d'attentes plus riches. Et en amour, on vit des attentes fortes, implicites, dont on a pas conscience chez soi ou chez l'autre. Je comprends bien qu'on veuille se libérer du poids de ces attentes, mais je les crois "nécessaires" - elles vont nécessairement se former à partir de ce qu'on fait ensemble et de ce qu'on aura vécu avant. Si l'autre devient important pour nous ("signifcant parter" en anglais), a de l'impact dans nos émotions et dans l'organisation de notre vie, ça peut avoir des suites.

Siestacorta
Bref. Comme pour "amour", "couple", je comprend qu'on veuille éviter la surcharge d'attentes, normées et survalorisées.
Mais je crois que c'est plutôt en qualifiant (communiquant demandes et limites...) et en agissant que ça peut se faire plus sur mesure qu'en prêt à porter. En saoulant les gens, comme on le fait ici, pour dire ce qu'on veut, ce qu'on demande, ce qu'on refuse.

Pour ma part, je me retrouve plus dans ces citations de @Siestacorta.
Aussi, je me demande à quel point ce n'est pas une injonction liée au patriarcat, cette histoire de diminuer ses attentes.
Je ne dis pas qu'il faudrait tout attendre des autres, et qu'ils deviennent nos prestataires de services.

Je me demande pourquoi les attentes ont si mauvaises presse ?
Est-ce mal d'avoir des attentes ? Si oui pourquoi ?

Dans ma vision des choses, les attentes sont là, qu'on le veuille ou non, elles existent, et la question n'est pas tant de les limiter/supprimer que de les conscientiser et de les mettre au jour, puis d'en extraire les "besoins" notamment relationnels, et de les combler avec l'aide des autres et de l'environnement au sens large (incluant les autres êtres vivants non-humains).

Dans le cadre de relations genrées, j'ai aussi beaucoup remarqué que les hommes pensent ne pas avoir d'attentes/besoins, car ils ont été éduqués à "se suffire à eux-mêmes" donc à ne pas les repérer/exprimer et à ce que les femmes (ou assimilés femmes, je pense à toute personne en situation subalterne ou de soin) les comblent sans qu'une demande n'ait été faite. De ce fait les attentes et demandes de la part des femmes dans le contexte hétéro (mais on peut transposer au contexte queer notamment si dans un couple lesbien, l'une des deux se croit plus indépendante que l'autre, et ça marche aussi dans les amitiés) sont souvent critiquées, peu écoutées et délégitimées, voire assimilées à une forme de dépendance affective ou une absence d'autonomie.
J'ai donc la sensation de beaucoup lire des hommes dire "il faut avoir moins d'attentes et tout se passe mieux" et des femmes dire "j'ai trop d'attentes, je n'arrive pas à faire autrement et je m'en veux".

Qu'en pensez-vous ?
Que faites-vous de vos attentes ?
Pour celles et ceux qui pensent ne pas en avoir ou en avoir moins qu'avant, quel a été le processus, et où sont passées les attentes en question ?
J'ai conscience que ma dernière question est biaisée : je ne crois pas au fait qu'on puisse avoir moins d'attentes, je crois par contre au fait qu'elles soient comblées et donc devenues invisibles, ou étouffées et mises sous un couvercle en donnant l'impression d'avoir disparu. Peut-être ai-je tort.

Message modifié par son auteur il y a un mois.

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artichaut

le jeudi 14 août 2025 à 14h33

C'est drôle, j'étais justement en train de faire une recherche dans les archives du forum sur le sujet et j'hésitais à ouvrir (encore !) un nouveau fil. Et Bam je tombe sur ton nouveau sujet. Je suis content que ce soit toi qui l'ai ouvert. Et justement ma cogitation faisait écho à des choses que tu as dites par ici récemment.

Donc je prendrai le temps de répondre à ce fil.


Et voici le résultat de mes premières recherches :
- Comment ne rien attendre ?, août 2014
- Des attentes implicites, réelles ou interprétées, nov 2014

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kill-your-idols

le jeudi 14 août 2025 à 15h23

Je suis un des chantres de l'indépendance absolue.

Mais, dans la pratique, mes propos sont plus nuancés.

Je suis indépendant et je suffis à moi-même, mais j'ai une famille qui, pour plusieurs aspects, est dépendante de moi.

J'ai une femme, des enfants, des parents âgés, des partenaires secondaires, une entreprise à faire tourner... Plein de gens qui, si je n'étais pas là, seraient dans une situation très problématique.

Donc, j'ai des obligations.

D'abord, l'obligation de rester en vie. Pas de moto pour moi, pas de sauts en parachute, pas d'escalade à la montagne et pas de sports dangereux.

Ensuite, l'obligation de travailler pour nourrir tout le monde.

Et l'obligation de passer un peu de temps avec chacun, dans la limite de mes engagements professionnels, et en essayant d'être le plus juste possible.

Mais toutes ces obligations je les ai faites non pas parce que la société me les impose, mais parce que j'ai choisi.

Et il y a plein de personnes pour lesquelles j'ai choisi de n'avoir aucune obligation. Des personnes violentes, manipulatrices, qui ne méritaient pas d'être dans ma vie.

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Alabama

le jeudi 14 août 2025 à 15h35

@kill-your-idols : et quelles sont tes attentes dans tes différentes relations ?
Ce que j'ai pu imaginer à travers tes différents messages sur ce site, c'est que tu attends de tes partenaires de te laisser beaucoup de temps seul par exemple. Mais il y en a sûrement d'autres. Qu'est-ce qui fait que tu as une femme et des enfants ? A quels besoins cela répond-il de ta part ? Que fait ta femme qui comble certaines de tes attentes ? Quelles attentes tu as envers la vie ? Envers ton entreprise ? etc...

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kill-your-idols

le jeudi 14 août 2025 à 15h55

Alabama
@kill-your-idols : et quelles sont tes attentes dans tes différentes relations ?
Ce que j'ai pu imaginer à travers tes différents messages sur ce site, c'est que tu attends de tes partenaires de te laisser beaucoup de temps seul par exemple. Mais il y en a sûrement d'autres. Qu'est-ce qui fait que tu as une femme et des enfants ? A quels besoins cela répond-il de ta part ? Que fait ta femme qui comble certaines de tes attentes ? Quelles attentes tu as envers la vie ? Envers ton entreprise ? etc...

La seule attente que j'ai est qu'on me laisse assez de temps libre: surtout pour travailler, mais aussi pour explorer le monde.

Et aussi qu'on me laisse beaucoup d'espace. Je peux être la personne la plus adorable, pour autant qu'on ne me freine avec des obligations et des interdictions.

Finalement, j'aime bien avoir une grande famille. Malgré mon côté indépendant, je suis assez tribal dans mon organisation. Et puis, j'adore passer du temps avec mes enfants. Je regrette de ne pouvoir leur dédier davantage de temps, mais en ce moment, je dois me consacrer au travail.

Sur le long terme, je dois aussi faire tourner l'entreprise, de manière à que tout le monde ait à manger. Pour le reste, il s'agit de faire rouler la machine jusqu'à que j'aurai la force de le faire.

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Lili-Lutine

le jeudi 14 août 2025 à 16h59

Pour moi, les attentes ne sont pas un problème en soi

Le vrai enjeu pour moi, c’est de les voir, de les nommer, et de pouvoir les mettre sur la table sans que ça déclenche immédiatement l’accusation de "dépendance affective" ou d’"immaturité" (accusations d’ailleurs souvent genrées et héritées du patriarcat)

On nous apprend rarement à dire : "ça, j’en ai besoin" ou "ça, ça me fait du bien" et encore moins à le négocier

Le plus dur pour moi je pense n’a pas été d’avoir des attentes dans mes relations
Le plus dur a été de ne pas savoir assez tôt que certaines allaient être cruciales pour ma santé mentale et physique

J’ai appris, petit pas par petit pas, à mieux identifier celles qui me semblent vraiment importantes et celles qui le sont moins
Et surtout, j’ai appris à en parler dans mes relations
Pas toujours avec bienveillance au début, comme si je bégayais quelque chose à peine ressenti, mais au fil du temps… et j’apprends encore... je me sens aujourd’hui plus libre, même avec des attentes :-D :-D :-D

C’est là que je me demande si la vraie liberté relationnelle ne passe pas par la capacité à faire coexister autonomie et interdépendance ?

Pas à nier qu’on attend des choses des autres, mais à créer un espace où ces attentes peuvent circuler, se transformer, parfois se combler, parfois s’ajuster

Et peut-être que le problème n’est pas "avoir moins d’attentes", mais "ne plus subir l’injonction à se taire dessus"

J’aimerais bien savoir comment vous, vous distinguez attentes nourrissantes et attentes qui enferment <3

Message modifié par son auteur il y a un mois.

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Mark

le jeudi 14 août 2025 à 17h08

Alabama

Que faites-vous de vos attentes ?
Pour celles et ceux qui pensent ne pas en avoir ou en avoir moins qu'avant, quel a été le processus, et où sont passées les attentes en question ?

J'avoue avoir un peu de mal à suivre les discussions en cours tellement les sujets sont connexes, du coup je ne sais plus trop ou répondre. Merci pour les condensés !

Je ne sais pas si je peux parler d'attentes à proprement parler. S'il y en a, elles se sont co-construites au fil des relations. Par habitude, devenue partie intégrante de la relation alors qu'au départ, pour moi la relation nait à partir des interactions, pas à partir d'attentes.

Et c'est quand une habitude change de manière radicale que ça vient me questionner, voire me mettre en zone d'inconfort quand la situation perdure. D'un coté respecter et accepter les changements, de l'autre l'inconfort quand il n'y a pas de réponse qui me permet de mieux appréhender et vivre un changement.

le cheminement ? le travail de fond qui vient avec l'ouverture au polyA, identification et déconstructions des schémas normatifs et possessifs. (#formation continue :)

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artichaut

le jeudi 14 août 2025 à 17h49

Moi globalement les attentes, je n'ai ni envie de les exprimer (les miennes), ni envie de les entendre (celles des autres), ni envie de les prendre en compte.

Je sais c'est cash dit comme ça, et je ne nie pas que ce soit genré, mais c'est aujourd'hui sincérement ce que je ressens.

Alors je vais en dire un peu plus. Tâcher d'expliciter. Avec autant que possible de la précision dans les termes.

Mais avant ça, et pour ne pas trop me répéter, je vais indiquer quelques uns de mes posts antérieurs sur d'autres fils, qui peut-être feront une introduction à ma réponse, pour qui aurait envie de les lire. Et puisque tu pose la question du processus @Alabama, ça peut (te) donner aussi des indications sur mon chemin de pensée, et son évolution dans le temps (entre 2018 et aujourd'hui) : #1, #2, #3, #4, #5 (par ordre chronologique).

Et pour faire plaisir à @Mark — ou les personnes qui n'aurait pas envie de lire mes vieux posts — je vais tenter un résumé ou une synthèse augmentée dans ma réponse.

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Mark

le jeudi 14 août 2025 à 18h12

Lili-Lutine

J’aimerais bien savoir comment vous, vous distinguez attentes nourrissantes et attentes qui enferment <3

Je tente une réponse...
Nourrissant: prendre et donner des nouvelles régulièrement
Enfermant: Le bonjour/bonne nuit quotidien peut l'être/le devenir pour moi.

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Alastor

le jeudi 14 août 2025 à 19h04

Bonjour,

Alors moi je vais aller peut être un peu à contre courant des exemples que vous donnez, moi je vais parler des attentes que les autres peuvent avoir de moi et je vais être claire pour moi quelqu'un qui n'attend absolument rien de moi n'est alors pas en relation avec moi.

Je pense en effet que des attentes on en a tous et que lorsque qu'on n'attend rien de l'autre c'est parce que cet autre ne nous intéresse pas.

Je suis en train de ralentir très sérieusement une relation que j'ai en ce moment, certains appelleraient ça une "désescalade relationnelle", moi j'avais dit "micro-rupture" ( thème emprunté à @artichaut).
Mais je me demande jusqu'où on peut descendre ( et donc pour moi revoir ses attentes à la "baise") et se dire qu'il y a encore une relation entre les personnes ?

Au final quelqu'un qui n'attend pas de moi que j'ai envie de le voir, de prendre de ses nouvelles, que je communique un peu avec iel alors il ne veut rien de moi, il ne veut pas non plus de relation avec moi.

De plus je me méfie des gens qui disent "moi je n'ai pas d'attentes" pour moi c'est faux on en a toujours, sauf que soit on ne les a pas repérées soit on ne veut pas les dire.

Et enfin je rejoins d'autres personnes qui ont mieux expliqué que moi, les attentes sont "genrée" dans la mesure où la société nous a appris ce que c'est qu'être un homme et ce que c'est qu'être une femme.
Il est plus facile pour un homme cis-het de dire " moi je n'ai pas d'attentes" c'est même ce que la société patriarcale veut de lui.
Avoir des attentes c'est être en demande de quelque chose auprès de quelqu'un et pour certains c'est vu comme une faiblesse.
Il est, je pense, facile pour un homme en relation hétéro de tenir ce discours car les femmes ont grandi en apprenant à prendre en charge la partie émotionnelle des relations humaines ( amicales, familiales et amoureuses).

Moi j'ai des attentes, les dire à mes partenaires potentiels leur permet de voir si le type de relation qui me convient peut leur convenir aussi où de passer leur chemin.
J'annonce les choses suffisamment tôt dans les échanges pour que la personne ne soit pas surprise, souvent avant de commencer quoique ce soit.

( Bon il y a bien longtemps que je n'ai pas été en relation avec une personne qui n'a pas été un(e,) ami(e) depuis quelques années auparavant donc normalement on me connait un peu quand même)

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artichaut

le jeudi 14 août 2025 à 19h23

Préliminaire :
Je pense que tout le monde à des Attentes, de même que tout le monde vit —ou est suceptible de vivre— de la Jalousie. Ceux qui prétendent que non, pour moi sont dans le déni. Mais la question pour moi — comme pour la Jalousie — c'est surtout : qu'est-ce qu'on en fait ?

Préliminaire lexical :
Je différencie Attentes/Besoins/Envies/Désir/Limites/Demandes/Stratégies/Exigence/Information etc.
(Je mets ici des majuscules pour identifier quand je fais référence à des mots-concepts)
On ne mets pas forcément les même sens derrière ces mots, on n'a pas forcément le même vécu avec ces mots, etc.
Ce que je vais dire vaut pour moi, avec ma grille de lecture et mes compréhensions/définitions de ces mots-là.

Pour une fois, et c'est chose rare, je vais faire référence à la CNV (bien qu'ayant beaucoup de griefs quant à la manière dont elle a été inventée et dont elle est utilisée, mais je ne vais pas rentrer ici dans ces considérations-là).
Je vais globalement utiliser les mots Besoins, Stratégies et Demandes dans le sens où la CNV les définit.
Pout le reste, je m'en éloigne. Et je ne sais pas trop ce que la CNV dit des Attentes.

En gros, pour la CNV :
- un Besoin est un quelque chose de fondamental et abstrait (ex : "j'ai besoin de connexion", et non pas "j'ai besoin qu'on se voit 3 fois pas semaine")
- une Stratégie, est un moyen par lequel on tente de répondre à un Besoin (ex : faire une Demande, envoyer des textos en espérant en recevoir, etc)
- et une Demande, est une proposition concrète, précise, limitée dans le temps, à laquelle l'autre a la possibilité de répondre Oui, Non, ou de proposer des aménagements.

Les Limites sont un gros gros sujet pour moi, et qu'à mon sens la CNV prend très peu en compte.
Je définirais peut-être les autres concepts, mais passons déjà aux Attentes.

Une Attente n'est pas un besoin fondamental (sinon c'est un Besoin), pas plus qu'une Envie ou une Demande.
Exprimer une Envie (ex : "j'ai envie de sexe", "j'ai envie de sexe avec toi") n'engage pas l'autre (en tout cas ne devrait pas), c'est juste une Information. Encore faut-il apprendre à exprimer son Envie sans mettre la pression à l'autre, et sans la transformer en Exigence (avec par exemple représailles à la clef).
Exprimer une Demande implique l'autre directement, et attends généralement une réponse. Mais l'autre peut répondre Non ou négocier. Sinon, idem c'est une Exigence.

Une Attente est pour moi quelque chose auquel on s'attend que l'autre fasse (ex : "je m'attends à ce que tu me réponde si je t'envoie un texto"). C'est ok d'avoir plein d'attentes, et tout le monde en a. Mais faut-il les exprimer (comme les Besoins, les Envies, les Demandes) ou les taire ?
Certes en soi exprimer ses Attentes pourrait être une simple Information : l'autre, comme pour une Envie, pourrait répondre "ok, merci pour cette information", sans forcément en tenir compte.
Mais pour moi dans l'Attente exprimée, il y a une sorte d'injonction implicite, de demande non dite (ou mal formulée).

Perso, si on m'exprime ses Besoins, ça me connecte souvent direct à de l'empathie pour l'autre ("ah tu a besoin de connexion et de douceur"), mais quand on m'exprime des Attentes ("je m'attends à ce que tu…", "j'ai besoin que tu…", "j'ai besoin qu'on…") ça tend direct à me faire fuir. J'ai la sensation qu'on va vouloir me contrôler, et ne pas me laisser mon libre arbitre, ma possibilité de dire Non, quitte à en assumer les conséquences.
Là ou l'expression d'une Envie ou d'une Demande (pour autant qu'elles soient bien formulées) me fait beaucoup moins vivre ça (même si ça arrive aussi bien sûr) et me connecte moins à de la culpabilité (idem).

Conscientiser ses Besoins et ses Attentes est une chose. Nommer ses Besoins me semble fort appréciable (et j'aimerais arriver à le faire plus et mieux), ça permet de mieux se comprendre. Mais Nommer ses Attentes est pour moi autre chose. Quelque chose où l'on ne se prend pas soi-même en charge et où on ne fait pas l'effort de formuler des Envies (ça ne concerne que nous, et on ne l'impose pas à l'autre) ou des Demandes (claires, explicites, limitées dans le temps).

Bref, dans l'idéal (et ok, cet idéal peut aussi être mis en balance en fonction de qui j'ai en face, nottament liés à des différences de privilèges, et certes je ne fonctionne pas moi-même toujours selon cet idéal) j'estime que c'est normal d'avoir des Besoins, que c'est ok d'avoir des Attentes mais que le mieux est d'exprimer ses Besoins (et ne plus subir l’injonction à se taire dessus) et de faire l'effort, de faire le taf d'exprimer des Envies et des Demandes claires, en explicitant nos émotions, mais sans mettre la pression à l'autre.
Quitte bien sûr à prendre acte des réponses à nos Demandes et à en tirer les conclusions qui parfois s'imposent. Il ne s'agit pas de tout accepter sans broncher mais de prendre sa part dans le taf relationnel qui nous concerne nous.

Tout ça encore une fois est à nuancer. Et si je dis "je n'ai pas envie d'entendre tes attentes" c'est aussi en soi, une simple Information. Ce n'est pas une totale interdiction et pas tout à fait une Limite (j'expliquerais une autre fois ce que j'entends par là). Mais clairement ça ne me fait pas plaisir, et souvent ça va avoir le résultat de me faire fuir. Bon après probablement que ça peut dépendre aussi de comment c'est formulé.

J'en suis là aujourd'hui. C'est un petit recul je pense par rapport aux années précédentes. Mais c'est aussi que je suis parfois allé trop loin dans certaines relations, que j'ai dépassé, et laissé dépasser (car pas sû nommer, ou mal nommé) certaines Limites. Et qu'aujourd'hui les Attentes nommées me provoquent un stress immédiat réactivant des douleurs passées. Je ressent un fort "besoin" de me protéger à cet endroit-là.

Et me concernant, je ne trouve pas que mes Attentes soient en soi légitimes à être nommées à la personne concernée (à la rigueur je préfère les nommer à d'autres, pour les entendre résonner, ou réussir à les formuler en Envies). Et je n'ai pas l'impression que ne pas les nommer me crée de la frustration. Au contraire ça me fait de la joie quand j'arrive à mieux me comprendre, à conscientiser le Besoin qui se cache derrière mes Attentes (de même que pour ma Jalousie, etc) et quand j'arrive soit à trouver de multiples moyens/stratégies pour répondre à mes Besoins (je suis "poly", bordel), soit à faire confiance à la vie et au Rézo (j'y reviendrai dans un autre fil), soit à nommer mes Besoins et formuler des Demandes (j'avoue c'est diffiiiciiiiile) en respectant par avance la possibilité du Non (comme on dit : un Non à l'autre, est un Oui à soi-même).

Ce n'est pas un dogme. Mais un chemin vers lequel j'ai envie d'avancer.

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Catiiiiiiiiii

le vendredi 15 août 2025 à 13h25

Bonjour

En fait, attendre de l'autre qu’il n’ait pas d’attentes... c’est pas déjà une attente ?

Celle d’un certain profil... ? d’un chemin déjà fait ?

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Profil

artichaut

le vendredi 15 août 2025 à 14h32

Bienvenue ici @Catiiiiiiiiii

Catiiiiiiiiii
En fait, attendre de l'autre qu’il n’ait pas d’attentes... c’est pas déjà une attente ?

Oui, de même que les comportements genrés sont des attendus sociétaux.
Une fois qu'on les a identifiés, il est en soi possible de choisir ce que l'on veut garder, ou pas (même s'il est toujours plus facile de rester dans tel comportement genré qui nous a été assigné, et moins facile d'aller ailleurs), de choisir où placer le curseur.

Aujourd'hui je pensais au fait que dans la vie je déteste attendre, être dans une situation d'attente (attendre quelqu'un, attendre une réponse, attendre une échéance, attendre quelque chose qui ne vient pas). Certes attendre quelque chose ou quelqu'un, n'est pas la même chose qu'attendre quelque chose de quelqu'un. Mais je pense que dans mon cas il y a un lien.
Aujourd'hui par exemple j'attends une réponse et ça m'énééérve. Je n'arrive à rien faire d'autre. Je n'arrive pas à me lancer dans une autre activité (qui ne dépend pas de cette réponse). Et je m'en veux d'être là à attendre, de focaliser sur ça.
Peut-être aussi parce que ma nature est de toujours anticiper le pire. Donc si j'attends, outre de trépiner sur place, la plupart du temps je projette le pire (selon les cas : que rien ne vienne, ou que le pire arrive). Je préfère alors ne rien attendre (on pourrait dire "attendre" le rien, mais je ne le vis pas comme une attente), et si une chose arrive, c'est une belle suprise.

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kill-your-idols

le vendredi 15 août 2025 à 17h14

Catiiiiiiiiii
Bonjour

En fait, attendre de l'autre qu’il n’ait pas d’attentes... c’est pas déjà une attente ?

Celle d’un certain profil... ? d’un chemin déjà fait ?

Tout à fait.

Le fait de ne plus avoir des attentes est un chemin individuel.

Je peux arriver au point où je n'ai plus d'attentes, mais il est possible (voir fort probable) que les personnes autour de moi puissent ne pas avoir fait le même chemin, et il se peut qu'ils aient toujours des attentes vers moi.

Donc, là il faut vérifier si leurs attentes sont compatibles avec ce que je peux offrir. E si ne le sont pas, comment gérer le décalage.

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Topper

le samedi 16 août 2025 à 14h32

Je pense que c'est tout à fait normal d'avoir des attentes dans nos relations.

Je pense même que cela fait partie intégrante des relations humaines. Pour moi, dire que l'on a pas d'attente est à la fois faux et est en soi une attente.

On peut juger que l'on a pas d'attente dans le sens que l'on exige rien de l'autre et que l'on ne souhaite pas que l'autre se conforme à des besoins que l'on aurait. Même dans ce cas, selon-moi, il y a des attentes conscientes ou non.

Je ne pense pas que nous puissions être en relation avec qui que ce soit, amis, familles, amours, et n'attendre absolument rien. Cela n'a aucun sens de consommer de l'énergie à interagir avec des personnes sans attendre du partage, de la stimulation, de la complicité, de la sécurité, de l'affection, de l'amour. Je rejoins donc totalement les propos de @Alastor.

Alabama
J'ai la sensation que nous sommes dans une époque qui valorise beaucoup le fait de diminuer ses attentes, de se suffire à soi-même avant d'entrer en relation, de ne pas compter sur l'autre pour répondre à nos besoins, etc. Cela se reflète dans pas mal d'interventions sur le forum, et on peut lire beaucoup de livres de dév perso qui vont dans ce sens.

J'ai l'impression totalement inverse.

Je comprends bien ce à quoi tu fais allusion. Il y a effectivement un discours de développement personnel qui infuse depuis quelques décennies incitant les gens à se suffirent à eux-mêmes. Au premier abord (et j'imagine bien que ça en est la motivation première), cela peut sembler être une bonne démarche de ne pas faire reposer son bonheur et son équilibre mental sur les autres. Il n'y a rien de plus instable et imprévisible que les autres, car on ne les contrôle pas. Alors, il faudrait apprendre à être heureux et équilibré seul, avant de se mettre en relation et combler tout un tas de lacunes et insécurités avec l'autre. A titre personne, je suis très loin de correspondre à ça, mais cela me parait totalement logique et cohérent que ce serait plus sain et éviterait un phénomène de dépendance qui alimente des rapports de domination involontaires.

Toutefois, le monde est ce qu'il est, et cette approche est facile à détourner pour servir d'autres intérêts.

On peut le retrouver chez certains polyamoureux qui s'en servent pour rendre l'autre responsable, à la fois de ses émotions, et à la fois de la gestion de celles-ci. En d'autres termes, "si ça ne va pas, travaille sur tes insécurités, ce n'est pas mon problème. Je ne veux pas m'embarrasser avec ça."

Ce discours est notamment bien utile pour servir une doctrine politique. L'autonomisation de l'individu permet de briser ce qui constitue l'essence même de la communauté, la solidarité, le syndicalisme ou le recours à un Etat protecteur. Cela colle parfaitement avec l'ambition de nos sociétés actuelles néolibérales.

Le milieu masculiniste est aussi un fervent défenseur de ce discours. En gros, un vrai homme doit être fort et ne dépendre de personne. Ce qui fait aussi que les autres ne doivent pas dépendre d'eux et qu'ils ne veulent pas s'embarrasser des émotions des autres, isolant particulièrement les personnes qui tombent là dedans.

Je perçois que les femmes sont plus exigeantes concernant leurs relations affectives/sexuelles/amoureuses et c'est tant mieux. Sans que l'on s'en rende forcément compte, le discours féministe infuse lentement et avec constance même auprès de personnes qui ne sont pas en direct contact avec les milieux féministes. Aujourd'hui, les femmes attendent un certain nombre de choses dans une relation hétérosexuelle qui n'existaient pas il y a 20 ans de ça.

Je ne pense pas qu'elles ont moins d'attentes mais que les attentes ont changé.

Du côté des hommes, je trouve que c'est moins clairement lisible au-dessus de 25 ans car ils ne s'expriment pas/peu sur ces sujets. En dessous, j'ai le sentiment qu'une partie s'adapte et en vient à davantage questionner leurs attentes, une partie est dans une augmentation irréaliste des attentes (alors qu'ils pensent s'en libérer) concernant les femmes et en totale contradiction avec les leurs, et le reste me semble être dans une résignation dramatique assez générale.

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Catiiiiiiiiii

le lundi 18 août 2025 à 18h45

Perso, je prebds soin de mon autonomie affective.

Il n'empêche, j’ai besoin d’attention et de chaleur humaine.

Donc, des attentes. Oui. J’avoue.

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HiBou

le mardi 19 août 2025 à 11h16

Hello,
c'est ok de vivre et de ressentir des choses à chaque instant. Les attentes, qui peuvent naître ou déjà être présentes en nous, nous appartiennent et sont révélatrices de notre nature profonde. Elles ne sont pas lié à un type de genre mais plus au niveau de conscience de Soi de l'individu. Il est possible, avec de la méditation et de l'introspection, de prendre le temps de venir identifier ses attentes, de creuser en soi pour découvrir à quoi telle ou telle attente est intimement liée, et avec la pratique ça peut aussi devenir une sorte d'état modifié de conscience quasi permanent.

Quand j'ai envie de partager de mon temps avec une personne, je lui verbalise et oui ça me fait aussi souvent ressentir de la frustration quand l'autre n'a pas de temps à m'accorder, mais avec l'expérience, ce sont ces moments d'attente de la présence de l'autre qui m'en apprennent le plus sur moi.
Alors je continues de faire de mon mieux, à chaque instant et on verra bien le hasard des rencontres !

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Siestacorta

le vendredi 22 août 2025 à 15h35

Pour répondre à la question un peu rhétorique du sujet, quand je parle d' "attentes", j'ai quelques aspects du thème en tête :

A : ne pas en avoir je crois que c'est rarissime, et que pour des personnes plongées dans une société, quand ce n'est pas la fin d'un parcours douloureux, c'est plus un chemin philosophique ou spirituel. J'ai beaucoup d'intérêt personnel pour les bases stoïciennes d'Epictète (1), ça m'aide beaucoup à faire mon tri intérieur, je sais que beaucoup d'autres démarches personnelles valident clairement que c'est à attendre des choses qu'on se fait mal dans la vie et qu'on emmerde notre prochain pour pas grand chose. Mais j'ai, en pratique, pas le temps pour à la fois être vraiment sage et vraiment vivre ma vie, amoureuse y compris. Ceci posé, on va aller à l'autre aspect du terme, dans la vie amoureuse :

B : les attentes, c'est comme l'anus, tout le monde en a. On en est pas content, c'est pas facile de rendre cela intime à deux oiu plus et facile et joli, on sait pas bien en parler sans honte, on a tendance à pas regarder ce qu'on en fait parce que ça demande des efforts et moins de préjugés, on peut être tout crispé dessus ou être trop pressé de les vivre. En tout cas c'est là.
Sécurité relationnelle, matérielle, enfants, éthiques, mode de vie, densité sociale, temps pour soi, épanouissements autres qu'amoureux...

C : c'est un terme où je met implicitement un recul ou/et une autocritique quand je l'utilise.
- Ce sont mes attentes, tes attentes ; on est pas a priori responsable de ça chez l'autre.
- En pratique, c'est en premier lieu à moi de prendre conscience de mes attentes,
- il n'y a pas à les considérer comme évidentes, naturelles, bonnes....
- il y a une notion de durée à moyen-long terme dedans.
- je peux, mais rien ne m'oblige, y renoncer, les adapter.
- ma responsabilité, si j'agis en fonction de mes attentes, c'est d'en faire part aux partenaires. D'abord pour pas mentir sur ce que je veux sous prétextes qu'ils m'attirent. Ce serait maniplatoire et contre-productif dans beaucoup trop de cas. Après, les autres nagent à contre-courant sans savoir quand ou pourquoi ça peut nous créer des difficultés. "J't'e dis rien, c'est de l'amour" ou "on est entre adulte, tu sais quoi faire"... Ben non. Parle. Descend de ta licorne ou de ton cheval ou de ta bagnole ou des hauteurs suroxygénées de la pensée pure.

D : une fois qu'on connait cela de soi et de l'autre, on ne peut pas faire semblant que ça compte pas pour notre relation.
Déjà se mettre en relation en faisant gaffe que la séduction cache pas des attentes trop divergentes, c'est mieux.
Après en fait, ça va diverger de toute façon, la vie c'est ce qu'il se passe quand on s'aperçoit de ce qu'on avait pas prévu :-/
Mais même si on en est pas au départ responsable des attentes de l'autre, même si on ne le sera jamais totalement, une fois qu'on a commencé à vivre quelque chose ensemble et qu'on se connait, on va devoir faire avec les attentes qui demeurent ou se révèlent.
C'est pas parce que c'est que "tes attentes à toi" que "chat perché, ça me concerne pas" - puisque l'autre me concerne dès que j'y suis lié. Même quand l'autre a changé, même quand j'ai changé, je ne peux plus dire sans dommages "n'attends rien de moi". J'ai déjà répondu à une partie de ce qu'il demandait, lui retirer parce que c'est le jeu ma pauvre Lucette, ce serait de l'escroquerie : on a commencé à vivre une relation en connaissance de cause, a priori j'ai pas dit qu'à la moindre demande de ta part je m'éloignerai ou disparaîtrai, donc je vais faire... ce que je peux faire.
Ceci posé, un des aspects du terme, en relation, et encore plus dans le cadre poly : tout ne sera pas possible : les attentes peuvent être (/devenir) incompatibles, on peut ne pas avoir les moyens d'y répondre, et pas avoir non plus les moyens de renoncer (rappel : on tente de bien faire, mais la sagesse dans un monde maltraitant, c'est limite une méritocratie, on va peut-être devoir être plus indulgent avec soi et les autres).

Pour détourner un aphorisme, je considère les attentes comme des limites. Je sais qu'il y a des attentes comme je sais que je suis mortel (2).

(1) Epictète :
https://fr.wikisource.org/wiki/La_traduction_fran%...

(2) L'aphrisme sur avoir des limites être mortel :
https://fr.m.wikisource.org/wiki/Petit_Manuel_indi...

Message modifié par son auteur il y a 14 jours.

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Profil

artichaut

le vendredi 22 août 2025 à 19h58

Siestacorta
Pour répondre à la question un peu rhétorique du sujet, quand je parle d' "attentes", j'ai deux aspects en tête :
A : ne pas en avoir je crois que c'est rarissime
B : c'est comme l'anus, tout le monde en a
C : je met implicitement un recul ou/et une autocritique
D : une fois qu'on connait cela de soi et de l'autre

Deux ou quatre ?
Et du coup, pour toi : toutes ces propositions sont vraies ?
Je pige pas l'articulation du propos.

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Profil

Siestacorta

le vendredi 22 août 2025 à 21h04

Je me relis pas assez.
4.
Je corrige.

Ce sont 4 aspects de ce que j'entends par "attente".
L'articulation
- pas d'attente c'est vraiment une position théorique
- car tout le monde en a
- donc on doit faire un gros travail de connaissance critique de soi et de dialogue, pas s'aveugler (soi et l'un l'autre)
- et une fois ce taf fait, on comprend que si on veut faire avec l'autre, il faut bien faire avec ses attentes.

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