Couple PA / non PA
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HagTcha (invité)
le lundi 09 décembre 2019 à 04h05
Bonjour.
Je sais que cela doit être un classique ici, les témoignage sont nombreux, mais j'ai besoin d'en parler par moi même.
Je suis un trentenaire, en couple avec une personne depuis 6 ans. Aujourd'hui, j'apprends que'elle serait PA, parce qu'elle me l'a dit. Pas avec une personne en particulier (excusez mon langage si ce n'est pas comme ça qu'on dit) , mais elle aurait besoin de plus de liberté concernant sa vie émotionnelle et sexuelle que ce que lui offrirait une relation fermée. Sentiment que je crois comprendre en théorie, mais n'ayant absolument pas ce besoin, je ne suis pas sûr que je saisirai totalement un jour. Mais elle a ce besoin aujourd'hui, il est là, et on ne peut pas le cacher ou le nier.
Et je le vie très mal. L'information m'arrive d'un coup après 6 ans de couple. Aucune discutions à ce sujet n'avait été évoqué, on était sur un couplé fermé et fidèle.
J'en parle avec elle, je suis terriblement attristé par la situation et elle ne supporte pas que je sois dans cet état. L'amour est réellement là dans notre couple, mais notre moral ce dégrade, et c'est une situation qu'on ne sait pas gérer parce qu'on a appris que tant que y a l'amour et la santé, on est censé être heureux.
Je me suis posé énormément de question, j'ai partiellement des réponse, mais je n'ai aucune solution pour sortir de mon mal être actuellement.
Pour elle, une partie de la solution serait tout simplement que j'accepte qu'elle fasse se qu'elle veut dans la limite des règles de protection de notre couple qu'on imposerait, et je pense qu'avec tout le matériel qu'on a grâce à des sites comme celui ci ce ne serait pas le plus dur.
Du coup ce qu'il resterait à gérer c'est moi. Si je n'accepte pas, ça finira par casser, ce que je veux éviter à tout prix. Si j'accepte, je me sentirai horriblement mal, et c'est sur la gestion de ce mal que j'ai besoin d'aide.
Ce que je me suis demandé dans un premier temps c'est, est ce que j'en fais trop ? Est ce que finalement faire comme ces hommes possissifs stéréotypés et l'empêcher de s'épanouir sur ce point tant qu'elle n'a pas de compagnon ne serait pas une solution ? Si cette solution en est vraiment une, et que l'envie des autres fini par passer quand on en est éloigné, est ce que ce ne serait pas la meilleure solution pour sauver le couple ? Est ce que ce ne serait pas ma faute comme j'ai été trop permissif par le passé si elle est devenue comme ça ? Cette dernière question revient sans cesse dans ma tête, quelque chose à rendre dingue.
Ensuite je me suis demandé ce que je ressentais. Est ce que c'est de la jalousie ? On diabolise ce sentiment comme quelque chose d'inutile, associé à la propriété, quelque chose de mal. Mais l'envie d'autres personne lorsque l'on est en couple, en quoi est ce que c'est un sentiment supérieur à la jalousie ? Honnêtement sur ce point, j'ai l'impression de me sacrifier. J'ai tendance à mettre les sentiments liés à l'identité au dessus des autres, un peu comme tout le monde ces jours ci, mais la "jalousie" que je ressens j'ai pas l'impression qu'elle soit malhonnête. J'ai aussi l'impression qu'elle fait partie de mes valeurs, au même titre que la loyauté, et elle ressemble purement a de la tristesse, comme l'impression d'avoir perdu quelque chose de précieux, que je risque de ne jamais retrouver.
Et avec tout ça, comment j'agis ? Et bien je n'agis pas. J'ai aussi une personnalité et une identité. Je ne suis pas PA, je suis un bon gros cis male classique, très introverti qui n'aime pas sortir en boîte ou dans les bars. Je n'ai jamais ressenti le besoin de créer activement de nouvelles relations, et aujourd'hui j'ai cette "opportunité" "merveilleuse" de coucher avec qui je veux si j'accepte d'être dans un couple ouvert. Je n'ai jamais voulu de cette opportunité. J'ai l'impression d'avoir a forcer ce besoin si je veux être sur un pied d'égalité avec ma copine et retrouver un équilibre dans le moral si j'accepte qu'on ouvre notre couple. Mais je ne suis pas comme elle. Je ne sors que peu, je socialise peu, et je n'ai pas spécialement l'impression d'être un bon plan au lit. Je me sens le perdant du couple, et le perdant aux yeux de la société, car je devrais cacher cette identité de ma copine pour ne pas être "déshonoré" par mes pairs, les gens.
Au final de toute façon, ce qui en ressort c'est que je n'ai pas de choix à faire, je ne peux que subir.
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Metamotion
le lundi 09 décembre 2019 à 09h46
Je pense que dans cette situation, vous êtes deux personnes à en souffrir. Toi en premier lieu car le besoin d'ouverture de ta compagne te fais te remettre en question, créé de l'insécurité et naturellement de la jalousie car tu n'étais pas préparé à cette éventualité.
Ensuite ta chérie, qui t'aimes certainement toujours énormément mais qui a besoin de s'ouvrir pour se sentir épanouie, expérimenter de nouvelles choses et se sentir pousser des ailes à nouveau en cassant les codes et barrières que notre société nous inculque sans aucune forme de recul. Car il n'existe pas de modèle de couple idéal.
Tu souffres injustement car tu n'y est pour rien dans cette situation et ta compagne souffre très certainement terriblement aussi de te voir ainsi. Il n'y a je pense pas de réel fautif même si quelque part il y a une vraie injustice dans le sens ou aucun de vous ne mérite de subir tout cela.
Si toi tu ne ressens pas le besoin de partager de nouvelles rencontres, il est complètement inutile de s'y sentir obligé pour un besoin "d'égalité". Ce n'est pas une compétition et derrière cette recherche d'égalité dans les rencontres se cache surtout un besoin de renforcer son égo. Aimer plusieurs personnes ne signifie pas nécessairement qu'on va te prendre une part du gâteau pour le partager avec d'autres. Ceci dit, le temps lui n'est pas extensible donc naturellement dans ce genre de situation, il est sain je pense afin que chacun trouve sa place et ne souffre pas de pouvoir établir vos propres limites à force de discussion.
Maintenant pour aller au coeur du problème, tu te sens pris au piège par deux faux choix qui s'offrent à toi. Accepter de lui laisser expérimenter ses nouveaux désirs sachant qu'à ce stade tu n'y vois aucun bénéfice personnel ou refuser cette possible ouverture en sachant très bien que cela créera une frustration qui pourrait à terme détruire ton couple. Et c'est dans ce genre de situation que tu entendras des gens parler de "compersion" : à savoir trouver une forme de bonheur dans celui de ta compagne en la voyant s'épanouir dans d'autre formes d'amour. Et c'est il me semble un processus qui demande beaucoup de dialogue, de confiance et de temps car cela ne se fait pas du jour au lendemain.
Je crois en tout cas qu'il ne faut pas espérer un retour en arrière. Un cap a été franchi et enterrer cela ne fera que le faire resurgir tôt ou tard. Si vous tenez sincèrement l'un à l'autre, seul le dialogue pourra vous faire avancer. Il faut se poser et oser aborder chaque question que vous pourriez avoir. Le plus dur est de réussir à aborder le sujet sans se laisser submerger par ses émotions et ressentiments que provoque cette situation. Maintenant si l'idée d’expérimenter ce nouveau mode de vie t'es totalement insupportable qu'importe les arguments (et ça ne ferait pas de toi le méchant de l'histoire), une décision plus radicale s'imposera à ton couple. On ne peut pas convertir tout le monde. Tu peux ceci dit prendre le temps de t'ouvrir l'esprit sur le sujet en lisant certains livres qui aident vraiment à démêler ce qui se cache derrière le besoin d'amours multiples. Et je te conseillerais vivement si cela t’intéresses de lire "le nouveau guide des amours plurielles" de Françoise SIMPERE. Je viens de le terminer et c'est très instructif sachant que je suis moi aussi à un tournant de ma vie sur la conception de la vie de couple.
Pour résumer ma pensée : oui c'est une situation injuste à vivre mais il n'y a pas pour autant de responsables. Ta compagne à tout de même fait preuve de courage en abordant le sujet avec toi plutôt que de faire les choses en cachette. C'est déjà une vraie preuve d'amour et de maturité. Et le plus gros travail que tu devras faire sur toi même dans un premier temps sera d'accepter et comprendre que tu n'est pas responsable de son besoin de s'ouvrir vers l'extérieur. Ce n'est pas un échec de ta part et cela n'enlève rien à toute les qualités que tu possèdes. Si ta compagne souhaite vivre ces choses sans t'exclure c'est que justement elle voit plein de bonnes choses en toi.
J'espère avoir pu aider un minimum. Au final si certaines choses peuvent être facile à comprendre dans l'absolu, les intégrer est un travail bien plus compliqué. Je suis moi même en pleine réflexion sur le sujet et je sais que le cheminement vers l'équilibre ne se fera pas en un jour.
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bonheur
le lundi 09 décembre 2019 à 10h21
Bonjour HagTcha,
Je suis tombée amoureuse après 20 ans de vie commune. A ce jour, nous sommes en couple mono-poly et nous avons établis la rue de la Paix. Ceci pour dire que le fait de vivre avec une personne poly n'implique pas que les deux adoptent la même pratique. Question philosophie, et bien il faut l'ouverture d'esprit indispensable. A savoir ne pas considérer que l'autre fait ce qu'il veut et s'en désintéresser ou du moins ne pas intégrer comme belle la philosophie de l'autre.
Donc, tu es à la fois en découverte d'une nouveauté (vitale à l'avenir de votre couple) et en deuil de ce qui t'a été inculqué depuis tout petit. Le monoamour est un schéma type et non une valeur commune.
Pour ce qui est du deuil du monoamour, il faut le considérer comme un deuil au sens plus classique. C'est une perte. Voici le lien d'un fil de discussion que j'avais initié à cet effet.
Je peux, si tu lis, trouver des infos dans des livres
/discussion/-bRf-/-Livre-elaboration-d-une-Bibliog...
Ce type de situation mène à mieux se connaitre, se comprendre. Connaitre et comprendre en profondeur les personnes que l'on aime en dehors des constructions.
Personne n'est bon ou mauvais. Nous sommes tous unique et différents. La vie n'est pas figée et l'individu a toujours à se découvrir et à s'exprimer de soi.
Une personne qui se découvre poly ne le fait pas contre son entourage proche, mais parce qu'elle le ressent ainsi. Il ne faut pas se sentir responsable ou coupable de quoi que ce soit. Un constat est déjà avoir conscience et en plus exprimer, sans cacher, mentir, dissimuler... est important.
Le polyamour, c'est quoi pour toi ? Pour elle ?
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
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Valeur ajoutée (invité)
le lundi 09 décembre 2019 à 13h53
La compersion ne serait elle pas une valeur unidirectionnelle?
Être heureux que son autre le soit via l'acceptation de son poly, mais je fais quoi de ma douleur?
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Metamotion
le lundi 09 décembre 2019 à 14h12
Si les romances de son compagnon de vie provoque de la douleur, elle même née de la jalousie, c'est qu'on a pas atteint la compersion. Comprendre le terme, ce n'est pas l'intégrer et cela demande un vrai cheminement qu'on atteint pas du jour au lendemain. La compersion est l'antithèse de la jalousie. Je trouve d'ailleurs que pouvoir vraiment ressentir cela doit être libérateur. J'aimerais un jour être capable d'intégrer pleinement ce sentiment même si je sais qu'il va me falloir vivre beaucoup de choses encore pour en arriver la. Cela doit nécessiter une grande confiance en sois et en l'autre avant d'y parvenir.
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bonheur
le lundi 09 décembre 2019 à 18h25
Le terme compersion est peu définissable. C'est un état. Comme le bonheur ne parle pas à tout le monde de la même façon.
La compersion, par contre, ne peut être unidirectionnelle. Enfin pas telle que je ressens cela. La compersion, pour moi, est comme un effet boule de neige. La personne poly, de part son état intérieur, créé la boule initiale (d'où l'intérêt qu'elle soit bien préparée). Ensuite, ensemble, on fait rouler dans la neige la petite boule qui grandi d'elle-même avec peu d'effort. Et ensuite, le commun intègre les métamours… C'est amplificateur.
C'est la raison pour laquelle, comme l'explique (si j'ai bien compris) Metamotion, il faut du temps pour arriver à ce cheminement. Donc pour répondre à Valeur ajoutée, lorsque la douleur se fond pour former un état commun, alors celle-ci est comme "diluée" et ne prend plus tout l'espace. Petit à petit, la compersion devient l'état dominant. Cela requiert en effet une prise en charge à la fois séparée, à la fois commune.
Après, ne pas s'y fier. La vie est impermanence. Il suffit parfois d'un pas grand chose pour inverser les tendances. Une nouvelle personne qui entre dans la sphère environnementale, par exemple.
J'espère que je me fais comprendre :-/
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HagTcha
le jeudi 12 décembre 2019 à 05h12
Bonjour,
Je vous remercie pour vos réponses.
Etant peu instruit sur le sujet et pas forcément capable de lire de longs livres (TDA/H + problèmes de fatigue des yeux), ce genre de format ou les gens discutent par messages courts est beaucoup plus adapté pour moi.
@Metamotion, si je peux me permettre de demander, êtes vous mono ou poly ?
Je vais essayer de reprendre les choses dans l'ordre.
J'essaie de discuter régulièrement avec ma compagne du sujet.
Il n'a jamais été question de se faire "la guerre", nous nous disputons extrêmement rarement en général.
Ce qui interrompt le dialogue, c'est plutôt quand l'un de nous deviens inconsolable un moment, ou que les mots ne savent plus exprimer ce que l'on veut dire ou ne sont plus compris, à cause de la fatigue par exemple.
Comme nous fonctionnons très différemment sur beaucoup de points, discuter sur un sujet aussi complexe est un quand même un effort de concentration et d'empathie qui ne peut pas durer plus d'une heure en continue.
En ce qui concerne la jalousie, l'égo et la symétrie, j'ai besoin de faire mon cheminement. Pour l'instant je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce qui est dit.
C'est encore assez flou dans ma tête, mais globalement est ce que dans mon cas "flater mon égo" n'est pas une solution temporaire si elle ne blesse personne ?
Lorsque j'écris ces mots, je me rends compte qu'il est très difficile de traduire le sentiment associé en phrases.
De toute façon, mon cercle de connaissance et ma personnalité sont trop peu adapté à cela pour que ce soit seulement possible.
Je pense que je comprends ce que vous dites concernant la compersion @bonheur. C'est aussi un concept que je vois comme un état "final" et équilibré par une situation particulière qu'on met du temps à mettre en place.
Et c'est aux personnes concernées d'en fabriquer les rouages.
Mon problème avec ce concept c'est que justement dans ce cas comme vous dites "la douleur est diluée".
On est pas sur un concept de douleur qui s'atténue avec le temps, quelque chose de complètement intrinsèque à ma notion du bonheur et à ma personne doit changer sinon la douleur sera toujours là, même si je la dilue avec un état aussi dur à atteindre que la compersion sans notion de désintéressement ni de possession.Et oui, comme Valeur Ajouté je trouve qu'elle a au moins un côté unilatéral, dans le sens ou si la compersion était suffisante pour diluer ce genre de douleur, pourquoi est ce que ma compagne ne s'en serait pas contentée plutôt que de "devenir poly".C'est d'ailleurs un pseudo amusant parce que je trouve que la valeur ajoutée à choisir mon changement plutôt que le sien, c'est que si finalement malgré nos efforts ça ne marche pas, au moins elle aura avancé sur son identité polyamoureuse à travers nos dialogues...
Je suis désolé d'avoir tardé à répondre et de sonner si amer. J'hésite à aller voir un psy pour en parler, mais je ne sais pas quels sont leur position par rapport à ça. Idem pour ma compagne, elle a peur que ceux lui disent qu'il faut qu'elle "guérisse" parce qu'elle est "malade", et n'assume pas de recevoir ces mots, même une seule fois.
Et pour répondre aussi à cette question, pour l'instant, le polyamour pour elle de ce que j'ai compris, c'est la possibilité de laisser parler son langage corporel et émotionnel lorsqu'elle est dans une relation privilégiée avec quelqu'un, de ne pas se cacher et d'assumer une part de son identité. Et pour moi, bah, c'est son polyamour, pas le mien. Et c'est quelque chose qui va consommer une partie de ma relation avec elle, et qui est contraire à ce que je suis dans le sens où il dépends de l'instant, là où je construis notre relation depuis des années...
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Metamotion
le jeudi 12 décembre 2019 à 07h55
Pour répondre à ta question HagTcha, je suis un poly convaincu, mes expériences de couple et mes réflexions personnelles sur mes sentiments m'ont amenés à comprendre et accepter que c'était un concept de vie qui me correspond. Dans la pratique, mon compagnon de vie est au courant mais nous n'avons pas franchis le pas de manière concrète. Il comprend le besoin, le respecte, mais a besoin de temps également pour dépasser ses propres angoisses. Il a peur de me perdre tout simplement.
Peut-être que le jour ou l'on franchira le pas, je découvrirais que ce mode de vie ne me convient pas. Ceci dit, j'ai besoin de l'expérimenter afin d'avancer et mieux comprendre mes sentiments.
Une phrase que tu as écrite sur la vision qu'a ta femme du polyamour correspond parfaitement à ce que je peux ressentir : "c'est la possibilité de laisser parler son langage corporel et émotionnel lorsqu'elle est dans une relation privilégiée avec quelqu'un, de ne pas se cacher et d'assumer une part de son identité".
En parlant de cette vision du couple autour de moi, quelqu'un me racontait l'histoire d'un couple qui s'était rencontré très tôt vers 16 ou 17 ans. Ils ont très vite travaillés, pris un appartement ensemble, fait un enfant et s'aimaient énormément. Une fois la trentaine passée, d'un commun accord, ils ont finis par se séparer car ils avaient ce besoin de vivre de nouvelles choses et en quelque sorte rattraper une jeunesse ou tout est allé très vite. Le coté triste je trouve c'est qu'ils s'aimaient encore énormément. Mais ils n'ont jamais pu ne serait-ce imaginer qu'on peut vivre un amour sincère en sortant du cadre que la société nous inculque depuis que nous sommes enfants. En se donnant de nouvelles libertés, en osant casser quelque barrières, ils seraient peut-être toujours un couple uni aujourd'hui même si on ne peut jamais prédire l'avenir.
Et pour en revenir à la notion de compersion, je ne pense pas également que cela soit un rempart ultime à la jalousie. Mais c'est une étape supplémentaire qui permet de s'en prémunir plus sereinement. Et cela naît je pense d'une grande confiance en sois et à son partenaire de vie.
Tu fais déjà preuve d'une belle ouverture d'esprit, le temps te permettras d'évoluer intérieurement sur la conception du couple et l'acceptation qu'il n'existe pas qu'une seule voie pour vivre un amour sincère. La trahison dans un couple dépend de la ou on se met des barrières. Quand les deux parties sont consentantes, il ne tient qu'à nous d'accepter que laisser parler son corps et ses émotions en s'ouvrant à d'autres ne mène pas inévitablement à devoir ne plus aimer sincèrement l'un l'autre.
Peut-être qu'un jour tu ressentiras les même besoins que ta femme. Peut-être qu'au fond de toi tu aimerais déjà pouvoir le vivre mais qu'un manque de confiance en toi t’empêche d'imaginer qu'une autre personne qu'elle puisse s’intéresser à toi. Peut-être est-tu déjà complètement épanoui dans ta conception du couple et que tu peux pas imaginer vivre ton bonheur autrement. Seul toi possède les réponses.
N'as tu jamais eu de désir pour d'autre personnes alors que tu étais en couple? Même si ta conscience t’empêchait d'imaginer que tu puisses franchir le pas en étant déjà en couple?
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Alinea7
le jeudi 12 décembre 2019 à 08h44
HagTcha
On est pas sur un concept de douleur qui s'atténue avec le temps, quelque chose de complètement intrinsèque à ma notion du bonheur et à ma personne doit changer sinon la douleur sera toujours là, même si je la dilue avec un état aussi dur à atteindre que la compersion sans notion de désintéressement ni de possession.Et oui, comme Valeur Ajouté je trouve qu'elle a au moins un côté unilatéral, dans le sens ou si la compersion était suffisante pour diluer ce genre de douleur, pourquoi est ce que ma compagne ne s'en serait pas contentée plutôt que de "devenir poly".
Ta compagne n'est pas plus malade que toi.
Ce que tu dis me parle beaucoup dans le sens où il semble que pour toi l'exclusivité soit naturelle.
Là où j'en suis de ma compréhension, j'ai l'impression que le cadre relationnel que nous cherchons dépend de comment nous nous sommes construits. Pour moi, j'ai manqué de présence et d'attention et je me suis sentie en grande insécurité affective avec une difficulté à créer du lien avec les gens. Donc je recherche une relation qui me permette de me sentir en sécurité pour m'ouvrir au monde et à l'acceptation de moi.
Mon partenaire et plusieurs polys de ma connaissance semblent s'être construits sur une facilité à créer du lien et une difficulté à faire respecter leurs propres besoins par les proches. Ils recherchent un cadre de vie dans lequel donc ils sont suffisamment indépendants pour qu'on ne puisse plus leur reprocher qui ils sont ou leur imposer une façon d'être, et ils recherchent l'expression de soi dans une relation, qu'ils ont en même temps du mal à assumer. Ça se traduit par beaucoup d'énergie pour se faire aimer, envie de vérifier que l'éloignement n'est pas un problème, notamment si l'éloignement implique de se rapprocher de quelqu'un, envie de pouvoir exprimer librement qui ils ont envie d'être, avec tout le monde (et difficulté à le faire pour ceux que je connais).
J'ai un peu l'impression de faire de la psychologie de comptoir parce que chaque personne est différente, ce que je voulais surtout dire c'est qu'il n'y a pas quelqu'un qui a raison ou qui a tort, il y a des gens qui ont des envies différentes parce que ça leur correspond mieux.
C'est aussi une opportunité précieuse d'explorer qui on est, comment on l'est devenu, de vraiment choisir ce qu'on garde et ce qu'on laisse.
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bonheur
le jeudi 12 décembre 2019 à 10h29
tous les discours sont justes à mes yeux et opportuns. Par contre, je trouve dommage d'assimiler la compersion à un "antidote" à la jalousie. Les deux peuvent se ressentir simultanément et donc l'un n'empêche pas l'autre. Ce que je veux dire c'est que la compersion est un ressenti de joie avec la "positivité" qui va avec.
D'ailleurs je considère perso qu'une émotion se lie souvent avec d'autres émotions. Je suis par exemple la reine des surcharges émotionnelles (que je laisse s'évacuer par le biais de larmes). Je suis en faveur des pleurs sachant qu'autrui doit savoir et comprendre qu'il n'est pas responsable ou coupable de cela. C'est au contraire pour moi libérateur, très libérateur.
Je suis favorable à ne pas "classer" l'émotionnel. Elle est.
Le petit film d'animation "vice-versa" est excellent pour comprendre (puisque tu ne lis pas)
Autre point, je vis également avec de nombreuses hypersensibilités. L'effet est dans l'amplification. On ne s'en rend pas compte, puisque l'on a toujours été ainsi. C'est un autre sujet, sauf que l'humain est un tout et du coup, c'est lié.
J'y reviendrai, je n'ai plus le temps de continuer, désolée.
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Intermittent
le jeudi 12 décembre 2019 à 22h34
Pour elle, une partie de la solution serait tout simplement que j'accepte qu'elle fasse se qu'elle veut dans la limite des règles de protection de notre couple qu'on imposerait,
Rien ne t'y oblige si c'est trop douloureux pour toi. Le polyamour devrait toujours démarrer sur un consensus, où le plus avancé attend l'autre.
Mais dans beaucoup de cas que je lis ici, celle ou celui qui initie cette transition a déjà en vue quelqu'un, donc pousse à la roue pour celle ci se fasse assez rapidement.
IL serait d'ailleurs intéressant que tu lui poses la question de cette éventualité. S'il n'y a personne, elle peut dans ce cas vous donner du temps. Faire le deuil de cette relation monogame te prendra probablement plus de temps qu'elle ne le pense.
Je vois quand même ici beaucoup d'hommes désarmé devant cette évolution qui leur est un peu imposée, sans qu'ils osent se poser la question de la légitimité d'un éventuel refus.
Tu as le droit de dire," j'ai besoin de plus de temps" ou "ça ne me convient pas".
Je te conseille de lire le post intitulé : More than two : repentance de l'auteure au sujet de " la nuit noire de l'âme ", quand la souffrance doit nous alerter...
Les témoignages cités parlent des souffrances féminines liées à cette mise en place du polyamour mais je constate que c'est le même cas pour des hommes.
Il y a des personnes ou la liberté est plus importante que la sécurité affective et d'autres pour qui c'est l'inverse. Le polyamour peut en principe concilier les deux, si toutefois ça se fait dans le compromis.
Tu peux aussi faire aider par un psy pour décortiquer tes ressentis et prendre de la hauteur sur cette évolution.
Tu n'es pas très vieux, ta vie ne se résumera pas forcement à cette seule relation.
Si elle t'aime vraiment, elle te laissera le temps de cette évolution.
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Juliejonquille
le dimanche 22 décembre 2019 à 00h16
J'espère que ça va...
Peut-être que vous rendre tous les deux à un café poly vous ferait du bien. Discuter avec des personnes ou simplement écouter peut vous donner des pistes.
Tu verrais aussi que les poly sont comme tout le monde, pas forcément des extravertis seducteurs aimant sortir en boite. On est nombreux a aussi être des atypiques...(Tdah aussi)
J'ai un Tdah et je trouve qu'en relation poly mes partenaires ont moins la tentation de me materner ou subissent moins les côtés négatifs de ma particularité qu'en mode "couple fusionnel".
Je connais bien les tourments du couple mono/poly et je vous souhaite beaucoup de courage et de dialogue.
Etre mono en couple avec un poly c'est aussi récupérer du temps pour soi. Pour certains introvertis qui ont des passions gourmandes en temps, c'est vital. Le chant me prend plus de temps que certaines relations par exemple et ça ne passerait pas en couple traditionnel.
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HagTcha
le jeudi 26 décembre 2019 à 21h55
Bonjour. Bonnes fêtes à tous ! J'espère que vous profitez bien.
Merci à tous pour vos interventions. J'aimerais intervenir moi même plus souvent, mais comme on est obligés de passer par énormément de dialogue pour faire le moindre demi pas en avant, j'ai pas toujours de choses à ajouter.
Pour donner des nouvelles, et bien, honnêtement, ça se passe mal. Je ne gère pas du tout le mal être. Je sais même pas si on peut parler de jalousie comme il n'y a à priori, pas encore de relation supplémentaire pour elle. Mais il y a beaucoup de tristesse. Et c'est très dur de mettre une raison dessus autre que "à terme, elle aimera d'Amour romantique d'autres personne".
Je lis bien tout ce que vous dites, je me documente comme je peux et j'essaie de travailler sur moi, mais pour l'instant, je me sens dans l'impasse. Je n'arrive pas à me réjouir de cette nouvelle, même en supposant que cela va probablement lui apporter du bonheur. Et je lis bien que je vais pouvoir récupérer du temps pour moi, mais c'est du temps où j'ai du mal à me concentrer maintenant que j'ai + concience qu'il se fait "sans elle". Ça devient du temps pour essayer d'oublier mes problèmes plutôt que juste du temps pour moi ou je peux profiter.
J'ai l'impression que je le vie comme une espèce de rupture, je me sens de nouveau "incomplet" comme un gars qui viens de se faire plaquer, mais je refuse dans le même temps totalement l'idée de me séparer d'elle. Et franchement, je me fiche un peu d'avoir "le temps parce que je suis jeune", j'ai surtout envie d'être de nouveau bien dans ma peau le plus tôt possible.
En vrai le point positif c'est qu'elle s'en sort pas mal. Elle s'épanouie un peu plus, et elle débloque des situations problématiques pour elle en parlant avec moi et en osant parler avec les personnes avec qui elle avait l'impression de s'entendre plus que juste bien. Mais comme je disais, heureusement pour moi, ça n'a pas abouti à de nouveaux amours et elle garde juste des amis avec des liens renforcés pour l'instant.
Elle me dit que je resterai toujours sa "relation principale". Je ne sais pas si c'est censé me rassurer mais honnêtement j'ai du mal avec ce terme. Est ce que justement on est pas poly parce qu'on n'est pas censé restreindre ses sentiments avec ce genre de règles sans trop de fondement ? Ça rend la notion de "principale" toute relative et donne l'impression qu'il faut rester en compétition avec les autres pour rester le mec principale. Oui la formulation est horrible mais c'est malheureusement pour l'instant comme ça que ça se passe dans ma tête, et je ne le contrôle pas. J'ai vraiment l'impression de toujours faire de mon mieux pour elle.
J'ai tendance à me mettre un peu derrière, mais je peux pas m'empêcher de voir ce polyamour comme si elle profitait du fait que je reste au plus a son service que je le peux. Désolé pour les male tears. Y a plein de débat sur des notions que j'ai mises dans ce post, et pas vraiment de réponse pour le mec mono à part "change ta façon de penser". On en revient toujours au fait que si on veut rester heureux et complets ensemble, l'un de nous doit changer. Parfois j'ai l'impression de réfléchir de travers quand j'en arrive à des pseudo choix comme ça, mais si je ne réfléchis pas pour essayer d'améliorer au mieux ma situation, tout ce qu'il reste c'est "je suis triste" et c'est ni très intéressant ni très productif.
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Siestacorta
le jeudi 26 décembre 2019 à 22h36
HagTcha
J'ai l'impression que je le vie comme une espèce de rupture,
Ce ressenti/interprétration me semble central dans ton processus.
Tu es "triste" et dans le mal-être comme après une rupture.
C'est une rupture avec une façon de vivre, oui, pas avec elle.
Je garde pourtant volontairement toute la violence du mot "rupture", ici. Tu n'avais pas envisagé de vivre ainsi, et ce changement est là, et tu dois vivre avec. Mais tout a changé. Mais la vie continue. Mais tu ne sais pas quoi faire. Mais se poser la question n'a pas l'air d'aider.
Oui, donc, tout comme après une rupture.
Maintenant : est-ce que ce que tu ressens et dis être ton identité correspond à une vision complète de ce qui se passe vraiment là ? Avec quelle partie de la vie tu rompts, laquelle peut encore contenir du bon malgré l'ombre de cette "jalousie" ?
Il se peut que répondre à cela ne t'amène pas à accepter, mais à faire le choix d'une rupture, non plus du mode de vie, mais d'avec la relation elle-même. Quitte à faire dans la prophétie auto-réalisatrice...
Mais bon, si tu ne vois pas le moyen de faire autre chose, pas de bonnes raisons qui suffiraient à se motiver pour poursuivre la relation (comme il pourrait y en avoir après d'autres évènements de la vie : déménagement à l'autre bout du monde, enfant à gérer, se découvrir une vocation où l'autre ne trouve pas sa place (je sais pas, une forme de religion hard-core, l'exploration de Mars...)), bref, si ce qui vous unit te semble trop fragile pour pas tenir la route dans le changement... ça vaut peut-être le coup de se quitter en se disant "ben là je saurais plus faire". Même s'il y a de l'amour. Ce serait triste, pas sans blessure, mais ça peut se faire par respect de soi ET avec respect pour l'autre. Et personne n'a à prendre la responsabilité de faire vivre à l'autre quelque chose dont il ne veut pas / plus.
Autre élément : tu te sens coincé dans l’injonction d'accepter. Et t'aimes pas ça.
Comme je te dis, à la base, vu l'ampleur du changement, c'est normal quand on l'avale pas d'une bouchée.
Mais même, en termes de relation de pouvoir, du jeu entre ton choix et le sien, c'est très, trop gros.
Tu te décris comme pas particulièrement sociable, je m'identifie un peu... Et je veux dire que pas être à fond dans une vie affective diversifiée, pour moi, c'est aussi alléger le poids d'un certain nombre d'exigences et de contraintes.
Je le fais avec un mode de vie un peu "vieux-garçon", mais tu as pour ta part aussi bien pu le réaliser en te construisant une vie de couple peinarde, ou, au moins, une relation où tu as tes repères... Et vlàtypas que l'agitation du dehors revient frapper à la porte.
Et que ta compagne, avec qui t'as bâti cette relation de confiance protectrice, est l'agente double, la traitresse qui annonce qu'elle veut que cette porte reste ouverte ! Qu'elle veut sortir et revenir à sa guise, comme si, ha, mais, c'est le plus le "chez nous" / "nous" que tu avais avant. Bah oué, t'as l'impression d'avoir perdu quelque chose... Je réagirais pas comme ça, mais ça se comprend bien quand même.
Et encore une fois, oui, c'est peut-être trop essentiel pour toi pour que tu sois heureux. Peut-être qu'effectivement ça serait chaud, que les rencontres concrètes remettraient vraiment tout en cause.
Ou peut-être que tu as peur de perdre bébé et eau du bain, alors qu'en fait vous ne jetteriez que l'eau.
Peut-être que tu l'aurais quand même, la sécurité, la confiance. Différemment.
Ça demande de savoir à quoi tient votre relation, ce que vous y trouvez d'assez bon pour vous unir indépendamment de ce qui se vit au dehors. Un mélange de choses basiques (on a tous plus ou moins besoin d'amour, d'attachement...) et de trucs persos (des goûts, des compréhensions, des projets...). Et si ça ça tient, si vous savez comment continuer à le nourrir, et même pourquoi pas, avec plus de conscience de ce qui est précieux et spécial, plus de cœur à le faire dorénavant ?
Voilà ce que j'essaie de poser comme question : est-ce une rupture, ou LA rupture, penses-tu que ta façon de voir fera que tu resterais triste de la même manière pour les deux, et ressentirais exactement la même peine pour les deux cas ?
Bien sûr, moi, personnellement et un peu philosophiquement, je comprend pas comment l'existence d'une relation qu'on ressent tellement importante et par elle même déterminante, pourrait être remise en cause du fait que d'autres relations co-existent. Si elle est si forte, si elle a du sens, si une bonne relation c'est offrir à l'autre la vie qu'il peut aimer, si elle tient, je vois pas ce que l'exclusivité apport ou ce que la non-exclusivité retire ; pour moi c'est abstrait, je trouve que la menace est au moins en amont, plus un imaginaire qu'un évènement.
Mais... c'est moi, mon équilibre psychologique, ma façon de pas douter des gens (ou de pas croire à des choses que je juge impermanentes, donc de pas demander à l'Hamour et aux amoureuses de m'y faire croire,parce qu'au contraire, ça dissone à mon oreille qu'on me dise sisisisi ça tiendra toujours pareil, tiens pas compte du fait que la vie ça bouge).
Tu as sûrement ta façon d'être, de penser, tes besoins, tout aussi légitimes.
Et ce sont avec eux que tu vas faire tes choix... parce que tu en as. Même s'ils semblent difficiles aujourd'hui, en allant au bout de tes motivations, tu feras ceux qui te conviennent, qui ont assez de sens pour ne pas les regretter ensuite.
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
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Leolu
le vendredi 27 décembre 2019 à 21h06
Je vais essayer de faire court, sur une base perso :
- c'est une rupture.
- il faut s'en aller.
- la souffrance, d'abord.
- une maison solitaire.
- obligation de sortir, de chercher une autre compagne.
- échecs, re-tentatives, re-échecs...
- apprentissage : la vie est faite de rebondissements. La stabilité n'est qu'une pause. Paradoxalement, ce fatalisme nouveau me rassure.
- enfin, une autre compagne.
- la vie reprend son cours...
- jusqu'à quand ?
- ce n'est pas une rupture.
- elle m'aime quand même ! Pourquoi ?
- elle veut me garder avec elle.
- elle m'aime vraiment. Est-ce possible ?
- MAIS elle en aime un autre...
- et donc : rupture.
- ce n'est plus elle qui me quitte, c'est moi qui pars.
- ce n'est pas une rupture.
- je l'aime profondément.
- je ne peux pas m'imaginer sans elle.
- elle m'aime, je l'aime.
- MAIS...
- mais une partie d'elle est déjà partie.
- cette partie ne reviendra plus.
- j'ai perdu cette partie.
- l'autre partie d'elle est encore avec moi.
- notre vie, notre quotidien, nos habitudes...
- notre amour.
- notre amour qui n'est plus exclusif.
- mais amour quand même.
- confiance, dialogues, sexe, sentiments...
- SAUF...
- sauf cette partie d'absence.
- absence, comme son sommeil, ses virées, son emploi.
- une absence de plus.
- un défi contre moi.
- ...ou une liberté pour elle.
- sa personnalité, son individualité.
- cette différence que je ne soupçonnais pas.
- mais qui a toujours été en elle.
- comme une bombe à retardement.
- une bombe qui aurait éclaté de toute façon.
- je n'aurais rien pu empêcher.
- je ne le peux pas.
- elle est partie.
- elle n'est pas partie.
- elle m'aime.
- j'ai le choix.
- avec elle ou sans elle.
- sans elle et sans notre amour.
- avec elle et avec ses "absences".
- d'habitude, les hommes n'ont pas le choix.
- d'habitude, c'est la rupture.
- c'est simple, une rupture, c'est net.
- mais là, ce n'est plus "d'habitude".
- il y a une autre solution.
- elle m'aime, je l'aime.
- d'habitude, elles ne nous aiment plus.
- elle peut partir, même si elle m'aime.
- je peux la quitter, malgré mon amour.
- ce serait injuste.
- pourquoi cette injustice ?
- mais ce serait plus simple.
- une rupture.
- la fin.
- j'essaie ou je n'essaie pas ?
- je l'aime, elle m'aime.
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HagTcha
le vendredi 27 décembre 2019 à 22h23
Alors, je vais revenir quand même sur certains points, pas forcément pour avancer, mais plus pour témoigner et qu'on puisse éventuellement mieux comprendre comment fonctionnent "les gens comme moi". Beaucoup d'éléments sont repris dans la liste précédente, bien que la mienne différe un peu.
Je pense que ce qu'on appelle l'amour c'est très abstrait. Ce que je sais, c'est que quand je suis avec ma compagne, juste le fait de vivre avec elle comme tu le pointes "tranquillement", avec un équilibre social, économique et émotionnel c'est du bonheur en barre. Vraiment, ces dernières années, avec cette personne, même si on galerait financièrement, qu'on avait des job difficile et tous les clichés qui vont avec, je pense qu'on peut dire qu'on était heureux. Pour moi, ce bonheur est associé au fait que je puisse avoir ce lien et ce temps avec elle. Et je veux que cela reste.
On avait un comportement assez fusionnel. Rempli d'attentions petites et grandes, pour que l'autre puisse se sentir bien. Et pour que ces attentions soient efficaces, pour que l'autre soit le plus épanouie possible, on peut je pense dire qu'on était pratiquement l'un dans la tête de l'autre. Un peu comme dans un jeu ou il fallait avoir un coup d'avance sur l'autre pour lui faire une gentille surprise. Et c'est ce lien, ce fait de toujours chercher le bien être de l'autre, et dans le même temps, de pouvoir profiter au maximum de ce que chacun aime faire aussi grâce à l'autre qui donnait cet "état" incroyable de bonheur.
Qu'est ce que change le polyamour ? Grosso modo, c'est plus notre temps, c'est du temps pour moi et du temps à elle. Il y a une partie de sa vie, de son bonheur, qui ne sera pas partagé avec moi. Et ça se traduit tout simplement par le fait qu'elle me demande de sortir de sa tête. Je n'ai plus accès à toutes les informations (oui le bonheur est aussi une information) dont je disposais avant. On va beaucoup parler certes, mais elle ne veut plus communiquer de façon exacte les heures auxquelles elle va rentrer, elle va avoir des sentiments complexes pour d'autres personnes que je ne pourrais pas partager, elle s'individualise là où on avait un équilibre dans la fusion. Et le pire, c'est qu'elle est aussi sortie de la mienne. Je la sens beaucoup moins attentionnée, et beaucoup plus dehors à essayer de faire des choses que je ne comprends pas ou que je ne peux pas partager avec elle. Genre, sortir au bar. C'est cliché mais on est passé de 1 fois toute les deux semaines à deux fois par semaine, rentrée entre 3h et 7h du mat sans forcément que j'ai plus d'information que "je rentre tard".
Alors pourquoi est ce que je m'obstinerais avec cette personne ? Déjà parce qu'on s'aime. C'est relativement important. Aussi, parce que j'ai été pendant longtemps heureux avec elle. Le bonheur, c'est un peu une drogue quand même, et pas le genre qu'on a envie d'arrêter (je suppose). Ensuite, parce que je n'ai pas quitté mon mode de fonctionnement même si je ne suis plus vraiment "dans sa tête". Le mieux que je puisse faire pour elle c'est rester et essayer de faire au mieux. Pour exemple, les dernier jours où elle est sortie au bar, sans indiquer d'heure de retour évidemment comme elle n'arrive pas ou plus à prévoir ce qu'elle voudra faire dans la soirée, j'ai fait toute la vaisselle et le ménage de notre appart pour essayer de faire quelque chose d'efficace... Je pense qu'on peut parler s'obsession. Y a aussi la dimension tabou, les finances et la propriété. Dans un monde parfait, on ne tient pas compte de l'argent et de l'investissement professionel quand on parle d'amour dans une relation. Mais une fois que quelqu'un écrit le mot séparation, j'ai quand même envie de dire "non, j'ai arrêté mes études pour elle, je suis parti vivre à l'autre bout de la France pour elle, et je fais des boulots de merde pour financer ses études". C'était un investissement sur la durée, j'ai parié sur le bonheur dans le futur, je ne veux pas perdre ça.
J'écris vraiment avec les mots qui me viennent. J'espère que j'arrive à transmettre ce que je ressens. Le polyamour c'est une notion toute nouvelle pour nous. 1 an depuis la première mention, 3 mois qu'on en parle sérieusement je crois, je sais plus ce que j'avais mis plus haut, et après pratiquement 5 ans de pur bonheur, le temps qu'on trouve nos marques et qu'on affine notre fonctionnement. J'envisage même pas de casser autant de temps à se construire et après si peu de temps de difficulté, mais c'est vrai que le temps paraît vraiment plus long quand on est pas bien.
Donc voilà, il n'a jamais été question de rompre. Je me demande quand même s'il n y a pas des choses très "mono" dans ce que je dis.
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Aoi
le vendredi 27 décembre 2019 à 23h17
Bon, ça me fait réagir, ce ne sera peut être pas des plus constructifs...
Ca fait échos à des cheminements intérieurs de ces derniers mois.
Tout d'abord, bravo pour ton ouverture d'esprit, parce que ça fait si peu de temps que tu as découvert ces notions de polyamour, et que tu ne t'y ais pas fermé directement, bravo ! Prendre le temps de lire, d'écrire, de se remettre en question... C'est déjà une magnifique preuve d'amour.
Et je trouve que le couple est un espace très beau. Qu'il permet beaucoup de choses, notamment construire des projets, apprendre le soin à l'autre, partager une intimité profonde, développer la compréhension ...
Et je trouve en partie que ce que tu décris est très beau, être heureux du simple fait de passer du temps en la compagnie de quelqu'un, je trouve ça très beau, et louable. Évoluer dans un jeu où le but serait de toujours devancer l'autre dans les attentions et les marques d'amour. Profiter à part entière et en tant que tel du lien fort qui nous relie à quelqu'un d'autre.
C'est de l'amour comme tu dis, et ça fait du bien.
Puis tu parles de projets, et ça peut aussi être très beau. Mais ça peut également induire des mécanismes que je trouve plutôt dangereux.
Est-ce que, ce que tu penses être en train de perdre en renonçant à l'exclusivité ne serait pas simplement une forme de contrôle sur elle ?
Si tu as "investit" à long terme dans cette relation (comme tu le dit), en faisant des "sacrifices" (c'est ce que je ressens en lisant ton dernier paragraphe) personnels pour elle,tu prends forcément le risque de perdre d'un coup tous les bénéfices que tu avais imaginé percevoir dans le futur.
Il est donc aisé de trouver "normal" le fait vouloir contrôler les variables de son investissement. Te contrôler toi semble simple puisque tu es à tes propres commandes (passons sur ce qui est induit chez toi par la société dans laquelle nous évoluons). Mais là, avec ce satané PA, tu as l'impression de perdre le contrôle de la variable que représente ta copine.
Sauf que c'est un humain. Et que vouloir contrôler des humains pour son propre profit (quand bien même on appelle ça projet et que l'on estime que cela servira aussi le profit des personnes contrôlées), ça me semble contestable comme approche de la relation amoureuse...
Je ne sais pas ce tu en penses ?
C'est peut être un peu violent désolé, mais je trouve que le couple hétérosexuel, normé par le patriarcat, induit beaucoup de rapports de force.
Il y a certes des notions d'engagement quand on élabore des projets communs. Mais t'as t'elle demandé de faire des boulots de merde pour financer ses études ? Ou de traverser la France pour elle ? En échange de la promesse de l'exclusivité éternelle ?
Cette promesses est souvent tacite car c'est notre société qui prône le couple hétéro exclusif comme la norme absolue.
Mais naturellement, certaines personnes ne se sentent pas dans cette norme. Ils n'ont pas décidé spécialement de le faire, c'est comme ça. Et ils ont encore moins décidé de casser des promesses puisque ce ne sont pas pas eux qui les ont faites.
Ensuite, pour revenir à ton message précédent, je voudrais t'inciter à t'aimer. Tu sais, si tu passes ta vie à te comparer aux autres pour être le meilleur (dans la peur d'être supplanté et de ne plus être la relation principale), tu risques fort d'entendre sans cesse une voix dans ta tête qui te dénigre. Qui te dit que l'autre fait mieux ceci ou cela, et que donc tu es nul.
Apprends à apprécier les choses que tu estimes être bonnes chez toi. Acceptes leurs valeurs, indépendamment des valeurs des autres. Tout le monde est par essence unique. Même si vous vous séparez un jour, je pense que c'est un exercice important à faire.
Et si ta copine souhaite que votre couple soit votre relation principale, elle a sûrement toutes ses raisons. Et soit dit en passant, c'est une forme très commune de polyamour, un couple racine/principal/nid, et des relations satellites autour. Tu peux regarder cette image et tu verras qu'il y plein de polyamours possibles
"https://archive.org/download/spectre-FR1/spectre-FR1.jpg">
Le couple peut être une structure amoureuse très pertinente pour plein de chose, et pas forcément mis en danger ou en compétition par d'autres relations.
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
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HagTcha
le samedi 28 décembre 2019 à 00h13
Alors, je me permets de reintervenir de façon plus brève parce qu'il de passe des choses intéressantes.
Je peux pointer du doigts des notions que je ne comprends pas, comme la notion de contrôle. Ça doit être une question de personnalité, mais la plupart des gens que je connais aimeraient contrôler leur entourage. Pour autant, ils ne le font pas, parce que ce n'est tout simplement pas possible de contrôler une personne. Du coup, ils proposent et essaient de donner l'envie aux autres de se lancer par eux même. Comme quand on aime bien un jeu, on a envie de partager ça avec ses amis, et s'il ne veulent pas tant pis. C'est relativement sain, et dans un cas comme le mien en tout cas, je crois qu'on reste dans ces dimensions. Après oui, j'étais heureux de prendre et de donner, comme si on se "possédait" l'un l'autre (je prends se terme exprès), pas forcément parce que la société dit tel ou tel truc, mais parce que ça me faisait du bien. Et jusqu'à il y a 1 an et quelque ma compagne le vivait de la même façon.
Non, ce qui me chagrine, c'est que pour résumer on s'éloigne. C'est pas une psychose, c'est pas un concept abstrait de mon invention, on a moins de temps pour "nous", moins de dialogue sur l'extérieur, et moins d'attention l'un pour l'autre. Et ce sans qu'il y ait encore de compagnon pour consommer du temps supplémentaire, sachant qu'il y aura de toute façon en plus de la jalousie à gérer quand ça va venir. Donc non, la venue d'une personne supplémentaire ne change pas "rien", ni spirituellement, ni dans le monde physique. Il y a un impact, et je ne le vois pour l'instant pas positif pour moi.
Après pour ce qui concerne les "sacrifices"... Je ne sais pas trop si on peut les appeler comme ça. Globalement c'est plutôt des moments où il fallait malheureusement choisir entre quelque-chose de désagréable et casser. Un peu comme ce qu'il se passe maintenant. Bah... Je ne vois pas comment j'aurais pu réagir autrement de façon constructive pour notre couple. D'autant plus que sur le moment, j'étais un peu anesthésié par le bonheur. C'est simplement que, si ça casse, je serai triste de m'être investit. Du regret quoi. C'est plutôt normal je pense. Et une hypothétique tristesse ça donne de la peur, ce qui est relativement sain aussi. Ce n'est pas des concept que j'évoque, c'est simplement comme ça que je fonctionne. Même si encore une fois, ça doit faire très "mono".
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Aoi
le samedi 28 décembre 2019 à 15h34
Oui, alors, je m'excuse,mais tu sais quand je vois écrit investissement sur le long terme, et parier, dans la même phrase. Avec compétition dans le post du dessus...
Je ne peux m'empêcher de la lire avec mon prisme politisé. Ce qui me fait peut être prendre des raccourcis rapides et détonants.
Mais la notion d'investissement dans notre monde est toujours liée à celle de profit. Et le profit dans notre monde libérale se veut être un moyen d'enrichir, de grandir, ce qui est notre propriété privée, qu'elle soit matérielle ou non.
Ici en France et dans bien d'autres endroits, la propriété privée régit notre système économique et politique. Faire fructifier sa propriété privée est le mot d'ordre. Et à l'ère de l'individualisme et de la sur consommation, mêlée à celle des big datas entre autres, ces notions s'insinuent largement dans nos sphères privées.
Et quand tu parles de possession (tu dis faire exprès d'utiliser ce mot alors je me permet d'y réagir), cela me renvoi aussi à ça. La possession, c'est avoir quelque chose à soi, de se qualifier de maître de cette chose et de pouvoir en tirer profit et jouissances. Autrement dit, quand on a quelque chose en possession, on en est souvent le propriétaire.
Et quand on est propriétaire de quelque chose. On en dispose, on fait les choix, on agit sans avoir besoin de rien d'autre de plus que le simple fait que l'on en soit le propriétaire.
Quand on est propriétaire d'une maison, on fait les travaux, on re peint les volets. On peut la détruire si on veut. La seule chose qui nous limite sont les cadres juridiques et moraux existants.
Pareil pour une voiture.
Pareil pour des animaux. Là déjà, ça se complique. Entre autres car le cadre juridique est restreint et assez récent. Et surtout car ce sont des êtres vivants, le cadre moral se retrouve donc un poil plus complexe qu'avec des objets. Malgré tout, nous pouvons être propriétaires d'animaux, et l'on a bien vu que les cadres sociétaux, politiques, économiques et moraux de ces dernières décennies ne nous ont pas empêché (pour les 3 premiers cadres, ils ont même favorisés) la création de l'élevage industriel et toutes les souffrances (pour ne pas dire tortures) animales, humaines et environnementales qui en découlent.
Pour les humains, à priori en France, on a pas le droit de posséder quelqu'un. Dans le droit, au sens classique du terme. En revanche, les bagages judéo-chrétiens et patriarcaux (sûrement entre autres) enrichis de ceux du capitalisme, qui s'appliquent aux relations hommes femmes font penser à l'imaginaire commun de notre société que les individus peuvent s'appartenir les uns aux autres. Surtout, que les femmes peuvent (et se doivent d') appartenir aux hommes. Et que la structure qui permet le mieux ça, et qui est la plus efficiente (moralement, biologiquement, économiquement), est le couple hétérosexuel exclusif, marié devant l'église, qui fait des crédits à la consommation et achète des voitures en leasing. Parce que entre autres cette unité sociale permet de garantir la procréation sans faire l’apologie du plaisir sexuel (et elle sait faire des sacrifices), parce que cette unité permet de conserver les privilèges de la classe des hommes, parce que cette unité permet de faire marcher la croissance ...
Je ne dis pas que c'est ce que tu penses hein. Je ne t'accuses pas et n'accuse personne. C'est global comme réflexion.
Mais on a souvent l'impression d'aimer des choses, ou de ressentir des choses, comme ça, parce que c'est ainsi. Mais en réalité il y en a peu qui ne soient pas le fait d'un long processus de construction, à la fois biologique, historique et social.
Ca ne veut pas dire que tout construit est mauvais. En revanche il est bon je crois de s'interroger et de critiquer/discuter ces construits. Surtout quand ils sont liés à des schémas opprimants pour certaines classes (la "classe" des étrangers, des pauvres, des femmes, des handicapés, des gays ...)
Ce que tu fais en venant ici discuter de monogamies et non monogamies :)
Bon, désolé si je m'écarte un peu du sujet de départ. Mais j'ai aussi été dans ton cas, en couple pendant 6 ans avec mon amoureuse avant de nous ouvrir à d'autres relations (la demande c'est moi qui l'ait formulée, parce que des choses clochaient dans notre couple et je sentais que c'était lié à une exclusivité mal vécue de son côté). Et ces réflexions là, sur les construits qui influencent ma manière de voir le monde et surtout de ressentir les choses, m'ont permis d'avancer petit à petit.
Et c'est justement ces notions d’exclusivité (particulièrement sexuelle) qui m'empêchaient d'être à l'aise dans la pratique de la non exclusivité alors même que j'étais d'accord dans la théorie. J'ai eu moi aussi l'impression de perdre quelque chose en renonçant à l'exclusivité. Et j'ai du en faire le deuil. Ce qui a pris plusieurs années. Mais finalement ça me paraît être un deuil très joyeux. Perdre l'exclusivité ne signifie en plus pas nécessairement d'user de ce "droit" nouvellement acquis pour allez baiser dans tous les coins avec les premieres venues. Ni que l'on ne peut pas décider de consacrer plus ou moins d' énergies et de "choses" (projets, temps,biens matériels, type de sexualités, loisirs...) à telle ou telle relation.
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.