Expérience récente d'ouverture, mono/poly
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Jack Haddy (invité)
le jeudi 13 janvier 2022 à 08h59
Bonjour à tous :-)
En phase de découverte de la non-exclusivité avec ma compagne, je souhaite partager la chose avec les expérimentés que vous êtes, curieux des avis et réactions que vous pourrez écrire en retour.
En toute fin de trentaine, nous sommes en couple exclusif depuis quelques années. Seuls l'envie et le bien-être de partager des moments à deux nous lient. De l'amour, du respect, de la bienveillance. Les rares désaccords sont réglés dans cet état d'esprit, calmement, sans violence, dans le cadre de discussions sereines et pleines d'écoute.
L'usure du temps a fait son entrée en scène. L'année qui vient de se terminer a été terne. L'essoufflement de la routine, la perte d'intérêt, la joie qui s'estompe, les couleurs qui se délavent. Les cigales chantent moins fort et la lavande est plus grisâtre. (petite référence au Sud où nous habitons séparément, mais en fait on s'en fout ;-) )
Voilà pour le petit historique de mise en bouche, tout du moins pour ce qui me semble pertinent.
Arrive fin octobre 2021, grosse discussion sur "où on en est". Dans mon mélange de souvenirs et de ressenti, nous en étions au point où poursuivre notre route ainsi n'était plus une option. L'idée de rupture flotte dans l'air. La vie est courte, une relation qui n'apporte pas de joie devient une perte de temps. Comme alternative, ma compagne m'annonce qu'elle demande à ouvrir notre couple, vivre d'autres choses en parallèle. Et que la manière dont elle souhaitait vivre sa vie relationnelle n'était pas négociable; j'ai ressenti une douce fermeté dans sa demande. Jusque là, j'ai toujours été strictement monogame/fermé, j'ai toujours considéré l'exclusivité comme un fondement du couple. Je me suis retrouvé en pleine jalousie, tête la première.
Après quelques jours de pesée d'intérêts, le cœur a imposé sa raison et la raison a eu du cœur, et nous avons continué notre route. J'en profite pour préciser que ma compagne me convient extraordinairement bien à tous niveaux, qu'elle m'apporte un bonheur d'une intensité rare. La quitter eût cependant été la voie de la facilité, émotionnellement, il est plus facile de couper le lien que de le démêler. J'ai *choisi* de rester. Continuer notre relation en ouverture est le résultat de nos choix de vie respectifs.
J'ai abordé cette ouverture sans y voir d'intérêt ou de besoin strictement personnel, mais avec curiosité et une réelle volonté de voir comment ça fait. Les bénéfices pour notre relation ont été immédiats et agréables. Donc tout s'est bien passé pendant novembre jusqu'à mi-décembre. Cela m'était relativement facile, l'ouverture restant du domaine de la théorie. Pour l'organisation, nous avons convenu qu'il existe notre relation, dans laquelle chacun apporte ce qui nécessaire à son épanouissement, et que chacun vivait le reste de sa vie comme il le souhaitait, indépendamment, librement, sans aucun compte à rendre à l'autre, en toute opacité. Ce qui compte, c'est ce que nous faisons ensemble, non?
Tremblement de terre à mi-décembre. Les choses sont soudainement concrètes du côté de ma compagne. Tout d'abord contacts et discussions de relation avec un ex (qui n'a rien donné, mais l'opportunité était là), puis deux nuits prévues tout tantôt (avec une autre personne) à l'autre bout de la France (à l'aubaine d'un déplacement professionnel).
Nous avons, heureusement pour moi, pu rapidement troquer le principe d'opacité évoqué ci-dessus contre la transparence de quoi/quand (je me moque du "qui"). Ne pas savoir est bien pire que de savoir, surtout lorsqu'on dispose d'une forte capacité à s'imaginer des choses. Et finalement, nous nous trouvons sur le même mobile. Les éléments que chacun-e rajoute ou enlève de son côté font bouger l'ensemble. La stabilité du tout se gère à deux... voire plus.
En résumé, voilà donc où j'en suis aujourd'hui. J'étais pleinement exclusif il y a deux mois et demi. Ma compagne a 2 nuits prévues avec une relation (probablement très passagère au vu de la distance) dans deux grosses semaines. Je trouve que ça va un peu vite, mais que la liberté de chacun de faire ses expériences lorsqu'elles se présentent font partie du jeu. J'ai fait un immense (et plutôt rapide) travail d'acceptation, de gestion de jalousie, d'analyse des sentiments, de conscientisation des bénéfices. Je suis pleinement persuadé que je ne serai pas "remplacé", aucun souci de ce côté-là. Tout au plus pourrais-je m'inquiéter du manque de temps, d'énergie et d'attention que ma compagne pourra me consacrer; les deux nuits qu'elle consacrera à une autre relation (que j'évoque ci-dessus) est un premier élément qui va dans ce sens. J'ai un seuil de tolérance que je découvrirai et, comme la notion de poly est bien foutue, j'aurai la liberté de combler mes besoins dans d'autres relations.
Dans les questionnements qu'il me reste... comment vivrai-je ces deux nuits où j'imaginerai peut-être? À son retour, aurai-je encore envie de la toucher? Si non, pour combien de temps? Je comprends bien qu'une bonne douche et un coup de brosse à dents sont suffisants d'un point de vue strictement physique, mais symboliquement je sens que ça peut être difficile. C'est là un des fonds du problème pour moi, comment je perçois ce qu'elle partagera avec d'autres, symboliquement. En écrivant, je réalise que c'est surtout sa *volonté* de partager avec d'autres de manière planifiée, qui me fait drôle. C'est subtil. Je compte sur le fait que ça me passera, tôt ou tard, au plus tard lorsque j'aurai expérimenté la chose à mon tour.
Et puis, je serre un peu les fesses pour ce coup-ci, mais quid de la suite? Rien d'autre ne semble prévu de son côté, j'espère que j'aurai un peu de temps pour développer les choses sereinement de mon coté. Bien que je n'ai pas de besoin ou d'envie aujourd'hui, peut-être y prendrai-je goût? Je ne vais pas serrer les fesses à long terme (ça n'est pas mon rêve de vie), mais juste ce qu'il faut, au début, le temps pour moi de terminer mon avance sur le sujet. J'investis beaucoup d'énergie mentale et émotionnelle dans tout ceci. J'en tire le bénéfice de me sentir grandi, que cela fait avancer mon développement perso.
Fin connaisseur de la relation mono, qui m'a toujours bien convenu, je goûte au non-exclusif. Je me sens "poly-capable". J'ai réussi à expérimenter la compersion pendant quelques instants. Je gère aujourd'hui la jalousie de manière suffisante (même si cet aspect est ric-rac). Je me sens capable de sentiments pour plusieurs personnes. Il me reste à expérimenter les aspects personnellement agréables des relations plurielles, et j'y verrai plus clair.
Merci pour la lecture, bonne journée :-)
J.
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Topper
le jeudi 13 janvier 2022 à 12h12
Bonjour Jack, il n'est pas possible de répondre à tes questions qui semblent rhétoriques. Chaque personne est différente.
Pour ce qui est de ton appréhension du retour, tu peux avoir envie de contact physique immédiat ou avoir besoin de garder une distance pendant un moment. Tu sentiras sur le moment ce dont tu as besoin. Préalablement à son séjour, évoquez ces deux possibilités de manière à ce que ta compagne ne soit pas dans l'incompréhension et prenne avec bienveillance ce qui pourrait être perçu comme un rejet.
Je vous invite à ne pas parler de la rencontre au retour de l'autre au-delà de si ça s'est bien passé ou pas. Et surtout ne rentrez pas dans les détails.
Prenez le temps de vous retrouver et de revenir à une "normalité" de votre couple. Si tu en ressens le besoin, tu pourras toujours en savoir plus après vos retrouvailles lorsque tu te sentiras plus serein pour accueillir ces informations.
Message modifié par son auteur il y a un an.
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Jack Haddy (invité)
le jeudi 13 janvier 2022 à 13h24
Merci pour ces écrits, Topper.
Effectivement les questions ne demandent pas de réponses. Elles viendront d'elles-mêmes. Bien vu!
Mon écrit est à mi-chemin entre le témoignage (qui se veut porteur d'espoir pour ceux qui traversent des moments difficiles) et l'auto-thérapie, par l'exposé de ma situation et les quelques échanges qui suivront, j'espère.
Merci de me faire noter que, effectivement, il est trop tôt pour anticiper comment je vivrai le retour. Tout bouge si vite (et plutôt dans le bon sens) dans ma tête... nous avons heureusement quelques semaines pour la mise en place de l'expérience, je prendrai grand soin à exprimer qu'une distance physique temporaire (si tant est qu'elle ait lieu!) sera surtout une protection pour moi-même, pour notre bénéfice. Et pourquoi pas un contact physique immédiat, oui :-)
Merci pour la mise en garde concernant les détails. Cela me semble évident, mais le rappel est apprécié. Desserrer le garrot lentement, éviter que trop de venin n'arrive en même temps. Je serai attentif à ne pas obtenir d'éléments trop difficiles à gérer. À mettre dans la balance, aussi, avec mon imagination trop grande qui peut faire plus de dégâts que les faits (c'est du vécu), et dans le respect de leur intimité. Peut-être juste savoir qui se trouve où, dans le mobile que nous formons.
Merci, finalement, d'évoquer des retrouvailles. Il y a effectivement une forme de départ, d'éloignement. Je vois bien comment, dans un acte intime qui se passe bien, il y a connexion avec le/la partenaire, et le reste du monde n'existe plus. J'y relève peut-être une crainte inconsciente de me sentir temporairement abandonné ou rejeté. Peut-être des blessures anciennes. Beau sujet d'introspection!
J.
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Jack Haddy (invité)
le vendredi 14 janvier 2022 à 08h00
Je partage une réflexion que j'ai eue et qui m'a fait du bien, et qui j'espère sera bénéfique tant pour ceux qui souffrent que ceux qui les aident.
Il y a donc généralement des deux aspects qui sont partagés à plusieurs dans le cadre des relations multiples: le sexe et l'émotionnel/sentiments. Et la jalousie de ces aspects sont souvent gérés avec plus ou moins de facilité, selon qui.
Dans mon cas, le côté sexe est bien plus difficile que le côté sentiments (bien que les deux s'additionnent un peu, mais c'est négligeable).
J'ai lu et entendu beaucoup de témoignages et de "conseils", comme quoi il "faut" vraiment se détacher de l'aspect sexe, qu'il est moindre, que c'est une activité comme une autre, etc.
Ce qui m'a fait du bien, c'est de me rendre compte que j'ai le droit d'avoir mon ressenti très personnel, et que tant mieux pour ceux à qui le partage de l'intimité physique ne pose pas de problèmes, mais ça n'est pas mon cas. Que j'entende que je dois nier cette souffrance ne me permet pas de passer par dessus, au contraire.
Un peu comme si on se rend au commissariat après une agression, et qu'on nous demande de ne pas en faire tout un plat.
Voilà, avec l'espoir que ceci soit positivement utile et bénéfique :-)
J.
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Hawkeye
le vendredi 14 janvier 2022 à 10h29
Jack Haddy
Je partage une réflexion que j'ai eue et qui m'a fait du bien, et qui j'espère sera bénéfique tant pour ceux qui souffrent que ceux qui les aident.
Il y a donc généralement des deux aspects qui sont partagés à plusieurs dans le cadre des relations multiples: le sexe et l'émotionnel/sentiments. Et la jalousie de ces aspects sont souvent gérés avec plus ou moins de facilité, selon qui.
Dans mon cas, le côté sexe est bien plus difficile que le côté sentiments (bien que les deux s'additionnent un peu, mais c'est négligeable).
J'ai lu et entendu beaucoup de témoignages et de "conseils", comme quoi il "faut" vraiment se détacher de l'aspect sexe, qu'il est moindre, que c'est une activité comme une autre, etc.
Ce qui m'a fait du bien, c'est de me rendre compte que j'ai le droit d'avoir mon ressenti très personnel, et que tant mieux pour ceux à qui le partage de l'intimité physique ne pose pas de problèmes, mais ça n'est pas mon cas. Que j'entende que je dois nier cette souffrance ne me permet pas de passer par dessus, au contraire.
Un peu comme si on se rend au commissariat après une agression, et qu'on nous demande de ne pas en faire tout un plat.
Voilà, avec l'espoir que ceci soit positivement utile et bénéfique :-)
J.
Chacun a son seuil d'acceptation, et il peut bouger dans le temps, avec l'expérience. Pour confirmer je suis comme toi et le point sensible avec ma femme se situe, pour moi au niveau de la sexualité. Une fois accepté, ce n'est pas qu'elle ait des rapports intimes avec son amoureux qui me dérange, cela fait partie de la relation, mais plus qu'elle ait avec lui une sexualité plus variée et intense, une disponibilité même si rare car ils ne se voient qu'1 fois par mois environ. Alors qu'on a une sexualité assez régulière, agréable mais classique genre le soir avant de dormir si elle n'est pas trop fatiguée. J'essaie de faire évoluer les choses, de créer des occasions à 2 mais ce n'est pas évident.
Bonne découverte à toi. Les premiers mois suivant l'ouverture ont été difficiles à vivre pour moi. L'expérience, voir qu'à chaque départ elle revient heureuse et amoureuse m'a aidé. Vivre aussi une relation de mon côté aide à relativiser.
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Jack Haddy (invité)
le vendredi 14 janvier 2022 à 11h48
Merci @PolyPasLeChoix :-)
Je prends note du côté envieux lorsque le/la partenaire offre à d'autres ce que l'on n'a pas (ou qu'on aimerait davantage ou mieux) et qu'on aimerait pour soi. C'est un sujet à creuser en moi.
Je lis que tu parles de "premiers mois", ce qui me conforte dans le fait que la patience est de mise. J'ai parfois l'impression que, à chaque fois que j'arrive à passer par-dessus un désagrément, il y en a un autre derrière. J'ai tout de même l'impression d'en voir le bout. Patience donc. Et confiance aussi que ce qui est désagréable aujourd'hui le sera moins demain.
Et que de vivre soi-même une relation est très bénéfique. J'ai beaucoup d'attentes et d'espoirs quant à ce dernier point, c'est THE pièce du puzzle qu'il me manque, et je m'en réjouis. Mais pas une relation prétexte, plutôt une vraie qui fait envie, quitte à ce qu'elle dure le temps d'une soirée.
Merci pour tout ça, exactement le genre de témoignage qui va bien!
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Polyglobulie (invité)
le vendredi 14 janvier 2022 à 15h19
Je suis un peu pessimiste sur la situation à cause de la façon de faire de madame, la douce fermeté reste de la fermeté donc une sorte d'imposition.
En plus, comme souvent la personne qui propose s'empresse de faire des rencontres sans laisser le temps de digérer et si on joint a cela, l'inégalité entre homme et femme pour trouver des relations alors elle pourrait vivre des tas de relations sans que rien ne se passe pour toi , car tu devra en plus apprendre a gérer tes émotions par rapport à tes rencontres sans avoir le temps de te centré sur toi et tes possibles relations
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lau93
le vendredi 14 janvier 2022 à 15h37
Bonjour @
Je me questionne sur uen certaine ambivalence que je perçois dans ton premier récit: d'uen part "L'essoufflement de la routine, la perte d'intérêt, la joie qui s'estompe, les couleurs qui se délavent. Les cigales chantent moins fort et la lavande est plus grisâtre. " et d'autre part "J'en profite pour préciser que ma compagne me convient extraordinairement bien à tous niveaux, qu'elle m'apporte un bonheur d'une intensité rare. "
Et plus loin tu parles aussi de l'absence de joie?
Je me demande donc où tu en es vraiment dans le vécu de cette relation? ça peut éclairer sur tes besoins et tes attentes je pense.
Ensuite j'entends que la proposition de ta compagne n'est pas vraiment concertée ce qui peut te donner l'impression qu'elle te force la main.
J'ai l'impression que c'est plus facile d'être compersif quand on est vraiment d'accord avec l’éthique relationnelle poly pour soi comme pour l'autre: où en es tu toi de l'idée de la non exclusivité, de ta capacité à aimer l'autre sans qu'il ne t'appartienne? C'est parfois dur de renoncer au modèle connu et donc rassurant de la monogamie.
Je lis ici souvent que si c'est trop dur il vaut mieux mettre fin à la relation et chercher un autre partenaire plus en phase. Mais il peut arriver qu'on tienne si fort à la personne en question qu'on ai envie de chercher un moyen de muter pour le rejoindre dans sa façon de voir les chose. Je te souhaite de trouver la voie qui te convient le mieux, aucune n'est plus simple que l'autre :-)
Lau
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Jack Haddy (invité)
le samedi 15 janvier 2022 à 09h00
Merci pour vos écrits, il sont stimulants et j'aime ça.
Polyglobulie:
Un élément que je n'ai peut-être pas suffisamment mis en lumière est nous étions en fin de course dans notre mode de fonctionnement de l'époque. Nous l'avons évoqué tout récemment et sommes d'accord sur ce point. À partir de là, je lui suis très sincèrement reconnaissant d'avoir posé cette alternative sur la table. Je ne serais pas ici pour en parler, sinon. Je trouve qu'il y a un raccourci pas du tout évident entre fermeté et imposition. Elle choisit de vivre sa vie amoureuse ainsi, c'est sa liberté. Je choisis de continuer ainsi, c'est la mienne. Ce qui est sain dans tout ça, c'est que je suis le seul responsable des désagréments que je vis et surmonte un à un, même si j'apprécie sa collaboration.
Merci d'avoir amené ces réflexions, qui serviront peut-être à d'autres.
Hum inégalité homme/femme? Ca me laisse perplexe. C'est un ressenti perso ou ça fait consensus? Je prends cependant note qu'un déséquilibre significatif puisse apparaître. Il me reviendra de faire le nécessaire afin qu'il ne soit pas trop prononcé, et/ou de faire l'avance nécessaire pour qu'il ne soit pas problématique.
@lau93
Merci pour ces questionnements, j'adore! J'y ai beaucoup réfléchi.
L'ambivalence que tu perçois dans mes écrits appelle une précision. Nous avons plusieurs casquettes d'amoureux, d'amis de longue date, de confidents, etc. L'essoufflement (et le reste) concerne la casquette d'amoureux uniquement, et les sentiments liés.
Pour le vécu de la relation, excellente question. Je fonctionne très majoritaire à l'intuition, il me sera difficile de traduire en mots (ce qui n'est pas pratique sur un forum, je le concède). J'ai une très bonne capacité à me connaître, à percevoir ce qui est en moi. Je "sais" ce que j'ai vécu. Je sens très bien où j'en suis, je "vois" l'endroit où je me trouve.
La question des besoins, je me la pose aussi, j'ai peu d'éléments. Savoir quelle est ma place dans la relation, quels sont les autres éléments du mobile, afin que je puisse contribuer à l'équilibre du tout (équilibre dont je serai bénéficiaire). Aimer et avoir la possibilité de l'exprimer, sinon c'est frustrant. Être aimé? C'est un plus, c'est très agréable. Je ne le ressens pas comme une nécessité. J'y verrais, de plus, une dépendance qui me fait froncer les sourcils. Mais je ne crache pas dessus :-)
Pour d'autres besoins, je ne sais pas trop, ils évoluent. Je découvre par exemple que je peux ma passer de la simplicité, qui n'en est plus un. Cela me surprend, mais j'achète, au vu de la route qui est devant moi.
(Je ne reviens pas sur le sujet du forçage de main, déjà évoqué plus haut. J'aurais eu intuitivement une réaction épidermique, qui n'a pas eu lieu.)
L'idée de la non-exclusivité progresse très vite. J'ai réellement commencé ce travail à mi-décembre, lorsque le théorique a laissé place au concret. Il y a un mois. Je trouve normal qu'il me reste du chemin à parcourir, et je suis confiant au vu de ce qui a été accompli. Je n'arrive pas à lier exclusivité et appartenance de l'autre. Par contre, ce qui nous appartient, c'est un jardin commun. Si je peux donner l'impression de jouer sur les mots, c'est peut-être que je fais une distinction subtile mais importante pour moi. J'ai vécu de l'exclusivité (qu'on m'a librement offerte pour un temps) sans ressentir de possessivité. C'est possible en théorie ça?
Dernier point: la question de mettre un terme à la relation. C'est un "non" enthousiaste aujourd'hui, en ce qui me concerne. Ca serait du gâchis, des regrets. Pour le "trop" dur, j'ai touché mes limites, sans les franchir. Je m'en suis éloigné.
Mono/poly? L'un m'est simple est rassurant (car connu), mais semble irrémédiablement sujet à usure. L'autre m'est plus compliqué, mais semble plus coloré, apporter davantage de bénéfices. Ca serait idiot de passer à côté de quelque chose d'extraordinaire par peur de l'inconnu.
En conclusion à ce message, je vous remercie sincèrement pour vos écrits, ils m'ont fait grandement bouger et avancer de par les réflexions qu'ils ont engendrées.
J.
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lau93
le dimanche 16 janvier 2022 à 19h50
BOnsoir @jack Haddy
On sent donc poindre une curiosité et une envie d'aller comprendre et creuser le sillon des amours plurielles :-) : bienvenue sur ce chemin!
Lau
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Jack Haddy (invité)
le dimanche 16 janvier 2022 à 21h11
@lau93
... va savoir ;-)
Je ne pense pas que, quand on se retrouve aussi brusquement dans le bain que je l'ai été, une transition du couple vers une relation ouverte puisse se faire. Je me suis paluché toute une floppée de listes de red flags, en moyenne j'en ai davantage qu'il n'y a de points à vérifier. La seule chose qui me maintient dans cette voie est mon amour pour cette extraordinaire personne.
Il y a besoin d'une cassure, d'une rupture, d'un stop. Quand tu veux transformer ta Lotus en bus VW, soit tu bricoles tout à la main pendant 7 ans et ça tiendra pas la route, soit tu vends et tu rachètes. Surtout quand le temps presse. Pour ma part j'ai pas envie de faire de la mécanique tous les soirs dans mon garage, j'ai envie d'aller rouler.
Mais trêve de métaphores boiteuses.
Concrètement, dans mon cas, cela ne me semble pas possible de vraiment rentrer dans le mode relationnel poly sans faire le deuil de l'ancien. De vraiment tuer la relation comme elle était avant, et, pour aller jusqu'au bout et bien nettoyer dans les coins, de dessouder complètement la manière dont je perçois ma compagne.
Faire le deuil complètement.
Là où ça devient intéressant, c'est que je me suis soudainement senti très triste hier soir. Juste triste, aucune trace de cette jalousie qui coupe l'appétit, raccourcit les nuits et bouffe les entrailles. Et aujourd'hui, rien. Aucun ressenti émotionnel d'aucune sorte, un détachement total. Du vide à perte de vue, tranquille, où rien ne se passe. Plus rien ne fait mal, et ça, bordel, ça vaut de l'or.
J'irai jeter un œil à la courbe du deuil, pour comprendre où je me trouve, mais j'ai suffisamment écrit pour ce soir.
J.
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Jack Haddy (invité)
le lundi 17 janvier 2022 à 17h57
Mmmhhhbon.
Selon cette fameuse courbe du deuil, la tristesse apparaît quand on est au plus bas, tout en bas, et le détachement (notion semble-t-il équivalente à l'acceptation) se trouve en début de remontée de pente positive, là où on a fait le plus dur.
Au vu des montagnes russes que je me suis tapées ces dernières semaines, je vais me contenter d'observer un certain scepticisme. Aussi parce que ça me semble vachement rapide, et parce que je n'ai peut-être pas fini de découvrir de nouveaux paragraphes en petits caractères au bas du contrat. Avant de brandir le vé de la victoire, je verrai comment ça se passe pendant ces 2 nuits, dans deux semaines (voir post initial).
J.
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Topper
le lundi 17 janvier 2022 à 17h57
Bonjour Jack. Je suis impressionné par le recul dont tu fais preuve et l'introspection que tu affiches. Je trouve très intéressant de suivre ton cheminement dans ce changement dans ta vie de couple. Voilà, je n'avais rien d'autre à dire. 😅
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Jack Haddy (invité)
le lundi 17 janvier 2022 à 19h25
Merci @Topper .
Un des buts du post initial était effectivement un témoignage, que ça se passe bien ou mal. Du coup, je suis un peu obligé de faire le suivi ;-)
Je prends ton message comme un compliment. Rien d'impressionnant vu de ma colline, cependant. L'introspection se fait chez moi comme d'autres se coulent un bain, sans y penser. J'ai mes faiblesses dans des domaines qui sont évidents pour d'autres.
(
Je suis livré avec le manuel utilisateur, que Google, dans son infinie bonté désintéressée, vous livrera au prix de quelque pubs ciblées que votre cerveau désensibilisé ne verra même pas: INFP .
)
Mais on s'en fout. Pour l'instant je me sens détaché et.. what eIse?
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Jack Haddy (invité)
le lundi 24 janvier 2022 à 12h55
Bonjour,
je continue mon cheminement, rempli de questionnements. Aux dernières (bonnes) nouvelles, j'étais donc parvenu à faire mentalement le deuil de mon ancien couple, à me détacher de tout ça. Et surtout virer la dépendance émotionnelle. Ma compagne sera entre d'autres bras dans une semaine, et il ne m'est pas envisageable de passer plusieurs jours sans manger ni dormir, comme je l'ai vécu en crise de jalousie en décembre. Il s'agit d'une limite que je me fixe. Ce détachement, donc, me permet d'entrevoir avec une grande confiance cette échéance à court terme. Ce détachement m'empêche de ressentir de la jalousie et de me faire trop d'images.
J'observe que ce détachement impacte également mes sentiments, ce qui n'est pas étonnant. J'ai atteint un pic de détachement lors du week-end passé, et je sens aujourd'hui l'amour se réveiller, prudemment, et par petites bribes (il me semblait constant et intégral, à nos beaux jours de couple mono). Je m'en réjouis. Mais pas à pas. L'envie que j'ai est de recréer de l'attachement, mais pas de la dépendance. (j'ai donc l'impression de commencer une sorte de nouvelle relation avec ma compagne, petite gym de l'esprit mais ça marche ;-) )
Je me demande comment d'autres vivent ces aspects du PA, surtout ceux qui ont réussi une transition. Les personnes se sentant naturellement attirées par un fonctionnement poly ne sont pas nécessairement concernées. L'intensité et la constance des sentiments peut-elle est comparable au mono (pour ce qui est comparable). N'y a-t-il pas un danger de générer de la jalousie, à trop s'attacher dans ce mode où le mobile peut évoluer rapidement au fil des rencontres? Un cœur complètement ouvert est vulnérable, et la jalousie semble davantage faire partie du jeu poly que mono.
Ces questions vous paraîtront peut-être naïves, et probablement que les plus aguerris d'entre vous n'y verront pas de pertinence. Je lirai avec plaisir vos expériences.
J.
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Hawkeye
le lundi 24 janvier 2022 à 14h30
Bonjour,
Tu sembles avoir eu le temps de bien te préparer à cette première expérience de séparation. Maintenant tu vas devoir la vivre, essayer de ne pas y penser quand tu sauras qu'elle est avec lui. Ca a été difficile pour moi les premières fois, avec le temps et l'expérience on apprend. L'autre moment charnière sera son retour. Comment l'accueilleras-tu ? Seras-tu heureux de la retrouver, de la voir épanouie ?
Pourras-tu la prendre dans tes bras ? L'embrasser ? Faire l'amour avec elle? Et elle est-ce qu'elle le pourra, au bout de combien de temps ?
Juste un conseil : ne te force pas et accepte tes sentiments tels qu'ils seront a ce moment là. Partage-les avec elle. Prenez votre temps pour échanger sur ce que vous avez vécu, pas forcément à chaud.
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Topper
le lundi 24 janvier 2022 à 15h04
Bonjour Jack, je n'ai jamais considéré qu'il y avait une intensité et constance des sentiments dans la monogamie. Les sentiments sont multiples : amour, affection, sérénité, sécurité, complicité, passion, stimulation, désir, etc. Il y a un curseur pour chaque sentiment qui varie au fil du temps, dans un sens comme dans l'autre. Il y a des périodes avec plus, des périodes avec moins.
Je n'ai pas constaté de différences dans un contexte polyamoureux. Il y a la même variabilité pour moi. Ce qui a pu changer dans mon expérience, c'est que les curseurs changent beaucoup plus vite. Les phases sont plus courtes, quelles qu'elles soient.
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Jack Haddy (invité)
le mardi 25 janvier 2022 à 05h49
Yep j'ai déjà pensé à tout ça. Autant je n'appréhende pas le séjour lui-même, autant je me sens prudent pour les accueils du retour. Mais assez serein que je saurai rester à la bonne distance, en observation, et que cette distance sera comprise et respectée.
Pour les passages vraiment difficiles liés à la jalousie, j'ai donné et n'en aurai plus, c.f. la limite que j'évoque ci-dessus. J'ai d'autres rêves d'épanouissement dans ma vie.
Merci pour ta vision et ton partage. Je note que les choses n'ont pas l'air d'avoir vraiment changé pour toi. Je me laisse rêver à un parallèle en ce qui me concerne. On vit la relation en fonction de ce qu'on y amène. Intensité et constance de me sentir amoureux, j'ai vécu, avec tout le cortège de détails que tu évoques. C'est dans le but d'en avoir encore que je travaille, sinon à quoi bon?
Merci et à bientôt.
J.
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Jack Haddy (invité)
le dimanche 30 janvier 2022 à 08h32
...suite...
@PolyPasLeChoix
Oui j'ai effectivement eu le temps de me préparer, et heureusement. Savoir dès que possible ce qui viendra potentiellement secouer notre mobile m'a été salvateur. Ma compagne part donc aujourd'hui découvrir une nouvelle relation, sur deux nuits et deux jours. Je suis heureux d'être dans un détachement émotionnel total. Je ne ressens absolument rien, et c'est bien davantage que je n'en espérais. Je verrai si ça "tient", lorsque je pourrai supposer des choses qu'ils font. Pour l'instant je suis complètement centré sur ici et maintenant.
Nous avons prévu nous revoir a fortiori mercredi soir, il y aura à ce moment-là des réponses à toutes ces questions que tu évoques et dont je n'arrive même pas à me soucier, tant cela me semble loin et anecdotique.
Au niveau de cette impermanence parfois évoquée dans ces forums, je me suis bien fait à l'idée. Un peu trop peut-être. Cela participe probablement à une incapacité que je ressens à me projeter plus loin que quelques jours, éventuellement une semaine. Ca n'est pas désagréable.
Comment faites-vous, les aguerris, pour vous projeter, rêver et faire des projets dans vos relations, dans un état d'esprit d'impermanence, ou tout peut disparaître ou changer très vite? Comment arrivez-vous à mettre du temps et de l'énergie dans du provisoire?
J.
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Topper
le mardi 01 février 2022 à 10h32
J'ai pu connaitre des périodes où il était difficile d'avancer dans les projet en cours ou me projeter dans le futur. Il s'agissait de périodes pendant lesquelles j'étais épuisé et/ou en forte réflexion sur moi, sur mes aspirations, sur mes besoins.
L'impermanence fait partie de la relation pour moi. Nous ne sommes pas en permanence ensemble, en permanence en connexion avec l'autre. Et puis, ce n'est pas parce qu'une relation est monogame qu'elle ne peut pas s'arrêter du jour au lendemain. Cela m'a demandé un certain temps avant de m'habituer à cette idée. Désormais, je n'y prête plus d'attention.