Toute relation amoureuse et sexuelle est monogame
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artichaut
le lundi 02 décembre 2024 à 02h05
Ces jours-ci je me faisais la réflexion que toute relation amoureuse et sexuelle est monogame. J'ai conscience que ça puisse paraître provoc' et pourtant, ça m'est soudain apparu d'une limpide clarté.
Et ça me semble finalement la continuité logique de mes réflexions sur la monogamie de fait, la polymonogamie, ou même la relation socle.
Tachons d'expliciter.
Qu'est-ce qu'une relation monogame ?
C'est une relation qui s'incrit dans le système monogame.
Et concrétement c'est une relation amoureuse et sexuelle, qui correspond à un certain nombre de scripts, ou en tout cas de critères normés, quant à la manière dont elle commence, se déroule et se termine. On pourrait détailler ces scripts, mais là ici, n'est pas le propos.
Et ce type de relation, amoureuse et sexuelle correspond tellement a l'injonction de cette norme sociétale en matière de relation, ou même plus largement en matière de réussite de vie, et celle-ci est tellement codée et narrée à travers toute la culture littéraire ou filmographique, qu'il est plus que tentant de proposer la réciproque : une relation amoureuse et sexuelle est une relation monogame.
On pourrait qualifier la relation_amoureuse_et_sexuelle de "fusionnelle" ou "intense", pour encore plus coller à la norme. Mais j'ai le sentiment qu'on peut même se passer de ces adjectifs tant cette forme relationnelle est l'arbre qui cache la forêt.
En régime monogame seule existe la relation_amoureuse_et_sexuelle. Toute autre type de relation est dévaluée, et mérite à peine le nom de relation. Même en polyamour, quand on dit "j'ai deux (ou trois) relations", on sous-entend "j'ai deux (ou trois) relations amoureuses et sexuelles". À la limite en polyamour on peut avoir des relations asexuelles, et en libertinage des relations non-amoureuses, mais en monogamie LA relation, la seule qui vaille la peine d'être vécue, et la seule qui soit sytématiquement encensée, est une relation amoureuse et sexuelle.
Certaines autre relation (parentale, etc) sont très codées, et valorisées également, mais la RAS (relation amoureuse et sexuelle) est sans aucune hésitation possible, celle qui se retrouve toujours au sommet du podium.
J'ai donc envie de dire que de même qu'en système monogame toute relation par défaut est monogame, tout relation amoureuse_et_sexuelle est également par défaut de la monogamie de fait.
Et le polyamour dans sa forme la plus courante, ou par défaut, est un cumul de relations monogames.
À quoi ça sert de modéliser cela ?
- D'une part à prendre conscience du peu d'écart à la monogamie que propose le polyamour, ou en tout cas le polyamour le plus courant (et sans suprise celui vanté par les médias mainstream).
- D'autre part à visibiliser un angle mort qui parcourt l'ensemble des relations, y compris non-exclusives, celui de l'infini des autres possibles, qui se retrouve même ici, même dans les milieux les plus "déconstruits", sans cesse minimisé. Dans le meilleur des cas on met à égalité la RAS avec l'infini des autres possibles, alors que la RAS n'est qu'une infime partie de l'infini des possibles à laquelle on a accordé une importance tellement démesurée, qu'il est véritablement difficile de voir autre chose qu'elle.
- Enfin de comprendre peut-être, pourquoi les RAS, même en contexte non-exclusif, provoquent une NRE, qui souvent prends toute la place. J'ai le sentiment que la NRE n'est rien d'autre que ce qui nous connecte à la monogamie en nous. En un sens, la NRE me semble être l'expression la plus tangible de notre monogamie intégrée.
La supposée primauté de la RAS sur toute les autres est ancrée en nous, comme la monogamie est ancrée en nous, comme l'hétérosexualité est ancrée en (la plupart de) nous, etc.
Et la RAS est aux relations affectives ce qu'hétéro est aux sexualités : la partie émergée de l'iceberg.
Dire que la RAS est monogame, c'est finalement juste dire que la RAS est la norme.
Le fait qu'il m'ai fallut si longtemps pour conscientiser et pouvoir nommer une chose aussi simple, me montre à quel point la norme est ancrée en moi, à quel point je suis moi-même monogame, quoique je déconstruise, quoique je tente d'inventer ou réinventer.
C'est au final, une belle leçon d'humilité.
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> Voir aussi :
- le fil générique : Décortiquons la Monogamie, sept 2020.
- le Lexique du site et sa page discussion.
- Monogamie(s) — définition(s) —
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Caoline
le lundi 02 décembre 2024 à 16h04
Ca me semble abusif car le mot monogamie a une définition à laquelle le fait d'avoir plusieurs relations ne peut correspondre.
Par contre que toute relation amoureuse et sexuelle dans notre pays et d'autres est influencée par la culture monogame et la culture patriarcale, ça oui.
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Aki
le lundi 02 décembre 2024 à 16h58
Est-ce que cette "monogamie intégrée" n'aurait pas un lien avec la relation que nous entretenons toutes et tous (ou presque) avec notre mère à l'origine ? Cette relation primaire, vitale et totale, n'influencerait-elle pas notre perception de nos relations futures et l'importance (voir la supériorité sur les autres relations) que l'on donne souvent aux RAS (=> "une seule personne nous suffit") ?
L'ENR n'est-elle pas tout simplement un effet biochimique (hormonal) ?
Quelle est la part de "mental" dans notre perception de l'ENR ?
N'est-elle pas une répétition de ce qui se joue avec notre mère (et qui par définition est une relation monogame) ?
Personnellement, je décris souvent le polyamour comme une extension par défaut de la monogamie par défaut (= un cumul de relations monogames) puisqu'on interagit, dans les faits, qu'avec une personne à la fois (sauf lorsqu'il s'agit de plusieurs personnes qui s'aiment toutes entre elles, comme en trouple). Déconstruire notre conception des relations, les sortir des cases socialement établies, relève plus de l'anarchie relationnelle, non ?
L'amour n'ayant historiquement pas été la raison principale pour laquelle les hommes et les femmes se mettaient en couple (mariages arrangés, par exemple) et n'étant devenu la raison principale que de manière assez récente (XIX-XXème siècle ?) peut-on dire que la primauté de la RAS sur les autres formes de relations est ancrée en nous ? Ou du moins, à quelle échelle temporelle ?
L'hétérosexualité (et dans une bien moindre mesure la bisexualité) est la norme parce qu'elle assure la procréation (donc la survie de l'espèce), comme chez toutes les espèces sexuées. Ca n'est ni "bien" ni "mal", c'est juste ce qui permet à notre espèce de se perpétuer. Bref, n'y aurait-il pas des causes bassement biologiques à cet état de fait ?
Et la monogamie (dans ce cadre hétéro) est la norme actuelle (depuis la civilisation ?) chez notre espèce, parce qu'elle est suffisante (minimale) et surtout, parce qu'elle sert les intérêts des hommes qui dominent historiquement les femmes et possèdent les ressources (filiation, transmission du patrimoine, etc).
Même si la polygamie/polysexualité marche aussi (puisqu'elle concerne 95% des mammifères et 79% des oiseaux, par exemple) nous (humains civilisés) restons sur un modèle de monogamie unique (mariage) voir sérielle (un-e partenaire à la fois) ... du moins en apparence (entre 0,5% et 12% des enfants ne sont pas de leur père "officiel" dans les pays riches, selon l'époque et la classe sociale, et 13% des gens trompent sexuellement leur conjoint).
Peut-être que je me trompe mais j'ai l'impression que la RAS est aussi une norme très récente. Elle n'est pas du tout la norme, historiquement, dans la majorité des peuples civilisés depuis l'avènement de la civilisation.
Peut-être, soit dit en passant, que les peuples plus anciens (ou non-civilisés actuels) donnaient plus d'importance à des choix de partenaires libres, sur la base des sentiments (et pas celle des intérêts des familles, des propriétaires, des dominants, etc) ?
La RAS n'est pas, en tout temps et en tout lieu, "sans aucune hésitation possible, celle qui se retrouve toujours au sommet du podium". Il existe pas mal de cas où les liens de parenté sont plus forts (beaucoup plus valorisés) que la RAS, par exemple.
Bref, voici pêle-mêle, quelques idées pour nuancer tout ça, AMHA.
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artichaut
le mardi 03 décembre 2024 à 01h37
Caoline
le mot monogamie a une définition à laquelle le fait d'avoir plusieurs relations ne peut correspondre.
Pourtant l'adultère, ou même le libertinage, font complétement partie de la monogamie, en tant que système.
La différence, comme dirait Françoise Simpère, ce n'est pas d'avoir plusieurs relations, mais de l'assumer au grand jour (en tout cas, ou a foriori, en tant que femme).
Et même ça, ça ne suffit pas. Les Dom juan assument leurs relations multiples et ne remettent pas véritablement en cause la monogamie en tant que système. Ils sont juste monogames de façon sérielle. En somme ils ne vivent que la NRE, et certains pourraient dire qu'ils la magnifie, qu'ils "font de la monogamie un art", …ou sont l'exception qui permettent à la règle de tenir.
.
La vraie différence, je dirais plutôt que c'est la compersion.
La compersion me semble porter un coup sévère au principe même de la monogamie. Avoir plusieurs relations passe encore, il faut juste le minimiser un peu, le cacher sous le tapis, ne pas trop en faire cas… mais être heureux que notre partenaire ai d'autres relations, et l'assumer au grand jour, là on touche au sacré.
Et on reviens à une idée que j'aime bien : la personne la moins monogame de l'histoire, n'est pas celle qui vit une seconde ou une troisième relation, mais celle qui s'en réjouit pour l'autre.
Lorsque j'éprouve de la compersion je quitte concrétement la monogamie, je romps avec le principe de dépendance qui est au coeur même de la monogamie, je déclare l'autre (et soi-même) autonome, et je le/la rends libre.
La compersion c'est un peu l'amour sans la gamie, sans l'attachement de l'autre à soi.
…et peu importe alors que l'on soit monoamoreux ou polyamoureux, monocompersif ou polycompersif… si la gamie disparaît, il n'y a plus de monogamie qui tienne, ou en tout cas elle est bien bien remise en question.
.
Et je précise au cas ou : je ne dis pas qu'il faut vivre de la compersion, je ne veut pas en faire une injonction, encore moins un nouveau dogme, une nouvelle religion. je dis juste qu'à mon sens, cumuler des relations ne nous fait pas — en soi — quitter la monogamie, là ou éprouver de la compersion, me semble au contraire un écart au game, bien plus significatif.
Et ça me fait me dire qu'à mon sens, mono ou poly est peu signifiant, là où quitter le game me semble à la fois, bien plus engageant et bien plus signifiant.
Être non-monogame, c'est pas juste être non-mono, c'est aussi (et surtout ?) être non-game.
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GeorgyPorgy
le mardi 03 décembre 2024 à 06h28
artichaut
Pourtant l'adultère, ou même le libertinage, font complétement partie de la monogamie, en tant que système.
La différence, comme dirait Françoise Simpère, ce n'est pas d'avoir plusieurs relations, mais de l'assumer au grand jour (en tout cas, ou a foriori, en tant que femme).
Et même ça, ça ne suffit pas. Les Dom juan assument leurs relations multiples et ne remettent pas véritablement en cause la monogamie en tant que système. Ils sont juste monogames de façon sérielle. En somme ils ne vivent que la NRE, et certains pourraient dire qu'ils la magnifie, qu'ils "font de la monogamie un art", …ou sont l'exception qui permettent à la règle de tenir.
.
La vraie différence, je dirais plutôt que c'est la compersion.
La compersion me semble porter un coup sévère au principe même de la monogamie. Avoir plusieurs relations passe encore, il faut juste le minimiser un peu, le cacher sous le tapis, ne pas trop en faire cas… mais être heureux que notre partenaire ai d'autres relations, et l'assumer au grand jour, là on touche au sacré.
Et on reviens à une idée que j'aime bien : la personne la moins monogame de l'histoire, n'est pas celle qui vit une seconde ou une troisième relation, mais celle qui s'en réjouit pour l'autre.
Lorsque j'éprouve de la compersion je quitte concrétement la monogamie, je romps avec le principe de dépendance qui est au coeur même de la monogamie, je déclare l'autre (et soi-même) autonome, et je le/la rends libre.
La compersion c'est un peu l'amour sans la gamie, sans l'attachement de l'autre à soi.
…et peu importe alors que l'on soit monoamoreux ou polyamoureux, monocompersif ou polycompersif… si la gamie disparaît, il n'y a plus de monogamie qui tienne, ou en tout cas elle est bien bien remise en question.
.
Et je précise au cas ou : je ne dis pas qu'il faut vivre de la compersion, je ne veut pas en faire une injonction, encore moins un nouveau dogme, une nouvelle religion. je dis juste qu'à mon sens, cumuler des relations ne nous fait pas — en soi — quitter la monogamie, là ou éprouver de la compersion, me semble au contraire un écart au game, bien plus significatif.
Et ça me fait me dire qu'à mon sens, mono ou poly est peu signifiant, là où quitter le game me semble à la fois, bien plus engageant et bien plus signifiant.
Être non-monogame, c'est pas juste être non-mono, c'est aussi (et surtout ?) être non-game.
J'aime bien ce dernier point @artichaut.
Ces derniers temps, contrairement au debut de mon "cheminement" sur ces questions, ce qui a pris de l'importance dans mon rapport à ce qu'on pourrait appeler "le rythme du plus lent", c'est moins la revendication de quelque chose que je chercherais moi a obtenir (=plus d'ouverture à la non exclu) que l'affirmation et la reconnaissance de l'autonomie totale de ma compagne sur ce plan là.
Je faisais reference au fait de ne pas "parler la meme langue" en reponse dans un autre thread face a une personne dont je percevais qu'elle cherchait a "convaincre"...
Et bien, ce serait plutot de cette maniere que j'envisagerais de parevenir a parler le meme langage, dans l'eventualité (encore virtuelle) oú ma compagne arriverait à un moment de sa vie oú elle s'ouvrirait plus elle-même à cette possibilité d'ouverture.
("Si jamais ca se presente a toi, ce desir de vivre un truc, sache que je considere que tu es autonome la dessus")
Ainsi, j'ai le sentiment de sortir d'un rapport de force stérile très pesant dans la relation, et de ne pas tomber dans l'ecueil de la revendication perpetuelle de ce que moi j'aurais souhaité a un moment donné.
Bien sur ca ne solutionne rien concretement quand a mon propre desir immediat, et ce ne dit pas que je ne serai pas amené a galérer émotionnellement si elle venait à éprouver des sentiments en dehors du couple...
Mais bizaremment, ça a un effet assez apaisant émotionnellement pour moi et ça résoud pas mal de frustrations que j'ai pu ressentir.
Ca me donne le "pouvoir" d'affirmer la possibilité de la non-exclusivité dans la relation, de la faire exister malgré tout sans avoir a insister pour en obtenir des materialisations sonnantes et trebuchantes dans le réel. Et ça a l'avantage de désamorcer un peu le rapport de force, tout en invitant l'autre à réflechir à son propre désir, ses propres attentes là dessus
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.
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Alastor
le mardi 03 décembre 2024 à 11h55
artichaut
Pourtant l'adultère, ou même le libertinage, font complétement partie de la monogamie, en tant que système.
La différence, comme dirait Françoise Simpère, ce n'est pas d'avoir plusieurs relations, mais de l'assumer au grand jour (en tout cas, ou a foriori, en tant que femme).
Et même ça, ça ne suffit pas. Les Dom juan assument leurs relations multiples et ne remettent pas véritablement en cause la monogamie en tant que système. Ils sont juste monogames de façon sérielle. En somme ils ne vivent que la NRE, et certains pourraient dire qu'ils la magnifie, qu'ils "font de la monogamie un art", …ou sont l'exception qui permettent à la règle de tenir.
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La vraie différence, je dirais plutôt que c'est la compersion.
La compersion me semble porter un coup sévère au principe même de la monogamie. Avoir plusieurs relations passe encore, il faut juste le minimiser un peu, le cacher sous le tapis, ne pas trop en faire cas… mais être heureux que notre partenaire ai d'autres relations, et l'assumer au grand jour, là on touche au sacré.
Et on reviens à une idée que j'aime bien : la personne la moins monogame de l'histoire, n'est pas celle qui vit une seconde ou une troisième relation, mais celle qui s'en réjouit pour l'autre.
Lorsque j'éprouve de la compersion je quitte concrétement la monogamie, je romps avec le principe de dépendance qui est au coeur même de la monogamie, je déclare l'autre (et soi-même) autonome, et je le/la rends libre.
La compersion c'est un peu l'amour sans la gamie, sans l'attachement de l'autre à soi.
…et peu importe alors que l'on soit monoamoreux ou polyamoureux, monocompersif ou polycompersif… si la gamie disparaît, il n'y a plus de monogamie qui tienne, ou en tout cas elle est bien bien remise en question.
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Et je précise au cas ou : je ne dis pas qu'il faut vivre de la compersion, je ne veut pas en faire une injonction, encore moins un nouveau dogme, une nouvelle religion. je dis juste qu'à mon sens, cumuler des relations ne nous fait pas — en soi — quitter la monogamie, là ou éprouver de la compersion, me semble au contraire un écart au game, bien plus significatif.
Et ça me fait me dire qu'à mon sens, mono ou poly est peu signifiant, là où quitter le game me semble à la fois, bien plus engageant et bien plus signifiant.
Être non-monogame, c'est pas juste être non-mono, c'est aussi (et surtout ?) être non-game.
Je suis aussi sur cette réflexion c'est un sujet qui m'interroge.
Honnêtement dans ma situation actuelle j'ai conscience que je suis dans des relations complètement teinté de monogamie et de ce système qui est la "norme " dans lequel on est baigné.
Ta réflexion sur la sortie du "game" notamment en réfléchissant sur la compersion est une idée sur laquelle je vais réfléchir.
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artichaut
le mardi 03 décembre 2024 à 14h15
Une image me vient. Ouvrir un couple c'est comme ouvrir une maison dont les fenêtres ou volets sont restés longtemps fermés.
Il ne s'agit pas juste de vouloir ouvrir une fenêtre et s'enfuir, il s'agit d'avoir envie d'inviter l'autre (sans le forcer) à ouvrir un peu sa fenêtre, ou à envisager d'ouvrir ensemble des fenêtre communes.
Ne pas être dans une posture de réclamer (réclamer pour soi, exiger, ou faire la réclame de), mais dans une réelle posture d'ouverture à ce qui pourrait venir. Et d'avoir une réelle envie de dépoussiérer les choses, et de consacrer du temps à ça avec l'autre. Pas juste de s'enfuir de cette maison devenue claustrophobisante, et exiger de l'autre qu'il/elle valide cette fuite.
Et ça peut pourquoi pas passer par une thérapie de couple, …mais pas juste pour convaincre l'autre. Mais pour réellement transformer quelque chose ensemble. Sinon la "thérapie" servira juste à acter une rupture, que l'on n'a pas le courage de poser soi-même.
Ouvrir un couple, c'est pas juste extorquer une validation de la part de l'autre (ce que j'ai le sentiment de voir trop souvent ici), c'est s'engager dans un loooong et lent processus de transformation, extrêmement chronophage et qui va demander beaucoup d'amour et de travail émotionnel (sur soi et avec l'autre). Le jeu peut en valoir la chandelle, mais peut-être aussi qu'on n'a ni l'envie, ni la force de ça, et qu'il vaut mieux le reconnaître, et avoir alors le courage d'assumer de poser une rupture.
Rénover la maison (ça prend bien 5 à 10 ans) ou repartir de zéro. Il y a un choix à poser lorsque l'on envisage "d'ouvrir son couple".
La compersion, c'est travailler depuis le territoire de l'amour.
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De passage aussi .... (invité)
le mardi 03 décembre 2024 à 15h57
Citation :
"Ca me semble abusif car le mot monogamie a une définition à laquelle le fait d'avoir plusieurs relations ne peut correspondre."
Un monogame peut tout à fait avoir plusieurs relations successives, c'est même fréquemment le cas ....
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crest
le mardi 03 décembre 2024 à 21h32
Je peux témoigner que ce concept de polymonogamie lancé par artichaut a une très grande vertu thérapeutique pour sortir du schéma infernal mono-poly :
- Il permet à la personne monogame qui se fait "ouvrir" son couple d'améliorer son estime de soi, puisque tout le monde est monogame, même le partenaire qui a 2 relations. Elle n'est donc ni à la traîne, ni le maillon faible, ni la plus lente, ni la plus mono, ni la moins poly.
- Il permet de voir un truc qui sinon reste dans l'ombre : dans le polyamour comme projet, c'est un même type de relation que l'on superpose dans le temps, dont l'essence est l'exclusivité c'est-à-dire l'intimité, c'est-à-dire la séparation radicale et existentielle, entre un intérieur et un extérieur.
- La personne qui se fait ouvrir son couple vit une crise existentielle. La bulle qui la protégeait de l'extérieur est comme percée. Elle perd pied car le centre à partir duquel elle se situait dans le monde est emporté dans cette tempête entrée dans sa bulle.
La personne qui ouvre le couple (pour avoir deux relations au lieu d'une seule par exemple), elle, devra se faire violence pour scinder en deux son intimité, comme ses autres relations le lui demandent.
Les deux personnes ne peuvent plus se comprendre directement (malgré les sentiments restés intacts), elles ne partagent plus les mêmes coordonnées du monde.
- La jalousie n'est jamais que l'autre face de l'exclusivité qui a servi de base pour se construire une existence, protégée de l'extérieur (nous et les autres)
A part cela je dirais que :
- Le couple de 2024 n'a presque rien à voir avec le couple des sociétés traditionnelles.
Cette intimité qu'il peut y avoir à tous les niveaux, et que l'on recherche dans le couple moderne, est très historiquement située. Et propre aux sociétés où l'individu est émancipé des communautés de base (famille, village, corporation etc) donc libéré dans un sens, mais sur un autre plan soumis à des épreuves continuelles dans une société basée sur la concurrence et la marchandise. Le couple est cet espace minimalement communautaire à partir duquel bricoler le confort affectif domestique, sans lequel il n'est pas possible de se projeter vers la société, dans l'espace public que sont les différentes scènes sociales (travail etc) qui n'offrent à l'individu que des liens faibles.
- L'exclusivité tant décriée est cette bulle de sécurité psychique, gage de santé mentale car elle valide l'importance de la personne et sa dignité à l'abri des épreuves de la société. Ces épreuves, par définition, comparent les personnes sur un même plan, tandis que dans le couple exclusif la personne est unique, mais comparable quand elle se fait ouvrir son couple. Sauf à ce que les deux relations soient fortement différenciées (distance géographique, sociale) et hiérarchisées (par des règles, des limites, des interdits, etc) pour créer autant que possible une incommensurabilité des personnes aimées.
- Le polyamour est une sorte d'opportunité dont les gens se saisissent pour ne pas rompre, alors que les individus dans le couple se mettent à diverger sur l'une ou l'autre des facettes de leur exclusivité. A condition qu'il n'y ait pas trop de facettes à remettre en jeu à la fois, le couple peut transformer son lien sans le détruire.
- Tant que la société est comme elle est, de plus en plus anxiogène et concurrentielle, les individus pourront y trouver une forme de sécurité psychique minimale. C'est donc plutôt la société telle qu'elle est devenue qui est à critiquer, plutôt que les moyens précaires par lesquels les gens bricolent des conforts affectifs.
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.
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artichaut
le mercredi 04 décembre 2024 à 01h21
crest
Je peux témoigner que ce concept de polymonogamie lancé par artichaut a une très grande vertu thérapeutique pour sortir du schéma infernal mono-poly :
- Il permet à la personne monogame qui se fait "ouvrir" son couple d'améliorer son estime de soi, puisque tout le monde est monogame, même le partenaire qui a 2 relations. Elle n'est donc ni à la traîne, ni le maillon faible, ni la plus lente, ni la plus mono, ni la moins poly.
- Il permet de voir un truc qui sinon reste dans l'ombre : dans le polyamour comme projet, c'est un même type de relation que l'on superpose dans le temps, dont l'essence est l'exclusivité c'est-à-dire l'intimité, c'est-à-dire la séparation radicale et existentielle, entre un intérieur et un extérieur.
- La personne qui se fait ouvrir son couple vit une crise existentielle. La bulle qui la protégeait de l'extérieur est comme percée. Elle perd pied car le centre à partir duquel elle se situait dans le monde est emporté dans cette tempête entrée dans sa bulle.
La personne qui ouvre le couple (pour avoir deux relations au lieu d'une seule par exemple), elle, devra se faire violence pour scinder en deux son intimité, comme ses autres relations le lui demandent.
Les deux personnes ne peuvent plus se comprendre directement (malgré les sentiments restés intacts), elles ne partagent plus les mêmes coordonnées du monde.
- La jalousie n'est jamais que l'autre face de l'exclusivité qui a servi de base pour se construire une existence, protégée de l'extérieur (nous et les autres)
Merci pour ce point de vue de l'intérieur !
C'est typiquement ce genre de point de vue qui me semble manquer sur ce forum. Et qui donne à voir l'autre facette d'un polyamour, sinon un peu trop egocentré.
crest
- Le couple de 2024 n'a presque rien à voir avec le couple des sociétés traditionnelles.
Cette intimité qu'il peut y avoir à tous les niveaux, et que l'on recherche dans le couple moderne, est très historiquement située. Et propre aux sociétés où l'individu est émancipé des communautés de base (famille, village, corporation etc) donc libéré dans un sens, mais sur un autre plan soumis à des épreuves continuelles dans une société basée sur la concurrence et la marchandise. Le couple est cet espace minimalement communautaire à partir duquel bricoler le confort affectif domestique, sans lequel il n'est pas possible de se projeter vers la société, dans l'espace public que sont les différentes scènes sociales (travail etc) qui n'offrent à l'individu que des liens faibles.
Certes.
Personnellement, ces temps-ci, j'aime penser et bricoler le confort affectif sous l'égide de l'amitié.
Dans l'amitié, il peut y avoir de l'amour, même pourquoi pas du sexe, mais il n'y a pas ce sexe_amoureux qui emporte tout.
Et dans l'amitié il peut y avoir beaucoup d'autres choses.
Perso j'y trouve beaucoup de confort affectif, de tendresse, de rassurance, de tranquilité, de simplicité même.
Je tente, on tente, de réinventer l'amitié, de la dé-hiérarchiser du sexe-amoureux, et de l'incarner avec toute la beautée et la puissance qu'elle peut receler.
Je ne dit pas qu'on y arrive, mais on s'y atelle, à notre modeste échelle.
crest
- Tant que la société est comme elle est, de plus en plus anxiogène et concurrentielle, les individus pourront y trouver une forme de sécurité psychique minimale. C'est donc plutôt la société telle qu'elle est devenue qui est à critiquer, plutôt que les moyens précaires par lesquels les gens bricolent des conforts affectifs.
Oui, c'est certain.
Chacun·e s'en sort avec les moyens précaires dont il/elle dispose.
Je ressent juste parfois un genre de solidarité envers, ou d'appartenance avec, les plus précaires d'entre nous.
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Caoline
le lundi 09 décembre 2024 à 17h17
Même si je les trouve intéressantes, j'ai toujours des difficultés à m'insérer dans les discussions théoriques car je ne suis capable de baser ma réflexion que sur ce que je vis et j'observe chez mes proches.
@artichaut, je partage ton point de vue sur le fait que la personne qui ressent de la compersion est plus polyamoureuse que la personne qui a plusieurs relations avec des personnes qui n'ont qu'elle comme relation. Cependant mon expérience des dernières années me fait dire que ce n'est pas suffisant, qu'il faut aussi avoir des capacités de transparence et d'assumer le fait d'avoir plusieurs relations, tu évoques d'ailleurs ce dernier point précédemment. Mon premier compagnon même si il n'a jamais eu de relation amoureuse depuis que nous sommes ensemble soit presque 34 ans, je pense qu'il est vraiment poly car il éprouve beaucoup de compersion et assume totalement ma non exclusivité et le fait que le polyamour lui semble un mode relationnel optimal. Mon second compagnon était non exclusif depuis 25 ans, il éprouve beaucoup de compersion mais il lui a été extrêmement difficile d'arrêter de mentir, de mener des vies parallèles cachées et c'est tellement compliqué pour lui qu'il préfère actuellement et il pense définitivement être exclusif avec moi. Il ne se considère donc pas comme polyamoureux et je suis d'accord avec lui.
Ah oui j'ai utilisé polyamoureux et pas polygame, peut-être parce que bien que vivant 2 relations que je considère de couple (et d'autres qui ne rentrent dans aucune case) je crois qu'en fait je n'ai jamais vécu l'enfermement que je vois souvent décrit. Même durant nos 20 ans de relation exclusive (relationnellement pas émotionnellement et c'était transparent) avec mon premier compagnon, même si nous avons vécu tous les étages de l'escalator relationnel, nous avons toujours été très autonomes. Ca me fait froid dans le dos quand je lis certaines descriptions et soit disant obligations des relations mono. Je finis par me dire que c'est aussi pour ça que le fait que je vive d'autres relations n'a pas été une souffrance pour lui, alors que je lis aussi souvent que c'est un passage obligé.
Donc oui, il y a des influences de la monogamie sur mes relations avec mes deux compagnons, pas sur les autres il me semble qui sont vraiment construites sur d'autres bases, mais j'ai envie de dire qu'on prend ce qui nous convient et laisse le reste, on ne rejette pas tout en bloc.
Message modifié par son auteur il y a 9 mois.
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artichaut
le mardi 10 décembre 2024 à 13h06
Caoline
Même si je les trouve intéressantes, j'ai toujours des difficultés à m'insérer dans les discussions théoriques car je ne suis capable de baser ma réflexion que sur ce que je vis et j'observe chez mes proches.
Tu as du mal, mais quand même envie de t'y insérer. Tu saurais dire pourquoi ?
Caoline
@artichaut, je partage ton point de vue sur le fait que la personne qui ressent de la compersion est plus polyamoureuse que la personne qui a plusieurs relations
J'ai peur de te perdre complétement en disant ce que je vais dire (car je vais encore plus "dans la théorie") et donc tu peux l'ignorer si ça te semble être du détail pour toi :
J'ai pu en effet dire par le passé que de mon point de vue, la personne qui ressent de la compersion est la plus polyamoureuse. Ce n'est plus ce que je pense aujourd'hui, et donc ce n'est plus ce que je dis.
Aujourd'hui je pense et dis que la personne qui ressent de la compersion me semble être la moins monogame, à savoir qui remet en cause des élements de monogamie (ce qui en effet, ne fait pas d'elle pour autant une polyamoureuse, la compersion ne suffit pas).
Et la nuance (entre plus polyamoureuse ou moins monogame) est importante pour moi …mais c'est là, où je comprendrais que pour toi ça puisse ne pas faire sens, ou être de la théorie qui ne te parle pas.
Je peux expliquer plus ou tenter d'expliquer mieux, si toi ou quelqu'un ici, à envie.
Mais dans le doute, je m'abstient, pour ne pas t'embrouiller encore plus avec de la théorie.
Caoline
j'ai envie de dire qu'on prend ce qui nous convient et laisse le reste, on ne rejette pas tout en bloc.
Oui, c'est aussi mon avis.
Décortiquer, avec la "théorie" comme outil (c'est à dire regarder les choses en prenant du recul, pas juste depuis son seul point de vue), me permet de mieux comprendre ce que je vis, et donc d'avoir plus d'éléments pour savoir ce que j'ai envie de garder dans le bloc.
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Caoline
le mardi 10 décembre 2024 à 19h53
artichaut
Tu as du mal, mais quand même envie de t'y insérer. Tu saurais dire pourquoi ?
Parce que ça m'intéresse de creuser, de réfléchir à tout ça, d'essayer de comprendre pourquoi je me reconnais ou pas dans ce qui est dit, de partager mon point de vue. Et peut-être aussi pour y amener du concret justement, que ça ne reste pas théorique ;-)
artichaut
Caoline
@artichaut, je partage ton point de vue sur le fait que la personne qui ressent de la compersion est plus polyamoureuse que la personne qui a plusieurs relations
J'ai peur de te perdre complétement en disant ce que je vais dire (car je vais encore plus "dans la théorie") et donc tu peux l'ignorer si ça te semble être du détail pour toi :
J'ai pu en effet dire par le passé que de mon point de vue, la personne qui ressent de la compersion est la plus polyamoureuse. Ce n'est plus ce que je pense aujourd'hui, et donc ce n'est plus ce que je dis.
Aujourd'hui je pense et dis que la personne qui ressent de la compersion me semble être la moins monogame, à savoir qui remet en cause des élements de monogamie (ce qui en effet, ne fait pas d'elle pour autant une polyamoureuse, la compersion ne suffit pas).
Et la nuance (entre plus polyamoureuse ou moins monogame) est importante pour moi …mais c'est là, où je comprendrais que pour toi ça puisse ne pas faire sens, ou être de la théorie qui ne te parle pas.
Je peux expliquer plus ou tenter d'expliquer mieux, si toi ou quelqu'un ici, à envie.
Je pense que je comprends ce que tu veux dire en fait, mais je suis gênée par l’affirmation "est monogame" plutôt que "est influencée", "n'est pas très différente" "ne remets pas beaucoup en question les codes" ou "comportent de nombreux stéréotypes de la monogamie"... car monogame ça à un sens précis "n'avoir qu'un seul partenaire à la fois".
C'est souvent en fait que tu veux modifier le sens des mots ou accepte comme une fatalité que les autres le fassent.
Et puis aussi, sur le fond, mon expérience ne confirme pas ton impression que "la personne qui ressent de la compersion me semble être la moins monogame". En effet, F, mon deuxième compagnon, qui est très compersif est pourtant très monogame sur pleins de points. Par exemple il n'assume toujours pas vis à vis de sa famille que je sois poly. Bon, G est chez nous un week-end sur 2, je l'appelle "chéri" car je ne le contrôle pas... et son frère c'est notre voisin, donc on se doute bien qu'il doit a minima se douter de quelque chose, si ce n'est avoir compris. F ne nous a jamais demandé de nous cacher, c'est plutôt nous qui essayons d'être discrets par respect pour sa difficulté à assumer. De plus, lui qui a vécu seul pendant 25 ans aurait maintenant envie que nous fassions presque tout ensemble, ou quand il sait que je ne vais pas apprécier, il est hyper reconnaissant que je le laisse faire le truc seul, alors que pour moi c'est tout à fait normal, peut-être pas la norme du carcan monogame que beaucoup décrivent, mais ma norme à moi depuis toujours. Mais bon, en fait j'ai toujours su que j'étais foncièrement non monogame et hors normes... ce qui n'empêche pas que de l'extérieur, mes relations avec mes compagnons peuvent donner une image de couple très classique, enfin déjà moins quand nous sommes à 3 :-D. C'est un peu comme l'image de famille catho tradi bourgeoise que nous pouvions donner avec nos 5 enfants, qui nous a toujours fait beaucoup rire, tant nous en sommes éloignés.
artichaut
Mais dans le doute, je m'abstient, pour ne pas t'embrouiller encore plus avec de la théorie.
Moi ça me va que tu développes autant que possible même théoriquement tant que tu ne m'empêches pas de réagir en ramenant du concret.
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artichaut
le mercredi 11 décembre 2024 à 00h41
Caoline
Je pense que je comprends ce que tu veux dire en fait, mais je suis gênée par l’affirmation "est monogame" plutôt que "est influencée", "n'est pas très différente" "ne remets pas beaucoup en question les codes" ou "comportent de nombreux stéréotypes de la monogamie"...
Oui, ok. Je comprends.
C'est peut-être une formule (de ma part) pour marquer les esprits.
Je dis la relation est monogame, pas les gens. Mais je comprends que même ainsi, ça ne te satisfasse pas.
Caoline
car monogame ça à un sens précis "n'avoir qu'un seul partenaire à la fois".
Pas pour moi.
Pour moi la monogamie est un système, pas juste une simple modalité relationnelle.
Quand je parle de monogamie, c'est de ce système que je parle.
Si tu veux à la limite je devrait dire « système monogame » au lieu de dire « monogamie ». Je le fais pas abus de langage. Et sans doute aussi pour ne pas laisser aux seuls puissants le pouvoir d'utiliser les mots à leur manière.
Caoline
C'est souvent en fait que tu veux modifier le sens des mots ou accepte comme une fatalité que les autres le fassent.
Les mots sont importants justement car ils n'ont pas un sens arrêté (sinon il n'y aurait pas plusieurs dictionnaires donnant des définitions différentes, mais un seul). Leur sens est politique, il évolue dans le temps et selon les cultures, et surtout ils sont un instrument de (ou du) pouvoir.
Caoline
Et puis aussi, sur le fond, mon expérience ne confirme pas ton impression
Tenter de théoriser (un peu comme la sociologie) c'est aller vers le général, et c'est toujours une approximation. Ça ne saurait pas regrouper toutes les situations possibles. Et il y a donc toujours des exceptions, ou des cas qui ne collent pas à la généralisation théorique proposée.
Je ne dit pas que tu es ce cas là, mais c'est une possibilité, et donc un cas concret ne remet pas en cause une théorie proposée. C'est là que le concret peut avoir ses limites. Même si inversement il peut permettre de voir des choses qu'on avait pas vu dans la théorie.
Caoline
Moi ça me va que tu développes autant que possible même théoriquement tant que tu ne m'empêches pas de réagir en ramenant du concret.
Être poly-amoureux (au sens strict du terme) pour moi ne dit rien de notre rapport au système monogame.
Le poly-amour en soi, ne contrevient pas au système, il ne change rien, il le modifie juste légérement, un peu comme rendre l'adultère légal, quoi. Voire si on veut pousser le bouchon, le poly-amour, et a fortiori sa version récupéré par le capitalisme, corrobobre le système, le valide encore plus, comme le fait toujours le capitalisme, en aspirant tout ce qui tente de le pervertir.
Et pour le coup la construction étymologique du mot poly/amour (plusieurs amours), n'aide pas à affirmer que c'est autre chose que juste multiplier les relations (sous entendues monogames).
Depuis que le mot polyamour est entré dans le dictionnaire (2022), pour moi il s'est fait aspiré par le capitalisme. Il est devenu un aménagement du système capitaliste monogame.
Ce qu'on en fait nous concrétement est autre chose.
Mais perso, je vois bien la différence, notament sur ce forum ou sur les réseaux, depuis 2022.
Il est devenu quasi impossible de prétendre, ou de tenir la position que le polyamour c'est autre chose que juste avoir plusieurs relations amoureuses et sexuelles. Et pourtant j'ai bataillé pour ça, ici même.
Mais perso j'ai laissé tombé, et du coup j'ai laissé tombé le polyamour (le mot et le concept, pour parler de ce que je vis).
Je sais que tu n'es pas d'accord avec ça et que ton chemin est autre.
Mais on n'est pas obligé d'être d'accord.
.
Et je vois aussi que ça me met dans une posture complexe ici. Je suis un de ceux qui théorise le plus sur ce forum, or désomais je porte (presque) une position anti-polyamour.
Mais je ne vois pas trop quoi faire de ça. J'ai ni envie de quitter ce forum (même si je me suis posé mainte fois la question), ni envie de changer mes positions.
Mon idéal serait de changer le titre de ce forum !!
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Alinea7
le samedi 14 décembre 2024 à 19h54
artichaut
J'ai ni envie de quitter ce forum (même si je me suis posé mainte fois la question), ni envie de changer mes positions.
Bof t'sais y a des monos sur ce forum (beaucoup selon tes définitions), y a même quelques trolls alors...et puis de par ton expérience, au moins, tu sais de quoi tu causes...
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Alinea7
le samedi 14 décembre 2024 à 19h54
Mais juste par curiosité, tu l'appellerais comment du coup, idéalement, ce forum ?
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artichaut
le mardi 17 décembre 2024 à 12h59
Alinea7
Mais juste par curiosité, tu l'appellerais comment du coup, idéalement, ce forum ?
C'était un peu une boutade. Mais allez, disons… compersion.info
Je m'y sentirait vraiment chez moi, à l'aise, et l'axe au moins serait clair, sans ambiguïté possible. La proposition n'est pas de dédoubler/multiplier nos relations à l'infini, mais de transformer nos manières de vivre les relations.
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Alastor
le mardi 17 décembre 2024 à 16h30
artichaut
C'était un peu une boutade. Mais allez, disons… compersion.info
Je m'y sentirait vraiment chez moi, à l'aise, et l'axe au moins serait clair, sans ambiguïté possible. La proposition n'est pas de dédoubler/multiplier nos relations à l'infini, mais de transformer nos manières de vivre les relations.
Je pense qu'un forum "compersion.info" serait une bonne idée.
Cependant avant d'y parvenir il faut passer par le passage "polyamour.info", enfin pour moi il m'a fallu ce chemin.
Cela fait plus de deux ans que je viens par ici.
J'ai usé deux pseudo différents avant d'arriver à celui que j'ai maintenant.
Ces identités différentes correspondent à différents moments de ma vie et de la réflexion que j'ai eu sur les relations amoureuses et puis finalement sur les relations humaines en général.
Je regrette presque l'utilisation de ces différentes identités car cela ne permet pas de voir l'évolution de ma réflexion et je pense finalement que cela aurait été bien plus utile que mes questionnements sur l'emploi du temps, ou la possibilité d'avoir plusieurs relations simultanées (avec un engagement de type monogame, un peu malgré soi).
Je crois qu'avant d'arriver à la réflexion sur la comperssion, sur l'éthique, sur la beauté de la multiplicité des relations humaines il faut en passer sur le pragmatisme de "juste" multiplier les relations.
Certaines personnes ne sortiront jamais de juste vouloir/pouvoir multiplier les relations.
Certains iront sur vouloir le faire au mieux pour éviter à tous de trop souffrir ( et c'est déjà beaucoup).
Et d'autres partiront sur les chemins théoriques afin de tenter de comprendre ces relations quelques soient et de voir ce qu'elles ont d'unique et de vouloir reconnaître cette identité.
Bon voilà moi j'en suis là de mes réflexions.
Mes relations trouvent parfois ( souvent) que je réfléchis trop.
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artichaut
le mardi 17 décembre 2024 à 17h17
Charlie_princesse_des_enferts
J'ai usé deux pseudo différents avant d'arriver à celui que j'ai maintenant.
(…)
Je regrette presque l'utilisation de ces différentes identités car cela ne permet pas de voir l'évolution de ma réflexion
Si tu veux, tu peux nous révéler tes anciens pseudos (!)
Et/ou le faire sur ton profil actuel.
Charlie_princesse_des_enferts
Je crois qu'avant d'arriver à la réflexion sur la comperssion, sur l'éthique, sur la beauté de la multiplicité des relations humaines il faut en passer sur le pragmatisme de "juste" multiplier les relations.
Étant moi-même passé par là, je ne peut être certain de ce que j'avance, mais je pense aujourd'hui qu'il pourrait y avoir d'autres manières de faire, justement…
J'ai le sentiment qu'un changement de paradigme pourrait s'opérer sans passer par certaines cases, ni nécessiter forcément de très lourds investissements (émotionnel, temporel, dégâts relationnels ou colatéraux, etc). Une manière plus douce de faire (ce qui ne veut pas dire sans embûches, non plus, ni difficultés émotionnelles).
Je n'ai évidemment pas de moyen de vérifier ce que j'avance. C'est plus de l'ordre de l'intuition.
Charlie_princesse_des_enferts
Mes relations trouvent parfois ( souvent) que je réfléchis trop.
Moi j'aime bien les gens qui réfléchissent.