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Envisager le polyamour

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crest déconnecté (invité)

le mercredi 08 janvier 2025 à 21h00

Oui moi aussi je sens que la tentation de vivre une histoire avec N est de loin la plus forte, tout simplement parce que l’énergie des sentiments ressentis pour N est de nature à pouvoir encaisser les conséquences concernant les autres aspects de l’existence, qui deviennent secondaire.

L’amour naissant comporte deux dimensions créatrice et destructrice mêlées, c’est pourquoi les condamnations morales ont peu d’effet, puisque les personnes qui l’éprouvent veulent, au fond, un changement profond dans leur existence.

Mais l’histoire n’est pas écrite d’avance. Déjà si ce besoin de changement profond est identifié et reconnu comme légitime, c’est un pas. Ce changement est déjà en cours, et c’est épuisant de se cogner contre tous ces obstacles. Quel en est le but? Qu’est-ce que ça demande comme nouvelle façon de faire?

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Intermittent

le mercredi 08 janvier 2025 à 23h04

Le Polyamour vu par la série Youtube "Les films à l'arrache"

https://www.youtube.com/watch?v=KDwbyNO4BOI&ab_cha...

Court mais très très drôle !

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Miamou (invité)

le jeudi 09 janvier 2025 à 08h56

C'est intéressant.
Je me demande si ces autres aspects deviennent vraiment secondaires ou si c'est une illusion.

Quand on en peut plus de sa vie, de son couple, de l'autre, de l'image que l'on a de soi avec l'autre, de son quotidien, etc, je pense que ça peut le devenir.

Quand ce n'est pas le cas mais qu'on a tout simplement pas tout, est-ce que ce n'est pas un leurre de vouloir trouver ailleurs ce"tout"? Qui, à priori, ne pourra pas en être un non plus?
La passion et l'alchimie sexuelle (nouveauté, hormones sécrétées par la rencontre et la découverte, les confidences, hors du quotidien etc), la sécurité affective, le bonheur de vivre ensemble, l'amitié dans le couple, l'équipe parentale, les papillons dans le ventre en même temps que le bonheur de connaître son partenaire par coeur (bonheur dont on ne prend souvent pleinement la mesure que quand on ne l'a plus, je crois), l'adrénaline et la contenance d'un "chez soi" (la construction, la tendresse, l'amour construit etc) qui fait se sentir bien...tout ne peut pas être présent, en même temps, tout le temps. C'est ce que j'imagine en tous cas. Que c'est fluctuant dans une histoire.

Partir en sachant que ce sera mieux et moins bien sur beaucoup d'aspects différents, c'est une chose.
Partir en imaginant que ce sera juste mieux, ça me semble être une illusion, à partir du moment où ce qui fait difficulté dans le couple n'est pas un manque d'amour et que la dynamique relationnelle n'est pas empreinte de toxicité.

En dehors des relations multiples, avec le consentement éclairés et enthousiaste de tous les partenaires, avoir tout ça dans un couple, ça me semble peu probable.
Choisir, en sachant que certaines choses ne durent pas et que d'autres ne sont pas réparables, c'est aller vers quelque chose qui sera forcément partiel mais qui peut être vraiment bien aussi? (Quels que soient les choix évidemment).

Dans ce que je lis sur le site, le besoin d'avoir tout, en même temps, tout le temps, est prégnant. Je me demande si c'est sociétal. Choisir, ce n'est pas seulement renoncer, c'est aussi aller vers une situation qui répondra à ses besoins les plus essentiels, à force de se connaître, sans que tous ne soient comblés. Après, est-ce que tous les besoins doivent être comblés ?

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MPB

le vendredi 10 janvier 2025 à 10h33

@Miamou
je pense que ce qui n'est pas suffisamment pris en considération, c'est qu'@Ulrich, semble de plus en plus prêt à envisager de quitter L et sait très bien que N ne fera pas de concession. Dans nos commentaires on reste braqués sur le fait qu'au départ il ne voulait pas quitter L. (...)
Qu'on parle des red flag, de l'apparente rigidité dans certains comportements de N ou du fait qu'il a de la chance que L tolère la situation, n'y changera rien.

Tu as totalement raison, mais justement, peut-être qu'@Ulrich a besoin de lire nos inquiétudes avec nos regards extérieurs, et cette composante polyamoureuse que son entourage ne lui apporte peut-être pas. Je m'explique : lorsque j'étais (en très gros, comme je le disais) à peu près dans la même situation, je suis venue ici dans l'espoir très très naïf qu'on me dise "si si, si tu y crois ça marchera, l'amour triomphe toujours !", mais en vérité, au fond de moi, je savais que j'allais dans le mur. Et le fait qu'on me le confirme ici, même si ça a été très dur, m'a aidée à mettre de l'ordre dans tout ça. Ca a été long et fastidieux, mais je savais au fond de moi que "ma" N. présentait énormément de red flags, et ce même si on avait été en relation mono je pense.

Donc peut-être qu'en effet, nos avis ne changeront rien, et qu'Ulrich aura besoin de faire cette expérience de vie en offrant une vraie chance à cette nouvelle relation, et peut-être que ça marchera, ou qu'il regrettera, ça nous n'en savons rien. Mais peut-être aussi que nous ferons échos à des propres ressentis qu'Ulrich essaie d'ignorer tout en les connaissant.

@Miamou, ton dernier message me parle vraiment beaucoup, merci pour ça. Je suis aussi en train de déconstruire l'idée de la relation parfaite qui amène tout, quelle que soit la forme relationnelle, et j'apprends aussi à vraiment me rendre compte de la chance que j'ai dans mon entourage actuel, dans mes relations actuelles. Effectivement, parfois on a des souhaits contradictoires (passion des débuts couplée avec la routine solide avec un.e compagne/on de vie), et c'est important de prendre conscience de ce que nous amène une relation. Et à l'inverse, de ce qu'elle ne nous amène pas, ou plus, sans rester dans une forme d'illusion.
Et d'ailleurs, pour te répondre, avoir tous ses besoins comblés est une forme d'illusion je pense : ça ne fait qu'amener d'autres besoins, dans une roue sans fin. D'où apprendre à trouver la joie dans le présent et dans ce qui est déjà (évidemment, si tous les besoins primaires sont satisfaits et en l'absence de danger imminent).

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Ulrich

le dimanche 12 janvier 2025 à 16h00

Bonjour à tous,

je voudrais vraiment vous remercier car vous m'aidez énormément.
Il y a pas mal de choses qui ont fait mouche, si je reprends vos participations dans l'ordre.

1. @Miamou J'ai l'impression que si, dans un moment de crise personnelle, tu es en capacité de te dire que tu ne veux pas quitter ta femme parce que tu l'aimes et qu'elle te manquerait (en plus du reste au niveau pratique mais c'est moins la base), c'est que vraiment, si tu la quittais, tu le regretterais.

Cette phrase a fait tilt. Effectivement, je suis paumé en ce moment, plus grand-chose n'a de sens pour moi. Mais dans cet océan d'incertitude je sais que je continue d'aimer L.
Tu as également posé l'équation de façon très simple : perte sentimentale avec N, perte sentimentale + de sécurité affective et matérielle avec L.
Cela m'a fait réaliser que N m'avait quitté plusieurs fois, mais L jamais.
Le paradoxe est le suivant : au fond de moi je suis tenté de partir vivre pleinement mon histoire d'amour avec N... mais je préfère que ce soit N qui me quitte plutôt que L. On est peu de choses...

Merci à @crest pour son témoignage. Tout plaquer et vivre 3 ans après une rupture traumatique... Il m'a sérieusement fait réfléchir.

Si c'était à refaire, dans les conditions de l'époque, j'aurais tenté de faire discuter les 4 protagonistes.
C'est ce que je me disais en écrivant mon premier post. Mais pas un seul d'entre vous ne m'a vraiment encouragé en ce sens.
Cela a l'air rationnel en apparence, mais l'analyse de @Intermittent est assez juste.
Normal, qui à part toi à quelque chose à gagner en acceptant cette "solution" ?
Je nuancerais juste en disant qu'il s'agissait plutôt de limiter la casse que de gagner. Mais oui, au fond c'est moi qui tirerais le plus de marrons du feu, c'est normal que les 3 autres rechignent. Merci pour la punchline !

Merci @Intermittent pour la réflexion de Christophe André sur la passion qui m'a également aidé. Oui, avec N, c'est une passion, et il arrive que les passions soient masochistes. N me l'a dit elle-même : "ton échelle de l'amour, c'est la douleur."
Je suis un ancien enfant maltraité...
https://shs.cairn.info/revue-psychotherapies-2008-...

En retour, une chanson qui vous plaira peut-être...
https://youtu.be/2x5NHD5p8zU

Ensuite, @Miamou, @Jacques Haddy et @MPB m'ont fait comprendre que la question n'était pas tant l'orientation relationnelle (monogamie, liaison extra conjugale, polyamour...) que la nature du lien (possessivité, passion...) et ont mis le doigt, avec @Balthazar1 sur la pression que N exerçait sur moi. Je suis dans une grande dépendance affective vis-à-vis d'elle, et je me suis peut-être un peu trop laissé faire.

Le témoignage de @Florflore m'a beaucoup touché.
Je lui répondrais que ce qui m'a arrêté dans ma marche vers N, en plus de l'insécurité que cela générait pour moi, c'est l'impossibilité pour moi de faire souffrir L. Je trouve qu'il est plus facile de souffrir soi-même que de faire souffrir quelqu'un qu'on aime.
La difficulté est que N souffre aussi... et que je l'aime aussi. Comme le chante Camille, j'aimerais "prendre leur douleur".

La vidéo d'@Intermittent m'a fait rire et l'intervention de @Miamou souligne le côté "consommateur" des amours plurielles. Ce n'est pas parce qu'on a plusieurs amoureuses qu'on atteint la plénitude, je suis en train de l'éprouver.
C'est quasiment une dissertation de philo, le bonheur est-il dans la satisfaction des désirs ? Ben peut-être pas.

Enfin, ce que dit @MPB est très juste :

peut-être qu'@Ulrich a besoin de lire nos inquiétudes avec nos regards extérieurs, et cette composante polyamoureuse que son entourage ne lui apporte peut-être pas. (...) Ca a été long et fastidieux, mais je savais au fond de moi que "ma" N. présentait énormément de red flags, et ce même si on avait été en relation mono je pense. Donc peut-être qu'en effet, nos avis ne changeront rien, et qu'Ulrich aura besoin de faire cette expérience de vie en offrant une vraie chance à cette nouvelle relation, et peut-être que ça marchera, ou qu'il regrettera, ça nous n'en savons rien. Mais peut-être aussi que nous ferons échos à des propres ressentis qu'Ulrich essaie d'ignorer tout en les connaissant.

Je sais que ma relation avec N présente plein de "Reds flags" alors que celle avec L est beaucoup plus harmonieuse.

Et oui, vous avez fait émerger chez moi des choses qui n'affleuraient encore pas tout à fait à ma conscience. On voit que vous avez réfléchi à la question.

Les choses ont un peu bougé depuis que j'ai lancé cette discussion.
Avec N, nous nous sommes remis en ensemble, et cherchons le moyen de vivre notre passion clandestinement, sans faire souffrir les deux autres. Elle a mis "un peu d'eau dans son vin" comme disait @Balthazar1.
Moi aussi. N m'a fait remarquer que je me comportais "comme un mari, dans une relation extra conjugale". Ce qu'elle veut dire, c'est que je suis très en demande vis-à-vis d'elle, et qu'il faut, soit que je saute le pas de la vie commune, soit que j'arrive à mieux gérer les moments où nous sommes séparés, que j'accepte une place d'ami/amant. Ah, ce foutu idéal de fusion amoureuse totale...

Je crois aussi que notre passion est en train de se transformer en un sentiment plus calme, mais plus profond, avec une forte composante amicale. En tout cas, en ce moment, nous arrivons à nous disputer... efficacement. Si ça se trouve, un jour, on va même réussir à se respecter l'un l'autre ;-).

Bon, en même temps, on a déjà eu des périodes d'accalmie. J'espère qu'il n'y aura plus de tempêtes ingérables.

Putain, c'est dur l'amour...

Je vous remercie pour vos interventions très bienveillantes qui m'ont été d'un grand secours, j'ai presque envie de vous embrasser !

https://youtu.be/YnkC1M573G0

Si vous avez d'autres remarques, n'hésitez pas.

Je vous donnerai des nouvelles.

Ulrich.

Message modifié par son auteur il y a 8 mois.

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Miamou (invité)

le dimanche 12 janvier 2025 à 19h43

Bonsoir @Ulrich,

Merci à toi aussi pour ton retour si bienveillant et construit.

Il y a une chose qui me vient à l'esprit et je ne peux pas ne pas te la partager. Cela dit, c'est un écho à ce que tu évoques de manière très brève et je m'excuse par avance pour l'aspect intrusif de cette réflexion.

Tu parles de ton passé d'enfant maltraité.

Une des questions qui se posent c'est" qu'est-ce qui fait que dans un moment de crise existentielle, tu te mettes dans une position qui génère pour toi de la souffrance. Qu'est-ce qui fait lien? Qu'est-ce qui crée chez toi le besoin, pas seulement d'être mais de rester dans une relation empreinte de toxicité (manque de respect, rupture, jalousie et possessivité, c'est quand-même ce que ça m'évoque à moi)?
C'est vraiment ce sur quoi je focaliserais mon attention.
Ça ne me semble pas anodin.
Toutes les relations qui se vivent sous cette forme sont très souvent addictives, ce qui semble être le cas.
Le souci de l'addiction, est que par définition, elle n'est pas seulement pas bonne pour soi, elle est néfaste.

Ce qui m'incite maintenant à attirer ton attention sur le fait d'entretenir cette possible toxicité inconsciemment ou pas (je m'impose une forme de rejet au vu de "je me fais quitter++ quand je ne fais ou ne suis pas qui N voudrait mais je l'entretiens" que je nourris en entretenant la dépendance, j'impose et m'impose une forme de rejet envers N), peut-être moins en lien avec la personne elle-même (donc N) que pour le schéma relationnel et ce qu'il peut provoquer chez toi.

Plus cette forme relationnelle et l'investissement relationnel se prolongent, plus la probabilité que cela teinte d'autres sphères, y compris ta relation avec ta femme me semble importante.

Le processus que tu lui fais vivre et que tu te fais vivre de cette manière (si je regarde ne fusse que la problématique du rejet qui la touche également d'après ce que tu as énoncé, pas seulement N et toi, dans la dynamique que vous avez mise en place), me conforte dans cette vision.

Je serais prudente à ce niveau-là, parce que j'ai l'impression que tu pourrais être dans un processus surtout autodestructeur...Et que ça pourrait bien fonctionner.

La souffrance pour les 2 conjoints, n'est pas uniquement en lien avec le fait de cacher ou pas la relation mais de la manière que tu as de la vivre, de la faire vivre aussi dans ton couple "initial" et de comment ça va le colorer...et pour ça, pas besoin d'être caché, ça se vit implicitement.

C'est donc de ça qu'il faut prendre soin, parce que tu énonces clairement que tu ne veux pas que L te quitte et qu'elle représente ta relation harmonieuse, celle qui ne te quitte pas en sachant qui tu es.

Courage dans ton cheminement.

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Profil

Intermittent

le dimanche 12 janvier 2025 à 20h47

@Miamou

Tu devrais te créer un compte sur ce site. Tes interventions sont précieuses et il est difficile de les retrouver sans un compte enregistré.

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Profil

crest

le dimanche 12 janvier 2025 à 22h20

Ulrich
Merci à @crest pour son témoignage. Tout plaquer et vivre 3 ans après une rupture traumatique... Il m'a sérieusement fait réfléchir.

Ce que je n’ai pas dit c’est qu’à l’époque j’avais besoin de ce chaos pour changer de vie (en gros quitter le boulot, m’engager politiquement). Quand bien même cela voulait dire dormir peu, être angoissé etc.
C’est très exactement le genre de chose que décrit Alberoni dans son livre Le choc amoureux. Tomber amoureux (ce qu’on appelle plus vulgairement ici la NRE ou la passion) est l’état naissant d’un mouvement collectif à deux, nous dit-il.

Il faut absolument regarder en face l’aspect destructif de la passion amoureuse (sans que ça se réduise à cela), qui est de plus ou moins grande intensité, mais qui est pour moi inhérent aux changements d’envergure dans l’existence.
Et même si de l’extérieur cela semble ridicule ou pathologique, clairement une folie.
Son surgissement n’est pas forcément une bonne nouvelle pour tout le monde, comme tout changement, comme toute révolution.

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Miamou (invité)

le mercredi 15 janvier 2025 à 17h57

@Intermittent,

Merci!
Il y a quelque chose qui me freine dans cette démarche, mais j'y penserai.

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Miamou (invité)

le dimanche 19 janvier 2025 à 13h28

Bonjour

@Ulrich,

Le paradoxe que tu évoques, je ne crois pas que ça en soit réellement un.

Tu es tenté de quitter L pour vivre pleinement ta passion avec N. Tu peux imaginer quitter, mais tu n'as pas envie d'être quitté. Surtout pas par L qui est celle qui t'accompagne depuis longtemps, qui t'aime malgré la routine, malgré les difficultés liées au fait d'avoir un enfant porteur d'un handicap et tout ce que cela implique, malgré le travail, la famille, les factures, les contraintes, malgré la présence de N et j'imagine pouvoir dire "en dépit de ce que tu lui fais vivre maintenant". Ça n'aide pas à se détacher et ça peut même constituer un petit côté pesant, tant le sentiment de "dette" pourrait être important. Mais il n'en demeure pas moins que ce n'est pas rien. Si tu l'aimes, c'est peut-être même tout.

Que N te quitte, c'est blessant mais dans votre dynamique relationnelle, c'est presqu'attendu. Ça a déjà été vécu et même si c'est douloureux, ça ne semble pas avoir ébranler, ni toute ta vie, ni toute ta personne. Tu n'as pas envie que ça arrive mais ça n'a pas le côté destructeur que la fin de la relation induite par L pourrait avoir. Ou peut-être même induite par toi. Avec la multiplication des ruptures, une sorte de schéma attendu peut aussi se faire sentir et la confiance n'est peut-être pas entière, due, justement, à votre dynamique relationnelle.

Je crois malheureusement qu'il n'y a aucune chance pour que la relation avec N ne génère pas d'autres "tempêtes ingérables". Ce n'est pas un vrai changement de vivre la relation cachée, mais un pansement pour retarder la prochaine crise et éviter de se positionner clairement.

Que L parte, ce serait d'une part inédit mais possiblement déstructurant pour toi. La perte de cette certitude "elle m'aime", comme une forme d'absolu. Se sentir aimé par une femme depuis 34 ans, avec des hauts et de bas, mais empreinte de stabilité, ce n'est pas la même chose que de se sentir aimé par une femme depuis 1 an de manière instable, dans une forme de douleur. En terme de représentations, d'image de soi, c'est très différent.

Donc, je crois que dans cette configuration, le départ de L, ce serait la perte du pillier autour et avec lequel ta vie s'est construite, en même temps que la fuite de l'image projetée d'une forme d'amour inconditionnelle. Difficile d'imaginer faire vivre cette perte, mais peut-être encore plus dur d'imaginer devoir la subir.

Il y a aussi cette question de pouvoir relationnel.
Tu te sais et te sens être aimé par deux femmes qui te montrent toute l'importance que tu as pour elles.
La possibilité de partir vivre avec N, avoir le choix, c'est grisant, valorisant, stimulant, vivifiant, même si déstabilisant.
Cette possibilité, de choisir, c'est ce qui te donne du pouvoir dans la relation: tu es aimé et tu décides. Tu quittes, tu choisis. Tu restes tu choisi. Tu caches la relation, tu choisis encore. Pour le moment, tu es dans la certitude que L t'attend, N aussi. Si L part, ce qui est possible parce que chacun à des limites par rapport à ce qu'il est en capacité de supporter/accepter/tolérer, c'en est fini du choix et du pouvoir relationnel qui y est lié dans ta relation à elle. D'autant plus que quelque chose se joue par rapport au fait qu'elle ne t'ait pas dit qu'elle aussi t'avait trompé il y a des années, donc, ce pouvoir relationnel que tu as à présent, il ne représente pas rien.
Pour N, c'est différent de par tout ce qui a été dit.

Pour le moment, tu es non seulement aimé mais tu sembles l'être de manière forte : l'une t'aime et reste malgré la peur ressentie, tes doutes sur elle et votre relation ainsi que tout ce que ta relation implique dans son quotidien. L'autre t'aime et est prête à tout quitter malgré ton indécision et te demande d'en faire autant, tout en sachant que tu ne saurais sûrement pas être vraiment heureux en quittant ta femme. En tous cas, c'est ce que j'imagine via ton discours. Que la vie sans L, ne pourra pas te rendre vraiment heureux (parce que c'est ce que tu dis et aussi parce qu'en l'aimant dans ce contexte, la quitter, ça signifie la voir quotidiennement pour au moins la dernière de vos enfants, en supportant que votre vie ensemble est finie. Que tu es en souffrance par rapport à son absence, ou elle, ou/et la voir faire le deuil de votre relation, sûrement la voir refaire sa vie. J'imagine qu'on ne quitte pas une relation de 34 ans en aimant toujours, en étant capable de voir son ex avec un autre en se sentant en pleine harmonie...bref, beaucoup de possibles).

Mais malgré tout ça, ce qui me marque, c'est que tu ne sembles pas choisir de poursuivre ta relation avec L quand tu dis ne pas vouloir la quitter ou la faire souffrir.
J'ai juste l'impression que tu choisis de ne pas détruire explicitement votre relation mais que tu l'abîmes un peu plus implicitement.
C'est aussi pour cela que je parlais de l'aspect autodestructeur.
Tu te places dans une position, que je crois que tu ne pourras pas bien vivre. Ça transpire tes textes.
Pourtant tu agis déjà la décision que tu penses ne pas pouvoir prendre. Alors peut-être que tu dois tenter. Peut-être que tu te rendras compte que ton amour pour L était moins important, que la vie avec N est plus douce, plus belle, plus intense. Que L ne te manque pas tant que cela, que les enfants ne sont pas dans le jugement, que ta dernière fille ne serait pas tant en difficulté. Que la gestion de la vie quotidienne ne ternit en rien votre passion.
Peut-être que le résultat serait celui que j'imagine, un mal-être qui se reporte dans ton nouveau couple et possiblement la déception liée au fait que la passion ne dure pas, ni l'aveuglement lié à l'addiction de celle-ci. Et tout ce qui est certainement amplifié par vos âges respectifs, la beauté que tu as énoncée en parlant de N, son dévouement dans une sorte de situation peut-être presqu' inespérée pour toi.

Si c'est pour rester dans une relation où tu fais du mal à ta femme, à toi, à N (mais je suis moins en empathie avec elle, c'est vrai) parce que tu ne peux pas te résigner à être dans une autre dynamique que celle que tu vis avec N, que la passion prend le pas sur tout le reste, alors, peut-être qu'il est temps que tu mettes en place ce qui est nécessaire pour prendre tes responsabilités et limiter l'étendue des dégâts relationnels et affectifs pour tous.

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