Dépasser le sentiment de trahison
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Alabama
le vendredi 09 décembre 2022 à 14h03
Admettons une relation poly, où il y a eu des discussions très précises sur comment se parler des autres relations/rencontres potentiellement sexo-affectives. Admettons qu’une des deux personnes n’a pas respecté ce qui a été décidé ensemble.
Et que cette personne s’en veut mais le mal est fait.
Ça arrive sans doute régulièrement. Les humains sont imparfaits.
Je m’adresse à celleux qui ont vécu la situation, dans un sens ou dans l’autre (on ne parle pas ici de tromperie mais de manque de « prendre soin », il n’y a pas de jalousie en jeu, plutôt une limite dépassée, qui provoque colère et sentiment de trahison).
Comment on dépasse cette situation ? Qu’est-ce qui fait que la confiance peut revenir ? Qu’avez vous fait en tant que « personne fautive » ? Qu’avez-vous fait en tant que « personne trahie » ?
On parle ici de personnes de bonne foi, des deux côtés.
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bidibidibidi
le vendredi 09 décembre 2022 à 17h00
Pour moi, souvent, derrière la trahison il y a le mensonge. Le fait de dire "Oui, ça ne me dérange pas de mettre des capotes." mais en fait si.
Et donc j'ai souvent tendance à regarder la pièce des deux côtés : Qu'est-ce-qui rendait cette vérité indicible ? Est-ce cette pseudo image parfaite de soi qu'on veut communiquer parce qu'on a besoin de croire qu'on est "bons" ?
D'ailleurs, tu le dis toi-même : "personne fautive". Pourquoi fautive ? Comme si c'était un accident, que ça se reproduira plus jamais parce que ce n'est pas constitutif de la personne.
Personnellement, j'ai déjà menti. Donc je suis un menteur ?
Mais tout le monde a déjà menti (je suppose). Donc tout le monde est un menteur ?
Ha non, on est pas un menteur, on a fauté.
Tout ça pour dire : Il faut se détacher de la trahison. Il faut enlever ses lunettes roses et regarder la personne en face telle qu'elle est. Considérer cet acte comme étant constitutif de la personne, comme son nez au milieu de la figure. Et revoir, adapter, notre image de la personne. Accepter que la règle n'était juste pas respectable. Ou que c'était plus une ligne directrice, mais qu'on pouvait faire un pas de part et d'autre de la ligne. Tout comme personne ne respecte exactement la limitation de vitesse, les règles, les absolus, ne sont pas vraiment compatibles avec l'être humain. Seul la connaissance de l'autre permet de l'accepter et de dépasser la trahison.
(j'ai mangé un moine bouddhiste au petit déjeuner)
Je rajouterai : Ne pas oublier qu'on peut changer. Et ce qui était constitutif de nous peut ne plus l'être avec de l'apprentissage et du temps.
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Alabama
le vendredi 09 décembre 2022 à 17h17
Merci pour ta réponse. Je suis assez d’accord avec. Même si en l’occurrence la règle était vraiment simple : parler de la rencontre en direct (soit tel soit en physique) et pas par message.
Que la règle était dans les deux sens.
Que je ne sais plus sur quoi me baser pour avoir confiance sur des choses plus compliquées à l’avenir, si même ce truc simple n’a pas pu être respecté.
Mais je suis d’accord : les gens peuvent changer.
Je sais aussi que si ça se répète trop, j’ai la possibilité de me désengager, de demander une transformation de la relation qui demande moins de confiance. Je ne sais pas comment, mais je sais que c’est possible si j’en ressens le besoin à un moment.
Reste que je suis dans l’incompréhension.
J’aimerais voir ce qui de mon côté a pu être ambivalent mais je ne vois pas : j’avais hâte d’entendre le récit de sa rencontre , et le non respect de ma demande m’a enlevé toute joie et toute curiosité, pour l’instant j’accuse le coup et la déception.
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jeanluc66
le vendredi 09 décembre 2022 à 18h38
Alabama
Je sais aussi que si ça se répète trop, j’ai la possibilité de me désengager, de demander une transformation de la relation qui demande moins de confiance. Je ne sais pas comment, mais je sais que c’est possible si j’en ressens le besoin à un moment.
J'ai déjà eu cette envie de choix entre désengagement ou transformation de la relation. C'est souvent mieux de choisir le désengagement, mais être explicite avant dans ce cas. Pas comme chantage, mais en sauvegarde, ce que l'autre peut comprendre
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Topper
le vendredi 09 décembre 2022 à 20h02
Bonjour @Alabama, je n'ai franchement pas compris la règle édictée.
Je pense néanmoins que tu devrais relativiser. Est-ce que c'est vraiment si grave ce qu'il s'est passé ? A quoi sert cette règle et pourquoi elle a été mise en place ? Qu'est-ce qu'elle est censée sécuriser ? Est-ce que le non-respect de cette règle remet en question votre relation ?
Ce ne sont pas des questions auxquelles tu dois répondre ici, mais il peut être pertinent de te les poser à toi ou à vous.
Ensuite, il faut faire extrêmement attention avec les règles. Je le répète souvent ici et ce n'est pas pour rien. Les règles sont une source récurrente de problèmes dans beaucoup de relations non-monogames.
Il y a une volonté de liberté, et à côté de ça on met des règles pour contraindre cette liberté. On dicte des règles pour tout et n'importe quoi afin de ménager ses insécurités, pour ne pas sortir de sa zone de confort ou pour ne pas trop être malmené par ce qu'on ne contrôle pas.
Le problème est que dans de très nombreux cas, les règles sont très arbitraires, avec une implication pas très bien comprise, mal interprétées, et souvent trop strictes pour des circonstances imprévisibles.
Le résultat est que l'esprit est focalisé sur le respect des règles. On développe une hyper sensibilité et hyper vigilance sur ces règles. C'est une source de stress et d'angoisse. C'est également une source de conflit explosive, car la moindre règle non respectée ou déformée est un drame.
C'est un drame car derrière une règle bafouée, il y a un sentiment de trahison, d'irrespect, et toutes autres significations que l'on veut mettre derrière.
En se mettant des règles, on se met toutes les chances d'être déçu par l'autre. Peu importe la personne, si on met plein de règles, il viendra un moment où une ou plusieurs règles seront enfreintes pour une raison ou une autre.
Si vous tenez absolument à avoir des règles, faites en sorte qu'elles soient le moins stricte possible, et gardez une certaine souplesse si elles n'ont pas été respectées. Concentrez-vous plutôt sur la raison qui a fait qu'elle a été enfreinte. Est-ce que la circonstance était particulière ? Est-ce que la règle doit être modifiée ? Est-ce qu'il y a un moyen de faire autrement si la même situation se représente ?
Sinon, bien mieux qu'une règle, pour chaque règle édictée posez-vous la question sur ce qu'elle vient combler. Cherchez une manière autre de combler cette insécurité ou ce besoin. Travaillez également sur ces insécurités pour ne pas avoir besoin de vous protéger en contrôlant l'autre.
Alabama
Que je ne sais plus sur quoi me baser pour avoir confiance sur des choses plus compliquées à l’avenir, si même ce truc simple n’a pas pu être respecté.
On peut prendre le problème dans l'autre sens. Comment est-ce que tu peux faire face à des choses plus compliquées à l'avenir, si quelque chose de simple et anodin prend de telles proportions ?
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bidibidibidi
le vendredi 09 décembre 2022 à 20h27
Alabama
Même si en l’occurrence la règle était vraiment simple : parler de la rencontre en direct (soit tel soit en physique) et pas par message.
Moi, je lui demanderai pourquoi il lui était difficile de respecter cette règle. Pourquoi voudrait-il qu'elle saute (parce que la transgresser c'est aussi indiquer qu'on préférerai qu'elle n'existe pas).
Voire, même si c'est un peu étrange ça peut être possible, pourquoi avait-il besoin de transgresser une règle (parce que des fois, ce n'est pas la règle qui est importante, c'est la transgression, d'où peut-être le choix de transgresser une règle d'apparence anodine).
Par contre, je m'ouvrirai à tout pouvoir entendre. Il est possible que derrière cette transgression se cache une remise en cause profonde de votre relation.
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
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Alabama
le vendredi 09 décembre 2022 à 22h48
L’accord était de se parler des autres rencontres de vive voix : donc possibilité de poser des questions, de sentir la présence de l’autre, ne pas être seul.e face au récit. Rien de plus. Aucune règle sur ce que doivent être les relations en question, aucune non plus sur ce qu’il faut raconter ou pas ( à part peut-être juste ne pas cacher).
C’est presque du simple bon sens pour moi : on se pose la question dans n’importe quelle relation de comment annoncer une nouvelle importante, qui peut chambouler l’autre, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Et si en plus il y a eu une demande explicite, je vais aussi très mal le prendre ou je comprendrais que l’autre prenne mal que je n’ai pas respecté la demande.
En tous cas je prends en compte les questions à se poser ensemble pour dépasser le truc. Ma colère redescend tranquillement et il me sera plus facile d’être constructive même si je me sens un peu impuissante.
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Alabama-flemme (invité)
le samedi 10 décembre 2022 à 13h40
Bon ben il m’aura fallu 24h pour dépasser mon sentiment de trahison 😂
Donc j’ai ma réponse : il faut attendre que ça retombe.
Par contre je vais avoir besoin qu’on en reparle mais c’est déjà prévu.
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Ayna
le dimanche 11 décembre 2022 à 06h47
Perso quand je suis aux prises avec une émotion en lien avec une de mes blessures de base, j’attends.
L’émotion naît, vit et meurt. Paix à son âme.
Ça dure rarement plus de 4 jours. Et 4 jours c’est vraiment pour une émotion très remuante.
Si ça dure plus, je considère que c’est pas un problème d’émotion ponctuelle mais un truc bien profond et je prends rendez-vous avec un thérapeute 😁
Post situation réactionnelle, si c’est un sujet intéressant pour améliorer le confort relationnel, j’en parle tranquillement.
Merci pour la réflexion sur les règles, @Topper. Je suis bien d’accord avec tout ça. Quand je me suis vue moi -éprise de liberté- commencer à réclamer des règles pour me sécuriser, je suis tombée en compassion profonde avec tous les contrôlants de la planète 🙃😂 J’ai donc pris l’engagement avec moi-même de les faire tomber une à une sur une durée assez longue pour ménager l’enfant terrorisé en moi et assez courte pour donner sa place à l’adulte secure qui -non non non- n’a plus besoin de contrôler son environnement pour se rassurer et est capable d’accepter les choses telles qu’elles sont (ici aussi c’est moine bouddhiste au petit dej 😄)
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
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Topper
le dimanche 11 décembre 2022 à 09h23
Alabama
Et si en plus il y a eu une demande explicite, je vais aussi très mal le prendre ou je comprendrais que l’autre prenne mal que je n’ai pas respecté la demande.
Tu comprendrais que l'autre le prenne mal parce que toi-même tu le prendrais très mal. Tu rajoutes que c'est du bon sens pour toi.
Cela correspond à ton système de valeurs. Tu le projettes sur les autres. On a tous tendance à faire ça. C'est un fonctionnement habituel.
Pourtant, il faut tenter de ne pas se fier à ça. Tout le monde n'a pas le même système de valeurs. Certaines choses sont du bon sens pour toi, mais ce ne sera pas le cas pour d'autres personnes. Tu vas porter une importance capitale à certaines choses, pour d'autres ce sera des choses différentes.
Ce qui te semble du bon sens et primordial pour toi, peu tellement être si peu important pour l'autre que si la règle n'est pas respectée, cela n'a aucune conséquence pour l'autre. Cela n'a tout simplement la même signification ou la même portée.
Cette façon de croire qu'il y a du bon sens tellement évident que c'est censé être du bon sens pour l'autre peut faire qu'il y a beaucoup d'implicite dans la communication.
L'implicite est un piège. Il est source de non-dits, de malentendus et incompréhensions.
Bien garder tout ça en tête aide à relativiser les actes de l'autre, à être davantage dans la compréhension lorsque nous sommes contrariés et/ou blessés. Cela nous invite également à surtout communiquer ce que l'action nous a fait ressentir plutôt que sur le non respect d'une règle explicite ou implicite.
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.
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jeanluc66
le dimanche 11 décembre 2022 à 09h42
Assez d'accord avec @Topper... On a tendance à trop penser à la place de l'autre. Et puis l'établissement de "règles" est parfois une concession avec l'autre sur des choses qui n'ont pas lemême niveau d'importance. Rien ne vaut la communication explicite, d'autant que les règles sont amenées à évoluer en fonction des vécus et des changements d'importances qui évoluent aussi.
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Alabama
le dimanche 11 décembre 2022 à 10h00
En l’occurrence cela avait tout autant d’importance pour lui. J’ai l’impression que vous ne me lisez pas 😅. Il a admis qu’il l’aurait aussi très mal pris en sens inverse. Je fais confiance à ma colère : elle m’indique qu’une limite a été dépassée. Alors certes vous mangez tous du moine bouddhiste au p’tit dej’ mais en ce qui me concerne, avant de devenir un moine, je m’écoute. C’est en ne s’écoutant pas que les gens se retrouvent dans des relations toxiques.
Ok pour le bon sens qui n’est pas le même pour tout le monde : cependant il y a des bases de ce qu’est prendre soin des autres, être en empathie. Et ça se traduit en acte sinon c’est juste des vœux pieux.
J’ai ma petite idée des raisons pour lesquelles cette erreur a pu arriver. Et elle a à voir à mon sens avec le fait de prendre soin de soi : quand on ne prend pas soin de soi c’est difficile de prendre soin des autres . Il est pardonné déjà, et j’accepte qu’il puisse (et que je puisse) encore se planter à l’avenir : mais cette erreur est loin d’être anodine.
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Impedimenta
le dimanche 11 décembre 2022 à 11h49
Bonjour Alabama,
Ce que tu dis semble très juste et "faire confiance à sa colère" (ou autre émotion forte, même momentanée) me semble un excellent conseil dans tout type de relation, voire toute situation de vie ;)
J'ai l'impression que le petit malentendu dans les réponses que tu as reçues vient de l'usage du mot "règle", qui renvoie à autre chose, pour ceux qui t'écrivent, que ce dont tu parles (= une discussion et un accord avec ton partenaire sur les meilleures manières de prendre soin l'un de l'autre). Si je comprends bien, c'est le fait qu'il n'ait pas fait le nécessaire pour être près de toi pour une annonce potentiellement compliquée qui t'a blessée, alors que vous aviez déjà parlé de comment gérer ce type de situation... Et non le fait qu'il n'ait pas respecté une "règle".
Comme tu dis, les humains sont imparfaits, et c'est bien de ne pas t'enfermer dans ta colère, mais c'était aussi essentiel d'en reparler entre vous, et que lui aussi reconnaisse qu'il a merdé... (c'est ce qui s'est passé si j'ai bien compris, et ça met toutes les chances de votre côté pour que ça ne se reproduise pas :) )
Par ailleurs, même si c'est à côté de la plaque pour ton histoire (mais à la décharge des contributeurs ton message initial était un peu trop abstrait pour pouvoir être compris du premier coup...), la discussion générale est vraiment intéressante, alors merci à tout le monde !!
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Alabama
le dimanche 11 décembre 2022 à 12h54
@Impedimenta : oui tu as raison c’était flou car je voulais essayer de ne pas raconter toute ma vie. Ce qui m’intéressait c’est de voir comment font les autres, très concrètement, pour dépasser ces situations.
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Topper
le dimanche 11 décembre 2022 à 13h31
Alabama
En l’occurrence cela avait tout autant d’importance pour lui. J’ai l’impression que vous ne me lisez pas 😅. Il a admis qu’il l’aurait aussi très mal pris en sens inverse.
Si, si, tu es lue. Je ne réagissais pas à l'évènement initial que tu as relaté, mais à une formulation qui laisse transparaître un mécanisme de pensée.
C'est juste des conseils que tu peux juger pertinents ou pas selon vos propres fonctionnement. Et puis ça peut être utile à d'autres personnes qui lisent. Si j'avais eu ces conseils en débutant la non-monogamie, cela m'aurait évité bien des déboires avec ma compagne. 😅
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artichaut
le dimanche 11 décembre 2022 à 20h26
Alabama
Qu’avez vous fait en tant que « personne fautive » ?
Selon les cas :
J'ai nié. J'ai fui. Je me suis justifié. J'ai envoyé chier l'autre.
J'ai écouté. J'ai été empathique. J'ai essayé d'entendre la souffrance de l'autre sans culpabiliser moi. J'ai demandé si je pouvais réparer.
Je n'ai rien promis.
J'ai essayé de comprendre ce qui m'a fait faire ça.
J'ai essayé de me demander à moi-même (pas toujours avec lucidité) si je risquais de recommencer. S'il s'avérait que je pensais que oui (que je risquais de recommencer) je l'ai dit (pas tjs avec tact).
Je me suis demandé si la relation était, à mon sens, viable et j'ai essayé d'en tirer des conclusions ("qui s'impose").
J'ai assumé.
Alabama
Qu’avez-vous fait en tant que « personne trahie » ?
Selon les cas :
J'ai été en colère. Je me suis barré.
Je n'ai pas identifié ça comme de la trahison. J'ai été déstabilisé. Je n'ai sû que faire, et ça m'a miné longtemps.
J'ai rongé mon frein. J'ai attendu que ça passe. J'ai été discuter avec l'autre (sans forcément utiliser le mot "trahison" qui est un mot très fort, ou pas d'entrée de jeu, ou avec des précautions)
Je me suis questionné sur moi-même. Pourquoi ai-je ce sentiment ou cette émotion d'être trahi ? Qu'est-ce que ça m'apprend sur moi ? Suis-je moi même une personne qui trahi (j'ai longtemps cru que non) ? Suis-je capable de me pardonner, quand c'est moi qui trahi l'autre ?
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artichaut
le dimanche 11 décembre 2022 à 20h37
J'ai bien conscience que ça n'est pas ta demande @Alabama, mais j'ai envie d'ajouter quelque chose.
Je suis une personne très contrôlante et je me suis souvent acoquiné (comprendre mis en relation) avec des personnes elles-même très contrôlantes (j'ai besoin de répondant dans la relation).
Selon certains écrits la blessure de trahison est l'apanage des personnes contrôlantes (ou le contraire). De fait, j'ai été beaucoup confronté (conscienmment ou non) au sentiment de trahison et je me suis longtemps crû moi-même meilleur (dans le sens de ne pas trahir l'autre) sur ce terrain-là que celles et ceux que je fréquentais. Je ne saurais dire ce qu'il en est réellement. Je suis fiable et faillible à la fois.
Que je sois celui qui trahi (quand j'accepte de l'admettre) ou celui qui est trahi (quand je l'accepte également), à chaque fois j'ai eu des choses à apprendre sur moi (certaines que je n'ai pas fini d'apprendre, concernant les grandes trahison).
Et je vois du coup du lien avec la jalousie. (J'adore le sentiment de jalousie car il m'apprend plein de choses sur moi).
Et plus ça va, plus je m'intéresse (ou j'essaie de m'intéresser) à ce que les émotions ont à m'apprendre, plutôt qu'aux actes en eux-même (les miens ou ceux des autres) qui ont provoqué cette émotion.
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artichaut
le dimanche 11 décembre 2022 à 20h52
Alabama
J’ai ma petite idée des raisons pour lesquelles cette erreur a pu arriver. Et elle a à voir à mon sens avec le fait de prendre soin de soi : quand on ne prend pas soin de soi c’est difficile de prendre soin des autres.
…voir il peut y avoir un petit côté maso à provoquer inconsciemment ce qui va faire que l'autre va "prendre soin de nous" (comprendre : nous engueler, nous recadrer, etc). On a les shémas affectifs qui sont les nôtres…
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Alabama
le dimanche 11 décembre 2022 à 23h01
@artichaut : merci beaucoup pour ta réponse, c’est un peu ce type de retours que je cherchais, et merci pour la sincérité : n'étant pas une moine bouddhiste, les expériences des humains non-moines m'intéressent au plus haut point ;)
Suite à ton partage, je me suis posé les questions à moi-même.
Je ne me rends pas compte si je me sens souvent trahie: je n’ai pas une mémoire infaillible. Mais j’ai l’impression que c’est assez rare. Beaucoup plus rare que d’être en colère par exemple (même si les deux peuvent aller de paire).
Je ne crois pas qu’on m’ait jamais accusée d’avoir trahi. Bon et j’accuse rarement d’avoir trahi, c’est pour ça aussi que je parle de « me sentir trahie » ce qui est une nuance importante à mes yeux, surtout quand je sais que l’autre est de bonne foi.
J'ai comme toi auparavant, l'impression de ne pas trahir. Mais j'ai repensé à un épisode très très récent, où par étourderie, j'ai mise très en colère une amie proche à moi. Cela m'a permis de me connecter à la "moi faillible" et donc de ressentir de l'empathie pour cet amoureux.
Je suis d’accord que ces événements nous permettent d’apprendre. Sur moi je ne sais pas, je n’ai pas assez de recul je crois. Je pense que l’émotion était proportionnelle au soin qu’on avait pris ensemble de se mettre d’accord sur un truc. Ça c’est pour ce qui concerne la relation. Et proportionnelle au nombre de fois où ma parole n’a pas été entendue dans mes histoires amoureuses. Or là j’ai été entendue sans difficulté et ça change tout. Ma colère est repartie comme elle était venue. Il m’a suffi d’attendre un peu, de me reconnecter à l’amour profond que je ressens pour cette personne et accepter que finalement, aucune règle aussi parfaitement mise en place soit-elle, aussi simple et non contraignante soit-elle, ne me protège de quoi que ce soit.
L’idée du petit côté maso m’a amusée. Je retiens dans un coin de ma tête.
De mon côté, je me suis demandé si une part de moi n'attendait pas qu'il merde : en effet je suis quand même super méfiante envers les hommes quand j'entre en relation amoureuse avec eux, parce que j'ai pas mal d'expérience de non-respect manifeste de leur part. Cette relation contribue à m'en guérir, comme d'autres relations auparavant, mais il en reste toujours un peu.
Pour répondre à ma propre question :
- j’ai exprimé très clairement ma colère (avec intensité , j’ai appris ces dernières années à ne pas avoir peur du conflit et à en accepter les conséquences éventuelles ) : cette étape m’a rendue joyeuse après coup, le sentiment d’être en accord avec moi-même
- de son côté il a expliqué ce qui s’est passé , sans trop se justifier et en admettant sans difficulté qu’il avait merdé + il s’est rendu disponible pour en discuter + il a présenté des excuses
- ensuite j’ai pris le temps de laisser décanter 24h. La colère est retombée, et là j’ai commencé à me demander comment faire et je me sentais démunie et impatiente que ça se règle, mais aussi j'ai eu la tentation de "laisser mariner" plus longtemps, comme pour "punir" ou "faire apprendre la leçon". Je n'ai pas cédé à la tentation.
- j’ai donné des nouvelles à l’autre pour rassurer et bloquer sa culpabilité qui n’allait pas nous aider, et fait la demande qu’il prenne le temps de se poser et de réfléchir avant qu’on reparle
- j’ai beaucoup réfléchi. Je vous ai lus. Et j’ai conclu que je ne pouvais pas attendre de lui que ça ne recommence pas. J’ai considéré que ça valait le coup quand même, notamment s’il était capable de voir ce qui fait qu’il a merdé et comment on peut faire avec ça. Je me suis aussi dit que j’étais pas enfermée et que c’était pas parce que j’acceptais de passer au-dessus de cet épisode que ça voulait dire que je me laisse marcher dessus et que j’accepterais encore 10 épisodes de ce genre.
- j’ai lu des trucs sur internet sur le fait de « choisir » de refaire confiance ( bon c’était à propos d’adultère ce qui ici n’est pas du tout le cas mais les conseils me parlaient bien), et j’ai trouvé que c’était beau. J’ai décidé avec moi-même que je renouvelais mon engagement à aimer
- il avait bien réfléchi de son côté et a été honnête sur le fait que ça pourrait se reproduire
- on s’est dit qu’à l’avenir plutôt que de se lancer tête baissée à raconter notre vie on tentait plutôt de s’appeler, cette fois sans règle bien définie mais plutôt comme quelque chose à reinterroger à chaque fois.
- il a redéfini des priorités dans sa vie pour être moins dispersé
Bref ma colère était tellement forte que j’ai cru que ce serait long et difficile et en fait bah pas du tout. C’était plutôt simple finalement : c’est presque comme si j’avais même oublié pourquoi ça m’a tant blessée sur le moment. J’ai même été contente que ça nous arrive et que ça me donne l’occasion d’expérimenter ce processus. J’avais un peu peur mais j’étais en même temps joyeuse, et c’était aussi une opportunité que je n’imaginais pas de pouvoir réaffirmer que je tiens à cette relation sans pour autant la dimension de dépendance, plutôt comme un choix conscient et serein. Je n’ai pas vécu cela souvent dans ma vie alors c’est un cadeau et je le prends comme tel.
Message modifié par son auteur il y a 3 ans.