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Cendre
le dimanche 23 février 2014 à 18h33
Je reviens ici parce que je sens que je vais avoir besoin de soutien.
Et en même temps, ce sentiment d'injustice profonde : moi pour avoir du soutien, il suffit que je vienne écrire ici, et j'aurais, très vite, je le sais, je l'ai éprouvé plus d'une fois, des messages tout à fait éclairants.
Lui, ça fait un an qu'il s'est coupé du monde. Par son mensonge. Le mensonge que je n'ai pas voulu et qu'il a porté lui, à bout de bras, autour de notre mariage.
Je ne veux pas d'un mariage qui le détruise.
S'il est vraiment mono au point de ne pas pouvoir vivre avec une poly, alors qu'on se sépare : je ne pourrais jamais lui être exclusive.
Mais bon sang que ça fait mal !!
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Il m'a demandé l'exclusivité sexuelle la semaine dernière. A ce moment là, on avait mis à plat que j'avais fait des efforts qu'il ne demandait pas (me restreindre dans mes sorties) et qu'il avait fait des efforts que je n'avais pas demandé (tout prendre sur lui sans rien dire). Alors là, il me fait une demande, explicite, car de son point de vue c'est ça qui le bouffe, et pas le reste, pas la notion d'amour, mais la notion d'intimité physique, de mise à nu...
J'ai retourné le truc un bon moment. Et j'ai dit oui. Parce que j'avais peur de sa réaction de désespoir si je disais non. Parce que c'était sa première demande, donc un premier pas vers l'acceptation. Il m'a mis en garde, de ne pas me retourner, de ne pas revenir sur ma décision, et parce que je l'aime et que je ne m’engageais sur aucune durée, j'ai dit oui.
En deux heures de temps, j'ai eu l'impression de m'être trahie au plus profond de moi.
Tout ceci n'est que mensonge.
Mais comment vivre autrement au sein de notre belle société ?
Trahison, factice. Je pouvais respecter cette promesse mais elle ne signifiait rien pour moi, c'était complètement décalé (je ne parle même pas de l'impact que cette décision avait sur mes autres relations, car je souhaite me centraliser ici sur moi et cette relation principale que j'ai avec mon mari). C'était de mon point de vue une demande soit de preuve d'amour ou de prise de contrôle.
Hors je n'ai pas de preuve à donner de mon amour. Car ce dernier est fluctuant, même pour l'homme de ma vie avec lequel je me suis mariée pour vieillir avec lui.
Et je ne veux pas qu'il prenne contrôle sur moi. Il n'a pas à intervenir dans ce que je fais ou ne fais pas avec quelqu'un d'autre.
J'avais de plus en plus l'impression de continuer le mensonge en acceptant de me prêter à ce qui me semblait de plus en plus une mascarade d'amour.
Comme dit mon psy :
Pour beaucoup, l'amour est conflictuel, conditionnel et fusionnel, alors que qu'il devrait être simple, inconditionnel et libre.
Alors je me suis désengagée.
Mon mari a trouvé que je changeais d'avis drollement vite.
Que je fais pas d'efforts, pas de concessions.
Je réponds que je suis prête à faire des efforts pour aller dans une direction que je trouve bonne, et que celle du contrôle et de la preuve d'amour me semble mauvaise.
Il me dit que d'une c'est pas ça qu'il demande, et que de deux, je ne fais que les efforts qui ne m'en coûtent en fait pas, donc au final, pas d'efforts.
Et il s'est retourné, complètement.
Il m'a proposé autre chose.
De vivre comme je l'entendais.
Il ne veut plus que je fasse d'efforts pour lui, plus rien. Je vis polyamoureuse et c'est tout.
Et moi, j'étais juste heureuse de cette proposition.
Parce que j'en ai marre de me demander jusqu'au jour même si je vais aller ou non à ce café poly, si je vais oser ou non rester papoter avec l'un ou l'autre.
Parce que ça fait un an que je meure d'envie d'organiser une nuit hors de mon lit conjugal.
Alors voilà.
Je fais ce qui me plait.
Il dort, donc je regarde un truc qu'il aurait jamais voulu voir avec moi (Tomboy - qui traite aussi du mensonge)
J'ai pas cédé : il a l'impression que je le piétine toujours plus. Que lui a cédé.
Je lui dit qu'il peut me demander ce qu'il veut. Il répond que non, j'ai pas tenu deux jours l'engagement. Je répond que c'est pas pareil : me demander de faire pour lui ou faire avec lui, c'est très différent que de m'interdire quelque chose avec un autre.
Mensonge contre mensonge, ce n'est qu'une question de point de vue.
Nos points de vue sont-ils conciliables ?
Et si non ? on renonce à notre mariage ?
J'ai vu le mal que ça m'a fait, de remettre notre mariage en cause. Parce que j'étais sincère, quand j'ai signé, je voulais vraiment vieillir avec lui, mais si c'est pour qu'il continue de s'écraser pour moi, non.
En attendant je le vois qui coule encore plus profond.
J'attend un sursaut de dignité, quelque chose pour qu'il reprenne pied, se décide enfin à remonter.
J'ai passé un an à faire attention à ne pas prendre de dédisions à sa place, à vouloir l'informer, à tenter trop maladroitement de l'inclure, à le regarder couler sans que je réalise vraiment.
Aujourd'hui, je le considère malade, et je veux pas qu'il se relève sur une conception fausse de notre couple. Je veux qu'il se relève seul. Alors je lui dit ce que je pense, mon point de vue sur la vie, sur ce qu'il doit faire (faire attention à lui, prendre soin de lui, faire ce qui lui fait plaisir au lieu d'interdire à d'autre) et il commence à s'en plaindre, que j'ai pas à lui dire quoi faire.
Je sens le lien entre nous se distendre un peu plus chaque jour.
...
Combien de temps lui faudra-t-il pour renaître ?
(dépression masculine : on m'a annoncé le chiffre de 18 mois, soit le temps depuis lequel je suis poly)
Et cet homme nouveau, en serais-je toujours amoureuse ?
Dans tous les cas, il va falloir faire avec.
Avec, et pas malgré.
Mon corps m'appartient. Je suis une femme libre, et tant pis pour le regard des autres.
Merci à ceux qui m'ont lu.
(merci aussi à tous ceux qui m'ont soutenu ces derniers mois, malgré le peu de nouvelles que je donnais)
Cendre.
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PS : j'ai demandé à mon psy son autorisation pour que je transmette ses coordonnées : contactez moi si ça vous intéresse, je vous les donnerais.
Message modifié par son auteur il y a 9 ans.
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juby
le dimanche 23 février 2014 à 19h59
Je n'ai pas de solution miracle pour toi, mais je crois que tu fais bien. Même si c'est difficile pour lui, même si ça remet en cause un paquet de truc, il faut être capable d'être soi.
Je laisse les plus expérimentés te conseiller.
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EntreDeux
le dimanche 23 février 2014 à 21h13
En fait vous auriez peut être besoin d'une tierce personne "neutre" qui vous aide ? Ton mari accepterait il une thérapie de "couple" ? L'avez vous déjà tentée ? Ton psy a l'air poly friendly si je te comprend bien, pourquoi pas avec son aide ? Surtout que ton mari est malade en effet, semble t il... (je n'avais pas lu tes précédents fils, donc je sais pas ce que vous aviez déjà ou pas tenté).
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Green-Man-Outside
le dimanche 23 février 2014 à 23h54
Cendre
Parce que j'en ai marre de me demander jusqu'au jour même si je vais aller ou non à ce café poly, si je vais oser ou non rester papoter avec l'un ou l'autre.
Parce que ça fait un an que je meure d'envie d'organiser une nuit hors de mon lit conjugal.
"If you think adventure is dangerous, try routine : it's lethal."
Cendre
Je lui dit qu'il peut me demander ce qu'il veut. Il répond que non, j'ai pas tenu deux jours l'engagement.
C'est la différence entre demande et exigence (CNV inside).
Cendre
Aujourd'hui, je le considère malade
Je ne connais pas votre histoire, ne souhaite pas la connaître plus avant mais le premier truc qui me vient à l'idée quand je lis cette phrase c'est : patient désigné.
Mais bon, il est peut-être réellement dépressif, tant serait prouvé qu'une dépression est autre chose qu'une prise de conscience qui ouvre une porte pour s'échapper de la matrice de sa vie pourrie. ("sa" généraliste, c'est une réflexion globale sur le burn-out et la dépression).
Cendre
J'ai vu le mal que ça m'a fait, de remettre notre mariage en cause. Parce que j'étais sincère, quand j'ai signé, je voulais vraiment vieillir avec lui, mais si c'est pour qu'il continue de s'écraser pour moi, non.
Perspectives temporelles. T'étais sincère quand t'as signé. C'était pas hier. Peut-être que la sincérité aujourd'hui c'est le divorce.
Cendre
Nos points de vue sont-ils conciliables ?
Et si non ? on renonce à notre mariage ?
Palsambleu non, vous iriez en enfer. Et en enfer, ils pratiquent le polyamour :-D
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LuLutine
le lundi 24 février 2014 à 06h08
Ah chère Cendre...
Moi aussi, je voulais vieillir avec lui...que dis-je, avec eux...
Mais tout pareil, si c'était pour le voir malheureux, ce n'était pas la peine.
J'avais tenu mes engagements, j'avais fait le maximum pour dialoguer. Et comme toi, pour laisser le choix à l'autre (bon, laisser le choix à quelqu'un qui se fait manipuler, je ne sais pas si c'est une bonne idée, mais comme je me refuse à user moi-même de ce genre de procédé...).
Parfois on ne peut pas tout arranger.
L'un est parti en m'insultant, l'autre en racontant des mensonges plus gros que lui à qui voulait l'entendre...
J'espère que ton mari n'en arrivera à aucune de ces extrémités. Ni à une quelconque autre extrémité, d'ailleurs. Que vous arriverez à dialoguer (ce qui ne préjuge aucunement de l'issue du dialogue, cela dit).
J'ai le sentiment qu'en s'enfermant dans le mensonge que tu évoques, ton mari n'a peut-être pas fait le deuil de votre relation. Je veux dire, telle qu'elle était avant. (?)
Je me demande si la priorité ne serait pas pour lui de faire ce deuil. Et de voir ensuite s'il veut reconstruire quelque chose avec toi, ou pas. Les choses ne peuvent pas redevenir comme avant : en est-il bien conscient ???
De plus en plus, j'ai l'impression que certaines personnes ont besoin de mouvement, de fluidité dans leur vie...et que d'autres sont incapables de les suivre (quand je dis "incapables", c'est sans jugement de valeur, c'est juste un constat). Tu suis un chemin, et tu sembles bien décidée à y rester (c'est sûr, on est soeurs jumelles). S'il n'est pas prêt à l'emprunter avec toi... (ou au moins à trouver un chemin parallèle...)
Chère Cendre, tellement d'indicibles se bousculent au fond de mon âme en te lisant...peut-être que par télépathie ?