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Discussion : Dire est-il une bêtise? je m'enlise

Paul-Eaglott
le mercredi 09 mai 2012 à 09h13
mouvante
Du coup, je cherche d'autres portes de sortie (que mon mari suggère pour certaines) : je ne l'aime plus (euh oui mais alors pourquoi je n'ai tellement tellement pas envie de le quitter), je l'aime moins, je me trompe dans ce que je ressens pour l'autre homme, c'est une illusion due à mes hormones...?? ?
Tu viens de me donner une super idée, et je vais illico déposer le brevet : il s'agit de mettre au point un amouromètre. Ce sera un peu comme un voltmètre : il y aura deux petits câbles électriques terminés par des électrodes, reliés à un cadran avec une aiguille mobile. On pourra se mettre une électrode sur le coeur et l'autre dans l'oreille (par exemple), et l'aiguille nous dira si ce qu'on ressent c'est de l'amour ou pas.
Sérieusement, tes questionnements touchent à un problème central : c'est quoi, l'amour ?
Personne n'a accès au ressenti d'autrui pour pouvoir comparer nos émotions avec celle des autres et se mettre d'accord sur le sens des mots qui nomment nos émotions, ou sur les symptômes qui nous permettent de repérer qu'il s'agit de telle ou telle émotion.
Comment savoir si l'émotion que Trucmuche nomme "amour", moi -- si je ressentais la même chose -- je ne la nommerais pas "désir", ou "passion", ou "névrose possessive", ou "tendresse", ou "rage libidineuse", ou "troublante curiosité", ou "sérénité"...? Bref, là aussi on est tous plus ou moins paumés, et la sacralisation de l'Amour dans notre culture ne nous aide pas à dédramatiser.
Je crois que cette crispation que nous ressentons souvent pour savoir si "c'est de l'amour ou pas", elle est vraiment liée à la culture dominante. Puisque le sexe et le plaisir, c'est mal, il faut leur trouver une excuse pour les rendre honorables. Cette excuse officiellement valable, c'est l'Amour. Si tu ressens de l'Amour, alors oui, tu peux valablement avoir envie de toucher, de coucher, de jouir et de faire jouir, mais aussi de posséder -- et même de tuer (crime passionnel, c'est parfois acquitté). Si tu n'as pas d'Amour et que tu as quand même envie de partager de la tendresse ou du plaisir, alors tu es dépravé(e), c'est grand péché et tu perds ton honneur.
Dans ces conditions, on est souvent amenés à se demander avec angoisse si ce qu'on ressent c'est vraiment de l'amour, parce que ça peut changer jusqu'à l'image (et l'estime) qu'on a de soi-même.
Personnellement, je trouve que ça décrispe pas mal d'inclure dans la définition de "amour" tout ce qui relève de la bienveillance. Avoir envie de caresser, de partager du plaisir (même furtivement et sans lendemain), de donner de la tendresse, d'offrir un peu de bonheur, etc. au même titre que vouloir faire sa vie avec, être prêt à se sacrifier pour, ne penser qu'à, etc.
Considérer que tout ça est légitime, et ne constitue QUE du positif, et que donc ça se suffit, sans nécessiter d'autre justification, il me semble que ça permet d'évacuer le problème inutilement encombrant et insoluble : "aime-je or not aime-je ?"
Donc, Mouvante, est-ce que tu aimes ton mari ? Peu importe : tu as envie de rester avec lui, c'est une émotion positive et un désir légitime à prendre en compte. Est-ce que tu aimes ton ami ? Qu'est-ce que ça peut faire : tu as envie de le voir et de passer du temps avec lui, c'est aussi un désir légitime à prendre en compte...
Evidemment, c'est mal vu par la société et par la plupart des humains qui la composent. Mais commencer par ne pas culpabiliser soi-même des élans bienveillants et positifs qu'on peut ressentir envers d'autres, ça peut constituer un progrès, et faciliter la recherche de solutions épanouissantes. :-)
Bien sûr, ce que je viens de dire ne résout pas l'autre grande question à laquelle tu es confrontée ; comment faire reconnaître tes désirs comme légitimes à ton mari, qui est pour l'instant en plein accord avec la culture dominante monogame.
Et là-dessus, je n'ai pas de réponse disponible immédiatement.
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
Discussion : Dire est-il une bêtise? je m'enlise

Paul-Eaglott
le mercredi 09 mai 2012 à 06h55
Ray_Striker
Du coup pour moi, tout le monde pouvait être polyamoureux car "aimer plusieurs personnes à la fois".
Cela dit, ça n'empêche pas : tout le monde peut être polyamoureux, mais ça suppose de dialoguer honnêtement et de rechercher un consensus. Et parfois de se heurter à l'échec.
Ray_Striker
Et par exemple, avoir plusieurs partenaires sans avoir aucun sentiment pour eux, mais qu'ils soient tous au courant et OK rentre dans la définition du polyamour ?
Dans la définition anglo-saxonne que j'ai choisi d'adopter, oui oui oui ! :-)
(Cela dit, "n'avoir aucun sentiment", c'est un peu un exploit de froideur, et je n'arrive pas bien à imaginer. Ce que j'imagine plus facilement, c'est d'avoir des partenaires qu'on aime bien, et pour qui on a de la tendresse ou du désir, sans qu'il soit question d'amour.)
Ray_Striker
Dans le cas de mouvante, le fait d'en parler avec son mari et essayer de trouver un consensus, c'est ça le polyamour, et non pas le fait d'être amoureuse (ou non) de deux personnes à la fois.
Absolument.
Ou tout au moins, c'est une tentative de passer au polyamour ; parce que si aucun consensus n'est trouvé, ou si son mari n'accepte jamais le principe d'une non-exclusivité, on ne pourra pas vraiment parler de polyamour : il y aurait alors soit rupture, soit soumission de l'un des deux aux exigences de l'autre, soit poursuite d'un adultère dans le mensonge.
Le polyamour suppose une forme d'éthique : ne pas forcer la main, être honnête dans l'énoncé de ses propres désirs mais être prêt à renoncer à les vivre tant qu'on ne trouve pas de consensus avec les partenaires concernés... Ca n'est pas la liberté totale où chacun fait ce qu'il a envie de faire sans tenir compte des autres (sauf s'il a la chance que lesdits autres soient totalement souples, sans failles et sans exigences, mais est-ce que ça existe ? ) Du coup, le polyamour, c'est parfois compliqué, frustrant et éprouvant, souvent fatigant. Et ça ne convient pas à tout le monde. Pour bien des gens, l'adultère et le mensonge sont une façon de procéder plus adaptée que le polyamour. Et je m'abstiens de tout jugement à leur endroit.
Ray_Striker
Y compris dans ce forum, la définition première n'est pas la même pour tout le monde j'ai l'impression...
C'est le moins qu'on puisse dire. (J'ai même trouvé un inscrit qui dit de lui-même "je suis polyamoureux, mais heureusement que ma femme ne le sait pas : elle ne le supporterait pas !")
C'en est souvent décourageant, parce que du coup, ne parlant pas de la même chose sans toujours en être conscients, les forumeurs se comprennent mal, que ça génère des malentendus dans tous les sens, des mises au point envahissantes, et qu'il est difficile pour ceux qui viennent chercher un avis "éclairé" de s'y retrouver.
Ben tu vois, Ray_Striker : toi et moi ça doit être du polaymour, parce qu'on a fini par trouver un consensus ! (Va falloir que je me repenche sur la définition, parce que j'ai l'impression que j'ai zappé une dimension, là... :-D )
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
Discussion : Comment aider mon conjoint (mono) à accepter ma relation avec un autre?

Paul-Eaglott
le mardi 08 mai 2012 à 23h11
Il y a plusieurs axes à explorer, simultanément ou non.
L'un d'entre eux est de bien comprendre que ce qui s'exprime à travers le "problème" de ton mari, c'est une de ses propres névroses (même si ce mot n'est peut-être pas le bon). Ce qui le fait souffrir, c'est un manque de confiance en lui-même, qui le pousse à imagine que "l'autre" est un meilleur amant, qui te met dans des états incroyables que lui-même (ton mari) est moins bien, insuffisant, etc. C'est bien humain, mais c'est à lui de faire le travail d'introspection qui lui permettra de comprendre d'où lui viennent ses projections angoissantes et de les résoudre. Donc, a priori, TU ne peux pas le rassurer. Tu peux lui témoigner que tu l'aimes et le désires autant qu'avant que tu aies un ami, et que tu apprécies vraiment le plaisir qu'il te donne, mais ça ne suffira sans doute pas.
A l'inverse, il serait sans doute contre-productif (ou mensonger et donc insatisfaisant) de chercher à dévaloriser aux yeux de ton mari ce que tu vis avec ton ami. Donc ce n'est sans doute pas dans ce sens qu'il faut t'aventurer.
Toutefois, même si ce sont ses névroses et qu'il en est responsable, il n'en est pas coupable! Et il est important que, sans chercher à y répondre (ni à le rassurer puisque ce n'est pas de ton ressort), tu entendes la souffrance qu'il exprime, et qu'il sache qu'il peut t'en parler sans que tu le rejettes ou le juges. Ca ne le rassurera pas, mais tu peux peut-être le remercier d'accepter d'endurer ça pour te permettre de vivre ton autre relation, et lui reconnaitre sa part de générosité et... d'héroïsme... Et aussi l'encourager à faire ce qu'il faut pour se débarrasser de ses fantasmes angoissants.
Maintenant, il y a aussi des petits trucs pratiques qui peuvent éventuellement aider. Il se peut que ton mari se fasse une image fantasmatique de ton ami en "homme idéal", et que le simple fait de le rencontrer permette de ramener ton ami à des proportions humaines aux yeux de ton mari. Et ça peut tout dédramatiser d'un coup. Dans le même ordre d'idée, et sans vouloir vous inciter à la débauche, partager une expérience sexuelle tous les trois peut éventuellement être un antidote aux projections fantasmées.
Mais de telles rencontres peuvent aussi être à doubles tranchants, ou avoir un effet inverse de celui escompté. Alors je me garderai de te les conseiller trop vivement.
Enfin, et très simplement, si les visions angoissantes de ton mari sont particulièrement aiguës aux moments où tu vois ton ami, il faut qu'il s'occupe dans ces moments-là d'une façon suffisamment accaparante, soit en voyant des amis (ou encore mieux une amante !) soit en se lançant dans des activités qui lui occupent l'esprit sans qu'il soit facile de s'en extraire.
Ou que vous vous mettiez d'accord pour qu'il ne sache pas quand tu vois ton ami, si ça lui paraît préférable. Auquel cas, ça te contraint à dissimuler des parts de ton emploi du temps, mais c'est différent d'un mensonge, s'il est d'accord pour que tu lui caches.
Evidemment, ces derniers conseils n'ont pas de valeur si les angoisses de ton mari sur la supposée supériorité sexuelle de ton ami sont présentes à tout moment. Mais bon, ça pourra servir à d'autres... :-)
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
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Paul-Eaglott
le mardi 08 mai 2012 à 22h24
Ray_Striker
Dans ce cas la ceux qui abordent la question avec leur conjoint sans avoir d'autres amours sont polyamoureux ?
En effet, les couples qui abordent la question de la non-exclusivité et qui, sans même avoir d'autres relations en vue, arrivent à se mettre d'accord sur le fait que ce serait envisageable pour eux, et que ce ne serait pas synonyme de trahison ni de malhonnêteté, et que ça n'entrainerait pas leur rupture si ça devait arriver, selon la définition que je retiens, et qui mentionne "...or acceptance...", oui : ils sont polyamoureux.
Ray_StrikerDu coup, et dans ton exemple du salaud (+) , beaucoup de gens se disent polyamoureux alors qu'ils ne le sont pas, non ?
Oui, j'en ai l'impression. Il faut dire que le mot "polyamour" prête à confusion. Si on ne prend pas la peine de lire la définition (qui insiste sur le respect, l'honnêteté, le consensus), on peut croire que le polyamour, c'est juste poly + amour, donc aimer plusieurs personnes. C'est dommage que ce mot ait été retenu pour la traduction en français de "polyamory". A noter : en anglais "amory" ne veut rien dire, du coup les anglophones doivent lire la définition pour savoir ce que "polyamory" signifie, et ne sont pas tentés de deviner (de traviole) le sens du mot, comme nous autres francophones avec "polyamour"
Tiens, j'en profite pour souligner au passage un glissement très net entre la définition anglo-saxonne et la définition française. En anglais, il n'est pas question de relations "amoureuses" ni "sentimentales", mais de non-exclusivité assumée dans les "intimate relationships". C'est-à-dire que ça inclut la non-exclusivité sexuelle, sans qu'il soit forcément question de sentiments profonds et romantiques. Le Wikipedia français parle de "relation sentimentale", ce qui est quelque peu différent.
Et je supplie l'Académie Française de ne pas oeuvrer à mon bannissement, mais je choisis plutôt la définition anglo-saxonne.
Ray_Striker Et quelle est la différence avec un couple ouvert ?
Le couple ouvert est une des formes possibles de polyamour. (Du moins si aucun des deux ne subit la situation sans l'avoir choisie, et qu'il y a bien consensus et respect, y compris vis-à-vis des partenaires extérieurs...)
Mais il y a bien d'autres façons de vivre le polyamour. Un célibataire peut être polyamoureux (mais c'est rare qu'il soit en couple ouvert ;-) ) ; il y a des trouples et des tryades, qui vivent à trois et qu'on ne peut pas assimiler à des "couples ouverts" ; il y a aussi des formes de non-exclusivité restrictives ou de poly-fidélité, ou la non-exclusivité est acceptée, mais uniquement avec certains partenaires déterminés, et où une escapade avec un nouveau partenaire serait mal vue... Bref, couple ouvert et polyamour ne sont ni contradictoires ni synonymes.
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
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Paul-Eaglott
le mardi 08 mai 2012 à 11h29
@boucledor
Je suis très d'accord avec toi. Vu le peu de visibilité du polyamour dans la société et la prépondérance de la pensée dominante (qui n'accepte comme solution digne que la monogamie exclusive), pour de nombreuses personnes, la découverte qu'il est possible de parler de non-exclusivité (et de trouver des solutions consensuelles pour vivre plusieurs relations sans mentir aux partenaires concernés) intervient tard, et souvent à un moment où toute la vie s'est organisée et construite sur la base de présupposés "mono".
(Et d'ailleurs, à l'inverse, comme tu le signales, on peut être polyamoureux à un moment et choisir de cesser de l'être... En effet, le polyamour n'étant pas une nature intrinsèque, mais une façon d'aborder la question de la non-exclusivité, chacun peut avoir un parcours personnel qui entre et sort du polyamour, selon ses choix, son courage (parce que parfois c'est un "travail" épuisant, la recherche de consensus !), les contraintes rencontrées, etc.)
Une des questions les plus souvent posées ici concerne l'introduction du polyamour dans les couples, c'est à dire la transition d'une vie de couple "classique" (et donc officiellement exclusive) vers une situation ouverte, où la non-exclusivité est une question envisageable et abordée entre conjoints.
Et, chaque cas étant unique, ce n'est pas la question la plus simple à résoudre :-/
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
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Paul-Eaglott
le mardi 08 mai 2012 à 10h25
@Ray_Striker
Tes analyses ne sont pas fausses, dans la mesure où elles correspondent au fonctionnement de certaines personnes (et sans doute le tien, par exemple) mais il me semble impropre de les généraliser.
Les phénomènes hormonaux existent (ocytocine, etc.) et peuvent conduire à l'état passionnel, mais ça ne fonctionne pas de la même manière chez tout le monde ni chaque fois pareil chez une même personne.
Là où tu dis "Nous le savons bien, la première phase de l'amour laisse moins la place à l'ouverture aux autres", il serait plus juste de dire "Il arrive que la première phase de l'amour..."
Il y a par ailleurs une question de définition des mots qui rend difficile la compréhension de nos dialogues. Et notamment la définition de "polyamoureux". Il n'y a, selon la définition du polyamour à laquelle je me réfère, aucune différence de nature entre les polyamoureux et les autres. La différence entre les polyamoureux et les autres, c'est que les polyamoureux choisissent de parler des questions de non-exclusivité, et que lorsque la situation se présente, ils cherchent à trouver, par le dialogue, des solutions respectueuses et consensuelles qui permettent à ceux qui veulent vivre une non-exclusivité de le faire, sans que leurs partenaires ne se sentent trahis ou forcés de subir.
Par exemple, si un mari dit à sa femme
Paul Icoul
Ecoute, ma chérie, j'ai l'impression que quelqu'un t'attire, ces temps-ci. Alors si tu veux, arrange-toi pour passer un moment avec cette personne, je vais peut-être souffrir un peu mais j'accepte. Si ça se passe bien entre vous et que vous avez envie de vous revoir, on en reparlera pour voir comment ça peut se gérer entre nous sans trop faire de dégâts, mais je ne souhaite pas être un obstacle à tes désirs ni à tes sentiments.>>
ce type est absolument polyamoureux, même si lui-même ne se sent capable d'aimer QUE sa femme et n'aura jamais aucune attirance pour qui que ce soit d'autre.
En revanche, celui qui dit un beau jour à sa conjointe
Papo Lidutou
Ecoute, ma chérie, je viens de découvrir un truc trop sympa, ça s'appelle le polyamour, et ça m'autorise à aimer d'autres gens que toi ; d'ailleurs je pars ce week-end avec une copine, mais il ne faut pas que ça t'inquiète, parce que je t'aime aussi, donc il n'y a pas de souci et ça ne sert à rien de prendre cet air contrarié, allez ciao et bon week-end.>>
il n'est absolument pas polyamoureux (même s'il aime vraiment sa femme tout en aimant son autre copine.) C'est juste un type capable d'aimer plusieurs personnes et de se comporter comme un salaud. Rien à voir avec le polyamour.
Du coup, Ray_Stryker, la façon dont tu abordes les questions me fait faire des bonds.
Quand tu dis "dans le cas de monoamoureux" ceci, et "chez le polyamoureux le nouvel amour s'ajoute au précédent", je ne peux absolument pas être d'accord. Pour moi, tu ne parles pas de polyamour, mais de capacité ou non à aimer plusieurs personnes à la fois, et CA N'EST PAS LA MÊME CHOSE !
Des gens qui se sentent capables d'avoir une attirance pour plusieurs personnes à la fois, y compris avec des sentiments, c'est hyper courant. Parmi eux, en partie à cause de la croyance fort répandue que c'est mal, il y en a qui renoncent à le vivre, d'autre qui le vivent en cachette et en mentant à leur conjoint(e). On les compte par dizaines de millions. Et puis il y en a qui font le choix du polyamour, c'est à dire qu'ils choisissent d'aborder la question avec leur partenaire pour trouver une façon de vivre les choses qui convienne à chacun.
Et c'est précisément pour aider ceux qui font ce choix-là et pour répondre aux questions spécifiques qu'il soulève que ce forum a été créé.
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
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Paul-Eaglott
le lundi 07 mai 2012 à 16h31
mouvante
Il m'arrive de penser que si mon mari acceptait que nous vivions cela, mon amour pour lui grandirait au contraire de ce qu'il peut penser.
Ca, je peux te confirmer que c'est des choses qui arrivent. Je connais plusieurs couples qui, après quelques années de vie commune et la dilution de leur amour -- ou du moins de leur désir -- dans la routine peu à peu installée, ont décidé de s'ouvrir au polyamour, et qui, dès la première concrétisation de cette liberté qu'ils s'accordaient, ont retrouvé entre eux toute la fougue et l'enthousiasme qui avaient disparu de leur relation.
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Paul-Eaglott
le lundi 07 mai 2012 à 16h20
Ray_Striker
D'ailleurs, que l'on soit monoamoureux ou polyamoureux, être de nouveau amoureux, ne provient-il pas d'un manque ou d'un besoin de changement ?
Ben non, ce n'est pas la seule configuration possible, évidemment !
Etre de nouveau amoureux, ça peut venir simplement du fait qu'une autre personne aimable a fait son entrée dans notre vie. Cette raison est éminemment suffisante :-)
Ta question, Ray_Striker, semble empreinte de l'idée que, lorsqu'on aime quelqu'un, tous nos sentiments se déterminent en fonction de cette relation.
Comme si, parce qu'on était amoureux d'une personne, on perdait subitement toute autonomie de jugement et de sensibilité envers les autres.
Il y en a peut-être qui fonctionnent comme ça, mais pas tout le monde.
Pour ce qui est des questions que pose Mouvante et que tu reprends dans ton post, je crois que personne ne peut y répondre à sa place. Que toutes les réponses qu'elle envisage sont des options possibles, et que seule son expérience finira par lui faire retenir une réponse plutôt qu'une autre. Et que d'ailleurs, la réponse n'aura d'intérêt que pour elle (et pour ceux avec qui elle partage sa vie et ses sentiments), mais que pour nous autres lecteurs, ça n'apportera pas d'information utile, puisque ça n'aura pas de valeur probante : ce ne sera qu'un exemple de ce qui est possible, sans qu'il soit possible d'en tirer une conclusion généralisable en théorème...
On pourrait éventuellement chipoter sur la formulation "ma nature de polyamoureuse", en remarquant que "polyamoureux" n'est pas une nature, mais un choix conscient : celui d'aborder d'une façon particulière la question de la non-exclusivité, en excluant le mensonge et la manipulation pour agir dans le respect, l'honnêteté et le consensus.
S'il peut y avoir une question de "nature", c'est éventuellement "de nature à pouvoir aimer simultanément plusieurs personnes", qu'il faudrait dire, mais cela n'est pas particulier aux polyamoureux. En effet, de nombreux adultères correspondent à cette situation, et il est parfaitement possible d'aimer plusieurs personnes en mentant aux unes ou aux autres, ce qui sort alors de la définition du polyamour.
Discussion : Dire est-il une bêtise? je m'enlise

Paul-Eaglott
le lundi 07 mai 2012 à 14h42
Bon.
C'est pas le moment le plus agréable à traverser, ni pour toi ni pour ton mari, de toute évidence.
Plusieurs petites remarques pour essayer de démêler certaines choses.
Dans la façon "classique" de penser, si Bidule s'intéresse à quelqu'un d'autre que sa/son conjoint(e), c'est forcément parce que quelque chose ne va pas dans le couple. Selon cette pensée dominante, "si tu en aimes un autre, c'est que tu ne m'aimes plus".
Mais dans ton cas -- même si ça reste à confirmer, et que tu dis toi-même que tu as un doute -- il se peut que ce ne soit pas forcément le cas.
Il se peut que les choses soient décorrélées, ou que la corrélation soit d'une nature plus subtile (ex : tu ne te sens pas bien avec ton mari parce que tu ne le sens pas en état de comprendre ta capacité à aimer deux personnes en même temps.)
Un(e) polyamoureux(se) peut en effet être très bien dans son couple officiel ET aimer quelqu'un d'autre. Ou être un difficulté dans son couple sans pour autant qu'une tierce personne soit en jeu.
Et toi, qui sait : peut-être aurais-tu été aussi sensible à cet autre homme sans être mal dans ta relation avec ton mari.
Or, dans la discussion avec ton mari telle que tu la relates, tu n'as pas distingué les deux choses, et tu as -- involontairement -- corroboré l'analyse classique qu'il avait de la situation : 1° tu lui dis que tu aimes quelqu'un d'autre 2° il en déduit que tu ne l'aimes plus et que c'est parce que tu n'es pas bien avec lui, 3° tu lui confirmes que tu n'es pas bien avec lui depuis 2 ans.
Il est donc probable qu'il soit confirmé dans sa certitude que ton intérêt pour un autre découle de ton désamour pour lui.
Et tant qu'il restera dans cette perception des choses, il ne pourra pas envisager que tu aimes quelqu'un d'autre sans se sentir, lui, dévalorisé, insuffisant, ou en échec.
Il y a sans doute là un point à réaborder avec lui pour le préciser et dénouer ce lien apparemment évident entre vos difficultés de couple et ton éventuel amour pour un autre.
Autre remarque : ton mari revient. Même si c'est pour faire en sorte que tu n'aimes plus l'autre, c'est au moins qu'il a survécu au choc. Je ne dis pas ça ironiquement : ce que je veux dire, c'est qu'il semble capable de t'aimer et de s'intéresser à toi même si tu as des sentiments pour un autre. Et sa douleur n'est pas telle qu'il soit obligé de fuir loin de toi pour arriver à la rendre tolérable. Ca laisse une belle marge d'espoir, selon moi : il peut peut-être aussi apprendre à t'aimer telle que tu es, c-à-d une femme capable d'aimer de façon non exclusive. (Dans l'hypothèse où tu es comme ça.)
Tu n'as pas eu la présence d'esprit de répondre sur le champ, mais puisque le dialogue n'est pas rompu, tu pourras sans doute lui poser plus tard la question qui t'est venue après coup.
Encore un truc : vous avez encore plein de chemin à faire, et ça peut prendre du temps avant de trouver une configuration stable. Les choses que vous vous dites ces jours-ci n'ont pas forcément vocation à être des vérités définitives, dont vous seriez prisonniers à jamais. Tes conceptions et les siennes peuvent évoluer peu à peu, et vous ouvrir de nouveaux possibles. Ce n'est pas garanti que ça aboutisse à vous transformer en couple polyamoureux heureux, mais c'est dans l'ordre du possible.
J'aurais encore des remarques à formuler, mais pas tout à la fois, parce qu'après ça va faire long... :-)
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
Discussion : La relation "primaire"

Paul-Eaglott
le vendredi 20 avril 2012 à 13h17
Si c'est un éclaircissement sur le sens même de l'expression "relation primaire" que tu cherchais, effectivement ça a une signification, qui varie d'ailleurs selon ceux qui l'emploient. Pour moi, c'est -- quand il y en a une -- la relation qui a une existence sociale manifestement plus importante. Par exemple ça peut être la personne avec qui on est marié ou pacsé, ou la personne avec qui on vit, ou l'autre parent de ses enfants...
C'est a priori une relation dont il est nécessaire de tenir compte pour organiser sa vie, et donc ses autres relations.
Mais -- dans mon esprit, du moins -- ça ne veut pas du tout dire "relation préférée", par exemple.
Ensuite, la question de donner ou non la "priorité" à sa relation primaire, ça dépend des gens...
Personnellement, célibataire vivant seul et sans enfants, je n'ai pas de relation primaire, et je n'ai pas à résoudre cette question-là.
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
Discussion : La relation "primaire"

Paul-Eaglott
le vendredi 20 avril 2012 à 11h14
J'imagine que c'est un choix que certains peuvent faire, ou décider de faire ensemble.
Dans certains cas, ça peut par exemple être la condition nécessaire pour qu'un couple accepte de s'ouvrir à d'autres relations, de façon à conjurer la peur que l'ouverture ne rime avec rupture.
Mais ce n'est pas une loi immuable du polyamour :-)
(La loi immuable, selon moi, c'est "La non-exclusivité, on en parle et on trouve des façons de la vivre qui conviennent à toutes les personnes impliquées.")
Discussion : Mono et jaloux et triste

Paul-Eaglott
le samedi 31 mars 2012 à 07h49
Bonjour Johanfel,
Tu abordes deux questions qu'il faut bien distinguer :
- tu aimerais savoir aimer plus d'une personne
- tu souffres de jalousie
Les deux choses ne sont pas liées, et on peut très bien imaginer par exemple que tu puisses arriver à te débarrasser de la douleur liée à ta jalousie, et laisser tranquillement ta femme voir quelqu'un d'autre, sans que cela te fasse souffrir et en continuant à n'aimer qu'elle.
Je ne veux pas t'imposer ça comme solution, mais comme je n'ai pas de réponse pour ce qui est de pouvoir aimer ou être attiré par plusieurs personnes, je vais seulement te répondre sur la jalousie.
Je suis poly et il m'arrive de ressentir de la jalousie. Et parfois de la surmonter sans que cela passe par une entrave à la liberté de mes partenaires. Comment ça marche ?
Je rejoins Popol : ça peut vraiment être utile d'explorer ta jalousie pour comprendre ce qu'elle révèle de toi et de tes peurs profondes, de ce qui, malgré ton impression d'être sûr de toi, est en insécurité au fond de toi.
J'en avais déjà parlé là.
En tout cas, c'est un sujet dont vous avez intérêt à discuter ensemble, ta femme et toi, en essayant de vous considérer mutuellement comme alliés dans une aventure un peu compliquée (et surtout pas comme obstacles mutuels à votre épanouissement).
Bon. Tu es dans le pire moment, et je sais à quel point la douleur qu'on ressent à cause de la jalousie peut être envahissante et aveuglante, mais elle n'est pas fatale. Bon courage, et reviens ici faire le point de temps en temps...
Discussion : Polyamour pour toutes les cultures ? On ne dirait pas : Je me sens perdu

Paul-Eaglott
le mercredi 14 mars 2012 à 08h34
J'irai ans le même sens que Boucledoux : tes amies n'ont apparemment jamais fait l'expérience du polyamour, du moins pas avec toi, Fripon.
Il n'est donc pas possible d'en tirer la moindre conclusion sur leur possibilité de vivre de façon polyamoureuse. Et encore moins de généraliser, comme tu sembles le faire, en concluant que le polyamour ne marche pas pour les Sudaméricains.
Si tu veux essayer le polyamour (et peut-être que ça vaut la peine, et même que tes amies apprécieraient -- mais ça, je ne peux pas le prédire), c'est bien différent de l'expérience que tu racontes.
A la base du polyamour, il y a certes la possibilité de vivre une non-exclusivité, mais dans le respect, l'honnêteté et le consensus.
C'est-à-dire qu'avant de coucher avec quelqu'un d'autre, ou de partir en vacances avec quelqu'un d'autre, on commence par aborder ensemble la question, en cherchant comment arriver à ce que cela se fasse avec suffisamment peu de souffrance d'un côté et de l'autre pour que chacun donne son accord. Et avec l'idée que si on ne trouve pas d'aménagement suffisamment sécurisant pour tous, renoncer (à coucher ou à partir en vacances) est aussi une possibilité.
En aucun cas, le polyamour c'est "je fais ce que je veux, je te le dis après et tu te débrouilles pour encaisser".
Dans le polyamour, il y a du dialogue de fond et la recherche permanente de solutions qui satisfont tout le monde. C'est ce qui crée la confiance mutuelle et qui, du coup, permet la liberté. Même chez les polyamoureux les plus endurcis, il arrive que l'idée de partir en vacances avec un(e) autre ne passe pas, ou qu'elle nécessite des aménagements (par exemple "on s'appelle tous les deux jours", ou "on ne part pas plus d'une semaine"...)
Ce que tes amies ont vécu avec toi ne leur permet certainement pas de se sentir respectées, aimées, ou prises en compte. La façon dont tu leur as imposé tes choix, en les leur révélant après coup, avait au contraire toutes les chances d'être déstabilisante, stressante, dévalorisante ou humiliante, et ne permettait pas qu'elles se sentent en sécurité dans leur relation avec toi. C'est donc à peu près le contraire du polyamour, me semble-t-il.
Je dis tout ça sans jugement moral à ton égard (et j'ai dû faire des erreurs comme ça avant de découvrir le polyamour), mais surtout pour te faire comprendre qu'il y a d'autres façons de faire, et que si tu imagines pratiquer le polyamour avec tes amies, tu te trompes.
Discussion : Je suis polyamoureux ?

Paul-Eaglott
le samedi 10 mars 2012 à 10h08
Bonjour Caelur,
Tu ne peux pas être polyamoureux malgré toi. On choisit d'opter pour le polyamour ou pas.
Ce qui peut arriver sans qu'on le choisisse, c'est d'être attiré par plusieurs personnes. Ca, c'est bien humain, et ça arrive à des centaines de millions de personnes, mais ce n'est pas dans ce fait-là que réside le polyamour.
Le polyamour, c'est une façon de faire face à cette situation, qui consiste à choisir d'en parler avec sa/son partenaire pour trouver ensemble une façon qui convienne à tout le monde de gérer les attirances multiples, et sans considérer que l'exclusivité est la seule possibilité envisageable.
Mais le polyamour n'est qu'une façon de faire face, et il en existe d'autres. Exemples courants : l'adultère ; la "serial-monogamie" (quitter la personne avec qui on est dès que quelqu'un d'autre nous attire) ; le choix de l'exclusivité stable, en renonçant aux nouvelles tentations ; la non-exclusivité imposée ("que ça te plaise ou non, je te dis que j'ai d'autres partenaires, et si tu le vis mal, débrouille-toi, mais c'est pas mon problème" ; etc...
Il y a des gens pour qui le polyamour est la seule façon de trouver un épanouissement dans sa vie amoureuse, et peut-être en fais-tu partie.
Que ce soit ou non la seule voie qui te convient, si tu choisis d'opter pour le polyamour, tu trouveras ici des réponses aux multiples questions que pose cette façon de vivre.
Mais a priori, personne ne pourra te dire si tu "es" polyamoureux. Ca, c'est à toi de le choisir...
Discussion : Café-poly à Paris, ouvert aux "poly-curieux"

Paul-Eaglott
le mardi 28 février 2012 à 01h55
C'est pas cool : lorsque j'ai voulu payer mon repas en repartant de l'Autre Café, j'ai découvert que quelqu'un l'avait déjà réglé. Qui a fait le coup ??? :-P
Message modifié par son auteur il y a 14 ans.
Discussion : Café-poly à Paris, ouvert aux "poly-curieux"

Paul-Eaglott
le mercredi 22 février 2012 à 18h42
@Mydriase : vous serez évidemment les bienvenu(e)s ! :-)
Ce café-poly est particulièrement destiné à ceux qui se posent des questions et qui ont envie d'en poser à des polyamoureux plus expérimentés.
Discussion : Café-poly à Paris, ouvert aux "poly-curieux"

Paul-Eaglott
le lundi 20 février 2012 à 09h43
C'est vraiment adorable à toi et à l'équipe de la pièce de proposer ça, PhaonSappho !
Mais je crains que ce ne soit pas facilement compatible avec le déroulé de la soirée, et je préfère décliner.
Que ça ne vous empêche surtout pas de venir (avec ou sans corsets) et de prendre part aux discussions :-)
Discussion : Café-poly à Paris, ouvert aux "poly-curieux"

Paul-Eaglott
le vendredi 17 février 2012 à 15h59
@Junon : la fenêtre est étroite, mais je vais essayer de bien viser.
@Superpseudo : je suis en contact avec des gens qui vivent dans la vraie vie, et qui me disent que là-bas il y a des polycurieux. Si nécessaire, je me résoudrai à y faire un tour pour recruter (je devrais pouvoir m'en sortir, j'ai un scaphandre).
Discussion : Café-poly à Paris, ouvert aux "poly-curieux"

Paul-Eaglott
le vendredi 17 février 2012 à 07h19
@Chatducheshire & Junon : si personne d'autre ne le fait, je proposerai sans doute pour fin mars un autre café-poly identique.
@Tentacara : comme c'est indiqué dans la présentation de "l'événement", l'idée est de venir pour discuter, pas pour faire des bébés. Mais si tu en as un déjà tout fait, et qu'il est poly ou polycurieux, viens avec ! :-P
Discussion : Café-poly à Paris, ouvert aux "poly-curieux"

Paul-Eaglott
le mardi 14 février 2012 à 20h08
Le lieu est désormais fixé : ce sera l'Autre Café, 62 rue JP Timbaud, à côté du Métro Parmentier.
Une zone nous est réservée dans la salle du 1er étage.
Message modifié par son auteur il y a 14 ans.