Dire est-il une bêtise? je m'enlise
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Paul-Eaglott
le lundi 07 mai 2012 à 14h42
Bon.
C'est pas le moment le plus agréable à traverser, ni pour toi ni pour ton mari, de toute évidence.
Plusieurs petites remarques pour essayer de démêler certaines choses.
Dans la façon "classique" de penser, si Bidule s'intéresse à quelqu'un d'autre que sa/son conjoint(e), c'est forcément parce que quelque chose ne va pas dans le couple. Selon cette pensée dominante, "si tu en aimes un autre, c'est que tu ne m'aimes plus".
Mais dans ton cas -- même si ça reste à confirmer, et que tu dis toi-même que tu as un doute -- il se peut que ce ne soit pas forcément le cas.
Il se peut que les choses soient décorrélées, ou que la corrélation soit d'une nature plus subtile (ex : tu ne te sens pas bien avec ton mari parce que tu ne le sens pas en état de comprendre ta capacité à aimer deux personnes en même temps.)
Un(e) polyamoureux(se) peut en effet être très bien dans son couple officiel ET aimer quelqu'un d'autre. Ou être un difficulté dans son couple sans pour autant qu'une tierce personne soit en jeu.
Et toi, qui sait : peut-être aurais-tu été aussi sensible à cet autre homme sans être mal dans ta relation avec ton mari.
Or, dans la discussion avec ton mari telle que tu la relates, tu n'as pas distingué les deux choses, et tu as -- involontairement -- corroboré l'analyse classique qu'il avait de la situation : 1° tu lui dis que tu aimes quelqu'un d'autre 2° il en déduit que tu ne l'aimes plus et que c'est parce que tu n'es pas bien avec lui, 3° tu lui confirmes que tu n'es pas bien avec lui depuis 2 ans.
Il est donc probable qu'il soit confirmé dans sa certitude que ton intérêt pour un autre découle de ton désamour pour lui.
Et tant qu'il restera dans cette perception des choses, il ne pourra pas envisager que tu aimes quelqu'un d'autre sans se sentir, lui, dévalorisé, insuffisant, ou en échec.
Il y a sans doute là un point à réaborder avec lui pour le préciser et dénouer ce lien apparemment évident entre vos difficultés de couple et ton éventuel amour pour un autre.
Autre remarque : ton mari revient. Même si c'est pour faire en sorte que tu n'aimes plus l'autre, c'est au moins qu'il a survécu au choc. Je ne dis pas ça ironiquement : ce que je veux dire, c'est qu'il semble capable de t'aimer et de s'intéresser à toi même si tu as des sentiments pour un autre. Et sa douleur n'est pas telle qu'il soit obligé de fuir loin de toi pour arriver à la rendre tolérable. Ca laisse une belle marge d'espoir, selon moi : il peut peut-être aussi apprendre à t'aimer telle que tu es, c-à-d une femme capable d'aimer de façon non exclusive. (Dans l'hypothèse où tu es comme ça.)
Tu n'as pas eu la présence d'esprit de répondre sur le champ, mais puisque le dialogue n'est pas rompu, tu pourras sans doute lui poser plus tard la question qui t'est venue après coup.
Encore un truc : vous avez encore plein de chemin à faire, et ça peut prendre du temps avant de trouver une configuration stable. Les choses que vous vous dites ces jours-ci n'ont pas forcément vocation à être des vérités définitives, dont vous seriez prisonniers à jamais. Tes conceptions et les siennes peuvent évoluer peu à peu, et vous ouvrir de nouveaux possibles. Ce n'est pas garanti que ça aboutisse à vous transformer en couple polyamoureux heureux, mais c'est dans l'ordre du possible.
J'aurais encore des remarques à formuler, mais pas tout à la fois, parce qu'après ça va faire long... :-)
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
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simpère (invité)
le lundi 07 mai 2012 à 15h23
Bonjour, ce qui t'arrive est hyper classique: choc de la révélation, refus d'admettre la réalité, à savoir que tu peux l'aimer, lui, et en aimer un autre, essai de faire pression sur toi, etc... J'ai vécu tout cela lors de ma première histoire post-mariage, alors que nous avions pourtant convenu, avant de nous marier, que cela pouvait arriver. Mais entre le dire et le vivre, il peut y avoir une marge pour certains, surtout les hommes d'ailleurs. Ce serait trop long de raconter ici comment tout ceci s'est résolu et comment 38 ans après cette crise, nous sommes toujours ensemble et plus heureux qu'à l'époque, mais si tu m'envoies un mail perso (ou un téléphone) en passant par mon blog, rubrique "contact", on pourra en discuter en direct. (le blog s'appelle Jouer au monde et on y parle souvent d'amours plurielles, mais pas que...)
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yin-yang-69
le lundi 07 mai 2012 à 15h29
Par contre, ça ne répond pas à sa question :
"comment savoir si mon histoire est
- une prise de conscience de ma nature de polyamoureuse
- un symptome d'une crise de couple "classique"
- un symptome d'un désamour profond
??? "
Comment savoir ?
Car globalement, on part du principe qu'elle est polyamoureuse.
D'ailleurs, que l'on soit monoamoureux ou polyamoureux, être de nouveau amoureux, ne provient-il pas d'un manque ou d'un besoin de changement ?
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Paul-Eaglott
le lundi 07 mai 2012 à 16h20
Ray_Striker
D'ailleurs, que l'on soit monoamoureux ou polyamoureux, être de nouveau amoureux, ne provient-il pas d'un manque ou d'un besoin de changement ?
Ben non, ce n'est pas la seule configuration possible, évidemment !
Etre de nouveau amoureux, ça peut venir simplement du fait qu'une autre personne aimable a fait son entrée dans notre vie. Cette raison est éminemment suffisante :-)
Ta question, Ray_Striker, semble empreinte de l'idée que, lorsqu'on aime quelqu'un, tous nos sentiments se déterminent en fonction de cette relation.
Comme si, parce qu'on était amoureux d'une personne, on perdait subitement toute autonomie de jugement et de sensibilité envers les autres.
Il y en a peut-être qui fonctionnent comme ça, mais pas tout le monde.
Pour ce qui est des questions que pose Mouvante et que tu reprends dans ton post, je crois que personne ne peut y répondre à sa place. Que toutes les réponses qu'elle envisage sont des options possibles, et que seule son expérience finira par lui faire retenir une réponse plutôt qu'une autre. Et que d'ailleurs, la réponse n'aura d'intérêt que pour elle (et pour ceux avec qui elle partage sa vie et ses sentiments), mais que pour nous autres lecteurs, ça n'apportera pas d'information utile, puisque ça n'aura pas de valeur probante : ce ne sera qu'un exemple de ce qui est possible, sans qu'il soit possible d'en tirer une conclusion généralisable en théorème...
On pourrait éventuellement chipoter sur la formulation "ma nature de polyamoureuse", en remarquant que "polyamoureux" n'est pas une nature, mais un choix conscient : celui d'aborder d'une façon particulière la question de la non-exclusivité, en excluant le mensonge et la manipulation pour agir dans le respect, l'honnêteté et le consensus.
S'il peut y avoir une question de "nature", c'est éventuellement "de nature à pouvoir aimer simultanément plusieurs personnes", qu'il faudrait dire, mais cela n'est pas particulier aux polyamoureux. En effet, de nombreux adultères correspondent à cette situation, et il est parfaitement possible d'aimer plusieurs personnes en mentant aux unes ou aux autres, ce qui sort alors de la définition du polyamour.
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Paul-Eaglott
le lundi 07 mai 2012 à 16h31
mouvante
Il m'arrive de penser que si mon mari acceptait que nous vivions cela, mon amour pour lui grandirait au contraire de ce qu'il peut penser.
Ca, je peux te confirmer que c'est des choses qui arrivent. Je connais plusieurs couples qui, après quelques années de vie commune et la dilution de leur amour -- ou du moins de leur désir -- dans la routine peu à peu installée, ont décidé de s'ouvrir au polyamour, et qui, dès la première concrétisation de cette liberté qu'ils s'accordaient, ont retrouvé entre eux toute la fougue et l'enthousiasme qui avaient disparu de leur relation.
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Boucledoux
le lundi 07 mai 2012 à 16h33
deux trois trucs en rapide, pour compléter ce qu'à déjà dit Paul Eaglot.
1
Il y a un autre aspect, surtout dans ta deuxième intervention qui concerne ce que dit ton mari. Qu'il soit bousculé, déboussolé, qu'il dise y compris un certain nombre de bêtise est assez compréhensible... jusqu'à un certain point et c'est à toi de déterminer lequel et si tu peux d'être claire là dessus.
C'est son droit le plus strict de dire qu'il ne veut pas de relation non-exclusive, qu'il ne pourrait pas le supporter, etc., voire même qu'il se refuse à essayer (encore que dans votre situation, ce n'est pas le plus constructif, c'est le moins qu'on puisse dire...). Pas contre, dire que c'est n'importe quoi, que c'est sale, ou pire encore laisser passer l'idée que tu es sale parce que tu aimes ailleurs aussi, c'est autre chose, c'est porter un jugement très moralisant, dévalorisant et, amha, d'une part pas acceptable du tout, d'autre part pas du tout une bonne base pour reconquérir une relation équilibrée, égalitaire et pacifiée, quelque soit le schéma sur lequel vous arrivez au final...
2
'"le beurre, l'argent du beurre", voire même le sourire du crémier etc... ben oui. Et alors ? ou est le problème ?
3
les réponses aux questions (Ray_Striker). Ben oui, on n'y répond pas... mais si on peut donner des pistes, aider, aiguiller, je crois que les réponses c'est Mouvante qui les a.... :)
en tout cas, courage et solidarité
(et non, ce n'est pas sale d'aimer et de désirer, même hors des clous des passages imposés....)
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yin-yang-69
le lundi 07 mai 2012 à 19h13
Paul-Eaglott
Ta question, Ray_Striker, semble empreinte de l'idée que, lorsqu'on aime quelqu'un, tous nos sentiments se déterminent en fonction de cette relation.
Comme si, parce qu'on était amoureux d'une personne, on perdait subitement toute autonomie de jugement et de sensibilité envers les autres.
Il y en a peut-être qui fonctionnent comme ça, mais pas tout le monde.........
S'il peut y avoir une question de "nature", c'est éventuellement "de nature à pouvoir aimer simultanément plusieurs personnes", qu'il faudrait dire, mais cela n'est pas particulier aux polyamoureux. En effet, de nombreux adultères correspondent à cette situation, et il est parfaitement possible d'aimer plusieurs personnes en mentant aux unes ou aux autres, ce qui sort alors de la définition du polyamour.
Je pense qu'il y a deux choses distinctes :
1/ Le fait de s'ouvrir aux autres.
Je ne dis pas que lorsqu'on aime quelqu'un, tous nos sentiments se déterminent en fonction de la relation, mais je pense que nous sommes plus enclin à nous ouvrir aux autres lorsqu'un manque se fait sentir ou comme vu ci dessus, une routine s'installe.
Nous le savons bien, la première phase de l'amour laisse moins la place à l'ouverture aux autres du fait des réactions chimiques de la phase dite "passionnelle" (phényléthylamine, dopamine). Et donc, je pense une fois cette phase terminée, nous pouvons plus facilement être de nouveau amoureux lorsqu'une personne aimable se présente, comme tu dis.
2/ Après, la deuxième chose est effectivement la suivante, sommes nous polyamoureux ou pas.
Dans le cas des monoamoureux, (par exemple monomaoureux en série), le nouvel amour prend la place de l'amour précédent. Chez le polyamoureux, le nouvel amour s'ajoute au précédent. Le tout est de savoir si nous sommes encore amoureux de la première personne ou pas, et si nous l'assumons aux yeux de tous...
Pour moi , c'est assez difficile, car tout dépend de ce que l'on entend par amour, et je pense que c'est aussi l'inquiétude de mouvante : est-elle encore amoureuse de son mari ou est-ce une relation de confort ?
Après, peut on être polyamoureux par confort ? ou est ce que ce type de polyamour "par confort" est voué à l'échec ?
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
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Boucledoux
le mardi 08 mai 2012 à 02h41
Ray_Striker
Je pense qu'il y a deux choses distinctes :
1/ Le fait de s'ouvrir aux autres.
Je ne dis pas que lorsqu'on aime quelqu'un, tous nos sentiments se déterminent en fonction de la relation, mais je pense que nous sommes plus enclin à nous ouvrir aux autres lorsqu'un manque se fait sentir ou comme vu ci dessus, une routine s'installe.
Nous le savons bien, la première phase de l'amour laisse moins la place à l'ouverture aux autres du fait des réactions chimiques de la phase dite "passionnelle" (phényléthylamine, dopamine). Et donc, je pense une fois cette phase terminée, nous pouvons plus facilement être de nouveau amoureux lorsqu'une personne aimable se présente, comme tu dis.
ah ben moi tu vois c'est tout le contraire : je ne tombe jamais autant et aussi facilement amoureux que quand je suis dans une nouvelle histoire qui marche vraiment... :)
Une histoire de se plaire et d'aimer plaire, d'avoir plus confiance en soi et dans les relations avec les autres, quelque chose comme ça je pense...
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Paul-Eaglott
le mardi 08 mai 2012 à 10h25
@Ray_Striker
Tes analyses ne sont pas fausses, dans la mesure où elles correspondent au fonctionnement de certaines personnes (et sans doute le tien, par exemple) mais il me semble impropre de les généraliser.
Les phénomènes hormonaux existent (ocytocine, etc.) et peuvent conduire à l'état passionnel, mais ça ne fonctionne pas de la même manière chez tout le monde ni chaque fois pareil chez une même personne.
Là où tu dis "Nous le savons bien, la première phase de l'amour laisse moins la place à l'ouverture aux autres", il serait plus juste de dire "Il arrive que la première phase de l'amour..."
Il y a par ailleurs une question de définition des mots qui rend difficile la compréhension de nos dialogues. Et notamment la définition de "polyamoureux". Il n'y a, selon la définition du polyamour à laquelle je me réfère, aucune différence de nature entre les polyamoureux et les autres. La différence entre les polyamoureux et les autres, c'est que les polyamoureux choisissent de parler des questions de non-exclusivité, et que lorsque la situation se présente, ils cherchent à trouver, par le dialogue, des solutions respectueuses et consensuelles qui permettent à ceux qui veulent vivre une non-exclusivité de le faire, sans que leurs partenaires ne se sentent trahis ou forcés de subir.
Par exemple, si un mari dit à sa femme
Paul Icoul
Ecoute, ma chérie, j'ai l'impression que quelqu'un t'attire, ces temps-ci. Alors si tu veux, arrange-toi pour passer un moment avec cette personne, je vais peut-être souffrir un peu mais j'accepte. Si ça se passe bien entre vous et que vous avez envie de vous revoir, on en reparlera pour voir comment ça peut se gérer entre nous sans trop faire de dégâts, mais je ne souhaite pas être un obstacle à tes désirs ni à tes sentiments.>>
ce type est absolument polyamoureux, même si lui-même ne se sent capable d'aimer QUE sa femme et n'aura jamais aucune attirance pour qui que ce soit d'autre.
En revanche, celui qui dit un beau jour à sa conjointe
Papo Lidutou
Ecoute, ma chérie, je viens de découvrir un truc trop sympa, ça s'appelle le polyamour, et ça m'autorise à aimer d'autres gens que toi ; d'ailleurs je pars ce week-end avec une copine, mais il ne faut pas que ça t'inquiète, parce que je t'aime aussi, donc il n'y a pas de souci et ça ne sert à rien de prendre cet air contrarié, allez ciao et bon week-end.>>
il n'est absolument pas polyamoureux (même s'il aime vraiment sa femme tout en aimant son autre copine.) C'est juste un type capable d'aimer plusieurs personnes et de se comporter comme un salaud. Rien à voir avec le polyamour.
Du coup, Ray_Stryker, la façon dont tu abordes les questions me fait faire des bonds.
Quand tu dis "dans le cas de monoamoureux" ceci, et "chez le polyamoureux le nouvel amour s'ajoute au précédent", je ne peux absolument pas être d'accord. Pour moi, tu ne parles pas de polyamour, mais de capacité ou non à aimer plusieurs personnes à la fois, et CA N'EST PAS LA MÊME CHOSE !
Des gens qui se sentent capables d'avoir une attirance pour plusieurs personnes à la fois, y compris avec des sentiments, c'est hyper courant. Parmi eux, en partie à cause de la croyance fort répandue que c'est mal, il y en a qui renoncent à le vivre, d'autre qui le vivent en cachette et en mentant à leur conjoint(e). On les compte par dizaines de millions. Et puis il y en a qui font le choix du polyamour, c'est à dire qu'ils choisissent d'aborder la question avec leur partenaire pour trouver une façon de vivre les choses qui convienne à chacun.
Et c'est précisément pour aider ceux qui font ce choix-là et pour répondre aux questions spécifiques qu'il soulève que ce forum a été créé.
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
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boucledor
le mardi 08 mai 2012 à 10h49
Par rapport à ta dernière intervention:
Paul eaglott
Des gens qui se sentent capables d'avoir une attirance pour plusieurs personnes à la fois, y compris avec des sentiments, c'est hyper courant. Parmi eux, en partie à cause de la croyance que c'est mal, il y en a qui renonce à le vivre, d'autre qui le vivent en cachette et en mentant à leur conjoint(e). On les compte par millions. Et puis il y en a qui font le choix du polyamour, c'est à dire d'aborder la question avec leur partenaire pour trouver une façon de vivre la chose qui convienne à chacun.
... Idéalement, c'est certain qu'il serait préférable "d'en parler avant" avec son conjoint, se mettre d'accord sur le principe ou encore en évoquer la possibilité (du PA...)... Mais dans les faits, je crois qu'il faut souvent attendre un "évènement déclencheur" qui va venir tout bousculer et faire se poser des questions à ce moment-là! A l'époque où j'ai rencontré mon futur "mari", il ne me serait clairement pas venu à l'idée de lui dire qu'il sera possible d'aimer d'autres personnes et d'établir des relations avec elles sans que cela remettent en question notre couple... La plupart des couples, enfin je pense, continue à se construire sur les bases d'un amour "romantique de type fusionnel" même si cela évolue forcément par la suite...
Donc, je pense qu'une même personne, au cours de son évolution personnelle et l'histoire de son couple peut très bien, à un moment donné "croire que l'attirance envers d'autres est un mal et renoncer à la vivre", puis finir par "le vivre, mais en cachette" et enfin, en venir à la conclusion (pê pas définitive d'ailleurs) que faire le choix conscient de la possibilité du PA est ce qui répond le mieux à ses aspirations... En tout cas, c'est un peu le cheminement que je retrouve personnellement dans mon parcours...
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Paul-Eaglott
le mardi 08 mai 2012 à 11h29
@boucledor
Je suis très d'accord avec toi. Vu le peu de visibilité du polyamour dans la société et la prépondérance de la pensée dominante (qui n'accepte comme solution digne que la monogamie exclusive), pour de nombreuses personnes, la découverte qu'il est possible de parler de non-exclusivité (et de trouver des solutions consensuelles pour vivre plusieurs relations sans mentir aux partenaires concernés) intervient tard, et souvent à un moment où toute la vie s'est organisée et construite sur la base de présupposés "mono".
(Et d'ailleurs, à l'inverse, comme tu le signales, on peut être polyamoureux à un moment et choisir de cesser de l'être... En effet, le polyamour n'étant pas une nature intrinsèque, mais une façon d'aborder la question de la non-exclusivité, chacun peut avoir un parcours personnel qui entre et sort du polyamour, selon ses choix, son courage (parce que parfois c'est un "travail" épuisant, la recherche de consensus !), les contraintes rencontrées, etc.)
Une des questions les plus souvent posées ici concerne l'introduction du polyamour dans les couples, c'est à dire la transition d'une vie de couple "classique" (et donc officiellement exclusive) vers une situation ouverte, où la non-exclusivité est une question envisageable et abordée entre conjoints.
Et, chaque cas étant unique, ce n'est pas la question la plus simple à résoudre :-/
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
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yin-yang-69
le mardi 08 mai 2012 à 17h03
Paul-Eaglott
Quand tu dis "dans le cas de monoamoureux" ceci, et "chez le polyamoureux le nouvel amour s'ajoute au précédent", je ne peux absolument pas être d'accord. Pour moi, tu ne parles pas de polyamour, mais de capacité ou non à aimer plusieurs personnes à la fois, et CA N'EST PAS LA MÊME CHOSE !
Des gens qui se sentent capables d'avoir une attirance pour plusieurs personnes à la fois, y compris avec des sentiments, c'est hyper courant. Parmi eux, en partie à cause de la croyance fort répandue que c'est mal, il y en a qui renoncent à le vivre, d'autre qui le vivent en cachette et en mentant à leur conjoint(e). On les compte par millions. Et puis il y en a qui font le choix du polyamour, c'est à dire qu'ils choisissent d'aborder la question avec leur partenaire pour trouver une façon de vivre les choses qui convienne à chacun.
Et c'est précisément pour aider ceux qui font ce choix-là et pour répondre aux questions spécifiques qu'il soulève que ce forum a été créé.
Message modifié par son auteur il y a 5 heures.
OK, je comprends mieux. Merci Paul-Eaglott.
Dans ce cas la ceux qui abordent la question avec leur conjoint sans avoir d'autres amours sont polyamoureux ?
Du coup, et dans ton exemple du salaud (+) , beaucoup de gens se disent polyamoureux alors qu'ils ne le sont pas, non ?
Et quelle est la différence avec un couple ouvert ?
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
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Paul-Eaglott
le mardi 08 mai 2012 à 22h24
Ray_Striker
Dans ce cas la ceux qui abordent la question avec leur conjoint sans avoir d'autres amours sont polyamoureux ?
En effet, les couples qui abordent la question de la non-exclusivité et qui, sans même avoir d'autres relations en vue, arrivent à se mettre d'accord sur le fait que ce serait envisageable pour eux, et que ce ne serait pas synonyme de trahison ni de malhonnêteté, et que ça n'entrainerait pas leur rupture si ça devait arriver, selon la définition que je retiens, et qui mentionne "...or acceptance...", oui : ils sont polyamoureux.
Ray_StrikerDu coup, et dans ton exemple du salaud (+) , beaucoup de gens se disent polyamoureux alors qu'ils ne le sont pas, non ?
Oui, j'en ai l'impression. Il faut dire que le mot "polyamour" prête à confusion. Si on ne prend pas la peine de lire la définition (qui insiste sur le respect, l'honnêteté, le consensus), on peut croire que le polyamour, c'est juste poly + amour, donc aimer plusieurs personnes. C'est dommage que ce mot ait été retenu pour la traduction en français de "polyamory". A noter : en anglais "amory" ne veut rien dire, du coup les anglophones doivent lire la définition pour savoir ce que "polyamory" signifie, et ne sont pas tentés de deviner (de traviole) le sens du mot, comme nous autres francophones avec "polyamour"
Tiens, j'en profite pour souligner au passage un glissement très net entre la définition anglo-saxonne et la définition française. En anglais, il n'est pas question de relations "amoureuses" ni "sentimentales", mais de non-exclusivité assumée dans les "intimate relationships". C'est-à-dire que ça inclut la non-exclusivité sexuelle, sans qu'il soit forcément question de sentiments profonds et romantiques. Le Wikipedia français parle de "relation sentimentale", ce qui est quelque peu différent.
Et je supplie l'Académie Française de ne pas oeuvrer à mon bannissement, mais je choisis plutôt la définition anglo-saxonne.
Ray_Striker Et quelle est la différence avec un couple ouvert ?
Le couple ouvert est une des formes possibles de polyamour. (Du moins si aucun des deux ne subit la situation sans l'avoir choisie, et qu'il y a bien consensus et respect, y compris vis-à-vis des partenaires extérieurs...)
Mais il y a bien d'autres façons de vivre le polyamour. Un célibataire peut être polyamoureux (mais c'est rare qu'il soit en couple ouvert ;-) ) ; il y a des trouples et des tryades, qui vivent à trois et qu'on ne peut pas assimiler à des "couples ouverts" ; il y a aussi des formes de non-exclusivité restrictives ou de poly-fidélité, ou la non-exclusivité est acceptée, mais uniquement avec certains partenaires déterminés, et où une escapade avec un nouveau partenaire serait mal vue... Bref, couple ouvert et polyamour ne sont ni contradictoires ni synonymes.
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
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yin-yang-69
le mercredi 09 mai 2012 à 06h12
Merci pour toutes ces précisions.
Du coup pour moi, tout le monde pouvait être polyamoureux car "aimer plusieurs personnes à la fois". Ma définition était fausse et je te remercie de m'avoir éclairé.
Il est vrai que le mot Francais prête à confusion.
Cela restreint beaucoup plus le focus.
Et par exemple, avoir plusieurs partenaires sans avoir aucun sentiment pour eux, mais qu'ils soient tous au courant et OK rentre dans la définition du polyamour ?
Dans le cas de mouvante, le fait d'en parler avec son mari et essayer de trouver un consensus, c'est ça le polyamour, et non pas le fait d'être amoureuse (ou non) de deux personnes à la fois.
Y compris dans ce forum, la définition première n'est pas la même pour tout le monde j'ai l'impression...
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.
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Paul-Eaglott
le mercredi 09 mai 2012 à 06h55
Ray_Striker
Du coup pour moi, tout le monde pouvait être polyamoureux car "aimer plusieurs personnes à la fois".
Cela dit, ça n'empêche pas : tout le monde peut être polyamoureux, mais ça suppose de dialoguer honnêtement et de rechercher un consensus. Et parfois de se heurter à l'échec.
Ray_Striker
Et par exemple, avoir plusieurs partenaires sans avoir aucun sentiment pour eux, mais qu'ils soient tous au courant et OK rentre dans la définition du polyamour ?
Dans la définition anglo-saxonne que j'ai choisi d'adopter, oui oui oui ! :-)
(Cela dit, "n'avoir aucun sentiment", c'est un peu un exploit de froideur, et je n'arrive pas bien à imaginer. Ce que j'imagine plus facilement, c'est d'avoir des partenaires qu'on aime bien, et pour qui on a de la tendresse ou du désir, sans qu'il soit question d'amour.)
Ray_Striker
Dans le cas de mouvante, le fait d'en parler avec son mari et essayer de trouver un consensus, c'est ça le polyamour, et non pas le fait d'être amoureuse (ou non) de deux personnes à la fois.
Absolument.
Ou tout au moins, c'est une tentative de passer au polyamour ; parce que si aucun consensus n'est trouvé, ou si son mari n'accepte jamais le principe d'une non-exclusivité, on ne pourra pas vraiment parler de polyamour : il y aurait alors soit rupture, soit soumission de l'un des deux aux exigences de l'autre, soit poursuite d'un adultère dans le mensonge.
Le polyamour suppose une forme d'éthique : ne pas forcer la main, être honnête dans l'énoncé de ses propres désirs mais être prêt à renoncer à les vivre tant qu'on ne trouve pas de consensus avec les partenaires concernés... Ca n'est pas la liberté totale où chacun fait ce qu'il a envie de faire sans tenir compte des autres (sauf s'il a la chance que lesdits autres soient totalement souples, sans failles et sans exigences, mais est-ce que ça existe ? ) Du coup, le polyamour, c'est parfois compliqué, frustrant et éprouvant, souvent fatigant. Et ça ne convient pas à tout le monde. Pour bien des gens, l'adultère et le mensonge sont une façon de procéder plus adaptée que le polyamour. Et je m'abstiens de tout jugement à leur endroit.
Ray_Striker
Y compris dans ce forum, la définition première n'est pas la même pour tout le monde j'ai l'impression...
C'est le moins qu'on puisse dire. (J'ai même trouvé un inscrit qui dit de lui-même "je suis polyamoureux, mais heureusement que ma femme ne le sait pas : elle ne le supporterait pas !")
C'en est souvent décourageant, parce que du coup, ne parlant pas de la même chose sans toujours en être conscients, les forumeurs se comprennent mal, que ça génère des malentendus dans tous les sens, des mises au point envahissantes, et qu'il est difficile pour ceux qui viennent chercher un avis "éclairé" de s'y retrouver.
Ben tu vois, Ray_Striker : toi et moi ça doit être du polaymour, parce qu'on a fini par trouver un consensus ! (Va falloir que je me repenche sur la définition, parce que j'ai l'impression que j'ai zappé une dimension, là... :-D )
Message modifié par son auteur il y a 11 ans.