Participation aux discussions
Discussion : Quand et comment dire que l’on est poly ?

oO0
le mercredi 08 mai 2013 à 10h38
Juby,
Merci pour ta réponse, je ne l'avais pas vu d'un point de vue mathématique, mais plutôt logique : impasse sur le principe du tiers exclus. C'est possible de travailler sur des systèmes logiques qui déroge à ce principe, cela permet de sortir de l'approche binaire que formalise ce principe.
Sinon, oui, cela me semble - en partie - le fait d'un usage et ce qui m'intéresse, me semble aller dans le bon sens, c'est que cet usage ne t'empêche pas d'utiliser le statut "open relationship" sur ton profil. Cela montre que l'usage va au delà du couple exclusif sexuellement non-exclusif à moins que "open relationship" se définisse autour de la cardinalité d'une et une seule relation, ne puisse s'entendre qu'au singulier comme ton point de vue mathématique le suggère. Une relation ouverte par personne, plus d'une relation ouverte, il ne s'agit plus de "open relationship".
[Ici, j'ai du mal à voir comment la relation est ouverte, elle reste soumise au principe du tiers exclus en terme de relation. Il n'y a que les relations sexuelle qui dérogent à ce principe et, finalement, que la vie érotique de la relation qui est ouverte. Je peux le comprendre, mais uniquement comme euphémisme, soit une manière de parler d'érotisme tout en le taisant de peur d'en parler.]
Comment le dire ? Cela nuance cette possibilité de le dire avec l'usage de l'expression "open relationship".
Qu'est-ce que tu trouves de plus pernicieux ? Qu'est-ce que cela peut vouloir dire qui puisse dire tout autre chose que ce que c'est possible de vouloir dire avec ? Bref, comment cela peut-il devenir un moyen de comment le dire qui n'en est pas un ?
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
Discussion : Poly célibataire

oO0
le mardi 07 mai 2013 à 21h21
Je suis dans la même situation, paradoxalement, depuis que j'ai découvert la topique du "polyamour". Je ne considère d'ailleurs pas le terme comme technique, vu que je le trouve techniquement très mal construit, mais - immense mérite - c'est le terme qui centralise le mieux le sujet dont il est question.
Sinon, je prends le parti d'accepter le fait de rester libre au sens le plus commun du terme, seul, comme une forme d'ironie comique : je voulais être libres dans mes relations, je suis libre de chez libre - j'en ris d'ailleurs volontiers avec une ex devenue bonne amie. Puis, j'ai pris le parti d'en rire avec plus d'intelligence, le fait de rester seul n'est ni plus, ni moins que le fait d'une réalité qui, bien qu'a priori désagréable, mérite de se réjouir : la liberté de chacun, chacune d'aimer comme bon lui semble et qui bon lui semble. Ce que je veux dire, c'est que dans le fait de rester seul je retrouve avec joie la liberté des personnes qui m'ont plu ces dernières années même si cette liberté ne va pas en ma faveur et je n'ai aucune envie de m'en sentir victime. Il y a eu rencontres, certaines plus riches que d'autres, et finalement, ce qui importe le plus, c'est que peut importe ce qui se passe, pourvu que cela se passe bien et je pense que les choix qui m'ont laissé seul ont été fait pour le mieux.
Bref, je peux me sentir seul, mais cette solitude résulte des meilleurs choix possibles dans les rencontres que j'ai faites, reste la rencontre de la réalité et de la liberté de personnes qui n'en perdent pas moins leur charme. (Le meilleur choix n'exclut nullement des erreurs ou des torts de ma part, voire, parfois les justifie comme meilleur choix.)
Je ne me sens ainsi plus victime d'une culture où l'exclusivité est le choix d'une majorité de personnes, je le vis au contraire comme l'expression de la réalité du consentement d'une majorité de personnes. Il m'arrive ainsi souvent de m'étonner que telle ou telle préfère le choix de la non-exclusivité à ma grande surprise pour voir poindre - avec amusement - cette autre réalité où c'est rare de plaire à une personne qui peut plaire à soi. C'est comme pour l'homosexualité ou l'hétérosexualité, le fait de partager une même orientation ne signifie pas une attraction et il en va de même pour le fait de partager les mêmes dispositions relationnelles, exclusives ou non. En fait, j'ai juste l'impression que le fait que je suis seul est le résultat d'une réalité complexe qui est celle du consentement dans le développement des rencontres. Bref, cela me semble le résultat d'une réalité saine - bien que j'en trouve la culture insuffisante - et j'ai plus de doute dans ma capacité de me réjouir de la réalité que dans les possibilités de la réalité.
_______________
En deux petites phrases chocs (et foireuses)
Ne pas être aimé, rester seul, est une manifestation saine de la liberté de l'autre d'aimer... ou pas. Comme toute manifestation saine de la liberté, elle mériterait davantage de réjouissance.
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
Discussion : Quand et comment dire que l’on est poly ?

oO0
le mardi 07 mai 2013 à 18h58
Juby,
c'est bien ce que je craignais devoir comprendre. Je ne vois cependant pas où il y a relation (relationship) dans le simple faits de rapports sexuels* et je ne suis pour ma pas d'accord de leur abandonner un tel usage de l'expression "open relationship".
Si "relations sexuelles" et "rapports sexuels" peuvent être synonymes en français, ce n'est pas le cas de "relationship" en anglais : la temporalité n'est pas du tout la même. "Relationship" implique d'emblée des interactions répétées dans le temps en anglais alors que pour les synonymes de langue française évoqués cela peut s'inscrire autant dans le contexte d'une aventure sans lendemain, une histoire d'un soir que l'histoire d'une relation, cette fois-ci, au sens commun avec l'anglais.
______________
Je me permet donc d'ajouter un Comment ?
Il y a différents degrés d'ouvertures possibles dans une relation ouverte qui peuvent aller jusqu'à une relation ouverte à d'autres relations tout comme l'ouverture peut se limiter à des rapports sexuels en dehors de la relation. C'est possible d'abandonner le terme "open relationship" aux libertins, mais c'est aussi possible de défendre le sens large de divers degrés d'ouverture dans l'expression "open relationship" en insistant sur le terme "relationship".
Le terme libertin à été réduit à des pratiques sexuelles multiples en dehors de la relation de couple : de l'orgie, en passant par les partie fines et les clubs échangistes, à des couples sexuellement non-exclusifs - ce qui n'a plus rien avoir avec la liberté de pensée. Le terme "open relationship" subit le même sort pour se limiter à des couples sexuellement non-exclusifs et avec la pression conformiste d'un esprit "open" qui sait si cela peut finir par signifier un esprit sexuellement ouvert à tout jusqu'aux orgies pour signifier tout et n'importe quoi du moment que cela reste circonscrit à des interactions instantanées excluant toute forme de relation qui s'inscrive dans le temps.
"Open relationship" ou encore, "relation non-exclusive" constitue des termes plus neutre que "polyamour" qui permettent de définir les dispositions internes d'une relation en matière de fidélité sans passer par les abysses métaphysiques de la question de l'amour et le choc interculturel de la monogamie et de la polygamie.
Finalement, ce que je veux dire, c'est que abandonner ces termes au monopole d'une sexualité de l'instantanéité qui exclut toute relation dans le temps à un tiers, c'est se priver d'un comment le dire et se condamner, par défaut, à des moyens de le dire beaucoup plus exposés aux malentendus.
Discussion : Quand et comment dire que l’on est poly ?

oO0
le mardi 07 mai 2013 à 16h06
Salut GreenPixie,
Je me permet d'ajouter une question : Pourquoi le dire ? Savoir pourquoi permet de ne pas perdre de vue ce qui fait sens d'en parler.
Question de consentement éclairé, soit donner les informations nécessaires pour choisir en connaissances de cause ? (Exemple de (début de) réponse.)
Dans l'exemple que j'ai choisi, la possibilité du refus est une réponse qui va de soi, que ce refus vienne de soi ou de l'autre. Aucune réponse aux questions - qui, quoi, quand, où, pourquoi, comment - ne permet d'éviter la possibilité d'un refus.
Que se passent-ils alors si ces questions cherchent à éviter la possibilité d'un refus au motif d'être ""poly"" ?
_______________
Salut Juby,
Pourquoi "open relationship" n'est pas satisfaisant ?
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
Discussion : Le mono-pole du coeur et Le Seigneur de l’Anneau

oO0
le samedi 04 mai 2013 à 16h20
Sinon, j'adore réellement les jeux de mots, mais le plaisir qu'il donne n'est pas synonyme d'une représentation satisfaisante de la réalité. La non-exclusivité représente pour les couples exclusifs aussi peu de risques d'infidélités sinon moins que des personnes qui partagent les mêmes valeurs qu'eux. Dans le principe, une autre relation doit faire l'objet d'un consentement mutuel d'ouvrir la relation existante, ce qui fait que tout autre relation n'est plus une infidélité s'il y a consentement. S'il n'y a pas et qu'il y a malgré tout relation, il s'agit d'une infidélité ...
... dans le principe, mais qu'est-ce qu'on s'en fout des principes.
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
Discussion : Le mono-pole du coeur et Le Seigneur de l’Anneau

oO0
le samedi 04 mai 2013 à 16h11
J'adore les jeux de mots, je retrouve une rage et une colère avec laquelle j'ai beaucoup apprécié écrire... pour me rendre compte qu'elles étaient... déplacée.
Pour ce qui est de la rivalité, la meilleure manière de l'éviter, c'est de ne pas la relever ou de regarder au delà des apparences de rivalité. Une personne a le droit d'éprouver de l'insécurité ou de se rassurer sur l'état de sa relation par un geste tendre. Quel mal dans un geste tendre ?!? Même si c'est pour signifier à un tiers qu'il est en présence d'un couple, où est le mal ? Lorsque cela m'arrive je n'y vois pas un geste de rivalité, mais une manière de prévenir un malentendu et, la plupart du temps, je constate surtout que le couple en question est dans une phase démonstrative, au moins l'un des partenaires, qui n'a rien avoir avec moi. En d'autres termes, ils sont dans leur bulle et le prendre pour moi serait me prendre pour le centre du monde alors que j'aurais beaucoup plus de plaisir à me réjouir de la joie que leur procure leur bulle. Même s'il y a de la rivalité, de la jalousie, de l'insécurité ou de la peur - !?! HELL !?! - qu'est-ce que cela apporte de vouloir censurer les émotions de l'autre ? Comment ne pas au contraire admirer la beauté du geste - tendre, lacif, langoureux, etc. - qui canalise ces émotions ?!? Il faut, aussi, savoir accepter de susciter pour une raison ou une autre de l'antipathie que cette raison soit bonne ou mauvaise : la liberté de penser, c'est aussi le droit de se tromper et de s'enfermer dans des erreurs de jugements sur l'autre, même si l'autre, c'est soi !
D'autre part, il ne faut pas oublier la légitimité des relations exclusives car ce n'est pas l'impression que j'ai quand je vois à quelle forme d'oppression la "monogamie hétérosexuelle" est ravalée. C'est quoi cette victimisation ? Non, mais à quoi ça sert d'offenser avec autant de culpabilisation des relations librement consenties, même si cette liberté est toujours relative tout comme son consentement ?!? HELL !?! Les couples qui se promènent main dans la main ne le font pas pour oppresser ! Il faut bien, ici, se rendre compte que ce genre de propos ravale au rang d'oppresseur des amis et des amies, des proches, des collègues que vous offensez en les ravalant au rang d'oppresseur ? (Des victimes, il y en a, oui, lorsqu'il y a effraction de la loi.) Pour ma part, j'ai accepté que mes choix puisse les mettre mal à l'aise, qu'ils ne se sentent pas en accord avec en leur accordant que ce malaise puisse les confirmer dans leur choix. Si mon choix de la non-exclusivité peut les confirmer dans leur choix de l'exclusivité, raffermir l'engagement qu'ils consentent dans leur relation qui, comme toute relation, connait les épreuves de doutes de toute forme : tant mieux ! Si ce choix peut donner à leurs doutes la lumière de quelques mots, par exemple, leur peur de l'attirance pour d'autres personnes, la relativiser et l'apaiser de sorte à se sentir à l'aise d'éprouver de l'attirance pour d'autres sans que cela ne change leur engagement, mais au contraire l'allège de la peur d'être coupable : tant mieux !
Il y a de nombreux points sur lesquels je n'ai pas confiance en moi, mais il y en a un sur lequel je n'ai que très peu de doutes sur moi-même : je n'ai aucune envie de briser des couples et la capacité d'être à la hauteur de cette envie qui va avec. Le fait de n'avoir que très peu de doutes à ce sujet apaise le plus souvent les doutes de l'autre et, si cela ne suffit pas, ce ne sont pas mes peurs. Et donc, tout aussi offensantes qu'elles puissent être à mon égard, ce n'est pas moi qui ait à vivre avec. Vivre dans la peur est une épreuve à laquelle personne n'échappe, d'une manière ou d'une autre, chaque personne a ses peurs dont elle peut très vite devenir le jouet et rien ne sert de rajouter à ces épreuves.
Personne ne peut prétendre être parfait alors la moindre des choses, c'est d'être tolérant avec l'imperfection des autres car, le plus souvent, ces imperfections qui leurs sont propres participent de ce sort réservé à chacun, chacune dans la vie : des difficultés à traverser.
Et qui sait, sortir de cette attitude de victimisation est peut-être l'une des difficultés à traverser. En tous cas, c'est comme cela que j'ai choisi de le vivre.
Message modifié par son auteur il y a 12 ans.
Discussion : Relations avec une personne mariée ou en concubinage

oO0
le dimanche 29 juillet 2012 à 04h50
Ma position personnelle dans la vie est de ne pas m'impliquer dans une relation où une tierce personne se sentirait trompée - pour reprendre les termes Efw28 : je me sentirais "complice" et "spectateur". La seule fois où il m'est arrivé de tromper, j'étais "acteur" et cela m'a suffit. La seule chose que j'ai apprécié dans le fait d'en être "acteur", c'est d'avoir le contrôle de la responsabilité des dommages, ce qui ne serait pas le cas dans la position de "spectateur complice". (Quant à me retrouver dans la position de la personne trompée, je vois mal comment je pourrais occuper un jour cette position dès lors que, d'un point de vue strictement personnel, cela n'a pas de sens pour moi.)
___________________________________
Cependant, ma position personnelle dans la vie diffère de celle que j'adopte par rapport à la vie des autres. Le fait que l'adultère ne soit plus condamné en justice me semble constituer une bonne chose, même si ce n'est pas ce que j'aurais tendance à penser de l'adultère en soi. Reste que j'ai plutôt tendance à suspendre les jugements de cette tendance. Les questions que je me pose depuis plusieurs années sur l'adultère voisinent avec celles sur le divorce.
La loi autorise le divorce et ne condamne plus l'adultère. Même si cela constitue un progrès par rapport auxquels la majorité des personnes ne veulent pas revenir en arrière, beaucoup de préjugés négatifs pèsent encore dessus - voilà ce qui me pose question. Que l'un et l'autre soient le plus souvent mal vécu, certes, mais quel est l'effet de ses préjugés dans le mal être réel de l'un et l'autre - voilà, comment la question se pose pour moi. Puis finalement, les personnes qui se retrouvent à vivre ce genre de situation restent des personnes faites de chaires et d'émotions, mais auxquels ces préjugés semble faire obstacle à une réelle rencontre de ce qu'elles peuvent vivre - voilà pourquoi je me pose la question. (Par exemple, l'écart entre cette chanson et les préjugés auxquels nous sommes habitués.)
Est-ce ou non, la meilleure manière de se poser question, je l'ignore.
___________________________________
Ce qui m'interpelle dans ton histoire, Efw28, c'est le caractère addictif de la relation, le mensonge et le déni. Tu essaies d'y faire face, mais semble le faire le plus souvent seule comme si régnait une sorte de chacun pour soi, mis à part avec la jeune fille qui s'est retrouvée dans la même situation que toi avec la même personne.
Pour le reste, étant donné que la reconstruction est une priorité, je ne vois pas l'intérêt de l'évoquer.
Discussion : Philosophie Magazine dossier sur l'amour

oO0
le mardi 24 juillet 2012 à 00h14
Ce n'est pas le dossier de PhiloMag que j'ai préféré, mais il m'a bien plu dans l'ensemble de ses choix d'éléments.
_________________________________
Ma plus grosse déception vient de Claude Habib qui, malgré le fait qu'elle soit l'une des rares auteur(e)s de la philosophie à avoir écrit sur le consentement, me semble complètement manquer la question dans son exposition de Russell. Reste que la manière dont elle résume sa pensée sur le mariage est plus osée que je ne l'aurais fait :
Claude Habib cite Bertrand Russell
"Dans le système que je recommande, les couples sont affranchis des obligations de fidélité conjugale sexuelle, mais on en revanche le devoir de vaincre la jalousie."
Personnellement, je n'avais pas compris ce que j'avais lu de Russell sur le sujet de manière aussi explicite. Même si je partage le reproche qu'elle lui adresse ainsi qu'à Sartre/Beauvoir, je ne partage pas la manière dont elle formule ses reproches, très caricaturale et - grosse déception pour moi - sans rapport avec le consentement, mais une vision de l'adultère pleine de préjugés. Le minimum eut été de faire la différence entre le consentement mutuel d'une vie extra-conjugale chez Russell et les préjugés auxquels elle cède implicitement sur l'adultère, ou du moins de poser la question de leur différence. (Luc Ferry me semble avoir la même légèreté avec le témoignage de Bonnie, en couple ouvert.) Finalement, la légèreté qu'elle leur reproche est tout aussi valable pour elle.
Où est le mal dans "le devoir de vaincre la jalousie" chez Russell, par exemple ? Que ce soit un devoir est, certes, extrême, mais que penser alors des "obligations de fidélité conjugale sexuelle", bref, du devoir d'exclusivité sexuelle ?
_________________________________
Sinon, la réaction plus mesurée de Luc Ferry me semble un bon signe : tu as été entendue, Tenta. Je ne suis pas sûr, cependant, Françoise, qu'il confonde tant que çà amour et passion, mais plutôt qu'il pointe cette confusion lorsqu'il parle d'antinomie.
Luc Ferry
"C'est que le couple moderne se retrouve face à une antinomie : comment construire une histoire qui dure sur l'amour passion forcément éphémère ?"
Par contre, son argument de la jalousie me fait sourire, doucement sourire. :-) Reste que la manière dont il problématise sa réponse soulève l'axe qui me dérange le plus, finalement, sur l'ensemble du dossier lorsqu'il parle d'alternative au divorce et à l'adultère. (Qu'il parle de "Graal" alors que personne, ici, Tenta parmi les premières, ne parle de Graal, c'est ridicule : il n'y a pas de Graal - point barre. La comparaison avec l'un des éléments mystificateur des croisades me semble relever des joutes verbales de salon du temps où le ridicule pouvait tuer.) Par contre, la question de l'alternative entre le divorce et l'adultère me semble résumer le motif de la question centrale de ce dossier - "Sommes-nous faits pour vivre à deux ?" - mais cet axe aurait mérité d'être davantage approfondit.
Le taux élevé de divorce et la persistance de l'adultère, malgré le droit de divorcer, soit d'une "monogamie" successive constituent probablement les faits principaux qui motivent la question du dossier. D'un autre côté, l'évidence dans laquelle est tenue ce présupposé de devoir trouver une alternative me laisse sur le sentiment de préjugés encore bien établis sur le divorce et encore plus confortablement établis sur l'adultère alors qu'il s'agit d'épreuves de la vie de couple et qu'il est donc possible d'avoir à traverser en s'engageant dans la vie à deux... pour le meilleur et pour le pire.
_________________________________
Pourquoi tant de préjugés sur le divorce et l'adultère ?
Si le divorce a trouvé sa place dans le droit, c'est parce qu'il reconnaît une propriété du consentement : sa révocabalité ou encore, sa rétractabilité ainsi que l'unilatéralité du "non" comme condition minimum de respect du consentement : le non ne requiert pas la mutualité pour devoir être respecté. Si l'adultère n'est plus condamné dans le droit, c'est qu'il reconnaît qu'il ne peut condamner le fait que deux personne s'aiment ou, tout au moins, le consentement mutuel de leurs ébats érotiques.
Voilà, ce qui me dérange dans ce présupposé d'une alternative nécessaire au divorce et à l'adultère, mais je n'ai pas de réponse, je pense juste que la problématisation de ce dossier aurait pu aller plus loin, ne pas céder aussi facilement aux préjugés établis sur l'un et l'autre.
Ce qui est dommage, c'est de manquer le fait que l'évolution du droit conforte le respect de la faculté de consentement des personnes. Même si ce confort a quelque chose d'inconfortable pour nos croyances établies, notamment dans la vie à deux, ce qui est ainsi dommageable, c'est de manquer des occasions de garder une confiance relative dans cette époque de doutes. Reste que, finalement, c'est pour cela que ce dossier me plaît malgré tout, c'est qu'il ne passe pas sous silence cet inconfort et ose sortir du confort de la croyance de la vie à deux.
Certes, ce dossier n'abandonne pas la perspective de la vie à deux - je ne vois pas pourquoi il faudrait, d'ailleurs - mais ne s'y limite pas et rompt quelque part avec son exclusivité, non ?
_________________________________
Dans l'état actuel de la société, il me semble difficile d'attendre plus des médias, sinon cela virerait à la propagande dans un sens ou dans l'autre. Mieux, oui, mais il y a toujours mieux et condamner ce qui est bien au nom du mieux... pffuiiiit !
D'autre part, le rôle de la philosophie consiste davantage à formuler des questions ou encore, problématiser que de répondre ou trouver des solutions... qui en définitif trouvent leurs réponses dans les choix de vies de chaque personne réelle. Questionner, problématiser permet de mieux motiver ses choix de vie et c'est cela, le rôle de la philosophie, permettre de mieux s'orienter sans préjuger de l'orientation à prendre. Pour le reste, il s'agit d'une revue grand public que, pour ma part, je salue car ce n'est pas rien de sortir la philosophie de ses tours d'ivoires pour le grand public. Quel est le sens d'un savoir qui ne se communique pas ? Je pense qu'il perd de son sens.
Enfin Bref, Tentacara/Meta, félicitation pour ta participation ! Personnellement, je m'en réjouis et, même si je comprends que tu trouves ta présence anecdotique, je pense que c'est lié à ce qu'il t'a été demandé : témoigner et non, philosopher. Il ne s'en dégage pas moins ta philosophie de vie : un récit de vie est souvent plus parlant que de longs discours.
Méta
"Mais notre oeuvre, c'est notre vie.
;)
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
Discussion : La théorie de la gestion de la jalousie

oO0
le mercredi 27 juin 2012 à 00h39
Oui, je suis d'accord, Lulutine, ainsi qu'avec ton post sur l'autre fil, à propos du fait d'être le principal acteur de son bien-être. En fait, là où Ilis se sent l'envie de démissionner, je me sens largué et je regrette souvent la plupart de mes posts.
Discussion : La théorie de la gestion de la jalousie

oO0
le mardi 26 juin 2012 à 02h26
Salut Ilis,
je suis content de me tromper, mais cette envie de démissionner des relations humaines est inquiétante. J'ai connu, je n'ai pas eu d'autres choix que de revoir mes attentes relationnelles à la baisse, ce qui m'a permis d'apprécier mieux les relations que j'avais, toutes relations humaines confondues. Même si rares sont celles qui correspondent à mes attentes, elles n'en ont pas moins de la valeur.
Je n'ai pas mis pour autant mes attentes de côté, mais je n'attend plus que le monde des relations humaines satisfasse mes attentes pour les apprécier. Quand il m'arrive encore de vouloir démissionner, même si je n'ai plus la force d'y vivre, je ne m'y force pas, je tente de reprendre des forces dans mon passé, là où ce monde me parle encore.
J'ignore si cela peut t'aider comme cela m'aide, j'en doute, non pas que je te crois incapable, mais chaque personne trouve son équilibre affectif d'une manière propre. Les moments de crises peuvent être l'occasion d'en prendre conscience.
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
Discussion : L'amour cette merde pas possible

oO0
le lundi 25 juin 2012 à 01h37
Dur ce que je fais ? Difficile de répondre à ta question. Si c'est d'apprendre à accepter l'éventualité de perdre une personne d'une manière ou d'une autre et d'en souffrir, je ne suis pas si sûr...
La raison est souvent opposée aux émotions, ce qui tend à engendrer des conflits autant personnels que interpersonnels. Une personne de raison passe souvent pour une personne sans émotions. Qui voudrait ou voudrait être une telle personne ? De là, les conflits interpersonnels et personnels. Pourtant, les progrès scientifiques montrent que les émotions ne sont pas ennemies de la raison et, vice versa.
Par contre, vouloir contrôler ses émotions ou les émotions de l'autre ne peut par que leur opposer la raison dans un rôle qui n'est pas le sien, dès lors qu'elle tend à devenir manipulatrice. Les émotions précèdent la raison qui ne peut qu'être à leur écoute. Quant aux émotions elles sont en attente de reconnaissance et la connaissance que peut en apporter la raison peut y jouer un rôle.
Le fait que tu t'attaches plus facilement à des hommes plus âgés, peut-être parce qu'ils t'aident plus facilement à raisonner/rassurer tes émotions. Note que tu peux toi-même t'approprier cette attitude rationnelle qui te permette de te rassurer et te réassurer émotionnellement. Gagner en autonomie affective ne peut que t'aider à moins vivre dans la peur de perdre une personne et donc, de souffrir de cette peur. L'exemple que tu prends de ton enfance t'indique une peur irrationnelle. Dernièrement, un petit garçon est venu me trouver en pleurs, paniqué de ne pas voir revenir son papa de la banque. Il avait à peine eu le temps de m'expliquer ses peurs que son papa était revenu. Une peur panique irrationnelle peut être, mais non moins sensée puisque les soucis d'argents "enlèvent" souvent aux enfants leurs parents. Une peur dont le sens échappe tend plus vite à prendre des proportions irrationnelles. En même temps, les questions que soulèvent les émotions peuvent être autant stimulante que passionnantes et apporter un plaisir intellectuel qui permet une certaine distance émotionnelle. À défaut d'éprouver des émotions désagréables, le plaisir de mieux les comprendre soulage.
Tu écris que tout ce que tu sais dans ta situation, c'est que tu souffres. L'accepter ne peut que t'aider à en savoir un peu plus, trouver un sens qui te permette de t'orienter et te sentir moins perdue. Quant à la distance émotionnelle, elle est déjà là dans le rejet de l'amour dont le désir est souvent aveuglant. Rechercher le souvenir des moments d'épanouissement que tu as pu connaître dans ce désir avec des personnes réelles peut, certes, te rendre triste, mais...
... tu ne serais pas triste qu'ils soient passés, s'il ne l'avait pas été. (Petite opération de la raison.) Les mauvais moments, personne n'est tristes qu'ils soient passés : il n'y a que les bons moments qui le peuvent et ils se reconnaissent à cette tristesse qu'ils soient passés. (Autre petite opération de la raison.) Si ces moments sont passés, cela signifie qu'ils se sont réellement passés, que ce désir a pu se réaliser. À défaut de reconnaître les moments où tes désirs ont pris réalité, tu ne peux que vivre dans l'urgence de les réaliser et la peur d'être incapable de les vivre avec qui que ce soit... alors que tu as probablement une vie affective plus riche que moi, par exemple. Le rejet de l'amour peut, ici, t'aider à te distancier de l'idéalité pour retrouver la réalité des moments passés avec des personnes aimées. Le passé n'appartient pas à la réalité comme le présent, mais il n'en appartient pas moins à la réalité.
Les personnes réelles, les moments partagés avec elles ne valent-ils pas mieux que l'amour qui ne peut qu'être idéal ? (Voilà la question que je me suis posée dans mon propre rejet de l'amour et qui guide mes réponses, mais elle ne te convient peut-être pas.)
_____________________________________
Ilis, j'en resterai là, je ne peux que te donner des pistes qui ne te conviennent peut-être pas et pour ce qui est de ton vécu, il a davantage sa place avec des proches dans lesquels tu as confiance.
Discussion : L'amour cette merde pas possible

oO0
le samedi 23 juin 2012 à 02h55
Ilis,
est-ce de l'attachement ou la peur de perdre la personne ? (L'un n'est pas l'autre.)
Pour ma part, je n'ai pas peur de m'attacher dès lors que dès que je commence à m'attacher, je tâche d'apprendre dans le même temps à accepter l'éventualité de perdre la personne pour une raison ou pour une autre et d'en souffrir d'une manière ou d'une autre.
Accepter cette éventualité m'a jusqu'ici permis d'éviter de vivre dans la peur les relations que j'ai eu la chance de vivre. (Vivre dans la peur peut faire presque autant souffrir que de souffrir réellement de ce dont on a peur et parfois, même plus : la réalisation d'une peur peut être un soulagement.)
Sinon, est-ce de la jalousie ou de la peur de l'abandon ?
...
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
Discussion : La théorie de la gestion de la jalousie

oO0
le samedi 23 juin 2012 à 02h31
La jalousie, je la connais sans la connaître. Donc je suis très mal placé pour parler du fait d'en souffrir, même si j'en ai souffert indirectement.
Cependant, quand je lis tes propos, je constate de la peur de ne pas en sortir, de continuer à en souffrir et, c'est de là, je pense que vient ce que tu appelles ton inaptitude à l'empathie. La peur et la souffrance diminuent l'empathie de n'importe quelle personne. (Mon exemple favori, c'est celui de l'absurdité de demander à une personne qui a une fracture ouverte de faire preuve d'empathie. Dans le cas de la souffrance physique, c'est souvent évident, mais dans le cas de la souffrance psychique, c'est plus souvent culpabilisant pour la personne en souffrance.) Bref, s'il y a culpabilité de te sentir "inapte" à l'empathie, cette culpabilité t'empêche probablement de sortir du cercle de la jalousie.
Pourquoi n'y a-t-il pas à culpabiliser d'éprouver de la jalousie ? (Mon point de vue est, ici, celui d'une personne qui a plus souffert indirectement de la jalousie.)
(1) Aucune personne ne choisit ce qu'elle éprouve. Éprouver de la jalousie n'est pas un choix, il n'y a que la manière de vivre avec la jalousie qui peut résulter d'un choix et donc, impliquer une responsabilité personnelle.
Quant à la culpabilité, il n'y en a que lorsque il y a des actes en infraction au sens de la loi, soit qui portent atteinte au bien être d'une personne. (Par exemple, atteinte à la vie privée, comme espionner.) Il faut, ici, distinguer la culpabilité psychologique de la culpabilité juridique, soit la peur de faire du tort et faire du tort. Souffrir peut conduire à oublier la peur de faire du tort, d'où la nécessité de faire attention aux actes dont la jalousie peut-être le motif, soit se montrer vigilant sur ce qu'il est possible de croire que la jalousie pousse à faire. La plupart des personnes qui souffrent de la jalousie y résiste et, tout ce que je peux leur souhaiter, c'est d'en prendre conscience car la jalousie met souvent à mal l'estime de soi et, pourtant, y résister est estimable.
Ilis, lorsque tu écris souffrir de la jalousie, tu souffres probablement autant d'en souffrir que d'en faire souffrir. Souffrir de faire souffrir, c'est de l'empathie. (Pas de l'empathie pour le bonheur d'une personne avec une autre personne que toi, certes, mais cela reste de l'empathie. Ne t'arrêter que là où tu te sens incapable d'empathie ne peut que nuire à ton estime personnelle et en prendre conscience là où tu en es capable, bénéfique.)
(2) Exister, c'est s'éprouver, ce qui signifie jouir autant que souffrir. Or souffrir peut occasionner le sentiment d'avoir commis une faute, soit un sentiment de culpabilité psychologique alors que la souffrance est avant tout le fait de l'existence. Ajouter la souffrance de cette dernière à la première ne peut, ici, que refermer le cercle de la jalousie et le rendre plus étouffant.
La culpabilité psychologique d'avoir commis une faute à l'origine de sa souffrance est destructrice pour la confiance et l'estime de soi. Cette peur peut être aussi la peur de faire souffrir et de se faire souffrir et, passée l'intensité qui intime une juste prudence, elles sont destructrices lorsqu'elles conduisent à prendre peur de soi. Et lorsque la confiance en soi et l'estime de soi sont ainsi mises à mal, c'est alors qu'il semble impossible de s'en sortir. À la souffrance de la jalousie et de la culpabilité, il faut ainsi ajouter celle de la peur. La peur fait partie de chaque personne et elle peut faire souffrir : vivre dans la peur fait souffrir, notamment d'un sentiment d'insécurité. Reste que, apprivoisée, la peur peut également procurer un sentiment de sécurité lorsque elle devient une aptitude à la prudence pour soi et pour l'autre. Avoir peur de (se) faire mal peut signifier la prudence.
Sinon, s'il est possible d'éprouver la culpabilité psychologique d'avoir commis une faut à l'origine de sa souffrance, cela vient du fait que le plus souvent, la souffrance réclame un coupable alors que le seul fait d'exister et, par là-même de s'éprouver, suffit à pouvoir souffrir. C'est là que la culpabilité psychologique d'avoir commis une faute à l'origine de sa souffrance peut apparaître absurde. Cet amalgame peut également perdre de son sens dès lors qu'il opère moins facilement avec la souffrance physique car la souffrance physique intègre plus facilement l'accident comme cause de souffrance. Il est cependant plus difficile de concevoir les accidents de la vie qui peuvent conduire à une souffrance psychique que pour la souffrance physique, c'est pourquoi l'amalgame - une souffrance, un coupable - opère plus facilement pour la souffrance psychique.
Le simple fait de croire être la personne coupable de sa propre souffrance peut être l'un de ces accidents.
Il est juste de se sentir responsable de sa souffrance, mais cette responsabilité ne signifie pas de la culpabilité, mais la nécessité de répondre aux questions que posent cette souffrance. Chaque personne apprend plus de ses souffrances que de ses joies parce que, au contraire de la joie, la souffrance rend l'apprentissage nécessaire.
Confondre responsabilité et culpabilité peut être un autre accident.
Je n'ai, ici, donné que des accidents purement psychologique, mais quiproquos, malentendus et évènements peuvent constituer parmi d'autres, d'autres facteurs d'accidents de la vie.
Ilis, visiblement, tu rejettes la faute de ta souffrance sur l'amour, ce qui signifie que tu ne cherches pas de coupables, que tu ne veux culpabiliser personne de ta souffrance. Si c'est le cas, te le reconnaître ne peux qu'être bénéfique pour ton estime personnelle. Par ailleurs, trouver la juste distance avec ta peur de souffrir, de faire souffrir et de te faire souffrir en amour peut t'aider autant à retrouver confiance en toi qu'à te sentir en sécurité, capable de te protéger et de protéger.
Pour rappel, je n'ai que peu d'expérience directe de la jalousie. J'ajouterai simplement que ce que j'écris vient simplement d'un questionnement personnel où, dans une relation, lorsque l'autre personne venait à souffrir de la jalousie, je ne voulais pas qu'elle souffre en plus d'en culpabiliser.
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
Discussion : Polyamour sans couple, sans relation centrale/primaire

oO0
le mardi 19 juin 2012 à 05h13
Sol
Le plus souvent quand il y a la moindre attirance physique entre personnes "momogames",celle-ci apparaît dramatique, devant être cachée, si possible détruite, voire devant empêcher toute amitié.
Je reprends la citation que Lulutine a reprise chez toi, Sol, parce qu'elle résume probablement le mieux les conséquences de l'irresponsabilité affective qu'essaie de formuler Lam, du moins telle que je la comprend.
Sinon, je pense que tu as raison de pointer la difficulté de ne pas voir - j'utilise mes propres mots - un désir d'exclusivité dans l'expression de l'affection au sein des relations non-exclusives. Une peur de s'attacher ou que l'autre s'attache qui n'assume pas ou ne sait pas comment assumer le désir de se lier ou le fait de se sentir lié.
Discussion : Polyamour sans couple, sans relation centrale/primaire

oO0
le mardi 19 juin 2012 à 04h55
lam
En fait dans la notion de couple (polyamoureux ou non) il y a cette notion d'objectifs, car en général un couple se définit aussi par [...] une projection commune à "long terme", l'idée que "ca va durer".L'idée de renouer avec l'amitié et ses valeurs me rassure et me fait peur aussi. Je me sens rassurée en prenant en compte que tout est éphémère...
Et ça me fait peur aussi, parce que des fois ça rassure de s'appuyer sur quelque chose de stable, par exemple une relation dont on se dit qu'elle durera toujours, même si on sait que c'est pas possible. C'est là que j'identifie le coté risqué de la passion - NRE ...
Voilà. Etre ami-e-s sur le long terme, avec une relation qui peut changer de nature, me parait possible, ... Par contre c'est pas rapide comme processus de déformatage et muer demande de fabriquer une nouvelle peau, de laisser glisser progressivement la précédente...
L'indétermination laisse place au long terme, comme le suggère la métaphore du CDI dont parle Sol dans son post. ("Contrat à Durée Indéterminée", cette métaphore n'est pas nécessairement cynique, le consentement intervient autant dans un contrat de travail que dans les relations où il a quasi une valeur contractuelle.) L'indétermination, ça va de peu de temps à beaucoup de temps, voire toute une vie - ce n'est pas impossible - ce que, le plus souvent, effectivement, la projection commune d'un couple (exclusif ou non) vise la durée d'une vie. Reste que, toute une vie, ce n'est pas nécessairement rassurant.
Je voix le changement de peau dont tu parles, mais je le formulerais différemment dans mon cas, je ne sais pas comment.
lam
Ouais aussi. Et le coté difficile à voir c'est la ségrégation sexuelle intériorisée par chacun-e de nous.
Par exemple, j'ai des relations avec des personnes de genres différents. Ca voudrait dire que je ne peux être ami avec personne ! Super programme...
L'intériorisation de la ségrégation est un point d'aveugle effectivement plutôt difficile et je sais que j'y reste coincé. Sinon, je n'avais pas remarqué que la bisexualité, par exemple, montrait l'absurdité de considérer l'orientation de la sexualité comme l'impossibilité de relations d'amitié.
lam
Sinon ce que je trouve lié à l'irresponsabilité affective c'est cette croyance que la personne dont on est "amoureux-se" [...] ça "s'explique pas"... et ça légitime de partager du sexe par exemple, par ce que cet amour là il serait "plus fort que nous"... donc il permet de dépasser le tabou du sexe.
Je pense que ça ne s'explique pas, en tous cas que cela ne s'explique pas d'emblée et en totalité. Aucune personne ne peut choisir ce qu'elle éprouve ou n'éprouve pas et, dans ce sens, personne ne peut en être tenu responsable. Mais, même si je ne suis pas d'accord, c'est plus une nuance. Croire pouvoir choisir ce qui s'éprouve autant pour soi que pour les autres, c'est en un certain sens irresponsable car irréaliste. Et puis, c'est trop facile d'en profiter pour fuir toute responsabilité et, si ce qui s'éprouve ne se choisit pas, la manière de le vivre avec soi-même et avec les autres, peut se choisir, même s'il y a de nombreux facteurs d'indécision. Cela peut être une manière de sortir de l'indécision de ne pas chercher d'explication et, même si ce n'est pas la meilleure manière de dépasser le tabou du sexe, c'est une manière.
lam
J'ai remarqué que dans certains cas j'ai plus de facilité à dire que ca va pas [...] dans une amitié sexuelle. Comme si la mise à nu au sens propre invitait/aidait à la mise à nu sentimentale.
Et par ailleurs je trouve pas ça facile [...] parce que souvent c'est dénigré comme étant "pas sérieux", vu comme un truc de "sex friends", ... "opportuniste, consommatrice, ..." Et je me demande si cet a priori que des amitiés sexuelles ça voudrait dire prendre le sexe à la légère, ne sert pas d'excuse justement à l'irresponsabilité affective.
Personnellement, je ne vois pas ce qu'il y a à redire sur les "sex friends". Sinon, la question de savoir si nombre d'a priori négatifs sur les relations sans couple/relation primaire ne cache pas une forme d'irresponsabilité affective, bonne question. (Les a priori négatifs, pas les relations de couples/primaires, évidemment.)
_________________________________
Irresponsabilité affective ?
Répondre, tenter de répondre aux questions que soulèvent les relations qu'elles qu'elles soient ? Faire face à leur réalité affective ?
Comment tenir compte des limites affectives de chacun, chacune face à ces questions sans que cela ne les tirent vers le bas ?
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
Discussion : Polyamour sans couple, sans relation centrale/primaire

oO0
le vendredi 08 juin 2012 à 13h29
Ouf, enfin le temps de te répondre.
Je ne pense pas que je décris si bien que cela, mais plutôt qu'il y a effectivement un besoin d'amitié et je me retrouve dans ta manière de le formuler.
La première raison vient de ce que j'appelle la ségrégation sexuelle. Tout comme la ségrégation raciale, celle-ci a fortement diminuée, mais elles restent toutes deux prégnantes et la ségrégation sexuelle prend diverses formes lorsqu'il s'agit en plus d'orientations sexuelles.
Ce que j'apprécie dans l'amitié, c'est son indétermination. Les amitiés saines recherchent davantage une qualité de relation - que cela se passe au mieux pour chacun - que d'atteindre des objectifs - que cela se passe comme chacun veut. Atteindre des objectifs est important, mais ce qui importe avant tout en amitié c'est que cela se passe, non tel que chacun peut le vouloir, mais au mieux. Un échec ne met pas à mal une amitié au contraire du manque de respect ou d'attention au bien être de l'autre ou de soi.
La manière dont la ségrégation sexuelle empêche l'amitié c'est lorsqu'elle affirme qu'elle n'est pas possible lorsqu'au moins une des deux personnes correspond à l'orientation sexuelle de l'autre.
"L'amitié n'est pas possible entre un homme et une femme. Il y en a toujours un des deux qui voudra plus que de l'amitié."
"Tu ne peux pas être ami(e) avec, il/elle veut plus que de l'amitié : il/elle est homo."
L'amitié est ainsi le plus souvent accusée comme une façade qui cache des désirs sexuels, soit d'hypocrisie envers la sexualité... (Dans le même temps, ce genre de condamnation s'accompagne souvent de jugements sévère sur la sexualité.) Le sexe est, dans ces formules, affirmé comme ce qui est vrai (une vérité souvent honteuse) et l'amitié, ce qui est faux. En même temps que cette honte provoque une certaine ségrégation sexuelle sous la forme d'amitiés asexuées, soit d'orientation sexuelle incompatible, cette ségrégation ne fait pourtant que confirmer un besoin réel d'amitié. Bien qu'étant sensé être plus vrai que l'amitié, la plupart des personnes entretiennent et recherchent davantage de relations amicales que sexuelles.
"Pourquoi ce besoin d'amitié plus fort que celui d'une sexualité dans la ségrégation sexuelle ? Pourquoi plus de vérités sur la sexualité dans les amitiés ?" Si les hommes et les femmes hétéros se tournent davantage vers leurs semblables, pour en rester à une ségrégation sexuelle de base, il est encore possible d'hypocrisie, mais c'est alors commencer cette fois-ci à nier la réalité de ce besoin d'amitié.
C'est ce qui m'amuse dans la ségrégation sexuelle lorsqu'elle affirme que l'amitié n'est pas possible, c'est que la recherche de relations amicales n'en reste pas moins plus importantes que celle de relations sexuelles dans la réalité des faits. C'est d'ailleurs ce qui fait que les garçons se retrouvent d'un côté et les filles, de l'autre plutôt que de donner une situation où les garçons ne s'intéressent qu'aux filles et vice, versa. La sexualité créée d'ailleurs davantage d'amitié qu'elle n'en empêche dès lors qu'il s'agit d'un sujet qui rapproche et donne souvent lieu à la création de lien d'amitié. (Les relations qui finissent en amitiés en sont les exemples les plus concrets.) C'est toujours plus facile de confier ses sentiments et ses désirs à un(e) ami(e) qu'à la personne concernée et cela me semble être lié au fait que l'amitié se préoccupe davantage à ce que cela passe au mieux pour chacun que comme chacun veut : l'amitié veut avant tout que, peu importe ce que chacun veut, cela se passe avant tout bien.
C'est ce qui se passe lorsqu'un couple décide de se séparer à l'amiable : plutôt que d'essayer d'obtenir de l'autre ce que l'on veut, on cherche à ce que cela se passe bien même si cela signifie mettre fin à la relation et accepter de perdre ce que l'on y voulait. Même si cette réplique est souvent moquée, "On est/reste ami.", elle me semble avoir beaucoup de sens. J'ai du mal à développer le sens de la responsabilité que tu as pointé, mais je pense qu'il y a, ici, un sens évident de la responsabilité. Plutôt que de vouloir obtenir la relation telle que voulue à tout prix, soit au risque que cela se passe horriblement mal, je trouve plus responsable une attitude amicale telle que se séparer à l'amiable. L'amitié a beau, ici, être taxée de mièvre, je pense qu'il faut savoir ce que l'on veut, à savoir que cela se passe bien ou obtenir ce que l'on veut à n'importe quel prix.
_______________________________________
Je m'excuse de m'exprimer si longuement sans rentrer dans le sujet proprement dit de plusieurs relations non hiérarchisées autour d'un couple. Le fait même d'une seule relation date pour moi et je me suis retrouvé le plus souvent malgré moi dans des relations s'apparentant plus à un couple qu'à de l'amitié, même si j'en ai connues. En même temps, il s'agit d'un point de vue construit à l'intérieur de la mentalité dominante qui montre qu'elle évolue et qu'elle a en elle des portes ouvertes. Le fait est que, au bout d'un certain moment, j'ai eu l'impression de me perdre à lutter contre la mentalité dominante et que je me suis mis à emprunter les courants qui m'y conviennent plutôt que de lutter à contre courant, soit non plus l'envisager comme source d'impossibles, mais de possibles.
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
Discussion : Polyamour sans couple, sans relation centrale/primaire

oO0
le samedi 02 juin 2012 à 02h32
Là, je retrouve peut-être le noeud de ma vie affective.
lam
Alors sur la prise de tête je sais pas, mais en tout cas je me pose pas mal de questions, de manière régulière. Et récemment quand on m'a renvoyé que je réfléchissais trop - alors que je posais des mots sur ma manière de fonctionner dans les relations après avoir passé une nuit avec un pote - j'en ai eu marre. Pas envie de me justifier. Fatigue vis à vis de l'irresponsabilité affective, de la fuite face au fait de mettre des mots sur ce qu'on vit.
(La suite, je m'y reconnais moins.)
J'apprécie beaucoup l'expression "irresponsabilité affective". Comment une part de la vie affective considérée comme si importante supporte aussi peu de discussion ? Être explicite, mettre des mots est considéré comme l'anti-séduction par excellence et l'implicite, la séduction même. Sinon, plus que de la fatigue, cela a fini par m'épuiser et me désorienter de me voir reprocher de mettre des mots. Je dirais même que cela m'a presque complètement inhibé.
D'emblée, dans ma vie, j'avais ressenti le sujet amoureux comme un sujet plutôt réfractaire à la liberté de pensée et d'expression et cela n'a fait que se confirmer en dépit de la qualité des personnes souvent rencontrées.
Pourtant, même si je réfléchis beaucoup et mets beaucoup de mots sur ce que je vis, dans la vie concrète, je suis "easy going". Autant je peux investir énormément de réflexion dans une conversation ou une discussion, en ce qui concerne les décisions d'une personne en matière de relation, je ne les discutes pas. Je reste disponible pour en parler évidemment et si je ressens un malaise, j'exprime ce malaise. Ce qui m'importe, ce n'est pas d'obtenir ce que je veux, mais de se sentir à l'aise avec ce que chacun, chacune peut ou ne peut pas vouloir. Je pense que la réflexion peut y aider, mais cela suscite justement la réaction "prise de tête", ce qui ne fait qu'ajouter au malaise quand cela ne le créée pas. Sinon, si je ne discute pas une décision, c'est que je ne vois pas plus de raisons de discuter une décision en matière de relation qu'en matière de relation sexuelle. Une personne n'a pas à argumenter le fait qu'elle ne veuille pas d'une relation sexuelle, sinon ce serait aberrant : "Tes arguments ne tiennent pas, on baise !" Or, une relation implique plus qu'une simple relation sexuelle. Cependant, cela ne m'empêche pas de ressentir le rejet de mes réflexions comme s'il s'agissait d'une négociation, voire d'une manipulation alors que j'y recherche, c'est de l'intercompréhension. C'est là que cela devient complètement désorientant, que je ne sais finalement plus que penser de mes intentions et que, finalement, j'abandonne toute intention pour me retrouver dans une sorte d'état d'inhibition.
Cela ne se produit cependant pas dans un cadre de discussion amical, cadre qui me semble aussi être celui des relations sans couple ou relation principale/centrale. Parfois, en termes d'amitié, elles ressemblent aux relations entre "sexfriends" ou "friends with benefits", sauf que dans les deux cas, c'est souvent dans l'attente et à défaut d'une relation principale/centrale. Dans le cas des "sexfriends", cela se limite en plus souvent aux relations sexuelles. Dans un cas comme dans l'autre, il n'en s'agit pas moins d'amitié et c'est ce qui m'intéresse, les amitiés ne se hiérarchisent pas.
Enfin soit, Lam, j'ai l'impression que le plus difficile, c'est d'arriver à s'exprimer dans un cadre amical avec des enjeux qui dépassent pourtant le cadre amical au sens habituel. Le fait est que, entre amis, il est plus facile de parler et penser librement et cette liberté se perd souvent à regret lorsqu'une relation devient plus intime. Cela peut choquer d'écrire que le sujet amoureux manque de liberté de pensée et d'expression peut choquer plus d'un et plus d'une. Si cela peut choquer, c'est que chacun, chacune peut ressentir avoir vécu cette liberté d'expression, mais si chacun, chacune regarde honnêtement dans son vécu, ce sentiment provient le plus souvent de relations amicales ou de relations qui ont connus des phases amicales.
Enfin soit, j'ai l'impression que ce fil peut gagner à emprunter le topique de l'amitié plus franchement. L'irresponsabilité affective dont tu parles, Lam, me semble souvent disparaître dans le cercle amical qui semble prendre en charge cette responsabilité.
- Le fait d'aimer plusieurs personnes se confie plus facilement dans le cercle amical qu'à l'intérieur d'une relation.
- Lorsque des personnes décident d'être amies à la fin d'une relation, elles se découvrent parfois plus responsables affectivement, plus à l'écoute et à même de gérer affectivement leur relation alors qu'elle vient de finir. Parfois, cela relance la relation.
P.-S.: Même si cela me semble plus simple, cela ne m'empêche pas de me sentir "prise de tête" et mal à l'aise.
Message modifié par son auteur il y a 13 ans.
Discussion : Polyamour sans couple, sans relation centrale/primaire

oO0
le samedi 26 mai 2012 à 03h21
Sans couple, sans relation centrale/primaire
Encore merci, Lam, d'avoir ouvert ce post et aux autres de l'avoir fait avancer. Comme d'autres, ici, je pense que c'est l'un des rares où je pourrais approfondir ma disponibilités et mes attentes relationnelles. Reste que, actuellement, je reste sur un sentiment que cela arrive un peu tard. Je n'ai plus le temps et l'énergie que j'avais en arrivant sur ce forum. Ce qui n'empêche que tu le sort d'un non-dit qui mériterait peut-être un jour, une rubrique à part.
Voilà, j'espère avoir un jour le temps et l'énergie, mais en même temps tellement de choses me semble évidentes que j'aurais l'impression de ressasser des évidences personnelles et, d'autre part, de paraphraser... même si un travail de confirmation intersubjective me semble toujours intéressant et que je pourrais apporter ma petite contribution.
Discussion : Contrat écrit

oO0
le jeudi 17 mai 2012 à 04h45
Le "contrat de lecture" du contrat ?
La première chose qui ressort, c'est que le contrat de lecture qui semble ressortir, c'est celui d'un "aide mémoire". Ce que j'entends suggérer ici, c'est que le "contrat de lecture", c'est à dire la manière de lire/interpréter ce contrat qui importe en premier lieu. Si sa vocation première est d'être lu comme un "aide mémoire", c'est tout à fait différent que si elle est d'être un "moyen de contrainte" qui entre dans la dynamique des rapports de force que tu souhaites éviter. Comme je le comprends, il s'agit d'un "aide mémoire" qui permette d'éviter "les rapports de force" dû aux oublis d'une mémoire par définition sélective pour chaque personne.
En gros, cela concerne l'état d'esprit général du contrat, ses objectifs généraux. Le danger, c'est que les idéaux prennent le dessus sur la réalité, sur la relation réelle et que cela devienne un moyen de contrôle plutôt qu'un moyen de vous libérer, de garantir une compréhension mutuelle.
P.-S.: Difficile de trouver des articles faciles pour définir ce qu'est un "contrat... de lecture". Sinon, vu que l'époque a tendance à rejeter ce qui est intellectuel, je pense que ta proposition risque plus d'irriter que de calmer. Les intellos sont toujours pas les préférés de la classe, loin de là et à moins que d'être deux intellos qui apprécient clarifier le sens des termes qu'ils utilisent pour communiquer et s'orienter dans leur relation : "Qu'est-ce qu'on s'en fout que ce soit clair, faut être... cool !"
Discussion : La sexualité avec un A

oO0
le vendredi 27 avril 2012 à 23h38
Un nom ? Stan, ça te va ?!? En plus, là d'où je suis il y a une compagnie de théâtre qui s'appelle STAN (Stop Thinking About Name) ! Sinon, si le virtuel n'occasionnait pas de dérives parfois complètement irrationnel dans la communication, j'utiliserais encore mon prénom comme je l'ai toujours fait jusqu'à il y a quelques années.
Sinon, oui, un peu d'humour ne ferait pas de tort. Par exemple - chacun son sens de l'humour et de l'autodérision personnelle - j'apprécie me figurer être un satyre dont les cornes n'ont jamais poussé et cul de jatte de surcroît. (Pour avoir des cornes, il y a un minimum que je ne satisfais pas. Pour le reste, je te laisse développer la métaphore.) Ce n'est pas la seule manière que j'ai d'en rire et j'ai des amis très créatifs qui ne manquent pas de venir à mon secours pour en rire : j'adore tendre des perches. Reste que, ne nous connaissant pas ... cela me semble risqué de jouer à ce jeu.