[Vocabulaire] Relation ou pas ?
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artichaut
le samedi 18 janvier 2020 à 10h18
artichaut
Alors récemment je me suis dit :
Une "relation" c'est une personne avec j'ai une relation inter-individuelle (avec qui je passe des moments rien qu'à deux quoi, avec qui j'ai des discussions à deux).
…et depuis j'ai avancé, et je me dis que c'est une personne :
- avec qui on se câle des moments rien qu'à deux, pour passer plusieurs heures (ou a fortiori, plusieurs jours) ensemble
- avec qui je partage une forme d'intimité : ça peut être de l'amour, du sexe, de la tendresse, dormir ensemble, avoir des discussions allant dans l'intime (telles que se raconter nos vies émotionnelles)… etc
Quand ces deux choses sont réunies, je me dis que c'est une relation (appartenant donc à ma "constellation poly"). Et je la prends en compte comme telle, notamment dans ses interactions/implications possibles (jalousie, planning & co).
Je pourrais presque ne conserver que la deuxième proposition, car la première est généralement nécessaire pour activer la seconde. Et que après tout, une relation épistolaire où l'on ne se verrait pas de visu, mais où l'on partagerait de l'intime, je pourrait tout à fait la considérer comme une relation à part entière.
Et par contre si je dois répondre à la question « Tu as combien de relation ? », et sauf solution d'évitements précédemment citées, je m'adapte à la personne qui me pose la question (et donc hors milieu poly, et même parfois en milieu poly, je nomme les relations ressemblant le+ à des relations "amoureuses ou sexuelles" du point de vue de la société). Ça ne me satisfait pas, mais sinon j'ai l'impression de parler une autre langue et qu'on ne me comprend pas.
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artichaut
le mercredi 30 juillet 2025 à 11h14
Voir aussi :
- Votre terminologie perso (termes et étiquettes pour définir une relation, un·e partenaire), avril 2019
- Les types de relations, nov 2020
- Rencontre vs Relation (dynamique de rencontre vs dynamique relationnelle), mars 2025
La question du terme ou de la notion de relation est aussi déterminante dans cette récurente question sur la question du nombre de relations, qui m'a beaucoup perturbé par cette question : « Tu as combien de relation ? ».
Aujourd'hui j'aurais preque envie de répondre : « Je n'en ai pas, je n'en ai plus ». Ou « Ce terme ne me convient plus ».
Alors qu'un temps il m'a permis de sortir des questions « As-tu une amoureuse ? », « Es-tu en couple ? », « As-tu quelqu'un dans ta vie ? », qui me permettait de répondre « J'ai des relations » (pour ne pas hiérarchiser amour, amitié, etc)… aujourd'hui même ce terme me semble avoir des fondations, des fondements monogames.
Dans le sens que pour avoir le droit à cette appelation
- d'une part il faut répondre à certains critères (donc ça hiérarchise de fait et exclue ou dévalorise d'autres types d'interactions)
- d'autre part, même en milieu poly, ça sous-entend presque toujours : RAS (relation amoureuse et sexuelle), ou a minima une relation amoureuse et/ou sexuelle (qui au passage sous-entend à son tour — toujours dans une visée à mon sens monogame — ce qu'est "l'amour-amoureux" et ce qu'est "le sexe", en les hiérarchisant vis à vis d'autres types d'interactions)
Le mot relation me semble donc pour moi aujourd'hui, porter trop d'injonctions et de valeurs monogames.
La transformation relationnelle ne me suffit plus, j'ai peut-être besoin de liens qui cessent de se définir (moi qui pourtant adore les définitions, les terminologies, les typologies…).
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HiBou
le mercredi 30 juillet 2025 à 18h50
Hey coucou, pour moi, la relation commence à partir du moment où l'on partage la présence de l'autre (physiquement ou en pensée).
J'aurais tendance à aimer les inconnus que je rencontre de façon plus inconditionnelle que lorsque le temps passe dans la relation. J'ai l'impression que c'est un peu comme si cette nouvelle relation devait trouver un sens, un pourquoi, essayer de créer un autre moment partagé avec cet autre, me permet en fait de venir révéler l'attente que je pourrais avoir de ce moment partagé mais cette fois cocréé.
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artichaut
le jeudi 31 juillet 2025 à 12h31
HiBou
pour moi, la relation commence à partir du moment où l'on partage la présence de l'autre (physiquement ou en pensée).
C'est à dire ?
(Tu pense à ton banquier ou tu es en présence de la boulangère, donc t'es en relation avec elle/lui ?)
Tu peux préciser ?
HiBou
J'ai l'impression que c'est un peu comme si cette nouvelle relation devait trouver un sens, un pourquoi, essayer de créer un autre moment partagé avec cet autre, me permet en fait de venir révéler l'attente que je pourrais avoir de ce moment partagé mais cette fois cocréé.
Est-ce qu'une relation commence quand vous vous fixez un RV pour vous revoir ? Ou même juste quand l'un·e propose ?
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Lili-Lutine
le jeudi 31 juillet 2025 à 21h01
Relation ou pas ?
Je ne compte plus en relations, mais en liens
J’ai longtemps essayé de répondre à cette question du nombre de relations dans ma vie
Aujourd’hui, je n’en ai plus envie
Non pas parce que je suis seule ou sans attache, mais parce que ce mot-là me semble trop étroit, trop chargé d’implicite, même dans les milieux poly
Il embarque avec lui des critères souvent hérités de la monogamie : durée, exclusivité affective ou sexuelle, engagement officiel, visibilité sociale, place dans un système hiérarchique
Je vis entourée de liens
Parfois mouvants, parfois intenses, parfois flous ou légers, mais choisis
Je peux être touchée par une rencontre ponctuelle, dormir avec tendresse contre un corps qui ne reviendra peut-être jamais, ou construire sur des années une complicité qui ne passe ni par le sexe, ni par le romantisme, mais par le soin, la joie, la présence sincère
Dans ma constellation, il y a des liens qui n’ont pas de nom
Ni partenaires, ni ami·e·s, ni amant·e·s
Parfois un peu tout ça à la fois
Parfois rien de tout ça
Mais ils comptent
Ce sont ces attachements sans catégorie fixe qui m’ouvrent des espaces, qui me nourrissent, qui me transforment
Je préfère parler d’attachements électifs, de complicités choisies, de liens non hiérarchiques, que je vis comme une forme de résistance à ce que la société attend de nous
Ces mots-là ne cherchent pas à figer, mais à ouvrir
Ils nous permettent de rendre visibles des formes d’attachement qui comptent autant qu’un "amour officiel" ou une amitié reconnue
Et je crois que ça compte, profondément, de chercher d’autres mots
Pas pour tout nommer
Pas pour enfermer
Mais pour élargir le champ de ce qui peut exister
Parce que les mots qu’on n’a pas sont aussi des vies qu’on ne voit pas
Réfléchir à ce qui nous relie, inventer des façons de dire ou de ne pas dire, c’est déjà politique
C’est refuser d’être invisibilisé·e, réduit·e, assigné·e à des normes qui ne nous contiennent pas
C’est affirmer nos existences, mouvantes, multiples
Cette façon d’habiter le lien, je la vois comme une manière d’être au monde, à la fois intime et politique
Tisser, au lieu de classer
Toucher, au lieu de posséder
S’attacher, sans mode d’emploi
Alors si on me demande "Tu as combien de relations ?", je peux parfois sourire et répondre : Je tisse :-D
Message modifié par son auteur il y a un mois.
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artichaut
le jeudi 31 juillet 2025 à 22h02
Lili-Lutine
J’ai longtemps essayé de répondre à cette question du nombre de "relations" dans ma vie
Aujourd’hui, je n’en ai plus envie
Non pas parce que je suis seule ou sans attache, mais parce que ce mot-là me semble trop étroit, trop chargé d’implicite, même dans les milieux poly
Il embarque avec lui des critères souvent hérités de la monogamie : durée, exclusivité affective ou sexuelle, engagement "officiel", visibilité sociale, place dans un système hiérarchique
Moi, je vis entourée de liens
Parfois mouvants, parfois intenses, parfois flous ou légers, mais choisis
Je peux être touchée par une rencontre ponctuelle, dormir avec tendresse contre un corps qui ne reviendra peut-être jamais, ou construire sur des années une complicité qui ne passe ni par le sexe, ni par le romantisme, mais par le soin, la joie, la présence sincère
Dans ma constellation, il y a des liens qui n’ont pas de nom
Ni partenaires, ni ami·e·s, ni amant·e·s
Parfois un peu tout ça à la fois
Parfois rien de tout ça(…)
Cette façon d’habiter le lien, je la vois comme une manière d’être au monde, à la fois intime et politique
Tisser, au lieu de classer
Toucher, au lieu de posséder
S’attacher, sans mode d’emploi
Ça me parle.
C'est ainsi que j'ai envie de vivre les liens, le réseau affectif.
Ce n'est pas forcément facile, ni rassurant, ni sécurisant.
Ça implique potentiellement de vivre beaucoup d'inconfort, de solitude, de questionnements.
Ça implique de ne compter sur personne en particulier, mais faire plutôt confiance au global.
C'est tout sauf un long fleuve tranquille.
Et on peut facilement passer pour prétentieux ou égoïste.
Mais perso j'étouffe dans cette monogamie de la relation. Ce que tu nommes étroitesse et implicite.
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HiBou
le vendredi 01 août 2025 à 10h57
artichaut
C'est à dire ?
(Tu pense à ton banquier ou tu es en présence de la boulangère, donc t'es en relation avec elle/lui ?)
Tu peux préciser ?
Oui, à partir du moment ou je partage de mon temps avec un autre, je considère ça comme une relation. Après c'est possible de venir rajouter des termes pour préciser la nature ou le type de relation (amicale, professionnelle, etc), mais j'aime pas les étiquettes :P
Je pense que ça répond aussi à ta deuxième question, pas besoin de prendre un autre rdv, la relation commence à l'instant ou l'on se rencontre, par "hasard".
Pour ce qui est de la notion de continuité de la relation, de cocréation de moment partagé, je suis encore en recherche de sens, réussir à partager un moment avec l'autre sans biaiser ce moment par une attente plus profonde.
J'en suis presque au point de couper tous mes outils de communication (téléphone, résaux, mail) et juste aimer ceux que je croiserai par hasard.
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artichaut
le vendredi 01 août 2025 à 13h06
HiBou
Oui, à partir du moment ou je partage de mon temps avec un autre, je considère ça comme une relation. Après c'est possible de venir rajouter des termes pour préciser la nature ou le type de relation (amicale, professionnelle, etc), mais j'aime pas les étiquettes :P
Je pense que ça répond aussi à ta deuxième question, pas besoin de prendre un autre rdv, la relation commence à l'instant ou l'on se rencontre, par "hasard".
Ok. Du coup moi j'apelle ça interaction (en présentiel). La relation pour moi commence quand on a envie de s'inscrire dans le temps (passé-présent-futur) quand il y a présentiel mais aussi abscence/virtuel/distance.
Et c'est ce qui me gêne dans la relation : les attentes sur le non présentiel, ou même sur le présentiel d'ailleurs. Ce n'est plus seulement un moment vécu pour lui-même, mais un moment qui s'inscrit dans une suite de moments et qui prend de la valeur du fait de cette suite. Ce qui en soit est logique et peut être chouette. Mais qui pour moi à tendance à fabriquer trop d'injonctions.
Je suis pourtant quelqu'un qui vient de la relation, qui a du mal à être dans la pleine présence (qui repense et projette). Mais j'ai envie de changer ça justement.
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Siestacorta
le vendredi 01 août 2025 à 13h32
J'y reviendrai mais va pour la punchline pléonasmique :
"la relation, c'est ce qu'on fait dans la relation".
Et c'est aussi con qu'important que ça.
Message modifié par son auteur il y a un mois.
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Alabama
le vendredi 01 août 2025 à 13h37
Etant en formation de Gestalt-thérapie, je crois que les définitions qu'on y a apprises concernant la relation thérapeutique me conviennent plutôt bien pour tout le reste.
Interaction : sur le moment, ce qui se passe entre deux (ou +) personnes, en verbal et non-verbal.
Relation : la somme d'interaction qu'il y a eu jusqu'à présent, et qui crée une histoire entre les personnes.
Donc en me basant là-dessus, pour moi une relation débute à partir du moment où l'on interagit au moins 2 fois. Peut-être que j'ajouterais le fait de se projeter à continuer d'interagir. Je pense à une personne que j'ai vue plusieurs fois, et puis ni l'un ni l'autre n'avons plus fait de propositions de se voir. A ce jour, je considère que je ne suis plus en relation avec cette personne, mais il y a bien une relation passée, même si nous n'avons pas mis de mots dessus et même s'il n'y a pas eu rupture puisque personne n'a dit "on aurait qu'à arrêter de se voir".
Donc si j'ai interagi deux fois avec une personne et que je projette de la revoir dans le futur, alors j'ai une relation avec cette personne. Ça inclue certaines relations commerçantes pour moi. J'ai clairement une relation avec mon boucher, même si cela reste sur un ton léger. Nous avons des interactions passées et j'envisage de continuer à aller chez lui et donc à interagir avec lui. Et je pense que lui aussi projette que je vais continuer de venir de temps à autre.
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artichaut
le vendredi 01 août 2025 à 13h53
Je me rends compte que je fais une confusion entre distance géographique et distance temporelle.
On peut être en interaction en présentiel (même temps, même espace), mais aussi en virtuel (même temps, pas même espace) via les outils ad-hoc (téléphone, internet…). Dans les deux cas j'aime ça.
Là où je vais plus buguer, c'est sur les moments non-interactifs.
En soi, dès que je ne suis plus avec l'autre, je ne l'aime plus. Même si je peux avoir parfois des élans, des pensées, des émotions submergeantes dirigées vers l'autre. Et j'imagine que l'autre aussi.
Utiliser le mot interaction au lieu de relation me permet de privilégier le présentiel (fut-il à distance géographique), plutôt que le non-présentiel (distance temporelle, désynchronisme…).
J'aime que l'autre soit pleinement présent avec moi quand on est ensemble. Mais je me fout pas mal de sa vie dès qu'on est séparés. (Je caricature un peu, mais c'est pour rendre sensible les choses). Tout en lui souhaitant le meilleur quand même (d'où la compersion).
Siestacorta
J'y reviendrai mais va pour la punchline pléonasmique :
"la relation, c'est ce qu'on fait dans la relation".
…peut-être que ça va dans le sens de ta punchline @Siestacorta ?
Peut-être que dans relation je ressens une injonction à remplir les vides, les creux, à créer un genre de continuité. Là où j'aime et j'ai besoin de la discontinuité. En quelque sorte j'ai besoin de rompre souvent, de ne pas être là pour l'autre. D'où mon goût pour les ruptures et micro-ruptures sans doute.
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Siestacorta
le samedi 02 août 2025 à 16h49
artichaut
En soi, dès que je ne suis plus avec l'autre, je ne l'aime plus. Même si je peux avoir parfois des élans, des pensées, des émotions submergeantes dirigées vers l'autre. Et j'imagine que l'autre aussi.
Utiliser le mot interaction au lieu de relation me permet de privilégier le présentiel (fut-il à distance géographique), plutôt que le non-présentiel (distance temporelle, désynchronisme…).
J'aime que l'autre soit pleinement présent avec moi quand on est ensemble. Mais je me fout pas mal de sa vie dès qu'on est séparés. (Je caricature un peu, mais c'est pour rendre sensible les choses). Tout en lui souhaitant le meilleur quand même (d'où la compersion).
…peut-être que ça va dans le sens de ta punchline @Siestacorta ?
Ça y répond en tout cas.
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Je crois qu'effectivement cette affaire de non-présentiel est importante pour cerner les recherches.
La continuité de la relation "en absence" peut, à mon sens, contenir deux vécus un peu différents :
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- ce que j'éprouve (ou pas) pour l'autre quand il n'est pas avec moi. Cette part est strictement mienne, on pourrait croire qu'elle n'est pas "relation", plutôt projection. Et pourtant ? Elle me dit des choses sur l'intensité, la qualité de mon attachement. Ça ne concerne que moi, je ne peux pas attendre quoi que ce soit de l'autre juste à cause de ces émotions et sentiments sur lesquels il n'agit pas. Mais... ça remplit une partie de ma vie. L'autre ne remplit pas que des centimètres dans l'espace, il occupe un espace dans ma tête. Il me quitterait ou mourrait, cet espace là existerait encore. En vivant cela, je suis investi.
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- comment j'attends la prochaine présence. C'est en partie "formaté" par l'aspect de l'absence que je viens de décrire. Mais même sans ça. Juste en ayant vécu quelque chose à l'interaction du lundi, j'ai des projections sur celle du jeudi. C'est là où je dis "la relation, c'est ce qu'on fait dans la relation". Ce qu'on a déjà fait, ce qu'on a envie de faire, ce dont l'autre a envie ou plus envie, à quel rythme, quels potentiels et limites matériels comme personnels.
Bref, juste programmer et anticiper, c'est relationner.
Tout est là, tout ce qui qualifie, l'éthique, le concret, les réactions. C'est dans cet ensemble qu'on va pouvoir dire quelle relation c'est, et qu'on pourra croire à ce qu'elle peut être.
J'attends pas du boulanger autre chose que du pain et éventuellement d'être poli. Il y a relation dans cette attente, et c'est limité.
Les relations plus affectives vont se construire d'interactions et d'attentes plus riches. Et en amour, on vit des attentes fortes, implicites, dont on a pas conscience chez soi ou chez l'autre. Je comprends bien qu'on veuille se libérer du poids de ces attentes, mais je les crois "nécessaires" - elles vont nécessairement se former à partir de ce qu'on fait ensemble et de ce qu'on aura vécu avant. Si l'autre devient important pour nous ("signifcant parter" en anglais), a de l'impact dans nos émotions et dans l'organisation de notre vie, ça peut avoir des suites.
Certes : ou pas.
Et pas chaque fois les mêmes. Et "l'escalator" menace.
Malgré tout, je crois pas qu'on devrait refuser que ces romans d'amour s'écrivent avec nous sous prétexte que les romans limitent l'imaginaire amoureux. On peut ne pas, ne plus vouloir de plein d'aspects de la vie amoureuse normée. On a bien raison de vouloir écrire son histoire perso, pas celle attendue, pas une meilleure. Mais si on vit quelque chose, cela s'écrit en nous, s'imprime. On est pas libre de la somme de ce qu'on s'est fait, ou en tout cas pas au point de dire que l'ensemble ne porte pas le nom de relation : le lien entre les personnes a assez existé pour s'être détaillé. Et même le rompre ne fait pas que la relation n'existe plus : cette histoire peut en déterminer d'autres, en voulant éviter les répétitions, en voulant retrouver quelque chose, en nous donnant du pex... heu... De l'expérience.
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Bref. Comme pour "amour", "couple", je comprend qu'on veuille éviter la surcharge d'attentes, normées et survalorisées.
Mais je crois que c'est plutôt en qualifiant (communiquant demandes et limites...) et en agissant que ça peut se faire plus sur mesure qu'en prêt à porter. En saoulant les gens, comme on le fait ici, pour dire ce qu'on veut, ce qu'on demande, ce qu'on refuse.
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Pour moi, tenter d'échapper aux référents commun amène le risque de l'anomie égoïste.
"J'ai rien promis avec ces mots, donc si a partir de ce qu'on a fait, tu demandes quelque chose que je n'ai pas décrit, j'ai toujours une légitimité à dire que ça n'était pas de la relation, juste des moments".
Pour moi, ne pas utiliser ce vocabulaire, tout piégé qu'il soit, ça donne trop de possibilités de pas se comprendre. Et cette fois, sans que ce soit par manque de recul sur nos éducations sentimentales, mais exprès.
Je crois que pas dialoguer avec les mots partagés ajoute une inégalité de liberté : l'autre n'a que ces mots-là, au départ.
Message modifié par son auteur il y a un mois.
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Alabama
le lundi 04 août 2025 à 20h57
artichaut
En soi, dès que je ne suis plus avec l'autre, je ne l'aime plus. Même si je peux avoir parfois des élans, des pensées, des émotions submergeantes dirigées vers l'autre. Et j'imagine que l'autre aussi.
Utiliser le mot interaction au lieu de relation me permet de privilégier le présentiel (fut-il à distance géographique), plutôt que le non-présentiel (distance temporelle, désynchronisme…).
J'ai du mal à comprendre ce que tu veux dire concrètement par là. J'ai la sensation que tu essaies d'exprimer quelque chose qui serait différent de la norme, et donc j'ai besoin que tu définisses cette norme pour mieux imaginer ce que tu veux dire par "micro-ruptures" ou "ne plus aimer l'autre" tout en ayant "des élans, des pensées" et même "des émotions"...
Ce serait quoi, l'inverse de ce que tu dis ?
Siestacorta
Pour moi, tenter d'échapper aux référents commun amène le risque de l'anomie égoïste.
"J'ai rien promis avec ces mots, donc si a partir de ce qu'on a fait, tu demandes quelque chose que je n'ai pas décrit, j'ai toujours une légitimité à dire que ça n'était pas de la relation, juste des moments".
Pour moi, ne pas utiliser ce vocabulaire, tout piégé qu'il soit, ça donne trop de possibilités de pas se comprendre. Et cette fois, sans que ce soit par manque de recul sur nos éducations sentimentales, mais exprès.
Je crois que pas dialoguer avec les mots partagés ajoute une inégalité de liberté : l'autre n'a que ces mots-là, au départ.
Ce que tu dis me parle beaucoup.
Cette histoire de "ne vivre que des moments", si je m'attache uniquement aux mots qui sont dits, je le vois comme une forme ultime du désengagement relationnel, du "je suis comme ça c'est à prendre ou à laisser", que l'on retrouve du côté masculin des relations hétéronormées, mais dans les relations queer aussi.
Ensuite, je trouve aussi important d'utiliser les mots de tout le monde.
Par exemple je dis plus volontiers que je suis bi, plutôt que pan.
Avec certaines personnes je vais dire "mon copain" plutôt que le mot "amoureux" que je préfère (et qui reste cependant dans une certaine norme).
J'ai beaucoup de mal avec le fait de ne pas nommer les choses avec le vocabulaire commun, lorsque de fait, la relation en question ressemble beaucoup à ce que "tout le monde connaît".
Je pense à une amie qui parle de ses "potes" alors que certains sont plutôt des amoureux, ou des amants, en tous cas des personnes avec qui beaucoup d'intimité/vulnérabilité est partagée et aussi de la sexualité. Ne pas nommer cela, invisibilise les liens qui existent entre les personnes, et dans des groupes ou des communautés, cela a un impact énorme sur les interactions entre les gens.
Parfois, par volonté de dépasser les normes, on se ment à soi-même, on ne dit pas les choses telles qu'elles sont, et ça embrouille tout. Une autre amie ne voulait pas que "son pote" ait des relations amoureuses/sexuelles tant qu'il vivait sous sont toit à elle. Je ne comprenais pas du tout quel était le problème, et ses explications ne me convaiquaient pas du tout. Jusqu'à ce que je finisse par lire entre les lignes et comprendre qu'en fait, elle et lui avaient eu une relation de type amoureuse, sexuelle je ne sais pas, et que ça pouvait influer sur la manière dont elle vivait les choses maintenant qu'ils n'avaient plus ce lien-là et tant que lui était dépendant matériellement. Ça ne rendait pas forcément légitime à mes yeux ses exigences, mais ça me permettait de comprendre ce qui était en jeu, et qui était somme toute très classique : de la bonne vieille jalousie des familles.
Donc non seulement ne pas utiliser le vocabulaire que tout le monde comprend, cela peut créer des dynamiques de domination vis-à-vis de personnes plus "dans la norme", mais cela peut aussi créer beaucoup de confusion pour l'entourage aussi.
Message modifié par son auteur il y a un mois.
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HiBou
le mardi 05 août 2025 à 08h59
Alabama
Je pense à une amie qui parle de ses "potes" alors que certains sont plutôt des amoureux, ou des amants, en tous cas des personnes avec qui beaucoup d'intimité/vulnérabilité est partagée et aussi de la sexualité. Ne pas nommer cela, invisibilise les liens qui existent entre les personnes, et dans des groupes ou des communautés, cela a un impact énorme sur les interactions entre les gens.
C'est ce genre de comportement toxique qu'il faut qu'on arrête de reproduire !!!
Il faut arrêter de faire semblant, de ne pas assumer qui l'on est, de se cacher, d'adapter notre discours en fonction de l'auditeur pour le manipuler et choisir les mots qui vont le rassurer afin qu'il ne nous rejette pas....
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Siestacorta
le mardi 05 août 2025 à 09h07
Alabama
Donc non seulement ne pas utiliser le vocabulaire que tout le monde comprend, cela peut créer des dynamiques de domination vis-à-vis de personnes plus "dans la norme", mais cela peut aussi créer beaucoup de confusion pour l'entourage aussi.
/!\ : tu me répondais, pas à @LeGrandStyle (les fils qui s'emmêlent !)
Précision : j'ai rien contre certains termes inhabituels, ou utiliser des expressions communes avec un supplément de précision qui permettent de comprendre la relation (ex : friends with benefits, ex à laquelle je suis encore tendrement attaché...). Et par ailleurs, j'ai rien non plus contre la fluidité : l'état d'une relation, ce qu'on y fait, ce qu'on en attend, ça peut bouger.
Et cette fluidité-là, même en étant pas du "au jour le jour, si tout me va tout te va", c'est déjà un recul critique sur la norme amoureuse. En avoir conscience et la verbaliser, c'est déjà transgressif et insécurisant - dans un premier temps. Parce qu'après ce premier temps, on aura montré l'attachement qu'on offre, ce en quoi l'autre peut avoir confiance.
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Il s'agirait donc de dire, plutôt que "tout est libre et fluide et possible" : "je me connais fluide, je te reconnais ta fluidité, et je ne nous contrains pas à figer ce que nous avons déjà posé, donc je fais l'effort de bien dire ce que je fais". En étant conscient qu'on est pas sans avoir été, que ce qu'on a fait et dit avant, ça compte assez pour comprendre les ressentis sur ce qu'on fait maintenant, et des attentes (ou craintes) sur ce qu'on fera ensuite. Bref : qu'il y a des attentes, et que si on est déçu, c'est pas par manque de fluidité maximale. C'est parce que les relations viennent répondre à des besoins, même si les satisfaire n'est pas la fonction des partenaires (on est des gens, pas des objets satisfaisants).
Autrement dit, balayer les étiquettes relationnelles, "se libérer" de la forme relation, ça peut revenir à se déclarer systématiquement libre de ne pas répondre aux besoins et aux limites de l'autre, qu'il a exprimés en se référant à telle ou telle forme de relation. Si je rejette d'emblée les termes, je peux en venir à rejeter tes besoins parce que ça ne nous émancipe pas assez.
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Je crois à une ouverture large du champs des possibles (pour reprendre une expression de Françoise Simpère) qui plus est une ouverture aimante (on veut encore du lien même sous une nouvelle forme, et on veut le bien de l'autre).
"Qu'est-ce que tu entends par amour, par relation", ce sont des questions à poser; et qui même sans aller jusqu'à dire "bah c'est des faux repères, on s'en débarrasse", font déjà peur à etre explicitemebt posées : "ah, merde, c'est pas évident toussa, ? alors peut-être que ça va pas être ce que je veux,? et peut-être j'aurai rien oskour ?"!
Quand le rapport à l'autre dure et prend de la place, on doit se raconter, se connaitre, se parler - évidemment (et c'est ptett parce que ça nous parait évident qu'on est capable de se mettre dans le positionnement radical "et si on réinventait la carte du tendre à partir de rien ?" : parce qu'on sait qu'on va parler quand même, voir plus).
Donc je ne crois pas que faire tabula rasa, par l'effacement des mots et/ou par l'exigence de non-attentes, ça soit nécessaire pour s'émanciper des récits normatifs.
Ou plutôt, commencer par dire "tfaçon dire 'relation' c'est un mot de trop, ne pensons pas ainsi", c'est brûler tout le plan de la maison plutôt que dire "alors, j'ai besoin de beaucoup de portes ouvertes".
Message modifié par son auteur il y a un mois.
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artichaut
le mercredi 06 août 2025 à 00h17
Je ne vais pour l'instant répondre que sur ça, car c'est ce qui me semble le plus problématique dans vos propos :
Siestacorta
Pour moi, tenter d'échapper aux référents commun amène le risque de l'anomie égoïste.
(…) Pour moi, ne pas utiliser ce vocabulaire, tout piégé qu'il soit, ça donne trop de possibilités de pas se comprendre. Et cette fois, sans que ce soit par manque de recul sur nos éducations sentimentales, mais exprès.
Pas du tout d'accord. Le propre des mots de la norme, c'est qu'ils ne disent rien et fonctionnent sur le l'implicte (qu'on est censé comprendre, connaître, transmettre et utiliser). Refuser d'utiliser ces mots-là, c'est refuser l'implicite normé. S'obstiner à utiliser ces mots-là, c'est continuer de propager le sens qu'ils portent, et les oppressions qui vont avec. On ne démolira pas la maison du maître avec les outils du maître.
Alabama
Donc non seulement ne pas utiliser le vocabulaire que tout le monde comprend, cela peut créer des dynamiques de domination vis-à-vis de personnes plus "dans la norme"
Il ne faudrait pas non plus inverser la domination. C'est la norme qui crée des dynamiques de domination vis-à-vis de personnes pas ou moins "dans la norme". Pas le contraire.
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Siestacorta
le mercredi 06 août 2025 à 08h17
Dans le domaine de l'intime, je crois que la norme soutient certains rapports de domination, oui.
Exercer une pression pour sortir quelqu'un de la norme relationelle peut construire un autre "maître", dans l'intimité.
Je veux dire : va pour déconstruire ce que tu veux en toi, les normes qui te contraignent. Ça peut meme être une bonne façon d'être plus disponible.
Mais dans l'intimité, les besoins de l'autre, l'autre lui-même... Je déconstruis pas à sa place. Je lea libère pas, iel s'en charge, pour sloganner.
L'autre, j'en ai besoin.
C'est reconnaître par empathie les besoins de l'autre qui va sortir ma relation à ellui de mon égocentrisme.
Nommer les besoins, savoir si et comment on peut y répondre.
Que ce soit une "relation" le permet. On va pas faire ça séparément, justement.
Et que ce soit ce que l'un ou l'autre appelle "amour", une fois les limites et besoins compris et bien nommés, ça permet de reconnaître l'importance que cette relation a pour nous.
Je crois qu'éviter de le faire a un potentiel de négation qui ne concerne pas que la norme.
On parle du mélange d'attachement, de responsabilité et de sentiments qu'il y a derrière ces mots. C'est pas creux, au contraire.
Nous y sommes.
Si y être ensemble c'est être en relation amoureuse, ça peut être bien !
Message modifié par son auteur il y a un mois.
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Siestacorta
le mercredi 06 août 2025 à 09h56
Dit autrement : je suis attentif à l'indexicalité de ces mots.
En recherche un peu théorique et personnelle, c'est évidemment un questionnement à faire de voir où ils s'inscrivent dans la norme, dévoiler leurs implicite.
Cela sert pour comprendre des vécus individuels, dans les confidences ici et même dans les relations.
Mais dès l'instant que cette démarche devient plus prescriptive que ne l'est l'attention aux besoins de l'autre, qui s'exprimeront sans doute en ces termes normés, elle devient elle même rapport de force, éventuellement de domination.
Donc dans le contexte d'une relation que je vis, ou d'une réponse à une confidence, je ferai attention à la norme qu'on partage et à ses contraintes. Mais si on utilise ces mots là, dire que ces situations ne me concernent pas parce que les mots n'appellent pas d'eux-mêmes à une révolution intime, ce serait me placer dans un en-dehors, peut-être pas seulement de la norme mais des attachements.
Je trouverais qu'il y a aurait un déni de mes propres implications, en plus de celle des autres, dans ce contexte.
Message modifié par son auteur il y a un mois.
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artichaut
le mercredi 06 août 2025 à 10h21
Le titre de ce fil est « Relation ou pas ? ».
J'ai l'impression que tu cherche à démontrer qu'il y a forcément relation (sous-entendu duale). Et que donc on ne peut faire sans ce mot.
Moi je suis dans le questionnement du ou pas.
Voir à quel(s) endroit(s) ce mot me semble largement sur-investit, éventuellement emprunt de monogamie réflexe, et sert de prétexte à d'autres choses.
Là on parle du mot relation (et de ce qu'il implique), mais on pourrait de même parler des mots couple, amour, etc.
J'ai l'impression qu'en me mettant il y a quelques années à utiliser le mot relation à tout va (pour justement remplacer/simplifier les mots couple, amoureux, ami…) j'ai sans m'en rendre compte, embarqué un bon gros fond de monogamie : hiérarchisé ce qui mérite d'être appelé relation et ce(ux) qui ne le mérite pas, établi comme une pseudo évidence ou un non-dit un lien d'engagement réciproque (d'engagement à quoi ?, l'implicite ne le dit pas), hiérachisé le dual (même si c'est deux à deux dans des liens multiples) sur tout autre figure de lien, ne pas m'être rendu que ce mot transporte avec lui et sous-entend presque toujours la notion de relation amoureuse et sexuelle (même chez les poly) donc rajoute une couche d'implicite et d'incompréhension, quelque part étend le champ de la monogamie, au lieu de le déconstruire, etc.
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Siestacorta
le mercredi 06 août 2025 à 10h24
Oui, ça c'est le titre, et j'entend que c'est ça qui te travaille.
Ceci-dit, au début du même fil le fond de la question c'est : "à partir de quand c'est une relation et pas juste un plan cul".
Ou un autre temps...
Message modifié par son auteur il y a un mois.