Est ce qu’on peut ne jamais s’y faire ?
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Perdu (invité)
le lundi 01 décembre 2025 à 17h08
4 ans et demi que je patauge dans le polyamour. 4 ans et demi de discussions, de relations.
18 mois que ça avance bien, une relation qui se stabilise, de l’écoute mutuelle, des ajustements aux besoins des 2 (ou plus)…
Mais je n’y arrive pas. Malgré tout ce qui est mis en place pour me sécuriser (communiquer, y aller doucement, recommuniquer, échanger avec les métas…), je continue d’angoisser et chaque fois qu’une nouvelle rencontre a lieu de son côté. Je commence à anticiper quand je sais qu’il discute avec quelque un. Mon ventre se noue après a chaque fois qu’il m’appelle en me disant que ça y est cette fois il va rencontrer une nouvelle amoureuse…. Et quand la rencontre a eu lieu je plonge dans plusieurs jours d’angoisses, avec des insomnies, des pensées qui tournent en boucle…
Je culpabilise de ne pas être heureuse pour lui, parce que je le vois heureux. J’aimerai vraiment lui offrir ça. Lui culpabilise de me faire souffrir. On est d’accord sur le fait qu’on souhaite rester ensemble.
Je lui ai dit que je ne lui demanderai pas de changer (le contrat de départ c’était le polyamour. Je suis toujours convaincu ethniquement, moralement, philosophiquement… mais je n’y arrive pas).
Je vois bien qu’il y a quand même du mieux. Je n’ai plus besoin de prendre des anxiolytiques pour tenir le choc quand il a d’autre rencontres. J’essaye de prendre sur moi et lui limite ses rencontres…
Est ce que la tête peut gagner ? Est ce que je peux réussir à m’y habituer ?
De toute façon on va continuer à discuter, chercher des solutions, je suis vraiment heureuse avec lui et ça l’emporte sur les affres des doutes quand il a d’autres relations.
Mais au fond il a l’espoir que je trouve le polyamour joyeux (moi déjà je vise que ça soit indolore, mais joyeux ce serait formidable). Moi je rêve d’un moment ou une relation mono amoureuse pourrait être épanouissante quand même…
Est ce que des poly-souffrants ont réussi à guérir ? Ou est ce que toute la philosophie déployée ne compense pas le ressenti ?
(J’ai lu en 4 ans à peut près tous les livres francophones, écoutés tout ce que je peux en podcasts, des blogs… la théorie ça va🫣)
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artichaut
le lundi 01 décembre 2025 à 17h29
quand il y a de la souffrance c'est qu'il faut arrêter, avant que ça n'aille trop loin. ou a minima changer radicalement des choses.
après la poly-acceptance, voici la poly-souffrance. quand est-ce qu'on arrête les dégâts ?
ta tête peut gagner, oui, mais à quel prix ?
quel est le bénéfice pour toi ?
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Perdu (invité)
le lundi 01 décembre 2025 à 18h47
Ce que j’y gagne ?
Ben excepté les 3 ou 4 fois une semaine d’angoisse, le reste du temps j’ai une chouette relation ! Ça c’est bien!
J’y gagne en connaissance de moi aussi. Il y a 4 ans j’étais contente de découvrir un nouveau mode relationnel et je pensais que j’allais y trouver mon compte. Bon ben en fait non. Mais je me connais donc mieux 🤪
En capacité de discussion et de résolution des conflits et d’écoute des émotions avec ma relation. Ça c’est bien aussi !
J’ai crée une jolie relation avec une meta qui a perduré après leur séparation.
Le polyamour fait un sujet de discussion sans fin, on ne risque pas de ne pas savoir de quoi parler 😝 (mais des fois j’imagine la place que ça laisserai si ce n’était pas un sujet)
Ce que je perds c’est :
une augmentation de l’anxiété globale et des périodes de crises à chaque nouvelle relation.
La culpabilité de me sentir une mauvaise personne parce que le contrat de départ de la relation c’est le polyamour et que en fait, malgré tous les efforts je n’y arrive pas.
Je ne dis pas que tout est à jeter. Mais j’aimerai essayer le mono-amour et voir si c’est plus simple pour nous 2 (pas que pour moi, l’objectif c’est pas que je gagne en serenite à son détriment). Ou trouver une autre solution ou on serait tous les 2 confortable 🤔
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Siestacorta
le lundi 01 décembre 2025 à 22h11
Ya aucune raison de se sentir une mauvaise personne parce qu'on s'est fait des illusions au moment de s'engager.
Je refuse de croire que tous les divorcés sont des nuls...
Je comprend que tu te sens en contradiction dans tes valeurs, mais définir le bien de l'autre comme le seul Bien, à tes propres dépens, c'est des injonctions que tu te fais.
Et si ça te fait du mal, tu ça finit par faire du mal à la relation et à l'autre - si son soucis de toi et de la relation l'affectent !
Performer la non-monogamie éthique quand elle ne te convient pas peut faire plus de mal à chacun que si tu affirmais ta limite, maintenant clairement expérimentée.
Plus de mal, en faisant durer, qu'une rupture dont on finit par se remettre, ou qu'un dialogue où lui accepte un changement parce qu'il considère que celui-ci lui convient.
Après, tu ne dis pas trop ce que lui serait capable de faire.
Il s'agit pas de "le changer".
Il ferait un choix.
Et même s'il choisissait une relation mono, ce choix ne serait pas définitif. Les choix tiennent que jusqu'au prochain choix, on reste libre.
S'il fait celui de la monogamie, il le ferait donc pas "d'abord" pour toi, mais parce qu'il peut être bien ainsi.
Et s'il ne pouvait plus l'être... Il ne pourrait plus. Et ça ne dirait rien sur le fait que tu sois bonne ou mauvaise.
Message modifié par son auteur il y a un mois.
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artichaut
le lundi 01 décembre 2025 à 23h39
Perdu
j’aimerai essayer le mono-amour et voir si c’est plus simple pour nous 2 (pas que pour moi, l’objectif c’est pas que je gagne en serenite à son détriment). Ou trouver une autre solution ou on serait tous les 2 confortable 🤔
oui, c'est chouette de vouloir essayer des choses, où tu puisse te sentir mieux.
"une autre solution ou on serait tous les 2 confortable" ça fait grave sens.
reste à inventer peut-être…
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Aki
le mardi 02 décembre 2025 à 15h37
Si tu envisages ta souffrance comme une maladie, et pas comme un signal d'alarme, ça ne peut rien amener de bon.
Manifestement, tu as déployé toutes les ressources et les efforts possibles, toutes ces années, pour "y arriver" et malgré un léger mieux, c'est toujours souffrant.
Peut-être que tu peux t'habituer. Normalement, le fait qu'il soit toujours avec toi, soit heureux, et que tu puisses lui faire confiance devrait te rassurer complètement à force. Mais ça n'est toujours pas le cas.
A moins de rechercher en toi ce qui te terrorise et te rend anxieuse, je ne vois pas trop quoi faire.
Avez-vous envisagé de vous séparer ?
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Lol75 (invité)
le mardi 02 décembre 2025 à 20h50
En couple libre depuis 25 ans : le secret en savoir le moins possible... De l'autre coté ne pas chercher à savoir. En dire le moins possible aux sujets des autres rencontres permet de rester centré sur la relation socle...
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Aki
le mercredi 03 décembre 2025 à 14h21
La pratique du secret se heurte quand meme à ces questions :
- comment cacher ses absences ?
- que faire quand les autres relations évoluent ?
- que faire des sujets qui impliquent toute-s les partenaires (santé sexuelle, par exemple) ?
- comment s'assurer que l'autre respecte bien ses engagements, nos limites, etc ?
Si c'est pour passer une soirée discrètement, de temps en temps, avec d'autres personnes, le couple ouvert peut fonctionner. Mais le secret ne permet pas d'avoir des relations durables avec d'autres personnes. Ca finira, un jour ou l'autre, par coincer, ne serait-ce que logistiquement parlant. Comment, par exemple, annoncer à saon conjoint-e qu'on va partir deux semaines, alors qu'il est évident qu'on va passer du temps avec quelqu'un d'autre ?
J'ai connu des couples ouverts qui finissaient, face à ces limites indépassables, par pratiquer volontairement le mensonge. Et meme avec cet aménagement, ça finissait par craquer et mener à des situations inconfortables pour tout le monde.
Si ça marche pour certains, tant mieux. Cela dit, il me semble nécessaire d'etre conscient des limites de cette pratique avant de la mettre en oeuvre.
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Perdu (invité)
le jeudi 04 décembre 2025 à 22h48
Merci @Siestacorta et @artichaut pour vos mots qui me parlent et me réconfortent. On va continuer à essayer de trouver un équilibre commun qui ne m’angoisserai pas et qui ne l’étoufferai pas. L’avantage c’est qu’on a tous les deux envies de chercher, tous les deux envie que tout le monde soit bien et capable d’exprimer nos limites. Alors à la longue on finira par réussir à trouver, j’espère. Ou peut être qu’on oscillera entre monogamie et polyamour en fonction de « celui qui ne peut plus » ;-) et après tout, pourquoi pas !
En tout cas on cherche 😅
@ Aki je considère la souffrance comme un signale d’alarme. Mais je n’ai toujours pas trouvé comment l’éteindre cette alarme 🚨 c’est pas faute de chercher. Ce qui me gêne c’est que avec le temps j’ai réussi à élucider que je n’ai pas envie de partager de l’intimité et de la sexualité avec d’autres personnes. Et que j’ai envie que ça, ça me soit réservée. Tout en ayant conscience que c’est une activité « comme une autre » et que mon envie est arbitraire et irrationnelle. Je n’ai pas « peur », je le sens dégoûtée, triste et lasse. Mais je n’ai pas peur qu’il me quitte ou qu’il m’aime moins parce qu’il a une autre relation. Un travail sur moi, oui, ça fait heu… beaucoup d’année que je vois des psys. Mais sur ce point je ne vois de changements.
Et oui on a envisagé de se séparer quand c’était vraiment laborieux l’an dernier. Aucun de nous deux n’en a envie, et on est tous les deux prêts à continuer à essayer de trouver un équilibre. Le jour où on en aura marre de chercher, et bien on re-envisagera la question ;)
@lol75 jamais de la vie j’essaye ce mode de fonctionnement 🫣 si je ne sais pas, la j’ai peur, vraiment peur. Pour toutes les raisons évoquées par @Aki. Parce que je me prive de la possibilité de connaître mes metamours et d’échanger avec elleux aussi. Et que respecter leurs besoins, avoir connaissance de leurs émotions, leurs craintes et leurs envies me paraît nécessaire pour ne pas les blesser. Et je ne veux surtout blesser personne. Et que des fois c’est infiniment plus simple de dire directement « cette situation me mets mal à l’aise, mais je n’ai rien contre toi, que penses tu d’essayer telle ou telle solution pour que ça se passe mieux » et de communiquer à ma relation et à ma metamour, c’est quand même beaucoup plus simple (sain ?) que de nier les émotions ou de passer uniquement par la relation pivot … enfin je trouve et ça marche plutôt bien quand même.
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Crêpe Suzette (invité)
le lundi 08 décembre 2025 à 09h41
Bonjour Perdu !
Je ne vais pas m'étaler car ce ne serait que la répétition des interventions précédentes, mais juste un truc : tu as le droit de trouver qu'avoir des relations sexuelles ce n' est pas une activité comme une autre. Pour l'immense majorité des gens coucher avec quelqu'un et jouer aux dames ou aller à un concert avec c'est pas (vraiment, du tout, pas trop... Y a des nuances) la même chose. Et même si ça l'était, tu as le droit de prendre des décisions arbitraires (= décision personnelle) ce n' est pas un gros mot.
J'ai l'impression à te lire que tu es un carré qui veut à tout prix rentrer dans un rond parce que le rond c'est mieux... Mieux se connaître c'est bien, mais il y a d'autres façons d'y arriver que de se faire violence au nom d'un idéal théorique.
Prends soin de toi.
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Aki
le lundi 08 décembre 2025 à 23h51
Crêpe Suzette
J'ai l'impression à te lire que tu es un carré qui veut à tout prix rentrer dans un rond parce que le rond c'est mieux... Mieux se connaître c'est bien, mais il y a d'autres façons d'y arriver que de se faire violence au nom d'un idéal théorique.
Je suis tellement d'accord avec ça : se faire violence n'est pas forcément la meilleure, ni la seules manière de mieux se connaitre.
Cela dit, un carré peut rentrer dans un rond, techniquement parlant : il suffit que la longueur de ses diagonales soit inférieure au diamètre du rond. :-)
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Evoleela
le jeudi 11 décembre 2025 à 10h19
Bonjour,
Beaucoup d'idées me viennent en lisant ton témoignage Perdu.
Mais cette intervention de crêpe Suzette me paraît totalement en accord avec le premier vrai sujet qui te concerne...
Crêpe Suzette
Bonjour Perdu !
Je ne vais pas m'étaler car ce ne serait que la répétition des interventions précédentes, mais juste un truc : tu as le droit de trouver qu'avoir des relations sexuelles ce n' est pas une activité comme une autre. Pour l'immense majorité des gens coucher avec quelqu'un et jouer aux dames ou aller à un concert avec c'est pas (vraiment, du tout, pas trop... Y a des nuances) la même chose. Et même si ça l'était, tu as le droit de prendre des décisions arbitraires (= décision personnelle) ce n' est pas un gros mot.
J'ai l'impression à te lire que tu es un carré qui veut à tout prix rentrer dans un rond parce que le rond c'est mieux... Mieux se connaître c'est bien, mais il y a d'autres façons d'y arriver que de se faire violence au nom d'un idéal théorique.
Prends soin de toi.
J'espère que tu pourras y porter une importance particulière..
De mon côté, mon amoureuse est prête à beaucoup de choses pour ouvrir son esprit et ses envies à mon style moins conventionnelle.
Et j'ai pu me rendre compte il y a a peine quelques jours, après 3 ans de relation, qu'elle ne pourra pas s'ouvrir plus a une autre personne (alors qu'elle a anciennement désirée cette personne avant de me connaître), car elle ne peut pas mélanger dans son coeur dans sa tête et dans ses envies plusieurs personnes.
Je suis bien heureuse de ne pas avoir insisté plus, car je pense qu'elle aurait été dans ta situation et c'est un cri de douleur que tu mets sourdine par ta propre volonté...
Il est facile pour les autres d'intellectualiser les idées, les concepts et d'en créer des idéaux parfait en tout point, surtout quand ils n'ont pas de rapport à la singularité ni à la jalousie.
Pour être solide pour toi et pour ta santé, il faut que tu alignés tes besoins et tes attentes avec tes idéaux et non ceux des autres ou dans ton cas avec ceux de ton partenaire.
L'important n'est pas de terminer une histoire ou non, l'important est d'avoir pu être vrai et sincèrement bon dans cette histoire pour soit et pour l'autre.
Ton pilier c'est toi et toi même, ça sera toujours toi.