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Partagé entre couple libre et exclusif (trouble de la personnalité borderline - TPB)

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Profil

Efron

le vendredi 29 août 2025 à 08h53

Bonjour tout le monde, merci de m'accueillir sur ce site. Je vous explique ma situation. Je suis en couple exclusif avec ma petite amie, et nous vivions vraiment heureux, tous les deux. Nous sommes complémentaires, nous nous comprenons dans nos buts et nos objectifs, et nous essayons tous les deux mutuellement de nous pousser vers le haut. C'est vraiment un amour parfait. Cependant, il y a quelques semaines, ma petite amie a commencé à me parler de son désir d'être en couple libre. Je n'ai absolument rien contre le modèle libre, et s'il plaît à du monde, c'est l'important. Si des gens peuvent se sentir bien dedans, c'est vraiment l'important. Cependant, je suis un grand partisan du couple exclusif, car je ne trouve pas mon bonheur dans le couple libre. Il faut également préciser que je suis borderline, je souffre d'un trouble borderline, et depuis deux ou trois ans, je suis de plus en plus sujet aux crises et aux faces maniaques. Je n'ai pourtant pas été diagnostiqué bipolaire.

Je donne ce détail car mon trouble borderline fait que dans mes moments de crise, j'ai tendance à prendre le moindre signe pour un abandons. Il suffit d'un léger retard sur les messages que je reçois ou de quelque chose qui ne va pas, même un signe sans la moindre importance, peut me rendre persuadé dans mes moments de crise que ça y est, elle ne m'aime plus, je vais finir ma vie tout seul et je vais mourir seul, ça déclenche des peurs d'abandons massive en moi. Quand une crise se lance, c'est une chute dans la paranoïa et je n'arrive pas à m'enlever l'idée d'un abondons, et dans mes crises les plus "puissantes", il m'est déjà arrivé de succomber à la mutilation physique afin de pallier à la douleur que cela générait en moi. C'est donc avec beaucoup d'appréhension que je vois la proposition de ma petite amie.

D'un côté, je l'aime énormément, et si elle m'a fait cette proposition, c'est que le modèle du couple libre l'intéresse. Le refuser serait donc la privée d'un modèle qu'elle veut essayer et qu'elle veut vivre. D'un autre côté, je l'aime profondément. Alors, peut-être devrais-je essayer, en premier lieu, pour lui faire plaisir, et voir comment je me sens dans ce domaine-là, et mettre le stop si ça ne me plaît pas. Ou alors, peut-être devrais-je juste le rompre. Je sais que cela me fera énormément de mal, peut-être de dégâts, mais ce sera une étape temporaire. Et je crois que la douleur d'une rupture serait plus tolérable que celle d'avoir à assumer une relation libre qui part en vrille.

Je ne veux pas la priver d'un modèle qui pourrait la rendre heureuse, et si elle m'a fait cette proposition, c'est clairement que c'est quelque chose qu'elle désire et qu'elle ne pourra pas obtenir en restant avec moi en couple. Je l'aime, mais je pense aussi que si je l'aime vraiment, l'aimer serait reconnaître qu'elle a des besoins différents aujourd'hui, et peut-être ne pas la priver de ses besoins et envie. Alors, je suis vraiment partagé entre tenter le couple libre ou alors rompre. Dans les deux cas, cela me fait peur. Je sais que ça va être douloureux, mais il y a toujours une porte de sortie. Ce ne sera pas ma première rupture. Le couple libre, ça me fait plus peur car mes moments de crise, quand je ressens une peur de l'abondons, sont parfois assez impressionnants et m'effraient moi-même personnellement beaucoup. Il m'est déjà arrivé de me réveiller avec des cicatrices ou des traces de brûlures sur le corps et ce malgré mon traitement. Mes crises maniaques me rendent parfois également très agressif et j'arrive à les prévoir suffisamment à l'avance pour prévenir mes proches de ne pas m'approcher et de m'isoler le temps d'un jour ou deux, que ça passe. J'ai également peur de perdre le contrôle de mes crises maniaque si le modèle du couple libre s'avère être un échec.

J’ai conscience que ce n’est pas un choix facile. Je voudrais avoir vos retours, vos expériences, vos conseils. Peut-être certains d’entre vous ont-ils traversé une situation similaire, ou connaissent-ils des outils pour mieux vivre cette transition ?

Merci beaucoup pour le temps que vous avez consacré à la lecture de mon pavé ^^"

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Profil

Depassage

le vendredi 29 août 2025 à 09h33

Bonjour,

Si, comme tu le dis, tes crises sont provoquées par ta personnalité borderline, notamment l'angoisse de l'abandon, je ne vois pas très bien quels outils pourraient t'aider à vivre bien le couple libre.
Ce n'est pas comme si il s'agissait uniquement d'un problème d'éducation ou de représentation du couple monogame, de motivation ou de volonté.
Dans ces conditions, je crains que les conséquences sur ta santé soient très négatives.
Tu en a parlé avec ton amie?

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Profil

Topper

le vendredi 29 août 2025 à 10h16

Bonjour @Efron,

Tes difficultés sont très spécifiques. J'ai connu une personne ayant un trouble de la personnalité borderline et ayant tenté les relations non-monogames. Elle était pas bien tout le long. Je précise qu'elle était avec un partenaire évitant et toxique, donc même une personne sans ces difficultés aurait mal vécu la relation. J'ai vu néanmoins les crises que ça a pu provoquer.

Je ne dirais pas que ce serait impossible pour toi de vivre correctement une relation polyamoureuse, mais cela demanderait sans doute un certain nombre de contextes favorables.

Ce qui me vient en tête :
- une partenaire extrêmement aimante, rassurante et démonstrative
- une partenaire compréhensive, à l'écoute et patiente
- une aide psychologique avec un psychologue/psychanaliste*
- une aide médicamenteuse avec un psychiatre*
- une capacité à créer des liens affectifs/amoureux
- avoir un cercle social présent sur lequel se reposer (amis, confident, famille)

(* si ce n'est pas le cas, tu devrais faire ça avec ou sans relation libre.)

Une chose est sure, tu vas morfler. Je ne dis même pas ça par rapport à ton trouble. Socialement, nous nous sommes construits pour être monogames. Il y a certaines personnes qui ont été moins influencées par cette norme durant leur construction et qui ont plus de facilité à s'en extraire et vivre les relations monogames. Tant mieux pour eux. C'est quand même une infime minorité.

Le reste des gens doit batailler avec des fonctionnements inconscients et spontanés, des mécanismes et émotions issues de la construction monogame et qui sont incompatibles et en contradiction totale avec les relations libres.

Un exemple caricatural mais trivial et compréhensible : dans la monogamie on considère que la jalousie est une preuve d'amour. On a tous entendu ce genre de phrases "si il est pas jaloux, c'est qu'il t'aime pas". Ou alors des stratégies de manipulation qui consistent à rendre l'autre jaloux pour tester son amour.

Dans un contexte de relation libre, si la partenaire est contente que l'on ait une autre relation amoureuse et que ça ne lui pose aucun problème, la construction monogame amène à penser qu'elle s'en fout de nous perdre et n'est donc pas amoureuse. Or, ce n'est pas absolument pas une preuve de quoi que ce soit dans ce mode relationnel.

C'est pourquoi, je ne cesse de le répéter ici, il est impossible de bien vivre les relations multiples avec une façon de penser de monogame. Il faut déconstruire tous les mécanismes monogames que l'on a intégré, les comportements associés et raisonnements que l'on peut avoir. On doit notamment arrêter de penser avec des interprétations et de l'implicite car on ne fait plus face à un mode relationnel normé (c'est de toute façon une très mauvaise façon de faire, même dans un contexte monogame).

En résumé, cette transition est longue, fastidieuse et lorsque l'on débute ce chantier, c'est particulièrement tumultueux. Si l'on rajoute à ça ton trouble, cela ne facilite pas la tâche.

Si tu as absolument besoin d'une petite vie calme, sereine, et sécurisante, alors faire le choix de la relation libre n'est pas la meilleure option, car avant de revenir à ça, cela prendra du temps. Et là encore, ton trouble peut allonger considérablement cette période de transition qui fait que tu pourrais avoir le sentiment de ne jamais en voir la fin et ne jamais faire de progrès en raison des crises ponctuelles que tu pourrais avoir.

Si tu le fais pour faire plaire à ta partenaire, et ne pas l'enfermer dans votre relation, c'est très louable, mais ne le fais pas.

Si tu le fais, tu dois le faire parce que tu en as envie pour toi, parce que c'est ton choix de vie. Etant donné que tu passeras par des moments difficiles et éprouvants, il faut absolument que tu sois pleinement convaincu de ta volonté à vivre ce mode relationnel. C'est quelque chose sur lequel tu pourras t'appuyer dans ces moments là.

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