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Les traces de la monogamie dans tous nos liens : système, loyautés, attachements, et comment on compose avec

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Alabama

le mardi 12 août 2025 à 21h13

artichaut
Perso je choisis de — pour ainsi dire — ne plus initier de relations sexuelles hétéro, alors que j'aime le sexe hétéro et que le choix de la norme (vivre du sexe hétéro) pourrait me convenir. Car en contexte patriarcal je trouve ça super chaud voire quasi impossible de ne pas se planter sur le terrain du consentement.
Inversement je reste pour ainsi dire hétéro (le choix de la norme) car j'ai encore plus la flemme d'affronter le parcours du combattant en contexte patricarcal, de trouver un mec cis qui ne va pas faire fi de mon consentement (et je suis bien placé pour savoir que c'est compliqué).

Ce passage éclaire d'un jour nouveau tous ces questionnements sur la norme et la monogamie. Je crois que je comprends mieux, du coup. Moi j'ai clairement lu le message de Lili-Lutine, et le tien, comme de la frustration que ces éléments de monogamie soient encore présent en vous. Et ça bon, ça ne me parle pas tant que ça car pour moi, ben c'est pas très grave en soi.
Et je comprends mieux aussi pourquoi je ne traque pas les éléments de monogamie dans mes choix puisque je ne ressens pas de douleur liée à cela.

Mais du coup, c'est soudainement aussi plus facile pour moi de parler des restes de monogamie qui me composent. Je les ai d'ailleurs nommés assez honnêtement à mon amoureux, car j'ai suffisamment de recul dessus pour ne pas (trop) m'y identifier.
- vouloir que l'autre me court après, lui manquer fort
- qu'il soit aux petits soins comme avec une princesse (oui j'ai grave un côté princesse et c'est nouveau dans ma vie de l'assumer)
- envie de me marier (sans en avoir vraiment envie dans pour de vrai, mais comme dans notre culture c'est un peu le symbole le plus haut pour jauger de l'importance d'un lien d'amour, il me vient des envies de mariage un peu sorties de nulle part)
- avoir envie de "vieillir ensemble", le cliché ultime de la monogamie
bon et sans doute d'autres trucs encore...

Là où j'insiste sur le fait d'assumer nos besoins en relation, et nos envies, c'est aussi parce que quand mes besoins sont comblés (par exemple, besoin de recevoir de l'attention, ou d'être valorisée, ou d'être en communication à distance), ces envies monogames peuvent me traverser sans que j'y apporte beaucoup d'importance. On peut même en parler avec mon amoureux, se les dire tout en sachant que ce n'est pas réellement de ça qu'on a envie mais que c'est plutôt l'expression d'autre chose, notamment d'un sentiment amoureux pour lequel nous n'avons pas forcément de langage en-dehors de ces "preuves" d'amour normées.

Exemple le mariage : je trouve ça beau, en soi, le mariage. Le fait de lier deux (ou plus) personnes. J'aime le décorum, les jolies fleurs, les belles robes et les beaux costumes. J'aime cet espèce d'idéalisme, et j'aime l'expression de l'amour.
Mais le fait que ce soit réservé à la relation amoureuse, je trouve ça nul. Le fait que ce soit emprunt de tout un escalator pré-écrit et que ce soit à la base quelque chose de très patriarcal, ça m'emmerde aussi. Tout ce truc de la famille nucléaire, de la bienséance, des plans de table, de croire au couple éternel, beurk.
Si je devais me marier, au moins je me marierais avec une amie, ne serait-ce que pour ne pas avoir le sentiment de renforcer encore la monogamie hétérosexuelle patriarcale dans ma relation amoureuse, qui est déjà hétéro et globalement assez classique vue de l'extérieur.
Mais je ne me juge pas d'avoir ce genre de fantasmes. Je trouve ça même plutôt drôle tellement c'est éloigné de ce que je souhaite pour ma vie.

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Topper

le mercredi 13 août 2025 à 10h00

artichaut
Est-ce que toi aussi, tu te sens en prise avec l'escalator (ou tu décris ce que tu observe chez les autres) ?

Je l'ai été.

Je suis un grand angoissé de la mort. Je dirais très au-delà de la moyenne. Je passe sur les détails du pourquoi mais le fait est que cela m'a rendu extrêmement sensible au passage du temps. Très tôt dans ma vie, j'ai remis en question mes choix de vie. J'ai réalisé que mes choix n'étaient pas les miens. J'ai fait ce qui était attendu, ce qui infuse dans notre esprit dès l'adolescence.

Je me suis souvenu que dès cette époque j'avais déjà une vision ordonnée de ce que devait être la vie et les étapes que je devais passer. En d'autres termes, j'ai réalisé que j'étais conditionné par un schéma terriblement rigide, consistant à vouloir atteindre un bonheur fictif miroité par la société, et que ceci je ne l'avais jamais questionné et personne ne le questionnait autour de moi. Je me suis souvenu qu'il m'était arrivé de croiser dans ma vie des gens qui ne collaient pas à ce schéma, mais ils apparaissaient bizarres, marginaux, et même si ils ne semblaient pas particulièrement malheureux, ils ne donnaient pas envie. Ce qui donnait envie, c'est la famille de la publicité Ricoré. Eux paraissaient heureux.

J'ai suivi cet objectif depuis que j'étais entré dans la vie d'adulte. J'avais un travail. Je gagnais beaucoup d'argent. J'étais en couple. J'avais acheté un bien immobilier. D'où je partais dans la vie, c'était un succès inespéré. Je ne pouvais être qu'heureux. La réalité est que je ne partageais rien avec cette femme, on était ensemble parce qu'il fallait être avec quelqu'un, je détestais mon boulot mais il fallait de l'argent pour financer les contraintes que je m'étais mises sur le dos. Je me mettais minable lors des afterworks du vendredi pour m'échapper, et ce sont devenus des afterworks du mardi, et du jeudi, et de tous les jours. Et les collègues faisaient pareil. Pourquoi étions nous tous aussi malheureux dans nos vie alors que de l'extérieur nous n'étions pas à plaindre ?

Je ne comprenais pas comment on en était tous arrivés là, à avoir bataillé pour ça, et en être tous autant insatisfaits qu'il fallait oublier la situation avec l'alcool. Je nous ai regardé de l'extérieur. Je nous ai trouvé pathétiques. Tout autour de moi, j'ai vu la même chose. Dans le métro, dans la rue, au travail. Les mêmes gens, entrainés dans une course sans fin avec des objectifs absurdes sans finalité. J'ai réalisé qu'on tous entrainés en avant, sans possibilité d'arrêter la course, qu'on ne se demandait pas pourquoi on faisait ça, et que c'était juste ce qu'il fallait faire. Pourquoi ? Et jusqu'où ? Nous étions tous comme sur un escalator qui nous contraint à toujours aller en avant.

J'ai repensé à ma vie, à mes choix qui n'en étaient pas, à comment j'avais répondu aux injonctions de la société mais aussi de ma famille. J'ai réalisé la pression que je subissais de l'extérieur mais aussi que je m'étais mise seul pour rester dans la course. J'ai compris que je répondais à un schéma écrit à l'avance. J'ai compris l'escalator relationnel. J'ai compris comment ce mécanisme est exploité par le capitalisme, consciemment ou non, mais en tous cas les deux fonctionnent merveilleusement bien ensemble comme une machine bien huilée.

A plusieurs étapes de ma vie, j'ai fait des crises de la quarantaine, à 25 ans, 28 ans, 30 ans, 34 ans, 40 ans. Chaque fois, j'ai fait un pas de côté pour m'extraire de ce système.

Aujourd'hui, je ne me sens pas en prise avec ça mais j'ai peut-être tort. Je ne me sens plus enfermé là dedans. Je dirais que c'est peut-être encore là, mais en l'ayant conscientisé et déconstruit, je suis attentif aux effets pervers que cela peut avoir.

artichaut
soit que tu devient toujours insatisfait au fil du temps

Non, si il y a quelque chose que j'ai réussi à faire, c'est d'être heureux de ce que j'ai. Je ne suis jamais insatisfait de ne pas avoir plus. Je chéris chaque moment de bonheur tel qu'il est.

artichaut
soit que tu subis l'insatisfaction de ta/ton/tes partenaire(s) au fil du temps

C'est arrivé plusieurs fois que ça cause la fin de certaines de mes relations polyamoureuses. Peu importe le contexte qui est chaque fois différent, au final, la cause principal de la dégradation de la relation est l'insatisfaction due à l'arrêt ou le frein d'une progression vers le toujours plus.

En dehors de mon expérience personnelle, j'ai trop souvent constaté ça dans les relations polyamoureuses que je connais et c'est régulièrement en filigrane dans les témoignages que je peux lire ici ou ailleurs.

Tout va bien jusqu'à ce que rien ne va plus, parce que ça veut plus que quand tout allait bien.

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Topper

le mercredi 13 août 2025 à 10h41

LeGrandStyle
Peut-on faire sans escalator relationnel? J’ai l’impression que c’est une condition du psyché humain.

Je pense que l'on peut tout à faire sans escalator relationnel. Certaines relations polyamoureuses en sont totalement exempte. Ces personnes se voient quand elle se voient, passent de merveilleux moments ensemble, s'aiment, ne "construisent" absolument rien d'autre que leur lien, n'ont aucun projet commun et ne veulent pas plus que ça.

J'ai au moins un exemple de couple monogame dans mon entourage qui a fait sans escalator relationnel. Ils ne se sont jamais mariés, jamais d'enfants, et ont toujours vécu séparément tout au long de leur vie. Cela fait quarante ans qu'ils sont ensemble. Ils se sont finalement installés dans la même maison il y a quelques années à environ 65 ans.

Si on y regarde de plus près, qu’est-ce qui n’est pas escalator dans la vie? Notre carrière, nos loisirs, nos sports, notre style de vie etc. j’ai un peu l’impression que tout suit une envie de toujours plus.

C'est vrai, et c'est ce que j'évoque dans mon message précédent. Est-ce que l'envie de toujours plus est propre à l'humain ? Le capitalisme qui est construit ainsi nous pousse-t-il à ça ou est-il la résultante de la construction humaine ?

Quand bien même, est-ce que ça justifie de ne pas le remettre en question ?

Il y a trente ans, on imaginait pas la planète comme quelque chose d'épuisable. Aujourd'hui, on a complètement changé notre perception (du moins pour une part de l'humanité). On réalise que les ressources sont limitées, que la croissance infinie est impossible. Ce n'est pas parce que on a toujours fait comme ça que c'est la bonne et la seule façon de faire.

A mon sens, ce n'est pas ce qui compose les étapes de l'escalator le problème. C'est le mécanisme même d'escalator. Lorsque tu mets le pied sur la première marche, tu es irrémédiablement entrainé vers l'étape suivante. Tu ne te poses pas la question de ce que tu veux. Ton/ta partenaire, ta famille, tes amis, les livres, les films, les séries, la société s'en charge pour toi. Tu n'as pas à réfléchir.

Le problème, c'est que les gens sont conditionnés, ne réfléchissent pas, se réveillent 25 ans plus tard alors qu'ils ont la baraque, le crédit, les gosses, le monospace et s'aperçoivent qu'ils ne sont pas heureux. Entre temps, la moitié de la vie est passée.
Pour revenir à l'escalator relationnel, il me semble intéressant de comprendre pourquoi on ressent une envie de plus, une frustration de ne pas avoir plus, comment ça modifie notre perception de la relation et notre satisfaction. Surtout, pourquoi ça peut nous mettre dans une telle souffrance que l'on peut préférer saboter une relation autrefois satisfaisante, uniquement parce qu'elle ne répond plus à cette envie sans cesse grandissante ?

Aussi, quelle est la limite du toujours plus ? Car si l'aboutissement est la vie monogame, alors toutes relations polyamoureuses qui ne se satisfont pas de ce qu'elles ont à offrir, sont vouées à se terminer à cause de ça.

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kill-your-idols

le mercredi 13 août 2025 à 13h40

Topper
Je pense que l'on peut tout à faire sans escalator relationnel. Certaines relations polyamoureuses en sont totalement exempte. Ces personnes se voient quand elle se voient, passent de merveilleux moments ensemble, s'aiment, ne "construisent" absolument rien d'autre que leur lien, n'ont aucun projet commun et ne veulent pas plus que ça.

J'ai au moins un exemple de couple monogame dans mon entourage qui a fait sans escalator relationnel. Ils ne se sont jamais mariés, jamais d'enfants, et ont toujours vécu séparément tout au long de leur vie. Cela fait quarante ans qu'ils sont ensemble. Ils se sont finalement installés dans la même maison il y a quelques années à environ 65 ans.


Si on y regarde de plus près, qu’est-ce qui n’est pas escalator dans la vie? Notre carrière, nos loisirs, nos sports, notre style de vie etc. j’ai un peu l’impression que tout suit une envie de toujours plus.


C'est vrai, et c'est ce que j'évoque dans mon message précédent. Est-ce que l'envie de toujours plus est propre à l'humain ? Le capitalisme qui est construit ainsi nous pousse-t-il à ça ou est-il la résultante de la construction humaine ?

Quand bien même, est-ce que ça justifie de ne pas le remettre en question ?

Il y a trente ans, on imaginait pas la planète comme quelque chose d'épuisable. Aujourd'hui, on a complètement changé notre perception (du moins pour une part de l'humanité). On réalise que les ressources sont limitées, que la croissance infinie est impossible. Ce n'est pas parce que on a toujours fait comme ça que c'est la bonne et la seule façon de faire.

A mon sens, ce n'est pas ce qui compose les étapes de l'escalator le problème. C'est le mécanisme même d'escalator. Lorsque tu mets le pied sur la première marche, tu es irrémédiablement entrainé vers l'étape suivante. Tu ne te poses pas la question de ce que tu veux. Ton/ta partenaire, ta famille, tes amis, les livres, les films, les séries, la société s'en charge pour toi. Tu n'as pas à réfléchir.

Le problème, c'est que les gens sont conditionnés, ne réfléchissent pas, se réveillent 25 ans plus tard alors qu'ils ont la baraque, le crédit, les gosses, le monospace et s'aperçoivent qu'ils ne sont pas heureux. Entre temps, la moitié de la vie est passée.
Pour revenir à l'escalator relationnel, il me semble intéressant de comprendre pourquoi on ressent une envie de plus, une frustration de ne pas avoir plus, comment ça modifie notre perception de la relation et notre satisfaction. Surtout, pourquoi ça peut nous mettre dans une telle souffrance que l'on peut préférer saboter une relation autrefois satisfaisante, uniquement parce qu'elle ne répond plus à cette envie sans cesse grandissante ?

Aussi, quelle est la limite du toujours plus ? Car si l'aboutissement est la vie monogame, alors toutes relations polyamoureuses qui ne se satisfont pas de ce qu'elles ont à offrir, sont vouées à se terminer à cause de ça.

L'escalateur relationnel existe parce que vous avez envie de le faire exister. Vous prenez le système relationnel que la société vous conseille, et vous l'appliquez tel quel.

En réalité, il suffit de très peu pour l'abandonner. Beaucoup de monde déteste l'escalateur relationnel. Ils sont juste trop paresseux pour imaginer quelques chose d'alternatif. Dès qu'on leur fait tester les alternatives, presque personne n'a envie de revenir en arrière.

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artichaut

le mercredi 13 août 2025 à 20h56

Topper
Je l'ai été.

Merci pour le récit.

Au delà des marches de l'escalator, il y a ce truc que tu nommes, de toujours vouloir plus.
Je le ressent de deux manière un peu différentes (des variations de ce "toujours plus") :

D'une part une exigence, pas forcément à vouloir plus, mais en tout cas à vouloir ne pas avoir moins (de temps, de rv, de messages, de sexe, de mots d'amour, de nombre de relations, etc). Ce qui peut aussi se traduire par ne pas vouloir de variations (en tout cas si variations doit/peut passer par du moins). Un palier une fois atteint, on ne peut redescendre au palier inférieur. Je l'ai vécu plusieurs fois (plus souvent vécu par l'autre qui a pu être blessé de ma variabilité).
On retrouve également ça dans la difficulté à passer d'une relation amoureuse à une relation d'amitié (puisque la relation d'amitié est jugée inférieure bien sûr).

D'autre part ne pas vouloir d'une relation identique à elle même. Il ne s'agit pas forcément d'avoir plus, mais d'avoir de la variabilité (genre, pour ne pas s'ennuyer, ne pas se lasser en relation). C'est par ex. le cas des monogames en série, recherchant toujours une part de nouveautée. En quelque sorte c'est une autre façon de d'exiger le plus. Chercher toujours du différent.
J'ai par ex. aimé en découvrant le polyamour, que la relation ne soit jamais acquise mais toujours remise en question, toujours un peu sur la selette, du fait de devoir sans cesse parler de la relation, et qu'il y ai sans cesse de nouvelles situations à gérer, pouvant remettre en cause la relation-même (ça évite de se rouiller).

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artichaut

le jeudi 14 août 2025 à 00h22

LeGrandStyle
J’avoue ne pas vivre le polyamour comme un “choix”, car si je pouvais être épanoui dans la monogamie, je choisirais ce modèle sans hésitation.
(…)
Je ne sais pas, peut-être que certains font le choix d’aller contre la norme alors que la norme leur convient parfaitement.

Ta réflexion m'a inspiré un sujet.

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Alabama

le jeudi 14 août 2025 à 11h27

Topper
Tout va bien jusqu'à ce que rien ne va plus, parce que ça veut plus que quand tout allait bien.

Cette phrase que tu as dite plusieurs fois m'interpelle.
Peut-être que selon toi, tout allait bien. De ton côté de la relation, tout allait bien et soudainement l'autre personne exprime des envies qui font que tu as l'impression que l'on passe de tout va bien à rien ne va plus. En réalité, je peux imaginer une autre explication que "vouloir toujours plus" sans qu'on sache d'où ça sorte. Je peux imaginer que les personnes avec qui tu as vécu cela, voulait depuis le début "plus", mais n'osaient pas l'exprimer, pour x ou y raisons, en lien avec toi ou pas. Et que tu n'as pas senti/perçu l'instasfaction qui existait déjà de leur côté.
Ou même ces personnes t'on dit des choses et tu n'as pas voulu les entendre, c'est encore une autre possibilité.
Je ne crois pas à quelque chose "qui va bien" et qui sans raison à part vouloir plus, ne va plus bien. Surtout si ça se répète plusieurs fois.

Je me dis qu'il est possible que parfois, l'escalator relationnel soit une réponse inadaptée à des insatisfactions dans la relation.
Je l'ai moi-même vécu.
J'avais un ami, on se voyait souvent, et j'aimais bien ce qu'on partageait.
Mais il me manquait quelque chose, de la proximité émotionnelle je dirais aujourd'hui avec le recul. Je lui ai proposé qu'on ait une relation amoureuse et sexuelle. Et ce manque n'a pas disparu, au contraire il s'est fait encore plus criant car partager de la sexualité, et c'est je pense en grande partie lié à mon genre, fait que j'ai encore plus besoin d'engagement émotionnel de la part de l'autre.
Bref ce fut un fiasco.

Donc j'avais un manque initial dans la relation.
Pour supprimer ce manque j'ai initié une forme "d'escalator relationnel".
Qui n'a pas supprimé ce manque et l'a exacerbé au contraire.

Ce serait aujourd'hui, je ferais sans doute autrement.
Je m'introspecterais pour essayer d'identifier de quoi est fait ce manque, pour trouver des réponses, seule et avec l'autre, plus adaptées que l'escalator.

Message modifié par son auteur il y a un mois.

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Topper

le jeudi 14 août 2025 à 20h07

Alabama
Cette phrase que tu as dite plusieurs fois m'interpelle.
[...] Je peux imaginer que les personnes avec qui tu as vécu cela, voulait depuis le début "plus", mais n'osaient pas l'exprimer, pour x ou y raisons, en lien avec toi ou pas.

C'est très intéressant comme point de vue.

Il est effectivement tout à fait possible que mes partenaires avaient des attentes bien supérieures dès le départ. Elles pouvaient aussi ne pas en avoir conscience et ça s'est révélé sur le tard au fur et à mesure que le lien se renforçait. On peut aussi imaginer qu'au début on est malléable, on cherche à ne pas être contrariant et à mettre ses exigences de côté, entraîné par la NRE qui a tendance à annihiler toutes réflexions pouvant entacher l'euphorie du moment.

J'ai la volonté d'anticiper les problèmes ou souffrances que je pourrais causer. J'ai toujours eu à cœur d'être extrêmement clair sur ce qui était possible ou non dans mes relations en prenant soin de ne jamais faire miroiter quoi que ce soit.

Dans certaines relations, j'avais le sentiment que c'était complètement ignoré. Il m'arrivait de devoir le rappeler cycliquement. C'était "oui, oui", jusqu'à ce que ça devienne "ça me va pas".

Ce que je raconte, c'est dans mon vécu, mais c'est aussi quelque chose que j'ai constaté dans de nombreuses autres relations polyamoureuses.

Il me paraît important de préciser que ce n'est pas une problématique propre au monde polyamoureux.

On retrouve la même chose dans les relations monogames. Lorsqu'un des deux partenaires bloque l'avancée de l'escalator relationnel, cela provoque une frustration qui peut mener à la rupture.

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Topper

le jeudi 14 août 2025 à 20h14

artichaut
D'une part une exigence, pas forcément à vouloir plus, mais en tout cas à vouloir ne pas avoir moins (de temps, de rv, de messages, de sexe, de mots d'amour, de nombre de relations, etc). Ce qui peut aussi se traduire par ne pas vouloir de variations (en tout cas si variations doit/peut passer par du moins). Un palier une fois atteint, on ne peut redescendre au palier inférieur.

Je l'ai vécu alors que ce n'était pas mon choix et c'est effectivement difficile à accepter. J'imagine très bien que pour certaines personnes, la rétrogradation n'est pas quelque chose d'envisageable.

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Caellan

le vendredi 15 août 2025 à 01h48

Bonjour,

Je reviens un peu en arrière dans les messages parce que je n'avais pas eu le temps de répondre jusque là et je trouve toute cette discussion vraiment intéressante.

Topper
Je retrouve dans les relations polyamoureuses cet escalator relationnel monogame comme principale difficulté à pérenniser ce type de relation. Non seulement, il y a cette envie permanente du toujours plus qui est davantage contrainte par la multiplicité des relations et la conjugaison des besoins de chacun. Mais il y a aussi bien souvent un escalator relationnel calqué sur l'escalator monogame.

Je ne vois pas les choses de cette façon dans mes relations polyamoureuses secondaires. Pour autant, je pense que tu as raison et que c'est un problème récurrent de beaucoup de relations, d'autant plus lorsque les deux partenaires n'en sont pas au même point de leurs réflexions sur le sujet. Je retrouve aussi beaucoup cette idée dans les jugements extérieurs. Il m'arrive régulièrement que des proches monogames me demandent où va ma relation ou qu'est-ce que l'on construit ensemble. Je suis bien embêtée pour répondre parce que je ne pense pas les choses dans ce paradigme. Mais je vois que c'est un point de blocage qui les empêche de vraiment comprendre ce que je partage avec mon amoureux.

Dans mes relations secondaires j'ai toujours plutôt cherché à partager des moments, des instants particuliers. S'il y a bien une dimension de construction dans ma tête, c'est plutôt dans l'idée de se construire des souvenirs. Et je trouve cela suffisant, je ne ressens pas de manque ou de besoin d'autre chose.
Je me pose parfois des questions parce que c'est quand même déroutant d'être dans un fonctionnement profondément différent de ce que j'ai connu auparavant. Je me demande si cela peut durer dans le temps, si à un moment ça ne va pas coincer, si on ne va pas trouver, l'un ou l'autre que ce n'est pas suffisant. Je me dis que peut-être il va se lasser de la relation si elle n'évolue pas. Mais je crois que ce sont des réflexes de pensée qui viennent de ma construction monogame. Et ils disparaissent assez facilement.

Topper
Car si "faire couple" c'est être dans une "construction" perpétuelle, dans le toujours plus, que se passe-t-il lorsque la supposée étape finale est atteinte ?

Dans ma relation principale/cohabitante c'est moins évident que dans mes relations secondaires. Avant nous étions monogame et notre couple a évolué. Ces dernières années j'ai eu une sensation de stagnation. Un truc du genre : "bon, finalement maintenant, on cohabite bien mais sommes-nous toujours un couple ? Ce n'est plus comme avant". Et en fait, quand je réfléchis à ce que c'était le "avant", il y a quelque chose de lié à l'escalator relationnel. Alors spontanément je vais le formuler en disant "on avait des projets". Mais si je suis honnête, cela rentrait bien dans le cadre de l'escalator. Et arrivé là où nous en sommes aujourd'hui il y a un "et maintenant quoi ?". Exactement comme le décrit @Topper.
En fait tout va bien entre nous mais j'ai du mal à me défaire de ces pensées liées au fait qu'il n'y a plus de marche explicite. Le fait de parvenir à l'analyser de cette façon là m'aide à dépasser un questionnement. C'est une réflexion que j'avais depuis quelques temps sans vraiment trouver clairement le point saillant. Alors merci @Topper, tes réflexions ont résolu un truc dans ma tête ;)

Un autre aspect du mode de pensée "escalator" que j'ai, c'est dans les craintes que peuvent susciter pour moi mes métamours. J'anticipe des problèmes éventuels lié à l'évolution de leurs relations avec mon partenaire. Je me dis "elle va vouloir plus et à un moment ça va coincer". Je n'envisage pas spontanément que peut-être elle ne fonctionne pas comme cela. Je ne sais pas si c'est de la prudence ou si c'est exagéré. Mais en tout cas c'est bien là.

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