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Réactions à l'article

J'ai été dans une relation polyamoureuse et abusive pendant sept ans....voici ce que j'ai appris.

Témoignage

Ce que j'ai appris sur la manière dont les abus se produisent dans la non-monogamie. — Traduction d'un article d'Inês Rôlo, 30 Nov 2019.

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artichaut

le vendredi 31 juillet 2020 à 18h44

Bravo aux traductrices. Ça manquait cruellement un article de ce type sur polyamour.info.

A force de déconstruire —ou prétendre le faire—, on peut trop facilement se croire détaché, ou laisser croire que l'on est exempt, de ces problématiques…

Voilà qui remet un peu les pendules à l'heure, côté francophone. Il était temps !

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Vanille choco (invité)

le samedi 01 août 2020 à 15h27

J'ai lu texte avec intérêt, merci aux personnes qui se sont chargés de la traduction !

Par contre, j'ai beau être féministe, je n'arrive pas à comprendre où se situe l'abus... vraiment.

Le mec avait des excès de colères, ok un mauvais caractère quoi, il n'était pas trop dans la communication ok aussi, tout le monde ne l'est pas forcement. Mais où est l'abus ??

Je ne comprend pas, l'auteure dit qu'elle a subis des tourments suite a des sentiments de jalousie, mais cela paraissait être son choix de continuer à vivre leur histoire tout de même...

Ou c'est juste que elle ne se sentais pas autorisé à demandé de ralentir le rythme ? C'est ça l'abus ? Ça m'avait l'air d'être plutôt de l'auto censure, un désir d'être la parfaite poly sans s'autoriser à exprimer ses besoins car pas en phase avec ce qu'elle aurait souhaité.

Ou y'a peut être des choses que j'ai mal compris, mal lu... si quelqu'un pouvait m'éclairer... ça m'intéresse sincèrement.

Et j'ai été surprise aussi par la croyance : milieu poly = forcement féministe
En tant que féministe on sait bien que la mascu toxique peut se trouver partout... Pour ma part, quand j'ai approché le milieu poly, je n'ai jamais pensé que ça serait "forcement féministe", au contraire d'ailleurs, mes amies avaient tendance à me dire/ m'avertir que c'était un repère à requin plutôt... Du coup j'en avais la vision inverse, celui d'un milieu + dangereux que d'autres pour les femmes. Mais peut être est-ce une question de culture et qu'en France on ne voit pas les choses pareil ?

Le texte m'a surprise, vos avis m'intéressent...

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Vanille choco (invité)

le samedi 01 août 2020 à 15h46

Je précise, j'ai lu le texte tard hier, avec de la fatigue... j'irai le relire, peut être que j'aurai du écrire après en fait... j'espère ne rien dire d'offansant.

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Lili-Lutine

le samedi 01 août 2020 à 16h26

Merci <3
Gratitudes <3
Beaucoup de similitudes dans ce que j’ai vécu durant près de 4 ans avec un homme poly ayant beaucoup d’autorité et d’aura dans la communauté poly, animateur de cafés poly ....
Si nous témoignons , même sous anonymat , beaucoup d’entre nous trouverons la force de nous extraire plus tôt de leurs emprises !
Ne plus être seule !

«  Je te crois Tu as bien fait de m’en parler Tu n’y es pour rien , c’est lui le coupable La loi l’interdit Je peux t’aider »  (#NousToutes#)

Message modifié par son auteur il y a 3 ans.

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artichaut

le samedi 01 août 2020 à 16h32

bonjour Vanille choco

Vanille choco
Pour ma part, quand j'ai approché le milieu poly, (…) j'en avais la vision inverse, celui d'un milieu + dangereux que d'autres pour les femmes.

Je pense que ta vision est assez rare dans le milieu poly. Mais tant mieux si ça a pu te protéger, et te faire anticiper justement les comportements abusifs.

Vanille choco
je n'arrive pas à comprendre où se situe l'abus... vraiment.

Je te renvoie aux mots de l'autrice :

Inês Rôlo
Je n'entrerai pas dans les détails de ce qu'il m'a fait. Je vais vous donner un aperçu général. Il a fait ce que la plupart des auteurs d'abus font. Il ne m'a jamais frappée, bien sûr. Il ne m'a jamais dominée ouvertement. Il était discret et prudent jusqu'à la perfection. Il m'a fait m'excuser pour des choses que je n'avais pas faites, m'a fait sentir que la plupart des choses qui n'allaient pas bien entre nous étaient de ma faute, a créé des règles pour la relation qui le servaient lui avant tout et surtout, a lancé des conversations complexes qui duraient des heures jusqu'à (mon) épuisement, testé constamment mes limites, n'a pas toujours cessé quand je disais non ou exprimais mon inconfort d'une quelconque manière, a utilisé pour lui mon travail intellectuel, s'est réapproprié mes idées pour faire progresser sa carrière, utilisé toute mon empathie parce qu'il n'en avait pas, contrôlé avec qui je sortais et la progression de mes relations, entravé mes chances avec des femmes qui m'intéressaient, se fiant au fait que j'étais introvertie et l'utilisant à son avantage, utilisé ma réputation pour protéger la sienne, utilisé mon habituelle gentillesse pour son propre bénéfice (même, oui, pour se rapprocher de femmes qui m'étaient proches), s'est reposé sur mon travail émotionnel, a manipulé des conversations et situations dans son intérêt et a même profité de mes tâches domestiques et ménagères.

Inutile de dire qu'il a fait les mêmes choses à ses autres petites amies et aussi des choses pires. C'est la partie de l'histoire qui m'appartient.

Je trouve que beaucoup de choses sont dites dans ce simple paragraphe. Et le reste du texte parle de… maltraitance, cauchemars, violence, traumatisme, anxiété presque constante, manipulations, etc.

Qu'est-ce donc qu'une relation qui ne prend pas l'autre en compte dans sa spécificité, dans ses troubles anxieux, dans ses attaques de panique, qui non seulement ne prend pas ça en compte, mais l'utilise à son profit ?

Le régime ultra-libéral dans lequel on vit me semble nous faire considérer comme "normal" (et non abusif) des comportements aux conséquences pourtant dramatiques pour les personnes impliquées.

C'est pour ça qu'un tel témoignage me semble d'autant+ courageux et appréciable.

Vanille choco
Mais peut être est-ce une question de culture et qu'en France on ne voit pas les choses pareil ?

La norme culturelle en France est encore en 2020 la culture du viol. Donc c'est certain que pour beaucoup, ce qui est décrit ici, peut ne pas sembler très "grave".
C'est aussi, il me semble, faire une hiérarchie de la violence. Il y aurait les violences physiques inacceptables et les violences psychologiques "pas grave" (même si elles ont pourtant des conséquences physiques également).


Je finirais avec cette phrase de l'autrice (c'est moi qui rajoute les italiques-gras) :

Inês Rôlo
J'ai dû être confrontée mille fois à la réalité que je vivais et je ne l'ai pas vue (…) je ne voyais pas les similitudes sous-jacentes et silencieuses.

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Noe

le samedi 01 août 2020 à 19h16

Merci à Alinea7 et Lili-Lutine pour avoir partagé ce très bel article et pour la traduction <3

Message modifié par son auteur il y a 3 ans.

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Lili-Lutine

le samedi 01 août 2020 à 21h18

Noe
Merci à Alinea7 et Lili-Lutine pour avoir partagé ce très bel article et pour la traduction <3


Message modifié par son auteur il y a 2 heures.

Hihi moi c’est @Lili-Lutine et je n’ai ni traduit ni partagé cet article , les traductrices sont @alinea7 et @LuLutine , et c’est @alinea7 qui l’a publié ici :-)

Message modifié par son auteur il y a 3 ans.

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Noe

le dimanche 02 août 2020 à 00h13

:-D Quelle étourdie je fais!

Merci à elles... et à toi pour la rectification :-)

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paulinegalarneau

le samedi 08 août 2020 à 10h08

Merci c'est très intéressant. Je sais que tout est complexe et lié, mais il ne faut jamais renoncer sur le tableau de la condition féminine.

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herman4om

le samedi 08 août 2020 à 10h18

Bonjour, je suis nouveau ici et cet article m'a beaucoup touché. Je souhaitais vous remercier de cet article qui fait écho a beaucoup de questions que l'on se pose avec Marie sur nos relations poly. On a tendance a toujours considérer la violence psychologique comme le fait de la perversion et de mauvaises intentions. Mais c'est avant tout un ressentit qu'il faut vraiment questionner. Les violences que l'on peut percevoir sont des fois un simple point de vue, une "identification projective" comme dirait mon psychanalyste d'astrologue.
J'ai remarqué que l'on peut faire souffrir énormément l'autre juste parceque nos points de vue sont différents. C'est particulièrement vrai en matière de polyamour, qui n'arrange pas les choses bien au contraire. Certains s'épanouissent et gèrent mais beaucoup font semblant, pour d'autres c'est encore plus difficile.

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oO0

le lundi 26 octobre 2020 à 14h43

Merci pour cette excellente traduction.

Vu la longueur initiale de mon propos et le courage nécessaire pour aborder les phénomènes d'emprise, il m'a semblé nécessaire de le modérer.

Je regrette que la psychologie essentialise la manipulation autour d'une personne - un manipulateur ou une manipulatrice -, car j'ai le sentiment que cela nous éloigne de l'essentiel : le besoin de relations sans manipulation. Or, du point de vue de la satisfaction de ce besoin, la désignation d'un coupable me semble exclure la coopération nécessaire à la reconnaissance de la souffrance psychologique qui y est associé pour pouvoir se reconstruire même si une telle désignation peut faciliter la rupture nécessaire pour mettre fin à l'emprise.

Dans le récit d'Inès Rolo, je remarque que les abus vont au delà des seuls faits et gestes de la personne dont elle s'est sentie abusée, mais que ceux-ci viennent en partie du fait de se laisser abuser soi-même par des valeurs dont le seul discours ne protègent pas en soi. Ce qui m'amène à poser la question de savoir dans quelle mesure l'auteur des abus ne se laisse pas lui-même abuser par ses propres idéaux en pensant que de tels abus ne peuvent pas lui arriver.

Je ne suis pas sûr que la distance entre les discours et les faits signifient nécessairement qu'il y a manipulation si celle-ci doit être intentionnelle.

Il y a assurément une dissonance cognitive qui doit se traduire par un insupportable sentiment de trahison d'idéaux partagés, surtout quand la connaissance d'un mode de vie et le faire connaître témoigne d'un tel engagement chez Inès. Cela a pu en partie la piéger avec l'une des meilleures intentions du monde, la vérité : avoir son doctorat en relation et donc la nécessité de relations - dont il devient alors plus difficile de se défaire - pour avoir la légitimité de se dire polyamoureuse et ne pas tromper les autres sur l'expérience qu'elle peut partager. Il n'y a donc aucune intention de manipulation de sa part mais, que du contraire, un souci d'authenticité au delà de tout soupçon de telles intentions, ce qui ne peut qu'accroître la souffrance de se sentir trahie dans cet engagement authentique, d'avoir été utilisé dans son désir d'authenticité.

La reconnaissance d'une certaine autorité - ici, à la personne mise en cause - dans le fait de partager publiquement ses idéaux implique surtout plus de responsabilité, notamment celle de se remettre en question, ce qui est une valeur de base dans le milieu intellectuel auquel il semble appartenir. Cela ajoute un sentiment de trahison supplémentaire, car cette valeur ne semble pas avoir été respectée, car la responsabilité n'est pas d'apparaître en accord avec, mais de l'être dans ses faits et gestes.

Je distingue ainsi deux besoins fondamentaux en conflit : une relation sans manipulation et l'estime de soi.

Nier les conséquences de ses faits et gestes ne peut préserver l'estime de soi puisqu'elle ne repose plus que sur une réalité déformée ou encore, manipulée. Malheureusement, le déni de tels conséquences qui peuvent mettre à mal l'estime de soi - surexposée en cas de responsabilité publique - peut conduire à des comportements de manipulation puisque ce qui pourrait être privilégié afin d'éviter une humiliation publique, ce n'est pas une relation honnête sans manipulation, mais les comportements qui privilégient dans l'immédiat l'estime de soi.

Pourtant, l'enjeu est finalement de pouvoir compter en tant que personne dans une relation et non pour l'utilité que la relation a dans la représentation de soi auprès des autres, bref, ne pas être un.e faire valoir, mais avoir de la valeur en soi : ne pas exister qu'en public, mais aussi en privé.

C'est, ici, qu'entre en jeu les dynamiques de groupe où la remise en cause de l'intégrité d'une personne met en jeu celle de toutes les personnes en relation avec ... et ce, d'autant plus si elle refuse de se remettre en cause, car il faut alors choisir d'être pour ou contre sauf si cela reste en privé. Nous profitons tous de l'image des un.e.s et des autres dans nos relations et notre estime de soi. C'est là que, à un moment donné, l'image de soi peut devenir une fin en soi plutôt qu'une manière de s'écouter dans ses relations, s'écouter soi et entre soi.

"Est-ce vraiment ce que j'ai/tu as envie de devenir ?"

La honte bien comprise peut, ici, être un signal d'alarme qui, au final, préserve l'image de soi en nous préservant de continuer d'adopter certains faits et gestes qui font à l'autre ce que nous ne voulons pas lui faire ou ne voudrions pas qu'on nous fasse. Cependant, le sentiment de honte est bien plus souvent perçu comme une attaque en règle de l'autre à l'encontre de l'estime de soi. Cependant, se défendre lorsqu'il s'agit de s'écouter, c'est attaquer d'où un risque de guerre d'ego qui peut se limiter à une guerre de plus en plus froide, surtout si l'une des personnes a un réel désir de communication. Le simple fait de refuser la communication dans un mode de relation qui repose sur elle ou d'en abuser comme cela semble aussi avoir été le cas doit être désorientant, les mots étant là pour être en relation et non une subtile négociation de la représentation de soi.

"Sommes nous ce que nous nous faisons les uns aux autres ?"

Je ne sais pas comment bien prendre au sérieux ce récit de vie. Il s'agit d'une tragédie affective déjà extrêmement complexe ne fut-ce que du point de vue de l'emprise exercée sur l'estime de soi, mais encore plus complexe comme elle se situe, ici, au delà de la seule sphère privée ainsi que dans un complexe de relations privées (une constellation).

[Quelles sont finalement les difficultés de partager publiquement des valeurs et de l'exposition publique de soi ? Les risques de se piéger soi et les autres dans l'image que doivent renvoyer ces valeurs de soi ?]

Message modifié par son auteur il y a 2 ans.

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YayaFrida

le jeudi 05 novembre 2020 à 15h17

Bravo pour ce témoignage. Je ne suis pas (encore) poly mais ce récit est bien clair présentant un comportement toxique et pervers. Typique des pervers qui savent aller vers les milieux et les personnes qui auront l'esprit large et la force de les supporter jusqu'à délivrance. Si tant est qu'on parvienne à s'enfuir !
Le pervers est un habile manipulateur qui a le don de faire culpabiliser les innocents pour mieux les asservir. Ce récit et le fait que les personnes vivaient sous le même toit me fait penser à un environnement sectaire avec un gourou et ses adeptes soumises et consentantes. Glaçant.

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