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Abandon ou indépendance, le paradoxe ?

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Nicogab

le jeudi 31 octobre 2024 à 00h08

Bonjour,

Je suis intéressé par le polyamour depuis longtemps, mais je ne l'ai pas encore pratiqué. Ma partenaire actuelle, et mon ex avec laquelle j'ai vécu quelques décennies, sont plutôt monogames.

Avec mon ex on s'est quittés parce que n'ayant connu qu'elle dans ma vie amoureuse et sexuelle, je ressentais de plus en plus le besoin de nouvelles relations. Elle ne me l'accordait que sous des conditions compliquées, ce qui engendrait douleurs et incompréhensions. Nous avons expérimenté durant une année l'échangisme, qui nous a apporté fun et excitation. Mais pour les relations extras mon ex, elle, n'envisageait pas d'autre homme, donc j'avais l'impression de la tromper en allant voir ailleurs. De son côté elle était en insécurité. Je l'ai quitté en l'aimant toujours. Elle me manque. J'ai conscience qu'elle était aussi une figure de substitution parentale (comme le disent d'ailleurs souvent les psy).

Avec ma nouvelle compagne, nous vivons a distance géographique et donc pas sous le même toit, on se voit environ 4 à 5 mois dans l'année. Dès notre rencontre j'ai précisé que je souhaitais être en relation libre.

Pourtant ni elle ni moi n'avons eu d'autre relations à ce jour. Elle avait besoin de sécurité et on avait assez à faire pour consolider notre couple naissant. Nous avons tissé une relation de confiance, d'amour et de franchise l'un pour l'autre. Je l'aime de plus en plus et je pense qu'elle aussi.

Aujourd'hui elle dit être d'accord pour vivre d'autres relations parallèles. Me savoir avec une autre femme, au moins occasionnellement, la déculpabiliserait de ne pas me voir plus souvent à cause de ses multiples occupations, et de ne pas m'accorder beaucoup de sexe car elle n'est pas très portée sur la chose pour des raisons diverses (que nous continuons d’élucider avec beaucoup de patience). Elle dit être attirée par la sexualité avec d'autres femmes, une sexualité qui pourrait l'épanouir davantage que celle qu'elle a connue avec les hommes, même si elle reconnaît qu'avec moi c'est différent et en progrès.

Maintenant, c'est moi qui me demande si on ne prend pas un risque en ouvrant notre couple.

Je sais que j'ai toujours eu la peur de l'abandon, et je lis que c'est une peur exacerbée dans le polyamour.
En même temps j'ai un grand besoin de liberté et d'indépendance que le polyamour pourrait être peut-m'apporter si ma partenaire continue de m'aimer autant.

C'est le truc vraiment classique (surtout chez les hommes), qui remonte au paradoxe de l'enfance : je veux être dans les bras protecteurs de maman et en même temps je veux explorer le monde, me confronter à ses dangers. Si maman m'en empêche, ça me frustre, je risque de me révolter. Je suis très attiré par l'inconnu et la découverte. Mais en même temps j'ai peur que ce nouveau monde m'éloigne trop de la sécurité de ma bien aimée, ou qu'elle finisse par me tourner le dos. Ce sont des peurs inconscientes qui s'opposent, qui tiraillent.

Je caricature. Je ne vois pas ma compagne comme une maman. Mais je sais que l'inconscient caché du petit enfant peut revenir au galop dès qu'on est en insécurité.

Me lancer dans le polyamour, en conscience, peut-il exacerber ces peurs opposées (attachement-détachement), ou bien au contraire me faire découvrir la compersion ? Elle semble être un sentiment et une sagesse qui dépasse toutes ces peurs...

Message modifié par son auteur il y a 10 mois.

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Topper

le jeudi 31 octobre 2024 à 14h56

Bonjour @Nicogab, ouvrir une relation initialement monogame, c'est comme ouvrir la porte d'une cage. Est-ce que l'oiseau va revenir ? On peut l'espérer mais il n'y aura jamais de certitude. Et sur le temps long, qu'est-ce que ça va donner ? Si l'oiseau revient toujours dans la cage, qu'est-ce qu'il en sera dans 6 mois ou un an, quand il aura pris plus de confiance et d'indépendance ?

Il y a toujours une part de risque qui est liée à une part d'inconnu que l'on ne peut pas maîtriser.

Dans votre cas, la plus grosse difficulté que je vois est la distance géographique qui vous sépare. Il y aura forcément au début des doutes, des angoisses, des incompréhensions qui vont naître. Il est bien dans ce cas là de pouvoir se voir. Les insécurités, les conflits, le manque, la distance, ça multiplie les difficultés.

Le polyamour peut exacerber ta peur de l'abandon. Tu multiplies les partenaires et c'est autant de partenaires qui peuvent t'abandonner. Le meilleur moyen de ne pas activer une peur de l'abandon est de n'avoir aucune relation.

Par contre, le polyamour peut aider à mieux gérer la dépendance affective. Si tu n'as qu'une partenaire, tu mets toute ta dépendance sur cette personne. Cette personne doit combler tous tes besoins et te sécuriser. Le moindre problème dans ta relation avec cette personne et c'est tous tes repères de stabilité qui se fragilisent. En multipliant les relations, la dépendance est moins marquée. Tu peux trouver de l'attention, de l'amour, de la complicité, du soin, à travers plusieurs personnes. Ainsi, ton attachement peut être plus sain.

Quant à la compersion, c'est un ressenti que l'on peut découvrir à travers le polyamour. Ce n'est pas non plus un graal. On n'est pas un mauvais polyamoureux ou un polyamoureux non-accompli si on ne ressent pas de compersion. C'est agréable et procure de l'ocytocine, mais ce n'est pas indispensable pour se sentir bien en tant que polyamoureux.

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Nicogab

le dimanche 10 novembre 2024 à 09h07

Bonjour Topper, merci pour ta réponse.
Elle est éclairante sur bien des points.

Dans notre cas, il y a déjà une forme d’abandon récurent, qui me donne parfois la sensation que notre relation est superficielle, peu consistante. Je ne connais pas d’autres «  couples » dans cette situation.

C’est a cause de la distance (peu de temps ensemble) + sexualité pas épanouie + ses nombreuses occupations extérieures a notre relation + pas de projet commun. Tout cela n’est pas favorable a notre équilibre.

Cependant le temps passé ensemble, même si il est restreint, nous apporte complicité et des grands moments de partage.

La question que je me pose, c’est si une relation doit être préférablement stable et suffisamment nourrissante avant d’expérimenter le polyamour, ou si au contraire, une autre relation parallèle peut (ou consiste a) équilibrer les choses en apportant ailleurs ce que l’un et l’autre ne parvenons pas a nous apporter ?

Message modifié par son auteur il y a 10 mois.

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Intermittent

le dimanche 10 novembre 2024 à 13h05

Citation :
"Nous avons expérimenté durant une année l'échangisme, qui nous a apporté fun et excitation. Mais pour les relations extras mon ex, elle, n'envisageait pas d'autre homme, donc j'avais l'impression de la tromper en allant voir ailleurs. De son côté elle était en insécurité. Je l'ai quitté en l'aimant toujours. Elle me manque. J'ai conscience qu'elle était aussi une figure de substitution parentale (comme le disent d'ailleurs souvent les psy). "

Si je résume, tu as quitté une relation sécurisante de plusieurs décennies, que tu aimais encore, qui t'avais accordé une liberté sexuelle limitée, qui avait accepté l'échangisme qui semblait vous satisfaire malgré le fait qu'elle se sentait en insécurité, pour une relation à distance fragile, non satisfaisante sur le plan sexuel et qui te met en insécurité.

Tu voulais plus et tu as manifestement moins. Je pense que tu devrais te pencher sur la pertinence de tes choix.
"Le mieux est parfois l'ennemi du bien" ....

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Topper

le dimanche 10 novembre 2024 à 20h18

NicogabLa question que je me pose, c’est si une relation doit être préférablement stable et suffisamment nourrissante avant d’expérimenter le polyamour, ou si au contraire, une autre relation parallèle peut (ou consiste a) équilibrer les choses en apportant ailleurs ce que l’un et l’autre ne parvenons pas a nous apporter ?

Une relation doit être préférablement stable et non conflictuelle pour s'adapter au mieux à la non-monogamie et au polyamour.

La transition vers un autre mode relationnel est source de difficultés qui peuvent amener à des conflits. Si il y a déjà des problèmes dans la relation, c'est en rajouter une couche.

Il vaut donc mieux régler tout ce qui pose problème, décortiquer les rancœurs si il y en a, histoire de partir sur une base saine.

Est-ce que le polyamour peut combler des manques dans une relation ? Je ne pense pas. Faire du sexe avec Valérie, ça ne remplace pas de faire du sexe avec Marie si on a envie de faire du sexe avec Marie.

Est-ce que le polyamour peut combler des envies qui ne sont pas liées à une personne ? Je pense que oui. Si on a envie d'aller au cinéma avec quelqu'un, que Valérie déteste ça, mais Marie adore, alors tout le monde est satisfait et en plus Valérie n'a plus la pression d'aller au cinéma pour faire plaisir.

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Nicogab

le lundi 11 novembre 2024 à 17h09

Merci pour vos retours d'avis.

Intermittent :
c'est vrai que d'après mon énoncé on peut se questionner sur la pertinence de mes choix. Mais c'est parce que je n'expose pas tous les aspects de ce choix d'avoir quitté mon ex (trop long et psycho-relationnel). Il faut savoir tout de même que je n'avais quasiment plus de relation sexuelle avec elle, que nos expériences d'échangisme ont été brèves, et qu'elle ne digérait pas mes écarts sexuels ou sentimentaux (même fugaces). Un jour elle s'est documentée sur le polyamour et a décidé que ce n'était pas pour elle... Notre communication sur ces questions était difficile et je me sentais bridé.
Ma nouvelle relation n'est pas venue se substituer à la première, elle a plutôt accéléré le processus de dissociation déjà à l'oeuvre avec mon ex. Mais oui, on regrette toujours ce qu'on a construit durant des décennies, notamment une famille, d'où la peur de l'abandon chez moi, sûrement.

Quand à ma nouvelle partenaire, elle est plus souple, communicante, capable de transformation. Malgré la distance et nos problèmes à régler, nous partageons une intimité et des moments inoubliables que je n'avais même pas même imaginés possibles auparavant, avec qui que ce soit. Elle est pour moi un cadeau du ciel.

Topper :
je prends bonne note de tes conseils très avisés, notamment qu'on doit régler nos problèmes. Je vais prochainement les croiser avec ceux d'un café poly que je vais découvrir prochainement.
Je me permets un petit bémol question sexuelle : j'éprouve de la frustration / incomplétude sexuelle avec Marie. Valérie, il me semble, pourrait calmer mes ardeurs et la distance avec Marie. Cela pourrait m'apporter la patience nécessaire pour travailler la sexualité avec Marie (avec sexologue notamment).
Et qui sait, Valérie pourrait me/nous conseiller ? Participer ? J'ai bien conscience aussi que Valérie ne doit pas être instrumentalisée, mais respectée pour la place qu'elle souhaite avoir. Si elle est poly, elle pourrait elle aussi avoir une relation déjà prioritaire par ailleurs.

Topper, tu as des dons de voyance, notamment dans tes choix de noms des partenaires.

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