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[Outil] Privilèges monogames et privilèges de couple (fil théorique)

Politique
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Profil

artichaut

le samedi 17 août 2024 à 11h16

J'initie cette page pour parler de ces privilèges, entre personnes qui considèrent comme un fait sociologique qu'ils existent.
Si vous souhaitez contester cette existence, relativiser leur importance, ou juste faire du #NotAllCouple ou #NotAllMono, merci de le faire ailleurs.

Il y a besoin d'espaces pour parler des oppressions vécues, les analyser, et moudre du grain avec.

*
Ce fil est issu de trois autres fil de disccussion.
- Poly / Mono : enjeux de pouvoir et (meta)relations. La question du privilège mono. avril 2020, par @artichaut : ce fil aborde la question du privilège mono, mais sous un angle meta assez réduit (la concurence entre un partenaire monogame et un partenaire poly, au sein d'un triangle relationnel)
- Déconstruire le couple et ses hiérarchies (monogamie, polyamour hiérarchique, anarchie relationnelle). juillet 2020, par @Raphaelle : ce fil aborde le privilège de couple sous l'angle du "polyamour hiérachique"
- Polyamour et privilège de couple. août 2024, par @Pokedots : ce fil aborde le privilège de couple sous l'angle des relations "secondaires".

*
Ce que je propose ici, c'est d'identifier et recenser les dits-privilèges (de couple d'un côté, monogames de l'autre). De voir en quoi et comment ils se recoupent.
De nommer et énumérer les endroits où ils agissent.
Et pourquoi pas, mais plutôt dans un second temps, de réfléchir à comment les atténuer, ou a minima les prendre en compte.

Pour étayer tel ou tel privilège, vous pouvez bien sûr, donner un exemple tiré de votre vie, mais merci d'éviter les récits de vie fleuve. De même, les réflexions sur vos propres problématiques ou recherches personnelles, peuvent se faire ailleurs. Il s'agira ici pour une fois, plutôt de lister que de déposer, d'organiser que de vider son sac, de réfléchir ensemble que d'oeuvrer à résoudre une problématique personnelle.
En clair, prendre de la hauteur, et poser un regard sociologique ou systémique sur ce que la monogamie et le couple font aux autres relations.

______________
Voir aussi :
- le fil qui recense les outils pour relations non-normées.
- le fil Décortiquons la Monogamie, sept 2020.

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Miamou (invité)

le samedi 17 août 2024 à 11h33

Bonjour,

Il me semble que pour que ce soit systémique et donc, par conséquent, tenir compte de chaque aspect des relations, il serait intéressant de réfléchir également aux privilèges de la seconde relation (ou autres relations) afin de permettre l'émergence de la complexité des systèmes. Sans quoi, j'ai l'impression que les analyses ne pourront rester que partielles.

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CharliePrincesseDesEnferts (invité)

le dimanche 18 août 2024 à 15h23

Bonjour.

Déjà merci Artichaut pour avoir ouvert ce fil de discussion
Pour ma part j'ai lu les fils de discussion et articles qui y étaient cités et même un peu plus.

Je vais essayer de participer de manière théorique sur ce sujet.

En ce qui me concerne avant de répondre à ce que font les privilèges du couple et la vision mono du couple aux autres relations j'ai déjà besoin de définir ce qu'est un couple, enfin plutôt l'image que la société en général à d'un couple.
Pour cela je vais "voler" un lien que Siestacorta a mis dans une autre discussion il y a quelques jours :

https://solopoly.net/2012/11/29/riding-the-relatio...

En espérant que cela fonctionne.

Voilà pour moi être en couple c'est être en relation avec un "but" : celui de suivre l'escalator relationnel.
Bien entendu la plupart du temps et pour la plupart des gens ce "but" est inconscient.
On est en couple en suivant ces étapes, où en voulant les suivre, car c'est ce que nous avons tous appris.
Un couple normal c'est ça : se rencontrer, se séduire, se voir de plus en plus officialiser au niveau des amis, de la famille, parfois légalement ( pacs où mariage) vivre ensemble.
Et tout ce qui ne suit pas ce "chemin" n'est pas un couple.
Une fois dis ça quel est l'impact du couple sur les autres relations ( amoureuses où pas d'ailleurs, parfois ce sont les relations amicales ou familles qui subissent un impact).

Le couple est officiel : présentation aux amis, à la famille, connu des relations de travail parfois.
Une autre relation ne l'est pas, elle est invisible et n'existe pas du tout pour les amis/famille : ce qui a pour conséquence de ne pas partager les fêtes avec son partenaire, pas partager les coups dur, pas être prévenu en cas d'accident, voir de décès du partenaire.
On n'existe tout simplement pas dans la vie relationnelle de notre partenaire.
Cependant je pense que cette non-existence n'est peut-être pas une volonté réelle de notre partenaire de nous exclure de cette partie de sa vie, mais peut être aussi un moyen de se protéger des questions et remarques déplacées de la part de l'entourage amicale et familiale.
Par ex un de mes partenaires s'est vu perdre une partie de ses amis ( amis depuis +de 20 ans) quand il a annoncé être polyamoureux car, je cite : "tu vas donner de mauvaises idées à nos maris".

Le couple est un lieu de soutien émotionnel :
Si on va mal pour une raison X ou Y notre partenaire sera là pour nous.
On n'est pas seul, on affronte ça à deux.
Notre partenaire peut prendre du temps pour nous et réduire, voir quitter ses autres relations car on a besoin de soutien a ce moment là.
Bien-sûr que c'est logique de se soutenir dans les moments difficiles.
Le partenaire secondaire traversera ses problèmes et difficultés souvent seul.
Car son partenaire qui serait deja engagé dans un couple ne pourra pas dégager autant de temps et d'investissement émotionnel et affectif pour l'aider.

Le couple est prioritaire :
Il passe en premier pour tout : temps, investissement émotionnel et affectif et parfois au nom du "grand amour" balaie tout sur son passage y compris relation amicale et familiale.
Alors les relations amoureuses....

Ex: ta mère t'appelle tous les jours,c'est pénible il faut que ça s'arrête.
Tu vois tes amis tous les samedis et moi je ne te vois pas, j'en suis triste arrête de les voir...

Oui c'est exagéré mais ça arrive tellement souvent.
Malheureusement.

Au vu des attentes et de l'investissement exigé dans une vie de couple traditionnel, qui suit l'escalator relationnel, une seule relation de ce type est possible.
Si on tente de vivre une seconde relation, en plus de la première ,de ce type avec une autre personne alors à un moment on est vidé : on n'a plus de temps pour soi, plus de temps libre rien qu'à soi, plus assez de resources émotionnelles je pense.

Quand le couple est envisagé de cette manière alors les relations secondaires se doivent de ne rien attendre ( si leur attentes se situent sur l'escalator relationnel traditionnel).
Il faut partir du principe que si on voit son partenaire c'est bien et sinon tant pis, que si son partenaire est disponible pour discuter c'est bien et sinon tant pis...
( Déclinable à l'infini ).

Les choses changent si la vision du couple change :
On peut essayer de ne plus être en couple traditionnel car c'est impossible à tenir dans plusieurs relations qui seraient toutes sur le même niveau.
On peut essayer le trouple ( qui se retrouve être aussi enfermant que le couple mais avec 3 personnes à la place de deux).

On peut essayer d'aller sur un autre schéma relationnel, mais du coup lequel ? Et où en trouver des références ?
Quelle type de relation ?

Voilà pour moi.

J'espère ne pas avoir fait de hors-sujet

Bonne journée à tous

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Profil

Intermittent

le dimanche 18 août 2024 à 16h09

CharliePrincesseDesEnferts
On est en couple en suivant ces étapes, où en voulant les suivre, car c'est ce que nous avons tous appris.
Un couple normal c'est ça : se rencontrer, se séduire, se voir de plus en plus officialiser au niveau des amis, de la famille, parfois légalement ( pacs où mariage) vivre ensemble.

Et encore, dans l'escalator relationnel, tu n'as pas cité le fait d'avoir des enfants ensemble ...
Pour le coup, ce n'est pas une marche de l'escalier, mais un étage tout entier.
Et c'est carrément un wagon de contraintes que tu rajoutes à la relation.

Imaginons que les deux soient polyamoureux, je doute qu'il reste du temps pour le couple initial en dehors de la gestion de la vie quotidienne et la gestion des enfants.

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CharliePrincesseDesEnferts (invité)

le dimanche 18 août 2024 à 17h48

Oh oui tu as totalement raison sur les enfants.

D'ailleurs si j'ai toujours été en relation libre la période grossesse et petite enfance à été exclusivement dédiée à la relation mère/enfant. Ce qui n'était pas le cas pour le père de mes enfants, ( une répartition genré des tâches...mais on part sur un autre sujet).

Je pars de mon exemple personnel pour essayer de faire une généralité....terrain glissant...

Avec des enfants en bas âge avoir des relations autres que celles du couple parental est très très compliqué ( on n'a pas le temps tout simplement).
Là aussi le couple formé par les co-parents prime sur les autres relations.

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CharliePrincesseDesEnferts (invité)

le dimanche 18 août 2024 à 18h12

Une autre réflexion sur ce sujet.

A quel point le regard des autres ( amis, famille collègues ect) joue t'il sur les relations secondaires ?

De manière générale je crois que la relation secondaire est perçue comme une relation adultère dans un premier temps.

Expliquer aux autres que tout le monde est au courant et ok pour ça c'est compliqué et on n'est pas forcément cru. Et si on l'est, on est aussi parfois jugé et ramener à un rôle tenu habituellement dans une relation amoureuse dite en "triangle"dans la vision traditionnelle du couple.

Déjà par quel mot présente-on sa relation secondaire : mon amant(e), mon amoureux (se), mon ami(e).?
Les mots ont leur importance dans cette situation.

Il faut expliquer les choses mais aussi ce défaire de ces "rôles" qui peuvent être présent en nous (et malgré nous) : le mari, la femme, la maîtresse et l'amant...
Le cocu, la cocue, la (le) briseuse (briseur) de ménage.

Expliquer et défendre sa vision de la vie amoureuse est parfois difficile auprès des gens qui comptent pour nous ( encore une fois famille, amis) et parfois on n'en a pas la force, pas l'envie.

Par ex : je suis la relation secondaire de ma relation secondaire.
Nous avons des amis communs à qui on pourrait le dire seulement ces personnes on une vision des relations amoureuses "traditionnelles" c'est à dire : exclusivité sexuelle et affective. Ce sont des avis très clair qui ne changeront pas, du coup on ne leur a rien dit à notre sujet.
Non pas qu'on veuille se cacher, on ne veut juste pas se "battre".

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Camille&Léo (invité)

le vendredi 23 août 2024 à 13h43

Bonjour,

Je tente de donner mon éclairage sur les "privilèges" (que j'aborderai sous la forme d"arbitrages" et d'"attendus") que j'ai pu identifier dans mon expérience:

Une courte phrase de contexte: j'ai une relation dite "socle" depuis 19 ans, avec qui j'habite et j'ai 2 enfants, j'ai une relation amoureuse de 9 mois avec un homme, lui-même en couple et avec des enfants, et avant lui j'ai vécu une histoire compliquée avec un homme célibataire.

Sur le partage des temps:
Inutile de dire que les enfants, et en fonction de leurs âges, sont un grand déterminant de l'organisation des différents temps, de même que le travail, en particulier le travail salarié. De mon expérience, et je le regrette, le temps avec mes amoureux s'inscrit dans le temps restant. Le fait de partager un logement avec mon compagnon de 19 ans participe à nous voir tous les jours, même si ce n'est pas forcément du temps "amoureux". Je vis ce "quotidien" de manière positive et je suis frustrée de ne pas en avoir un ("quotidien") avec mon amoureux de 9 mois.

Sur la reconnaissance sociale:
Je rejoins les témoignages, je ne parle de mon amoureux de 9 mois qu'aux personnes qui sont capables de comprendre (quelques amis.es). Pas au travail, pas en famille, pas avec des personnes dont je connais leur manque d'ouverture. Je fais cela pour épargner mon énergie (comme cela a déjà été dit), mais aussi pour mes enfants. Malheureusement certaines personnes associent le polyamour à une sorte de perversité sexuelle et je veux que mes enfants soient épargnés de ces représentations.
Ainsi mon amoureux de 9 mois est pas ou peu impliqué dans mon cercle familial et amical, petit à petit j'espère l'impliquer davantage, surtout avec mes enfants. Sa reconnaissance par mes enfants est importante pour moi car elle permettrait de passer d'autres temps de qualité ensemble.
De la même façon je ne suis pas impliquée dans son cercle familial et amical, et pour le moment ce n'est pas un problème pour moi.

Sur la solidarité matérielle:
Il me semble (n'hésitez pas à me contredire) que c'est quand même une question importante que je ne retrouve pas souvent dans les témoignages, mais qui peut être une grande source d'inégalités. Être en couple participe à répartir de nombreux frais (et pourtant il y a encore des inégalités), de nombreuses femmes dégradent leur niveau de vie en se séparant de leurs conjoints, et c'est avec horreur que je vois des jeunes femmes privilégier des hommes riches qui les entretiennent parce que le marché de l'emploi ne les reconnaît pas. En polyamour comment se pose la question de la stabilité financière et matérielle de l'autre, voir des autres quand le polycule s'agrandit? De mon côté la solidarité financière était évidente dans mon couple de 19 ans, elle s'est également posée avec mon amoureux de 9 mois car nous voir suppose aussi des "frais" (location de logements, restaurants,...).
La solidarité matérielle se pose donc à plusieurs niveaux:
- entre chaque personne;
- au niveau du polycule: il est aussi possible de penser le polycule comme une micro-société: si l'amoureuse de mon compagnon de vie se retrouve en difficultés, pourrais-je me sentir solidaire avec elle?

Sur l'évolution du "couple":
J'aime bien cette métaphore de l' "escalier (ou escalator) du couple", c'est d'ailleurs une question qui me turlupine beaucoup: comment va évoluer ma relation amoureuse de 9 mois ? comment cela va bouleverser mon couple de 19 ans? Il est évident que le schéma couple-emménagement-enfants-mariage est à déconstruire, et qu'il faut en inventer un autre, qui essaye de tenir les différents points évoqués ci-dessus.

Je vous remercie de m'avoir lue, je ne sais pas si ce que j'ai écrit est pertinent, à vous d'en juger. Au plaisir de continuer à lire les échanges.

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Profil

artichaut

le lundi 26 août 2024 à 23h48

Pour ce qui est de lister les privilèges, je pense à quelque chose de plus simple et détaché de nos récits de vie personnels.

Voici par exemple une liste de privilèges monogames, très largement inspirée de la liste établie en anglais par Cory Davis.
Les privilèges se cumulent évidemment (par exemple si je suis hétéro en plus d'être monogame).
Les numéros ne sont pas une hiérachie, mais une manière de pouvoir s'y référer facilement.
Cette liste serait à compléter, à structurer, à ranger par catégorie de privilèges…

Privilèges monogames :

1. Je ne suis pas discriminé·e, ni jalousé·e pour mon orientation relationnelle.
2. Je n'ai pas à justifier mon orientation relationnelle, ni à (me poser la question de comment) la dévoiler. Si j'en parle, je ne risque pas le rejet de ma famille, de mes ami·e·s ou de mes collègues. Je n'ai pas à craindre que dévoiler mon orientation relationnelle ai des conséquences économiques, émotionnelles, physiques ou psychologiques.
3. Je peux légalement épouser qui je veux, sans devoir cacher mon mode relationnel, avec tous les avantages juridiques, médicaux et financiers du mariage universellement reconnus, pour moi et ma famille.
4. Personne ne remet en question la validité de mon amour en raison de mon orientation relationnelle ni minimise l'intensité de mon amour.
5. Personne ne prétend que mon orientation relationnelle est irréaliste, instable, incompatible avec l'engagement ou autrement impossible à réaliser. Personne ne prétend que mon orientation relationnelle fonctionne mieux en théorie qu'en pratique.
6. Il n'est pas supposé que ma vie doit être trop compliquée en raison de mon orientation relationnelle.
7. Personne n'essaie de me convertir à son orientation relationnelle.
8. Il n’est pas supposé que je changerai d’orientation relationnelle dès que j’aurai trouvé la « bonne » personne.
9. Il n’est généralement pas admis que je suis inapte à élever des enfants en raison de mon orientation relationnelle.
10. Je n'ai pas à craindre que mon mode relationnel soit utilisé contre moi devant un tribunal. Je peux être sûr que mon gouvernement ne placera pas soudainement mes enfants dans une famille d’accueil en raison de mon orientation relationnelle. En tant que parent responsable et aimant, je ne perdrai pas mes enfants dans une bataille pour la garde à cause de mon orientation relationnelle.
11. En tant qu’adulte responsable et aimant, je peux adopter des enfants sans mentir sur mon orientation relationnelle.
12. Je peux être sûr que mes enfants ne seront pas harcelés en raison de mon orientation relationnelle.
13. Mes enfants reçoivent à l’école des textes et des informations qui valident ma structure familiale – deux parents avec enfants, deux grands-parents, etc.
14. Il n’est pas supposé, en raison de mon orientation relationnelle, que mes enfants sont/ont été élevés dans un environnement instable.
15. Personne ne suppose ou ne spécule sur la base de mon orientation relationnelle que mes enfants éprouvent ou éprouveront un jour des problèmes émotionnels, psychologiques, sociaux ou comportementaux.
16. Je n’ai pas à expliquer mon orientation relationnelle à des inconnus chaque fois que cela se présente.
17. Les gens ne me demandent pas pourquoi j’ai fait mon choix d’orientation relationnelle.
18. Je n’ai pas à défendre mon orientation relationnelle.
19. Je peux facilement rencontrer des personnes ayant la même orientation relationnelle que moi. J'ai la garantie de trouver des personnes de mon orientation relationnelle représentées sur mon lieu de travail. Je peux être presque sûr que mes colocataires, camarades de classe et collègues de travail seront à l'aise avec ma orientation relationnelle.
20. Si une de mes relations amoureuses se termine, personne ne blâme mon orientation relationnelle.
21. Lorsque je parle de mon orientation relationnelle (par exemple dans une blague ou en parlant de mes relations), on ne m’accuse jamais de faire du prosélitisme ou de vouloir imposer mon orientation relationnelle aux autres.
22. Je n’ai pas à craindre de révéler mon orientation relationnelle à mes amis ou à ma famille.
23. Je n’ai pas à craindre que si ma famille, mes amis ou mon entourage professionnel découvrent mon orientation relationnelle, cela aura des conséquences économiques, émotionnelles, physiques ou psychologiques pour moi ou pour les autres.
24. Je peux me présenter à une élection politique sans m’attendre à ce que mon orientation relationnelle me disqualifie.
25. Je peux sortir avec qui je veux, sans craindre que ma/mon nouveau partenaire soit rejeté·e par ses amis et sa famille en raison de son choix d'entamer une relation avec une personne de mon orientation relationnelle.
26. Je peux facilement trouver une communauté religieuse qui ne m'exclura pas en raison de mon orientation relationnelle.
27. J'ai la garantie de trouver de la littérature sur mon orientation relationnelle dans toutes les librairies et bibliothèques.
28. Je peux compter sur un thérapeute ou un médecin qui reconnaîtra mon orientation relationnelle comme valide, si je sollicite leurs services.
29. Je peux être sûr·e que si j'ai besoin d'aide juridique ou médicale, mon orientation relationnelle ne jouera pas contre moi.
30. Je peux choisir de ne pas penser politiquement à mon orientation relationnelle.
31. Je peux rester inconscient du langage et de la culture des autres orientations relationnelles sans subir de pénalité pour cette indifférence.
32. Même si je ne connais pas les autres orientations relationnelles, ma culture m’accorde le privilège de juger ces orientations et d’être une source autorisée de conseils relationnels. C’est particulièrement vrai si je suis thérapeute, chercheur, ou autre figure d’autorité.
33. Dans les conversations de tous les jours, le langage que mes amis et moi utilisons suppose généralement mon orientation relationnelle. Par exemple, « famille » signifie des relations monogames avec enfants.
34. Personne ne me qualifie de monogame avec méchanceté (sauf ici).
35. On ne me demande pas de réfléchir aux raisons pour lesquelles je suis monogame.
36. La société m’encourage à me marier et célèbre mon engagement.
37. Mon orientation relationnelle est couramment représentée dans la musique, la télévision, le cinéma, les films, les séries, la radio, les livres, les magazines, les cartes de vœux, etc. Et, si je suis hétéro, je n'ai aucune difficulté à m’identifier aux personnages mis en scène.
38. Les principaux sites de réseaux sociaux grand public me permettent de définir mon statut relationnel en fonction de mon orientation relationnelle.
39. Je peux participer à des événements de relations et de rencontres (c.-à-d. des événements pour célibataires, des ateliers sur les compétences relationnelles) en sachant que mon orientation relationnelle sera la norme et sera prise en compte.
40. Si je suis appelé à travailler avec des enfants ou à servir Dieu (dans la plupart des confessions), je n’ai pas besoin de mentir sur mon orientation relationnelle pour garder mon emploi.
41. Si je suis hétéro, je peux compter sur ma communauté d’amis, de connaissances, d’inconnus et de diverses institutions pour célébrer mon amour et ma famille, pleurer mes pertes et soutenir mes relations.
42. On ne suppose pas simplement en raison de mon orientation relationnelle que j’ai de l’expérience sexuelle (ou même que je vis de la sexualité).
43. On ne présume pas que je suis enclin à mon orientation relationnelle uniquement pour des raisons sexuelles.
44. On ne présume pas, en fonction de mon orientation relationnelle, que je suis plus susceptible que la moyenne d’avoir des IST.
45. On ne présume pas, en fonction de mon orientation relationnelle, que je ne suis pas conscient des risques posés par mon comportement sexuel.
46. Personne ne qualifie jamais mon orientation relationnelle de «  effrayante » ou «  perturbante ».
47. Je peux me lier d’amitié avec des gens sans qu’ils et/ou leurs partenaires supposent que j’essaie de les convertir à mon orientation relationnelle ou que je vais leur voler leur partenaire.
48. Si je suis hétéro, je peux être pratiquement certain que toute personne qui entretient une relation amoureuse avec moi sera également invitée à la plupart des fêtes, mariages et autres événements sociaux auxquels je suis invité·e.
49. Je n'ai pas besoin d'inventer des termes pour décrire mon orientation relationnelle et mes liens familiaux aux autres, car le langage décrivant mon orientation relationnelle existe déjà et est connu dans toute la culture.
50. Personne ne ridiculise ou ne fait de blagues sur la terminologie que les personnes ayant mon orientation relationnelle utilisent couramment pour décrire leurs structures relationnelles et leurs liens familiaux.
51. Je ne suis pas regardé bizarement lorsque j'achète un lit, je n'ai pas à commander un lit sur mesure ou particulièrement cher.
52. Si j'entame une relation avec une personne non-monagame, je peux légitimement exiger qu'elle renonce à toutes ses autres relations, ou je peux facilement exiger d'elle le cloisonnement relationnel d'avec toutes ses autres relations. Mon fonctionnement relationnel s'impose sur celui de mes metamours.
53. Mon orientation relationnelle, même si je ne l'ai pas choisie, est en soi excluante (une relation en empêche une autre), favorise en celà la sélection et la compétition relationnelle, et donc participe au principe même des privilèges, et à l'accumulation de ceux-ci (un privilège en conforte un autre, posséder un/des privilèges incite à en accumuler/conserver d'autres). La hiérarchie de mon orientation relationnelle est de même invisible, et favorise la même chose.
54. Mon orientation relationnelle, en tant que norme dominante, est invisible, de même que les privilèges associés. Je n'ai pas à m'en soucier, ce qui diminue grandement ma charge mentale et relationnelle.
55. En cas de rupture ou séparation, je trouve facilement du soutien, et celles-ci ne sont pas minimisées, ni ce que je ressent.

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Profil

artichaut

le lundi 26 août 2024 à 23h59

Sur les privilèges de couple, j'ai trouvé cet article (en anglais).

Et cette liste (en anglais toujours) sur les privilèges du mariage.

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Profil

artichaut

le mardi 27 août 2024 à 11h37

Zut, je me rend compte à l'instant que j'avais déjà jadis ouvert un fil sur les privilèges mono.

Comme j'avais fait un contresens à l'époque, je propose de continuer à lister les privilèges monogames ici (et de parler des privilèges monosexuels sur l'autre).

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Profil

Alinea7

le mardi 27 août 2024 à 22h15

Sauf qu'il y a aussi une différence il me semble entre privilège monogame et privilège de couple ? Du coup tu détournes un autre de tes fils de son sujet non ? 🧐

Pour moi il s'agissait ici moins d'orientation relationnelle que de privilège d'un couple officiel même polyamoureux par rapport à une relation secondaire.

Édit : ah non en effet c'est pour les deux. Ça me paraît très différent mais ok ! Your thread your choice ! 😊

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Profil

Siestacorta

le mercredi 28 août 2024 à 13h47

artichaut
Zut, je me rend compte à l'instant que j'avais déjà jadis ouvert un fil sur les privilèges mono.

Comme j'avais fait un contresens à l'époque, je propose de continuer à lister les privilèges monogames ici (et de parler des privilèges monosexuels sur l'autre).

Ca trouble un peu d'avoir deux fois le même lien !

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Profil

Siestacorta

le mercredi 28 août 2024 à 13h57

artichaut

Ce que je propose ici, c'est d'identifier et recenser les dits-privilèges (de couple d'un côté, monogames de l'autre). De voir en quoi et comment ils se recoupent.

Ici ce serait à la fois un fil de recensement des deux et de recoupement entre les deux ?
Ca confond un peu les deux :-D

Moi je veux bien que le couple mono transmet ses privilèges au couple historique dans une relation non-exclusive, c'est probablement vrai...
Mais ce serait aussi intéressant de voir en quoi ce qui se recoupe avec une transformation du privilège (les évolutions qui n'ont pas lieu, celle qui ont lieu, ce que ça améliore comme ce que ça abîme...), si cette transformation est importante dans la façon dont on approche les relations ou si on peut la considérer comme "mineure" (la non-exclusivité poly avec couple a tant de privilège qu'elle ne change pas tant que ça les relations que vit un couple).

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Profil

Alastor

le mercredi 28 août 2024 à 14h34

Alinea7
Sauf qu'il y a aussi une différence il me semble entre privilège monogame et privilège de couple ? Du coup tu détournes un autre de tes fils de son sujet non ? 🧐

Pour moi il s'agissait ici moins d'orientation relationnelle que de privilège d'un couple officiel même polyamoureux par rapport à une relation secondaire.

Édit : ah non en effet c'est pour les deux. Ça me paraît très différent mais ok ! Your thread your choice ! 😊

Hello,

Je l'avais compris comme Alinéa7 comme les privilèges d'un couple même poly sur les autres relations, plus que comme les privilèges d'orientation relationnelle mono sur l'orientation relationnelle poly.
Et en relisant c'est bien pour lister les deux sujets...

J'avais réduit le sujet à une seule "partie" dans ma réflexion : le privilège du couple et notamment dans le contexte où le couple est poly mais principal et son influence sur les relations dites secondaires.

@artichaut ta liste était très intéressante et apporte matière à réflexion.
Je sais qu'hier soir j'avais des choses à rajouter mais aujourd'hui je ne trouve plus ce que je voulais dire...ça reviendra.

En attendant voici une autre réflexion qui m'est venue

Donc, pour moi, dans le cas précis d'une relation poly avec relation hiérarchique voici l'influence de la relation principale que je ressens.

La relation principale décide de : qui, ou, quand, comment, pourquoi se déroule les relations secondaires.

Je vais donner des exemples courts pour illustrer mes propos :

Qui ? Pas avec des amis communs par exemple

Où? Pas dans notre lit, maison, ville....

Quand? Uniquement le jeudi soir, pas de nuit complète, pas de weekend...

Comment ? Uniquement sexuel, pas de sexualité...

Pourquoi? Pour casser notre routine, parce que la sexualité ne m'intéresse pas....

Les relations secondaires doivent se plier à ces "règles" et ceci afin de préserver le couple principal car quoiqu'il arrive dans la relation secondaire le couple principal reste la relation privilégiée et elle domine toutes les relations secondaires qui pourraient exister.

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Profil

artichaut

le jeudi 29 août 2024 à 01h10

Alinea7
Édit : ah non en effet c'est pour les deux. Ça me paraît très différent mais ok ! Your thread your choice ! 😊

Oui, c'est pour les deux.
Et oui ça me semble intéressant de les lister séparément et pouvoir les comparer.
En fait le couple me semble une émanation de la monogamie. Donc possiblement les privilèges de couple seront un sous-ensemble des privilèges de la monogamie. Mais nous verrons.

Charlie_princesse_des_enferts
Je l'avais compris comme Alinéa7 comme les privilèges d'un couple même poly sur les autres relations, plus que comme les privilèges d'orientation relationnelle mono sur l'orientation relationnelle poly.
Et en relisant c'est bien pour lister les deux sujets...

J'avais réduit le sujet à une seule "partie" dans ma réflexion : le privilège du couple et notamment dans le contexte où le couple est poly mais principal et son influence sur les relations dites secondaires.

Oui, c'est un peu le point de départ qui m'a donné envie de créer ce fil : les privilèges de couple en relations multiples. Même si les privilèges de couple, au sens large, m'intéresse.

Siestacorta
Ca trouble un peu d'avoir deux fois le même lien !

Certes. Je ne savais pas trop comment faire. Bon, j'ai corrigé.

Siestacorta
Ici ce serait à la fois un fil de recensement des deux et de recoupement entre les deux ?

Oui, tout à fait.

Siestacorta Ca confond un peu les deux :-D

J'espère au contraire, que ça puisse les distinguer.

Siestacorta
ce serait aussi intéressant de voir (…) si on peut la considérer comme "mineure" (la non-exclusivité poly avec couple a tant de privilège qu'elle ne change pas tant que ça les relations que vit un couple).

Oui

Charlie_princesse_des_enferts
pour moi, dans le cas précis d'une relation poly avec relation hiérarchique voici l'influence de la relation principale que je ressens.

La relation principale décide de : qui, ou, quand, comment, pourquoi se déroule les relations secondaires.

Je vais donner des exemples courts pour illustrer mes propos :

Qui ? Pas avec des amis communs par exemple

Où? Pas dans notre lit, maison, ville....

Quand? Uniquement le jeudi soir, pas de nuit complète, pas de weekend...

Comment ? Uniquement sexuel, pas de sexualité...

Pourquoi? Pour casser notre routine, parce que la sexualité ne m'intéresse pas....

Les relations secondaires doivent se plier à ces "règles" et ceci afin de préserver le couple principal car quoiqu'il arrive dans la relation secondaire le couple principal reste la relation privilégiée et elle domine toutes les relations secondaires qui pourraient exister.

Oui, même si le couple (ou la relation principale) n'est pas forcément premier. Certes il y a des couple historiques qui s'ouvrent (c'est pléthore ici). Mais pourquoi pas aussi, des couples qui se forment au sein de configurations non-exclusives.
Peut-être que les deux seront à traiter séparément d'ailleurs.

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Siestacorta

le jeudi 29 août 2024 à 09h12

Siestacorta
ce serait aussi intéressant de voir (…) si on peut la considérer comme "mineure" (la non-exclusivité poly avec couple a tant de privilège qu'elle ne change pas tant que ça les relations que vit un couple).

artichaut
Oui

Whal'aut' hé, y triche :-P

La partie coupée de la citation pose l'autre hypothèse : c'est peut-être un changement important.

J'ai des arguments pour les deux, perso.

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artichaut

le jeudi 29 août 2024 à 10h50

Siestacorta
J'ai des arguments pour les deux, perso.

Et t'as envie de dérouler tes arguments ?
Ou tu préfère attendre que l'on tente de lister les privilèges de couple (ou les privilèges de couple en relations multiples) ?

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Siestacorta

le jeudi 29 août 2024 à 12h33

Ya pas le feu, effectivement.

Ceci-dit, je crois que lister les privilèges demande au moins deux contextes de leur application :
- l'hégémonimono, la norme. La nommer, prendre une distance critique ouvre vers son exteriorité. Mais n'offre pas comme seule bonne issue de ne pas faire avec. Autrement dit : faire, par esprit d'émancipation, de la qualification de la norme par les privilèges qu'elle offre une injonction à la rejeter... peut faire obstacle dans un parcours sentimental ayant sa propre dynamique, ses étapes (et limites !). Bref, faire porter la conscience de cette situation de privilège individualise la démarche d'émancipation : vas-y, lâche la structure, grand bain, et nage.
- "on ne peut pas être sans avoir été". Le couple historique n'est pas juste une case, un choix stratégique, d'un positionnement : c'est le nom d'une continuité de vie. Décider de bouleverser aussi le sens ces repères du vécu en en soulignant leur conséquence de privilège (de vouloir être maintenus) ne devrait pas laisser croire qu'aimer une relation structurante dans sa vie est en soi anti-émancipatoire

C'est parfois dit, mais... ça va peut-être bien aussi en le redisant.

Message modifié par son auteur il y a un an.

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artichaut

le jeudi 29 août 2024 à 15h18

Siestacorta
deux contextes de leur application

Peut-être je suis fatigué, ou c'est la syntaxe ou la ponctuation qui m'embrouille la tête, mais j'avoue : je n'ai pas tout compris.
Tu veux bien expliquer autrement ? Ou donner des exemples ?

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Siestacorta

le jeudi 29 août 2024 à 22h57

Pour moi, le couple historique hérite ses privilèges de deux situations :
- l'une systémique, la norme sociale du couple,
- l'autre personnelle, le fait que justement l'histoire de la relation avant une rencontre supplémentaire, influe sur ce qu'on choisit de faire

Se conscientiser des privilèges de la norme, ça ne devrait pas être une injonction à se libérer. Genre "aha, t'as du mal a te libérer de l'exclusivité ? Maintenant, oublie tout ce que tu crois sur ta relation sinon t'es oppresseur.
Voilà des principes de liberté, petit monoïde - évolue encore ! Alleeheeez !"

Et.

Faire comprendre que proteger la relation historique c'est fabriquer des privilèges pour son couple, ça devrait pas revenir à faire renier l'importance structurante de cette relation.

Donc, parler de privilèges évidemment puisqu'il y en a ; les considérer comme suffisants pour dire que la forme des relation où ils se manifestent est vouée à être dépassée, ce serait une injonction.

Message modifié par son auteur il y a un an.

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