Experience poly et rupture
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Goji
le jeudi 09 mai 2024 à 23h56
Bonjour,
J'aurais besoin d'échanger sur le sujet de la rupture dans le polyamour.
J'ai eu récemment une première expérience d'aimer 2 personnes à la fois. J'avais déjà quelqu'un (Mr.A, relation monogame à la base), et une autre personne est apparue (Mr.B) et je l'ai aimé aussi. Je ne me définissais pas poly avant ça. Le sujet a été mis sur la table, reflechis, discuté, plusieurs mois. La proposition du poly n'a pas été retenu. Il s'en ai suivi une volonté de faire le deuil d'un amour impossible avec Mr.B, mais ça s'est beaucoup envenimé avec le temps (évolution de la relation en relation toxique pour nous deux et co-dépendance affective, en plus du deuil à gérer). Aujourd'hui nous avons pris nos distances pour nous préserver et nous permettre d'avancer chacun de notre côté.
Mon soucis est que j'ai toujours eu des ruptures dans des contextes monogames. Donc à savoir après la rupture j'étais célibataire, et j'avais un deuil relationnel à faire. Me reconstruire me redécouvrir et ne pas sauter sur la prochaine relation pour éviter les relations pansements. Ce pattern marche assez bien sur moi, même si ça prend du temps. Mais je n'ai jamais eu de rupture en ayant une relation amoureuse encore présente à côté (avec Mr.A donc). Et je ne sais pas comment gérer dans ce nouveau contexte
Je suis sous suivi psy, et j'ai le soutient de Mr.A et de mes proches. Mais je me suis rendue compte aussi que j'ai besoin de parler à d'autres personnes qui vivent le polyamour...
Comment gérer une rupture amoureuse dans un contexte poly ? Vous n'avez pas peur de faire de votre(vos) amour(s) encore présent(s) un pansement ? Moi si... Je ne sais pas comment déconstruire ça actuellement...
J'ai peur que Mr.A (qui a aussi souffert de cet épisode) se sente délaissé si je me recentre sur moi. Il me dit qu'il sait que j'ai besoin de temps et qu'il me soutient... mais comment gérer ça ? Se recentrer et ne pas délaisser le couple encore existant ?
Merci d'avoir lu mon message...
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Alabama
le vendredi 10 mai 2024 à 08h52
Bonne question !
J’ai l’expérience de 2 ruptures en contact polyamoureux.
La première n’a pas vraiment posé de souci, c’était mûrement réfléchi de ma part et mon deuil n’a pas été douloureux donc je n’ai pas trop de souvenirs, mais j’ai sans doute dû en parler avec mon autre amoureux de l’époque.
J’ai ensuite quelque mois plus tard rompu avec cet autre amoureux, pour des raisons à la fois propres à notre relation , et liées au fait que j’avais démarré une relation avec un amoureux monogame, qui acceptait théoriquement de ne pas être le seul mais qui en réalité le vivait mal.
Mes deuils ne durent jamais très longtemps mais les quelques temps où j’ai traversé ma tristesse, ça a été très dur, je ne me suis pas confiée à l’amoureux monogame car il n’aurait pas été en mesure de m’accompagner dans ce deuil. Je pleurais quand nous n’étions pas ensemble, et je m’en voulais de ne pas être bien et que ça rejaillisse sur notre relation.
Je n’ai pas utilisé cette deuxième relation comme relation pansement, je connais le concept mais je crois n’avoir jamais eu ce réflexe donc je ne sais pas exactement en quoi cela consiste.
Il me paraît sain et souhaitable que ton amoureux actuel puisse t’aider à traverser ce deuil. Je n’ai pas eu cette possibilité et j’ai trouvé ça vraiment dur à vivre.
Il me paraît aussi sain et souhaitable que tout ne repose pas sur lui non plus et que tu puisses trouver d’autres personnes ressources, comme des ami·e·s ou ce forum.
Qu’appelle tu « relation pansement » ?
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Intermittent
le vendredi 10 mai 2024 à 19h08
Goji
Se recentrer et ne pas délaisser le couple encore existant ?
Je suis étonné que tu te poses la question.
Tu as le soutien de ton partenaire principal (A) pour une rupture qui ne le concerne pas directement.
Il ne faudrait peut être pas trop charger la barque de ton partenaire principal qui est aussi là pour être apprécié en tant que tel et pas seulement quand tu as des problèmes relationnels à l'extérieur de ton couple principal.
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Goji
le vendredi 10 mai 2024 à 23h56
Merci pour vos réponses
Alabama > comment tu t en es sorti de cette culpabilité de ne pas aller bien ? Dans mon cas même si j ai le soutient de mon partenaire, je ressens cette culpabilité de ne pas aller bien non plus et j ai peur que ça impacte ma relation avec lui. Oui je suis d accord avec toi, je pense aussi que je ne dois pas le charger totalement mais j ai quand même cette peur de le faire. Pour la relation pansement, j en ai dejà eu une quand j étais plus jeune sans savoir mettre de mot dessus (je devais être au lycée). Avec le recul j ai pu analyser que c était pas terrible et irrespectueux pour tout le monde.
Je définis une relation pansement comme une relation pour panser les blessures d une rupture, ne pas prendre ce temps de me poser 2 secondes pour faire le deuil correctement, une relation qui en général arrive trop tôt alors que je n' avais pas totalement tout digérer de la rupture. Car mon problème est que je mets du temps à digerer. Que l autre donne mais que je ne suis pas encore prête à donner, et je blesse l autre personne.
En somme, quand j ai compris que j avais fait ça je me suis dis "une fois mais pas deux". Ce qui fait qu aujourd hui je me retrouve à douter constamment si je ne reproduis pas cette erreur.
Dans le cas avec mon partenaire actuel, j arrive à donner avec plaisir, et il était là avant cette histoire. Mais je suis obnubilée par la peur de ne pas faire assez bien quand même, et qu il souffre à nouveau. Vue que je l ai fait souffrir avec toute cette histoire.
Intermittent > je pose cette question surtout parce que j ai toujours eu ce schéma couple/rupture/célibataire. Et donc au moment célibataire je faisais ce travail de me recentrer, et j étais seule et pas dejà engagée dans une relation. Donc oui je me pose la question car cette configuration est nouvelle pour moi. En quoi c est étonnant que je me pose la question du coup ? J aurais peut-être dû écrire "Se recentrer et ne pas donner l impression de délaisser notre couple ?"
Oui je suis d accord avec toi qu il est là pour être apprecié en tant que tel et pas seulement quand j ai des soucis d ordre relationnel.
Message modifié par son auteur il y a un an.
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Alabama
le samedi 11 mai 2024 à 23h56
Culpabilité : avec le recul, je pense qu'il n'y a pas à culpabiliser. Imaginons qu'à la place d'une rupture, tu vives la perte d'un être cher. Personne ne pourrait t'en vouloir d'être triste et d'avoir besoin de temps pour toi. Une rupture est un deuil à traverser, c'est la même chose. Le principal étant de ne pas ressasser sans cesse avec ton conjoint. Mais ça me semble tout à fait normal que tu puisses être moins enjouée, avoir besoin de temps seule etc...
Comme je te l'ai dit, mes deuils sont courts comparé à la plupart des gens, donc ça n'a pas duré très longtemps, et j'avais mon chez moi donc je pouvais me laisser aller dans les moments où nous n'étions pas ensemble.
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molly_m
le mercredi 10 juillet 2024 à 11h31
Salut Goji,
Ton message date un peu, je ne sais pas si tu verras le mien.
J'espère que tu as trouvé un peu d'apaisement ces dernières semaines ?
Ton témoignage m'a touchée car je suis dans une situation très similaire.
Je suis en couple avec R depuis de nombreuses années (16 ans), nous sommes très soudés. Je me suis déjà posé des questions sur l'ouverture du couple etc, en lui en parlant, ça a été des discussions apaisées.
Dernièrement je me suis retrouvée très concrètement à avoir des sentiments forts + une attraction pour un autre homme, D, sans pour autant ressentir une diminution de mon amour pour R. C'est ce qui fait qu'aujourd'hui je commence à m'envisager comme peut-être poly.
Quand j'ai commencé à me rendre compte de ce que je vivais, c'était compliqué, je me suis posée beaucoup de questions, j'étais perdue et j'ai pas mal souffert avant de décider de tout mettre à plat avec tout le monde.
Il s'est avéré que D avait aussi des sentiments pour moi mais n'attendait pas que je quitte R non plus. R a compris ma situation et cela nous a même rapprochés. Nous sommes restés un temps comme ça, à accepter que les choses soient ambiguës et à avancer doucement. Nous avons simplement passé du temps ensemble avec D (sans sexe) et R était au courant. Mais petit à petit la relation avec D est devenue compliquée, je pense que c'est en partie liée à cette situation inédite pour nous deux, mais aussi à nos deux personnalités très anxieuses. Une co-dépendance affective s'est créée comme tu le décris pour toi, et il a également été préférable que nous nous éloignions, ce n'était plus gérable.
Aujourd'hui je me retrouve comme toi en situation de rupture, à faire le deuil de cette relation avec D, tout en étant dans une autre relation qui fonctionne avec R et que je veux soigner. C'est effectivement très difficile de ne pas ressentir de la culpabilité. Je ne veux pas être absente pour R, je sais que tout ça a été compliqué pour lui aussi, mais en même temps par moment je suis juste très triste et je n'ai pas trop de force. Sa présence qui me rend heureuse me maintient et les bons moments sont concrètement là, mais ce double ressenti bonheur/tristesse est très étrange à éprouver. Pour ma part je n'ai pas connu de rupture avant, car R est le seul couple que j'ai eu, c'est d'autant plus complexe, je n'ai pas de comparaison avec une expérience passée.
Je pense que si tu as des sentiments sincères pour A, tu ne peux pas parler de relation pansement qui impliquerait que tu te "sers" de lui. Ce n'est pas ce qui se dégage de ton discours car tu sembles très préoccupée par son bien être et sûre de ton couple qui, comme tu le dis, était là avant. Sois indulgente avec toi-même :) (plus facile à dire qu'à faire je sais).
De mon côté R voit que je suis triste, je lui ai parlé un peu de cette tristesse mais très brièvement. Même si je suis un peu en boucle intérieurement sur ce deuil, je ne veux pas trop lui imposer ce récit, surtout qu'il ne peut pas faire grand-chose à part être là, ce qu'il fait déjà. J'en ai parlé à des ami.es et j'attends que le temps fasse son travail. Je me concentre sur le futur avec R que j'ai toujours vu comme joyeux et sur ce que cette expérience a ouvert comme perspectives. C'est sûr qu'un.e psy doit aider dans ce genre de situation.
Bon courage
Message modifié par son auteur il y a un an.