Culpabilité et sentiment d'être un bourreau
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(compte clôturé)
le lundi 12 février 2024 à 19h07
Bonjour à tous.tes,
Je traverse de nouveau un passage difficile dans mon aventure d'amour libre...
Je constate dans mon historique que j'avais posté un message en 2021 (supprimé depuis), où je galerais déjà...
Pour le contexte, j'ai toujours été intéressée par l'amour libre. Mon compagnon actuel est ma première relation (de 11 ans) monogame, avant ça ne m'intéressait pas. J'ai conscience aujourd'hui d'être partie dans ce schéma car je tenais fortement à lui, et que je pensais que c'était la seule façon de vivre l'amour.
Il y à 4 ans, après un moment de vie très difficile pour moi (notamment le décès d'une ancienne relation) qui a amené à beaucoup de changements dans ma vie, j'ai commencé à souffrir fortement de la monogamie. Je me voyais vieillir, m'angoisser de ne pas pouvoir vivre d'autres relations et d'être finalement coincée dans un couple qui ne pouvait pas m'apporter ce que je voulais (j'ai rencontré à la même période des amis qui étaient en relation libre). J'ai commencé à en parler à mon compagnon, c'était un mur. Il a toujours été extrêmement jaloux et m'a évoqué clairement son impossibilité à faire avec. Il a commencé cependant à suggérer que "si je le trompais, il ne partirait pas". Ça a été plusieurs mois d'ambivalence, et un jour, dans une soirée sans lui, j'ai embrassé un homme.
J'ai mis plusieurs mois à lui dire. Quand j'ai enfin réussi, il m'en a beaucoup voulu. Il m'a quitté puis à changé d'avis. J'ai pu lui formuler difficilement que je souffrais de ne pas pouvoir expérimenter un nouveau mode relationnel, et que je ne pouvais pas lui promettre que ça n'arriverait plus car manifestement même avec toute la bonne volonté du monde, j'avais fait une erreur. Là aussi, c'était un non absolu. Après de nombreux mois de discussion où il souhaitait de son côté avoir une première expérience qui a fini par arriver de son côté et qui l'a beaucoup aidé à cheminer, le "couple libre" était arrivé.
Traumatisée par ma première ecartade, j'ai "tenu" à ce que mon conjoint ait une première relation sexuelle avant moi. Il a passé plusieurs nuits avec des filles, puis à eu une expérience. Ça allait plutôt bien à ce moment là.
De mon côté, lorsque j'ai eu une première expérience (il y à 6 mois), ça a été une catastrophe... Tout était à peu près "dans les règles", mais ça n'a pas empêché qu'il soit extrêmement en colère contre moi pour des raisons dont on avait jamais discuté (typiquement que ce soit un ami d'une amie...). Il a eu beaucoup de "flash" d'images de moi et cet homme. A été malade plusieurs jours... Ça a vraiment été très très dur.
J'ai demandé plusieurs fois à ce qu'il aille voir un psychologue pour régler ça car je ne me sentais plus d'être à l'écoute tellement c'était dur pour moi aussi de l'entendre souffrir.
De l'eau a coulé sous les ponts ensuite, mais notre relation s'est détériorée... Il est redevenu jaloux, insécure, me demandant en permanence des réassurances que j'étais incapable de lui fournir (sur mon engagement envers lui oui, mais pas sur le fait que je n'avais pas envie de poursuivre la relation libre). Et surtout, du temps que j'étais incapable de lui donner car je travaille énormément en ce moment.
J'ai commencé à accumuler des ressentiments. De la colère. Lui s'est mis à mettre de plus en plus de règles (que je tolère, mais qui ne font pas sens pour moi) autour de la relation libre (pas d'amis, pas de personnes qu'on pourrait recroiser, pas de personnes dans notre ville...) et la jalousie s'étendant à d'autres sphères (ma réussite professionnelle, mes nouveaux amis).
Il refusait toujours d'aller consulter. De mon côté je suis suivie depuis 1 ans par un psychologue en partie à cause de notre relation.
Depuis septembre, j'ai également de plus en plus de problèmes dans ma vie personnelle (maladie de proches entre autres). Je sens que la culpabilité que je ressens vis à vis de mon conjoint m'empêche de lui faire des demandes de soutien. Et que la colère qu'il ressent encore envers moi, l'empêche d'être aidant.
Il y à un mois, quelques jours après le décès d'un proche qui m'a beaucoup heurté (notamment parce que mon conjoint n'a pas réussi à être soutenant), j'ai beaucoup trop bu à une soirée et cédé au baiser d'un collègue de travail.
Quand j'essaie de comprendre ce qui a pu m'arriver (car ça n'était pas du tout du tout prévu, la personne ne m'intéressait pas et jusqu'au moment du baiser, j'étais convaincue qu'il n'était pas attiré par les femmes...), je comprends que 25% était lié à l'alcool sur l'instant, mais que 75% est lié au fait que j'en avais envie, que je trouve ses règles inégalitaires (il est tout le temps en voyage, moi jamais...), et que je me sentais seule, triste, en colère...
Je lui ai dit le lendemain. Il n'a pas semblé en colère sur le moment.
Puis j'ai traversé un énorme moment d'angoisse car j'ai réalisé que je ne pouvais plus me faire confiance. J'ai vécu un véritable choc d'avoir pu de nouveau trahir sa confiance. Cet homme est sur mon lieu de travail et ça me fait peur. J'ai peur car j'ai envie à la fois de vivre cette relation. Et je comprends tellement que mon conjoint ait peur. J'ai l'impression de ne plus pouvoir me faire confiance à ne plus suivre ce dont j'ai envie au fond, car cette expérience m'a prouvé que je pouvais craquer.
Je l'ai dit à mon conjoint qui m'a quitté sur le champ. Et de nouveau changé d'avis le lendemain.
J'ai passé plusieurs semaines complètement déprimée (je commence à voir le bout).
J'ai à la fois très peur de passer à l'acte. Je me surprends à penser à lui, à flirter mais sans que nous n'engagions rien. Et je me contrôle. Je ne bois plus d'alcool. Je cherche un psychiatre pour mettre en place un traitement pour mon impulsivité.
Et à la fois, je me sens seule et triste dans ma relation qui ne ressemble plus à celle que j'avais avant. Je continue d'être convaincue que c'est l'homme de ma vie, et m'en veux terriblement de toute la souffrance que mes envies lui génère. Je ressens énormément de jugement de la part de son entourage sur moi. J'ai l'impression d'être une relation d'emprise qui le force à accepter le fait que je ne me contrôle plus. Et de lui faire le coup de la grenouille dans la marmite. Je lis énormément de choses sur le polyamour, lui très peu et nous avons de plus en plus un décalage dans nos visions des relations.
Je me sens une mauvaise personne en permanence. C'était mon anniversaire il y à quelques jours, et je me sentais si honteuse qu'il m'offre un cadeau.
J'ai conscience d'être actuellement dans un état psychologique très compliqué pour lequel je me soigne, mais je constate aussi que toutes ces émotions négatives consume l'amour que je ressens.
Dans mon entourage, j'ai des amis qui me valide dans ce que je vis mais cela ne m'aide pas beaucoup. Beaucoup sont monogames, et j'ai l'impression que personne ne peut comprendre ce que je traverse.
Je m'excuse pour la longueur du message, je pense que j'avais besoin de déposer tout ça. J'aimerai avoir des retours d'expériences. Des idées pour avancer là dedans...
Je vous remercie.
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Alabama
le lundi 12 février 2024 à 23h19
Bonsoir Lilou,
D'abord, j'ai envie de te dire que ce que tu traverses a l'air extrêmement dur, et le premier conseil que j'aurais à te donner, c'est de prendre soin de toi, si possible en t'éloignant quelques jours, soit seule, soit chez un·e ami·e avec qui tu te sens bien. Si ce n'est pas possible, peut-être faire des balades seule, prendre l'air, sortir. Mais dans l'idéal je dirais que ton état psychologique mérite d'être pris très au sérieux, et un arrêt de travail ne me semblerait pas excessif.
Ensuite, une chose m'interpelle : tu dis aller voir un psychologue depuis 1 an, à cause de votre relation, et envisager d'aller voir un psychiatre pour te médicamenter, en raison de ton impulsivité.
De l'autre, ton conjoint est super jaloux, accepte des choses qui ne lui conviennent pas au fond, et refuse d'aller voir qui que ce soit.
Bref, tu sembles prendre l'entière responsabilité de la situation, ça ne me semble pas juste.
Pourriez-vous envisager une thérapie de couple ? Il me semble que voir un psy chacun de son côté, ça peut être utile mais que là, le souci est entre vous, dans la relation, et qu'il faut donc y trouver une réponse à deux, pas chacun de son côté.
Pour finir, je dirais que vouloir du polyamour avec une personne qui n'en a aucune envie (et cela semble être le cas de ton conjoint), c'est voué à l'échec, à moyen ou long terme, et que tu vas devoir faire des choix.
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(compte clôturé)
le mardi 13 février 2024 à 07h52
Merci pour ton retour,
Je fais quelques petits arrêts par ci par la, je tiens le coup pour le moment.
Pour la distance, ça reste assez compliqué pour lui je pense du fait de son insécurité...
Pour le polyamour au sens large avec lui, c'est là que ça se complique... Pour ma part, la demande initiale était plutôt un amour libre, sans forcément développer de relation avec les personnes qui viendraient graviter autour du couple. C'était assez "simple" pour moi car je sais que je m'attache peu aux gens. C'est donc lui le premier à en avoir parlé, car pour lui ça faisait plus de sens d'aller plutôt vers une forme de polyamour hiérarchique.
Aujourd'hui encore, lorsque je lui demande sincèrement si il souhaite continuer dans ce sens, il me dit que oui, que ça fait du sens pour lui, que ça reste la façon qu'il voyait notre couple évoluer et que si ça n'avait pas été proposé par moi, il l'aurait fait.
En dehors des angoisses il est plutôt bien en phase avec tout cela.
Merci pour l'idée de la thérapie de couple... J'y ai déjà pensé plusieurs fois, mais comme il était déjà stressé par une thérapie individuelle, j'avais la crainte qu'il trouve la situation inégalitaire. De plus, je n'ai pas précisé mais je suis moi même psy, d'où ma crainte de rapport de force inéquilibré...
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Topper
le mardi 13 février 2024 à 11h33
Bonjour @LilouM,
A la lecture de ton récit, cela me parait extrême de te médicamenter pour ce que tu juges être des impulsions incontrôlées. Peut-être qu'il y a d'autres éléments qui pourraient le justifier, mais si on s'en tient à ce que tu relates ici, cela ne me parait pas opportun. A voir avec un psychiatre, mais je trouve qu'ils ont l'ordonnance facile, alors prends le temps de bien réfléchir.
Moi, je ne vois pas des comportements impulsifs. Je vois un énorme poids de culpabilité à vouloir une relation libre avec un conjoint qui refuse ça en bloc. Je vois une conflictualité interne énorme entre tes envies et ta loyauté. Je vois des circonstances difficiles qui te font craquer et succomber à des désirs profonds.
Des personnes en couple monogame, désinhibées par l'alcool, qui embrassent une autre personne, cela n'a rien d'extraordinaire. Cela n'excuse pas l'acte, mais c'est incroyablement commun.
On peut dire que vous êtes en période d'ouverture. C'est un moment très compliqué pendant lequel vous devez trouver un nouvel équilibre. Comme tu le dis, il y a beaucoup de règles qui te sont imposées et qui exercer un contrôle sur l'autre et sur la situation. Elles peuvent te paraitre injustes, contraignantes et frustrantes. C'est le problème des règles. Elles sont faites pour circonscrire ta liberté.
Garde en tête que des règles peuvent s'ajouter mais aussi se supprimer avec le temps. Celles qui sont en vigueur aujourd'hui, ne vont pas nécessairement l'être pour toujours. C'est quelque chose qui peut se discuter plus tard. Laisse le temps à ton conjoint de s'habituer à la situation.
Lorsque le couple libre fera partie de sa normalité, qu'il sera plus apaisé et rassuré, il sera plus enclin à revoir certaines règles.
Les règles doivent être les mêmes pour tout le monde. Il est extrêmement déséquilibré et malsain que les règles ne concernent qu'une personne. Les règles qu'il applique à toi, il doit se les appliquer à lui. Tu as aussi le droit d'émettre des règles si tu le juges nécessaire.
LilouM
De l'eau a coulé sous les ponts ensuite, mais notre relation s'est détériorée... Il est redevenu jaloux, insécure, me demandant en permanence des réassurances que j'étais incapable de lui fournir (sur mon engagement envers lui oui, mais pas sur le fait que je n'avais pas envie de poursuivre la relation libre). Et surtout, du temps que j'étais incapable de lui donner car je travaille énormément en ce moment.
Ouvrir un couple, c'est un énorme investissement en énergie et en temps. Il faut être capable de gérer les insécurités de tes partenaires. Il vaut mieux être très réactif à ce propos car si tu laisses la situation se dégrader, cela va te consommer encore plus de temps et d'énergie pour en rattraper les conséquences. En plus, plus il se sent mal, plus tu vas culpabiliser. Tu as donc tout intérêt à être très attentive à ça.
LilouM
Je l'ai dit à mon conjoint qui m'a quitté sur le champ. Et de nouveau changé d'avis le lendemain.
J'ai l'impression que c'est plutôt lui qui a des problèmes d'impulsivité à te quitter à chaque contrariété pour revenir ensuite.
LilouM
De mon côté, lorsque j'ai eu une première expérience (il y à 6 mois), ça a été une catastrophe... Tout était à peu près "dans les règles", mais ça n'a pas empêché qu'il soit extrêmement en colère contre moi pour des raisons dont on avait jamais discuté (typiquement que ce soit un ami d'une amie...).
Cela arrive que des difficultés ne soit pas anticipées par manque d'expérience. Cela arrive à tout le monde et cela pourra vous arriver à nouveau. Il peut avoir des émotions négatives fortes mais pas être en colère contre toi. A noter, que c'est très différent. Tu ne peux pas être coupable d'une règle qui n'existe pas encore. Tu n'es absolument pas fautive. C'était à l'autre de réfléchir en amont de ce qui était possible et ce qui ne l'était pas.
Par contre, qu'est-ce que ça veut dire être "à peu près dans les règles" ? Les règles, sont les règles. Il n'y a pas d'à peu près. Soit elles sont respectées, soit elles ne le sont pas.
LilouM
Cet homme est sur mon lieu de travail et ça me fait peur. J'ai peur car j'ai envie à la fois de vivre cette relation. Et je comprends tellement que mon conjoint ait peur. [...] J'ai à la fois très peur de passer à l'acte. Je me surprends à penser à lui, à flirter mais sans que nous n'engagions rien.
Oui, tu as des envies de vivre d'autres histoires. Cela t'excite. Cela t'obsède. Cet autre homme est actuellement le réceptacle de ces envies. La situation est déjà compliquée. Que cet homme soit sur ton lieu de travail, que tu puisses le voir tout le temps, rajoute de la difficulté à ton conjoint, aussi pour toi même si ça tourne mal. Est-ce vraiment le choix le plus judicieux à faire ?
Si tu te concentres sur ton envie initiale qui est de vivre en relation libre, si c'est vraiment ton objectif, ne serait-il pas plus raisonnable de choisir des options, peut-être moins stimulantes, mais surtout plus sécurisantes ?
Là, j'ai l'impression que tu sélectionnes le mode "Hard" de la non-monogamie alors que vous débutez, et que vous avez plein de problèmes à régler dans votre couple.
Est-ce que tu ne devrais pas explorer cette liberté vers des personnes qui n'ont aucun lien avec ta vie professionnelle et ton entourage ? Compartimenter permettrait d'éviter les dégâts collatéraux, et cela rentrerait en plus dans les règles existantes, ce qui tranquilliserait tout le monde.
Essaie de voir comment tu peux profiter de la liberté que tu as déjà. Tu ne te sentais pas heureuse enfermée dans la monogamie. Ton conjoint semble accepter que tu accèdes à une certaine liberté sous conditions. Pourquoi ne pas déjà te satisfaire de ça au lieu de te focaliser sur une histoire qui va potentiellement tout dévaster ? Est-ce que ça vaut le coup de prendre le risque de te bruler les ailes parce que tu n'es pas assez libre tout de suite ?
LilouM
Je lis énormément de choses sur le polyamour, lui très peu et nous avons de plus en plus un décalage dans nos visions des relations.
C'est un problème. C'est un changement qui demande beaucoup d'apprentissage. Il doit faire un effort dans ce sens. Peut-être que tu peux lui proposer des podcasts qui sont des formats qui pourraient mieux lui correspondre. Vous pouvez aussi regarder des vidéos YouTube sur le sujet et en discuter ensemble.
LilouM
Je m'excuse pour la longueur du message, je pense que j'avais besoin de déposer tout ça. J'aimerai avoir des retours d'expériences. Des idées pour avancer là dedans...
C'est compliqué lorsqu'on est noyé dans les émotions négatives de voir de la positivité dans le présent ou dans le futur. Soyez tous les deux patients, l'un envers l'autre, mais aussi par rapport à votre expérience. Prenez votre temps, ne vous précipitez pas.
Communiquez, communiquez, communiquez.
Communiquez sur vos ressentiments et rancoeurs. N'en faites pas des accusations mais des présentations de ce pas quoi vous passez. A la lecture de ton récit, on sent qu'il y a des frustrations, des colères, des sentiments d'injustice, beaucoup de non-dits. Sortez tout ce qu'il y a à sortir.
Cela ne doit pas finir en règlement de compte et en comptage de point. Le but est d'extérioriser ce que vous ressentez pour ne pas le garder en vous. Ne pas dire les choses fait que ça ressort d'une manière ou d'une autre, et pas forcément de la meilleure manière.
Exprimez-vous, écoutez-vous avec compréhension, échangez vos points de vue. Une fois que tout est dit, repartez à zéro. L'intérêt est que votre relation ne soit pas vampirisée continuellement par le passé. Si l'un ou l'autre est tout le temps en train de ressasser et reprocher la même chose, ce n'est pas possible d'avancer.
Cela arrive à tout le monde de faire des erreurs. Personne n'est parfait, ni toi, ni lui. Vous ferez des erreurs à nouveau, toi ou lui. Ce qui compte, c'est de prendre note de ces erreurs, se remettre en question, les utiliser pour ne pas les reproduire. Soyez tolérants envers l'autre, mais aussi surtout envers vous-même.
Faites simplement en sorte de vous améliorer un pas après l'autre. C'est un long chemin que vous entreprenez. Soyez confiant en l'avenir et travaillez à créer un cadre favorable à vos envies respectives.
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Alabama
le mardi 13 février 2024 à 12h08
LilouM
Merci pour ton retour,
Je fais quelques petits arrêts par ci par la, je tiens le coup pour le moment.
Pour la distance, ça reste assez compliqué pour lui je pense du fait de son insécurité...
Encore une fois, tu penses plus à lui qu'à toi-même. A ce stade, il me semble qu'il serait bon pour toi de t'éloigner et réfléchir à tête reposée. Je pense comme l'autre intervenant que ton impulsivité ne me semble pas être celle que tu te mets sur le dos, mais plutôt un craquage face à une situation insupportable pour toi.
La distance le met mal ? Mais si TU as besoin de prendre soin de toi, tu fais comment dans ce cas ? Qu'est-ce qui TE ferait du bien ? A un moment, l'insécurité de l'autre n'est pas de ton ressort.
LilouM
En dehors des angoisses il est plutôt bien en phase avec tout cela.
Les paroles c'est une chose. Les actes en sont une autres, les émotions également. On peut vouloir intellectuellement quelque chose et ne pas en être capable. Les règles toujours plus strictes qu'il t'impose ressemblent à une tentative désespérée de t'empêcher d'avoir d'autres relations parce que lui ne peut pas le supporter. Je t'invite à faire la part des choses et à regarder le réel en face, il me semble qu'il y a beaucoup de déni dans votre relation.
LilouM
Merci pour l'idée de la thérapie de couple... J'y ai déjà pensé plusieurs fois, mais comme il était déjà stressé par une thérapie individuelle, j'avais la crainte qu'il trouve la situation inégalitaire. De plus, je n'ai pas précisé mais je suis moi même psy, d'où ma crainte de rapport de force inéquilibré...
Quel déséquilibre ? Ce n'est pas parce que tu es psy qu'aller voir un thérapeute de couple crée un déséquilibre. C'est à la thérapeute de garantir le cadre et l'équité, toi tu seras une simple cliente/patiente, pas une psy dans ce cadre. Donc non pas de déséquilibre à mon sens.
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(compte clôturé)
le mardi 13 février 2024 à 19h14
Topper
Merci beaucoup d'avoir pris le temps d'écrire ce long message, que j'ai lu attentivement en prenant des notes. Ça me fait énormément de bien, et me permets de réaliser également que nous avons besoin d'être entourés de gens vivant les mêmes choses.
Je pense que j'ai un tempérament parfois très "intense", ou j'ai du mal à ne pas paniquer quand je vois que le temps ne fait pas les choses. Pour donner un exemple concret, lorsque 3 mois après la première et seule relation sexuelle que j'ai eu, j'informe mon conjoint que je vais passer la nuit chez une copine avec une bande d'amies (qui étaient présentes lorsque j'ai rencontré la personne) mon conjoint me dit directement "ah, ça vient de m'angoisser de savoir que tu vas avec elles". Si je creuse il ne m'en dis rien, n'en fait rien. Et une part de moi panique fortement de me sentir si minable 3 mois plus tard, simplement parce que mon conjoint a eu une image intrusive et qu'il ne peut pas faire autrement que m'en parler.
Il faudrait que dans ces moments-là, je puisse avoir la patience et la bienveillance de ne pas paniquer en me disant que "rien ne bouge".
Merci pour les règles. Je pense qu'effectivement, pouvoir énoncer les miennes permettrait de rétablir un équilibre. Jusque là on est sur quelque chose comme "c'est toi le plus anxieux des deux, donc c'est toi qui fixe les règles car je m'en fout". Alors que finalement, ce n'est pas tout à fait vrai. Le fait qu'il ait une relation avec une de mes amies pourrait me blesser. Le fait qu'il débute aujourd'hui une relation sérieuse avec quelqu'un ayant envie d'enfants maintenant aussi (une des souffrances actuelle de mon couple. Mon conjoint souhaite des enfants bientôt, moi plus tard). Et puis la règle de ne pas me quitter sous la colère, ni hurler, de pardonner mes imperfections.
Pour le "à peu près", c'est qu'une des règles que nous avions fixée était de ne pas nous faire prendre de risques via le sexe oral. Mon compagnon avait déjà été un peu "flex" en en parlant (me disant que "c'était nul" avec protection) mais je restais ferme là dessus. Et lors de sa première relation sexuelle, dans le feu de l'action, il ne l'a pas respectée.
Lorsqu'il me l'a dit, je n'étais pas vraiment en colère car il a pris ses responsabilités de faire des tests. Juste deux semaines sans rapport. Tranquille. Après ça je lui ai dit "en fait, on peut aussi se dire que si ça arrive, ça arrive, on fait les tests et voilà, ce ne sont pas des pratiques très à risque non plus". Je pense qu'il se sentait honteux et donc n'a pas dit un franc non ni un franc oui. Et c'est donc cette règle là que j'ai fait sauté en toute bonne foi, pensant qu'on était d'accord sur le fait qu'elle n'était pas ferme. My bad, pour le coup... On en a rediscuté depuis, acheté des préservatifs pour ne plus que ça arrive.
Concernant le collègue de travail, oui, je suis d'accord. Complètement d'accord au fond, que c'est une très mauvaise idée. Et toujours d'accord finalement sur la règle qui est que du mieux qu'on peut, on évite pour le moment de relationner avec des gens de notre entourage.
Je pense que je me suis réellement fait peur à voir que je pouvais craquer et que j'ai surtout eu besoin de me rassurer sur le fait qu'il pourrait me pardonner mes erreurs, puisque j'avais vu qu'avec toute la bonne volonté du monde, j'en avais fait une.
Ce que j'ai demandé à mon conjoint, c'est de me laisser le choix de pouvoir décider par moi même. Au fond, je le sais, je ne veux pas relationner avec lui sur un plan amoureux. Amitié peut-être mais c'est tout.
Communiquer, évoluer... Je crois que c'est effectivement ça qui est important.
Il rencontre une psychologue pour la première fois bientôt, justement pour travailler aussi de son côté sur la confiance en soi qui est très mise à mal par notre relation. J'ai peur qu'il tombe sur quelqu'un de jugeant car c'est aussi très compliqué pour nous le jugement des autres personnes...
Merci pour tout cet espoir dans ton message également. Comme je l'ai déjà bien signalé, entre catastrophisme et sentiment d'être une mauvaise personne, j'ai du mal à voir l'avenir positivement... Et comme je ne me résous toujours pas aujourd'hui à voir l'avenir sans lui tellement j'ai le sentiment d'avoir trouvé mon âme sœur, c'est parfois très coûteux.
Au plaisir d'échanger...
Merci milles fois.
(Et navrée de ne pas pouvoir répondre comme tu l'as fait, je ne sais pas éditer les messages pour intégrer des paragraphes).
Message modifié par son auteur il y a un an.
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(compte clôturé)
le mardi 13 février 2024 à 19h23
Alabama
Merci pour les messages. La question de prendre du temps pour moi, de la distance... C'est une des choses qui a précipité les difficultés.
Quand j'ai commencé ma thèse, j'ai eu moins de temps, moins d'énergie. Plus besoin de "tranquilité". Mon suivi thérapeutique m'a amené à créer ces temps de tranquillité et les demander. Tout ça insécurise mon conjoint et nourri ma colère, car je constate effectivement qu'il a besoin de moi, de mon temps. C'est normal, en soi.
C'est tout cet équilibre qui est difficile.
Merci, pour la question du déni je pense que c'est bien de l'aborder effectivement ensemble.
Pour la question des psys, il est très insécurise par les psys. Même par mes amis. On pose les mêmes questions, on soulève les mêmes choses qu'il cherche à éviter. J'aurais eu trop peur qu'il se braque. Mais le fait qu'il aille voir quelqu'un nous permettra de débloquer cette carte là en cas de soucis.
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Alabama
le mardi 13 février 2024 à 22h39
J'ai relu mon message et comme j'ai voulu faire concis et rapide, c'est peut-être un peu sec. Le fond y est, mais j'ai l'impression que la forme peut tourner à l'injonction. Je pense qu'en te lisant, j'ai le sentiment que tu prends tellement sur toi, et que tu ménages tellement ton conjoint, c'est comme si j'avais eu besoin d'envoyer un électrochoc mais ce n'est pas forcément très constructif. Mieux vaut que j'intervienne pas trop sur ce genre de problématique je crois...
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(compte clôturé)
le mercredi 14 février 2024 à 13h48
Non pas de soucis je ne l'ai pas pris comme une injonction. Je pense que c'est ce que ça génère chez l'autre aussi, et la pluralité des avis est important
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Topper
le mercredi 14 février 2024 à 15h31
LilouM
Il rencontre une psychologue pour la première fois bientôt, justement pour travailler aussi de son côté sur la confiance en soi qui est très mise à mal par notre relation. J'ai peur qu'il tombe sur quelqu'un de jugeant car c'est aussi très compliqué pour nous le jugement des autres personnes...
C'est une bonne chose. Il ne faut pas espérer que la psychologue soit efficace sur des problématique liées à la non-monogamie. Si ça arrive, tant mieux, et n'hésitez pas à partager son contact. Si elle n'est pas aidante à ce niveau là, cela peut au moins lui permettre de vider son sac et travailler sur des insécurités ou émotions.
Si la psychologue est hostile à votre mode relationnel, il devrait vite le sentir par les questions qu'elle va lui poser. Dans ce cas là, il faudra chercher quelqu'un d'autre.
LilouM
Je pense que j'ai un tempérament parfois très "intense", ou j'ai du mal à ne pas paniquer quand je vois que le temps ne fait pas les choses.
Il peut y avoir beaucoup de solitude dans ce genre de situation. Le cerveau mouline à fond, personne à qui en parler parce que l'entourage est incapable de comprendre ce par quoi on passe. On en vient à être dans une confusion totale, avec une fatigue qui s'accumule et exacerbe tout. C'est un contexte qui, en soi, rend tout intense.
C'est une période qui est tellement désagréable et pleine d'incertitudes, qu'on a envie d'en sortir le plus vite possible. Cela n'aide pas à être patient. En outre, on peut avoir une perception du temps altérée. La fatigue et la surstimulation du cerveau peuvent donner l'impression qu'un évènement a eu lieu la semaine précédente alors que c'était il y a trois jours. C'est tout à fait normal mais cette perception peut nous rendre très impatient car on a l'impression que le temps passe beaucoup plus vite qu'en réalité.
S'apaiser (plus facile à dire qu'à faire) peut aider à ralentir le cerveau. Echanger, se confier, auprès de personnes qui sont en capacité de vous comprendre, cela peut faciliter la prise de recul sur la situation et avoir une autre perspective. A force d'être le nez dans le guidon, on ne voit plus rien.