De la compersion vers l'indifférence
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bonheur
le vendredi 23 février 2018 à 11h28
Pour les rencontres que j'organise, je crois en effet que c'est le "hors routine" qu'il apprécie.
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Siestacorta
le vendredi 23 février 2018 à 13h38
bonheur
J'ignore pourquoi on peut revenir vers moi ? Si c'est pour réitérer avec des composantes identiques, ça me laisse perplexe. (je suis passée du coq à l'âne)
Ce sont souvent certaines composantes identiques, mais à d'autres moments de la vie de chacun. Donc ce qu'on peut en faire change parce que les gens changent.
Même accumuler du même, c'est changer : pour reprendre ma métaphore routière, tu peux faire le même trajet pendant des années, il a des saisons, tu n'es pas dans le même esprit tous les jours. Si tu reviens sur ce trajet longtemps après l'avoir délaissé, tu y verras du neuf, ou tu éprouveras autre chose que tu ce que tu connais déjà.
Bref : quand les choses se reproduisent, ce qui peut varier est notre regard. Et arriver sur des choses inexplorées dépend vraiment de cette capacité à identifier à la fois le "ça c'est pareil" et le "là j'ai une possibilité de pas répondre de la même manière que quand c'est arrivé avant".
Le film "un jour sans fin" (en plus d'être excellent) raconte assez bien ça.
Sinon, je ne suis pas sûr de suivre parfaitement : "C'est fou comme une phrase, alors que ça avait été discuté il y a quelques années déjà, refait soudain resurgi un tel merdier." Et pour la réaction que tu as maintenant, il y a probablement une phrase dite récemment qui "te reste en travers de la gorge".
Tu veux bien citer les mots exacts, ou les re-citer si c'est moi qui ne les vois pas ?
Par ailleurs : comme beaucoup d'entre nous ici, tu as approfondi tes principes, tu y tiens beaucoup pour t'orienter. Toutefois, dans une construction relationnelle, dans un dialogue, il n'y a pas que les "je t'avais bien dit", même si souvent, oui, on l'avait bien dit. Il y a aussi le "j'ai besoin qu'on s'entende".
Un truc qui m'a été vraiment utile, c'est le dialogue intentionnel imago.
Je suis assez réactif, d'une manière différente de toi, mais moi aussi, j'ai des principes forts, une connaissance de moi-même et parfois, elles me cachent ma capacité à entendre certains enjeux.
Ce protocole qui organise l'écoute, fait que le temps de parole de chacun est suspendu au fait d'avoir vraiment montré qu'on a entendu ce que disait l'autre, et donc de passer beaucoup de temps à reformuler ses mots, avec la bienveillance requise (et un carnet et du papier). Ça m'a vraiment aidé à dépasser mes réactions et pensées spontanées pour m'appuyer sur ma bienveillance, rassurer et être rassuré sur l'écouter de chacun, et finalement trouver le moyen empathique de nous relier dans le conflit. On en a chialé, d'être chacun si bien entendu...
C'est un protocole, ça veut dire qu'avant de l'appliquer, on se met chacun d'accord sur les étapes. A la première étape, on avait ajouté un conseil qu'un formateur nous avait donné, c'est à dire exprimer un compliment sur l'autre. Montrer ainsi une disposition positive envers chacun...
Ensuite, une fois les étapes faites, plus tard, on peut refaire le truc dans l'autre sens, pour donner le feedback sur notre ressenti...
Et à la fin, on a chacun pas ma d'éléments pour se faire des propositions concrètes pour la suite.
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
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bonheur
le vendredi 23 février 2018 à 13h59
Merci Siestacorta. La colline change en permanence, même si elle parait figée. Le vent souffle différemment, le soleil et la luminosité varie perpétuellement, un papillon ou un oiseau est passé, etc... En général, je l'exprime comme ça.
Il y a deux histoires, les personnes qui reviennent vers moi. A ce niveau-là, le paysage est semblable et les infimes différences n'aideront pas à changer la globalité du vécu en matière d'avenir. Ce sera plus une répétition et ça je le comprend, en fait je l'avais compris depuis déjà quelques temps. Aussi, à ce jour, je ne m'illusionne pas, mais alors pas du tout. Les effets pervers subsistent, seule mon émotionnel reste présent (sauf que là, je ne me laisse plus malmené, autrement dit je les vis et c'est tout, avec le bienfait apporté).
Cette histoire d'indifférence, qui avait été abordée, et qui a été remise sur le tapis, par un phrase. Le contexte, je rencontre un autre membre poly (de ce site) et nous sommes tous les deux accompagnés et la question est posée : et toi, comment tu vis cela. Réponse (les mots exacts ?) "elle fait ce qu'elle veut je m'en fout" puis un livre qu'il m'avait dit avoir lu au début de ma transition. Tu l'as lu d'ailleurs, lui dis-je et comme réponse "ouais, vaguement parcouru" et un des convives qui enchainent "la table des matières en fait" et comme réponse "en gros, un peu". Je me suis retenue de dire "merci mon amour, pour tout l'intérêt que tu me portes en la matière !". Si c'est pour se débarrasser des questions, je reconnais que ça a été réussi. Si ça l'emmerde de parler de polyamour, alors fallait pas m'accompagner.
J'ai besoin d'un long temps de digestion, alors pour l'instant, je digère. Après, ça vaut pas la peine que je ramène ça sur le tapis, étant donné le détachement exprimé. Par contre, je vais en tirer les mêmes conclusions que la première fois que ça avait été abordé : je respecte, c'est son choix, ma vie continue en dehors de la maison, elle sera ce qu'elle sera. J'informerai du minimum "syndical" et point barre. Ca ne me convient pas : tant pis pour moi, je compose avec !
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bonheur
le vendredi 23 février 2018 à 14h01
En me relisant, je m'aperçois que l'indifférence est omniprésente. La mienne par rapport au devenir de ces retours, et celle de mon conjoint par rapport à moi. Ca craint !
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Siestacorta
le vendredi 23 février 2018 à 14h18
bonheur
Par contre, je vais en tirer les mêmes conclusions que la première fois que ça avait été abordé : je respecte, c'est son choix, ma vie continue en dehors de la maison, elle sera ce qu'elle sera. J'informerai du minimum "syndical" et point barre. Ca ne me convient pas : tant pis pour moi, je compose avec !
Je te sens pas mal dépitée et déçue, et limite un peu en colère. Et je crois vraiment que même si, après coup, tu feras bien tel que tu le dis, exprimer cette déception dans un dialogue aussi encadré que celui que je t'ai décri, ça peut être un vrai cadeau que vous vous feriez. A toi, de te savoir écoutée à ce moment-là, à lui, dans l'occasion de te proposer d'être aussi entendu lors d'une session suivante.
Et puis, faire tes rencontres en dehors c'est une chose, ne pas pouvoir les faire passer un moment chez toi, c'est autre chose. Et si pour l'instant il ne souhaite plus s'impliquer avec les personnes concernées, par ailleurs un "être ensemble" subsiste encore malgré le ressenti de détachement et les limites de son implication. Donc autant cultiver cet "ensemble", pour qu'il puisse (continuer à) contenir autre chose que cette insatisfaction.
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
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Siestacorta
le vendredi 23 février 2018 à 14h30
+ : je recherche le moment où il a dit explicitement "je ne m'y intéresserai pas" et "je m'en fous de plus en plus".
C'est à dire, pas ce qu'on peut déduire d'un manque de réaction, mais ce qui est vraiment assumé, explicitement, ce que lui veut que tu entendes tel qu'il le dit.
Encore une fois, je suis relou donc après j’arrête, le "dialogue intentionnel" que j'évoque permettrait vraiment de savoir à quoi s'en tenir, autant sur les intentions, donc, que sur les ressentis : ya pas le choix, les questions sont posées, et ya quelqu'un qui cherche, juste sous nos yeux, dans le dialogue, à être sûr de ce qu'il comprend des réponses... Donc après une ou deux sessions de ça, on a à la fois une compréhension bien concrète et une compréhension bienveillante sur les sentiments de chacun, parce qu'après tout, c'est quelqu'un qu'on aime qui les éprouve. Donc lui entendrait d'abord ta déception, et lors de la session suivante, tu entendrais ce qu'il veut et ressent... Et chacun ne pourrait qu'être certain des mots employés.
Et autant s'emmerder à une petite demi-heure un peu lourde que passer des années à se dire "grumf, c'est trop con de la part de l'autre de faire ceci-cela parce que je sais bien que ça veut dire ça même si on en parle plus".
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
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bonheur
le vendredi 23 février 2018 à 15h59
Ce que cela m'inspire dans l'immédiat, c'est qu'un jour, il faudra que je te rencontre Siestacorta. Ce serait super top !
Autrement, il va falloir que je te lise et que je te relise. Demain sera propice.
Aussi dans "dialogue intentionnel", il y a la notion d'intention, donc de volonté !
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Siestacorta
le vendredi 23 février 2018 à 17h16
bonheur
Ce que cela m'inspire dans l'immédiat, c'est qu'un jour, il faudra que je te rencontre Siestacorta. Ce serait super top !
Si par hasard sur le pont des arts... :-)
Mais bon, à nos manières, on est deux bestioles un peu farouches. On peut espérer trouver un jour où on sera de bon poil !
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bonheur
le vendredi 23 février 2018 à 20h40
J'adore le Petit Prince et mon passage préféré concerne l'apprivoisement :-D :-D :-D
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bonheur
le samedi 24 février 2018 à 13h32
Aujourd'hui est un jour nouveau, qui se terminera ce soir, comme tous les jours. Cette face immuable de la vie n'est pas celle que je préfère. J'ai relu avec un regard moins émotionnel et je remercie tout le monde. Il y a du vrai dans un certain nombre de propos et de l'empathie dans tous, c'est chouette !
Suis-je à l'aube d'une nouvelle étape de ma vie ? Peut-être !
Ma problématique d'avenir sera : comment ne pas partager ? Comment ne pas communiquer alors que je considère le non-dit comme une forme de mensonge ? Mon équilibre va être à redéfinir. Quant aux amours extérieurs, j'ai bien l'intention de ne pas m'encrouter comme je l'ai fait depuis deux ans.
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Siestacorta
le samedi 24 février 2018 à 13h44
bonheur
Ma problématique d'avenir sera : comment ne pas partager ? Comment ne pas communiquer alors que je considère le non-dit comme une forme de mensonge ?
Peut-être qu'un changement de ce qui est dit et de comment/quand c'est dit n'aboutit pas à une absence totale de partage et de communication.
En pratique, passer prendre une boisson chaude chez toi avec un amoureux quand ton mari est là, ça n'est pas forcément partager comme tu l'aurais souhaité, ça ne l'implique pas beaucoup s'il ne le souhaite pas, mais ça n'est pas non plus rester dans des vies imperméables et cachées.
Ou parler (un peu) au téléphone ou online (quand il s'agit pas d'un temps privilégié entre toi et ton mari) avec un amoureux, de façon ouverte, mais pas forcément raconter après, c'est pas cacher, c'est pas partager non plus, ce qui est non-dit ne le reste que s'il n'y a pas de question... Et pourtant, comme tout cela serait "visible", le canal des communications serait ouvert à tout moment.
Message modifié par son auteur il y a 8 ans.
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bonheur
le samedi 24 février 2018 à 17h42
Siestacorta
Peut-être qu'un changement de ce qui est dit et de comment/quand c'est dit n'aboutit pas à une absence totale de partage et de communication.
Oui, entre tout et rien, il y a le milieu. Un "juste l'essentiel" sera tout de même difficile pour moi.
Siestacorta
En pratique, passer prendre une boisson chaude chez toi avec un amoureux quand ton mari est là, ça n'est pas forcément partager comme tu l'aurais souhaité, ça ne l'implique pas beaucoup s'il ne le souhaite pas, mais ça n'est pas non plus rester dans des vies imperméables et cachées.
Oui, tout à fait... ne pas oublier la tierce personne et comment elle se sentira accueillie. J'aurai aimé que mon mari lise l'ouvrage sur la compersion, il est sur SA tablette, donc à disposition, juste à côté des livres de cuisine (il passe beaucoup de temps en matière d'art culinaire, ce que je ne lui reproche pas, même si mon surpoids en dépend certainement un peu. C'est en rapport avec les passions et leurs impacts sur notre vie quotidienne. On mange tous les jours, moi j'aime tous les jours).
Personnellement, c'est autant par rapport à cet accueil que je me pose des questions. Aussi, ne rien imposer, j'ai toujours été ainsi. Ne pas oublier que son chez moi est aussi mon chez moi, et inversement.
Siestacorta
Ou parler (un peu) au téléphone ou online (quand il s'agit pas d'un temps privilégié entre toi et ton mari) avec un amoureux, de façon ouverte, mais pas forcément raconter après, c'est pas cacher, c'est pas partager non plus, ce qui est non-dit ne le reste que s'il n'y a pas de question... Et pourtant, comme tout cela serait "visible", le canal des communications serait ouvert à tout moment.
Mon mari et moi vivons ensemble, sauf que désormais, il ne travaille plus que le matin. Il passe donc beaucoup plus de temps que moi à la maison. Aussi, nous n'avons pas du tout le même emploi du temps puisqu'il se lève tôt et moi, je suis très, mais alors très grasse matinée. Donc, mon temps libre, il est présent. Si je suis à la maison, il y sera également. Après, nous avons depuis beaucoup dissocier nos emplois du temps. Sinon, on serait l'un sur l'autre. L'équilibre n'est pas encore trouvé et ne le sera certainement jamais. Donc, ne pas prendre sur un temps où il serait à la maison, c'est utopique dorénavant. Par contre, je sors peu, donc ça n'a pas d'impacts. Je sortais plus quand j'avais des amoureux (mais comme à l'époque c'était généralement pendant son temps de travail)
Pour le web, mail, skype ou autres, ça ne pose pas problème. Pour le téléphone, je me suis fâchée récemment. Il reçoit des appels de notre ainé, dont je ne veux rien savoir. Une fois l'appel terminé, il me dit juste qui c'était et je trouve que ça convient parfaitement. J'ai une amie qui habite loin désormais et elle m'appelle parfois le dimanche apm. Je suis à ce moment là harcelée jusqu'à ce qu'il sache qui c'est. Je me suis fâchée deux trois fois, car je trouve cela indisposant. Je ne peux me dédoubler, être dans ma conversation et en même temps avoir quelqu'un sur dos "c'est qui ?". Ca donne envie de répondre "peut te foutre" plus qu'autre chose.
Si je dis que je veux dissocier ma vie à la maison et en dehors, c'est aussi parce que je ne peux jamais prévoir une intimité (pas sexuelle, mais affective) autre qu'avec lui. Demander cela à autrui, surtout si des habitudes se créent, ben ça craint. l'idéal, c'est d'éviter la situation. Et puis, si le voisin voit que j'embrasse dans la rue (c'est un exemple) un homme (ou une femme) autre que mon mari, et bien je saurai quoi répondre : "peut te foutre" peut aussi convenir !
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TrioBulle
le mardi 27 février 2018 à 17h39
J'arrive un peu après la bataille si je puis dire...
Je suis désolée de lire ça, Bonheur. Lors de la rencontre chez toi je vous imaginais, un peu comme tu le pensais toi aussi, dans le partage et dans la compersion.
Je vais faire ma bisounours, mais est-ce qu'il n'y a pas une différence entre quelque chose dit en présence d'autres personnes (parce que même s'il était ok pour t'accompagner, il y a peut-être un truc qui l'a dérangé dans cette rencontre et il a réagi à l'inverse de ce qu'ils avaient envie d'entendre) et une discussion entre vous deux, non ?
Je sens que ça te dérange, te met mal à l'aise et je ne sais pas quoi dire de plus, je crois que Siesta Corta a été plus fort que moi là-dessus. En tout cas, n'hésite pas à partager avec nous.
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bonheur
le mercredi 28 février 2018 à 11h54
Chère TrioBulle,
Non, non, une bataille, on en est pas arrivé là. La Rue de la Paix est restée dans notre patrimoine commun :-D .
Je crois que c'est plus à l'inverse (enfin, on ne peut dire ça comme ça, mais un peu si quand même :-/ ) de ce que j'aspirais à entendre.
L'une des personnes présentent, avec qui j'ai eu un échange mail hier, m'a refait penser à un autre épisode de cet apm là (on s'est vu durant presque 6h :-) ). Je n'arrive plus à savoir si c'était avant ou après. Mon interlocutrice était assise face à moi et mon mari en face mais en décaler. Du coup j'avais en visuel leurs visages et leurs réactions. Cette dame m'a demandé "tu tombes souvent amoureuse ?". J'ai commencé à vouloir répondre et là j'ai vu le visage de mon mari s'illuminer, sourire et devenir vivant dans une forme de bonheur. Finalement, alors que j'avais commencé à ouvrir la bouche pour répondre, je l'ai laissé faire à ma place.
A l'origine, et j'étais venu poser le débat ici à l'époque, c'est l'interprétation du baiser. Je conçois le baiser (piou ou french kiss) comme un acte de tendresse et d'amour. Lui ne peut vivre le baiser que comme un déclencheur beaucoup plus "hormonal". Donc, il pense que mes actes ne s'accordent pas avec mon discours, alors que si.
Pour reprendre l'allusion reprise plus haut. Si un amoureux vient boire le café et que mon mari est présent (et il le sera certainement), je devrais lui faire part de mon amour sans baiser. Je devrai abolir ce geste heureux et spontané d'acceuil pour... je ne sais quoi d'autre finalement. On en revient au fait qu'il vaut mieux que je dissocie.
Ca fait au moins 4 à 5 ans que cette divergence subsiste, et pas de solution à l'horizon. Le fait d'être sans personne pendant relativement longtemps, n'aura pas aidé, je pense au contraire.
Je sais, ceux qui ont des difficultés actuellement me diront que j'ai de la chance déjà de pouvoir vivre sainement (à part ce "détail") mon quotidien. Toutefois, je suis en situation poly (ou depuis 1-2 ans mono de fait) depuis plus de 10 ans maintenant.